1995
dimanche 19 mars
Un commando armé de sept personnes venant d'Albanie a été intercepté lors d'un contrôle routier grec près de Delinaki (nord-ouest). Composé de Grecs et de Vorio-Epirotes (Grecs albanais), ce commando ultranationaliste du Mavi (front de libération de l'Epire du nord) se préparait, selon la police, à provoquer un nouvel incident frontalier entre Athènes et Tirana.
nuit du samedi 25 au dimanche 26 mars
Près d'un millier d'albanais ont tenté d'entrer en force dans les locaux de l'ambassade des Etats-Unis à Tirana, suite à la circulation, depuis trois jours, d'une fausse rumeur d'accueil par ce pays.
mercredi 29 mars
Qualifications pour le championnat d’Europe de football 1996 : au stade Qemal-Stafa de Tirana, l’Albanie a battu la Moldavie trois buts (Kushta 2, Kaçaj) à zéro, devant 8 500 spectateurs.
samedi 1er avril
L’Albanie et la Turquie ont signé un parc de coopération et de sécurité.
mardi 18 avril
L'Albanie a financé et entraîné des « terroristes étrangers » à l'époque communiste a déclaré M. Blerim Cela, chef du « Contrôle d'Etat », organisme de lutte anticorruption.
mercredi 26 avril
Eliminatoires de l’Euro de football 1996 : au stade Boris-Paichadze de Tbilissi, la Géorgie a battu l’Albanie deux buts (S. Arveladze et Ketsbaia) à zéro, devant 25 000 spectateurs.
mardi 11 mai ou septembre
Un canot pneumatique transportant des clandestins albanais a fait naufrage en mer Adriatique : quatre morts ; dix disparus et 19 albanais secourus par des navires militaires américains et italiens.
mercredi 7 juin
Qualifications pour le championnat d’Europe de football 1996 : au Stadionul Republican de Chişinău, la Moldavie a été battue par l’Albanie trois buts (Kushta, Bellaj, Vata) à deux (Curtianu et Cleșcenco), devant 7 000 spectateurs.
mercredi 6 septembre
Eliminatoires de l’Euro de football 1996 : au stade Qemal-Stafa de Tirana, l’Albanie et la Bulgarie ont fait match nul un à un (Rraklli pour les Albanais, Stoitchkov pour les Bulgares, devant 6 050 spectateurs).
en septembre
Le Parlement albanais a adopté une loi sur le « génocide et les crimes communistes ».
samedi 7 octobre
Qualifications pour le championnat d’Europe de football 1996 : au Stade national Vasil Levski de Sofia, la Bulgarie a battu l’Albanie trois buts (Letchkov, Kostadinov 2) à zéro, devant 25 000 spectateurs.
mercredi 15 novembre
Dernier match des qualifications pour le championnat d’Europe de football 1996 : au stade Qemal-Stafa de Tirana, l’Albanie et le Pays de Galles ont fait match nul un à un (Kushta sur pénalty pour les Albanais, Pembridge pour les Gallois), devant 2 100 spectateurs. Sixièmes du groupe 7, les Albanais ne sont pas qualifiés pour la phase finale organisée par l’Angleterre.
jeudi 30 novembre
Premier match officiel international de l’équipe de football de Bosnie-Herzégovine : à Tirana, l’Albanie a battu les Bosniens deux buts à zéro.
1996
mardi 9 janvier
Cinq anciens communistes ont été arrêtés pour génocide.
vendredi 2 février
L'ancien président communiste albanais Ramiz Alia a été arrêté dans la soirée à Tirana. Agé de 70 ans, il est accusé de génocide, meurtre et déportations massives. En vertu de la loi sur « le génocide et les crimes communistes », récemment adoptée par le Parlement, il devra répondre de la mort des citoyens albanais abattus aux frontières entre 1990 et 1992, alors qu'ils tentaient de fuir l'Albanie.
lundi 26 février
Une voiture piégée a explosé devant un supermarché du centre de Tirana, tuant trois passants et en blessant 26 autres.
mardi 2 avril
Les Etats-Unis vont fournir à l'Albanie des missiles antichar, antiaériens, des centaines de camions, des uniformes, de l'équipement pour les hôpitaux. Une aide évaluée à cinq cents millions de francs.
mercredi 24 avril
Match amical de football : à Zenica, la Bosnie-Herzégovine et l’Albanie ont fait match nul zéro à zéro.
dimanche 26 mai
Premier tour des élections législatives. Dans la soirée, le président Sali Berisha a annoncé la victoire du Parti démocratique. 6 000 personnes, en liesse, étaient rassemblées devant le siège du parti à Tirana. Son parti (le PD) auraient raflé 95 des 115 circonscriptions (68,5 % des voix). 80 % de participation. L'opposition crie à la fraude : urnes remplies par des hommes armée ; intimidations contre les opposants...
lundi 27 mai
Une vive tension règne à Tirana. L'opposition réclame l'annulation du scrutin de la veille marqué par de nombreux incidents et irrégularités remarquées par les quatre cents observateurs étrangers. Le ministère de l'Intérieur vient d'interdire toute manifestation sur la place centrale de Tirana.
mardi 28 mai
La police est intervenue brutalement sur la place centrale de Tirana pour disperser une manifestation de plusieurs centaines d'opposants qui dénonçaient les irrégularités dans les élections. Les observateurs internationaux chargés de surveiller le déroulement de ces élections ont dénoncé un scrutin truqué. L’OSCE met en cause le Parti démocratique du président Berisha.
mercredi 29 mai
Le Parti socialiste albanais dénonce le « coup d'Etat » du président Berisha à l'occasion des élections. Les ex-communistes ont appelé la population à manifester tous les jours sur toutes les places du pays. Tous les observateurs étrangers considèrent que ce scrutin a été effectivement truqué. Reporters Sans Frontières, de son coté, exige l'ouverture d'une enquête après les violences policières inouïes dont une dizaine de journalistes, albanais et étrangers, ont été victimes.
jeudi 20 juin
Le parlement européen a demandé instamment la suspension de toute coopération de l'Union européenne avec l'Albanie : les députés des Quinze veulent l'annulation des élections législatives des 26 mai et 2 juin et la tenue d'un nouveau scrutin.
lundi 1er juillet
Une importante cargaison de matériel militaire américain est arrivé dans le port de Durres : du matériel logistique, dont 180 véhicules de types différents. Ce matériel et ceux qui vont suivre (missiles, camions, uniformes...) doivent servir à d'importantes manœuvres de l'OTAN et des pays membres du Partenariat pour la paix, prévues à la mi-juillet.
jeudi 11 juillet
Des manœuvres de l'OTAN ont commencé dans la région montagneuse de Biza. Baptisées « Aigle de la paix », elles rassemblent des unités albanaises, américaines, bulgares, italiennes, grecques, turques, roumaines, macédoniennes et slovènes.
lundi 12 août
Deux frères policiers ont été tués dans la soirée à Tirana dans un attentat à l'arme automatique.
mercredi 14 août
Match amical de football : à Maroussi, dans la banlieue d’Athènes, la Grèce a battu l’Albanie deux buts à un.
mercredi 9 octobre
Début pour les Albanais des qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : à Tirana, l’Albanie a été battue par le Portugal trois buts à zéro. C’était la première fois que ces deux sélections se rencontraient.
jeudi 17 octobre
Une Albanaise a été condamnée à 10 mois de prison pour « propagande anticonstitutionnelle ». Originaire du Kosovo, Nusret Reciça (37 ans) avait été arrêtée alors qu'elle vendait dans les rues de Tirana des œuvres de Karl Marx, Lénine et Enver Hodja, l'ancien dictateur communiste albanais.
dimanche 20 octobre
Elections municipales. Des élections « ni libres, ni honnêtes », selon le Parti socialiste. 72 % de participation.
vendredi 25 octobre
Les résultats officiels des élections municipales du 20 octobre viennent d'être publiés. Ils consacrent la victoire très nette du Parti démocratique du président Berisha, qui a remporté 37 des 42 mairies et 193 des 212 communes acquises au premier tour. Un deuxième tour aura lieu dans deux jours dans 20 mairies et 68 communes.
nuit du mardi 5 au mercredi 6 novembre
Une explosion a détruit l'appartement du président de la Cour d'appel de Tirana. Il y a eu quatre blessés, dont l'une des filles du magistrat. Le Premier ministre parle d' « attentat sans précédent inspiré par des motifs politiques » et menace les forces liées à l'ex-police secrète animées de « revanchisme et d'une volonté de déstabiliser le pays ». L'attentat s'est produit quelques heures après la confirmation de peines infligées en septembre à neuf anciens responsables communistes pour « crimes contre l'humanité ».
samedi 9 novembre
Eliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au stade Qemal Stafa de Tirana, l’Albanie et l’Arménie ont fait match nul un à un (Franholli pour les Albanais, Ter-Petrosian pour les Arméniens), devant 7 000 spectateurs. C’était la première fois que ces deux équipes s’affrontaient.
samedi 16 novembre
Installée à Calcutta depuis 1929, la religieuse albanaise Mère Teresa est faite citoyenne d’honneur des Etats-Unis.
samedi 14 décembre
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au Windsor Park de Belfast, l’Irlande du Nord a battu l’Albanie deux buts (Dowie deux fois) à zéro, devant 7 935 spectateurs.
1997
vendredi 10 janvier
Nexhmije Hodja, la veuve du dernier dictateur albanais, Enver Hojda, a été libérée après avoir passé plus de 5 ans en prison. Elle avait été condamnée à 11 ans d'emprisonnement pour « abus de pouvoir et détournement de fonds public ».
mercredi 15 janvier
La police a matraqué 2 000 manifestants devant le siège d'une des sociétés de crédit en faillite, Soudja.
jeudi 16 janvier
La police a arrêté le propriétaire du fonds mutuel pyramidal Soudja et 18 de ses associés. Ils sont soupçonnés de fraude et de détournement de fonds.
dimanche 19 janvier
La police antiémeute a dispersé une foule en colère de plus de 5 000 personnes réunies à l'appel de l'opposition socialiste (ex-communiste) pour protester contre le régime du président Sali Berisha. Il y aurait plusieurs blessés. Berisha est jugé responsable du « chaos économique » mis notamment en évidence par la faillite frauduleuse de plusieurs sociétés d'épargne qui pratiquaient un taux usuraire (entre 30 et 100 % par mois). Un Albanais sur sept serait victime de ce système.
vendredi 24 janvier
Victimes de la faillite d'une société pratiquant l'usure, des manifestants ont incendié dans la soirée la mairie de Lunshnja, à 100 kilomètres au sud de Tirana. Le parlement unanime venait d'interdire cette pratique. 118 escrocs ont été arrêtés.
samedi 25 janvier
Le ministre des Affaires étrangères, Tristan Shehu, a été blessé à la tête par une pierre et retenu pendant plusieurs heures à Lushnja (ouest) par des manifestants en colère. Ne maîtrisant plus la situation, le gouvernement promet de rembourser aux épargnants spoliés les avoirs qui ont été bloqués (un cinquième des dépôts). Malgré ces assurances, le Parti socialiste demande la démission du gouvernement.
dimanche 26 janvier
A Tirana, 35 000 manifestants ont réclamé des élections anticipées. Dans la soirée, le Parlement a voté une loi renforçant les pouvoirs présidentiels pour le maintien de l'ordre.
Les autorités égyptiennes affirment qu'un certain nombre de militants du Djihad islamique, arrêtés car ils préparaient des attentats en Egypte, ont été entraînés à l'étranger, notamment dans des camps en Albanie.
lundi 27 janvier
L'armée a pris position autour de la radiotélévision d'Etat à Tirana.
mardi 28 janvier
Un père de famille ruiné par la faillite des banques s'est suicidé.
mercredi 29 janvier
Le président Berisha a accusé « des dirigeants et militants socialistes » d'avoir fomenté les récentes violences en Albanie, affirmant que, parmi eux, « il y avait des officiers de l'ex-police secrète communiste ». La police, a-t-il dit, a « identifié tous les instigateurs et organisateurs » des violences, qui ont lieu notamment à Luschnja et à Vlorre (sud).
jeudi 30 janvier
Le ministre de l'Intérieur a annoncé que 247 membres de l'opposition avaient été arrêtés pour leur implication dans les récentes manifestations antigouvernementales. Le ministre a démenti le chiffre de 700 arrestations avancé par la presse, ajoutant que sur les 247 personnes interpellées, beaucoup seraient relâchées après interrogatoire. Les soldats, postés devant les principaux bâtiments publics de Tirana ont regagné leurs casernes, mais les policiers, en uniforme ou en civil, restent très nombreux. Dans la soirée, les députés ont voté une loi par laquelle l'Etat s'engage à rembourser les 200 000 à 300 000 épargnants spoliés par la faillite des banques. Un autre père de famille ruiné s'est suicidé.
vendredi 31 janvier
Les manifestations ont continué malgré le vote des députés. L'opposition s'organise au sein d'un « forum pour la démocratie », regroupant huit partis d'opposition et exigeant des élections anticipées.
dimanche 2 février
En une semaine, la police serbe a arrêté une centaine d'Albanais du Kosovo soupçonnés de « menées subversives » dans cette province yougoslave. L'opposition au régime de Slobodan Milosevic affirme qu'il s'agit là de la plus importante vague d'arrestations depuis deux ans au Kosovo.
mardi 4 février
Le remboursement partiel des 300 000 épargnants spoliés a commencé. L'Etat promet de rembourser 60 % des dépôts, en liquide ou sous forme de livrets d'épargne dont il garantirait une rémunération à un taux supérieur à l'inflation. L'Etat avait réussi à bloquer l'équivalent de 1,2 milliard de francs. Ce qui parait bien insuffisant pour calmer la colère des épargnants.
mercredi 5 février
La police a tiré en l'air et a utilisé canons à eau et matraque à Vlora pour disperser quelque 7 000 manifestants qui réclamaient le remboursement des sommes investies dans les fonds pyramidaux en faillite (en particulier Gjallica, société immobilière et financière basée dans ce port), ainsi que la démission du président Berisha et du gouvernement. Plusieurs personnes ont été blessées et une trentaine d'autres ont été arrêtées.
jeudi 6 février
Environ 30 000 personnes ont assiégé à coups de pierres la préfecture de police de Vlora, réclamant la libération des manifestants arrêtés la veille. Une cinquantaine de policiers antiémeutes, équipés d'armes automatiques, ont protégé le bâtiment.
dimanche 9 février
Deux personnes sont mort de crises cardiaques et une quarantaine d'autres ont été blessées à Vlora lors de la répression d'une manifestation par la police.
lundi 10 février
Une personne a été tuée par balles et plus de 100 autres ont été blessées à Vlora.
mardi 11 février
Environ 40 000 personnes ont défilé dans les rues de Vlora, mettant le feu au siège du Parti démocratique. Débordé, le gouvernement a abandonné la ville aux émeutiers. Pas un uniforme ne s'est aventuré dans les rues de Vlora. 5 000 personnes venues de la ville voisine de Fier, ont rejoint les manifestants. Le Premier ministre, Alexander Meksi, a réclamé la proclamation de l'état d'urgence.
mercredi 12 février
Après avoir renoncé à imposer l'état d'urgence à Vlora, les autorités ont pris des mesures pour empêcher l'opposition de manifester à Tirana. A Vlora, le gouvernement a limogé le très impopulaire chef de la police locale, qu'il a remplacé par un « enfant du pays ». Mais la situation reste très « chaotique ». Dans la matinée, les manifestants voulaient incendier la préfecture de police. Un autre danger menace le régime de Berisha : Tirana est prête, elle aussi, à descendre dans la rue. Pour parer au plus pressé, le pouvoir n'a rien trouvé de mieux que de bloquer tous les accès à la capitale, barrer les rues et confiner dans leurs bureaux les dirigeants du Parti socialiste et du Forum pour la démocratie. Un policier a été tué.
mardi 18 février
Ouverture à Tirana du procès du dernier président communiste albanais, Ramiz Alia, avec deux ex-ministres de l'Intérieur, pour « génocide et crimes contre l'humanité ». Les trois responsables politiques sont accusés de meurtres aux frontières et d'avoir procédé à des déportations massives pour motifs politiques entre 1982 et 1986.
jeudi 20 février
Deux personnes, un policier et un manifestant, ont été légèrement blessées à Tirana lors d'affrontements à l'issue d'une manifestation antigouvernementale. Environ 4 000 personnes s'étaient rassemblées au stade Ali Demi à l'appel du Forum pour la démocratie. Par ailleurs, 45 étudiants de l'université de Vlora ont entamé une grève de la faim pour obtenir la démission du gouvernement. Demande également fait par quatorze députés du parti au pouvoir, dont le député-maire de Vlora. Le président Berisha a reconnu sa responsabilité dans la crise.
mardi 25 février
Le président Berisha a promis de rembourser un don de 50 millions de dollars (280 millions de francs) que son Parti démocratique a reçu de la société financière spéculative Gjallica (en faillite).
mercredi 26 février
Le président Berisha a décidé de se présenter pour un deuxième mandat. L'élection par le Parlement aura lieu le 3 mars.
vendredi 28 février
Le pouvoir albanais a déclaré « illégale » la grève de la faim entamée par 45 étudiants depuis huit jours. A Vlora, des échanges de tirs ont fait 9 morts, 3 étudiants et 6 policiers.
nuit du vendredi 28 février au samedi 1er mars
A Vlora, plusieurs milliers d'émeutiers ont attaqué une caserne et pris des centaines d'armes.
samedi 1er mars
Le pouvoir a annoncé la démission collective du gouvernement Meksi. Le président Berisha propose de constituer un nouveau gouvernement formé en majorité de membres de son parti, mais ouvert à l'opposition, ce qui ne satisfait pas ces derniers. Les émeutes se sont étendues à d'autres villes. A Saranda, incendies des bâtiments de la police, de la police secrète (Shik) et du tribunal (évasion de quelque 200 détenus) ; à Himara, incendies de la mairie et de la préfecture de police ; à Gjirokaster, paralysée depuis plusieurs jours par une grève quasi générale, grève de la faim illimitée d'une cinquantaine d'étudiants ; à Levan, pillage des dépôts d'armes d'une caserne ; à Delvina, incendies de la préfecture de police et du parquet, pillage d'une banque.
dimanche 2 mars
Les manifestants ont lancé un ultimatum au président : ils réclament un simple gouvernement d'experts. Sinon, les émeutiers - désormais armés - de Vlora marcheraient sur Tirana. Le Parlement s'est réuni en assemblée extraordinaire pour voter, par 118 voix (sur 140), l'état d'urgence à partir de 17 h 55 pour une durée indéterminée sur tout le territoire. Peu après, le président Berisha accusait à la télévision une « rébellion communiste armée, soutenue par des services secrets étrangers ». Contre elle, « tous les moyens seront utilisés ». Dans la soirée, des tirs d'armes automatiques étaient signalés à Vlora (deux policiers ont été tués, 150 personnes blessées depuis trois jours), Gjirokaster (où les émeutiers ont mis le feu à un poste de police et où une quinzaine de détenus étaient libérés) et à Saranda. Au même moment, la Grèce et l'Italie demandaient une réunion de l'Union européenne et appelaient les Albanais au dialogue.
nuit du dimanche 2 au lundi 3 mars
A Tirana, l'immeuble abritant le plus important des quotidiens du pays, Koha Jone, qui se veut pourtant « indépendant », a été détruit par un incendie. Une journaliste affirme qu'une vingtaine d'hommes armés ont fait irruption dans les locaux qu'ils ont incendiés à l'aide de cocktails Molotov.
lundi 3 mars
Malgré les mesures prises (couvre-feu, barrages et contrôles routiers, censure de la presse, fermeture des établissements scolaires, autorisation donnée aux forces de l'ordre de tirer sans sommation) par le gouvernement pour tenter d'endiguer la violence venue du sud, le pays est au bord de la guerre civile. L'Italie et la Grèce ont interrompu leurs liaisons maritimes avec l'Albanie, cependant que l'armée grecque renforçait ses patrouilles frontalières et que la frontière yougoslave, elle, était fermée. Les premiers étrangers ont été évacués par deux hélicoptères italiens. A Saranda, les émeutiers se sont emparés d'un navire de guerre destiné au repérage des mines. Dans la soirée, depuis le navire, les « rebelles » ont tiré au canon sur la ville d'où les manifestants (des adolescents pour la plupart) ont répondu par des tirs d'armes automatiques. A Tirana, Sali Berisha a été réélu président de la République albanaise par le Parlement par 113 voix contre 1 et 4 abstentions (sur 140 députés).
mardi 4 mars
Sali Berisha a limogé le chef d'état-major de l'armée et ordonné une enquête sur le comportement des militaires, considérés comme responsables de l'aggravation des débordements dans le sud du pays. Un communiqué officiel affirme que la population de Fieri a répondu à l'ultimatum du gouvernement et commencé à remettre ses armes aux forces de l'ordre. Mais cet exemple, s'il se vérifie, reste isolé. Saranda est toujours incontrôlable (la petite base navale est maintenant entièrement aux mains des « rebelles », soit une demi-douzaine de navires). Dans la soirée, un policier aurait été brûlé vif. La population a tenu plusieurs meetings dans la journée et mis en place une « commission municipale » autonome destinée à se substituer au maire. A Delvino, près de là, il y aurait « des dizaines de morts » selon la télévision grecque. Tirana a envoyé des chars et des transports de troupes en direction de Vlora. Deux pilotes albanais ont fait défection à bord d'un avion de chasse qui s'est posé en Italie. La raison en serait que l'ordre leur a été donnée d'ouvrir le feu sur la population civile.
mercredi 5 mars
L'Europe, inquiète, insiste pour aider l'Albanie à sortir de la crise dans laquelle la fureur populaire l'a précipitée. Mais le pouvoir albanais s'oppose fermement à l'entrée des missions européennes : « Ce n'est pas le moment » a déclaré le ministre des Affaires étrangères Tritan Shehu. Sur le terrain, la situation est très confuse. Un communiqué gouvernementale a formellement démenti que l'ordre ait été donné de tirer sur la population civile. Pourtant, des combats ont eu lieu près de Saranda, toujours aux mains de insurgés. Un photographe américain affirme avoir vu des chasseurs de fabrication chinoise larguer une bombe à proximité d'un village peuplé de 400 familles appartenant à la minorité grecque. Plus tard, il a vu deux autres bombes exploser. Dans le même secteur, des affrontements ont éclaté lorsque des soldats, à bord de quatre camions, ont ouvert le feu sur un barrage routier : quatre hommes ont été blessés selon un député du parti de la minorité grecque. Saranda se présente comme un véritable bastion : 400 insurgés fortement armés gardent l'entrée du port et quatre barrages routiers ont été établis sur la principale voie d'accès à la ville. Des voitures et des camions chargés d'armes et d'explosifs volés dans des dépôts de l'armée sont encore arrivés. Vlora, isolé depuis trois semaines, commencerait à souffrir de la pénurie alimentaire. Un convoi sanitaire de la Croix-Rouge a pu pénétrer dans la ville.
jeudi 6 mars
Le président Berisha est parvenu à un accord avec les partis d'opposition : toute activité militaire est suspendue pour 48 heures dès le 7 mars à 6 heures du matin. Cette trêve est instaurée pour permettre aux insurgés de remettre leurs armes. L'opposition se dit également prête à poursuivre le dialogue ainsi entamé. Eux et le président sont d'accord pour créer une commission d'enquête afin de faire la lumière sur le scandale des sociétés financières dont la faillite a déclenché la crise.
vendredi 7 mars
Le président Berisha a exclu des élections anticipées en Albanie, ainsi que la formation d'un gouvernement de coalition avec les socialistes. Pour leur part, les dirigeants rebelles de Vlora maintiennent qu'ils ne déposeront pas les armes tant qu'une date n'aura pas été fixée pour des élections, tant qu'un gouvernement de technicien n'aura pas été constitué et tant que l'armée ne se sera pas retirée des collines qui entourent la ville. Des gardes-côtes italiens, qui ont renforcé leurs patrouilles en prévision d'un nouvel afflux de réfugiés albanais, ont intercepté dans l'Adriatique un bateau de pêche à bord duquel se trouvaient une cinquantaine de réfugiés présumés albanais.
samedi 8 mars
La ville de Gjirokastra est passée, à son tour, à la contestation. La chute de cette ville, c'est aussi celle de l'une des plus importantes bases militaires du pays. Non seulement les quelque mille soldats qui gardaient la garnison n'ont rien fait pour empêcher le pillage des entrepôts, mais ils ont même applaudi lorsque la population s'est présentée. Ils se sont rapidement rangés à ses côtés, puis ils l'ont aidée à vider l'arsenal et à conduire les chars jusqu'à l'aéroport militaire... dont la police a pris la fuite vers les collines environnantes.
dimanche 9 mars
Dans un discours à la nation diffusé en direct, Sali Berisha a satisfait à toutes les demandes des émeutiers du sud. Il a invité les leaders de tous les partis politiques à discuter d'une « plate-forme de réconciliation nationale » pouvant conduire à la formation d'un gouvernement les réunissant tous, y compris les socialistes. Il a ensuite proposé la tenue de nouvelles élections dans les deux mois. Il a enfin estimé que « le Parlement devrait déclarer une amnistie générale pour toutes les personnes impliquées dans la révolte, civils et militaires » et souhaité que les émeutiers rendent les armes d'ici la fin de la semaine. Dans la soirée, les rebelles ont pris le contrôle de Berat (40 000 habitants dans le centre du pays). Une quarantaine de personnes ont été blessées par balles. Les émeutiers se sont emparés d'armes et bloquent tous les accès. selon un scénario classique, les soldats ne sont pas intervenus.
lundi 10 mars
Alors que cinq nouvelles villes, Kelcyra, Kuçova, Skrapar, Permetti (où la préfecture de police a été incendiée) et Poliçan (importante usine d'armement) sont tombées aux mains des rebelles, Paolo Foresti, l'ambassadeur d'Italie à Tirana, a rencontré des représentants des mouvements rebelles de Vlora et d'autres villes du sud à bord de la frégate San Giorgio, dans l'Adriatique, Ce sont les autorités albanaises qui ont demandé aux Italiens d'engager le dialogue. A Tirana, c'est avec tous les partis politiques que le président Berisha a entamé les négociations. Il s'agit d'abord de constituer le « gouvernement de réconciliation nationale » promis.
mardi 11 mars
Malgré les concessions de Berisha (il vient de nommer Bashkim Fino Premier ministre, un socialiste originaire d'une ville en rébellion), les villes du sud n'ont pas rendu les armes (elles sont 13 représentant un quart du pays). La plupart sont livrées aux exactions de bandes rivales. A la frontière grecque, à un poste frontière déserté par la police et les douaniers, un homme a été tué par des rançonneurs auxquels il avait résisté. A Gjirokastra, privée d'électricité, des hordes d'hommes en cagoules ont pillé l'hôpital, un hôtel, un hospice de vieillards. A Berat, trois caisses d'épargne ont été dévalisées, des magasins et des entrepôts de denrées alimentaires appartenant à l'Etat ont été pillées et l'hôpital est débordé. La pénurie alimentaire menace : les poids lourds grecs ne veulent plus se risquer dans cette région. La confusion gagne maintenant le nord. Pour la première fois, les partisans de Berisha ont appliqué la même méthode des contestataires à deux cents kilomètres au nord de Tirana : ils ont pillé le dépôt d'armes de Bajram Curri. Ni l'armée ni la police ne sont pas intervenus. Jamais l'Albanie n'a donc été aussi prête de la guerre civile.
