mercredi 1er janvier
Nouvelle tactique de l'opposition serbe : elle a organisé un concert de casseroles, de 19 h 30 à 20 heures pour couvrir le bulletin d'information de la télévision officielle.
jeudi 2 janvier
35 évêques de l'Eglise orthodoxe serbe se sont réunis à Belgrade, autour du patriarche Pavie, pour un Saint-Synode consacré à la crise politique qui secoue le pays depuis 45 jours. Les travaux, qui se sont déroulés à huis clos, ont donné lieu à un communiqué sans ambiguïté qui a été diffusé dans la soirée par les opposants, rassemblée une nouvelle fois dans le centre de la capitale. Ils étaient environ 50 000, et comme des policiers anti-émeute leur ont barré l'accès de la place de la République, ils ont mimé une « ronde des prisonniers », mains derrière la nuque dans une rue piétonne voisine. « Le Saint-Synode condamne le pouvoir qui a non seulement ignoré la volonté électorale du peuple, mais a aussi et avant tout foulé aux pieds notre glorieuse et douloureuse histoire, nos valeurs nationales et morales », écrivent les évêques serbes qui ont tous signé le texte. Ils accusent le pouvoir de Milosevic d'avoir « trahi les territoires occidentaux serbes (Serbes de Bosnie et de Croatie), conduit la nation et l'Etat à la faillite complète, le peuple jusqu'à la mendicité et brouillé les Serbes avec le monde entier ».
vendredi 3 janvier
Trop peu, trop tard. Le gouvernement serbe a reconnu la victoire de l'opposition, à Belgrade et dans trois villes de province, aux municipales du 17 novembre. Dans une lettre à l'OSCE, le chef de la diplomatie serbe, Milan Milutinovic, estime en effet que les dix autres municipalités litigieuses n'ont pas été remportées par l'opposition. L'OSCE ne se satisfait d'une telle réponse : elle exige l'application « rapide et complète » de ses recommandations. L'opposition, non plus, ne se satisfait pas de cette concession, qui a entraîné la colère des manifestants.
Le Parlement bosniaque a approuvé le nouveau gouvernement et ses deux co-Premier ministres, le Musulman Haris Silajdzic et le Serbe Boro Bosic. Bien que 42 membres de la chambre fussent présents, les deux scrutins permettant au gouvernement d'entrer en fonction n'ont enregistré que 37 voix et 1 abstention... Boro Bosic a présidé la première réunion du nouveau gouvernement à Lukavica, faubourg serbe de Sarajevo.
samedi 4 janvier
Belgrade et ses 2 millions d'habitants n'ont plus ni maire ni conseiller municipal, le mandat des 110 membres sortants de la municipalité ayant expiré. A Niš, l'opposition a menacé de recourir à la force après le 13 janvier, date du Nouvel An orthodoxe, si sa victoire n'est pas, d'ici là, définitivement reconnue par le régime.
dimanche 5 janvier
Les contestataires serbes ont été invités à paralyser la circulation dans le centre de Belgrade en ayant recours à tous les moyens de locomotion imaginables. Ils ont joué les escargots en voiture, à moto et à vélo, mais aussi sur des tracteurs et des bulldozers. Un tel blocus routier pourrait être étendu à toute la Serbie si les résultats électoraux du 17 novembre ne sont définitivement reconnus par le pouvoir « dans les trois ou quatre jours », a menacé Vuk Draskovic. Accusés de « gêner la circulation » et interdits de centre ville par des cordons de police, les manifestants ont transformé les rues piétonnes avoisinantes en cours de prison en tournant à la queue leu leu comme des détenus, les mains derrière la nuque. Les leaders de l'opposition ont également annoncé leur intention d'appeler à la « désobéissance civile », notamment en cessant de payer les notes d'électricité et la redevance pour la télévision. Le secrétaire d'Etat américain Warren Christopher a adressé un message à Milosevic lui signifiant que l'isolement de Belgrade ira croissant si les résultats des élections municipales du 17 novembre ne sont pas reconnus en Serbie.
lundi 6 janvier
L'opposition serbe se veut optimiste. Invités aux Etats-Unis à assister aux cérémonies d'inauguration du nouveau mandat du président Clinton, les responsables de la coalition Ensemble et le leader des étudiants contestataires estiment que Milosevic ne pourra plus longtemps refuser de leur restituer la victoire électorale qu'il leur a volée. Optimistes, les étudiants l'étaient aussi, après avoir reçu du chef d'état-major de l'armée yougoslave, le général Momcilo Perisic, l'assurance que l'armée n'interviendrait pas contre les manifestants, contrairement à ce qui s'était passé en 1991. Le ministre de l'Intérieur, Zoran Sokolovic, a été nettement moins rassurant sur l'attitude future de la police, mais la coalition Ensemble a décidé de porter plainte contre lui pour les « actions de matraquage » du 26 décembre qui ont fait plusieurs blessés. Les étudiants l'ont informé de leur intention de « radicaliser » leur mouvement à partir du 9 janvier. Bravant une fois de plus l'interdiction de manifester, les opposants se sont rendus en procession jusqu'à la cathédrale pour la veillée de Noël orthodoxe. Dans la soirée, un engin a explosé devant le siège de la Gauche yougoslave, parti que dirige l'épouse de Milosevic. Il n'y a eu que des dégâts matériels.
mardi 7 janvier
La Cour suprême de Serbie a reconnu la victoire de l'opposition aux élections municipales de Lapovo. Neuf doyens de la faculté de Belgrade ont apporté leur soutien aux étudiants.
mercredi 8 janvier
Dans la soirée, au 51e jour de manifestation à Belgrade, dans un communiqué diffusé par la télévision publique, le ministère de l'Intérieur a reconnu la victoire de l'opposition à Niš. C'est là une importante concession de Belgrade.
jeudi 9 janvier
Les étudiants contestataires, qui soutiennent l'opposition serbe dans son combat contre Milosevic, ont un objectif immédiat : contraindre les policiers qui, depuis deux semaines, empêchent leurs marches de protestation dans le centre de Belgrade, à se retirer. Trois groupes de plusieurs milliers d'étudiants sont organisés pour se relayer nuit et jour face aux cordons de policiers anti-émeutes et leur lire à voix haute les œuvres d'Aristote.
samedi 11 janvier
Au moment où les Etats-Unis annonçaient le gel de leurs relations officielles et commerciales (déjà fort réduites) avec Belgrade, le pouvoir serbe a promis une révision des résultats litigieux « dans les plus brefs délais » et la punition des responsables des fraudes. L'opposition considère cette initiative comme de la « poudre aux yeux » et poursuit ses manifestations quotidiennes.
Alija Izetbegovic et Kresimir Zubak, les membres musulman et croate de la présidence bosniaque, ont signé un accord qui marque une nouvelle étape vers la création d'une armée commune de la Fédération croato-musulmane. Cet « accord structurel » engage formellement l'armée de Bosnie-Herzégovine (musulmane) et le Conseil de défense croate (HVO) à devenir une force commune.
dimanche 12 janvier
La Grèce, l'un des rares pays à avoir conservé de bonnes relations avec la Serbie tout au long de la guerre dans l'ex-Yougoslavie, intervient à son tour pour tenter de ramener Slobodan Milosevic à la raison démocratique. Theodoros Pangalos, le ministre des Affaires étrangères, est arrivé à Belgrade afin de rencontrer aussi bien les dirigeants de l'opposition serbe que Slobodan Milosevic, le patriarche Pavle ou le ministre yougoslave des Affaires étrangères.
lundi 13 janvier
Dans la soirée, l'opposition serbe a réuni 300 000 personnes (un record) dans le centre de Belgrade pour fêter le nouvel an orthodoxe.
mardi 14 janvier
La commission électorale de Belgrade est revenue sur ses précédentes décisions. Elle a restitué à l'opposition les sièges que le pouvoir lui avait confisqués (60 sur 110). Même revirement à Niš où l'opposition se voir reconnaître 41 sièges sur 80. Reste que l'opposition revendique la victoire dans 14 villes et que le pouvoir ne lui en reconnaît que 7. Vuk Draskovic a donc mis en garde contre tout excès d'optimisme. D'ores et déjà, pourtant, Zoran Djindjic, président du Parti démocrate, a été pressenti pour le poste de maire de Belgrade, en remplacement du socialiste Nebojsa Covic, qui s'est d'ailleurs déclaré solidaire des étudiants contestataires. Mais la victoire électorale, pour Ensemble, n'est pas tout. La coalition a rappelé qu'elle entend ouvrir avec le pouvoir un dialogue « sur les conditions nécessaires à une vie démocratique en Serbie ». Cette démocratisation passe notamment par la libéralisation des médias.
Les 18 000 personnes portées disparues pendant la guerre en Bosnie sont « vraisemblablement mortes ». C'est la conviction du président du CICR, Cornelius Sommaruga.
mercredi 15 janvier
L'engagement de Milosevic à reconnaître la victoire électorale de l'opposition à Belgrade et à Niš n'a pas démobilisé les manifestants. Rien ne leur semble acquis : le tribunal a confirmé l'annulation de leur victoire à Smerederevska Palanka. Le gouvernement confirme à son poste le recteur de l'université de Belgrade, vivement contesté. Et trois responsables socialistes, dont le maire et le chef du SPS de la capitale, qui s'étaient montrés conciliants avec l'opposition, ont été exclus.
jeudi 16 janvier
Alors que la contestation dure depuis deux mois en Serbie, le Conseil suprême de défense presse Milosevic de hâter la résolution de la crise qui n'a que trop affecté « la position internationale de la République fédérale de Yougoslavie ». Pourtant, un « dur » a été nommé à la tête du SPS à Belgrade, Dragan Tomic. L'OSCE, avec l'appui des Etats-Unis, a adressé un nouvel avertissement à Milosevic tandis que le Parlement européen demandait aux Etats de l'Union européenne de geler leurs relations économiques avec Belgrade.
Dans la matinée, le recteur de l'université de Pristina, au Kosovo, a été blessé dans l'explosion d'une voiture piégée.
Dans la soirée, Nikola Koljevic, ancien vice-président de l'entité serbe de Bosnie, s'est tiré une balle dans la tête dans son bureau de Pale. Il a été évacué en urgence vers Belgrade, à bord d'un hélicoptère de l'OTAN. On ignore les raisons de son geste.
vendredi 17 janvier
Pour la 60e journée consécutive, quelque 30 000 manifestants, munis de leurs sifflets maintenant traditionnels, sont descendus dans les rues de Belgrade. Mais le président serbe ne manifeste toujours aucune intention de céder. Tout au plus un tribunal de Niš a-t-il définitivement reconnu la victoire de l'opposition, en rejetant la plainte déposée par le parti de Milosevic. Les étudiants, qui manifestent à part, ont apporté une nouvelle preuve de leur humour et du sens de la provocation qui les caractérise : ils ont défilé en compagnie d'une trentaine de chiens, de poissons rouges, d'un hamster et d'une jument.
Les trois communautés de Bosnie ont été sommées par les forces de l'OTAN de déclarer et de cantonner tout leur armement avant le 14 mars à minuit. L'ultimatum est assorti d'une menace : « Si ces obligations ne sont pas respectées, nous agirons en conséquence ».
dimanche 19 janvier
L'opposition serbe accuse le président Milosevic de préparer une guerre civile en fomentant des troubles au Kosovo. Au cours des dix derniers jours, trois Albanais réputés proches de Belgrade ont été tués dans des attentats dont deux ont été revendiqués par une mystérieuse organisation qui prétend avoir « liquidé » des collaborateurs. Pour l'opposition, ces attentats seraient orchestrés par Belgrade pour ressouder les Serbes autour de leur président, comme cela a été le cas dans le passé, au moment de l'éclatement de la fédération yougoslave. A Belgrade, 10 000 manifestants ont fait descendre dans les rues des centaines de chiens.
lundi 20 janvier
Milosevic ne désarme pas : le tribunal de Belgrade a suspendu la reconnaissance de l'opposition aux élections municipales dans la capitale par la commission électorale. Ceci après une plainte du SPS. Le dossier a été transmis à la Cour suprême. Celle-ci a d'ailleurs rejeté les plaintes de l'opposition concernant les résultats à Sabac : le SPS y restera majoritaire. Dans la soirée, les manifestants ont été matraqués en plein centre-ville par la police.
Les Serbes de Bosnie ont tiré dans la soirée à l'arme automatique sur la ville croate de Slavonski Brod, frontalière avec la Bosnie. C'est le premier incident de ce genre depuis les accords de Dayton. Les tirs étaient dirigés sur la promenade principale de la ville, séparée de la Bosnie par la rivière Save.
A Pristina, l'Armée de libération du Kosovo (UCK), organisation albanaise clandestine, a revendiqué l'attentat à la voiture piégé du 16 janvier qui avait blessé le recteur de l'université. De son côté, la France est favorable à « l'octroi au Kosovo d'un large degré d'autonomie dans le cadre des frontières internationalement reconnues de la République fédérale de Yougoslavie ».
nuit du lundi 20 au mardi 21 janvier
Pour la première fois depuis le début des manifestations, les matraques de la police belgradoise ont frappé les étudiants. Plusieurs personnes ont été blessées dont une grièvement.
mardi 21 janvier
La Cour suprême de Serbie a infligé un nouveau revers à l'opposition en la privant d'une de ses victoires électorales à Smederevska Palenka. La municipalité de Belgrade, selon un « haut responsable » du SPS, s'apprêterait à placer la municipalité sous administration provisoire avant d'organiser un nouveau scrutin dans la capitale.