mercredi 12 mars
Dans les rues de Vlora, les émeutiers ont répété que la confiance ne reviendrait qu'avec le départ du président Berisha. Même à Tirana, une certaine tension commence à se manifester. L'Ecole militaire d'Albanie, située dans un quartier périphérique a été pillée sans la moindre opposition de la part des soldats et dans l'indifférence totale de la police. A une soixantaine de kilomètres de la capitale, au même moment, c'est une usine d'armement de la région d'Elbasan qui a été dévalisée, et personne ne peut affirmer, comme on l'avait cru la veille, que ce sont maintenant les partisans de Berisha qui prennent leur précaution pour parer à toute provocation armée venue du sud. Pour gage de la « réconciliation nationale », le nouveau Premier ministre Bashkim Fino demande la libération du leader des ex-communistes, Fatos Nano (condamné à 12 ans de prison en juillet 1994 pour avoir détourné plus de 40 millions de francs représentant l'aide italienne à son pays, à l'époque où il était Premier ministre).
jeudi 13 mars
L'Albanie s'est enfoncée encore un peu plus dans le chaos. De plus en plus nombreux sont ceux qui tentent de fuir le pays (par exemple : le cargo Giorgas vers l'Italie). Les propres enfants du président Berisha ont réussi à embarquer, avec l'aide de leurs gardes du corps, sur un ferry quittant Durrës pour Brindisi. Le tout nouveau gouvernement de « réconciliation nationale » ne semble avoir aucune prise sur les événements. La plupart des ministères et des administrations ont fermé, tout comme les banques et les commerces, tandis que les rues de Tirana sont désertées. Les tirs d'armes automatiques ont été incessants toute la journée dans la capitale. L'aéroport, saccagé par les civils, a été fermé pour des raisons de sécurité. La violence a gagné du terrain (au moins 20 morts et 130 blessés) dans l'ensemble du pays. Quelque 1 200 prisonniers ont profité du chaos ambiant pour s'évader, dont 600 de la prison de Tirana. Parmi eux se trouvait les deux détenus les plus célèbres du pays, le leader socialiste Fatos Nano et Ramiz Alia, le dernier dirigeant communiste du pays. Les pillards sont à l'œuvre partout : trois casernes de Shkoder ont été pillées. Dans le sud, les « comités de ville » mis en place par les insurgés sont impuissants à ramener l'ordre. Les pays étrangers (Italie, Grande-Bretagne, Etats-Unis) ont commencé à évacuer leurs ressortissants. Tous les voisins ont fermé leurs frontières. Face à un tel chaos, le président Berisha et le Premier ministre Fino ont « officiellement » demandé dans la soirée à l'Union européenne une intervention militaire.
vendredi 14 mars
La plupart des ambassades présentes à Tirana ont organisé l'évacuation en masse par hélicoptères de leurs ressortissants. Des convois terrestres ont également été organisés pour gagner les côtes où un important dispositif militaire naval a été mis en place, avec des navires américains, italiens, yougoslaves, grecs, britanniques et français. Un des deux hélicoptères italiens a été touché par des projectiles ; un hélicoptère américain, touché lui aussi, a répliqué, de même qu'un hélicoptère allemand. Pour autant qu'ils le peuvent, les Albanais fuient eux aussi le chaos. Même limité, le flux de réfugiés se présentant sur les côtes sud de l'Italie est continu, le plus souvent à bord de petites embarcations. Les soldats, quant à eux, désertent avec armes et matériels : plusieurs navires de guerre se sont présentés à Brindisi, arborant le drapeau blanc.
samedi 15 mars
Les autorités ont commencé à distribuer des dizaines de fusils, des munitions et une solde de 400 dollars (plusieurs mois de salaire moyen) à des volontaires désireux de maintenir l'ordre. Et elles ont promis une augmentation de 300 % aux policiers pour qu'ils reprennent leur service.
du samedi 15 au dimanche 16 mars
14 morts à Tirana en deux jours. Depuis le début de la crise, on a recensé au moins 80 morts et environ 600 blessés. Désormais, c'est par centaine que les réfugiés albanais débarquent en Italie, à Brindisi, Bari et Otrante. Plusieurs centaines de fuyards sont par ailleurs arrivés dans le port grec de Corfou.
dimanche 16 mars
Petit espoir : dans les rues de Tirana, 3 000 personnes ont défilé, une fleur à la main, en scandant « non à la violence ». Par ailleurs, le président Berisha a amnistié le leader du Parti socialiste, Fatos Nano, que des émeutiers ont libéré de prison il y a quelques jours.
lundi 17 mars
Le bilan des affrontements est actuellement de 83 morts. C'est dans ce climat de violences qu'est arrivé à Tirana la mission européenne (11 personnes) chargée d'évaluer les besoins - le pouvoir réclame d'urgence des renforts de police - pour aider au rétablissement de l'ordre. Le leader du Parti socialiste, Fatos Nano, qui a fait sa rentrée après quatre ans passés en prison, a réclamé la démission, « pour des raisons morales » de Sali Berisha. Ce que le président exclut de faire. Mais il s'est engagé à se retirer si son parti perdait les élections anticipées qui devraient avoir lieu au plus tard en juin. En revanche, Fatos Nano prêche la réconciliation nationale et demande à ses compatriotes de ne pas fuir le pays et de rendre les armes.
mardi 18 mars
Le flot des réfugiés albanais fuyant leur pays affole l'Italie qui s'apprête à promulguer un décret limitant sa capacité d'accueil. En Albanie même, les habitants du Sud menacent maintenant de marcher sur Tirana, les armes à la main, si le président Berisha n'a pas démissionné d'ici deux jours.
mercredi 19 mars
Malgré un retour au calme très relatif à Tirana, la situation en Albanie reste imprévisible. A part l'Italie, qui a dû prendre des mesures d'urgence, et la Grèce, qui a ouvert quatre postes frontières aux camions de ravitaillement, le reste de l'Europe reste hésitant sur la conduite à tenir. En attendant, des bandes rivales continuent de s'affronter dans le sud dont le gouvernement a rejeté l'ultimatum. Tous les partis et tous les ministres ont reçu la consigne de se rendre dans toutes les villes pour ouvrir le dialogue avec les « comités de salut » mis en place par les insurgés.
jeudi 20 mars
A l'issue d'une réunion avec les commandants des villes rebelles du sud, Gjoleke Malaj, le chef des insurgés de Tepelena, a annoncé qu'il avait envoyé un « commando de 50 hommes à Tirana pour tuer le président Sali Berisha » si celui-ci persiste dans son refus de démissionner. Dans la matinée, les forces armées italiennes ont effectué leur première opération sur le sol albanais : elles ont débarqué près de Dürres 400 « indésirables » interceptés la veille et encore cinquante dans l'après-midi.
vendredi 21 mars
Des « forces spéciales » de la police vont être constituées très rapidement pour rétablir l'ordre, a déclaré le Premier ministre, Bashkim Fino. Il a ajouté que les élections pourraient ne pas avoir lieu comme prévu au plus tard en juin si les Albanais ne rendent pas leurs armes.
samedi 22 mars
Apparaissant dans la soirée au journal télévisé, pour la première fois depuis le début de la crise, le président Berisha a reconnu qu'il avait une part de responsabilité dans les événements. Pour autant, il reste à son poste.
lundi 24 mars
La Marine italienne a reçu l'ordre formel de « repousser vers l'Albanie » les bateaux chargés de réfugiés fuyant leur pays. Si les marins italiens ne peuvent persuader les équipages albanais de faire demi-tour, les bateaux seront remorqués vers leurs ports d'origine. Dans la journée, des coups de feu ont été tirés depuis un bateau de pêche que la Marine italienne raccompagnait en Albanie. Le capitaine du navire a été interpellé. Dans le sud de l'Albanie, un des nombreux gangs a abattu trois policiers à Vlora. Un des assaillants a été blessé à la tête.
mardi 25 mars
En accord avec les autorités de Tirana, l'armée italienne a renvoyé dans leur pays 200 Albanais « dangereux pour l'ordre public », ce qui porte à plus d'un demi-millier le nombre des indésirables expulsés depuis le 19 mars. Dans la sud de l'Albanie, les bandes armées sèment déjà la terreur : des hommes armés et encagoulés ont pris trois médecins italiens en otages à l'hôpital de Vlora. Jusqu'à ce que l'armée italienne accepte d'évacuer vers l'Italie un malfaiteur de 25 ans grièvement blessé la veille, ce qui a été fait. 20 personnes ont été tuées dans la journée par ces gangs.
mercredi 26 mars
A Vienne, l'OSCE a décidé la création d'une mission à long terme en Albanie dont les activités seront protégés par une force multinationale sous mandat de l'ONU. Dans la soirée, deux hommes armés circulant à bord d'une Toyota rouge ont mitraillé un autobus qu'ils voulaient arrêter dans un faubourg de Tirana. Un passager de 35 ans a été tué sur le coup et huit autres personnes ont été blessées, dont un garçon de 6 ans, qui a succombé à l'hôpital. D'après l'un des blessés, les agresseurs voulaient arrêter le car pour rançonner les voyageurs.
jeudi 27 mars
L'OSCE a approuvé l'envoi d'une force de protection par « certains » de ses membres en Albanie, sous réserve d'un feu vert de l'ONU. Et la création dans ce pays d'une mission civile à long terme de l'organisation. A Tirana, des représentants européens, conduits par le Néerlandais Jan d'Amsambourg, ont longuement rencontré le Premier ministre Bashkim Fino. Par ailleurs, la police tentait de reprendre pied à Vlora. Un blindé y a fait son apparition et des motards ont pris position à certains carrefours. Mais les experts occidentaux ne se font pas trop d'illusions. Dans la soirée, une bande armée, qui venait de tuer le chef d'un village du sud, Levan, est tombée dans une embuscade tendue par les villageois : 18 membres du gang au moins ont été tués.
vendredi 28 mars
Le conseil de sécurité de l'ONU a autorisé l'envoi d'une force multinationale de 2 500 à 5 000 hommes en Albanie. Sa mission : assurer et protéger l'acheminement de l'aide alimentaire. Sur place, le retour au calme, qui a permis à la Croix-Rouge une première distribution d'aide alimentaire, reste précaire. Les insurgés, représentés par des « comités de salut », continuent de manifester leurs exigences. Réunis à Vlora, les représentants de 18 villes rebelles ont exprimé leur « soutien au gouvernement de réconciliation nationale », mais ils l'ont appelé à « prendre ses distances avec le président Berisha ». Par ailleurs, une vedette albanaise, le Kateri i Radës, qui transportait 121 candidats à l'exil (dont une moitié de femmes et d'enfants), a sombré dans le détroit d’Otrante après être entrée en collision avec une corvette italienne, le Sibilia. Le bilan est très lourd : 87 morts. Les autorités albanaises accusent l'Italie d'avoir intentionnellement provoqué l'accident.
samedi 29 mars
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Nuevo Los Carmenes de Grenade (Espagne), l’Albanie a été battue par l’Ukraine un but (Rebrov) à zéro, devant 1 200 spectateurs. C’était la première fois que ces deux équipes s’affrontaient.
dimanche 30 mars
Le Parlement albanais a donné son accord à l'intervention du contingent international chargé d'acheminer l'aide humanitaire dans le pays et dont les premiers éléments sont attendus la semaine prochaine.
lundi 31 mars
Ce lundi a été décrété « jour de deuil national » en hommage aux 87 victimes du naufrage du 28 mars.
mardi 1er avril
Le Premier ministre albanais est en tournée dans le sud pour rencontrer les principaux groupes de la région.
mercredi 2 avril
Le président du Conseil italien, Romano Prodi, s'est rendu à Gkirokastra, ville du sud de l'Albanie tenue par les insurgés armés. Il a rencontré son homologue albanais Bashkim Fino. L'Italie craint des représailles après le naufrage qui a fait 87 victimes. Rome affirme qu'elle n'enverra pas de militaires dans le sud de l'Albanie. A Vlora, le port où doivent débarquer les soldats italiens, c'est toujours la même anarchie : dans la soirée, huit hommes armés ont mitraillé le poste tandis que la mafia s'emparait de navires militaires non sans avoir préalablement vidé en mer des milliers de missiles, de bombes et de mines.
Eliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au stade Nuevo Los Carmenes de Grenade (Espagne), l’Allemagne a battu l’Albanie trois buts (Kirsten trois fois) à deux (Kola deux fois, dont une sur pénalty), devant 9 780 spectateurs.
jeudi 3 avril
L'Union européenne et l'OSCE ont discuté à Athènes (Grèce) avec le Premier ministre albanais : « l'assistance européenne sera économique et humanitaire ». Ces dernières 24 heures, six personnes ont été tuées, une à Tirana par une balle perdue, et cinq dans différentes localités au cours de règlements de comptes.
samedi 5 avril
Des enfants ont manifesté à Tirana pour la paix en Albanie. Quelques poignées tout au plus, rassemblées par l'Unicef. Le Premier ministre Fino, en route pour Shkodër (nord), a dû renoncer à son déplacement après être tombé dans une embuscade montée par des villageois de la région : les gens du nord refusent la présence chez eux d'un homme originaire du sud (Gjirokastër) et qui représente le Parti socialiste, traditionnellement implanté au sud.
dimanche 6 avril
Les incidents en Albanie sont autant de menaces pour la bonne volonté européenne qui se manifeste enfin après avoir tant hésité. Le chef du gouvernement italien, Romano Prodi, a insisté sur le fait que la mission internationale décidée en Albanie était humanitaire et non militaire. En Italie, des manifestations ont eu lieu pour protester contre l'envoi de soldats italiens.
mardi 8 avril
Le ministre italien des Affaires étrangères souhaite la démission du président Berisha.
mercredi 9 avril
La chambre des députés italiens a approuvé le projet du gouvernement Prodi d'envoyer des troupes italiennes en Albanie.
jeudi 10 avril
Les état-majors militaires des huit pays participant à l'opération Alba ont approuvé le plan italien.
vendredi 11 avril
Les premiers soldats italiens de la force multinationale en Albanie ont débarqué dans la matinée à Durrës, le plus grand port albanais, à l'ouest de Tirana. Ces premiers militaires sont la tête de pont de l'opération « Alba ». La patrouille du 19e régiment « Guide » est aussitôt partie reconnaître la route reliant Durrës à Tirana (40 kilomètres). Sous commandement italien, cette force comptera 6 000 hommes envoyés par huit pays (Autriche, Danemark, Espagne, France, Grèce, Italie, Roumanie et Turquie).
samedi 12 avril
Léka Ier, fils de Zog Ier, le dernier roi d'Albanie, est arrivé à Tirana, qu'il avait quitté alors qu'il n'avait que deux jours. Il a été officiellement accueilli avec enthousiasme.
dimanche 13 avril
Le président du Conseil italien, Romano Prodi, a été reçu par les autorités albanaises. A Vlora, la foule d'Albanais l'a acclamé. Des avant-gardes italienne et française de la force multinationale ont déjà débarqué.
lundi 14 avril
Les représentants politiques des huit pays participant à la force de protection en Albanie ont donné leur aval au plan d'intervention proposé par l'Italie dans le cadre de l'opération « Alba ».
nuit du lundi 14 au mardi 15 avril
A la suite de rumeurs, des commandos français de l'infanterie de marine ont soigneusement inspecté les installations portuaires de débarquement de la force multinationale pour prévenir toute action terroriste.
mardi 15 avril
Le gros des troupes de la force multinationale, soit 1 200 hommes sur un effectif total de 6 000, a commencé à arriver dans la matinée. Sa mise en place devrait s'achever à la fin du mois. Dans le même temps, 150 parachutistes italiens atterrissaient à Tirana, où les a accueillis le Premier ministre albanais, Bashkim Fino.
jeudi 17 avril
Les partis politiques albanais se sont mis d'accord pour que des élections législatives aient lieu le 29 juin. C'est ce qu'a annoncé à Tirana le chef de la mission de l'OSCE, l'ancien chancelier autrichien Franz Vranitzky. Mais il n'y a pas encore d'accord sur les modalités du scrutin.
lundi 21 avril
Les Italiens de la force « Alba » sont arrivés dans la matinée à Vlora, le centre nerveux de la rébellion du sud de l'Albanie. Le « comité de salut public » des insurgés leur a réservé un accueil chaleureux. Plusieurs explosions ont été entendues en ville pendant la cérémonie d'accueil, le commandant de l'opération italienne a estimé qu'il s'agissait d' « explosions de joie ».
nuit du lundi 21 au mardi 22 avril
Le croiseur italien Vittorio Vento, qui avait protégé le débarquement italo-grec à Vlora la veille, s'est échoué sur un banc de sable devant la ville. Cet échouage est dû aux vents violents qui ont soufflé après l'opération et qui ont arraché l'ancre du navire.
vendredi 25 avril
Un stock de mines antichar a explosé à Gryke Manati (nord) et fait 22 blessés, des jeunes qui jouaient avec des cartouches.
mardi 29 avril
27 personnes, dont 12 enfants, sont mortes, dans la soirée, dans l'explosion d'un dépôt militaire au nord de Tirana, à Seliz. Elles étaient entrées dans un tunnel pour démonter des obus dont ils voulaient vendre les douilles en laiton à des trafiquants étrangers. L'explosion aurait été provoquée par une allumette utilisée pour s'éclairer.
vendredi 2 mai
Le gouvernement albanais souhaite un élargissement du mandat de la force multinationale de protection (FMP). Pour surveiller quelque 2 500 dépôts de munitions à l'abandon. Et aussi, pour contrôler les frontières. Déjà, un détachement italien a commencé à reconnaître les emplacements des dépôts de munitions situés autour de Tirana.
mercredi 7 mai
Des attentats à l'explosif ont blessé trois personnes à Vlora, dans un endroit fréquenté par la FMP.
jeudi 8 mai
Des soldats envoyés par le Danemark, le huitième pays à participer à la Force multinationale de protection (FMP) en Albanie, ont débarqué à Durres. Un renfort bienvenu au moment où la FMP a décidé de renforcer ses patrouilles à Vlora. Certaines patrouilles utiliseront notamment des blindés.
vendredi 9 mai
L'envoyé spécial de l'OSCE a réussi à arracher un compromis entre les dix partis politiques albanais pour la tenue d'élections législatives. Elles devraient avoir lieu avant la fin du mois de juin.
mardi 13 mai
L'opposition a annoncé qu'elle boycottera les élections prévues en juin. Elle a pris cette décision à la suite du refus du Parti démocratique (au pouvoir) de modifier les règles du scrutin. Les huit partis d'opposition ont en outre annoncé leur intention de reconsidérer leur participation au gouvernement et au sein du Parlement.
mercredi 14 mai
Les Etats-Unis ont manifesté leur désapprobation à l'égard du parti au pouvoir en Albanie, au lendemain de l'adoption d'une loi électorale contre laquelle l'opposition albanaise proteste. Cette loi reconduit en effet le scrutin majoritaire qui a favorisé le Parti démocratique du président Berisha dans le passé. L'opposition réclame un scrutin proportionnel. Pour Sali Berisha, qui a confirmé que les élections auraient lieu le 29 juin, la loi adoptée est conforme aux « normes européennes » et suit « toutes les recommandations du Conseil de l'Europe ».
nuit du jeudi 15 au vendredi 16 mai
Le Parlement a voté la loi électorale contestée par l'opposition.
vendredi 16 mai
Bras de fer en Albanie, où le président Berisha a promulgué la loi électorale contestée par l'opposition. Le président a dissous le Parlement.
Plusieurs villes, dont Tirana, ont ressenti la secousse sismique qui a ébranlé une partie du pays dans la matinée.
du samedi 17 au lundi 19 mai
Le bras de fer entre le président Berisha et l'opposition se poursuit. Malgré la menace des huit partis de l'opposition de boycotter les élections législatives, le président est pratiquement entré en campagne, en faveur du Parti démocratique, le sien. Pour l'opposition, le contrôle et l'organisation des élections doivent être confiés au gouvernement du Premier ministre Bashkim Fino. L'Union européenne continue à faire pression sur les uns et les autres pour qu'ils se mettent d'accord, mais l'Italie a fait savoir qu'il n'était pas question de mettre fin à la mission de la force multinationale. Onze personnes ont été tuées par balles en différents points du pays durant ces trois jours.
nuit du lundi 19 au mardi 20 mai
Un observateur finlandais de la Force de prévention des Nations unies a été blessé à la frontière entre la Macédoine et l'Albanie. Il a été victime d'un échange de tirs entre l'armée macédonienne et un groupe d'Albanais qui tentaient d'entrer clandestinement en Macédoine. L'armée macédonienne a renforcé les mesures de sécurité dans ce secteur, « en raison de la détérioration de la situation à la frontière ».
mercredi 21 mai
Deux touristes britanniques qui naviguaient sur un voilier au large de Corfou, dans les eaux grecques, ont été dévalisés par des pirates, quatre hommes armés « probablement albanais », qui les ont attaqués à bord d'une vedette. La mafia albanaise est devenue un vrai casse-tête pour les autorités grecques et les professionnels du tourisme dans la région, qui ne cessent de réclamer un renforcement du contrôle des frontières.
jeudi 22 mai
Les dix principaux partis politiques albanais ont conclu un accord en vue de la tenue des législatives anticipées, le 29 juin. Selon le chef de la mission de l'OSCE, Franz Vranitzky, l'accord représente un « compromis équilibré » entre le Parti démocratique (DP) du président Berisha et les partis d'opposition. Les socialistes, notamment, ont lâché sur le mode de scrutin : le système majoritaire servira à pouvoir 115 des 155 sièges du nouveau parlement.
vendredi 23 mai
Le gouvernement albanais a souhaité que la Force multinationale de protection (FMP) présente dans le pays assure la sécurité des postes-frontières abandonnés par les douaniers et celle des axes routiers sur lesquels les incidents ne cessent de se multiplier. La FMP a refusé cette tache qui « sort du cadre de sa mission », laquelle est uniquement d'assurer la distribution de l'aide humanitaire. En revanche, la FMP pourrait bientôt se déployer, comme le souhaite le gouvernement, « même dans les régions les plus reculées » du pays. Une fusillade a opposé des policiers de la Garde nationale, une force spéciale de la police albanaise notamment chargée de la sécurité du président, à des habitants de la ville de Cerrik : plusieurs blessés.
dimanche 25 mai
Les membres de la Garde nationale ont attaqué l'hôpital militaire de Tirana, en ouvrant le feu avec des blindés contre les bâtiments. Ils accusaient les médecins de « négligence » après la mort d'un des leurs, soigné à la suite d'une fusillade qui les avait opposés à des habitants de Cerrik le 23 mai.
mardi 27 mai
Les dix principaux partis albanais se sont réunis pour tenter de trouver un accord sur le déroulement des élections législatives anticipées. Cette table ronde a été convoquée par le Parti démocratique du président Berisha, qui invite ses partenaires à signer un « pacte social pour des élections libres et honnêtes ». L'opposition se dit favorable à un pacte qui garantirait la crédibilité du scrutin, mais elle y met des conditions préalables, comme la levée de l'état d'urgence et du couvre-feu. Les socialistes, de leur côté, exigent que la police secrète soit placée sous la responsabilité du gouvernement et non plus du chef de l'Etat, que des préfets soient nommés dans les villes où les rebelles continuent de narguer le pouvoir légal et que le scrutin, pour des raisons de sécurité, soit clos à 18 h et non à 21 h.
lundi 2 juin
Une bombe a explosé dans l'après-midi dans un café du centre de Tirana, faisant une dizaine de blessés. L'engin avait été placé dans les toilettes de l'établissement, dont le deuxième étage a été détruit. Le café, situé près du ministère de la Défense, appartient à un secrétaire d'Etat à l'Intérieur, membre de l'opposition. Il est surtout fréquenté par des sympathisants du Parti socialiste. Une nouvelle explosion s'est produite dans la soirée en centre-ville faisant quatre blessés. Un Albanais de 25 ans a été maîtrisé dans la soirée par les gardes du corps du président Berisha alors qu'il venait de lancer une grenade dégoupillée en direction du chef de l'Etat en campagne au nord-ouest de Tirana.
mardi 3 juin
A Tirana, une vingtaine de personnes ont été blessées par deux engins explosifs.
samedi 7 juin
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade das Antas de Porto, le Portugal a battu l’Albanie deux buts (João V. Pinto et Figo) à zéro, devant 14 000 spectateurs.
mardi 10 juin
Les ministres des Affaires étrangères des pays balkaniques (Albanie, Bulgarie, Grèce, Macédoine, Roumanie, Serbie et Turquie) se sont engagés à Salonique (Grèce) à s'abstenir « de tout recours à la violence » pour régler leurs différends et à respecter « les droits de souveraineté de chaque pays ». Ils ont également demandé la « pleine application » des accords de Dayton sur la paix en Bosnie-Herzégovine. Ce pays était représenté, à titre d'observateur, ainsi que la Croatie.
mercredi 11 juin
La voiture de deux candidats du parti du président Berisha a été criblée de balles en quittant Cerrik, une localité proche d'Elbasan.
jeudi 12 juin
Lors d'un meeting électoral du président albanais à Elbasan (à 50 kilomètres de Tirana), deux hommes ont tiré en l'air, provoquant une riposte des policiers qui a fait six blessés. Sali Berisha lui-même n'a pas été touché, mais une voiture du cortège présidentiel a de nouveau essuyé des coups de feu en quittant la ville.
mercredi 18 juin
Malgré la multiplication des incidents armés (132 morts en une semaine), l'OSCE maintient les élections au 29 juin.
jeudi 19 juin
L'OSCE a décidé de porter de 6 500 à 7 000 hommes les effectifs de la Force multinationale de protection en Albanie pour les élections législatives du 29 juin. Près de Tirana, des soldats grecs de la FM ont tué un tireur isolé qui avait ouvert le feu sur eux.
lundi 23 juin
Le Conseil de l'Europe a confirmé le départ d'une quarantaine de parlementaires en Albanie, pour y surveiller les élections qui s'y dérouleront le 29 juin. Les exigences minimales du Conseil de l'Europe sont loin d'être remplies (tous les candidats ne sont pas encore connus, les bulletins de vote, imprimés en Italie, ne seront prêts qu'à la dernière minute), mais, dit-on à Strasbourg, « entre deux maux nous choisissons le moindre ». La présidente de l'Assemblée parlementaire européenne craint la reprise de la guerre civile après les élections.
nuit du mardi 24 au mercredi 25 juin
Des bandes armées ont semé la terreur à Vlora, passant la nuit à échanger des tirs qui se sont prolongés dans la matinée. L'une de ces bandes a notamment appelé, par voie d'affiches, les habitants de tout un quartier à déserter celui-ci. Ce quartier est connu pour être un fief d'une bande rivale particulièrement redoutée. Invoquant son impuissance totale, en raison de la supériorité en armes et en matériel des fauteurs de troubles, le chef de la police locale a adressé un appel à l'aide à la Force multinationale de protection, représentée sur place par les forces italiennes.
jeudi 26 juin
Enlèvement du père de Constandina Beziani, candidate du Parti des droits de l'homme dans le sud du pays.
vendredi 27 juin
210 équipes de deux observateurs ont quitté Tirana dans la matinée pour se rendre dans les régions les plus éloignées. Elles ont reçu consigne de ne pas forcer le destin si elles se sentent menacées. D'ailleurs plusieurs régions ne sont pas considérées comme assez sures : aucun observateur n'y sera envoyé.
dimanche 29 juin
Elections législatives anticipées : les électeurs avaient à choisir parmi 1 050 candidats représentant les 19 partis en lice. La présence de la Force multinationale et des 590 observateurs a permis la tenue d'un scrutin relativement calme compte tenu du climat de violence qui a dominé la campagne (plus de 1 600 morts et de 3 000 blessés depuis février). Il y a eu toutefois quelques exceptions : à Kurjan (district de Fieri), le chef de la commission électorale d'un bureau a été tué par balles en début d'après-midi par un membre de la famille d'un opposant socialiste. A Rrushbull (côte ouest), des hommes en armes ont essayé d'interrompre le vote. Dès la soirée, l'opposition socialiste proclamait sa victoire contre le parti du président Berisha. De même, la commission électorale a annoncé, sans donner de chiffres, que le référendum sur la restauration de la monarchie, qui était couplé avec les élections législatives, avait été favorable à la République (le chiffre de 66,7 % de « non » sera donné ultérieurement) ; le prince Leka conteste le ce résultat, déclarant avoir réuni une majorité de voix en sa faveur.
lundi 30 juin
Sans attendre les résultats officiels, Sali Berisha a reconnu sa défaite aux élections. L'opposition socialiste de Fatos Nano revendique au moins 60 des 155 sièges du Parlement. Le leader socialiste a rappelé au président que celui avait promis de démissionner en cas de victoire socialiste. Dans l'entourage présidentiel, on affirme que Sali Berisha a bien l'intention de respecter ses engagements électoraux.
mercredi 2 juillet
Les retards dans le dépouillement des résultats du premier tour des législatives en Albanie, la crise qui oppose le président et le Premier ministre et la poursuite des violences provoquent inquiétude et confusion politique. Catherine Lalumière, coordination spéciale de l'OSCE, lance une mise en garde sir le deuxième tour ne se déroule pas à la date prévue. Il reste deux jours, en effet, pour imprimer (en Italie) les bulletins pour les 18 ou 20 circonscriptions où un second tour sera nécessaire. Le Parti démocrate, tout en reconnaissant sa défaite, multiplie les plaintes pour irrégularités. Le président Berisha, qui confirme qu'il démissionnera une fois connus les résultats définitifs, tente toutefois de conserver le contrôle sur les organes de sécurité du pays. Il veut imposer au Premier ministre socialiste, Bashkim Fino, un homme à lui au ministère de l'Intérieur, Azem Hadjiari, actuel président de la commission parlementaire pour les services secrets et la police. Une nomination que refuse Bashkim Fino. Au même moment, Berisha a signé un décret autorisant les forces spéciales et la garde présidentielle à établir des barrages aux entrées de Tirana et autour de la Banque centrale. Le pouvoir craint en effet les représailles au point que plusieurs collaborateurs de Berisha, dont le ministre de l'Intérieur, Belul Celo, ont fui le pays. Par ailleurs, la violence continue : une des innombrables bandes armées qui terrorisent le sud du pays a attaqué un train entre Durres et Vlora pour en dépouiller les passagers.
jeudi 3 juillet
Le retard dans la publication des résultats officiels des élections a provoqué de nouveaux incidents. Cette fois, une fusillade entre partisans de la monarchie et les forces de sécurité a fait au moins un mort et cinq blessés. Selon des témoins, un homme en civil aurait tiré sur la police qui a riposté. Un millier de royalistes s'étaient rassemblées devant les locaux de la Commission électorale centrale à Tirana, avec à leur tête le prétendant au trône Leka Zog, vêtu d'un treillis militaire et affublé de deux pistolets. Leka affirme qu'il a gagné avec 54 % des voix le référendum sur la restauration de la monarchie, qui était couplé avec les élections législatives. Or, dès le 29 juin au soir, la commission électorale avait annoncé, sans donner de chiffres, que le « oui » à la République l'avait emporté.
vendredi 4 juillet
Le second tour des législatives aura bien lieu dans une trentaine de circonscriptions. In extremis. Les résultats du premier tour, remporté par les socialistes, ont été annoncés dans la soirée. Le taux de participation s'est élevé à 70,3 %, le référendum a vu la victoire de la République avec les deux-tiers des suffrages. Dans la matinée, une trentaine de soldats italiens en armes, appuyés de six véhicules blindés de la FMP, avaient pris position devant le Palais des congrès de Tirana, qui abrite la commission électorale. C'est dans ce contexte très tendu que l'Italie, qui commande la Force multinationale, a annoncé que ses soldats commenceront leur retrait fin juillet, juste après la constitution du nouveau gouvernement. Rome souhaite que ses 3 700 militaires aient tous quitté l'Albanie le 10 août, conformément au mandat de l'ONU.
dimanche 6 juillet
Deuxième tour des élections ; avant même la clôture du scrutin, Fatos Nano, le leader socialiste, s'est proclamé vainqueur, réclamant le poste de Premier ministre.
mardi 8 juillet
Les socialistes sont prêts à gouverner. Non seulement Fatos Nano annonce qu'il sera Premier ministre et qu'il aura sans doute formé son gouvernement avant le 25 juillet, mais le secrétaire général du Parti, Rexhep Mejdani, est déjà présenté comme le successeur de Sali Berisha (qui n'a toujours pas démissionné) à la présidence de la République. Les résultats officiels du scrutin ne sont pas encore connus, pourtant Fatos Nano a manifesté son espoir de réunir le nouveau Parlement la semaine prochaine.
vendredi 18 juillet
La force multinationale, qui tentait tant bien que mal de maintenir un semblant d'ordre en Albanie, a officiellement engagé son retrait. Il sera achevé le 12 août. Une brève cérémonie a marqué, dans le port de Durres, l'embarquement du premier contingent : 390 soldats roumains venus de Gjirokastër. Dans la journée, 260 soldats italiens sont également partis : ils ont embarqué dans le port de Vlora avec 90 blindés. De son côté, une petite unité espagnole a quitté ses positions à Shkodër, dans le nord. Pourtant la situation n'est pas stabilisée : non seulement chaque jour qui passe continue d'allonger la liste des victimes de l'insécurité ambiante, mais la situation politique elle-même n'a rien de rassurant.
du dimanche 20 au lundi 21 juillet
Pour la seule ville de Vlora, on a dénombré six morts et une dizaine de blessés dans des règlements de comptes ou par des balles perdues.
lundi 21 juillet
Le président Sali Berisha a convoqué le Parlement pour le 23 juillet. Ce sera la première réunion de la nouvelle Assemblée dominée par les socialistes. On ignore toujours si le président, qui avait promis de démissionner en cas de victoire de ses adversaires, abandonnera le pouvoir. Son parti, en tout cas, grand perdant des législatives, boycottera la première réunion du Parlement. Par ailleurs, près de Gjirokastër, un dépôt d'armes réputé « secret » a été vidé par des hommes masqués qui en ont forcé les accès à l'aide de chalumeaux sophistiqués. Il contenait, affirme le ministère de l'Intérieur, des armes « très dangereuses » (des missiles sol-sol ?).
nuit du lundi 21 au mardi 22 juillet
La violence a remonté d'un cran à Vlora : les échanges de tirs entre bandes armées rivales ont été les plus intenses et les plus longues que la ville ait connus depuis que le gouvernement de Tirana a perdu le contrôle du pays. Ils se sont prolongés pendant plus de quatre heures et se sont déroulés aussi bien au mortier qu'à la roquette antichar ou aux armes automatiques. Deux morts et cinq blessés ont été conduits à l'hôpital, mais les milieux hospitaliers affirment que le nombre réel des victimes est nettement supérieur, chaque clan dissimulant ses morts et ses blessés pour éviter les représailles des bandes adverses. Les médecins ont fui Vlora afin d'échapper aux pressions dont ils sont l'objet pour soigner les « amis » et laisser mourir les « adversaires ». Ils affirment que certains blessés ont été achevés sur les tables d'opération, ces jours-ci, par ceux qui les pourchassaient...
mardi 22 juillet
Tirana a été secouée par un attentat à la bombe qui a détruit deux bars tenus par des Grecs, près des ministères de la Défense et de l'Intérieur, en plein centre-ville. Trois personnes ont été blessées.
mercredi 23 juillet
Le président Sali Berisha a démissionné. Il compte désormais prendre la tête de l'opposition parlementaire pour « soutenir les valeurs de la démocratie et de l'économie de marché ». Le Parlement devrait désigner à sa place Rexhep Medjani, secrétaire général du Parti socialiste.
jeudi 24 juillet
L'état d'urgence et le couvre-feu ont été levés par le nouveau Parlement - désormais présidé par Skënder Gjinushi à la place de Pjetër Arbnori -, alors que les exactions des bandes armées qui avaient justifié leur entrée en vigueur n'ont pas cessé (au moins 14 morts dans la journée). Le Parlement a également élu à la présidence de la République le socialiste Rexhep Mejdani (52 ans), qui était le seul candidat. Les députés du Parti démocratique de Sali Berisha ont boycotté la session. Fatos Nano (PSS) devient Premier ministre pour la seconde fois. Dans la soirée, l'annonce de la levée de l'état d'urgence et du couvre-feu a été accueillie par des fusillades comme la capitale n'en a jamais connues depuis le début des troubles...
vendredi 25 juillet
Les ministres de la nouvelle coalition de gauche ont prêté serment devant le président Mejdani. Le gouvernement de Fatos Nano affiche deux priorités : relancer une économie ruinée et surtout pacifier le pays, dont 60 % du territoire est contrôlé par des bandes armées. Confrontée au départ de la force multinationale, le nouveau ministre de l'Intérieur vient d'appeler à l'aide l'Union européenne pour, au moins, former et équiper ses policiers.
dimanche 27 juillet
Un premier contingent de 330 soldats de la force multinationale de protection en Albanie (sur 980) a quitté dans l'après-midi le port de Durres pour Brindisi, en Italie.
jeudi 31 juillet
Alors que s'est ouvert à Rome (Italie) une conférence sur l'aide à l'Albanie, le prochain retrait de la force multinationale rassure les trafiquants. Depuis quelques jours, le pillage des dépôts militaires s'est aggravé, surtout dans le sud du pays où de gros stocks d'armes antiaériennes, d'obus antichars, d'explosifs, voire de matières chimiques ont été dérobés. Même des missiles sol-sol auraient disparu... Ces armes sont notamment revendues en Macédoine et en Grèce, les deux pays voisins.
dimanche 3 août
Les derniers soldats français ont quitté l'Albanie à bord du bâtiment La Foudre. La police albanaise s'apprêterait à lancer une opération d'envergure pour mettre fin à la violence qui a encore fait plus de soixante morts et une centaine de blessés à travers le pays la semaine dernière. Il s'agira, dans un premier temps, de débloquer les axes routiers reliant le sud au nord du pays.
lundi 4 août
Un contingent de 500 soldats italiens de la FMP restera en Albanie pour aider à la restructuration de l'armée albanaise.
jeudi 14 août
Le ministère de l'Intérieur affirme que des unités spéciales de la police ont repris cette semaine le contrôle de Vlora, la ville portuaire du sud du pays d'où était parti le soulèvement populaire, en février, et où des bandes armées faisaient, depuis, la loi. Ce jour, un chef mafieux a été tué dans une fusillade avec la police, qui a aussi arrêtée des dizaines de personnes.
mercredi 20 août
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au Stade olympique de Kiev, l’Ukraine a battu l’Albanie un but (Rebrov) à zéro, devant 38 000 spectateurs.
vendredi 5 septembre
Mère Térésa est décédée à Calcutta à 21 h 30. Installée en Inde, la religieuse d’origine albanaise était âgée de 87 ans.
samedi 6 septembre
Le président Rexhep Meidni a limogé 17 généraux, parmi lesquels les commandants de la Marine de guerre et des forces antiaériennes. Le secrétaire d'Etat à la Défense a expliqué que plusieurs d'entre eux allaient entre mis en accusation pour abus de pouvoir lors des troubles de mars, avril et mai.
Eliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au stade Hrazdan d’Erevan, l’Arménie a battu l’Albanie trois buts (Vardanian, Assadourian, Avalian sur pénalty) à zéro, devant 5 000 spectateurs.
mercredi 10 septembre
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Hardturm de Zurich (Suisse), l’Albanie a battu l’Irlande du Nord un but (Haxhi) à zéro, devant 2 650 spectateurs.
mardi 16 septembre
Une bagarre a eu lieu au Parlement entre un député de l'opposition, Azem Ajdari et le député socialiste Gafur Mazreku.
jeudi 18 septembre
Un député du Parti démocratique (opposition), Azem Ajdari, a été la cible, au Parlement, d'un député socialiste, Gafur Mazreku, qui l'a grièvement blessé de cinq balles de revolver. Les deux hommes avaient déjà échangé des coups de poing au Parlement deux jours auparavant.
en septembre
Fondation du quotidien Shekulli, de tendance socialiste.
samedi 11 octobre
Derniers matchs des éliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au Niedersachsenstadion d’Hanovre, l’Allemagne a battu l’Albanie quatre buts (Helmer, Bierhoff 2, Marschall) à trois (Kohler contre son camp, Tare, Vata), devant 44 522 spectateurs. . Sixièmes sur six dans le groupe 9, les Albanais ne participeront pas à la phase finale organisée par la France.
mardi 21 octobre
Ramiz Alia, le dernier président communiste, a été acquitté par le tribunal de Tirana devant lequel il était poursuivi pour « génocide et crimes contre l'humanité », en même temps que deux ex-ministres de l'Intérieur et l'ancien enquêteur en chef de la police secrète. Ramiz Alia s'est évadé de prison, le 14 mars, à la faveur de la rébellion populaire. Il se trouve en Suède où vit sa fille.
lundi 3 novembre
Les présidents, Premier ministres et ministres des Affaires étrangères de huit pays des Balkans (Albanie, Bosnie, Bulgarie, Grèce, Macédoine, Roumanie, Turquie et Yougoslavie) se sont retrouvés en Crète pour bâtir un « espace de paix et de coopération ». Pendant deux jours, ils vont tenter d'oublier toutes les dissensions en cours dans la région et s'efforcer de trouver un langage commun.
L'envoyé spécial en Albanie de l'OSCE, l'Autrichien Franz Vranitzky, estime que le pays est toujours au bord du gouffre économique et que la moindre étincelle sociale aura des conséquences catastrophiques.
mardi 25 novembre
La police albanaise a intercepté 10 Kurdes et 10 Chinois entrés clandestinement en Albanie. Munis de faux papiers, ils espéraient se rendre au port de Durres pour y embarquer vers l'Italie, grâce à un réseau de passeurs macédoniens, albanais et italiens. En deux jours, une dizaine de canots pneumatiques avec une centaine d'Albanais et d'étrangers à bord ont réussi à déjouer les contrôles. En trois mois, quelques 500 Kurdes et Chinois ont transité illégalement par l'Albanie pour gagner l'Italie et l'Allemagne.
dimanche 30 novembre
Les actes de vengeance et le pillage ont fait 32 morts et 45 blessés, la semaine passée. Plus d'un million d'armes ont été prises dans les dépôts militaires albanais après la rébellion populaire de février, dont moins de 10 % ont été restituées. Depuis cinq mois, 423 personnes ont été tuées par balles et 600 blessées.
1998
jeudi 1er janvier
Un communiqué du ministère albanais des Affaires étrangères condamne la violence déployée par la police serbe au Kosovo contre les étudiants albanais de souche. « Les mauvais traitements vont à l'encontre de la volonté d'européaniser les Balkans que Belgrade a soutenue lors du sommet balkanique de Crête ».
mercredi 21 janvier
Match amical de football : à Antalya, la Turquie a été battue par l’Albanie quatre buts à un.
lundi 2 février
Anastas Angjeli redevient ministre des Finances, un poste qu’il avait déjà occupé en 1991 ; il succède à Arben Malaj.
vendredi 6 février
Tournoi de football de Malte : à Ta’Qali, Malte et l’Albanie ont fait match nul un à un.
dimanche 8 février
Tournoi de football de Malte : à Ta’Qali, la Géorgie a battu l’Albanie trois buts à zéro.
mardi 10 février
Tournoi de football de Malte : à Ta’Qali, la Lettonie et l’Albanie ont fait match nul deux à deux.
lundi 23 février
L'état d'urgence a été décrété dans la soirée à Shkoder à la suite de pillages et incendies de bâtiments officiels survenus dans cette ville du nord du pays. Une centaine d'hommes armés y ont semé la terreur pendant 24 heures. Plusieurs centaines de policiers venus de Tirana ont été nécessaires pour rétablir l'ordre. 14 personnes ont été arrêtées. Les institutions publiques sont désormais sous la garde de leurs employés et un couvre feu a été établi. Dans la soirée, des tirs sporadiques peuvent encore être entendus. Les forces spéciales de Tirana ont pour mission de réorganiser la police locale.
mardi 24 février
La ville de Shkoder est en état de choc après l'éruption de la violence de la veille, dont le préfet estime qu'elle n'a rien de populaire mais qu'elle est due au grand banditisme, privé de ses sources d'approvisionnements avec la fermeture de la frontière yougoslave, à une quarantaine de kilomètres de la ville. Le commerce du pétrole et des cigarettes venus du Monténégro permettait à la population, touchée à 90 % par le chômage, de survivre, mais des contrebandiers en ont pris le monopole. Ce sont eux qui se seraient déchaînés. Les autorités pensent que leur révolte est « un détonateur potentiel de nouveaux troubles ».
vendredi 6 mars
20 000 personnes ont manifesté dans les rues de Tirana pour exiger la fin de la répression menée par les forces de l’ordre serbes contre les Albanais du Kosovo. Les manifestants réclament que la communauté internationale fasse pression sur Belgrade.
jeudi 26 mars
L'armée albanaise a entrepris des « préparatifs » pour parer à une attaque yougoslave qui pourrait résulter de la crise actuelle au Kosovo. C'est ce qu'a révélé, à Stockholm (Suède), le ministre albanais des Affaires étrangères. Selon lui, l'OTAN a promis son aide à l'Albanie et doit lui envoyer des instructeurs pour conseiller l'armée en matière de contrôle des frontières.
jeudi 30 mars
Le Premier ministre albanais, Fatos Nano, estime que le Kosovo devrait obtenir « un statut de République égal à celui dont jouit le Monténégro au sein de la Yougoslavie », ce qui permettrait de « s'ouvrir aux pays voisins », y compris à l'Albanie et à l'Europe. Pour autant, estime-t-il, le Kosovo « ne devrait pas avoir le droit à la sécession ».
lundi 4 avril
Peu de temps après avoir débarqué sur les côtes sud de l'Italie, 180 immigrés albanais ont été interpellés par des policiers. Ces derniers jours, près d'un millier d'immigrés clandestin, en majorité albanais, ont été appréhendés. Par ailleurs, les policiers ont saisi 130 kg de marijuana, cachés à bord de bateaux transportant les clandestins.
mercredi 15 avril
Le chargé d'affaires albanais en poste à Belgrade a été convoqué au ministère yougoslave des Affaires étrangères où il s'est vu signifier une « énergique protestation » en raison d'un incident à Tirana : un Albanais avait réussi à pénétrer à l'ambassade de Yougoslavie et avait abaissé le drapeau de la République fédérale yougoslave.
nuit du mercredi 15 au jeudi 16 avril
Incidents à la frontière entre l'Albanie et la Yougoslavie, où l'armée fédérale yougoslave a dû ouvrir le feu. Selon la version de Belgrade, une de ses unités a été prises sous le feu de « terroristes » albanais qui tentaient d'entrer clandestinement en Yougoslavie, dans les montagnes de Jnic (au sud-ouest du Kosovo). selon l'armée, les soldats yougoslaves « ont saisi une grande quantité d'armes, de munitions et d'autres équipements terroristes ». Citant des « sources informées », le quotidien de Belgrade Vecernje Novosti affirme que deux Albanais ont été tués, plusieurs autres blessés et que deux des « terroristes » ont été capturés.
jeudi 16 avril
Nouvelle protestation « très ferme » de la part de Belgrade vis-à-vis de Tirana, justifiée, cette fois, par les incidents de la nuit à la frontière entre les deux pays : « De tels incidents peuvent avoir de graves conséquences et la partie albanaise en porte toute la responsabilité ». Le ministre albanais des Affaires étrangères, Paskal Milo, met en doute la version yougoslave et explique : « En l'absence de pas concrets vers un règlement de la crise au Kosovo, la partie serbe fait l'impossible pour créer ce genre d'incidents ». Un conseiller militaire de Tirana affirme de son côté qu'il s'agit d’un « incident monté par Belgrade afin d'accréditer l'idée que l'Albanie incite au conflit et au terrorisme ». L'Albanie ajoute, pour preuve de sa bonne foi, qu'elle a souhaité l'envoi d'une commission sur place afin d'enquêter sur l'incident mais qu'elle en a été empêchée par les Yougoslaves. L'armée yougoslave prétend le contraire : « Une commission mixte s'est rendue sur les lieux ». Au Kosovo, Ibrahim Rugova parle de « provocation » et assure que ce n'est pas la première fois que l'armée yougoslave est impliquée dans la crise au Kosovo. Ce que Belgrade refuse d'admettre.
nuit du mercredi 22 au jeudi 23 avril
Un affrontement s'est produit entre l'armée yougoslave et un groupe de deux cents personnes armées venus d'Albanie et qui tentaient de franchir clandestinement la frontière : 26 personnes auraient été tuées. Le centre de presse (serbe) de Pristina affirme que ces hommes armés sont des Albanais du Kosovo « entraînés dans des bases secrètes dans le nord de l'Albanie ».
vendredi 24 avril
La tension continue à monter entre Tirana et Belgrade. L'Albanie a placé l'armée et la police en état d'alerte maximale dans le nord-est, la région limitrophe du Kosovo. Luan Hajdaraga succède à Sabit Brokaj comme ministre de la Défense.
samedi 25 avril
Le Conseil suprême de défense d'Albanie, dirigé par le président albanais, a pris une série de mesures pour renforcer la sécurité de sa frontière avec la Yougoslavie, le long de laquelle ses troupes ont commencé à manœuvrer.
dimanche 26 avril
L'Albanie, qui avait jusqu'alors adopté une attitude attentiste, a pris fait et cause pour la « résistance armée » des Albanais du Kosovo qu'elle qualifie « d'action d'autodéfense contre la violence pathologique et traditionnelle serbe ». Dans son discours diffusé par la télévision, le Premier ministre albanais Fatos Nano a révélé que le sort de la province serbe était désormais une priorité de son gouvernement. Il a appelé chacun à remplir ses devoirs et à défendre les intérêts nationaux.
mercredi 27 mai
Les forces serbes ont fermé le dernier poste frontière, de Kukës, permettant le passage entre le Kosovo et l'Albanie, afin d'empêcher l'approvisionnement des combattants clandestins en armes.
jeudi 28 mai
L'OTAN a adopté, au Luxembourg, un plan d'aide à l'Albanie et à la Macédoine qui prévoit le déploiement de 7 000 à 20 000 hommes sur la frontière albano-kosovare. Des manœuvres de l'OTAN auront lieu, cet été, dans ces deux pays. Des navires de l'OTAN feront escale, dès début juillet, à Durres et une cellule de l'organisation atlantique sera ouverte à Tirana.
lundi 1er juin
Des milliers de personnes - en majorité des femmes et des enfants - fuient les affrontements qui secouent l'ouest du Kosovo, et rejoignent l'Albanie par des sentiers de montagne. Les affrontements avec les forces serbes au Kosovo ont fait au moins 18 morts et vingt blessés depuis deux jours.
mercredi 3 juin
Plus de 3 000 Albanais du Kosovo sont arrivés en Albanie. L'OSCE estime qu'il pourrait en arriver 3 000 autres dans les jours qui viennent.
jeudi 4 juin
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés estime à 50 000 le nombre des Albanais du Kosovo chassés de chez eux par les opérations de la police et de l'armée serbes. Selon le gouvernement albanais, qui a lancé un appel à l'OTAN pour coordonner l'aide humanitaire, 12 000 d'entre eux ont pu passer la frontière pour chercher refuge en Albanie. Le HCR, lui, en a comptabilisé 7 000. D'autres ont fui vers le nord : 7 000 sont arrivés au Monténégro. L'Albanie, tout comme les Albanais du Kosovo, insiste pour que l'OTAN déploie d'urgence une force militaire dans la région, mais l'OTAN paraît désemparée : « Personne ne sait ce qu'il convient de faire », avoue un diplomate de l'organisation, précisant que ce qui est sûr c'est que « personne n'a envie de lancer une opération militaire ».
vendredi 5 juin
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Wofgang Ischinger, en visite à Tirana, a qualifié les opérations serbes au Kosovo de « nettoyage ethnique » et de « défi à la communauté internationale dans son ensemble ».
samedi 13 juin
L'OTAN a annoncé pour le 15 juin un exercice aérien en Albanie et en Macédoine afin de montrer « sa capacité d'effectuer rapidement une projection de puissance dans la région ». L'opération baptisée « Faucon déterminé » doit permettre de faire cesser les violences au Kosovo. Cet exercice associera neuf pays.
lundi 15 juin
Après avoir longtemps menacé de faire la démonstration de sa force pour impressionner Milosevic, l'OTAN est passé aux actes en procédant au survol de l'Albanie et de la Macédoine, longeant la frontière du Kosovo. 13 pays et 80 avions ont pris part à l'opération « Faucon déterminé ». La Russie désapprouve cette manœuvre. Aujourd'hui encore, 350 réfugiés sont arrivés du Kosovo à Tropoja, en Albanie. Ils venaient de Junik.
dimanche 21 juin
Deux vice-ministres russes des Affaires étrangères ont entamé une mission dans les Balkans, l'un à Belgrade, l'autre (Alexandre Avdéïev) en Albanie. Ils vont tenter de désamorcer le conflit du Kosovo.
samedi 11 juillet
La résistance albanaise au Kosovo inquiète les dirigeants de la Macédoine où la minorité albanaise se met à rêver, elle aussi, d’une grande Albanie et cache de moins en moins sa sympathie pour l’UCK. « C’est un phénomène naturel, a même dit à la télévision Arben Dzaferi, le leader radical. Sans défense tout au long de son histoire, le peuple albanais a maintenant besoin d’une armée ». Même Abdrahman Aliti, le chef modéré du Parti albanais de la prospérité démocratique, représenté au gouvernement de Skopje, n’a pas hésité à évoquer une possible « sécession ».
samedi 18 juillet
Selon l’armée yougoslave, un millier de séparatistes kosovars ont tenté de s’introduire au Kosovo depuis l’Albanie, dans la matinée, dans le secteur de Djeravica. Les combats ont fait de nombreux morts.
nuit du samedi 18 au dimanche 19 juillet
De nouvelles incursions de séparatistes kosovars ont eu lieu depuis l’Albanie, impliquant plusieurs centaines d’hommes dans la région de Djeravica. Des obus yougoslaves seraient tombés en territoire albanais, provoquant une violente réaction du gouvernement de Tirana.
dimanche 19 juillet
L’Albanie « soutient la juste lutte des Albanais du Kosovo qui défendent leurs terres de l’extermination moyenâgeuse perpétrée par la machine militaire serbe au Kosovo » a déclaré le ministre albanais des Affaires étrangères, Paskal Milo. Belgrade reproche, de son côté, la bienveillance de Tirana à l’égard des « activités terroristes et les graves violations des frontières d’Etat » commises par les séparatistes du Kosovo. Dans la soirée, la télévision d’Etat serbe affirmait qu’environ 300 militaires de l’armée albanaise se trouvaient actuellement au Kosovo.
vendredi 14 août
« Alerté de menaces terroristes islamistes », le gouvernement américain a ordonné, dans la soirée, la fermeture au public de son ambassade en Albanie, le départ des diplomates « non indispensables » et de leurs familles. Tous les ressortissants américains du pays sont invités à les imiter.
lundi 17 août
1 700 soldats de l’OTAN ont commencé leurs manœuvres en Albanie. Une façon de dire que l’Alliance atlantique est prête à intervenir au Kosovo.
mercredi 19 août
Match amical de football : à Nicosie, Chypre a battu l’Albanie trois buts à deux. C’était la première fois que ces deux équipes s’affrontaient.
nuit du vendredi 21 au samedi 22 août
Dix étrangers, munis d’équipements militaires et de faux passeports, ont été arrêtés à Tirana. Il s’agirait de ressortissants de pays arabes en situation irrégulière susceptibles d’être liés à des organisations terroristes.
samedi 5 septembre
Début des qualifications pour le championnat d’Europe de football 2000 : au stade national Boris Paichadze de Tbilissi, la Géorgie a battu l’Albanie un but (A. Arveladze) à zéro, devant 25 000 spectateurs.
samedi 12 septembre
Un député et membre fondateur du Parti démocratique, Azem Hajdari, a été assassiné, avec un de ses gardes du corps.