Les Serbes de Bosnie ont entrepris le procès d'Alija Izetbegovic, président de la direction collégiale bosniaque et chef de l'Etat. Il est accusé de « crimes de guerre », et notamment d'avoir organisé la torture et l'assassinat de prisonniers de guerre, d'avoir attaqué des hôpitaux et détruit des lieux de culte orthodoxes, en sa qualité de chef de l'armée musulmane pendant la guerre qui a déchiré la Bosnie, entre le 1er mai 1992 et le 14 décembre 1995. Le procès s'est ouvert devant la cour d'assise de Banja Luka. Un procès à l'image de la situation en Bosnie : ambigu. Et on parle, sans rire, tous les jours, à Pale, comme à Sarajevo, de « réconciliation ».
mercredi 22 janvier
En Bosnie, à Gajevi, 36 familles musulmanes devaient regagner leur village. Mais les « forces spéciales » de Pale se sont empressées de miner les voies d'accès et le HCR a tourné les talons, car le contingent russe de l'Otan stationné dans la région avait reçu l'ordre de ne pas toucher aux mines.
jeudi 23 janvier
Au moins sept personnes ont été blessées lorsque la police serbe a matraqué des manifestants qui bloquaient l'entrée de Kragujevac (au sud de Belgrade) avec leurs voitures, à l'initiative de la nouvelle municipalité contrôlée par la coalition Ensemble. Les affrontements ont eu lieu autour de la radiotélévision, prise d'assaut par les partisans de Milosevic (200 policiers). Selon le responsable de la coalition d'opposition, Boban Stefanovic, nommé à la tête de la radio-télévision, trois personnes ont été arrêtées, dont un député d’Ensemble au parlement fédéral, Zoran Simonovic, qui a été blessé.
L'ONU a officiellement rejeté les arguments avancés par les responsables de l'entité serbe de Bosnie pour refuser de livrer au tribunal de La Haye Radovan Karadzic et Ratko Mladic. L'ONU réitère sa demande et insiste : « La coopération inconditionnelle avec le tribunal international est impérative ».
Il a fallu la protection des soldats américains de l'OTAN pour permettre le retour d'anciens habitants musulmans de Gajevi, au nombre d'une dizaine, dans leur village en zone serbe.
vendredi 24 janvier
Les forces anti-émeutes serbes ont quitté le bâtiment de la radiotélévision de Kragujevac, après un compromis : la radio d'Etat laissera travailler le nouveau directeur nommé par la municipalité (opposition). Mais les émissions sont suspendues en attendant que la justice désigne qui contrôle le média, la municipalité ou l'Etat. D'autres matraquages se sont produits à Kragujevac et à Kraljevo alors que l'opposition tentait de bloquer des routes. Brutalités policières aussi à Novi Beograd, ville jumelle de la capitale serbe.
samedi 25 janvier
Malgré les assurances données à la radio par le porte-parole du Parti socialiste (« plus de violences policières contre les manifestants »), la police serbe a de nouveau matraqué les manifestants, dans la soirée, qui apportaient leur soutien aux étudiants.
dimanche 26 janvier
Dans la matinée, tournant symboliquement le dos aux policiers, les étudiants ont observé trois minutes de silence en hommage aux trois blessés de la veille. Au fil des jours, la portion de rue qu'ils occupent est devenue le point de rendez-vous des dizaines de milliers d'opposants qui soutiennent leur mouvement débonnaire, mais résolu. Des officiers sont même venus dire publiquement aujourd'hui qu'ils approuvaient leur mouvement. Le leader de l'opposition, Vuk Draskovic a suggéré quelques idées aux 20 000 manifestants venus l'écouter dans le centre de la capitale : déguisés avec des masques de Milosevic, ils pourraient bientôt « commencer à renverser les poubelles, bloquer les rues et les places... »
Des manifestants serbes bosniaques ont attaqué des réfugiés musulmans dans un village en zone serbe, Gajevi. L'un des réfugiés, qui étaient rentrés sous la protection américaine le 23 janvier, a été blessé et les maisons en reconstruction ont été détruites. Le HCR estime que ces incidents « alarmants » remettent en question « la totalité du programme de retour des réfugiés ».
lundi 27 janvier
100 000 personnes dans les rues de Belgrade à l'occasion de la procession de la Saint-Sava (patron des écoliers et des étudiants) n'ont pas empêché un tribunal de Belgrade d'annuler la victoire de l'opposition dans la capitale et à Vrsac (est). L'église a ensuite accusé le régime de vouloir « semer la discorde » et conserver le pouvoir même au prix d'une effusion de sang. La police qui avait chargé les manifestants ce week-end, faisant au moins une vingtaine de blessés, a laissé passer la procession dans toute la ville. Un responsable russe, Igor Ivanov, qui a entrepris une médiation pour résoudre la crise entre le pouvoir et l'opposition serbe a été reçu par les leaders de l'opposition.
mardi 28 janvier
Le président serbe Slobodan Milosevic a reçu en début d'après-midi à Belgrade le Russe Ivanov.
jeudi 30 janvier
Le président de la République fédérale de Yougoslavie a publiquement déclaré, lors d'une rencontre avec des officiers au Monténégro, que la victoire de l'opposition aux élections municipales en Serbie « doit être reconnue », conformément à « la volonté des citoyens » traduites dans les urnes. Pour autant, le président considère que les conclusions de l'OSCE ne doivent pas forcément servir de base au « compromis » entre pouvoir et opposition serbes et que l'opposition doit limiter ses revendications.
dimanche 2 février
Radovan Karadzic, l'ex-leader des Serbes de Bosnie, menace de « reprendre la guerre » en Bosnie si la ville de Brcko n'est pas cédée aux Serbes. L'accord de Dayton prévoit un arbitrage international sur le « corridor de Brcko », qui permettrait la continuité territoriale des zones sous contrôle serbe. L'ancien leader serbe affirme dans un quotidien grec : « On ne peut pas parler d'accord de paix au sujet de Dayton, puisqu'il n'est pas fondé sur la justice. C'est un simple cessez-le-feu ».
Dans la soirée, la police anti-émeute serbe est sortie de son immobilisme pour charger les opposants venus réclamer une fois de plus la reconnaissance de leurs victoires électorales. Intervention brutale, à la matraque, aux grenades lacrymogènes et au canon à eau jusqu'à la dispersion complète des manifestants : au moins 80 personnes ont été blessées (dont une femme de 64 ans qui a eu un bras fracturé, et un jeune homme le nez et une main cassés). Pour sa part, Vesna Pesic, la « pasionaria » de la coalition d'opposition Ensemble, compte ses hématomes, elle a été passée à tabac. Quant à Vuk Draskovic, il jure ses grands dieux qu'on a tiré sur sa voiture « sans aucun doute en application du scénario de mon assassinat commandé par Mirka Markovic » (la femme de Slobodan Milosevic).
En une semaine, la police serbe a arrêté une centaine d'Albanais du Kosovo soupçonnés de « menées subversives » dans cette province yougoslave. L'opposition au régime de Slobodan Milosevic affirme qu'il s'agit là de la plus importante vague d'arrestations depuis deux ans au Kosovo.
lundi 3 février
L'épreuve de force est engagée en Serbie : l'opposition à Milosevic a appelé les Serbes à la désobéissance civile et l'armée à sortir de sa neutralité pour mettre fin aux violences policières sans précédent depuis le début de la crise. Dans l'après-midi, plus de 60 000 manifestants ont marché vers le centre de Belgrade, déjà embouteillé par une grève des taxis, lorsque la police a chargé. Et, cette fois, les manifestants ont été nombreux à répondre aux grenades lacrymogènes avec des lancers de pierres, en dépit des appels à la modération de leurs leaders. Mais, après deux heures d'affrontements, ils ont dû décrocher. Bilan : 7 blessés et 18 arrestations. La France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie, la République tchèque, l'Autriche, la Hongrie et la Grèce, ont vivement condamné l'intervention musclée de la police. La France, en particulier, invite à Paris les trois leaders de l'opposition, Vuk Draskovic, Zoran Djindjic et Vesna Plasic, une « invitation » qui « vaut reconnaissance ». En signe de protestations, 3 000 enseignants serbes ont cessé toute activité.
L'arrestation de Radovan Karadzic devient urgente après son appel à la reprise de la guerre pour la ville de Brcko, a affirmé le Haut représentant civil en Bosnie, Carl Bildt. Les autorités serbes de Bosnie ont démenti que leur ex-dirigeant ait tenu de tels propos. Ils prétendent que cette interview est fausse.
mardi 4 février
Après deux jours de répression dans les rues de Belgrade, Slobodan Milosevic a effectué une apparente volte-face. Dans une lettre à son Premier ministre, Mirko Marjanovic, le président serbe a demandé que soit soumis au Parlement « un projet de loi spéciale » entérinant les résultats des élections municipales de novembre 1996 « conformément aux conclusions » de l'OSCE. Ce projet devrait être présenté le 12 février au Parlement. Méfiante, l'opposition invite les Belgradois à continuer à manifester. Devant 50 000 personnes, Zoran Djindjic a estimé que ce « premier pas » restait « insuffisant ».
mercredi 5 février
L'opposition a encore rassemblé environ 50 000 de ses sympathisants dans le centre de Belgrade. Les leaders doutent de la parole de Milosevic. D'autant qu'un magistrat de la Cour constitutionnelle affirme que le Parlement n'a pas le pouvoir de valider des élections. De plus, la décision du président serbe répond aux demandes de l'OSCE et non de l'opposition.
jeudi 6 février
Les trois leaders de l'opposition serbe, Vuk Draskovic, Zoran Djindjic et Vesna Pesic, ont été reçu en France par le ministre des Affaires étrangères, Hervé de Charette. Draskovic a déclaré que si Milosevic tenait parole, l'opposition serbe mettrait fin dès le 11 février à deux mois et demi de manifestations quotidiennes.
Le gouvernement central de Bosnie-Herzégovine devrait présenter sa démission si aucun accord n'est trouvé sur les règles de travail.
vendredi 7 février
Le Parlement de l'entité serbe de Bosnie refuse de transférer le gouvernement de la Republika Srpska à Banja Luka, la plus grande ville serbe de Bosnie. C'est l'opposition qui exige le transfert de la « capitale » vers cette ville dont l'infrastructure est nettement plus développée que celle de Pale.
Coupe de football Carlsberg : à Hong Kong, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) et la Russie ont fait match nul un à un.
lundi 10 février
Les socialistes, au pouvoir en Serbie, ont rejeté un des amendements du projet de loi sur la validation des résultats des élections municipales : la reconnaissance de la victoire de l'opposition dans deux mairies d'arrondissement de Belgrade (Novi Beograd et Mladenovac). A Belgrade, plus de 20 000 personnes se sont de nouveau rassemblées dans le centre-ville.
Coupe Carlsberg de football : à domicile, Hong Kong a été battue par la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) trois buts à un.
mardi 11 février
Le projet de loi « proclamant définitifs les résultats provisoires » des élections municipales serbes du 17 novembre a été soumis dans la soirée au Parlement, qui, boycottée par l'opposition, a cautionné le revirement apparent de Milosevic. Auparavant, il a exclu de ses rangs le maire sortant de Belgrade, Nebojsa Covic (déjà chassé du parti au pouvoir), qui a manifesté son intention de porter plainte. Les parlementaires ont aussi pris le temps de remanier le gouvernement. Dans la soirée, une 84e manifestation consécutive a eu lieu dans les rues de Belgrade, à l'appel de la coalition Ensemble.
mercredi 12 février
Plus de 20 000 Serbes, étudiants, enseignants en grève et dirigeants syndicaux ont encore manifesté dans les rues de Belgrade, dans une « atmosphère très tendue », pour signifier au pouvoir qu'il n'en avait pas fini avec eux et que leur combat continue à côté de celui de l'opposition, car « les gens ne se contentent pas de miettes ». Draskovic et Djindjic n'ont pas manqué de relever que la loi votée la veille brille par son imprécision.
jeudi 13 février
Situation explosive en Bosnie : 14 mois après l'accord de Dayton, la Cour arbitrale internationale, présidée par un Américain, a décidé d'abandonner Brcko aux Serbes. Les musulmans, se sentant « trahis », menacent de reprendre eux-mêmes la ville. Les Américains ont aussi décidé de placer Brcko sous l'autorité temporaire d'un « superviseur » américain chargé de veiller au retour des musulmans et des Croates chassés de la ville en 1992. Toutes les unités de la Sfor, essentiellement américaine dans cette région, sont en état de « préalerte ». Les Serbes affirment avoir reçu de Washington l'assurance que leurs exigences seraient satisfaites. Et promettent de reprendre les hostilités si, changeant d'avis, les Américains rendaient Brcko aux Croato-Musulmans.
La commission électorale a officiellement validé la victoire de l'opposition serbe au conseil municipal de Belgrade. C'est la première validation officielle des 14 victoires électorales revendiquées.
vendredi 14 février
La Cour arbitrale internationale a décidé que Brcko resterait territoire serbe, en attendant une décision finale en mars 1998. Aucun des possibles candidats au contrôle de la ville n'est à l'heure actuelle « suffisamment stabilisé » pour que puisse être rendue la décision finale. Entre temps, la ville sera administrée par un superviseur américain. Des élections municipales « libres et honnêtes » seront organisées, sous contrôle international, probablement en même temps que celles prévues les 12 et 13 juillet dans l'ensemble de la Bosnie. Enfin, le port fluvial de Brcko sur la Save, frontière naturelle avec la Croatie, est placé sous l'autorité de la Régie des transports de Bosnie-Herzégovine. La décision de la commission n'a pas été bien reçue par les Musulmans et les Croates.
Les victoires de l'opposition serbe ont été validées par les commissions électorales dans 6 des 14 villes où la coalition Ensemble l'a emporté au scrutin du 14 novembre.
mercredi 19 février
La Yougoslavie (Serbie-Monténégro) et la Croatie développent leurs relations : le chef de la diplomatie croate, Mate Granic, a rencontré son homologue Milan Milutinevic et le président serbe Milosevic. Ils ont préparé 18 accords bilatéraux qui devraient être signés au cours des prochaines semaines.