Devant le nouvel afflux de Kosovars affamés et épuisés fuyant leur pays, le Monténégro a commencé à refouler une partie des arrivants vers l’Albanie.
dimanche 13 septembre
A l’appel de l’ancien président, Sali Berisha, environ 1 500 personnes ont mis le feu au rez-de-chaussée du gouvernement, à Tirana. Ce gouvernement, dirigé par Fatos Nano, est accusé d’avoir joué un rôle de l’assassinat de la veille. Sali Berisha affirme que « c’est le chef de la police, Jeho Salhi Mulosmanj, un proche de Fatos Nano, qui a tiré [sur Azem Hajdari]. Il y a des témoins ». Et d’ajouter que l’assassin a ensuite été félicité par le ministre de l’Intérieur « pour son bon travail ». Les manifestants ont désarmé les soldats en faction et pénétré dans le bâtiment tandis que d’autres mettaient le feu à des véhicules officiels. Au bout du compte, un manifestant a été tué et quatre policiers blessés par balles. Sali Berisha a donné 24 heures au gouvernement Nano pour démissionner. Le président Rexhep Meidani, de son côté, a entamé des pourparlers avec tous les partis politiques, pour tenter de surmonter la crise.
lundi 14 septembre
Les partisans de Sali Berisha ont transformé les obsèques du député assassiné, de son garde du corps et d’un manifestant tué la veille, en affrontements armés un peu partout dans la capitale. A commencer par les abords du bureau de Premier ministre, où un cortège de plusieurs milliers de personnes a transporté la dépouille du député. Les gardes chargés de la sécurité à l’intérieur du siège du gouvernement ont ouvert le feu, provoquant un mouvement de panique dans la foule. Certains manifestants ont riposté par des coups de feu et lancé des grenades à l’intérieur du bâtiment. La situation s’est alors rapidement dégradée. Des hommes se sont emparés de quatre chars de l’armée. Les manifestants ont annoncé qu’ils ont « pris le contrôle » du Parlement et que la télévision d’Etat leur « appartient ». Dans la soirée, le gouvernement a affirmé avoir repris le Parlement et la télévision. Sali Berisha est sommé de quitter le pays avant le lendemain matin à 5 heures, sous peine d’arrestation. Il a refusé l’ultimatum.
mardi 15 septembre
La tension a nettement baissée à Tirana. Certes, les partisans de Sali Berisha ont encore manifesté leur hostilité à Fatos Nano, en dépit de l’interdiction qui leur en avait été notifiée par le ministre de l’Intérieur, mais ils étaient nettement moins nombreux que le veille et moins violents. Sali Berisha a d’ailleurs appelé ses sympathisants, massés devant le siège du Parti démocratique, à « éviter tout acte de violence ». Il a toutefois ajouter que « tout peut recommencer demain » si Perikli Teta, le ministre de l’Intérieur, ne retire pas l’ordre donné à la police de tirer sans sommation sur quiconque s’attaquera aux institutions de l’Etat. Intervenant à la télévision pour la première fois depuis le début des troubles, Fatos Nano a été particulièrement ferme : « Le coup d’Etat fomenté par Sali Berisha et son groupe armé a échoué ». Le Conseil des ministres a annoncé des poursuites contre Berisha.
mercredi 16 septembre
Les partisans de Sali Berisha ont pu manifester dans le centre de Tirana, malgré l’interdiction qui leur en avait été faite, sans être inquiétés par la police, pourtant présente en force dans les rues de la capitale. Le clan Berisha a aussi ignoré l’ultimatum qui lui enjoignait de rendre ses armes. Ils ont restitué les deux chars qu’ils avaient volés à l’armée, mais ils ont conservé leur arsenal. Sali Berisha a appelé à une nouvelle manifestation pour le 17 septembre, en forçant les barrages de police s’il le faut, avec toujours le même objectif : contraindre Fatos Nano à se démettre. Dans la soirée, un groupe de 80 personnes, armées de grenades, de mitrailleuses et lance-roquettes, a tenté de prendre la préfecture de police de Lezha (nord du pays). Trois personnes ont été tuées dans les affrontements.
jeudi 17 septembre
A Tirana, le ton reste vif mais une nouvelle manifestation s’est déroulée dans le calme. Le Parlement est saisi d’une demande de levée de l’immunité parlementaire de Sali Berisha. Celui-ci, accusé d’avoir fomenté les troubles, a annoncé de nouvelles manifestations pour le lendemain et le président Meidani a lancé un appel « à la retenue et au sang-froid ».
vendredi 18 septembre
Le Parlement a voté la levée d’immunité de Sali Berisha, par 108 voix et 5 nuls. L’ancien président, qui risque l’arrestation, n’a pas l’intention de céder. Il a appelé tous les Albanais au « soulèvement ». Il a insisté en déclarant qu’il « faut être prêt aux sacrifices suprêmes afin de libération l’Albanie de la clique de Fatos Nano ». La police municipale de Tirana a été remplacée par des unités de la police militaire et des commandos de l’armée ; des contrôles ont été établis sur les différentes voies d’accès en ville et des soldats en cagoules équipés d’armes lourdes ont été postés sur les toits des immeubles bordant la place centrale.
dimanche 20 septembre
Sali Berisha a résolu de rompre « tout contact » avec le gouvernement et de poursuivre les manifestations quotidiennes sur tout le territoire albanais. Il a, en outre, annoncé sa décision de créer un « front de refus contre la dictature ». Le Polonais Bronislaw Geremek, président en exercice de l’OSCE, a menacé Berisha de « l’isoler personnellement » s’il poursuit dans cette voie qui a déjà conduit son parti à « miner les institutions démocratiques ».
samedi 26 septembre
Chef d’une mission internationale en Albanie, un officier français a été agressé, dans la soirée, à Tirana, par trois hommes armés et masqués. La police locale affirme qu’il s’agit d’Albanais du Kosovo.
lundi 28 septembre
L’opposition conduite par Sali Berisha est parvenue à ses fins : le Premier ministre Fatos Nano a annoncé sa démission dans la soirée. En fait, cette démission est plutôt le résultat de désaccords de plus en plus manifeste aussi bien à l’intérieur du PS qu’au sein de la coalition gouvernementale composée de cinq partis de gauche. Le ministre de l’Intérieur, Perikli Teta (fondateur de l’Alliance démocratique, un petit parti du centre droit), avait déjà quitté le gouvernement quelques heures plus tôt en déclarant : « Je présente ma démission parce que le ne peux pas collaborer et travailler avec une classe politique corrompue et incapable ». Fatos Nano avait alors insisté pour que ce portefeuille revienne à un socialiste, mais aucun de ses amis politiques n’a voulu de ce poste empoisonné. Le Premier ministre a donc tiré les conséquences de son échec.
mardi 29 septembre
Le comité directeur du PS a choisi Pandeli Majko, secrétaire général du parti, pour succéder à Fatos Nano comme premier ministre. L’opposition de droite voit en cet homme jeune (30 ans) « la promesse d’une nouvelle page dans la politique albanaise ». Le Parti démocratique de Sali Berisha ne souhaite pas participer au nouveau gouvernement mais se dit prêt à le soutenir s’il prend des mesures telles que « le rétablissement de l’ordre public, le désarmement de la population et le renforcement de la sécurité nationale ».
mercredi 30 septembre
Pandeli Majko a reçu le feu vert du président Meidani pour former un gouvernement. Il a aussitôt entamé des consultations en espérant pouvoir annoncer la composition de son cabinet « très vite ». Le part démocratique (PD, opposition) réclame la formation d’un « gouvernement technique, issu d’une table ronde de tous les partis, qui approuverait une nouvelle Constitution et préparerait de nouvelles élections ». Il a appelé à une nouvelle manifestation dans la soirée à Tirana. Pandeli Majko s’est dit prêt à entamer « un dialogue constructif » avec l’opposition et à faire adopter une nouvelle Constitution « indispensable pour faire de l’Albanie un pays de droit démocratique ».
vendredi 2 octobre
Pandeli Majko a réussi à former un gouvernement de coalition de gauche comprenant dix-huit ministres.
mercredi 14 octobre
Qualifications pour le championnat d’Europe de football 2000 : au stade Ullevaal d’Oslo, la Norvège et l’Albanie ont fait match nul deux à deux (Rekdal et H. Berg pour les Norvégiens, Bushi et Tare pour les Albanais), devant 17 770 spectateurs. C’était la première fois que ces deux sélections se rencontraient.
mercredi 18 novembre
Eliminatoires de l’Euro de football 2000 : au stade Qemal Stafa de Tirana, l’Albanie et la Grèce ont fait match nul zéro à zéro, devant 18 670 spectateurs.
dimanche 22 novembre
Référendum pour donner à l’Albanie sa première Constitution postcommuniste. Consigne de boycottage donnée par l’ex-président Sali Berisha. Le taux de participation a tout de même atteint 50 %.
lundi 23 novembre
Sali Berisha a appelé les habitants de Tirana à manifester contre « la mafia du pouvoir qui manipule honteusement les résultats de ce scrutin » (le référendum de la veille).
vendredi 27 novembre
Tirana a publié les résultats officiels du référendum constitutionnel : le « oui » l’a emporté, avec 93,5 % des voix, et la participation s’est élevé à 50,57 %. Ce résultat est contesté par le Parti démocratique (PD) de Sali Berisha, pour lequel la participation n’a pas dépassé 39,6 %. Le vice-président de la commission électorale centrale, Pellumb Cela (PD), a refusé de signer le procès-verbal de ces résultats, accusant les socialistes de fraude électorale.
lundi 28 décembre
Le Parlement albanais a adopté, à l’unanimité (l’opposition était cependant absente), une demande d’intervention de l’OTAN au Kosovo, où la guerre a repris depuis quatre jours.
1999
mardi 5 janvier
Les autorités de Tirana et l’UCK, l’armée de libération du Kosovo, sont convenues de « coordonner » leur action politique. Pour le ministre albanais des Affaires étrangères, la crise au Kosovo ne peut être résolue que par la diplomatie. Il y faut, a-t-il ajouté, une « action décidée de la communauté internationale, OTAN comprise ».
dimanche 17 janvier
Alors que 45 civils albanais du Kosovo auraient été exécutés deux jours auparavant dans la bourgade de Racak par les forces serbes, l’Albanie a réclamé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour une « intervention sur le terrain ». L’armée albanaise a renforcé « ses capacités dans tout le pays ». L’ancien président albanais Sali Berisha a appelé ses compatriotes à « se préparer à faire la guerre pour la liberté ou la mort » contre les « barbares serbes ».
jeudi 28 janvier
Le gouvernement albanais a décidé de renforcer les contrôles à sa frontière nord, « afin de défendre l’intégrité de l’Albanie en cas d’aggravation du conflit entre Serbes et Kosovars ».
mercredi 10 février
Match amical de football : à Tirana, l’Albanie a battu la Macédoine deux buts à zéro.
nuit du mercredi 24 au jeudi 25 mars
En représailles au refus de Milosevic d’accepter l’accord de paix sur le Kosovo, les forces de l’OTAN ont entamé une offensive aérienne sur les forces militaires yougoslaves. Un village d’Albanie, Vicidol, aurait subi des tirs de mortiers venus du Kosovo.
jeudi 25 mars
Le commandant suprême de l’OTAN en Europe, le général américain Wesley Clark, a accusé les Serbes d’avoir attaqué des villages en Albanie.
samedi 27 mars
Selon plusieurs ministres occidentaux, les Serbes se livrent réellement à un génocide au Kosovo. 244 Kosovars se sont réfugiés en Albanie.
dimanche 28 mars
Selon les autorités de Tirana et les responsables du HCR, 50 000 Kosovars ont déjà été repoussés, sous la contrainte serbe, vers la frontière albanaise. « Un nettoyage ethnique est en cours », affirme le président Rexhep Meidani, qui réclame un déploiement des troupes de l’OTAN au Kosovo.
lundi 29 mars
Alors que l’Albanie a déjà accueilli 70 000 Kosovars, 100 000 autres se pressent à la frontière, où ils passent au rythme de 4 000 par heure. Le gros des réfugiés se trouve à Kukes.
vendredi 2 avril
L’Albanie n’arrive plus à contrôler la masse de réfugiés du Kosovo. 130 000 sont déjà arrivés depuis le début des frappes de l’OTAN, et une nouvelle vague est attendue. Tirana est, elle-même, envahie par des hordes de réfugiés.
samedi 3 avril
Parallèlement à ses frappes, l’Organisation occidentale va mettre en place des opérations d’aide aux réfugiés en Albanie et en Macédoine.
dimanche 4 avril
Selon un nouveau décompte, au moins 350 000 personnes ont fui le Kosovo depuis le 24 mars, dont 204 000 en Albanie et 155 000 en Macédoine. L’OTAN a décidé d’organiser le départ de 100 000 réfugiés kosovars vers les pays occidentaux.
mercredi 7 avril
Les Serbes ont fermé, tôt, dans la matinée la frontière avec l’Albanie. Les derniers déportés ont fait état de dizaines de milliers de personnes attendant de passer la frontière. L’Union européenne a signé un chèque de 1,6 milliard de francs d’aide humanitaire.
vendredi 9 avril
L’armée yougoslave a accusé l’Albanie d’une « tentative d’agression » : une « attaque d’artillerie » contre ses gardes-frontières, avec une « tentative d’incursion (au Kosovo) d’un important groupe terroriste armé » depuis l’Albanie. Des obus de mortier sont tombés, dans la matinée, du côté albanais. On a aussi tiré à l’arme légère dans le secteur.
dimanche 11 avril
Le Conseil permanent de l’OTAN a approuvé l’envoi en Albanie de 8 000 militaires chargés d’une mission humanitaire. Tirana, qui s’est dit « prêt à accepter d’autres troupes au sol de l’OTAN », a donné à l’Alliance « le droit de contrôler tout l’espace aérien, les ports et les infrastructures » du pays.
mardi 13 avril
Les forces yougoslaves auraient, pour la première fois, fait une incursion en Albanie, occupant le village de Kameniça une partie de la journée, faisant deux victimes, et alors que l’OTAN a commencé l’installation en Albanie des 8 000 hommes de l’opération « Havre allié » destiné à sécuriser les réfugiés et les humanitaires. Les Serbes ont repris leurs expulsions de population : quelques milliers de Kosovars sont arrivés en Albanie, Monténégro et Macédoine depuis deux jours.
mercredi 14 avril
L’armée yougoslave a tiré deux obus sur un village albanais proche de la frontière, Vlahem.
jeudi 15 avril
La frontière entre l’Albanie et le Kosovo est devenue le théâtre quotidien d’accrochages entre unités serbes ou yougoslaves et les éléments de l’UCK. Des obus de mortier sont tombés près du poste frontière de Morina. Des échanges de tir entre soldats serbes et gardes-frontières albanais ont également eu lieu à Debruna. Deux autres villages, Kolded et Derzhngev, proches de la ville de Tropoja, ont été touchés par des tirs à l’arme lourde. La peur chasse la population de cette région, dont l’UCK a fait peu à peu sa base arrière. Les autorités de Tirana ont annoncé le renforcement de leur présence militaire sur la frontière. Le ministre albanais des Affaires étrangères, Paskal Milo, estime que « l’élargissement du conflit est une tactique de Milosevic ». Le déploiement sur le sol albanais des premiers hélicoptères américains Apache a commencé.
samedi 17 avril
Le ministre albanais des Affaires étrangères a accusé Milosevic d’avoir « franchi une nouvelle étape du plan serbe de nettoyage ethnique » e, précipitant un nouveau flot de 100 000 réfugiés kosovars vers l’Albanie. Après les villages, les Serbes vident des villes entières.
dimanche 18 avril
Belgrade a rompu toute relation diplomatique avec l’Albanie.
mercredi 21 avril
Les premiers hélicoptères de combat américains « Apache » sont arrivés en Albanie.
samedi 24 avril
Le Pentagone américain a annoncé un déploiement de chars, de véhicules blindés et de nouvelles pièces d’artillerie en Albanie.
lundi 26 avril
Les Emirats arabes unis vont financer la construction d’un aéroport à Kukes, dans le nord de l’Albanie. Cet équipement facilitera le transit de l’aide aux réfugiés du Kosovo. Il sera géré, « dans un premier temps », par les forces armées émiraties agissant « conformément aux directives du gouvernement albanais ».
mercredi 28 avril
Eliminatoire de l’Euro de football 2000 : au stade Dauvava de Riga, la Lettonie et l’Albanie ont fait match nul zéro à zéro, devant 2 700 spectateurs.
samedi 1er mai
Entrée en vigueur de la Déclaration d’Istanbul, signée en 1992, qui crée l’Organisation de coopération économique de la mer Noire (OCEMN). Elle compte onze pays membres fondateurs : l’Albanie, la Bulgarie, la Grèce, la Roumanie, la Turquie et six Etats issus de l’ex-URSS (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, Moldavie, Russie et Ukraine).
samedi 8 mai
Plus de 8 000 réfugiés kosovars sont arrivés en Albanie.
dimanche 9 mai
5 000 réfugiés kosovars ont encore afflué dans le nord de l’Albanie. En Macédoine, le flot s’est tari depuis la fermeture de la frontière par les autorités locales.
lundi 10 mai
A Genève, le HCR a fait une nouvelle fois ses comptes : la moitié de la population albanaise du Kosovo a été contrainte à l’exil. Il y a désormais 900 000 Kosovars réfugiés hors des frontières de la province serbe. Par ailleurs, les premiers transferts de réfugiés de Macédoine (une centaine à peine, faute de volontaires) vers l’Albanie ont eu lieu.
dimanche 16 mai
Le président Mejdani a affirmé que, désormais, si l’armée yougoslave pénétrait en Albanie, les forces albanaises riposteraient « violemment » car elles disposent dans le nord « de commandos et d’unités spéciales ainsi que de chars et d’équipements lourds ». Jusqu’à présent, l’armée albanaise n’avait pas répondu aux provocations, uniquement pour ne pas faire le jeu de Milosevic.
mercredi 26 mai
Les rebelles kosovars ont lancé une grande offensive, avec le soutien de l’artillerie de l’armée albanaise, pour ouvrir une voie de ravitaillement dans la province. Des combats au sol se sont déroulés, dans la matinée, de l’autre côté du poste frontière albanais de Morina.
samedi 5 juin
Alors que les premières discussions de paix ont commencé entre les autorités yougoslaves et celles de l’OTAN, les Serbes ont tiré des obus sur des villages du nord de l’Albanie, où, dans la matinée, 300 combattants de l’UCK sont montés renforcer la ligne de front.
Qualifications pour l’Euro de football 2000 : au stade Qemal Stafa de Tirana, l’Albanie a été battue par la Norvège deux buts (Iversen et Flo) à un (Tare), devant 5 000 spectateurs.
nuit du samedi 5 au dimanche 6 juin
Une pluie d’obus serbes s’est abattue sur la petite ville albanaise de Kruma et sur ses environs, une région sanctuaire de l’UCK.
mercredi 9 juin
Eliminatoires du championnat d’Europe de football 2000 : au stade Qemal Stafa de Tirana, l’Albanie a été battue par la Slovénie un but (Zahovič sur pénalty) à zéro, devant 8 000 spectateurs. C’était la première fois que ces deux équipes se rencontraient.
jeudi 10 juin
Après 79 jours et nuits de bombardement, l’OTAN a suspendu, vers 15 h 20, ses frappes aériennes contre la Yougoslavie, qui a accepté son retrait du Kosovo. A Cologne, 40 pays - ceux du G8, ceux de l’Union européenne et ceux du sud-est européen - ont signé le Pacte de stabilité pour les Balkans, sorte de plan Marshall pour la reconstruction de toute cette région allant de la Slovénie à la Turquie.
vendredi 18 juin
Les camps de réfugiés installés en Albanie commencent à se vider. De nombreux Kosovars commencent à rentrer chez eux, d’où les forces serbes se retirent.
mardi 22 juin
Les camps de réfugiés de Kukes sont pratiquement vides.
vendredi 30 juillet
Le Premier ministre albanais Pandeli Majko a assisté à Sarajevo au sommet international pour la reconstruction des Balkans.
mercredi 18 août
Eliminatoires de l’Euro de football 2000 : au stade Bežigrad de Ljubljana, la Slovénie a battu l’Albanie deux buts (Zahovič et Osterc) à zéro, devant 6 900 spectateurs.
samedi 4 septembre
Qualifications pour le championnat d’Europe de football 2000 : au stade Qemal Stafa de Tirana, l’Albanie et la Lettonie ont fait match nul trois à trois (Bushi 2, Mukaj pour les Albanais ; Astafjevs 2, Štolcers pour les Lettons), devant 4 000 spectateurs.
lundi 4 octobre
Fatos Nano, l’ex-Premier ministre socialiste, qui a purgé plusieurs années de prison pour « corruption et détournement de fonds », a été blanchi par le tribunal de Tirana. Selon le président du tribunal, une nouvelle enquête a démontré l’innocence de l’accusé, bénéficiaire de l’amnistie générale de mars 1997. Fatos Nano vient de présenter sa candidature à la présidence du Parti socialiste, contre l’actuel Premier ministre, Pandeli Majko.
mercredi 6 octobre
Qualifications pour le championnat d’Europe de football 2000 : au stade Spiros Louis d’Athènes, la Grèce a battu l’Albanie deux buts (Tsartas et Georgiadis) à zéro, devant 11 384 spectateurs.
samedi 9 octobre
Dernier match des éliminatoires pour l’Euro de football 2000 : au stade Qemal Stefa de Tirana, l’Albanie a battu la Géorgie deux buts (Rraklli et Kola) à un, (S. Arveladze), devant 650 spectateurs. Cinquièmes sur six du groupe 2, les Albanais ne disputeront pas la phase finale organisée par la Belgique et les Pays-Bas.
lundi 11 octobre
Fatos Nano a engagé son retour en politique en se faisant élire à la présidence du Parti socialiste (au pouvoir), contre l’actuel Premier ministre Pandeli Majko. Fatos Nano a maintenant l’intention d’exiger la démission du gouvernement. Déjà la tension monte, en raison des conflits ouvertes entre l’ancien Premier ministre et son ennemi déclaré, l’ancien chef de l’Etat Sali Berisha, aujourd’hui leader de l’opposition.
mardi 26 octobre
Le Premier ministre Pandeli Majko a présenté sa démission au chef de l’Etat, Rexhep Mejdani. Démission attendue après le congrès du PS où Fatos Nano avait repris les rênes du parti à M. Majko. Les deux hommes se détestent. Mais semblent d’accord sur le nom du futur chef du gouvernement : Ilir Meta, trente ans, actuel vice-Premier ministre.
jeudi 18 novembre
Ouverture à Istanbul du sommet réunissant les 55 membres de l’OSCE. Seule la Yougoslavie n’a pas été conviée. Après des débuts tumultueux, la Russie a accepté un compromis sur la Tchétchénie.
vendredi 19 novembre
Clôture du sommet d’Istanbul. Négocié depuis trois ans, un nouveau traité limitant les forces conventionnelles en Europe (CFE) a été signé. Il actualise le précédent, signé entre l’OTAN et le Pacte de Varsovie à la fin de la guerre froide. Ce nouvel accord, qui réduit globalement de 10 % les plafonds d’armement existants, renforce les règles de transparence en obligeant notamment les signataires à faire connaître les signataires à faire connaître aux autres les déploiements temporaires de leurs forces, en prévoyant des inspections et des missions d’observation.
vendredi 24 décembre
Le ministre albanais de l’Intérieur, Spartak Poci, a effectué une visite officielle de deux jours en Grèce pour y signer un protocole d’accord sur le renforcement des contrôles policiers à la frontière gréco-albanaise. Il a été la première victime de ces mesures puisque des appareils sophistiqués, mis en place par les Grecs en vue de leur entrée dans l’espace Schengen, le 1er janvier, ont donné l’alerte au passage de sa voiture. La Mercedes avait été volée en Italie il y a quelques mois et revendue en Albanie après maquillage. Elle a été saisie par les douaniers et le ministre, à l’issue de sa visite, est rentré à Tirana… en avion.
dimanche 19 mars
Un commando armé de sept personnes venant d'Albanie a été intercepté lors d'un contrôle routier grec près de Delinaki (nord-ouest). Composé de Grecs et de Vorio-Epirotes (Grecs albanais), ce commando ultranationaliste du Mavi (front de libération de l'Epire du nord) se préparait, selon la police, à provoquer un nouvel incident frontalier entre Athènes et Tirana.
nuit du samedi 25 au dimanche 26 mars
Près d'un millier d'albanais ont tenté d'entrer en force dans les locaux de l'ambassade des Etats-Unis à Tirana, suite à la circulation, depuis trois jours, d'une fausse rumeur d'accueil par ce pays.
mercredi 29 mars
Qualifications pour le championnat d’Europe de football 1996 : au stade Qemal-Stafa de Tirana, l’Albanie a battu la Moldavie trois buts (Kushta 2, Kaçaj) à zéro, devant 8 500 spectateurs.
samedi 1er avril
L’Albanie et la Turquie ont signé un parc de coopération et de sécurité.
mardi 18 avril
L'Albanie a financé et entraîné des « terroristes étrangers » à l'époque communiste a déclaré M. Blerim Cela, chef du « Contrôle d'Etat », organisme de lutte anticorruption.
mercredi 26 avril
Eliminatoires de l’Euro de football 1996 : au stade Boris-Paichadze de Tbilissi, la Géorgie a battu l’Albanie deux buts (S. Arveladze et Ketsbaia) à zéro, devant 25 000 spectateurs.
mardi 11 mai ou septembre
Un canot pneumatique transportant des clandestins albanais a fait naufrage en mer Adriatique : quatre morts ; dix disparus et 19 albanais secourus par des navires militaires américains et italiens.
mercredi 7 juin
Qualifications pour le championnat d’Europe de football 1996 : au Stadionul Republican de Chişinău, la Moldavie a été battue par l’Albanie trois buts (Kushta, Bellaj, Vata) à deux (Curtianu et Cleșcenco), devant 7 000 spectateurs.
mercredi 6 septembre
Eliminatoires de l’Euro de football 1996 : au stade Qemal-Stafa de Tirana, l’Albanie et la Bulgarie ont fait match nul un à un (Rraklli pour les Albanais, Stoitchkov pour les Bulgares, devant 6 050 spectateurs).
en septembre
Le Parlement albanais a adopté une loi sur le « génocide et les crimes communistes ».
samedi 7 octobre
Qualifications pour le championnat d’Europe de football 1996 : au Stade national Vasil Levski de Sofia, la Bulgarie a battu l’Albanie trois buts (Letchkov, Kostadinov 2) à zéro, devant 25 000 spectateurs.
mercredi 15 novembre
Dernier match des qualifications pour le championnat d’Europe de football 1996 : au stade Qemal-Stafa de Tirana, l’Albanie et le Pays de Galles ont fait match nul un à un (Kushta sur pénalty pour les Albanais, Pembridge pour les Gallois), devant 2 100 spectateurs. Sixièmes du groupe 7, les Albanais ne sont pas qualifiés pour la phase finale organisée par l’Angleterre.
jeudi 30 novembre
Premier match officiel international de l’équipe de football de Bosnie-Herzégovine : à Tirana, l’Albanie a battu les Bosniens deux buts à zéro.