Les responsables du Parti socialiste serbe (SPS) à Leskovac (sud) se sont rebellés contre la décision de la direction du SPS d'exclure le maire et de dissoudre son comité local. Gojko Velickovic est écarté pour « entorse à la discipline du parti ». Au cours d'une réunion « houleuse » avec le vice-président du SPS Nikola Sainovic, 39 responsables du parti ont menacé de démissionner si la décision de Belgrade était appliquée.
jeudi 20 février
Le Premier ministre monténégrin, Milo Djukanovic, a estimé que le président serbe Milosevic ne méritait plus « aucun poste politique » car il est « incapable de répondre aux défis » du monde moderne.
Vuk Draskovic, un des trois dirigeants de la coalition Ensemble, a menacé de boycotter la fête organisée le lendemain soir à Belgrade pour célébrer la victoire de l'opposition aux municipales de novembre. « Le SPO est pour une célébration modeste dont les principaux héros seraient les citoyens-manifestants qui ont défié la pluie, la neige, le froid et les matraques », déclare le parti de Draskovic.
vendredi 21 février
Zoran Djindjic, chef du Parti démocrate et l'un des trois leaders de la coalition Ensemble, a été élu maire de Belgrade par 68 voix sur les 110 que comptent le conseil municipal. Le nouveau maire s'est engagé à « moderniser l'administration municipale » et à « réformer les services publics », promettant de travailler « dans la transparence ». 100 000 personnes sont descendues dans les rues de Belgrade pour fêter la prise de contrôle de la municipalité par l'opposition.
mardi 25 février
La Croatie a remis à l'ONU une liste d'environ 170 noms de personnes « qui ont commis des crimes de guerre ou bien qui sont suspectées d'en avoir commis » en Slavonie orientale, région conquise par les Serbes en 1991 et qui doit revenir à la Croatie avant la fin de l'année. A Zagreb, on espère que la publication de cette liste rassurera les Serbes de cette région qui ne sont pas impliqués et qui craignent des représailles croates l'année prochaine.
Quelque 25 000 personnes sont toujours portées disparues dans l'ex-Yougoslavie (dont 20 000 en Bosnie), selon un rapport de l'ONU.
mercredi 26 février
L'opposition, majoritaire à Belgrade, vient de nommer une nouvelle équipe dirigeante à la télévision locale Studio-B, jusque-là contrôlée par les hommes de Milosevic. Tandis que dans la soirée, la télévision d'Etat a diffusé la première des émissions quotidiennes qu'elle a décidé de consacrer à tous les partis politiques du pays sans exclusive.
jeudi 27 février
Le Conseil de l'université de Belgrade a élu un « recteur par intérim »... aussitôt désavoué par le pouvoir, qui maintient à sa place Dragutin Velickovic.
vendredi 28 février
La République fédérale de Yougoslavie et la Republika Srpska ont signé à Belgrade un accord établissant entre elles des « liens spéciaux ».
samedi 1er mars
Les étudiants de Belgrade ont fêté leur centième jour de combat pour obtenir la destitution de leur bête noire : le recteur de l'Université, Dragutin Velickovic, considéré comme étant aux ordres du pouvoir et de Milosevic, ainsi que de tous ceux qui se sont rendu coupables de fraude électorale et des policiers qui ont passé des manifestants à tabac. Ils étaient 30 000 à défiler, dans la soirée, à défiler dans les rues de la capitale serbe. Ils ont réaffirmé qu'ils allaient poursuivre leurs manifestations quotidiennes. Ils ont reçu le soutien de plus des deux tiers des professeurs et de 28 des trente doyens de faculté.
lundi 3 mars
Les étudiants de Belgrade ont de nouveau manifesté dans les rues de la capitale serbe.
Malgré les mesures prises (couvre-feu, barrages et contrôles routiers, censure de la presse, fermeture des établissements scolaires, autorisation donnée aux forces de l'ordre de tirer sans sommation) par le gouvernement albanais pour tenter d'endiguer la violence venue du sud, l'Albanie est au bord de la guerre civile. La frontière yougoslave a été fermée.
mercredi 5 mars
Plusieurs dizaines d'étudiants serbes ont occupé le bâtiment du rectorat de l'Université de Belgrade, dans une nouvelle action visant à obtenir le limogeage du recteur. Les étudiants ont décidé d'occuper les locaux tant que celui-ci n'aura pas démissionné.
Trois personnes, des Serbes, ont été blessées par l'explosion d'une bombe placée dans une poubelle, à proximité immédiate de l'université de Pristina. C'est le troisième attentat enregistré dans la capitale du Kosovo depuis le début de l'année.
jeudi 6 mars
La coalition d'opposition serbe Ensemble propose maintenant une table ronde au pouvoir. Il s'agirait de réfléchir, à partir du 20 mars, aux « conditions pour des élections législatives et présidentielle démocratiques ».
Les étudiants de Belgrade ont décidé de reprendre les cours demain. Pour autant, ils ne renoncent pas à leurs manifestations quotidiennes. La grève reprendra dès le 10 mars, si le recteur n'a pas démissionné d'ici là.
mardi 11 mars
L'ONU a tranché : les élections municipales et régionales seront organisées en Slavonie orientale le 13 avril, comme dans le reste de le Croatie. C'est la dernière condition pour permettre le retour sous l'autorité de Zagreb de cette dernière région croate encore sous contrôle serbe. Les Serbes chassés d'autres régions de Croatie et qui se sont réfugiés en Slavonie auront le droit de voter.
mercredi 12 mars
Match amical de football : au stade Crvena Zvezda de Belgrade, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) et la Russie ont fait match nul zéro à zéro.
samedi 15 mars
Le Parlement de la Republika Srpska (RS) a ratifié par 61 voix sur 72 le « traité » établissant des « relations spéciales » entre l'entité serbe de Bosnie et Belgrade. Un vote acquis malgré l'opposition de la présidente de la RS, Biljana Plasic, qui le juge « nul et non avenu » et malgré l'avis défavorable du haut représentant civil européen en Bosnie, le Suédois Carl Bildt. Selon la constitution de Bosnie-Herzégovine, les accords de ce genre doivent recueillir l'approbation préalable du parlement central bosniaque, composé de Croates, de Serbes et de Musulmans.
mardi 18 mars
Président de la Fédération de Bosnie depuis trois ans, le Croate Kresimir Zubak (NHI) est remplacé par Vladimir Soljic (HDZ), Croate également.
jeudi 20 mars
Le Parlement yougoslave a opéré un profond remaniement du gouvernement de Radoje Kontic avec la nomination de 14 nouveaux ministres. Parmi eux, deux personnalités proches du président Milosevic. Zoran Sokolovic, son conseiller, devient ministre de l'Intérieur.
Le Parlement yougoslave a ratifié le traité établissant des « relations spéciales » entre Belgrade et la Republika Srpska.
vendredi 21 mars
L'accord établissant des relations spéciales entre Belgrade et les Serbes de Bosnie est une violation de l'accord de paix de Dayton, a affirmé Carl Bildt.
vendredi 28 mars
Il existe toujours des stocks d'armes chimiques dans les pays de l'ex-Yougoslavie. Ce sont autant de menaces pour la paix dans cette région, estime Human Rights Watch, une organisation non gouvernementale, dans un rapport distribué à Sarajevo. Sur les quatre centres de productions d'armes chimiques identifiés, trois se trouvent en Serbie et un près de Mostar, dans le sud de la Bosnie. Il semble que seul le gouvernement bosniaque ait arrêté la production de ces armes.
dimanche 30 mars
La jeune joueuse de tennis suisse Martina Hingis a remporté le tournoi de Miami en battant facilement en finale l’Américaine d’origine serbe Monica Seles en deux sets (6-2, 6-1).
mardi 1er avril
Le Conseil de sécurité des Nations unies a autorisé le déploiement des 186 policiers internationaux dans la zone sensible de Brcko, en Bosnie. Le Conseil estime, par ailleurs, qu'il importe de veiller à ce que les 1 700 policiers de l'ONU déjà déployés soient en mesure de s'acquitter de « toutes les tâches » qui leur ont été confiées, notamment en rapport avec le respect des droits de l'homme.
mercredi 2 avril
56 cadavres ont été exhumés du charnier de Bacin, en Croatie, où les travaux ont pris fin. Situé à 70 kilomètres au nord de Zagreb, ce charnier contenait des dépouilles de civils croates exécutés par les milices serbes ayant coupé la région en octobre 1991.
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Sparty na Letné de Prague, la République tchèque a été battue par la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) deux buts à un.
dimanche 6 avril
Les Serbes de Slavonie orientale ont été nombreux à participer au référendum pour le maintien de « l'intégrité » administrative de cette région de Croatie encore partiellement sous leur contrôle : 99,51 % pour le maintien de cette « intégrité ». Cette consultation, non autorisée par Zagreb, organisée à une semaine des élections locales, est destinée à marquer l'hostilité des Serbes au découpage administratif de la région opéré par les autorités croates, mais a été désapprouvé par l'administration de l'ONU pour cette région (Athuso).
nuit du jeudi 10 au vendredi 11 avril
Radovan Stojicic, vice-ministre de l'Intérieur et chef de la Sécurité publique serbe, a été assassiné en plein centre de Belgrade. Un homme masqué l'a abattu d'une rafale d'arme automatique dans un restaurant où il dînait avec son fils et un ami. Personnalité redoutée, autant par l'opposition que par ses hommes, à qui il imposait une discipline de fer, Stojicic, avait été promu général de police par Milosevic quatre mois après l'accord de Dayton mettant fin à la guerre de Bosnie.
samedi 12 avril
Le pape Jean-Paul II est arrivé à Sarajevo. Sa visite n'a pas soulevé que de l'enthousiasme : le membre serbe de la présidence collégiale de Bosnie-Herzégovine, Momcilo Krajisnik, a prétexté des raisons de sécurité personnelle pour ne pas accueillir le pape à l'aéroport avec ses deux collègues musulmans et croates.
mardi 15 avril
Ancien membre de la police serbe et président de la Chambre du commerce de Serbie, Vlajko Stojiljkovic (59 ans) a été élu ministre de l'Intérieur (et vice-Premier ministre) de Serbie par le Parlement de Belgrade. Il succède à Radovan Stojicic.
dimanche 20 avril
Il y a cinq ans que les habitants de Sarajevo ne pouvaient plus téléphoner sans passer par des opérateurs manuels. La poste bosniaque a rétabli les appels automatiques en direction de 174 pays. Les communications avec l'entité serbe de Bosnie restent toutefois inaccessibles en automatique.
mardi 22 avril
Alija Izetbegovic, membre (musulman) de la présidence collégiale bosniaque, a exigé des sanctions contre les Serbes et les Croates qu'il accuse de nombreuses violations de l'accord de paix de Dayton. Ces accusations figurent dans une lettre adressée à Carl Bildt, représentant de la communauté internationale, dont le porte-parole assure qu'il « partage totalement l'inquiétude du président Izetbegovic ». Le président bosniaque accuse également la Serbie et la Yougoslavie (Serbie et Monténégro) de ne pas réduire leurs armements, comme prévu à Dayton, et de poursuivre la purification ethnique.
jeudi 24 avril
Un tribunal de Zvornik (entité serbe de Bosnie) a condamné à 21 ans de prison trois des sept musulmans bosniaques accusés du meurtre de quatre bûcherons serbes.
vendredi 25 avril
Le président serbe, Slobodan Milosevic, a procédé à un sérieux nettoyage au sein de la direction de son parti, en vue des prochaines élections dont dépend de son avenir politique. Trois des quatre vice-présidents du Parti socialiste serbe ont été limogés et remplacés par des cadres réputés pour leur fidélité au président, leur fermeté idéologique et leur nationalisme.
mercredi 30 avril
Eliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au stade Crvena Zvezda, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) et l’Espagne ont fait match nul un à un.
jeudi 1er mai
La conférence des pays donateurs, qui doit en principe réunir plus de 8 milliards de francs cette année pour la reconstruction de la Bosnie, a été annulée. Selon le bureau de Carl Bildt, « la conférence n'aura pas lieu tant qu'un accord ne sera pas trouvé au sein du gouvernement bosniaque sur une série de lois économiques ».
Plusieurs milliers de personnes ont participé à une marche organisée à Belgrade par le syndicat Nezavisnost (« Indépendance ») pour protester contre le régime du président Milosevic. Cette manifestation constitue le premier rassemblement de masse depuis les manifestations antigouvernementales de l'hiver dernier.
dimanche 4 mai
Non seulement la levée des sanctions internationales n'a pas permis aux Yougoslaves d'améliorer leur niveau de vie, mais celui-ci continue même de chuter et la fracture sociale s'amplifie. On estime que 650 000 Yougoslaves (sur 11 millions d'habitants en Serbie et au Monténégro) vivent aujourd'hui au-dessous du seuil de pauvreté. Les classes intermédiaires sont les plus touchées et les petites entreprises contraintes à la fermeture accroissent le nombre des chômeurs de 5 000 chaque mois.
mercredi 7 mai
Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie) a rendu, à l'issue du premier procès de son histoire, un jugement de Salomon : il a reconnu le Serbe de Bosnie, Dusan Tadic, coupable de crimes contre l'humanité et de tortures mais non de meurtres. Il a décidé de faire appel.
jeudi 8 mai
La police des Serbes de Bosnie ont arrêté un ancien chef de guerre croate, Ivan Mijacevic, alors qu'il allait se recueillir sur les tombes de sa famille. Mijacevic (40 ans) commandait la septième brigade des forces croates de Bosnie. Accusé d'avoir ordonné un bombardement à Modrica en novembre 1993, il a été incarcéré à Doboj (nord) en attente de son procès prévu le 2 juillet, a annoncé la radio bosniaque.
vendredi 9 mai
Le président bosniaque Alija Izetbegovic a demandé la libération d'Ivan Mijacevic, arrêté la veille par les Serbes de Bosnie, les accusant de violer les accords de paix de Dayton.
mercredi 21 mai
Le président du Monténégro, Momir Bulatovic, a renforcé son pouvoir en prenant le contrôle de la police secrète. Jusqu'alors, c'est le gouvernement dirigé par son rival Milo Djukanovic, qui exerçait sa tutelle sur ce service. Bulatovic est l'allié le plus fidèle du président serbe Milosevic, alors que Djukanovic en est l'un des adversaires les plus farouches.