1996
mardi 9 janvier
Cinq anciens communistes ont été arrêtés pour génocide.
vendredi 2 février
L'ancien président communiste albanais Ramiz Alia a été arrêté dans la soirée à Tirana. Agé de 70 ans, il est accusé de génocide, meurtre et déportations massives. En vertu de la loi sur « le génocide et les crimes communistes », récemment adoptée par le Parlement, il devra répondre de la mort des citoyens albanais abattus aux frontières entre 1990 et 1992, alors qu'ils tentaient de fuir l'Albanie.
lundi 26 février
Une voiture piégée a explosé devant un supermarché du centre de Tirana, tuant trois passants et en blessant 26 autres.
mardi 2 avril
Les Etats-Unis vont fournir à l'Albanie des missiles antichar, antiaériens, des centaines de camions, des uniformes, de l'équipement pour les hôpitaux. Une aide évaluée à cinq cents millions de francs.
mercredi 24 avril
Match amical de football : à Zenica, la Bosnie-Herzégovine et l’Albanie ont fait match nul zéro à zéro.
dimanche 26 mai
Premier tour des élections législatives. Dans la soirée, le président Sali Berisha a annoncé la victoire du Parti démocratique. 6 000 personnes, en liesse, étaient rassemblées devant le siège du parti à Tirana. Son parti (le PD) auraient raflé 95 des 115 circonscriptions (68,5 % des voix). 80 % de participation. L'opposition crie à la fraude : urnes remplies par des hommes armée ; intimidations contre les opposants...
lundi 27 mai
Une vive tension règne à Tirana. L'opposition réclame l'annulation du scrutin de la veille marqué par de nombreux incidents et irrégularités remarquées par les quatre cents observateurs étrangers. Le ministère de l'Intérieur vient d'interdire toute manifestation sur la place centrale de Tirana.
mardi 28 mai
La police est intervenue brutalement sur la place centrale de Tirana pour disperser une manifestation de plusieurs centaines d'opposants qui dénonçaient les irrégularités dans les élections. Les observateurs internationaux chargés de surveiller le déroulement de ces élections ont dénoncé un scrutin truqué. L’OSCE met en cause le Parti démocratique du président Berisha.
mercredi 29 mai
Le Parti socialiste albanais dénonce le « coup d'Etat » du président Berisha à l'occasion des élections. Les ex-communistes ont appelé la population à manifester tous les jours sur toutes les places du pays. Tous les observateurs étrangers considèrent que ce scrutin a été effectivement truqué. Reporters Sans Frontières, de son coté, exige l'ouverture d'une enquête après les violences policières inouïes dont une dizaine de journalistes, albanais et étrangers, ont été victimes.
jeudi 20 juin
Le parlement européen a demandé instamment la suspension de toute coopération de l'Union européenne avec l'Albanie : les députés des Quinze veulent l'annulation des élections législatives des 26 mai et 2 juin et la tenue d'un nouveau scrutin.
lundi 1er juillet
Une importante cargaison de matériel militaire américain est arrivé dans le port de Durres : du matériel logistique, dont 180 véhicules de types différents. Ce matériel et ceux qui vont suivre (missiles, camions, uniformes...) doivent servir à d'importantes manœuvres de l'OTAN et des pays membres du Partenariat pour la paix, prévues à la mi-juillet.
jeudi 11 juillet
Des manœuvres de l'OTAN ont commencé dans la région montagneuse de Biza. Baptisées « Aigle de la paix », elles rassemblent des unités albanaises, américaines, bulgares, italiennes, grecques, turques, roumaines, macédoniennes et slovènes.
lundi 12 août
Deux frères policiers ont été tués dans la soirée à Tirana dans un attentat à l'arme automatique.
mercredi 14 août
Match amical de football : à Maroussi, dans la banlieue d’Athènes, la Grèce a battu l’Albanie deux buts à un.
mercredi 9 octobre
Début pour les Albanais des qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : à Tirana, l’Albanie a été battue par le Portugal trois buts à zéro. C’était la première fois que ces deux sélections se rencontraient.
jeudi 17 octobre
Une Albanaise a été condamnée à 10 mois de prison pour « propagande anticonstitutionnelle ». Originaire du Kosovo, Nusret Reciça (37 ans) avait été arrêtée alors qu'elle vendait dans les rues de Tirana des œuvres de Karl Marx, Lénine et Enver Hodja, l'ancien dictateur communiste albanais.
dimanche 20 octobre
Elections municipales. Des élections « ni libres, ni honnêtes », selon le Parti socialiste. 72 % de participation.
vendredi 25 octobre
Les résultats officiels des élections municipales du 20 octobre viennent d'être publiés. Ils consacrent la victoire très nette du Parti démocratique du président Berisha, qui a remporté 37 des 42 mairies et 193 des 212 communes acquises au premier tour. Un deuxième tour aura lieu dans deux jours dans 20 mairies et 68 communes.
nuit du mardi 5 au mercredi 6 novembre
Une explosion a détruit l'appartement du président de la Cour d'appel de Tirana. Il y a eu quatre blessés, dont l'une des filles du magistrat. Le Premier ministre parle d' « attentat sans précédent inspiré par des motifs politiques » et menace les forces liées à l'ex-police secrète animées de « revanchisme et d'une volonté de déstabiliser le pays ». L'attentat s'est produit quelques heures après la confirmation de peines infligées en septembre à neuf anciens responsables communistes pour « crimes contre l'humanité ».
samedi 9 novembre
Eliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au stade Qemal Stafa de Tirana, l’Albanie et l’Arménie ont fait match nul un à un (Franholli pour les Albanais, Ter-Petrosian pour les Arméniens), devant 7 000 spectateurs. C’était la première fois que ces deux équipes s’affrontaient.
samedi 16 novembre
Installée à Calcutta depuis 1929, la religieuse albanaise Mère Teresa est faite citoyenne d’honneur des Etats-Unis.
samedi 14 décembre
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au Windsor Park de Belfast, l’Irlande du Nord a battu l’Albanie deux buts (Dowie deux fois) à zéro, devant 7 935 spectateurs.
1997
vendredi 10 janvier
Nexhmije Hodja, la veuve du dernier dictateur albanais, Enver Hojda, a été libérée après avoir passé plus de 5 ans en prison. Elle avait été condamnée à 11 ans d'emprisonnement pour « abus de pouvoir et détournement de fonds public ».
mercredi 15 janvier
La police a matraqué 2 000 manifestants devant le siège d'une des sociétés de crédit en faillite, Soudja.
jeudi 16 janvier
La police a arrêté le propriétaire du fonds mutuel pyramidal Soudja et 18 de ses associés. Ils sont soupçonnés de fraude et de détournement de fonds.
dimanche 19 janvier
La police antiémeute a dispersé une foule en colère de plus de 5 000 personnes réunies à l'appel de l'opposition socialiste (ex-communiste) pour protester contre le régime du président Sali Berisha. Il y aurait plusieurs blessés. Berisha est jugé responsable du « chaos économique » mis notamment en évidence par la faillite frauduleuse de plusieurs sociétés d'épargne qui pratiquaient un taux usuraire (entre 30 et 100 % par mois). Un Albanais sur sept serait victime de ce système.
vendredi 24 janvier
Victimes de la faillite d'une société pratiquant l'usure, des manifestants ont incendié dans la soirée la mairie de Lunshnja, à 100 kilomètres au sud de Tirana. Le parlement unanime venait d'interdire cette pratique. 118 escrocs ont été arrêtés.
samedi 25 janvier
Le ministre des Affaires étrangères, Tristan Shehu, a été blessé à la tête par une pierre et retenu pendant plusieurs heures à Lushnja (ouest) par des manifestants en colère. Ne maîtrisant plus la situation, le gouvernement promet de rembourser aux épargnants spoliés les avoirs qui ont été bloqués (un cinquième des dépôts). Malgré ces assurances, le Parti socialiste demande la démission du gouvernement.
dimanche 26 janvier
A Tirana, 35 000 manifestants ont réclamé des élections anticipées. Dans la soirée, le Parlement a voté une loi renforçant les pouvoirs présidentiels pour le maintien de l'ordre.
Les autorités égyptiennes affirment qu'un certain nombre de militants du Djihad islamique, arrêtés car ils préparaient des attentats en Egypte, ont été entraînés à l'étranger, notamment dans des camps en Albanie.
lundi 27 janvier
L'armée a pris position autour de la radiotélévision d'Etat à Tirana.
mardi 28 janvier
Un père de famille ruiné par la faillite des banques s'est suicidé.
mercredi 29 janvier
Le président Berisha a accusé « des dirigeants et militants socialistes » d'avoir fomenté les récentes violences en Albanie, affirmant que, parmi eux, « il y avait des officiers de l'ex-police secrète communiste ». La police, a-t-il dit, a « identifié tous les instigateurs et organisateurs » des violences, qui ont lieu notamment à Luschnja et à Vlorre (sud).
jeudi 30 janvier
Le ministre de l'Intérieur a annoncé que 247 membres de l'opposition avaient été arrêtés pour leur implication dans les récentes manifestations antigouvernementales. Le ministre a démenti le chiffre de 700 arrestations avancé par la presse, ajoutant que sur les 247 personnes interpellées, beaucoup seraient relâchées après interrogatoire. Les soldats, postés devant les principaux bâtiments publics de Tirana ont regagné leurs casernes, mais les policiers, en uniforme ou en civil, restent très nombreux. Dans la soirée, les députés ont voté une loi par laquelle l'Etat s'engage à rembourser les 200 000 à 300 000 épargnants spoliés par la faillite des banques. Un autre père de famille ruiné s'est suicidé.
vendredi 31 janvier
Les manifestations ont continué malgré le vote des députés. L'opposition s'organise au sein d'un « forum pour la démocratie », regroupant huit partis d'opposition et exigeant des élections anticipées.
dimanche 2 février
En une semaine, la police serbe a arrêté une centaine d'Albanais du Kosovo soupçonnés de « menées subversives » dans cette province yougoslave. L'opposition au régime de Slobodan Milosevic affirme qu'il s'agit là de la plus importante vague d'arrestations depuis deux ans au Kosovo.
mardi 4 février
Le remboursement partiel des 300 000 épargnants spoliés a commencé. L'Etat promet de rembourser 60 % des dépôts, en liquide ou sous forme de livrets d'épargne dont il garantirait une rémunération à un taux supérieur à l'inflation. L'Etat avait réussi à bloquer l'équivalent de 1,2 milliard de francs. Ce qui parait bien insuffisant pour calmer la colère des épargnants.
mercredi 5 février
La police a tiré en l'air et a utilisé canons à eau et matraque à Vlora pour disperser quelque 7 000 manifestants qui réclamaient le remboursement des sommes investies dans les fonds pyramidaux en faillite (en particulier Gjallica, société immobilière et financière basée dans ce port), ainsi que la démission du président Berisha et du gouvernement. Plusieurs personnes ont été blessées et une trentaine d'autres ont été arrêtées.
jeudi 6 février
Environ 30 000 personnes ont assiégé à coups de pierres la préfecture de police de Vlora, réclamant la libération des manifestants arrêtés la veille. Une cinquantaine de policiers antiémeutes, équipés d'armes automatiques, ont protégé le bâtiment.
dimanche 9 février
Deux personnes sont mort de crises cardiaques et une quarantaine d'autres ont été blessées à Vlora lors de la répression d'une manifestation par la police.
lundi 10 février
Une personne a été tuée par balles et plus de 100 autres ont été blessées à Vlora.
mardi 11 février
Environ 40 000 personnes ont défilé dans les rues de Vlora, mettant le feu au siège du Parti démocratique. Débordé, le gouvernement a abandonné la ville aux émeutiers. Pas un uniforme ne s'est aventuré dans les rues de Vlora. 5 000 personnes venues de la ville voisine de Fier, ont rejoint les manifestants. Le Premier ministre, Alexander Meksi, a réclamé la proclamation de l'état d'urgence.
mercredi 12 février
Après avoir renoncé à imposer l'état d'urgence à Vlora, les autorités ont pris des mesures pour empêcher l'opposition de manifester à Tirana. A Vlora, le gouvernement a limogé le très impopulaire chef de la police locale, qu'il a remplacé par un « enfant du pays ». Mais la situation reste très « chaotique ». Dans la matinée, les manifestants voulaient incendier la préfecture de police. Un autre danger menace le régime de Berisha : Tirana est prête, elle aussi, à descendre dans la rue. Pour parer au plus pressé, le pouvoir n'a rien trouvé de mieux que de bloquer tous les accès à la capitale, barrer les rues et confiner dans leurs bureaux les dirigeants du Parti socialiste et du Forum pour la démocratie. Un policier a été tué.
mardi 18 février
Ouverture à Tirana du procès du dernier président communiste albanais, Ramiz Alia, avec deux ex-ministres de l'Intérieur, pour « génocide et crimes contre l'humanité ». Les trois responsables politiques sont accusés de meurtres aux frontières et d'avoir procédé à des déportations massives pour motifs politiques entre 1982 et 1986.
jeudi 20 février
Deux personnes, un policier et un manifestant, ont été légèrement blessées à Tirana lors d'affrontements à l'issue d'une manifestation antigouvernementale. Environ 4 000 personnes s'étaient rassemblées au stade Ali Demi à l'appel du Forum pour la démocratie. Par ailleurs, 45 étudiants de l'université de Vlora ont entamé une grève de la faim pour obtenir la démission du gouvernement. Demande également fait par quatorze députés du parti au pouvoir, dont le député-maire de Vlora. Le président Berisha a reconnu sa responsabilité dans la crise.
mardi 25 février
Le président Berisha a promis de rembourser un don de 50 millions de dollars (280 millions de francs) que son Parti démocratique a reçu de la société financière spéculative Gjallica (en faillite).
mercredi 26 février
Le président Berisha a décidé de se présenter pour un deuxième mandat. L'élection par le Parlement aura lieu le 3 mars.
vendredi 28 février
Le pouvoir albanais a déclaré « illégale » la grève de la faim entamée par 45 étudiants depuis huit jours. A Vlora, des échanges de tirs ont fait 9 morts, 3 étudiants et 6 policiers.
nuit du vendredi 28 février au samedi 1er mars
A Vlora, plusieurs milliers d'émeutiers ont attaqué une caserne et pris des centaines d'armes.
samedi 1er mars
Le pouvoir a annoncé la démission collective du gouvernement Meksi. Le président Berisha propose de constituer un nouveau gouvernement formé en majorité de membres de son parti, mais ouvert à l'opposition, ce qui ne satisfait pas ces derniers. Les émeutes se sont étendues à d'autres villes. A Saranda, incendies des bâtiments de la police, de la police secrète (Shik) et du tribunal (évasion de quelque 200 détenus) ; à Himara, incendies de la mairie et de la préfecture de police ; à Gjirokaster, paralysée depuis plusieurs jours par une grève quasi générale, grève de la faim illimitée d'une cinquantaine d'étudiants ; à Levan, pillage des dépôts d'armes d'une caserne ; à Delvina, incendies de la préfecture de police et du parquet, pillage d'une banque.
dimanche 2 mars
Les manifestants ont lancé un ultimatum au président : ils réclament un simple gouvernement d'experts. Sinon, les émeutiers - désormais armés - de Vlora marcheraient sur Tirana. Le Parlement s'est réuni en assemblée extraordinaire pour voter, par 118 voix (sur 140), l'état d'urgence à partir de 17 h 55 pour une durée indéterminée sur tout le territoire. Peu après, le président Berisha accusait à la télévision une « rébellion communiste armée, soutenue par des services secrets étrangers ». Contre elle, « tous les moyens seront utilisés ». Dans la soirée, des tirs d'armes automatiques étaient signalés à Vlora (deux policiers ont été tués, 150 personnes blessées depuis trois jours), Gjirokaster (où les émeutiers ont mis le feu à un poste de police et où une quinzaine de détenus étaient libérés) et à Saranda. Au même moment, la Grèce et l'Italie demandaient une réunion de l'Union européenne et appelaient les Albanais au dialogue.
nuit du dimanche 2 au lundi 3 mars
A Tirana, l'immeuble abritant le plus important des quotidiens du pays, Koha Jone, qui se veut pourtant « indépendant », a été détruit par un incendie. Une journaliste affirme qu'une vingtaine d'hommes armés ont fait irruption dans les locaux qu'ils ont incendiés à l'aide de cocktails Molotov.
lundi 3 mars
Malgré les mesures prises (couvre-feu, barrages et contrôles routiers, censure de la presse, fermeture des établissements scolaires, autorisation donnée aux forces de l'ordre de tirer sans sommation) par le gouvernement pour tenter d'endiguer la violence venue du sud, le pays est au bord de la guerre civile. L'Italie et la Grèce ont interrompu leurs liaisons maritimes avec l'Albanie, cependant que l'armée grecque renforçait ses patrouilles frontalières et que la frontière yougoslave, elle, était fermée. Les premiers étrangers ont été évacués par deux hélicoptères italiens. A Saranda, les émeutiers se sont emparés d'un navire de guerre destiné au repérage des mines. Dans la soirée, depuis le navire, les « rebelles » ont tiré au canon sur la ville d'où les manifestants (des adolescents pour la plupart) ont répondu par des tirs d'armes automatiques. A Tirana, Sali Berisha a été réélu président de la République albanaise par le Parlement par 113 voix contre 1 et 4 abstentions (sur 140 députés).
mardi 4 mars
Sali Berisha a limogé le chef d'état-major de l'armée et ordonné une enquête sur le comportement des militaires, considérés comme responsables de l'aggravation des débordements dans le sud du pays. Un communiqué officiel affirme que la population de Fieri a répondu à l'ultimatum du gouvernement et commencé à remettre ses armes aux forces de l'ordre. Mais cet exemple, s'il se vérifie, reste isolé. Saranda est toujours incontrôlable (la petite base navale est maintenant entièrement aux mains des « rebelles », soit une demi-douzaine de navires). Dans la soirée, un policier aurait été brûlé vif. La population a tenu plusieurs meetings dans la journée et mis en place une « commission municipale » autonome destinée à se substituer au maire. A Delvino, près de là, il y aurait « des dizaines de morts » selon la télévision grecque. Tirana a envoyé des chars et des transports de troupes en direction de Vlora. Deux pilotes albanais ont fait défection à bord d'un avion de chasse qui s'est posé en Italie. La raison en serait que l'ordre leur a été donnée d'ouvrir le feu sur la population civile.
mercredi 5 mars
L'Europe, inquiète, insiste pour aider l'Albanie à sortir de la crise dans laquelle la fureur populaire l'a précipitée. Mais le pouvoir albanais s'oppose fermement à l'entrée des missions européennes : « Ce n'est pas le moment » a déclaré le ministre des Affaires étrangères Tritan Shehu. Sur le terrain, la situation est très confuse. Un communiqué gouvernementale a formellement démenti que l'ordre ait été donné de tirer sur la population civile. Pourtant, des combats ont eu lieu près de Saranda, toujours aux mains de insurgés. Un photographe américain affirme avoir vu des chasseurs de fabrication chinoise larguer une bombe à proximité d'un village peuplé de 400 familles appartenant à la minorité grecque. Plus tard, il a vu deux autres bombes exploser. Dans le même secteur, des affrontements ont éclaté lorsque des soldats, à bord de quatre camions, ont ouvert le feu sur un barrage routier : quatre hommes ont été blessés selon un député du parti de la minorité grecque. Saranda se présente comme un véritable bastion : 400 insurgés fortement armés gardent l'entrée du port et quatre barrages routiers ont été établis sur la principale voie d'accès à la ville. Des voitures et des camions chargés d'armes et d'explosifs volés dans des dépôts de l'armée sont encore arrivés. Vlora, isolé depuis trois semaines, commencerait à souffrir de la pénurie alimentaire. Un convoi sanitaire de la Croix-Rouge a pu pénétrer dans la ville.
jeudi 6 mars
Le président Berisha est parvenu à un accord avec les partis d'opposition : toute activité militaire est suspendue pour 48 heures dès le 7 mars à 6 heures du matin. Cette trêve est instaurée pour permettre aux insurgés de remettre leurs armes. L'opposition se dit également prête à poursuivre le dialogue ainsi entamé. Eux et le président sont d'accord pour créer une commission d'enquête afin de faire la lumière sur le scandale des sociétés financières dont la faillite a déclenché la crise.
vendredi 7 mars
Le président Berisha a exclu des élections anticipées en Albanie, ainsi que la formation d'un gouvernement de coalition avec les socialistes. Pour leur part, les dirigeants rebelles de Vlora maintiennent qu'ils ne déposeront pas les armes tant qu'une date n'aura pas été fixée pour des élections, tant qu'un gouvernement de technicien n'aura pas été constitué et tant que l'armée ne se sera pas retirée des collines qui entourent la ville. Des gardes-côtes italiens, qui ont renforcé leurs patrouilles en prévision d'un nouvel afflux de réfugiés albanais, ont intercepté dans l'Adriatique un bateau de pêche à bord duquel se trouvaient une cinquantaine de réfugiés présumés albanais.
samedi 8 mars
La ville de Gjirokastra est passée, à son tour, à la contestation. La chute de cette ville, c'est aussi celle de l'une des plus importantes bases militaires du pays. Non seulement les quelque mille soldats qui gardaient la garnison n'ont rien fait pour empêcher le pillage des entrepôts, mais ils ont même applaudi lorsque la population s'est présentée. Ils se sont rapidement rangés à ses côtés, puis ils l'ont aidée à vider l'arsenal et à conduire les chars jusqu'à l'aéroport militaire... dont la police a pris la fuite vers les collines environnantes.
dimanche 9 mars
Dans un discours à la nation diffusé en direct, Sali Berisha a satisfait à toutes les demandes des émeutiers du sud. Il a invité les leaders de tous les partis politiques à discuter d'une « plate-forme de réconciliation nationale » pouvant conduire à la formation d'un gouvernement les réunissant tous, y compris les socialistes. Il a ensuite proposé la tenue de nouvelles élections dans les deux mois. Il a enfin estimé que « le Parlement devrait déclarer une amnistie générale pour toutes les personnes impliquées dans la révolte, civils et militaires » et souhaité que les émeutiers rendent les armes d'ici la fin de la semaine. Dans la soirée, les rebelles ont pris le contrôle de Berat (40 000 habitants dans le centre du pays). Une quarantaine de personnes ont été blessées par balles. Les émeutiers se sont emparés d'armes et bloquent tous les accès. selon un scénario classique, les soldats ne sont pas intervenus.
lundi 10 mars
Alors que cinq nouvelles villes, Kelcyra, Kuçova, Skrapar, Permetti (où la préfecture de police a été incendiée) et Poliçan (importante usine d'armement) sont tombées aux mains des rebelles, Paolo Foresti, l'ambassadeur d'Italie à Tirana, a rencontré des représentants des mouvements rebelles de Vlora et d'autres villes du sud à bord de la frégate San Giorgio, dans l'Adriatique, Ce sont les autorités albanaises qui ont demandé aux Italiens d'engager le dialogue. A Tirana, c'est avec tous les partis politiques que le président Berisha a entamé les négociations. Il s'agit d'abord de constituer le « gouvernement de réconciliation nationale » promis.
mardi 11 mars
Malgré les concessions de Berisha (il vient de nommer Bashkim Fino Premier ministre, un socialiste originaire d'une ville en rébellion), les villes du sud n'ont pas rendu les armes (elles sont 13 représentant un quart du pays). La plupart sont livrées aux exactions de bandes rivales. A la frontière grecque, à un poste frontière déserté par la police et les douaniers, un homme a été tué par des rançonneurs auxquels il avait résisté. A Gjirokastra, privée d'électricité, des hordes d'hommes en cagoules ont pillé l'hôpital, un hôtel, un hospice de vieillards. A Berat, trois caisses d'épargne ont été dévalisées, des magasins et des entrepôts de denrées alimentaires appartenant à l'Etat ont été pillées et l'hôpital est débordé. La pénurie alimentaire menace : les poids lourds grecs ne veulent plus se risquer dans cette région. La confusion gagne maintenant le nord. Pour la première fois, les partisans de Berisha ont appliqué la même méthode des contestataires à deux cents kilomètres au nord de Tirana : ils ont pillé le dépôt d'armes de Bajram Curri. Ni l'armée ni la police ne sont pas intervenus. Jamais l'Albanie n'a donc été aussi prête de la guerre civile.