Un nouveau charnier vient d'être découvert en Bosnie, dans la région de Bihac. Il renferme les dépouilles de près de 300 victimes musulmanes et croates exécutées en 1993 par les Serbes de Bosnie. Certaines des victimes étaient encore vivantes lorsqu'elles ont été précipitées dans cette fosse naturelle profonde d'une centaine de mètres. Une équipe d'experts doit maintenant procéder à l'exhumation des corps pour les identifier.
jeudi 22 mai
L'OSCE a été contrainte de fermer 5 des 420 bureaux ouverts en Bosnie pour l'enregistrement des électeurs, après la découverte de tentatives de fraude et pour des raisons de sécurité. Les élections municipales auront lieu les 13 et 14 septembre et les électeurs doivent s'inscrire avant le 16 juin, mais de nombreuses tentatives de fraudes ont déjà été constatées dans l'entité serbe. Initialement prévu en septembre 1996, ce scrutin a déjà été reporté à quatre reprises et la rumeur d'un nouveau report circule déjà à Sarajevo.
jeudi 29 mai
Les autorités de Serbie ont affirmé leur refus de livrer au TPI des criminels de guerre présumés, à deux jours de la visite à Belgrade du secrétaire d'Etat américain, Madeleine Albright. « Les criminels de guerre seront jugés dans notre pays comme le dictent notre Constitution et nos lois, à condition qu'il y ait des preuves solides qu'ils ont pu commettre de tels actes », a déclaré Iva Dacic, porte-parole du Parti socialiste.
du samedi 31 mai au dimanche 1er juin
La secrétaire d'Etat américaine Madeleine Albright a fait la tournée des trois capitales du conflit de l'ex-Yougoslavie : Zagreb, Belgrade et Sarajevo. Pour redire aux dirigeants croates, bosniaques et serbes l'urgence d'une mise en œuvre effective des accords de Dayton. Des Croates, elle a exigé le retour des réfugiés serbes ; aux Serbes, elle a réclamé la démocratisation du pays et la remise des criminels de guerre au TPI ; aux Bosniaques, elle a demandé la mise en place d'institutions communes et l'arrestation des criminels de guerre.
lundi 2 juin
57 cadavres ont été exhumés par les autorités croates près du village de Lovas, à 15 kilomètres de Vukovar (Slavonie orientale). Il s'agit vraisemblablement de victimes des combats de fin 1991 entre Croates et rebelles serbes
La Plume d'or 1997 de la Liberté a été remise par l'Association mondiale des journaux (FIEJ) à trois quotidiens de l'ex-Yougoslavie ayant assuré une « couverture honnête et impartiale » de la guerre dans des circonstances « extrêmement difficiles ». Les lauréats sont Oslobodjenje, Feral Tribune et Nasa Borba.
mercredi 4 juin
Près de Brcko, port fluvial bosniaque frontalier de la Croatie, la communauté internationale va tenter de recréer une société multiethnique dans six villages situés de part et d'autre de la ligne qui sépare la fédération croato-musulmane de l'entité serbe de Bosnie. Robert Farrand, le diplomate américain chargé de superviser l'administration serbe de Brcko, parle de « faire revenir des habitants des trois communautés et de recréer un climat de confiance ». Une vraie gageure, au voisinage de l'une des villes les plus touchées par la « purification ethnique » au cours de la guerre.
jeudi 5 juin
Le président serbe Slobodan Milosevic sera candidat à la présidence de la République de Yougoslavie (Serbie et Monténégro). Le mandat de l'actuel président, Zoran Lilic, expire le 25 juin. Selon la Constitution yougoslave, il ne peut pas être réélu.
vendredi 6 juin
L'armée turque a accusé l'Arménie, Chypre, la Grèce, l'Iran, la Serbie et la Syrie d'aider les rebelles kurdes du PKK à se procurer des missiles sol-air. Deux de ces engins ont abattu deux hélicoptères turcs (13 morts) depuis le 18 mai.
dimanche 8 juin
Eliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au stade Crvena Zvezda de Belgrade, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) a battu la Slovaquie deux buts à zéro.
lundi 9 juin
Une session du Parlement commun aux deux entités bosniaques a été annulée, les Serbes refusant d'y participer. Il s'agissait pourtant d'une session cruciale, puisqu'elle devait adopter une série de lois économiques exigées par la Communauté internationale, portant notamment sur la législation douanière, le commerce extérieur, le budget et le règlement de la dette extérieure. Haris Silajdzic, le co-Premier ministre musulman espère que la conférence des pays donateurs, qui devait se tenir le 24 juin à Bruxelles (Belgique), ne sera pas annulée une nouvelle fois (initialement prévue en décembre 1996 et déjà reportée plusieurs fois). Il souhaite que ce soient « les responsables du blocage » - les Serbes - qui seront privés de l'aide financière internationale.
mardi 10 juin
Les ministres des Affaires étrangères des pays balkaniques (Albanie, Bulgarie, Grèce, Macédoine, Roumanie, Serbie et Turquie) se sont engagés à Salonique (Grèce) à s'abstenir « de tout recours à la violence » pour régler leurs différends et à respecter « les droits de souveraineté de chaque pays ». Ils ont également demandé la « pleine application » des accords de Dayton sur la paix en Bosnie-Herzégovine. Ce pays était représenté, à titre d'observateur, ainsi que la Croatie.
mercredi 11 juin
L'inscription pour les élections municipales de septembre à Brcko, ville sous contrôle serbe, dans le nord de la Bosnie, a donné lieu à des fraudes massives. C'est ce qu'a annoncé l'OSCE. Le centre d'inscription a été fermé.
Ensemble, la coalition d'opposition serbe qui avait sérieusement ébranlé le pouvoir de Milosevic, l'hiver dernier, est au bord de la rupture, rongée par les querelles internes. Ses responsables (Zoran Djindjic pour le Parti démocrate, Vuk Draskovic pour le Mouvement serbe de renouveau et Vesna Pesic pour l'Alliance civique), ne se sont pas revus depuis deux mois. Ils se contentent de s'invectiver par voie de communiqués, ce qui inquiète fort leurs partisans, à quelques mois des élections législatives et présidentielles prévues pour la fin de l'année.
jeudi 12 juin
Korea Cup de football : à au Stade olympique de Séoul, le Ghana a battu la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) trois buts à un.
samedi 14 juin
Korea Cup de football : au Complexe des Sports de Suwon, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) et l’Egypte ont fait match nul zéro à zéro.
lundi 16 juin
Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie poursuivi pour crimes de guerre, est attendu le mois prochain à Belgrade où aura lieu le mariage de son fils. C'est un mensuel yougoslave qui publie cette information, ajoutant que le général Mladic « ne se soucie ni des réactions » que sa présence peut susciter « ni du risque d'être arrêté » car il change fréquemment de résidence. Sa famille, de toute façon, réside dans la capitale serbe où il a déjà été vu à plusieurs reprises, suscitant à chaque fois les protestations du TPI.
Korea Cup de football : au Stade Olympique de Séoul, la Corée du Sud et la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) ont fait match nul un à un.
lundi 23 juin
Le Monténégro a donné son feu vert pour la candidature de Slobodan Milosevic à la présidence yougoslave. Le débat ouvert au sein de la direction du parti au pouvoir à propos de cette candidature témoigne de divergences profondes dans la hiérarchie monténégrine. Les conservateurs, fidèles au président Momir Bulatovic, sont proches de Belgrade, mais les réformateurs, alliés du Premier ministre Milo Djukanovic, sont hostiles à Milosevic.
mercredi 25 juin
Le président serbe Slobodan Milosevic a effectué une rapide visite au Kosovo. Il s'est montré intransigeant à l'égard des aspirations des Albanais de la région (majoritaires à 90 %), ne laissant entrevoir aucune possibilité de dialogue avec leurs représentants.
jeudi 26 juin
La presse albanaise du Kosovo a dénoncé, comme une provocation, la visite éclair de Milosevic dans la région, décrivant ce passage comme « une évidente démonstration de force, accompagnée de mesures de sécurité sans précédent, qui vise à redonner vie au nationalisme extrémiste serbe ».
vendredi 27 juin
L'OTAN a décidé de renforcer la Sfor afin de garantir la bonne tenue des élections municipales de Bosnie des 13 et 14 septembre. 3 000 hommes devraient compléter avant la fin octobre, les effectifs actuels (31 000 hommes).
Slavko Dokmanovic, ancien maire de Vukovar accusé par le TPI de La Haye d'avoir participé au massacre de 261 civils, en majorité des Croates, à l'hôpital de Vukovar en novembre 1991, a été arrêté en Slavonie orientale par des agents du TPI. Il avait été convié à se rendre dans la région par Jacques Klein, l'administrateur de l'ONU en Slavonie. Comme convenu, des représentants de l'Administration transitoire de l'ONU l'attendaient sur le pont enjambant le Danube où il a laissé sa voiture personnelle. Mais au lieu de le conduire à Vukovar chez le général américain, Il a été immédiatement déféré devant le tribunal et transféré dans les geôles de l'ONU à La Haye. Malgré la gravité des faits dont est accusé l'ancien maire de Vukovar, le ministre yougoslave des Affaires étrangères exprime le « vif mécontentement » de Belgrade. Il demande au général Klein de faire libérer Dokmanovic « d'urgence ». « Ce nouvel incident, ajoute Milan Milutinovic, risque d'avoir de graves conséquences pour l'avenir du processus de paix ».
dimanche 29 juin
L'opposant numéro un au président Milosevic, Vuk Draskovic, le chef du Mouvement serbe de Renouveau, fera cavalier seul pour les prochaines élections. Sa décision consacre l'éclatement de la coalition d'opposition Ensemble. Aujourd'hui partisan d'une monarchie, Draskovic risque de décevoir ses supporters et de faciliter la candidature de Milosevic.
lundi 30 juin
La guerre entre la présidente de la Republika Srpska, Biljana Plavsic, et son propre parti, le SDS, a été déclenchée par le limogeage (quand ?) de Dragan Kijac, ministre de l'Intérieur de l'entité serbe. Mme Plavsic entendait ainsi sanctionner son ministre pour deux fautes : son refus de coopérer avec la police internationale à la recherche des criminels de guerre inculpés par le TPI et sa décision de supprimer, sans en référer à la présidence, le service du renseignement et du contre-espionnage de la brigade antiterroriste de Banja Luka. La présidente est revenue à la charge, en accusant le ministre limogé d'avoir couvert « un trafic illégal et de contrebande » au profit de quelques personnages importants de l'Etat.
mardi 1er juillet
L'OSCE vient d'interdire aux personnes recherchées ou inculpées pour crimes de guerre de participer aux élections municipales en Bosnie. Cette décision a été prise après avoir constaté que Radovan Karadzic avait réussi à s'inscrire sur les listes électorales. Il a contourné l'interdiction qui lui est faite de paraître en public en se faisant passer pour malade : il s'est tout simplement fait inscrire à domicile, chez lui, à Pale. Il continue d'ailleurs de tirer les ficelles de l'entité serbe dans l'ombre : il accuse Biljana Plavsic, présidente de la Republika Srpska de « briser l'unité des Serbes » en se montrant trop conciliante avec la communauté internationale. Le parti au pouvoir à Pale envisage de la destituer ; le gouvernement a d'ailleurs annulé le limogeage du ministre de l'Intérieur, Dragan Kijac, et dénoncé les « décisions illégales » de la Présidente. Dans la soirée, Mme Plavsic a violemment attaqué ses partenaires politiques dans une déclaration télévisée : elle a notamment affirmé que Karadzic continuait de garder un grand pouvoir.
Belgrade n'a toujours pas apprécié l'arrestation de Slavko Dokmanovic il y a quatre jours. Par la voix de son ministre de l'Intérieur, la République fédérale de Yougoslavie a fait savoir que pareille opération sur son territoire était « inconcevable ». « La Yougoslavie est un Etat souverain, a averti Zoran Sokolovic ; elle a ses institutions et elle ne permettra à personne de commettre des actes de violence sur son territoire ».
mercredi 2 juillet
Le Parti démocratique serbe (SDS), au pouvoir dans l'entité serbe de Bosnie, est entré en rébellion contre la présidente de la République de Srpska, Biljana Plavsic, pourtant issue de ses rangs. Le SDS a demandé au Parlement de Pale, où il détient la majorité, de préparer la destitution de la présidente au cas où elle refuserait d'appliquer les décisions du gouvernement, soit de démissionner. Mme Plavsic a annoncé qu'elle « réfléchissait » maintenant à la dissolution du Parlement de Pale et au limogeage de son Premier ministre. Le président du Parlement a convoqué, de son côté, une session extraordinaire pour le 4 juillet. Le débat porterait sur l'organisation d'un référendum populaire pour destituer la Présidente. L'armée a fait allégeance à la Présidente, en sa qualité de commandant suprême des forces armées.
jeudi 3 juillet
L'épreuve de force est réellement engagée au sein de la direction des Serbes de Bosnie. Plus rapide que ses anciens amis devenus ensemble, la présidente Plavsic a dissous le Parlement de l'entité serbe de Bosnie qui menaçait de la destituer. Elle a justifié sa décision par le fait que les institutions de la Republika Sprska « n'accomplissent pas leur tâche et menacent la sécurité même de l'Etat ». A peine la dissolution du Parlement était-elle annoncée que le gouvernement publiait un communiqué annulant cette décision au motif qu'elle n'est pas « en accord avec la Constitution ». La présidente a déjà fixé au 1er septembre les prochaines élections législatives. Rien ne dit qu'elles auront lieu.
Quelque 12 000 réfugiés yougoslaves, pratiquement tous des Albanais de la province du Kosovo dont les demandes d'asile ont été rejetées, devront quitter la Suisse avant le 1er septembre. Belgrade qui jusqu'ici faisait traîner les négociations a finalement accepter de signer un accord avec Berne. L'Organisation suisse d'aide aux réfugiés condamne ces renvois, en rappelant les persécutions exercées par les extrémistes serbes contre les Albanais du Kosovo.
vendredi 4 juillet
Ignorant la dissolution prononcée par la présidente Plavsic, le Parlement de la République serbe de Bosnie s'est réuni à Pale, pour lui adresser des « conseils ». Un message, au fort goût d'ultimatum, demandait à la présidente de les rejoindre ou de démissionner. Malgré une manifestation de soutien qui a rassemblé 5 000 personnes, la présidente des Serbes de Bosnie semble de plus en plus isolée face à ses anciens amis qui souhaitent maintenir une « ligne dure ». Le Parlement a décidé de siéger en permanence jusqu'au règlement de la crise.
samedi 5 juillet
Le Parlement de la Republika Srpska continue à siéger, malgré sa dissolution.
dimanche 6 juillet
Aucun compromis n'a été trouvé, dans l'entité serbe de Bosnie, pour résoudre la crise née de la dissolution du Parlement de Pale. L'avenir pourrait dépendre de l'attitude de l'armée. Celle-ci, qui avait fait allégeance à la présidente il y a quatre jours, semble s'être rétractée dans une lettre où la décision présidentielle est qualifiée « d'arbitraire et préjudiciable ».
mardi 8 juillet
Le président serbe Milosevic a invité la présidente de l'entité serbe de Bosnie, Biljana Plavsic, et son principal détracteur, Momcilo Krajisnik, le représentant serbe au sein de la présidence bosniaque, à venir à Belgrade « pour examiner ensemble les mesures visant à surmonter la crise » que traverse la direction de la Republika Srpska. Le général Pero Colic, chef d'état-major de l'armée serbe bosniaque, est allé à la rencontre de Mme Plavsic à Banja Luka. Il a mis en garde la communauté internationale contre toute intervention dans la crise, qui marquerait « la fin de l'application de l'accord de Dayton ».
mercredi 9 juillet
L'Union européenne a décidé de suspendre son aide (150 millions de francs) à l'entité serbe de Bosnie tant que Karadzic n'aura pas été arrêté. Pour l'instant, il peut continuer de dormir tranquille : le président américain Bill Clinton a déclaré que les criminels de guerre inculpés « doivent être arrêtés si les commandants militaires sur place pensent que le risque encouru est raisonnable ». Or, le chef d'état-major de l'armée américaine vient d'estimer qu'une telle arrestation n'était pas du ressort de la force internationale en Bosnie, mais des autorités locales.
jeudi 10 juillet
Deux semaines après l'arrestation de l'ancien maire de Vukovar, une nouvelle opération a été montée contre des criminels de guerre présumés ayant sévi pendant la guerre en Bosnie. Elle a eu lieu à Prijedor (nord-ouest de la Bosnie), conduite par des soldats britanniques de la Sfor. Elle visait l'ancien chef exécutif de la ville, Milan Kovacevic, qui a effectivement été arrêté, et l'ancien chef de la police locale, Simo Drljaca, qui a été tué. Son fils et son beau-frère, qui l'accompagnaient ont été appréhendés. Leurs noms figuraient sur une liste d'inculpation dressée par le TPI, mais tenue secrète pour faciliter leur éventuelle interpellation. Si l'arrestation du premier n'a guère posé de problèmes (ses fonctions officielles le mettent fréquemment en relations avec les soldats de la Sfor), l'arrestation de Drljaca, en revanche, a mal tourné. Au début de l'année, déjà, il avait eu un accrochage avec des soldats tchèques lors d'un contrôle de routine. Pressée par la Communauté internationale, la présidente des Serbes de Bosnie l'avait relevé de ses fonctions de chef de la police de Prijedor. Une nouvelle fois, il a ouvert le feu sur la patrouille britannique qui tentait de l'appréhender. S'estimant en état de légitime défense, un soldat qui avait été blessé a riposté, tuant Drljaca. Son chauffeur, semble-t-il, a également été tué. Plusieurs vois se sont aussitôt élevées en Republika Srpska.
vendredi 11 juillet
Après l'opération menée la veille contre des criminels de guerre présumés dans l'entité serbe de Bosnie, les Serbes bosniaques accusent la Sfor d'avoir abusé de son pouvoir. Momcilo Krajisnik, qui représente la Republika Srpska au sein de la présidence bosniaque, assure que la force de l'OTAN est allée « au-delà de ses attributions ». Il craint, dit-il un retour à une « situation identique à celle d'avant la signature de l'accord de Dayton ».
Le Parti démocratique des socialistes (DSP) au pouvoir au Monténégro a limogé de sa présidence Momir Bulatovic. Celui-ci, qui est aussi président de la République, refuse son éviction de la direction du parti. Bulatovic est un proche du président serbe Milosevic, qui cherche à se faire élire à la tête de la Yougoslavie et vient d'être reconnu seul candidat habilité par les deux chambres du Parlement fédéral.
samedi 12 juillet
La Sfor a démenti avoir tenté d'arrêter Slavko Aleksic, un membre du Parti radical serbe, à Pale. A l'occasion de la Saint-Pierre orthodoxe, la présidente de la Republika Srpska, Mme Plavsic, et trois de ses adversaires, dont Momcilo Krajisnik, se sont retrouvés à la présidence à Banja Luka.
dimanche 13 juillet
Un engin explosif a détruit une jeep de l'OSCE garée devant un hôtel de Zvornik, en Republika Srpska.
lundi 14 juillet
Après avoir donné l'impression de rester sur la défensive, faute de trouver les soutiens nécessaires à la poursuite de son combat, la présidente de l'entité serbe de Bosnie a repris l'initiative contre ses détracteurs. Dans la soirée, dans une allocution télévisée, elle a ouvertement pris à partie Momcilo Krajisnik, le leader des « durs » de la direction serbe bosniaque qui veut la faire revenir sur sa décision de dissoudre le Parlement. « Notre avenir dépend de notre capacité à créer un Etat de droit et à offrir des opportunités à la jeune génération, a dit Biljana Plavsic. Si les criminels prennent tout en main, ils feront fuir notre jeunesse. Pour M. Krajisnik, c'est secondaire ; pour moi, c'est essentiel ».
Dans la soirée, une puissante explosion a brisé les vitres d'un immeuble de la ville bosniaque de Banja Luka, où sont hébergés des diplomates de l'OSCE. Les Serbes de Bosnie semblent manifester ainsi leur mécontentement après l'arrestation du directeur de l'hôpital de Prijedor pour crimes contre l'humanité, et la condamnation d'un autre des leurs par le TPI à La Haye : Dusan Tadic a été condamné ce jour à 20 ans de prison pour crimes contre l'humanité pour son rôle dans le nettoyage ethnique des civils musulmans en 1992. « C'est de pire en pire, a commenté le porte-parole de l'OSCE. Nous étudions l'hypothèse d'une campagne très orchestrée ».
mardi 15 juillet
Slobodan Milosevic a été élu président de la République fédérale de Yougoslavie au cours d'une session extraordinaire de l'Assemblée. Il était le seul candidat habilité à se présenter à la présidence fédérale par les commissions du Parlement. A la Chambre des citoyens, il a obtenu 88 voix contre 10 et un bulletin nul. La Chambre haute lui a accordé 29 suffrages et 2 voix contre. Elu pour quatre ans, Milosevic va maintenant devoir démissionner de la présidence serbe où il sera remplacé, pendant deux mois, par le président du Parlement, Dragan Tomic. Le nouveau président de la République fédérale communiquera son programme au Parlement de Belgrade le 23 juillet.
Les forces de l'ONU présentes en Slavonie orientale, le dernier territoire croate partiellement contrôlé par les Serbes, ont entamé leur retrait. L'Atnuso, forte de 5 000 hommes, a fait ses adieux à 2 000 Argentins, Jordaniens et Pakistanais. Cette zone de l'est croate devrait repasser sous l'autorité de Zagreb au plus tard l'an prochain.
mercredi 16 juillet
Un soldat américain de la Sfor a été agressé près du village serbe de Kladanj. Un homme l'a frappé avec une faucille, le blessant à l'épaule. Un peu plus tôt, une grenade avait explosé devant un immeuble de Banja Luka où loge un haut responsable de l'OSCE. En outre, de nombreux étrangers séjournant dans l'entité serbe de Bosnie ont reçu des lettres de menaces. Face à cette flambée de violence contre la présence internationale en Bosnie, le président américain Bill Clinton a mis les Serbes bosniaques en garde, estimant qu'ils commettraient « une grave erreur » en cherchant à venger les arrestations de criminels de guerre présumés.
nuit du vendredi 18 au samedi 19 juillet
66 des 84 membres du Comité de direction du Parti socialiste serbe (SDS) au pouvoir se sont réunis à l'improviste à Pale. Ils ont, « à l'unanimité », exclu du parti la présidente Biljana Plavsic et l'ont de nouveau sommé de quitter la présidence de la République. Cette dernière refuse de quitter Banja Luka et dénonce Radovan Karadzic, à qui elle reproche de toujours tirer les ficelles en coulisse. De fait, des portraits de Karadzic ont été placardés depuis quelques jours dans de nombreuses villes de la Republika Srpska. Plavsic menace même de faire arrêter Karadzic, pour lui suggérer de se livrer lui-même au TPI.
samedi 19 juillet
Onze blindés italiens et français sont brusquement apparus à Pale, tout près de la résidence habituelle, fortement gardée, de Karadzic. Peut-être un avertissement alors que les attentats et intimidations se multiplient contre la présence internationale en Bosnie. Deux soldats français de la Sfor ont été blessés, dont un gravement, dans la région de Mostar. Leur véhicule a sauté sur une mine.
lundi 21 juillet
Dans le bras de fer qui oppose Mme Plavsic aux partisans de Karadzic, Washington apporte son soutien à la présidence de l'entité serbe. L'ambassadeur américain auprès de l'ONU l'a rencontrée dans la soirée, avant de mettre en garde les « durs » de la Republika Srpska dont il a dénoncé les « provocations intolérables ». Malgré tout, le Parlement de l'entité serbe, dissous le 3 juillet par la présidente, continue de la narguer : il annonce qu'il se réunira le 8 août pour examiner le fonctionnement du gouvernement et de certains ministères.
mercredi 23 juillet
Après six mois de reports successifs, la troisième conférence des pays donateurs à la Bosnie s'est tenue, en présence de 48 Etats et d'une trentaine d'organisations internationales. Elle a recueilli des promesses d'aide pour un montant de 6,7 milliards de francs en 1997. Mais le président de la réunion, le Néerlandais Hans van den Broek, a averti la Republika Srpska que l'aide non humanitaire, récemment suspendue, ne reprendra pas si les personnes accusées de crimes de guerre continuent d'y exercer une influence déterminante sur la vie politique. Répartie entre l'entité serbe et l'entité croato-musulmane, cette assistance doit contribuer à la réconciliation entre les deux communautés. Il est donc « injustifiable » qu'elle puisse bénéficier « à ceux qui s'opposent à ces objectifs ».
Slobodan Milosevic a été officiellement investi président de la République fédérale de Yougoslavie. Mais, au moment où il regagnait sa limousine, un millier d'étudiants contestataires ont bombardé son véhicule de projectiles divers, en particulier de vieilles chaussures. Celles-ci devaient symboliser la fuite à l'étranger de quelque 200 000 jeunes Yougoslaves, qui refusaient de combattre en Bosnie ou en Croatie, ou voulaient simplement quitter ce régime autocratique.
jeudi 24 juillet
Le Premier ministre de la Republika Srpska a répondu à la conférence des donateurs à la Bosnie : « Si vous favorisez la fédération croato-musulmane à nos dépends, c'est le meilleur moyen d'assurer l'échec total de l'accord de paix de Dayton ».
Lors d'une rencontre avec Vuk Draskovic, figure emblématique de l'opposition serbe, Slobodan Milosevic a donné un « avis positif » à ses exigences : observateurs internationaux lors des prochaines élections présidentielle et législatives, et liberté des médias.
vendredi 25 juillet
Belgrade a annoncé que les élections présidentielles et législatives se tiendront simultanément en Serbie, le 21 septembre.
mercredi 30 juillet
Javier Solana, le secrétaire général de l'OTAN, était à Sarajevo pour la passation des pouvoirs à la tête de la Sfor en Bosnie. « La Sfor ne tolérera ni provocations ni menaces, a-t-il déclaré à cette occasion. Il n'y a de solution militaire pour aucun parti ni aucun groupe, ni maintenant ni dans l'avenir. La seule option possible est celle de la paix et de la coopération ». De son côté, le général Eric Shinseki, le nouveau commandant de la force de l'OTAN en Bosnie, a eu cette phrase : « Nous défendrons la paix, même s'il nous faut employer des moyens décisifs pour la préserver ».
vendredi 1er août
La Republika Srpska est prête à accueillir des représentants du TPI pour enquêter sur son ancien chef politique Radovan Karadzic, a annoncé Momcilo Krajisnik. « Le peuple serbe ne considère pas Karadzic comme un criminel de guerre, mais nous ne sommes pas opposés à ce que des juges du Tribunal de La Haye viennent en RS et mènent une enquête ». C'est la première fois qu'un responsable serbe évoque une telle éventualité. A Sarajevo, des réfugiés serbes, de retour dans la ville, ont été pris à partie par des musulmans. Des soldats britanniques de la Sfor sont intervenus aux côtés des policiers bosniaques.
lundi 4 août
La France, l'Allemagne, l'Autriche, l'Espagne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Italie, les Pays-Bas et la Suède ont suspendu leurs contacts avec les ambassadeurs de Bosnie-Herzégovine dans leurs pays respectifs. Ces pays contestent la représentativité de ces diplomates nommés avant la mise en place de la présidence collégiale, en 1996. Les dirigeants des trois communautés bosniaques sont incapables de s'entendre sur une liste commune de 33 ambassadeurs accrédités à l'étranger.
mardi 5 août
Biljana Plavsic a encore accusé Radovan Karadzic d'être toujours « le principal dirigeant de l'Etat ».