mercredi 12 mars
Dans les rues de Vlora, les émeutiers ont répété que la confiance ne reviendrait qu'avec le départ du président Berisha. Même à Tirana, une certaine tension commence à se manifester. L'Ecole militaire d'Albanie, située dans un quartier périphérique a été pillée sans la moindre opposition de la part des soldats et dans l'indifférence totale de la police. A une soixantaine de kilomètres de la capitale, au même moment, c'est une usine d'armement de la région d'Elbasan qui a été dévalisée, et personne ne peut affirmer, comme on l'avait cru la veille, que ce sont maintenant les partisans de Berisha qui prennent leur précaution pour parer à toute provocation armée venue du sud. Pour gage de la « réconciliation nationale », le nouveau Premier ministre Bashkim Fino demande la libération du leader des ex-communistes, Fatos Nano (condamné à 12 ans de prison en juillet 1994 pour avoir détourné plus de 40 millions de francs représentant l'aide italienne à son pays, à l'époque où il était Premier ministre).
jeudi 13 mars
L'Albanie s'est enfoncée encore un peu plus dans le chaos. De plus en plus nombreux sont ceux qui tentent de fuir le pays (par exemple : le cargo Giorgas vers l'Italie). Les propres enfants du président Berisha ont réussi à embarquer, avec l'aide de leurs gardes du corps, sur un ferry quittant Durrës pour Brindisi. Le tout nouveau gouvernement de « réconciliation nationale » ne semble avoir aucune prise sur les événements. La plupart des ministères et des administrations ont fermé, tout comme les banques et les commerces, tandis que les rues de Tirana sont désertées. Les tirs d'armes automatiques ont été incessants toute la journée dans la capitale. L'aéroport, saccagé par les civils, a été fermé pour des raisons de sécurité. La violence a gagné du terrain (au moins 20 morts et 130 blessés) dans l'ensemble du pays. Quelque 1 200 prisonniers ont profité du chaos ambiant pour s'évader, dont 600 de la prison de Tirana. Parmi eux se trouvait les deux détenus les plus célèbres du pays, le leader socialiste Fatos Nano et Ramiz Alia, le dernier dirigeant communiste du pays. Les pillards sont à l'œuvre partout : trois casernes de Shkoder ont été pillées. Dans le sud, les « comités de ville » mis en place par les insurgés sont impuissants à ramener l'ordre. Les pays étrangers (Italie, Grande-Bretagne, Etats-Unis) ont commencé à évacuer leurs ressortissants. Tous les voisins ont fermé leurs frontières. Face à un tel chaos, le président Berisha et le Premier ministre Fino ont « officiellement » demandé dans la soirée à l'Union européenne une intervention militaire.
vendredi 14 mars
La plupart des ambassades présentes à Tirana ont organisé l'évacuation en masse par hélicoptères de leurs ressortissants. Des convois terrestres ont également été organisés pour gagner les côtes où un important dispositif militaire naval a été mis en place, avec des navires américains, italiens, yougoslaves, grecs, britanniques et français. Un des deux hélicoptères italiens a été touché par des projectiles ; un hélicoptère américain, touché lui aussi, a répliqué, de même qu'un hélicoptère allemand. Pour autant qu'ils le peuvent, les Albanais fuient eux aussi le chaos. Même limité, le flux de réfugiés se présentant sur les côtes sud de l'Italie est continu, le plus souvent à bord de petites embarcations. Les soldats, quant à eux, désertent avec armes et matériels : plusieurs navires de guerre se sont présentés à Brindisi, arborant le drapeau blanc.
samedi 15 mars
Les autorités ont commencé à distribuer des dizaines de fusils, des munitions et une solde de 400 dollars (plusieurs mois de salaire moyen) à des volontaires désireux de maintenir l'ordre. Et elles ont promis une augmentation de 300 % aux policiers pour qu'ils reprennent leur service.
du samedi 15 au dimanche 16 mars
14 morts à Tirana en deux jours. Depuis le début de la crise, on a recensé au moins 80 morts et environ 600 blessés. Désormais, c'est par centaine que les réfugiés albanais débarquent en Italie, à Brindisi, Bari et Otrante. Plusieurs centaines de fuyards sont par ailleurs arrivés dans le port grec de Corfou.
dimanche 16 mars
Petit espoir : dans les rues de Tirana, 3 000 personnes ont défilé, une fleur à la main, en scandant « non à la violence ». Par ailleurs, le président Berisha a amnistié le leader du Parti socialiste, Fatos Nano, que des émeutiers ont libéré de prison il y a quelques jours.
lundi 17 mars
Le bilan des affrontements est actuellement de 83 morts. C'est dans ce climat de violences qu'est arrivé à Tirana la mission européenne (11 personnes) chargée d'évaluer les besoins - le pouvoir réclame d'urgence des renforts de police - pour aider au rétablissement de l'ordre. Le leader du Parti socialiste, Fatos Nano, qui a fait sa rentrée après quatre ans passés en prison, a réclamé la démission, « pour des raisons morales » de Sali Berisha. Ce que le président exclut de faire. Mais il s'est engagé à se retirer si son parti perdait les élections anticipées qui devraient avoir lieu au plus tard en juin. En revanche, Fatos Nano prêche la réconciliation nationale et demande à ses compatriotes de ne pas fuir le pays et de rendre les armes.
mardi 18 mars
Le flot des réfugiés albanais fuyant leur pays affole l'Italie qui s'apprête à promulguer un décret limitant sa capacité d'accueil. En Albanie même, les habitants du Sud menacent maintenant de marcher sur Tirana, les armes à la main, si le président Berisha n'a pas démissionné d'ici deux jours.
mercredi 19 mars
Malgré un retour au calme très relatif à Tirana, la situation en Albanie reste imprévisible. A part l'Italie, qui a dû prendre des mesures d'urgence, et la Grèce, qui a ouvert quatre postes frontières aux camions de ravitaillement, le reste de l'Europe reste hésitant sur la conduite à tenir. En attendant, des bandes rivales continuent de s'affronter dans le sud dont le gouvernement a rejeté l'ultimatum. Tous les partis et tous les ministres ont reçu la consigne de se rendre dans toutes les villes pour ouvrir le dialogue avec les « comités de salut » mis en place par les insurgés.
jeudi 20 mars
A l'issue d'une réunion avec les commandants des villes rebelles du sud, Gjoleke Malaj, le chef des insurgés de Tepelena, a annoncé qu'il avait envoyé un « commando de 50 hommes à Tirana pour tuer le président Sali Berisha » si celui-ci persiste dans son refus de démissionner. Dans la matinée, les forces armées italiennes ont effectué leur première opération sur le sol albanais : elles ont débarqué près de Dürres 400 « indésirables » interceptés la veille et encore cinquante dans l'après-midi.
vendredi 21 mars
Des « forces spéciales » de la police vont être constituées très rapidement pour rétablir l'ordre, a déclaré le Premier ministre, Bashkim Fino. Il a ajouté que les élections pourraient ne pas avoir lieu comme prévu au plus tard en juin si les Albanais ne rendent pas leurs armes.
samedi 22 mars
Apparaissant dans la soirée au journal télévisé, pour la première fois depuis le début de la crise, le président Berisha a reconnu qu'il avait une part de responsabilité dans les événements. Pour autant, il reste à son poste.
lundi 24 mars
La Marine italienne a reçu l'ordre formel de « repousser vers l'Albanie » les bateaux chargés de réfugiés fuyant leur pays. Si les marins italiens ne peuvent persuader les équipages albanais de faire demi-tour, les bateaux seront remorqués vers leurs ports d'origine. Dans la journée, des coups de feu ont été tirés depuis un bateau de pêche que la Marine italienne raccompagnait en Albanie. Le capitaine du navire a été interpellé. Dans le sud de l'Albanie, un des nombreux gangs a abattu trois policiers à Vlora. Un des assaillants a été blessé à la tête.
mardi 25 mars
En accord avec les autorités de Tirana, l'armée italienne a renvoyé dans leur pays 200 Albanais « dangereux pour l'ordre public », ce qui porte à plus d'un demi-millier le nombre des indésirables expulsés depuis le 19 mars. Dans la sud de l'Albanie, les bandes armées sèment déjà la terreur : des hommes armés et encagoulés ont pris trois médecins italiens en otages à l'hôpital de Vlora. Jusqu'à ce que l'armée italienne accepte d'évacuer vers l'Italie un malfaiteur de 25 ans grièvement blessé la veille, ce qui a été fait. 20 personnes ont été tuées dans la journée par ces gangs.
mercredi 26 mars
A Vienne, l'OSCE a décidé la création d'une mission à long terme en Albanie dont les activités seront protégés par une force multinationale sous mandat de l'ONU. Dans la soirée, deux hommes armés circulant à bord d'une Toyota rouge ont mitraillé un autobus qu'ils voulaient arrêter dans un faubourg de Tirana. Un passager de 35 ans a été tué sur le coup et huit autres personnes ont été blessées, dont un garçon de 6 ans, qui a succombé à l'hôpital. D'après l'un des blessés, les agresseurs voulaient arrêter le car pour rançonner les voyageurs.
jeudi 27 mars
L'OSCE a approuvé l'envoi d'une force de protection par « certains » de ses membres en Albanie, sous réserve d'un feu vert de l'ONU. Et la création dans ce pays d'une mission civile à long terme de l'organisation. A Tirana, des représentants européens, conduits par le Néerlandais Jan d'Amsambourg, ont longuement rencontré le Premier ministre Bashkim Fino. Par ailleurs, la police tentait de reprendre pied à Vlora. Un blindé y a fait son apparition et des motards ont pris position à certains carrefours. Mais les experts occidentaux ne se font pas trop d'illusions. Dans la soirée, une bande armée, qui venait de tuer le chef d'un village du sud, Levan, est tombée dans une embuscade tendue par les villageois : 18 membres du gang au moins ont été tués.
vendredi 28 mars
Le conseil de sécurité de l'ONU a autorisé l'envoi d'une force multinationale de 2 500 à 5 000 hommes en Albanie. Sa mission : assurer et protéger l'acheminement de l'aide alimentaire. Sur place, le retour au calme, qui a permis à la Croix-Rouge une première distribution d'aide alimentaire, reste précaire. Les insurgés, représentés par des « comités de salut », continuent de manifester leurs exigences. Réunis à Vlora, les représentants de 18 villes rebelles ont exprimé leur « soutien au gouvernement de réconciliation nationale », mais ils l'ont appelé à « prendre ses distances avec le président Berisha ». Par ailleurs, une vedette albanaise, le Kateri i Radës, qui transportait 121 candidats à l'exil (dont une moitié de femmes et d'enfants), a sombré dans le détroit d’Otrante après être entrée en collision avec une corvette italienne, le Sibilia. Le bilan est très lourd : 87 morts. Les autorités albanaises accusent l'Italie d'avoir intentionnellement provoqué l'accident.
samedi 29 mars
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Nuevo Los Carmenes de Grenade (Espagne), l’Albanie a été battue par l’Ukraine un but (Rebrov) à zéro, devant 1 200 spectateurs. C’était la première fois que ces deux équipes s’affrontaient.
dimanche 30 mars
Le Parlement albanais a donné son accord à l'intervention du contingent international chargé d'acheminer l'aide humanitaire dans le pays et dont les premiers éléments sont attendus la semaine prochaine.
lundi 31 mars
Ce lundi a été décrété « jour de deuil national » en hommage aux 87 victimes du naufrage du 28 mars.
mardi 1er avril
Le Premier ministre albanais est en tournée dans le sud pour rencontrer les principaux groupes de la région.
mercredi 2 avril
Le président du Conseil italien, Romano Prodi, s'est rendu à Gkirokastra, ville du sud de l'Albanie tenue par les insurgés armés. Il a rencontré son homologue albanais Bashkim Fino. L'Italie craint des représailles après le naufrage qui a fait 87 victimes. Rome affirme qu'elle n'enverra pas de militaires dans le sud de l'Albanie. A Vlora, le port où doivent débarquer les soldats italiens, c'est toujours la même anarchie : dans la soirée, huit hommes armés ont mitraillé le poste tandis que la mafia s'emparait de navires militaires non sans avoir préalablement vidé en mer des milliers de missiles, de bombes et de mines.
Eliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au stade Nuevo Los Carmenes de Grenade (Espagne), l’Allemagne a battu l’Albanie trois buts (Kirsten trois fois) à deux (Kola deux fois, dont une sur pénalty), devant 9 780 spectateurs.
jeudi 3 avril
L'Union européenne et l'OSCE ont discuté à Athènes (Grèce) avec le Premier ministre albanais : « l'assistance européenne sera économique et humanitaire ». Ces dernières 24 heures, six personnes ont été tuées, une à Tirana par une balle perdue, et cinq dans différentes localités au cours de règlements de comptes.
samedi 5 avril
Des enfants ont manifesté à Tirana pour la paix en Albanie. Quelques poignées tout au plus, rassemblées par l'Unicef. Le Premier ministre Fino, en route pour Shkodër (nord), a dû renoncer à son déplacement après être tombé dans une embuscade montée par des villageois de la région : les gens du nord refusent la présence chez eux d'un homme originaire du sud (Gjirokastër) et qui représente le Parti socialiste, traditionnellement implanté au sud.
dimanche 6 avril
Les incidents en Albanie sont autant de menaces pour la bonne volonté européenne qui se manifeste enfin après avoir tant hésité. Le chef du gouvernement italien, Romano Prodi, a insisté sur le fait que la mission internationale décidée en Albanie était humanitaire et non militaire. En Italie, des manifestations ont eu lieu pour protester contre l'envoi de soldats italiens.
mardi 8 avril
Le ministre italien des Affaires étrangères souhaite la démission du président Berisha.
mercredi 9 avril
La chambre des députés italiens a approuvé le projet du gouvernement Prodi d'envoyer des troupes italiennes en Albanie.
jeudi 10 avril
Les état-majors militaires des huit pays participant à l'opération Alba ont approuvé le plan italien.
vendredi 11 avril
Les premiers soldats italiens de la force multinationale en Albanie ont débarqué dans la matinée à Durrës, le plus grand port albanais, à l'ouest de Tirana. Ces premiers militaires sont la tête de pont de l'opération « Alba ». La patrouille du 19e régiment « Guide » est aussitôt partie reconnaître la route reliant Durrës à Tirana (40 kilomètres). Sous commandement italien, cette force comptera 6 000 hommes envoyés par huit pays (Autriche, Danemark, Espagne, France, Grèce, Italie, Roumanie et Turquie).
samedi 12 avril
Léka Ier, fils de Zog Ier, le dernier roi d'Albanie, est arrivé à Tirana, qu'il avait quitté alors qu'il n'avait que deux jours. Il a été officiellement accueilli avec enthousiasme.
dimanche 13 avril
Le président du Conseil italien, Romano Prodi, a été reçu par les autorités albanaises. A Vlora, la foule d'Albanais l'a acclamé. Des avant-gardes italienne et française de la force multinationale ont déjà débarqué.
lundi 14 avril
Les représentants politiques des huit pays participant à la force de protection en Albanie ont donné leur aval au plan d'intervention proposé par l'Italie dans le cadre de l'opération « Alba ».
nuit du lundi 14 au mardi 15 avril
A la suite de rumeurs, des commandos français de l'infanterie de marine ont soigneusement inspecté les installations portuaires de débarquement de la force multinationale pour prévenir toute action terroriste.
mardi 15 avril
Le gros des troupes de la force multinationale, soit 1 200 hommes sur un effectif total de 6 000, a commencé à arriver dans la matinée. Sa mise en place devrait s'achever à la fin du mois. Dans le même temps, 150 parachutistes italiens atterrissaient à Tirana, où les a accueillis le Premier ministre albanais, Bashkim Fino.
jeudi 17 avril
Les partis politiques albanais se sont mis d'accord pour que des élections législatives aient lieu le 29 juin. C'est ce qu'a annoncé à Tirana le chef de la mission de l'OSCE, l'ancien chancelier autrichien Franz Vranitzky. Mais il n'y a pas encore d'accord sur les modalités du scrutin.
lundi 21 avril
Les Italiens de la force « Alba » sont arrivés dans la matinée à Vlora, le centre nerveux de la rébellion du sud de l'Albanie. Le « comité de salut public » des insurgés leur a réservé un accueil chaleureux. Plusieurs explosions ont été entendues en ville pendant la cérémonie d'accueil, le commandant de l'opération italienne a estimé qu'il s'agissait d' « explosions de joie ».
nuit du lundi 21 au mardi 22 avril
Le croiseur italien Vittorio Vento, qui avait protégé le débarquement italo-grec à Vlora la veille, s'est échoué sur un banc de sable devant la ville. Cet échouage est dû aux vents violents qui ont soufflé après l'opération et qui ont arraché l'ancre du navire.
vendredi 25 avril
Un stock de mines antichar a explosé à Gryke Manati (nord) et fait 22 blessés, des jeunes qui jouaient avec des cartouches.
mardi 29 avril
27 personnes, dont 12 enfants, sont mortes, dans la soirée, dans l'explosion d'un dépôt militaire au nord de Tirana, à Seliz. Elles étaient entrées dans un tunnel pour démonter des obus dont ils voulaient vendre les douilles en laiton à des trafiquants étrangers. L'explosion aurait été provoquée par une allumette utilisée pour s'éclairer.
vendredi 2 mai
Le gouvernement albanais souhaite un élargissement du mandat de la force multinationale de protection (FMP). Pour surveiller quelque 2 500 dépôts de munitions à l'abandon. Et aussi, pour contrôler les frontières. Déjà, un détachement italien a commencé à reconnaître les emplacements des dépôts de munitions situés autour de Tirana.
mercredi 7 mai
Des attentats à l'explosif ont blessé trois personnes à Vlora, dans un endroit fréquenté par la FMP.
jeudi 8 mai
Des soldats envoyés par le Danemark, le huitième pays à participer à la Force multinationale de protection (FMP) en Albanie, ont débarqué à Durres. Un renfort bienvenu au moment où la FMP a décidé de renforcer ses patrouilles à Vlora. Certaines patrouilles utiliseront notamment des blindés.
vendredi 9 mai
L'envoyé spécial de l'OSCE a réussi à arracher un compromis entre les dix partis politiques albanais pour la tenue d'élections législatives. Elles devraient avoir lieu avant la fin du mois de juin.
mardi 13 mai
L'opposition a annoncé qu'elle boycottera les élections prévues en juin. Elle a pris cette décision à la suite du refus du Parti démocratique (au pouvoir) de modifier les règles du scrutin. Les huit partis d'opposition ont en outre annoncé leur intention de reconsidérer leur participation au gouvernement et au sein du Parlement.
mercredi 14 mai
Les Etats-Unis ont manifesté leur désapprobation à l'égard du parti au pouvoir en Albanie, au lendemain de l'adoption d'une loi électorale contre laquelle l'opposition albanaise proteste. Cette loi reconduit en effet le scrutin majoritaire qui a favorisé le Parti démocratique du président Berisha dans le passé. L'opposition réclame un scrutin proportionnel. Pour Sali Berisha, qui a confirmé que les élections auraient lieu le 29 juin, la loi adoptée est conforme aux « normes européennes » et suit « toutes les recommandations du Conseil de l'Europe ».
nuit du jeudi 15 au vendredi 16 mai
Le Parlement a voté la loi électorale contestée par l'opposition.
vendredi 16 mai
Bras de fer en Albanie, où le président Berisha a promulgué la loi électorale contestée par l'opposition. Le président a dissous le Parlement.
Plusieurs villes, dont Tirana, ont ressenti la secousse sismique qui a ébranlé une partie du pays dans la matinée.
du samedi 17 au lundi 19 mai
Le bras de fer entre le président Berisha et l'opposition se poursuit. Malgré la menace des huit partis de l'opposition de boycotter les élections législatives, le président est pratiquement entré en campagne, en faveur du Parti démocratique, le sien. Pour l'opposition, le contrôle et l'organisation des élections doivent être confiés au gouvernement du Premier ministre Bashkim Fino. L'Union européenne continue à faire pression sur les uns et les autres pour qu'ils se mettent d'accord, mais l'Italie a fait savoir qu'il n'était pas question de mettre fin à la mission de la force multinationale. Onze personnes ont été tuées par balles en différents points du pays durant ces trois jours.
nuit du lundi 19 au mardi 20 mai
Un observateur finlandais de la Force de prévention des Nations unies a été blessé à la frontière entre la Macédoine et l'Albanie. Il a été victime d'un échange de tirs entre l'armée macédonienne et un groupe d'Albanais qui tentaient d'entrer clandestinement en Macédoine. L'armée macédonienne a renforcé les mesures de sécurité dans ce secteur, « en raison de la détérioration de la situation à la frontière ».
mercredi 21 mai
Deux touristes britanniques qui naviguaient sur un voilier au large de Corfou, dans les eaux grecques, ont été dévalisés par des pirates, quatre hommes armés « probablement albanais », qui les ont attaqués à bord d'une vedette. La mafia albanaise est devenue un vrai casse-tête pour les autorités grecques et les professionnels du tourisme dans la région, qui ne cessent de réclamer un renforcement du contrôle des frontières.
jeudi 22 mai
Les dix principaux partis politiques albanais ont conclu un accord en vue de la tenue des législatives anticipées, le 29 juin. Selon le chef de la mission de l'OSCE, Franz Vranitzky, l'accord représente un « compromis équilibré » entre le Parti démocratique (DP) du président Berisha et les partis d'opposition. Les socialistes, notamment, ont lâché sur le mode de scrutin : le système majoritaire servira à pouvoir 115 des 155 sièges du nouveau parlement.
vendredi 23 mai
Le gouvernement albanais a souhaité que la Force multinationale de protection (FMP) présente dans le pays assure la sécurité des postes-frontières abandonnés par les douaniers et celle des axes routiers sur lesquels les incidents ne cessent de se multiplier. La FMP a refusé cette tache qui « sort du cadre de sa mission », laquelle est uniquement d'assurer la distribution de l'aide humanitaire. En revanche, la FMP pourrait bientôt se déployer, comme le souhaite le gouvernement, « même dans les régions les plus reculées » du pays. Une fusillade a opposé des policiers de la Garde nationale, une force spéciale de la police albanaise notamment chargée de la sécurité du président, à des habitants de la ville de Cerrik : plusieurs blessés.
dimanche 25 mai
Les membres de la Garde nationale ont attaqué l'hôpital militaire de Tirana, en ouvrant le feu avec des blindés contre les bâtiments. Ils accusaient les médecins de « négligence » après la mort d'un des leurs, soigné à la suite d'une fusillade qui les avait opposés à des habitants de Cerrik le 23 mai.
mardi 27 mai
Les dix principaux partis albanais se sont réunis pour tenter de trouver un accord sur le déroulement des élections législatives anticipées. Cette table ronde a été convoquée par le Parti démocratique du président Berisha, qui invite ses partenaires à signer un « pacte social pour des élections libres et honnêtes ». L'opposition se dit favorable à un pacte qui garantirait la crédibilité du scrutin, mais elle y met des conditions préalables, comme la levée de l'état d'urgence et du couvre-feu. Les socialistes, de leur côté, exigent que la police secrète soit placée sous la responsabilité du gouvernement et non plus du chef de l'Etat, que des préfets soient nommés dans les villes où les rebelles continuent de narguer le pouvoir légal et que le scrutin, pour des raisons de sécurité, soit clos à 18 h et non à 21 h.
lundi 2 juin
Une bombe a explosé dans l'après-midi dans un café du centre de Tirana, faisant une dizaine de blessés. L'engin avait été placé dans les toilettes de l'établissement, dont le deuxième étage a été détruit. Le café, situé près du ministère de la Défense, appartient à un secrétaire d'Etat à l'Intérieur, membre de l'opposition. Il est surtout fréquenté par des sympathisants du Parti socialiste. Une nouvelle explosion s'est produite dans la soirée en centre-ville faisant quatre blessés. Un Albanais de 25 ans a été maîtrisé dans la soirée par les gardes du corps du président Berisha alors qu'il venait de lancer une grenade dégoupillée en direction du chef de l'Etat en campagne au nord-ouest de Tirana.
mardi 3 juin
A Tirana, une vingtaine de personnes ont été blessées par deux engins explosifs.
samedi 7 juin
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade das Antas de Porto, le Portugal a battu l’Albanie deux buts (João V. Pinto et Figo) à zéro, devant 14 000 spectateurs.
mardi 10 juin
Les ministres des Affaires étrangères des pays balkaniques (Albanie, Bulgarie, Grèce, Macédoine, Roumanie, Serbie et Turquie) se sont engagés à Salonique (Grèce) à s'abstenir « de tout recours à la violence » pour régler leurs différends et à respecter « les droits de souveraineté de chaque pays ». Ils ont également demandé la « pleine application » des accords de Dayton sur la paix en Bosnie-Herzégovine. Ce pays était représenté, à titre d'observateur, ainsi que la Croatie.
mercredi 11 juin
La voiture de deux candidats du parti du président Berisha a été criblée de balles en quittant Cerrik, une localité proche d'Elbasan.
jeudi 12 juin
Lors d'un meeting électoral du président albanais à Elbasan (à 50 kilomètres de Tirana), deux hommes ont tiré en l'air, provoquant une riposte des policiers qui a fait six blessés. Sali Berisha lui-même n'a pas été touché, mais une voiture du cortège présidentiel a de nouveau essuyé des coups de feu en quittant la ville.
mercredi 18 juin
Malgré la multiplication des incidents armés (132 morts en une semaine), l'OSCE maintient les élections au 29 juin.
jeudi 19 juin
L'OSCE a décidé de porter de 6 500 à 7 000 hommes les effectifs de la Force multinationale de protection en Albanie pour les élections législatives du 29 juin. Près de Tirana, des soldats grecs de la FM ont tué un tireur isolé qui avait ouvert le feu sur eux.
lundi 23 juin
Le Conseil de l'Europe a confirmé le départ d'une quarantaine de parlementaires en Albanie, pour y surveiller les élections qui s'y dérouleront le 29 juin. Les exigences minimales du Conseil de l'Europe sont loin d'être remplies (tous les candidats ne sont pas encore connus, les bulletins de vote, imprimés en Italie, ne seront prêts qu'à la dernière minute), mais, dit-on à Strasbourg, « entre deux maux nous choisissons le moindre ». La présidente de l'Assemblée parlementaire européenne craint la reprise de la guerre civile après les élections.