De nouveaux pays ont gelé leurs relations diplomatiques avec la Bosnie : le Danemark, la Finlande, la Norvège et le Portugal. Et l'Allemagne a suspendu une aide (un million de marks) à la reconstruction pour la région de Jajce, d'où 500 candidats au retour musulmans ont été chassés il y a quelques jours. Un accord a pourtant été conclu entre le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés et les chefs croates locaux : ces réfugiés pourront revenir...
mercredi 6 août
Le secrétaire d'Etat adjoint américain, chargé des Affaires européennes, Richard Holbrooke, l'artisan des accords de Dayton (1995), est arrivé en Bosnie. Objectif : relancer la dynamique de paix. Une exigence annoncée : la disparition de la scène politique de Radovan Karadzic. L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie pourrait accepter de s'exiler, à condition d'obtenir des garanties de sécurité. Un sommet croato-bosniaque (mais sans aucun serbe) s'est ouvert dans la matinée à Split (Croatie), en présence de Holbrooke et d'un autre émissaire Robert Gelbard. La Suisse, à son tour, a décidé de geler ses contacts diplomatiques avec la Bosnie.
jeudi 7 août
Le bras de fer se poursuit entre Biljana Plavsic et les autres dirigeants de l'entité serbe de Bosnie. Mme Plavsic a fixé au 10 octobre les prochaines élections législatives. Cependant, la Cour constitutionnelle de Pale doit encore statuer, le 12 août, sur la légalité de la dissolution du Parlement le 3 juillet.
nuit du jeudi 7 au vendredi 8 août
Richard Holbrooke est parvenu à arracher, après 14 heures de marchandages, un accord des trois coprésidents de Bosnie sur une liste des ambassadeurs du pays - les Serbes ont obtenu le poste clé de Washington, les Musulmans auront la représentation à l'ONU et les Croates au Japon -. En revanche, il n'a pas réussi à démêler le problème du retour des 1,4 million de réfugiés ni celui d'une soixantaine d'inculpés de crime de guerre.
vendredi 8 août
Richard Holbrooke est allé à Banja Luka apporter son soutien à Biljana Plavsic. Il a réaffirmé la volonté des Etats-Unis de voir Karadzic jugé par le Tribunal pénal international : « Il doit se livrer lui-même à La Haye ». Dans la soirée, la France a rétabli ses relations diplomatiques avec la Bosnie.
mercredi 13 août
Des unités commandos des armées américaine, britannique et française s'entraineraient actuellement dans le plus grand secret, quelque part en Europe, pour aller arrêter les criminels de guerre en Bosnie. C'est ce qu'affirme la chaine de télévision américaine ABC. Ces raids pourraient avoir lieu à l'automne et viseraient en priorité les leaders serbes Karadzic et Mladic. Pour l'instant, aucun feu vert politique n'a été donné. Mais une demi-douzaine d'autres pays soutiendraient cette initiative. Le ministère américain de la Défense dément cette information. « La position de l'OTAN et de la Sfor est que toutes les personnes accusées de crimes de guerre devraient être à La Haye » devant le TPI, a rappelé, à Sarajevo, le commandant John Blakeley, le porte-parole de la Sfor.
vendredi 15 août
La Cour constitutionnelle de la Republika Srpska a déclaré non conforme à la Constitution la dissolution du Parlement, prononcée le 3 juillet par la présidente Plavsic. Même si elle était attendue, cette décision est un revers grave pour la présidente, en conflit depuis deux mois avec les « durs » de la direction serbe qui contrôlent le Parlement. Ces derniers accusent Biljana Plavsic de se soumettre à l'Occident et cherchent à l'évincer. Toutefois, le clan de Pale n'a pas joué franc-jeu : l'un des rares juges constitutionnels favorables à Plavsic n'a pas pu siéger. La veille, des partisans de Karadzic lui sont tombés dessus. Bilan : une commotion cérébrale et plusieurs côtes cassées.
Deux fermiers musulmans ont été tués et un adolescent de 14 ans grièvement blessé par balles, alors qu'ils ramassaient du bois près de Zvornik, dans le nord de la Bosnie. La présidence bosniaque a immédiatement accusé les Serbes, d'autant que l'embuscade s'est déroulée à proximité de l'ancienne ligne de front devenue frontière entre les deux entités, serbe et croato-musulmane, de Bosnie. Cet incident, le plus grave depuis plusieurs mois, inquiète. Il intervient à moins d'un mois des élections municipales, durant lesquelles le choix du lieu de vote et la liberté de circulation doivent, en théorie, être garanties.
samedi 16 août
Biljana Plavsic a annoncé la création de son propre parti, l'Alliance populaire serbe (SNS). Aussitôt, neuf responsables du Parti démocratique serbe (SDS, le parti de Karadzic) ont démissionné pour rejoindre la présidente. Parmi eux, deux vice-Premiers ministres ! Biljana Plavsic n'est pas aussi isolée que voulaient le faire croire les « faucons » de Pale.
dimanche 17 août
Mme Plavsic a envoyé ses hommes perquisitionner les bureaux de la police, à Banja Luka (c'est aussi le siège de la présidence). Ils y ont découvert des enregistrements téléphoniques prouvant que la présidente avait été placée sur écoute par les agents secrets de Pale. La tension est telle que, dans la soirée, la Sfor a déployé autour du siège de la police une quinzaine de blindés, dont plusieurs chars, pour empêcher un affrontement. Les responsables de la Sfor affirment avoir trouvé dans le bâtiment « des preuves de possibles violations des droits de l'homme » par la police serbe.
lundi 18 août
Biljana Plavsic rejette le jugement de la Cour constitutionnelle qui a annulé la dissolution du Parlement. D'abord, parce qu'il est « sans fondement légal », ensuite parce que les autorités de Pale ont exercé « d'énormes pressions » sur les juges de cette cour. « Nous devons organiser des élections, nous devons tout changer, de haut en bas, le Parlement, le gouvernement, toutes les institutions ». Dans son combat contre « le mal et la terreur » (le clan Karadzic retranché à Pale), Plavsic est soutenue par le Haut représentant civil en Bosnie, Carlos Westendorp.
mardi 19 août
Dans la soirée, une rencontre a eu lieu entre Biljana Plavsic et les médiateurs internationaux, le haut représentant civil Carlos Westendorp et l'envoyé spécial américain Robert Gelbard. A l'issue de l'entretien, les deux hommes ont estimé que la tenue d'élections législatives anticipées était « la meilleure solution » à la crise en Republika Srpska.
mercredi 20 août
L’OTAN vole au secours de la présidente des Serbes de Bosnie dans sa lutte contre les « faucons » : les troupes britanniques et tchèques de la Sfor ont pris le contrôle à l'aube du siège de la police, de l'école de police et trois autres postes de police de Banja Luka. De source diplomatique, un véritable « arsenal », dont 2 500 armes légères et des explosifs, y étaient entreposés, de quoi tenter un coup d'Etat. Par ailleurs, les médiateurs internationaux ont participé, à Vienne, à une réunion surprise avec les représentants du Groupe de contact (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Russie) pour examiner le rôle de l'OSCE dans l'organisation et le contrôle d'élections législatives anticipées en Republika Srpska.
Match amical de football : au stade Petrowski de Saint-Pétersbourg, la Russie a été battue par la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) un but à zéro. C’était la troisième fois que les deux sélections se rencontraient cette année.
jeudi 21 août
Biljana Plavsic a reçu le soutien - mesuré - de Slobodan Milosevic. Le président yougoslave a indiqué, à Belgrade, qu'il était favorable à des législatives anticipées chez les Serbes de Bosnie, comme le souhaite Mme Plavsic. Mais il a lié ces élections à la convocation simultanée d'une présidentielle.
vendredi 22 août
Le puissant contingent britannique et tchèque, installé depuis deux jours à Banja Luka, a commencé à faire le tri entre policiers fidèles ou hostiles à la présidente. Mais la Sfor est sur ses gardes. Les militaires serbes ont menacé, dans la matinée, d'intervenir contre Plavsic, pourtant chef de l'armée.
mardi 26 août
Le Parlement de la Republika Srpska a voté un report des élections municipales organisées dans toute la Bosnie, les 13 et 14 septembre. Les 45 députés présents (sur 83, les 38 autres parlementaires boycottaient ou n'étaient pas invités), tous des fidèles des « durs » de Pale ont également déclaré « nul » l'accord donné par la présidente Plavsic aux Occidentaux pour organiser le scrutin. Ils ont exigé que les partisans de la présidente rendent, « dans les trois jours », les locaux de la radio et de la télé qu'ils occupent à Banja Luka et menacé de faire intervenir leur police. De son côté, Biljana Plavsic s'est assuré le soutien de quatre des huit généraux de l'état-major de l'armée serbe, qui ont répondu à sa convocation. Le commandant du 1er Corps qui regroupe la moitié des soldats serbes était là.
mercredi 27 août
« Les élections municipales de septembre en Bosnie doivent avoir lieu et auront lieu. Un report est hors de question », a lancé le porte-parole de l'OSCE. Cette très martiale déclaration masque en fait l'embarras des Occidentaux.
jeudi 28 août
Des habitants de trois villes serbes de Bosnie ont attaqué des bâtiments et des soldats de la Sfor. Tout a commencé à l'aube avec le rugissement des sirènes. Les habitants de Brcko se sont précipités sur leurs radios : un appel des Serbes ultranationalistes de Pale leur demandait de « se rassembler pour défendre leur police et leur média », contre « les forces d'occupation » (des unités fidèles à la présidente Plavsic auraient tenté de s'emparer dans la matinée d'un poste de police et d'émetteurs à Brcko). Un peu plus tard, le poste de police de l'ONU était assiégé par 400 manifestants, armés de bâtons et de pierres. L'arrivée de renforts de la Sfor n'a pas empêché la foule d'endommager 15 véhicules. Pour se dégager et permettre l'évacuation des policiers, les soldats de la Sfor ont dû tirer des gaz lacrymogènes et des coups de semonce. Des scènes similaires se sont produites à Bijeljina et Doboj, deux autres villes contrôlées par le clan ultra de Pale. Il n'y a pas eu de blessés sérieux, mais ce sont les incidents les plus graves entre civils serbes et troupes occidentales depuis un an et demi. Les Etats-Unis ont réagi : ils ont assuré les radicaux serbes qu'ils seront « tenus responsables » de nouveaux incidents. En clair : des représailles sont possibles...
vendredi 29 août
Les soldats de la Sfor peuvent désormais utiliser la force pour faire taire les médias des Serbes ultras de Pale, s'ils appellent encore à la violence. La mesure vise en particulier la radio et la télévision de Pale, qui avaient appelé la veille « les patriotes » serbes de Brcko à se soulever contre « les forces d'occupation ». La Sfor a érigé des barrages et dépêché des blindés autour de la ville mais s'est abstenue d'y pénétrer. De leur côté, les Etats-Unis n'ont toujours pas réussi à convaincre le président yougoslave Milosevic de faire le voyage en Bosnie pour une mission de médiations entre Serbes de Pale et Serbes de Banja Luka. L'avion de Milosevic, plusieurs fois annoncé, ne s'est jamais posé à Banja Luka, le fief de la présidente Plavsic. Au contraire, Milosevic a reçu à Belgrade une délégation de Pale.
mardi 2 septembre
Radovan Karadzic souhaite négocier avec la communauté internationale. C'est Momcilo Krajisnik, le Serbe de la présidence collégiale bosniaque, qui en a fait l'aveu à une envoyée de l'ONU, en offrant ses services comme médiateur dans cette affaire.
jeudi 4 septembre
Les premiers observateurs attendus en Bosnie pour superviser les élections municipales des 13 et 14 septembre, plusieurs fois reportées depuis un an, sont arrivés. Ces élections sont toujours contestées par une partie des responsables de l'entité serbe de Bosnie. Ils estiment que la situation actuelle ne se prête pas au déroulement de ce scrutin.
vendredi 5 septembre
17 candidatures ont été retenues par la commission électorale pour l'élection présidentielle de Serbie, le 12 septembre. Il s'agit de trouver un successeur à Milosevic. Trois favoris : Zoran Lilic (44 ans), ancien président de la République fédérale de Yougoslavie et candidat du Parti socialiste de Milosevic ; Vojislav Seselj (42 ans), président du Parti radical (ultranationaliste) et Vuk Draskovic (50 ans), chef du Mouvement serbe du renouveau (SPO) et chef de file de l'opposition.
dimanche 7 septembre
Malgré l'opposition réaffirmée par les Serbes de Bosnie aux élections municipales, l'OSCE entend bien ne pas différer une nouvelle fois le scrutin. Non seulement les premiers observateurs sont déjà sur place, mais les premier bulletins des réfugiés bosniaques vivant à l'étranger sont même arrivés à Sarajevo. Un appareil de l'OSCE les a apportés du QG de l'organisation, à Vienne.
lundi 8 septembre
Les partisans de Radovan Karadzic ont essuyé un nouveau camouflet de la part de leur principale adversaire, la présidente Plavsic : dans la soirée, des ultranationalistes du gouvernement de Pale se sont présentés à Banja Luka, le siège de la présidence de l'entité serbe, pour y tenir un meeting réputé électoral. Malgré l'interdiction de cette manifestation, décidée par la présidente « pour des raisons de sécurité », les habitants de Banja Luka ont vu arriver Momcilo Krajisnik, membre de la présidence collégiale serbe, accompagné du Premier ministre Gojko Klickovic et le président du Parlement de Pale, Dragan Kalinic, encadré par une cinquantaine de gardes du corps fortement armés. Les trois hommes avaient organisé le déplacement de quelques milliers de leurs partisans en cars... qui ont été bloqués par la Sfor, la force de l’OTAN ayant acquis la preuve que ces convois n'avaient qu'un objectif : « créer du désordre et probablement de la violence ». Les durs de Pale n'ont pu finalement improviser qu'un modeste meeting dans le centre de Banja Luka, sous les huées des partisans de Mme Plavsic. Les leaders de Pale, protégés par leur impressionnant service d'ordre, ont ensuite trouvé refuge dans un hôtel. Un policier de Banja Luka a été blessé par balle.