nuit du mardi 24 au mercredi 25 juin
Des bandes armées ont semé la terreur à Vlora, passant la nuit à échanger des tirs qui se sont prolongés dans la matinée. L'une de ces bandes a notamment appelé, par voie d'affiches, les habitants de tout un quartier à déserter celui-ci. Ce quartier est connu pour être un fief d'une bande rivale particulièrement redoutée. Invoquant son impuissance totale, en raison de la supériorité en armes et en matériel des fauteurs de troubles, le chef de la police locale a adressé un appel à l'aide à la Force multinationale de protection, représentée sur place par les forces italiennes.
jeudi 26 juin
Enlèvement du père de Constandina Beziani, candidate du Parti des droits de l'homme dans le sud du pays.
vendredi 27 juin
210 équipes de deux observateurs ont quitté Tirana dans la matinée pour se rendre dans les régions les plus éloignées. Elles ont reçu consigne de ne pas forcer le destin si elles se sentent menacées. D'ailleurs plusieurs régions ne sont pas considérées comme assez sures : aucun observateur n'y sera envoyé.
dimanche 29 juin
Elections législatives anticipées : les électeurs avaient à choisir parmi 1 050 candidats représentant les 19 partis en lice. La présence de la Force multinationale et des 590 observateurs a permis la tenue d'un scrutin relativement calme compte tenu du climat de violence qui a dominé la campagne (plus de 1 600 morts et de 3 000 blessés depuis février). Il y a eu toutefois quelques exceptions : à Kurjan (district de Fieri), le chef de la commission électorale d'un bureau a été tué par balles en début d'après-midi par un membre de la famille d'un opposant socialiste. A Rrushbull (côte ouest), des hommes en armes ont essayé d'interrompre le vote. Dès la soirée, l'opposition socialiste proclamait sa victoire contre le parti du président Berisha. De même, la commission électorale a annoncé, sans donner de chiffres, que le référendum sur la restauration de la monarchie, qui était couplé avec les élections législatives, avait été favorable à la République (le chiffre de 66,7 % de « non » sera donné ultérieurement) ; le prince Leka conteste le ce résultat, déclarant avoir réuni une majorité de voix en sa faveur.
lundi 30 juin
Sans attendre les résultats officiels, Sali Berisha a reconnu sa défaite aux élections. L'opposition socialiste de Fatos Nano revendique au moins 60 des 155 sièges du Parlement. Le leader socialiste a rappelé au président que celui avait promis de démissionner en cas de victoire socialiste. Dans l'entourage présidentiel, on affirme que Sali Berisha a bien l'intention de respecter ses engagements électoraux.
mercredi 2 juillet
Les retards dans le dépouillement des résultats du premier tour des législatives en Albanie, la crise qui oppose le président et le Premier ministre et la poursuite des violences provoquent inquiétude et confusion politique. Catherine Lalumière, coordination spéciale de l'OSCE, lance une mise en garde sir le deuxième tour ne se déroule pas à la date prévue. Il reste deux jours, en effet, pour imprimer (en Italie) les bulletins pour les 18 ou 20 circonscriptions où un second tour sera nécessaire. Le Parti démocrate, tout en reconnaissant sa défaite, multiplie les plaintes pour irrégularités. Le président Berisha, qui confirme qu'il démissionnera une fois connus les résultats définitifs, tente toutefois de conserver le contrôle sur les organes de sécurité du pays. Il veut imposer au Premier ministre socialiste, Bashkim Fino, un homme à lui au ministère de l'Intérieur, Azem Hadjiari, actuel président de la commission parlementaire pour les services secrets et la police. Une nomination que refuse Bashkim Fino. Au même moment, Berisha a signé un décret autorisant les forces spéciales et la garde présidentielle à établir des barrages aux entrées de Tirana et autour de la Banque centrale. Le pouvoir craint en effet les représailles au point que plusieurs collaborateurs de Berisha, dont le ministre de l'Intérieur, Belul Celo, ont fui le pays. Par ailleurs, la violence continue : une des innombrables bandes armées qui terrorisent le sud du pays a attaqué un train entre Durres et Vlora pour en dépouiller les passagers.
jeudi 3 juillet
Le retard dans la publication des résultats officiels des élections a provoqué de nouveaux incidents. Cette fois, une fusillade entre partisans de la monarchie et les forces de sécurité a fait au moins un mort et cinq blessés. Selon des témoins, un homme en civil aurait tiré sur la police qui a riposté. Un millier de royalistes s'étaient rassemblées devant les locaux de la Commission électorale centrale à Tirana, avec à leur tête le prétendant au trône Leka Zog, vêtu d'un treillis militaire et affublé de deux pistolets. Leka affirme qu'il a gagné avec 54 % des voix le référendum sur la restauration de la monarchie, qui était couplé avec les élections législatives. Or, dès le 29 juin au soir, la commission électorale avait annoncé, sans donner de chiffres, que le « oui » à la République l'avait emporté.
vendredi 4 juillet
Le second tour des législatives aura bien lieu dans une trentaine de circonscriptions. In extremis. Les résultats du premier tour, remporté par les socialistes, ont été annoncés dans la soirée. Le taux de participation s'est élevé à 70,3 %, le référendum a vu la victoire de la République avec les deux-tiers des suffrages. Dans la matinée, une trentaine de soldats italiens en armes, appuyés de six véhicules blindés de la FMP, avaient pris position devant le Palais des congrès de Tirana, qui abrite la commission électorale. C'est dans ce contexte très tendu que l'Italie, qui commande la Force multinationale, a annoncé que ses soldats commenceront leur retrait fin juillet, juste après la constitution du nouveau gouvernement. Rome souhaite que ses 3 700 militaires aient tous quitté l'Albanie le 10 août, conformément au mandat de l'ONU.
dimanche 6 juillet
Deuxième tour des élections ; avant même la clôture du scrutin, Fatos Nano, le leader socialiste, s'est proclamé vainqueur, réclamant le poste de Premier ministre.
mardi 8 juillet
Les socialistes sont prêts à gouverner. Non seulement Fatos Nano annonce qu'il sera Premier ministre et qu'il aura sans doute formé son gouvernement avant le 25 juillet, mais le secrétaire général du Parti, Rexhep Mejdani, est déjà présenté comme le successeur de Sali Berisha (qui n'a toujours pas démissionné) à la présidence de la République. Les résultats officiels du scrutin ne sont pas encore connus, pourtant Fatos Nano a manifesté son espoir de réunir le nouveau Parlement la semaine prochaine.
vendredi 18 juillet
La force multinationale, qui tentait tant bien que mal de maintenir un semblant d'ordre en Albanie, a officiellement engagé son retrait. Il sera achevé le 12 août. Une brève cérémonie a marqué, dans le port de Durres, l'embarquement du premier contingent : 390 soldats roumains venus de Gjirokastër. Dans la journée, 260 soldats italiens sont également partis : ils ont embarqué dans le port de Vlora avec 90 blindés. De son côté, une petite unité espagnole a quitté ses positions à Shkodër, dans le nord. Pourtant la situation n'est pas stabilisée : non seulement chaque jour qui passe continue d'allonger la liste des victimes de l'insécurité ambiante, mais la situation politique elle-même n'a rien de rassurant.
du dimanche 20 au lundi 21 juillet
Pour la seule ville de Vlora, on a dénombré six morts et une dizaine de blessés dans des règlements de comptes ou par des balles perdues.
lundi 21 juillet
Le président Sali Berisha a convoqué le Parlement pour le 23 juillet. Ce sera la première réunion de la nouvelle Assemblée dominée par les socialistes. On ignore toujours si le président, qui avait promis de démissionner en cas de victoire de ses adversaires, abandonnera le pouvoir. Son parti, en tout cas, grand perdant des législatives, boycottera la première réunion du Parlement. Par ailleurs, près de Gjirokastër, un dépôt d'armes réputé « secret » a été vidé par des hommes masqués qui en ont forcé les accès à l'aide de chalumeaux sophistiqués. Il contenait, affirme le ministère de l'Intérieur, des armes « très dangereuses » (des missiles sol-sol ?).
nuit du lundi 21 au mardi 22 juillet
La violence a remonté d'un cran à Vlora : les échanges de tirs entre bandes armées rivales ont été les plus intenses et les plus longues que la ville ait connus depuis que le gouvernement de Tirana a perdu le contrôle du pays. Ils se sont prolongés pendant plus de quatre heures et se sont déroulés aussi bien au mortier qu'à la roquette antichar ou aux armes automatiques. Deux morts et cinq blessés ont été conduits à l'hôpital, mais les milieux hospitaliers affirment que le nombre réel des victimes est nettement supérieur, chaque clan dissimulant ses morts et ses blessés pour éviter les représailles des bandes adverses. Les médecins ont fui Vlora afin d'échapper aux pressions dont ils sont l'objet pour soigner les « amis » et laisser mourir les « adversaires ». Ils affirment que certains blessés ont été achevés sur les tables d'opération, ces jours-ci, par ceux qui les pourchassaient...
mardi 22 juillet
Tirana a été secouée par un attentat à la bombe qui a détruit deux bars tenus par des Grecs, près des ministères de la Défense et de l'Intérieur, en plein centre-ville. Trois personnes ont été blessées.
mercredi 23 juillet
Le président Sali Berisha a démissionné. Il compte désormais prendre la tête de l'opposition parlementaire pour « soutenir les valeurs de la démocratie et de l'économie de marché ». Le Parlement devrait désigner à sa place Rexhep Medjani, secrétaire général du Parti socialiste.
jeudi 24 juillet
L'état d'urgence et le couvre-feu ont été levés par le nouveau Parlement - désormais présidé par Skënder Gjinushi à la place de Pjetër Arbnori -, alors que les exactions des bandes armées qui avaient justifié leur entrée en vigueur n'ont pas cessé (au moins 14 morts dans la journée). Le Parlement a également élu à la présidence de la République le socialiste Rexhep Mejdani (52 ans), qui était le seul candidat. Les députés du Parti démocratique de Sali Berisha ont boycotté la session. Fatos Nano (PSS) devient Premier ministre pour la seconde fois. Dans la soirée, l'annonce de la levée de l'état d'urgence et du couvre-feu a été accueillie par des fusillades comme la capitale n'en a jamais connues depuis le début des troubles...
vendredi 25 juillet
Les ministres de la nouvelle coalition de gauche ont prêté serment devant le président Mejdani. Le gouvernement de Fatos Nano affiche deux priorités : relancer une économie ruinée et surtout pacifier le pays, dont 60 % du territoire est contrôlé par des bandes armées. Confrontée au départ de la force multinationale, le nouveau ministre de l'Intérieur vient d'appeler à l'aide l'Union européenne pour, au moins, former et équiper ses policiers.
dimanche 27 juillet
Un premier contingent de 330 soldats de la force multinationale de protection en Albanie (sur 980) a quitté dans l'après-midi le port de Durres pour Brindisi, en Italie.
jeudi 31 juillet
Alors que s'est ouvert à Rome (Italie) une conférence sur l'aide à l'Albanie, le prochain retrait de la force multinationale rassure les trafiquants. Depuis quelques jours, le pillage des dépôts militaires s'est aggravé, surtout dans le sud du pays où de gros stocks d'armes antiaériennes, d'obus antichars, d'explosifs, voire de matières chimiques ont été dérobés. Même des missiles sol-sol auraient disparu... Ces armes sont notamment revendues en Macédoine et en Grèce, les deux pays voisins.
dimanche 3 août
Les derniers soldats français ont quitté l'Albanie à bord du bâtiment La Foudre. La police albanaise s'apprêterait à lancer une opération d'envergure pour mettre fin à la violence qui a encore fait plus de soixante morts et une centaine de blessés à travers le pays la semaine dernière. Il s'agira, dans un premier temps, de débloquer les axes routiers reliant le sud au nord du pays.
lundi 4 août
Un contingent de 500 soldats italiens de la FMP restera en Albanie pour aider à la restructuration de l'armée albanaise.
jeudi 14 août
Le ministère de l'Intérieur affirme que des unités spéciales de la police ont repris cette semaine le contrôle de Vlora, la ville portuaire du sud du pays d'où était parti le soulèvement populaire, en février, et où des bandes armées faisaient, depuis, la loi. Ce jour, un chef mafieux a été tué dans une fusillade avec la police, qui a aussi arrêtée des dizaines de personnes.
mercredi 20 août
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au Stade olympique de Kiev, l’Ukraine a battu l’Albanie un but (Rebrov) à zéro, devant 38 000 spectateurs.
vendredi 5 septembre
Mère Térésa est décédée à Calcutta à 21 h 30. Installée en Inde, la religieuse d’origine albanaise était âgée de 87 ans.
samedi 6 septembre
Le président Rexhep Meidni a limogé 17 généraux, parmi lesquels les commandants de la Marine de guerre et des forces antiaériennes. Le secrétaire d'Etat à la Défense a expliqué que plusieurs d'entre eux allaient entre mis en accusation pour abus de pouvoir lors des troubles de mars, avril et mai.
Eliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au stade Hrazdan d’Erevan, l’Arménie a battu l’Albanie trois buts (Vardanian, Assadourian, Avalian sur pénalty) à zéro, devant 5 000 spectateurs.
mercredi 10 septembre
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Hardturm de Zurich (Suisse), l’Albanie a battu l’Irlande du Nord un but (Haxhi) à zéro, devant 2 650 spectateurs.
mardi 16 septembre
Une bagarre a eu lieu au Parlement entre un député de l'opposition, Azem Ajdari et le député socialiste Gafur Mazreku.
jeudi 18 septembre
Un député du Parti démocratique (opposition), Azem Ajdari, a été la cible, au Parlement, d'un député socialiste, Gafur Mazreku, qui l'a grièvement blessé de cinq balles de revolver. Les deux hommes avaient déjà échangé des coups de poing au Parlement deux jours auparavant.
en septembre
Fondation du quotidien Shekulli, de tendance socialiste.
samedi 11 octobre
Derniers matchs des éliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au Niedersachsenstadion d’Hanovre, l’Allemagne a battu l’Albanie quatre buts (Helmer, Bierhoff 2, Marschall) à trois (Kohler contre son camp, Tare, Vata), devant 44 522 spectateurs. . Sixièmes sur six dans le groupe 9, les Albanais ne participeront pas à la phase finale organisée par la France.
mardi 21 octobre
Ramiz Alia, le dernier président communiste, a été acquitté par le tribunal de Tirana devant lequel il était poursuivi pour « génocide et crimes contre l'humanité », en même temps que deux ex-ministres de l'Intérieur et l'ancien enquêteur en chef de la police secrète. Ramiz Alia s'est évadé de prison, le 14 mars, à la faveur de la rébellion populaire. Il se trouve en Suède où vit sa fille.
lundi 3 novembre
Les présidents, Premier ministres et ministres des Affaires étrangères de huit pays des Balkans (Albanie, Bosnie, Bulgarie, Grèce, Macédoine, Roumanie, Turquie et Yougoslavie) se sont retrouvés en Crète pour bâtir un « espace de paix et de coopération ». Pendant deux jours, ils vont tenter d'oublier toutes les dissensions en cours dans la région et s'efforcer de trouver un langage commun.
L'envoyé spécial en Albanie de l'OSCE, l'Autrichien Franz Vranitzky, estime que le pays est toujours au bord du gouffre économique et que la moindre étincelle sociale aura des conséquences catastrophiques.
mardi 25 novembre
La police albanaise a intercepté 10 Kurdes et 10 Chinois entrés clandestinement en Albanie. Munis de faux papiers, ils espéraient se rendre au port de Durres pour y embarquer vers l'Italie, grâce à un réseau de passeurs macédoniens, albanais et italiens. En deux jours, une dizaine de canots pneumatiques avec une centaine d'Albanais et d'étrangers à bord ont réussi à déjouer les contrôles. En trois mois, quelques 500 Kurdes et Chinois ont transité illégalement par l'Albanie pour gagner l'Italie et l'Allemagne.
dimanche 30 novembre
Les actes de vengeance et le pillage ont fait 32 morts et 45 blessés, la semaine passée. Plus d'un million d'armes ont été prises dans les dépôts militaires albanais après la rébellion populaire de février, dont moins de 10 % ont été restituées. Depuis cinq mois, 423 personnes ont été tuées par balles et 600 blessées.
1998
jeudi 1er janvier
Un communiqué du ministère albanais des Affaires étrangères condamne la violence déployée par la police serbe au Kosovo contre les étudiants albanais de souche. « Les mauvais traitements vont à l'encontre de la volonté d'européaniser les Balkans que Belgrade a soutenue lors du sommet balkanique de Crête ».
mercredi 21 janvier
Match amical de football : à Antalya, la Turquie a été battue par l’Albanie quatre buts à un.
lundi 2 février
Anastas Angjeli redevient ministre des Finances, un poste qu’il avait déjà occupé en 1991 ; il succède à Arben Malaj.
vendredi 6 février
Tournoi de football de Malte : à Ta’Qali, Malte et l’Albanie ont fait match nul un à un.
dimanche 8 février
Tournoi de football de Malte : à Ta’Qali, la Géorgie a battu l’Albanie trois buts à zéro.
mardi 10 février
Tournoi de football de Malte : à Ta’Qali, la Lettonie et l’Albanie ont fait match nul deux à deux.
lundi 23 février
L'état d'urgence a été décrété dans la soirée à Shkoder à la suite de pillages et incendies de bâtiments officiels survenus dans cette ville du nord du pays. Une centaine d'hommes armés y ont semé la terreur pendant 24 heures. Plusieurs centaines de policiers venus de Tirana ont été nécessaires pour rétablir l'ordre. 14 personnes ont été arrêtées. Les institutions publiques sont désormais sous la garde de leurs employés et un couvre feu a été établi. Dans la soirée, des tirs sporadiques peuvent encore être entendus. Les forces spéciales de Tirana ont pour mission de réorganiser la police locale.
mardi 24 février
La ville de Shkoder est en état de choc après l'éruption de la violence de la veille, dont le préfet estime qu'elle n'a rien de populaire mais qu'elle est due au grand banditisme, privé de ses sources d'approvisionnements avec la fermeture de la frontière yougoslave, à une quarantaine de kilomètres de la ville. Le commerce du pétrole et des cigarettes venus du Monténégro permettait à la population, touchée à 90 % par le chômage, de survivre, mais des contrebandiers en ont pris le monopole. Ce sont eux qui se seraient déchaînés. Les autorités pensent que leur révolte est « un détonateur potentiel de nouveaux troubles ».
vendredi 6 mars
20 000 personnes ont manifesté dans les rues de Tirana pour exiger la fin de la répression menée par les forces de l’ordre serbes contre les Albanais du Kosovo. Les manifestants réclament que la communauté internationale fasse pression sur Belgrade.
jeudi 26 mars
L'armée albanaise a entrepris des « préparatifs » pour parer à une attaque yougoslave qui pourrait résulter de la crise actuelle au Kosovo. C'est ce qu'a révélé, à Stockholm (Suède), le ministre albanais des Affaires étrangères. Selon lui, l'OTAN a promis son aide à l'Albanie et doit lui envoyer des instructeurs pour conseiller l'armée en matière de contrôle des frontières.
jeudi 30 mars
Le Premier ministre albanais, Fatos Nano, estime que le Kosovo devrait obtenir « un statut de République égal à celui dont jouit le Monténégro au sein de la Yougoslavie », ce qui permettrait de « s'ouvrir aux pays voisins », y compris à l'Albanie et à l'Europe. Pour autant, estime-t-il, le Kosovo « ne devrait pas avoir le droit à la sécession ».
lundi 4 avril
Peu de temps après avoir débarqué sur les côtes sud de l'Italie, 180 immigrés albanais ont été interpellés par des policiers. Ces derniers jours, près d'un millier d'immigrés clandestin, en majorité albanais, ont été appréhendés. Par ailleurs, les policiers ont saisi 130 kg de marijuana, cachés à bord de bateaux transportant les clandestins.
mercredi 15 avril
Le chargé d'affaires albanais en poste à Belgrade a été convoqué au ministère yougoslave des Affaires étrangères où il s'est vu signifier une « énergique protestation » en raison d'un incident à Tirana : un Albanais avait réussi à pénétrer à l'ambassade de Yougoslavie et avait abaissé le drapeau de la République fédérale yougoslave.
nuit du mercredi 15 au jeudi 16 avril
Incidents à la frontière entre l'Albanie et la Yougoslavie, où l'armée fédérale yougoslave a dû ouvrir le feu. Selon la version de Belgrade, une de ses unités a été prises sous le feu de « terroristes » albanais qui tentaient d'entrer clandestinement en Yougoslavie, dans les montagnes de Jnic (au sud-ouest du Kosovo). selon l'armée, les soldats yougoslaves « ont saisi une grande quantité d'armes, de munitions et d'autres équipements terroristes ». Citant des « sources informées », le quotidien de Belgrade Vecernje Novosti affirme que deux Albanais ont été tués, plusieurs autres blessés et que deux des « terroristes » ont été capturés.
jeudi 16 avril
Nouvelle protestation « très ferme » de la part de Belgrade vis-à-vis de Tirana, justifiée, cette fois, par les incidents de la nuit à la frontière entre les deux pays : « De tels incidents peuvent avoir de graves conséquences et la partie albanaise en porte toute la responsabilité ». Le ministre albanais des Affaires étrangères, Paskal Milo, met en doute la version yougoslave et explique : « En l'absence de pas concrets vers un règlement de la crise au Kosovo, la partie serbe fait l'impossible pour créer ce genre d'incidents ». Un conseiller militaire de Tirana affirme de son côté qu'il s'agit d’un « incident monté par Belgrade afin d'accréditer l'idée que l'Albanie incite au conflit et au terrorisme ». L'Albanie ajoute, pour preuve de sa bonne foi, qu'elle a souhaité l'envoi d'une commission sur place afin d'enquêter sur l'incident mais qu'elle en a été empêchée par les Yougoslaves. L'armée yougoslave prétend le contraire : « Une commission mixte s'est rendue sur les lieux ». Au Kosovo, Ibrahim Rugova parle de « provocation » et assure que ce n'est pas la première fois que l'armée yougoslave est impliquée dans la crise au Kosovo. Ce que Belgrade refuse d'admettre.
nuit du mercredi 22 au jeudi 23 avril
Un affrontement s'est produit entre l'armée yougoslave et un groupe de deux cents personnes armées venus d'Albanie et qui tentaient de franchir clandestinement la frontière : 26 personnes auraient été tuées. Le centre de presse (serbe) de Pristina affirme que ces hommes armés sont des Albanais du Kosovo « entraînés dans des bases secrètes dans le nord de l'Albanie ».
vendredi 24 avril
La tension continue à monter entre Tirana et Belgrade. L'Albanie a placé l'armée et la police en état d'alerte maximale dans le nord-est, la région limitrophe du Kosovo. Luan Hajdaraga succède à Sabit Brokaj comme ministre de la Défense.
samedi 25 avril
Le Conseil suprême de défense d'Albanie, dirigé par le président albanais, a pris une série de mesures pour renforcer la sécurité de sa frontière avec la Yougoslavie, le long de laquelle ses troupes ont commencé à manœuvrer.
dimanche 26 avril
L'Albanie, qui avait jusqu'alors adopté une attitude attentiste, a pris fait et cause pour la « résistance armée » des Albanais du Kosovo qu'elle qualifie « d'action d'autodéfense contre la violence pathologique et traditionnelle serbe ». Dans son discours diffusé par la télévision, le Premier ministre albanais Fatos Nano a révélé que le sort de la province serbe était désormais une priorité de son gouvernement. Il a appelé chacun à remplir ses devoirs et à défendre les intérêts nationaux.
mercredi 27 mai
Les forces serbes ont fermé le dernier poste frontière, de Kukës, permettant le passage entre le Kosovo et l'Albanie, afin d'empêcher l'approvisionnement des combattants clandestins en armes.
jeudi 28 mai
L'OTAN a adopté, au Luxembourg, un plan d'aide à l'Albanie et à la Macédoine qui prévoit le déploiement de 7 000 à 20 000 hommes sur la frontière albano-kosovare. Des manœuvres de l'OTAN auront lieu, cet été, dans ces deux pays. Des navires de l'OTAN feront escale, dès début juillet, à Durres et une cellule de l'organisation atlantique sera ouverte à Tirana.
lundi 1er juin
Des milliers de personnes - en majorité des femmes et des enfants - fuient les affrontements qui secouent l'ouest du Kosovo, et rejoignent l'Albanie par des sentiers de montagne. Les affrontements avec les forces serbes au Kosovo ont fait au moins 18 morts et vingt blessés depuis deux jours.
mercredi 3 juin
Plus de 3 000 Albanais du Kosovo sont arrivés en Albanie. L'OSCE estime qu'il pourrait en arriver 3 000 autres dans les jours qui viennent.
jeudi 4 juin
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés estime à 50 000 le nombre des Albanais du Kosovo chassés de chez eux par les opérations de la police et de l'armée serbes. Selon le gouvernement albanais, qui a lancé un appel à l'OTAN pour coordonner l'aide humanitaire, 12 000 d'entre eux ont pu passer la frontière pour chercher refuge en Albanie. Le HCR, lui, en a comptabilisé 7 000. D'autres ont fui vers le nord : 7 000 sont arrivés au Monténégro. L'Albanie, tout comme les Albanais du Kosovo, insiste pour que l'OTAN déploie d'urgence une force militaire dans la région, mais l'OTAN paraît désemparée : « Personne ne sait ce qu'il convient de faire », avoue un diplomate de l'organisation, précisant que ce qui est sûr c'est que « personne n'a envie de lancer une opération militaire ».
vendredi 5 juin
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Wofgang Ischinger, en visite à Tirana, a qualifié les opérations serbes au Kosovo de « nettoyage ethnique » et de « défi à la communauté internationale dans son ensemble ».
samedi 13 juin
L'OTAN a annoncé pour le 15 juin un exercice aérien en Albanie et en Macédoine afin de montrer « sa capacité d'effectuer rapidement une projection de puissance dans la région ». L'opération baptisée « Faucon déterminé » doit permettre de faire cesser les violences au Kosovo. Cet exercice associera neuf pays.
lundi 15 juin
Après avoir longtemps menacé de faire la démonstration de sa force pour impressionner Milosevic, l'OTAN est passé aux actes en procédant au survol de l'Albanie et de la Macédoine, longeant la frontière du Kosovo. 13 pays et 80 avions ont pris part à l'opération « Faucon déterminé ». La Russie désapprouve cette manœuvre. Aujourd'hui encore, 350 réfugiés sont arrivés du Kosovo à Tropoja, en Albanie. Ils venaient de Junik.
dimanche 21 juin
Deux vice-ministres russes des Affaires étrangères ont entamé une mission dans les Balkans, l'un à Belgrade, l'autre (Alexandre Avdéïev) en Albanie. Ils vont tenter de désamorcer le conflit du Kosovo.
samedi 11 juillet
La résistance albanaise au Kosovo inquiète les dirigeants de la Macédoine où la minorité albanaise se met à rêver, elle aussi, d’une grande Albanie et cache de moins en moins sa sympathie pour l’UCK. « C’est un phénomène naturel, a même dit à la télévision Arben Dzaferi, le leader radical. Sans défense tout au long de son histoire, le peuple albanais a maintenant besoin d’une armée ». Même Abdrahman Aliti, le chef modéré du Parti albanais de la prospérité démocratique, représenté au gouvernement de Skopje, n’a pas hésité à évoquer une possible « sécession ».
samedi 18 juillet
Selon l’armée yougoslave, un millier de séparatistes kosovars ont tenté de s’introduire au Kosovo depuis l’Albanie, dans la matinée, dans le secteur de Djeravica. Les combats ont fait de nombreux morts.
nuit du samedi 18 au dimanche 19 juillet
De nouvelles incursions de séparatistes kosovars ont eu lieu depuis l’Albanie, impliquant plusieurs centaines d’hommes dans la région de Djeravica. Des obus yougoslaves seraient tombés en territoire albanais, provoquant une violente réaction du gouvernement de Tirana.
dimanche 19 juillet
L’Albanie « soutient la juste lutte des Albanais du Kosovo qui défendent leurs terres de l’extermination moyenâgeuse perpétrée par la machine militaire serbe au Kosovo » a déclaré le ministre albanais des Affaires étrangères, Paskal Milo. Belgrade reproche, de son côté, la bienveillance de Tirana à l’égard des « activités terroristes et les graves violations des frontières d’Etat » commises par les séparatistes du Kosovo. Dans la soirée, la télévision d’Etat serbe affirmait qu’environ 300 militaires de l’armée albanaise se trouvaient actuellement au Kosovo.
vendredi 14 août
« Alerté de menaces terroristes islamistes », le gouvernement américain a ordonné, dans la soirée, la fermeture au public de son ambassade en Albanie, le départ des diplomates « non indispensables » et de leurs familles. Tous les ressortissants américains du pays sont invités à les imiter.
lundi 17 août
1 700 soldats de l’OTAN ont commencé leurs manœuvres en Albanie. Une façon de dire que l’Alliance atlantique est prête à intervenir au Kosovo.
mercredi 19 août
Match amical de football : à Nicosie, Chypre a battu l’Albanie trois buts à deux. C’était la première fois que ces deux équipes s’affrontaient.
nuit du vendredi 21 au samedi 22 août
Dix étrangers, munis d’équipements militaires et de faux passeports, ont été arrêtés à Tirana. Il s’agirait de ressortissants de pays arabes en situation irrégulière susceptibles d’être liés à des organisations terroristes.
samedi 5 septembre
Début des qualifications pour le championnat d’Europe de football 2000 : au stade national Boris Paichadze de Tbilissi, la Géorgie a battu l’Albanie un but (A. Arveladze) à zéro, devant 25 000 spectateurs.
samedi 12 septembre
Un député et membre fondateur du Parti démocratique, Azem Hajdari, a été assassiné, avec un de ses gardes du corps.
Devant le nouvel afflux de Kosovars affamés et épuisés fuyant leur pays, le Monténégro a commencé à refouler une partie des arrivants vers l’Albanie.
dimanche 13 septembre
A l’appel de l’ancien président, Sali Berisha, environ 1 500 personnes ont mis le feu au rez-de-chaussée du gouvernement, à Tirana. Ce gouvernement, dirigé par Fatos Nano, est accusé d’avoir joué un rôle de l’assassinat de la veille. Sali Berisha affirme que « c’est le chef de la police, Jeho Salhi Mulosmanj, un proche de Fatos Nano, qui a tiré [sur Azem Hajdari]. Il y a des témoins ». Et d’ajouter que l’assassin a ensuite été félicité par le ministre de l’Intérieur « pour son bon travail ». Les manifestants ont désarmé les soldats en faction et pénétré dans le bâtiment tandis que d’autres mettaient le feu à des véhicules officiels. Au bout du compte, un manifestant a été tué et quatre policiers blessés par balles. Sali Berisha a donné 24 heures au gouvernement Nano pour démissionner. Le président Rexhep Meidani, de son côté, a entamé des pourparlers avec tous les partis politiques, pour tenter de surmonter la crise.
lundi 14 septembre
Les partisans de Sali Berisha ont transformé les obsèques du député assassiné, de son garde du corps et d’un manifestant tué la veille, en affrontements armés un peu partout dans la capitale. A commencer par les abords du bureau de Premier ministre, où un cortège de plusieurs milliers de personnes a transporté la dépouille du député. Les gardes chargés de la sécurité à l’intérieur du siège du gouvernement ont ouvert le feu, provoquant un mouvement de panique dans la foule. Certains manifestants ont riposté par des coups de feu et lancé des grenades à l’intérieur du bâtiment. La situation s’est alors rapidement dégradée. Des hommes se sont emparés de quatre chars de l’armée. Les manifestants ont annoncé qu’ils ont « pris le contrôle » du Parlement et que la télévision d’Etat leur « appartient ». Dans la soirée, le gouvernement a affirmé avoir repris le Parlement et la télévision. Sali Berisha est sommé de quitter le pays avant le lendemain matin à 5 heures, sous peine d’arrestation. Il a refusé l’ultimatum.
mardi 15 septembre
La tension a nettement baissée à Tirana. Certes, les partisans de Sali Berisha ont encore manifesté leur hostilité à Fatos Nano, en dépit de l’interdiction qui leur en avait été notifiée par le ministre de l’Intérieur, mais ils étaient nettement moins nombreux que le veille et moins violents. Sali Berisha a d’ailleurs appelé ses sympathisants, massés devant le siège du Parti démocratique, à « éviter tout acte de violence ». Il a toutefois ajouter que « tout peut recommencer demain » si Perikli Teta, le ministre de l’Intérieur, ne retire pas l’ordre donné à la police de tirer sans sommation sur quiconque s’attaquera aux institutions de l’Etat. Intervenant à la télévision pour la première fois depuis le début des troubles, Fatos Nano a été particulièrement ferme : « Le coup d’Etat fomenté par Sali Berisha et son groupe armé a échoué ». Le Conseil des ministres a annoncé des poursuites contre Berisha.
mercredi 16 septembre
Les partisans de Sali Berisha ont pu manifester dans le centre de Tirana, malgré l’interdiction qui leur en avait été faite, sans être inquiétés par la police, pourtant présente en force dans les rues de la capitale. Le clan Berisha a aussi ignoré l’ultimatum qui lui enjoignait de rendre ses armes. Ils ont restitué les deux chars qu’ils avaient volés à l’armée, mais ils ont conservé leur arsenal. Sali Berisha a appelé à une nouvelle manifestation pour le 17 septembre, en forçant les barrages de police s’il le faut, avec toujours le même objectif : contraindre Fatos Nano à se démettre. Dans la soirée, un groupe de 80 personnes, armées de grenades, de mitrailleuses et lance-roquettes, a tenté de prendre la préfecture de police de Lezha (nord du pays). Trois personnes ont été tuées dans les affrontements.
jeudi 17 septembre
A Tirana, le ton reste vif mais une nouvelle manifestation s’est déroulée dans le calme. Le Parlement est saisi d’une demande de levée de l’immunité parlementaire de Sali Berisha. Celui-ci, accusé d’avoir fomenté les troubles, a annoncé de nouvelles manifestations pour le lendemain et le président Meidani a lancé un appel « à la retenue et au sang-froid ».
vendredi 18 septembre
Le Parlement a voté la levée d’immunité de Sali Berisha, par 108 voix et 5 nuls. L’ancien président, qui risque l’arrestation, n’a pas l’intention de céder. Il a appelé tous les Albanais au « soulèvement ». Il a insisté en déclarant qu’il « faut être prêt aux sacrifices suprêmes afin de libération l’Albanie de la clique de Fatos Nano ». La police municipale de Tirana a été remplacée par des unités de la police militaire et des commandos de l’armée ; des contrôles ont été établis sur les différentes voies d’accès en ville et des soldats en cagoules équipés d’armes lourdes ont été postés sur les toits des immeubles bordant la place centrale.
dimanche 20 septembre
Sali Berisha a résolu de rompre « tout contact » avec le gouvernement et de poursuivre les manifestations quotidiennes sur tout le territoire albanais. Il a, en outre, annoncé sa décision de créer un « front de refus contre la dictature ». Le Polonais Bronislaw Geremek, président en exercice de l’OSCE, a menacé Berisha de « l’isoler personnellement » s’il poursuit dans cette voie qui a déjà conduit son parti à « miner les institutions démocratiques ».
samedi 26 septembre
Chef d’une mission internationale en Albanie, un officier français a été agressé, dans la soirée, à Tirana, par trois hommes armés et masqués. La police locale affirme qu’il s’agit d’Albanais du Kosovo.
lundi 28 septembre
L’opposition conduite par Sali Berisha est parvenue à ses fins : le Premier ministre Fatos Nano a annoncé sa démission dans la soirée. En fait, cette démission est plutôt le résultat de désaccords de plus en plus manifeste aussi bien à l’intérieur du PS qu’au sein de la coalition gouvernementale composée de cinq partis de gauche. Le ministre de l’Intérieur, Perikli Teta (fondateur de l’Alliance démocratique, un petit parti du centre droit), avait déjà quitté le gouvernement quelques heures plus tôt en déclarant : « Je présente ma démission parce que le ne peux pas collaborer et travailler avec une classe politique corrompue et incapable ». Fatos Nano avait alors insisté pour que ce portefeuille revienne à un socialiste, mais aucun de ses amis politiques n’a voulu de ce poste empoisonné. Le Premier ministre a donc tiré les conséquences de son échec.
mardi 29 septembre
Le comité directeur du PS a choisi Pandeli Majko, secrétaire général du parti, pour succéder à Fatos Nano comme premier ministre. L’opposition de droite voit en cet homme jeune (30 ans) « la promesse d’une nouvelle page dans la politique albanaise ». Le Parti démocratique de Sali Berisha ne souhaite pas participer au nouveau gouvernement mais se dit prêt à le soutenir s’il prend des mesures telles que « le rétablissement de l’ordre public, le désarmement de la population et le renforcement de la sécurité nationale ».
mercredi 30 septembre
Pandeli Majko a reçu le feu vert du président Meidani pour former un gouvernement. Il a aussitôt entamé des consultations en espérant pouvoir annoncer la composition de son cabinet « très vite ». Le part démocratique (PD, opposition) réclame la formation d’un « gouvernement technique, issu d’une table ronde de tous les partis, qui approuverait une nouvelle Constitution et préparerait de nouvelles élections ». Il a appelé à une nouvelle manifestation dans la soirée à Tirana. Pandeli Majko s’est dit prêt à entamer « un dialogue constructif » avec l’opposition et à faire adopter une nouvelle Constitution « indispensable pour faire de l’Albanie un pays de droit démocratique ».
vendredi 2 octobre
Pandeli Majko a réussi à former un gouvernement de coalition de gauche comprenant dix-huit ministres.
mercredi 14 octobre
Qualifications pour le championnat d’Europe de football 2000 : au stade Ullevaal d’Oslo, la Norvège et l’Albanie ont fait match nul deux à deux (Rekdal et H. Berg pour les Norvégiens, Bushi et Tare pour les Albanais), devant 17 770 spectateurs. C’était la première fois que ces deux sélections se rencontraient.
mercredi 18 novembre
Eliminatoires de l’Euro de football 2000 : au stade Qemal Stafa de Tirana, l’Albanie et la Grèce ont fait match nul zéro à zéro, devant 18 670 spectateurs.
dimanche 22 novembre
Référendum pour donner à l’Albanie sa première Constitution postcommuniste. Consigne de boycottage donnée par l’ex-président Sali Berisha. Le taux de participation a tout de même atteint 50 %.
lundi 23 novembre
Sali Berisha a appelé les habitants de Tirana à manifester contre « la mafia du pouvoir qui manipule honteusement les résultats de ce scrutin » (le référendum de la veille).
vendredi 27 novembre
Tirana a publié les résultats officiels du référendum constitutionnel : le « oui » l’a emporté, avec 93,5 % des voix, et la participation s’est élevé à 50,57 %. Ce résultat est contesté par le Parti démocratique (PD) de Sali Berisha, pour lequel la participation n’a pas dépassé 39,6 %. Le vice-président de la commission électorale centrale, Pellumb Cela (PD), a refusé de signer le procès-verbal de ces résultats, accusant les socialistes de fraude électorale.
lundi 28 décembre
Le Parlement albanais a adopté, à l’unanimité (l’opposition était cependant absente), une demande d’intervention de l’OTAN au Kosovo, où la guerre a repris depuis quatre jours.
1999
mardi 5 janvier
Les autorités de Tirana et l’UCK, l’armée de libération du Kosovo, sont convenues de « coordonner » leur action politique. Pour le ministre albanais des Affaires étrangères, la crise au Kosovo ne peut être résolue que par la diplomatie. Il y faut, a-t-il ajouté, une « action décidée de la communauté internationale, OTAN comprise ».
dimanche 17 janvier
Alors que 45 civils albanais du Kosovo auraient été exécutés deux jours auparavant dans la bourgade de Racak par les forces serbes, l’Albanie a réclamé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour une « intervention sur le terrain ». L’armée albanaise a renforcé « ses capacités dans tout le pays ». L’ancien président albanais Sali Berisha a appelé ses compatriotes à « se préparer à faire la guerre pour la liberté ou la mort » contre les « barbares serbes ».
jeudi 28 janvier
Le gouvernement albanais a décidé de renforcer les contrôles à sa frontière nord, « afin de défendre l’intégrité de l’Albanie en cas d’aggravation du conflit entre Serbes et Kosovars ».
mercredi 10 février
Match amical de football : à Tirana, l’Albanie a battu la Macédoine deux buts à zéro.
nuit du mercredi 24 au jeudi 25 mars
En représailles au refus de Milosevic d’accepter l’accord de paix sur le Kosovo, les forces de l’OTAN ont entamé une offensive aérienne sur les forces militaires yougoslaves. Un village d’Albanie, Vicidol, aurait subi des tirs de mortiers venus du Kosovo.
jeudi 25 mars
Le commandant suprême de l’OTAN en Europe, le général américain Wesley Clark, a accusé les Serbes d’avoir attaqué des villages en Albanie.
samedi 27 mars
Selon plusieurs ministres occidentaux, les Serbes se livrent réellement à un génocide au Kosovo. 244 Kosovars se sont réfugiés en Albanie.
dimanche 28 mars
Selon les autorités de Tirana et les responsables du HCR, 50 000 Kosovars ont déjà été repoussés, sous la contrainte serbe, vers la frontière albanaise. « Un nettoyage ethnique est en cours », affirme le président Rexhep Meidani, qui réclame un déploiement des troupes de l’OTAN au Kosovo.
lundi 29 mars
Alors que l’Albanie a déjà accueilli 70 000 Kosovars, 100 000 autres se pressent à la frontière, où ils passent au rythme de 4 000 par heure. Le gros des réfugiés se trouve à Kukes.
vendredi 2 avril
L’Albanie n’arrive plus à contrôler la masse de réfugiés du Kosovo. 130 000 sont déjà arrivés depuis le début des frappes de l’OTAN, et une nouvelle vague est attendue. Tirana est, elle-même, envahie par des hordes de réfugiés.
samedi 3 avril
Parallèlement à ses frappes, l’Organisation occidentale va mettre en place des opérations d’aide aux réfugiés en Albanie et en Macédoine.
dimanche 4 avril
Selon un nouveau décompte, au moins 350 000 personnes ont fui le Kosovo depuis le 24 mars, dont 204 000 en Albanie et 155 000 en Macédoine. L’OTAN a décidé d’organiser le départ de 100 000 réfugiés kosovars vers les pays occidentaux.
mercredi 7 avril
Les Serbes ont fermé, tôt, dans la matinée la frontière avec l’Albanie. Les derniers déportés ont fait état de dizaines de milliers de personnes attendant de passer la frontière. L’Union européenne a signé un chèque de 1,6 milliard de francs d’aide humanitaire.
vendredi 9 avril
L’armée yougoslave a accusé l’Albanie d’une « tentative d’agression » : une « attaque d’artillerie » contre ses gardes-frontières, avec une « tentative d’incursion (au Kosovo) d’un important groupe terroriste armé » depuis l’Albanie. Des obus de mortier sont tombés, dans la matinée, du côté albanais. On a aussi tiré à l’arme légère dans le secteur.
dimanche 11 avril
Le Conseil permanent de l’OTAN a approuvé l’envoi en Albanie de 8 000 militaires chargés d’une mission humanitaire. Tirana, qui s’est dit « prêt à accepter d’autres troupes au sol de l’OTAN », a donné à l’Alliance « le droit de contrôler tout l’espace aérien, les ports et les infrastructures » du pays.
mardi 13 avril
Les forces yougoslaves auraient, pour la première fois, fait une incursion en Albanie, occupant le village de Kameniça une partie de la journée, faisant deux victimes, et alors que l’OTAN a commencé l’installation en Albanie des 8 000 hommes de l’opération « Havre allié » destiné à sécuriser les réfugiés et les humanitaires. Les Serbes ont repris leurs expulsions de population : quelques milliers de Kosovars sont arrivés en Albanie, Monténégro et Macédoine depuis deux jours.
mercredi 14 avril
L’armée yougoslave a tiré deux obus sur un village albanais proche de la frontière, Vlahem.
jeudi 15 avril
La frontière entre l’Albanie et le Kosovo est devenue le théâtre quotidien d’accrochages entre unités serbes ou yougoslaves et les éléments de l’UCK. Des obus de mortier sont tombés près du poste frontière de Morina. Des échanges de tir entre soldats serbes et gardes-frontières albanais ont également eu lieu à Debruna. Deux autres villages, Kolded et Derzhngev, proches de la ville de Tropoja, ont été touchés par des tirs à l’arme lourde. La peur chasse la population de cette région, dont l’UCK a fait peu à peu sa base arrière. Les autorités de Tirana ont annoncé le renforcement de leur présence militaire sur la frontière. Le ministre albanais des Affaires étrangères, Paskal Milo, estime que « l’élargissement du conflit est une tactique de Milosevic ». Le déploiement sur le sol albanais des premiers hélicoptères américains Apache a commencé.
samedi 17 avril
Le ministre albanais des Affaires étrangères a accusé Milosevic d’avoir « franchi une nouvelle étape du plan serbe de nettoyage ethnique » e, précipitant un nouveau flot de 100 000 réfugiés kosovars vers l’Albanie. Après les villages, les Serbes vident des villes entières.
dimanche 18 avril
Belgrade a rompu toute relation diplomatique avec l’Albanie.
mercredi 21 avril
Les premiers hélicoptères de combat américains « Apache » sont arrivés en Albanie.
samedi 24 avril
Le Pentagone américain a annoncé un déploiement de chars, de véhicules blindés et de nouvelles pièces d’artillerie en Albanie.
lundi 26 avril
Les Emirats arabes unis vont financer la construction d’un aéroport à Kukes, dans le nord de l’Albanie. Cet équipement facilitera le transit de l’aide aux réfugiés du Kosovo. Il sera géré, « dans un premier temps », par les forces armées émiraties agissant « conformément aux directives du gouvernement albanais ».
mercredi 28 avril
Eliminatoire de l’Euro de football 2000 : au stade Dauvava de Riga, la Lettonie et l’Albanie ont fait match nul zéro à zéro, devant 2 700 spectateurs.
samedi 1er mai
Entrée en vigueur de la Déclaration d’Istanbul, signée en 1992, qui crée l’Organisation de coopération économique de la mer Noire (OCEMN). Elle compte onze pays membres fondateurs : l’Albanie, la Bulgarie, la Grèce, la Roumanie, la Turquie et six Etats issus de l’ex-URSS (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, Moldavie, Russie et Ukraine).
samedi 8 mai
Plus de 8 000 réfugiés kosovars sont arrivés en Albanie.
dimanche 9 mai
5 000 réfugiés kosovars ont encore afflué dans le nord de l’Albanie. En Macédoine, le flot s’est tari depuis la fermeture de la frontière par les autorités locales.
lundi 10 mai
A Genève, le HCR a fait une nouvelle fois ses comptes : la moitié de la population albanaise du Kosovo a été contrainte à l’exil. Il y a désormais 900 000 Kosovars réfugiés hors des frontières de la province serbe. Par ailleurs, les premiers transferts de réfugiés de Macédoine (une centaine à peine, faute de volontaires) vers l’Albanie ont eu lieu.
dimanche 16 mai
Le président Mejdani a affirmé que, désormais, si l’armée yougoslave pénétrait en Albanie, les forces albanaises riposteraient « violemment » car elles disposent dans le nord « de commandos et d’unités spéciales ainsi que de chars et d’équipements lourds ». Jusqu’à présent, l’armée albanaise n’avait pas répondu aux provocations, uniquement pour ne pas faire le jeu de Milosevic.
mercredi 26 mai
Les rebelles kosovars ont lancé une grande offensive, avec le soutien de l’artillerie de l’armée albanaise, pour ouvrir une voie de ravitaillement dans la province. Des combats au sol se sont déroulés, dans la matinée, de l’autre côté du poste frontière albanais de Morina.
samedi 5 juin
Alors que les premières discussions de paix ont commencé entre les autorités yougoslaves et celles de l’OTAN, les Serbes ont tiré des obus sur des villages du nord de l’Albanie, où, dans la matinée, 300 combattants de l’UCK sont montés renforcer la ligne de front.
Qualifications pour l’Euro de football 2000 : au stade Qemal Stafa de Tirana, l’Albanie a été battue par la Norvège deux buts (Iversen et Flo) à un (Tare), devant 5 000 spectateurs.
nuit du samedi 5 au dimanche 6 juin
Une pluie d’obus serbes s’est abattue sur la petite ville albanaise de Kruma et sur ses environs, une région sanctuaire de l’UCK.
mercredi 9 juin
Eliminatoires du championnat d’Europe de football 2000 : au stade Qemal Stafa de Tirana, l’Albanie a été battue par la Slovénie un but (Zahovič sur pénalty) à zéro, devant 8 000 spectateurs. C’était la première fois que ces deux équipes se rencontraient.
jeudi 10 juin
Après 79 jours et nuits de bombardement, l’OTAN a suspendu, vers 15 h 20, ses frappes aériennes contre la Yougoslavie, qui a accepté son retrait du Kosovo. A Cologne, 40 pays - ceux du G8, ceux de l’Union européenne et ceux du sud-est européen - ont signé le Pacte de stabilité pour les Balkans, sorte de plan Marshall pour la reconstruction de toute cette région allant de la Slovénie à la Turquie.
vendredi 18 juin
Les camps de réfugiés installés en Albanie commencent à se vider. De nombreux Kosovars commencent à rentrer chez eux, d’où les forces serbes se retirent.
mardi 22 juin
Les camps de réfugiés de Kukes sont pratiquement vides.
vendredi 30 juillet
Le Premier ministre albanais Pandeli Majko a assisté à Sarajevo au sommet international pour la reconstruction des Balkans.
mercredi 18 août
Eliminatoires de l’Euro de football 2000 : au stade Bežigrad de Ljubljana, la Slovénie a battu l’Albanie deux buts (Zahovič et Osterc) à zéro, devant 6 900 spectateurs.
samedi 4 septembre
Qualifications pour le championnat d’Europe de football 2000 : au stade Qemal Stafa de Tirana, l’Albanie et la Lettonie ont fait match nul trois à trois (Bushi 2, Mukaj pour les Albanais ; Astafjevs 2, Štolcers pour les Lettons), devant 4 000 spectateurs.
lundi 4 octobre
Fatos Nano, l’ex-Premier ministre socialiste, qui a purgé plusieurs années de prison pour « corruption et détournement de fonds », a été blanchi par le tribunal de Tirana. Selon le président du tribunal, une nouvelle enquête a démontré l’innocence de l’accusé, bénéficiaire de l’amnistie générale de mars 1997. Fatos Nano vient de présenter sa candidature à la présidence du Parti socialiste, contre l’actuel Premier ministre, Pandeli Majko.
mercredi 6 octobre
Qualifications pour le championnat d’Europe de football 2000 : au stade Spiros Louis d’Athènes, la Grèce a battu l’Albanie deux buts (Tsartas et Georgiadis) à zéro, devant 11 384 spectateurs.
samedi 9 octobre
Dernier match des éliminatoires pour l’Euro de football 2000 : au stade Qemal Stefa de Tirana, l’Albanie a battu la Géorgie deux buts (Rraklli et Kola) à un, (S. Arveladze), devant 650 spectateurs. Cinquièmes sur six du groupe 2, les Albanais ne disputeront pas la phase finale organisée par la Belgique et les Pays-Bas.
lundi 11 octobre
Fatos Nano a engagé son retour en politique en se faisant élire à la présidence du Parti socialiste (au pouvoir), contre l’actuel Premier ministre Pandeli Majko. Fatos Nano a maintenant l’intention d’exiger la démission du gouvernement. Déjà la tension monte, en raison des conflits ouvertes entre l’ancien Premier ministre et son ennemi déclaré, l’ancien chef de l’Etat Sali Berisha, aujourd’hui leader de l’opposition.
mardi 26 octobre
Le Premier ministre Pandeli Majko a présenté sa démission au chef de l’Etat, Rexhep Mejdani. Démission attendue après le congrès du PS où Fatos Nano avait repris les rênes du parti à M. Majko. Les deux hommes se détestent. Mais semblent d’accord sur le nom du futur chef du gouvernement : Ilir Meta, trente ans, actuel vice-Premier ministre.
jeudi 18 novembre
Ouverture à Istanbul du sommet réunissant les 55 membres de l’OSCE. Seule la Yougoslavie n’a pas été conviée. Après des débuts tumultueux, la Russie a accepté un compromis sur la Tchétchénie.
vendredi 19 novembre
Clôture du sommet d’Istanbul. Négocié depuis trois ans, un nouveau traité limitant les forces conventionnelles en Europe (CFE) a été signé. Il actualise le précédent, signé entre l’OTAN et le Pacte de Varsovie à la fin de la guerre froide. Ce nouvel accord, qui réduit globalement de 10 % les plafonds d’armement existants, renforce les règles de transparence en obligeant notamment les signataires à faire connaître les signataires à faire connaître aux autres les déploiements temporaires de leurs forces, en prévoyant des inspections et des missions d’observation.
vendredi 24 décembre
Le ministre albanais de l’Intérieur, Spartak Poci, a effectué une visite officielle de deux jours en Grèce pour y signer un protocole d’accord sur le renforcement des contrôles policiers à la frontière gréco-albanaise. Il a été la première victime de ces mesures puisque des appareils sophistiqués, mis en place par les Grecs en vue de leur entrée dans l’espace Schengen, le 1er janvier, ont donné l’alerte au passage de sa voiture. La Mercedes avait été volée en Italie il y a quelques mois et revendue en Albanie après maquillage. Elle a été saisie par les douaniers et le ministre, à l’issue de sa visite, est rentré à Tirana… en avion.