mardi 9 septembre
Le camouflet de la veille subi par les durs de Pale a tourné à la déconfiture : retenus par la police de Banja Luka dans leur hôtel privé d'eau, d'électricité et de téléphone, les trois leaders de Pale ont également vu la fourrière enlever leurs puissantes limousines. Il s'agissait de contraindre leur escorte de déposer les armes. Après négociations, deux des durs ont quitté la ville en milieu d'après-midi, à bord d'une voiture de la Sfor, suivis par les gardes du corps sans armes. Krajisnik n'est parti qu'en début de soirée, sous une pluie de pierres et de bouteilles, et, le dernier, Gojko Klickovic, lui, a quitté l'hôtel à 21 heures sans encombre. A Pale, le gouvernement de l'entité serbe a qualifié l'évènement de « tentative de putsch » et condamné la Sfor « qui se comporte comme une armée d'occupation et une puissance coloniale ». Dans ces conditions, a expliqué le vice-Premier ministre de la Republika Srpska, Velibor Ostojic, le gouvernement va demander au Parlement de reporter le scrutin municipal dans l'entité serbe.
mercredi 10 septembre
Les Serbes bosniaques les plus radicaux ont fini par accepter les élections municipales. Cet accord fait suite à une entrevue à Belgrade entre le président yougoslave Milosevic et le haut représentant civil en Bosnie Carlos Westendorp. De son côté, Biljana Plavsic a appelé ses compatriotes à se rendre aux urnes, seule chance à ses yeux, de développer la démocratie dans ce pays. Malgré l'appel au boycottage lancé par les Croates bosniaques, l'OSCE poursuit la préparation de ces élections. La France a menacé de suspendre son aide aux municipalités bosniaques dont les responsables prônent le boycottage.
Eliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au stade Tehelné Pole de Bratislava, la Slovaquie et la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) ont fait match nul un à un.
samedi 13 septembre
Les Américains disposent, désormais en Bosnie, de trois avions capables de brouiller les émissions télévisées et radiodiffusées. Ces trois EC-130E seront basés à Brindisi (Italie). Il s'agit de répondre aux « incitations à la violence diffusées de manière permanente par la radio et la télévision serbes », selon le Pentagone.
du samedi 13 au dimanche 14 septembre
Elections municipales en Bosnie, sans incident majeur. Parmi les ultimes incidents, il y a eu le mot d'ordre de boycottage lancé par les Musulmans de Mostar, pour protester contre les modifications de dernière minute accordées aux Croates de la ville par l'OSCE. Le problème a été résolu dans l'après-midi du 13, grâce à des concessions croates concernant un canton.
lundi 15 septembre
A Bruxelles (Belgique), le conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne a décidé de priver de visa plusieurs personnalités serbes de Bosnie, au premier rang desquelles figure le représentant serbe de la présidence collégiale, Momcilo Krajisnik. Il lui est reproché d'avoir fait obstacle à un accord sur les passeports et une citoyenneté commune aux deux entités, serbe et croato-musulmane. Cet accord aurait du être acquis au 1er août.
Ratko Mladic et Radovan Karadzic aurait quitté la Bosnie. Un hebdomadaire yougoslave affirme qu'ils se trouvent « en lieu sur », quelque part « dans un pays ami où ils ont été transférés grâce à la médiation d'une grande puissance ». Il y a plusieurs semaines que Karadzic n'a pas été vu à Pale. Son épouse, Ljiljana, a voté seule au bureau de la mairie de la ville.
mercredi 17 septembre
Deux membres de la sous-commission électorale d'appel de l'OSCE ont démissionné de leurs fonctions après le refus du chef de mission de l'OSCE d'annuler les résultats aux municipales à Pale du parti ultranationaliste serbe SDS. Les deux agents se disent « particulièrement préoccupés par la décision de l'OSCE de tolérer le rôle de plus en plus transparent joué par Karadzic ». Le chef de la mission de l'OSCE a craint qu'une telle décision ne provoque des réactions propres à menacer la sécurité des personnels étrangers en Republika Srpska.
dimanche 21 septembre
Elections présidentielle et législatives en Serbie : 62 % de participation. Zoran Lilic (protégé de Milosevic) est arrivé en tête avec 35 % des voix. Le deuxième tour, le 5 octobre, l'opposera à l'ultranationaliste Vojislav Seselj (27 %). Le candidat démocrate Vuk Draskovic n'a obtenu que 22 % des suffrages. Pour les élections législatives, c'est la coalition des socialistes et du Parti communiste de l'épouse de Milosevic qui arrive en tête (98 sièges), devant le Parti radical de Seselj (80 s.) et la droite nationaliste de Druskovic (45 s.) ; ayant perdu la majorité absolue, le SPS est contraint à rechercher des alliances avec leurs ennemis d'hier pour continuer à gouverner la Serbie. Résultats officiels le 24 septembre.
jeudi 25 septembre
Les résultats officiels des élections législatives serbes ont été publiés : il manque 16 sièges aux partisans de Milosevic pour obtenir la majorité absolue au Parlement, où ils disposent de 110 des 250 sièges.
vendredi 26 septembre
La Bosnie et la Croatie ont rouvert solennellement le pont qui franchit la Save, la frontière naturelle entre les deux pays, à Bosanska Gradiska, dans l'entité serbo-bosniaque. Ce nouveau poste frontière a été inauguré en présence de Jacques Klein, adjoint au haut représentant civil en Bosnie. Une commission mixte a été créée pour régler les questions concernant le trafic frontalier, mais l'entité serbe n'étant pas mentionnée dans le document qui l'instaure, le ministre des Transports de la Republika Srpska a refusé d'y apposer son paraphe...
dimanche 28 septembre
Depuis une dizaine de jours, étudiants et lycéens albanais du Kosovo manifestent silencieusement pour obtenir la restitution des bâtiments scolaires et universitaires dont ils ont été chassés, il y a sept ans, parce qu'ils refusaient de travailler sur des programmes conçus par les Serbes. A Pristina, ils étaient environ 8 000 pour ce qu'ils appellent la « promenade » : deux heures d'allers et retours silencieux dans la grand-rue piétonne, sous l'œil des policiers serbes en gilets pare-balle et armés de fusils automatiques. Les mêmes « promenades » ont eu lieu dans quatre autres villes du Kosovo, province réduite aux écoles et aux universités clandestines.
mardi 30 septembre
Les élections législatives dans l'entité serbe de Bosnie, la Republika Srpska auront lieu le 23 novembre. Le scrutin sera organisé selon les règles de l'OSCE et contrôlé par cette organisation.
Zoran Djindjic, le premier maire non communiste de Belgrade, a été destitué à l'initiative de ses anciens alliés de la coalition d'opposition Ensemble, sept mois après la victoire de celle-ci dans les principales villes de Serbie. Zoran Djindjic, qui qualifie cette destitution de « putsch », a annoncé la démission des neuf membres de son parti, le Parti démocrate, de l'exécutif de la municipalité. Ils vont former « un gouvernement municipal fantôme qui va surveiller de près le travail de la nouvelle équipe ».
mercredi 1er octobre
La tendance dure des Serbes de Bosnie a été privée de radio et de télévision, dans la matinée, par une intervention des forces de l'OTAN contre ses quatre émetteurs. Les ultranationalistes de Pale reçoivent désormais les mêmes programmes que les modérés de Banja Luka. Un responsable de l'OTAN a affirmé que les soldats russes de la Sfor avaient participé, pour la première fois, à cette opération destinée à faire taire une propagande « qui empoisonne le processus de paix ». Le commandant russe, lui, a démenti toute implication de ses hommes.
La police serbe a brutalement réprimé à Pristina une manifestation de 20 000 étudiants albanais du Kosovo : la police a largement fait usage de ses matraques et de gaz lacrymogènes. Il y a eu de nombreuses interpellations et les étudiants ont décidé, dans la soirée, de suspendre leurs manifestations.
vendredi 3 octobre
« La question n'est plus de savoir si les Musulmans attaqueront les Serbes de Bosnie, mais quand », a déclaré un responsable de l'OTAN à Sarajevo dans une interview au New York Times. Le gouvernement bosniaque achète des armes et entraîne ses soldats à un rythme qui se serait accéléré ces dernières semaines. Selon ce responsable, « la seule façon d'empêcher l'attaque est d'allonger le mandat de la mission de maintien de la paix » dont la présence sur le terrain devait s'achever en juin 1998.
mercredi 8 octobre
Réunie autour de Zoran Djindjic, le maire de Belgrade récemment limogé, l'opposition démocratique serbe cherche un candidat capable d'empêcher le leader de l'extrême droit nationaliste, Vojislav Seselj (qualifié de « fasciste » par un émissaire américain), d'accéder à la présidence serbe.
Les Musulmans de Srebrenica ont pris une revanche symbolique en remportant les élections municipales (24 sièges sur 45). Pourtant, la ville est aujourd'hui peuplée exclusivement de Serbes. C'est le vote des réfugiés à l'étranger et des Musulmans déplacés à l'intérieur de la Bosnie. Une victoire sur le papier, car l'on voit mal comment un maire et une municipalité musulmane pourront administrer cette ville « ethniquement purifiée ».
vendredi 10 octobre
Les discussions sur le système d'enseignement public au Kosovo, engagées entre les représentants du gouvernement serbe et ceux des Albanais du Kosovo, ont échoué. L'entrevue, à Pristina, a duré deux jours, mais Belgrade accuse les représentants albanais d'avoir « manqué de sincérité » et d'avoir exprimé des positions « séparatistes ».
samedi 11 octobre
Environ 400 femmes originaires de Srebrenica ont manifesté à Sarajevo pour réclamer la vérité sur le sort de leurs proches (7 000 à 8 000 personnes toujours portées disparues). Ces femmes ont l'intention de renouveler leur manifestation le 11 de chaque mois.
Derniers matchs des qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Ta’Qali d’Attard, Malte a été battue par la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) cinq buts à zéro.
mercredi 15 octobre
La Serbie refuse le retour « sans condition » de 2 000 déserteurs et objecteurs de conscience qui avaient trouvé refuge au Danemark en 1992 et 1993. Selon Copenhague, le gouvernement serbe « se réserve de faire un tri » parmi eux, en majorité des Albanais du Kosovo.
jeudi 16 octobre
La chaîne de télévision des durs de Pale (Serbes de Bosnie) a repris illégalement ses émissions.
samedi 18 octobre
La Sfor a mené un nouveau coup de force contre la chaîne de télévision des Serbes bosniaques proches de Karadzic. Neuf véhicules blindés et six hélicoptères ont participé à l'opération autour de l'émetteur du mont Zep, à 80 kilomètres au nord de Sarajevo.
dimanche 19 octobre
Second tour de l’élection présidentielle au Monténégro : la province s’est choisie pour président le pire adversaire de Milosevic. Si Milo Djukanovic (35 ans), jusqu'alors Premier ministre, met en pratique ses discours électoraux, les jours de l'actuelle Yougoslavie seront bel et bien comptés...
Un avion brouilleur d'ondes a été mis en service dans la soirée dans l'est de la Bosnie par les forces de l'OTAN. Il est destiné à empêcher la diffusion des programmes de la télévision serbe de Pale. Les forces de l’OTAN tentent, par contre, d'assurer la diffusion des programmes de la télévision de Banja Luka dans toute la zone serbe.
mardi 21 octobre
Momir Butalovic, président sortant du Monténégro et fidèle allié de Milosevic, refuse de reconnaître sa défaite électorale face à Djukanovic. Il a appelé ses partisans à manifester quotidiennement jusqu'à ce que soit établi « le bien-fondé des soupçons pesant sur la régularité du scrutin ». Le parti de Bulatovic laisse entendre qu'il pourrait saisir la justice fédérale yougoslave pour obtenir gain de cause.
mercredi 22 octobre
Selon les résultats définitifs de la commission électorale, il n'y a finalement que 5 488 voix d'écart entre les deux candidats à la présidence du Monténégro, mais c'est bel et bien Djukanovic qui l'emporte sur le président sortant Bulatovic. Ce dernier a reçu le « soutien sans réserve » du parti de Milosevic. La télévision de Belgrade a complaisamment montré des images de partisans du candidat battu menaçant de prendre les armes contre leurs adversaires. Par ailleurs, les Serbes sont de nouveau appelés aux urnes le 27 décembre, pour élire leur président. Le Parti démocratique, qui dénonce « le climat de lynchage politique de tout ce qui pourrait faire souffler un vent nouveau », appelle au boycottage du scrutin. Il avait déjà donné la même consigne à ses électeurs, avec onze autres partis d'opposition pour les législatives du 5 octobre (invalidées en raison de la faiblesse du taux de participation) et le premier tour de la présidentielle, le 21 septembre.
vendredi 24 octobre
Un proche de Milosevic, Zoran Todorovic (38 ans), secrétaire général de la Gauche yougoslave (JUL, présidée par l'épouse du Président) a été assassiné à Belgrade. Todorovic était aussi à la tête d'une des plus grosses sociétés serbes d'importation de carburant et son nom a souvent été mêlé à divers scandales financiers et immobiliers. L'insécurité ne cesse de croître dans la capitale yougoslave, la situation économique désastreuse du pays constituant un terrain propice au crime organisé.
mercredi 29 octobre
Environ 15 000 étudiants et enseignants albanais de souche ont manifesté sans incident à Pristina (Kosovo). Ils réclament leur réinsertion dans les établissements scolaires et universitaires dont le pouvoir serbe les a exclus il y a sept ans. La police, pourtant massivement présente, n'est pas intervenue. Les protestataires se sont dispersés spontanément après avoir lu une motion dénonçant la « répression permanente exercée au Kosovo par le régime » de Milosevic.
mercredi 29 octobre
Match aller des barrages de qualification pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Üllői de Budapest, la Hongrie a été écrasée par la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) sept buts (Brnović, Đukić, Savićević, Mijatović 3, Milošević) à un (Illés), devant 13 175 spectateurs.
lundi 3 novembre
Les présidents, Premiers ministres et ministres des Affaires étrangères de huit pays des Balkans (Albanie, Bosnie, Bulgarie, Grèce, Macédoine, Roumanie, Turquie et Yougoslavie) se sont retrouvés en Crète pour bâtir un « espace de paix et de coopération ». Pendant deux jours, ils vont tenter d'oublier toutes les dissensions en cours dans la région et s'efforcer de trouver un langage commun.
vendredi 7 novembre
Milo Djukanovic, le nouveau président élu du Monténégro, a fait savoir que son pays « n'hébergerait pas de criminels de guerre présumés ». L'allusion vise Karadzic, né au Monténégro où sa famille réside toujours. Djukanovic creuse ainsi encore un peu plus le fossé qui le sépare de Milosevic.
Serbes, Musulmans et Croates ont formé un conseil municipal pluriethnique à Brcko, ville stratégique et point de conflit potentiel entre les trois communautés de Bosnie. La première session de ce conseil a donné lieu à de nombreuses altercations, mais il n'y a pas eu d'incident majeur. Il est vrai qu'il se déroulait sous haute surveillance de la police des Nations unies. Alors qu'avant la guerre, Musulmans et Croates étaient majoritairement dans cette ville, la population est aujourd'hui serbe à 98 %.
samedi 15 novembre
La Yougoslavie (Serbie-Monténégro) s’est qualifiée pour la phase finale de Coupe du monde de football, organisée en juin et juillet 1998 en France. Dans le match retour des barrages, les Yougoslaves ont battu au stade Crvena Zvezda de Belgrade la Hongrie cinq buts (Milošević, Mijatović quatre, dont un sur pénalty) à zéro, devant 48 498 spectateurs.
dimanche 16 novembre
Depuis un an et demi, plus de 800 000 lettres et paquets sont entassés dans les bureaux de poste de Sarajevo. Leurs destinataires, des Serbes pour la plupart, refusent de les récupérer, craignant qu'ils ne soient piégés. La poste serbo-bosniaque devrait être équipée bientôt d'appareils de détection.
mercredi 19 novembre
Un hebdomadaire indépendant de Belgrade affirme que Milosevic a profité de sa visite en Chine, la semaine passée, pour acheter des missiles balistiques et antichars. En contrepartie, la Yougoslavie investira l'équivalent de 30 millions de francs dans la construction d'une conserverie près de la capitale chinoise. C'est le bénéfice revenant à Belgrade dans cette usine qui paiera les armes.
vendredi 21 novembre
L'OSCE a rayé des listes électorales des législatives serbes de Bosnie trois candidats du SDS à cause de la présence de portraits de Karadzic dans certaines localités. Dans une lettre adressée à ses fidèles, ce dernier les a exhortés à faire preuve « d'unité et de détermination » afin de « sauver » la Republika Srpska.
du samedi 22 au dimanche 23 novembre
Elections législatives anticipées dans la partie serbe de la Bosnie : la participation aurait tout juste dépassé les 50 %.
lundi 24 novembre
Selon les premiers résultats non officiels des législatives en Republika Srpska, le SDS de Karadzic semble devoir perdre la majorité absolue au Parlement des Serbes de Bosnie. Cela n'a pas empêché Momcilo Krajisnik, le représentant serbe à la présidence collégiale bosniaque, de revendiquer la victoire de son clan et des partisans de Karadzic.
mercredi 26 novembre
Le représentant de la communauté internationale en Bosnie insiste pour que le Parlement des Serbes se réunisse « le plus rapidement possible ». Ce ne sera cependant pas avant la fin de décembre, car les résultats officiels des législatives de la RS ne seront publiés par l'OCDE que le... 10 décembre. Les derniers résultats partiels connus constatent la nette avance (32,87 %) des ultranationalistes du SDS. L'Alliance populaire serbe des partisans de la présidente Biljana Plavsic totalise 19,87 % des voix, talonnée par le Parti radical (extrême droite nationaliste) : 19,36 % des suffrages.
jeudi 27 novembre
Des affrontements mortels se sont produits au Kosovo après l'enlèvement d'un responsable de la police serbe. Un policier serbe et un Albanais ont été tués lors de l'assaut d'un poste de police de Pristina. D'autres affrontements dans la province ont fait six blessés. Un enseignant albanais, blessé la veille, est mort des suites de ses blessures.
vendredi 28 novembre
Comme prévu, le Conseil de l'OTAN a décidé de laisser en l'état, jusqu'au printemps 1998, les effectifs de la force de paix en Bosnie, la Sfor (30 000 hommes). La situation sur le terrain, jugée « volatile et incertaine », ne permet pas d'amorcer le retrait qui devait s'engager dès la fin 1997. L'idée d'une force de dissuasion (D-Force), au-delà de juin 1998, fait son chemin chez les diplomates. Elle serait concentrée sur les « points chauds » comme Mostar et Brcko.
jeudi 4 décembre
La présidente de l'entité serbe de Bosnie, Biljana Plavsic, s'est rendue à Sarajevo, pour y rencontrer les ministres des Affaires étrangères français et allemand. C'est sa première visite dans la capitale bosniaque (où elle enseignait la biologie à l'université) depuis le début de la guerre, en 1992. Dans l'entourage de la présidente, on précise que ce voyage doit être interprété comme une participation plus active de la Republika Srpska à la politique extérieure de la Bosnie. Les deux ministres européens sont venus demander ensemble aux autorités bosniaques de mieux coopérer au processus de paix.
dimanche 7 décembre
Nouveau second tour de l’élection présidentielle en Serbie, le scrutin du 5 octobre ayant été invalidé à cause d'une trop faible participation. Les électeurs serbes ont de nouveau le choix entre l'ultranationaliste Vojislav Seselj, le ministre yougoslave des Affaires étrangères Milan Milutinovic (homme de confiance de Milosevic) et le nationaliste Vuk Draskovic. Un second tour opposera dans quinze jours Milutinovic (arrivé en tête avec 41,5 % des voix) et Seselj (33 %). Vuk Draskovic recule sensiblement. Le taux de participation a atteint 52 % (boycott de l'opposition démocratique de Djindjic et des Albanais du Kosovo). Une bagarre a opposé les partisans de Milosevic et ceux de Seselj dans un bureau de vote de Dupljani, dans l'est de la Serbie, après que des membres de la commission électorale eurent tenté d'introduire dans les urnes 600 bulletins au nom de personnes vivant à l'étranger. La police a dû intervenir mais on ignore qui, des radicaux ou des socialistes, a tenté de bourrer les urnes.
Proclamation, dans la soirée, du résultat officiel des législatives de la Republika Srpska des 22 et 23 novembre : avec seulement 24 sièges (contre 45 auparavant) les ultranationalistes serbes de Bosnie perdent la majorité absolue au Parlement. Même avec les 15 sièges de leurs alliés du Parti radical SRS, les partisans de Karadzic au sein du SDS ne peuvent plus prétendre dominer la vie parlementaire de Pale. L'Alliance populaire serbe, créée il y a trois mois par la présidente Plavsic, fait officiellement son entrée à Pale, avec 15 sièges.
mardi 9 décembre
Déception à Bonn (Allemagne) : les trois coprésidents de Bosnie n'ont pas répondu aux exigences occidentales et sont venus les mains vides à la conférence sur le suivi de Dayton. Il s'agissait notamment de s'entendre sur l'adoption de plaques minéralogiques, d'une monnaie et d'un drapeau commun. Sur les passeports et la citoyenneté, un accord de principe a pu être arraché, dans la soirée. Les Occidentaux ont appelé à un renforcement du rôle du Haut représentant civil en Bosnie, l'Espagnol Carlos Westendorp. Ce dernier a estimé avoir surtout besoin du « plein soutien » de la communauté internationale. Par ailleurs, le commandement de la la force internationale de police de l'ONU en Bosnie a été confié à un Britannique, Richard Monk.
L'OSCE a estimé que, lors des élections présidentielles en Serbie, « l'ensemble du processus électorale était fondamentalement imparfait ». L'OSCE dénonce en particulier l'omniprésence des socialistes de Milosevic dans les médias et de nombreuses irrégularités au Kosovo.
mercredi 10 décembre
La réunion de suivi sur l'accord de paix en Bosnie, qui a réuni à Bonn (Allemagne), pendant deux jours, 51 pays et 21 organisations, a décidé de renforcer l'autorité du Haut représentant civil, Carlos Westendorp. Cédant aux pressions occidentales, les trois membres de la présidence collégiale bosniaque se sont finalement entendus sur un passeport commun, un projet de loi sur la citoyenneté bosniaque et sur une législation permettant le fonctionnement du Conseil des ministres. Les Serbes ont boycotté la fin des travaux, pour protester contre un paragraphe du texte final qui dénonce la situation en Bosnie.
vendredi 12 décembre
Des membres du TPI ont entrepris de perquisitionner à la mairie de Priedor (nord-ouest de la Bosnie). Encadrés par d'importantes forces de la police internationale (ITPF) et de la Sfor, ils cherchent des documents sur Milan Kovacevic, un Serbe bosniaque, ancien dirigeant local, en attente de jugement à La Haye.
A Sarajevo, l'OSCE a validé les résultats des élections législatives de Republika Srpska. Selon ces résultats, le SDS de Karardzic a perdu la première place.
dimanche 14 décembre
Dans le secteur contrôlé par les militaires français en Bosnie, les criminels de guerre se sentent « en sécurité absolue ». C'est l'accusation portée par le TPI. Paris dément avec véhémence.
lundi 15 décembre
Milo Djukanovic, le président élu du Monténégro, qualifie de « geste stupide » le boycottage de la fin des travaux de la conférence de suivi sur la Bosnie, la semaine passée, par la délégation yougoslave, au sujet du Kosovo.
Les Serbes bosniaques continuent de traîner la jambe pour appliquer les accords pourtant conclus à Bonn, les 9 et 10 décembre, avec la communauté internationale. Leurs députés sont absents du Parlement de Sarajevo, où la session concernant la définition d'une citoyenneté bosniaque, le nouveau passeport et le fonctionnement du Conseil des ministres n'a donc pu avoir lieu. Le Haut-représentant civil en Bosnie a menacé de « prendre des décisions contraignantes ».
mercredi 17 décembre
La commission électorale de l'entité serbe de Bosnie déclare « inacceptables » et « indignes de foi » les résultats des législatives validés à Sarajevo par l'OSCE. Le SDS, perdant de ces élections, chercherait a retarder la constitution du nouveau Parlement dans l'espoir de trouver des alliés pour former une nouvelle majorité.
dimanche 21 décembre
Quatrième tour, en trois mois, de l'élection présidentielle en Serbie. Une fois de plus, l'opposition appelle à boycotter. Le protégé de Milosevic, Milan Milutinovic, a été élu avec 58,66 % des voix contre 38,14 % à Vojislav Seselj. Le taux de participation a atteint 50,5 %. Le SRS a demandé l'annulation pure et simple du scrutin pour « fraude électorale massive ». Les partisans de Seselj exigent du Parlement qu'il forme une commission chargée d'examiner tous les procès-verbaux des bureaux de vote et qu'il les compare avec les données qui sont en leur possession. Selon eux, « les socialistes ont volé au moins 106 000 voix ». Les observateurs internationaux dénoncent eux aussi un « scrutin fondamentalement irrégulier ».
Congrès de l’Eglise et du peuple serbe du Kosovo à Gracanica.
jeudi 25 décembre
Les Albanais du Kosovo ont décidé d'organiser, le 22 mars, des élections législatives et présidentielles, contre l'avis des autorités serbes. Ibrahim Rugova, président de la Ligue démocratique du Kosovo a appelé la communauté albanaise à participer au scrutin « afin de renouveler la légitimité de la direction albanaise » de la province.
vendredi 26 décembre
Match amical de football non officiel : au stade de San Mamés, à Bilbao, l’équipe du Pays basque a battu la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) trois buts à un.
samedi 27 décembre
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Klaus Kinkel a appelé le gouvernement serbe et les Albanais au dialogue pour ne « pas risquer un nouveau conflit en Europe ».
dimanche 28 décembre
Absence de majorité absolue, refus obstiné des ultranationalistes de partager le pouvoir avec les partisans de la présidente Plavsic : situation bloquée au Parlement serbe de Bosnie. Après dix heures de débats stériles, les députés de la RS, récemment élus, se sont quittés sans avoir réussi à élire un président et deux vice-présidents. La session constitutive a été reportée au 12 janvier.
mardi 30 décembre
La police serbe a dispersé par la force 2 000 étudiants de souche albanaise qui défilaient dans les rues de Pristina malgré l'interdiction des autorités (l'accès du centre-ville était bloqué par des véhicules blindés). 15 manifestants auraient été sérieusement blessés. Les manifestants ne réclamaient rien d'autre que des écoles parlant leur langue.
Nouvelle tactique de l'opposition serbe : elle a organisé un concert de casseroles, de 19 h 30 à 20 heures pour couvrir le bulletin d'information de la télévision officielle.
jeudi 2 janvier
35 évêques de l'Eglise orthodoxe serbe se sont réunis à Belgrade, autour du patriarche Pavie, pour un Saint-Synode consacré à la crise politique qui secoue le pays depuis 45 jours. Les travaux, qui se sont déroulés à huis clos, ont donné lieu à un communiqué sans ambiguïté qui a été diffusé dans la soirée par les opposants, rassemblée une nouvelle fois dans le centre de la capitale. Ils étaient environ 50 000, et comme des policiers anti-émeute leur ont barré l'accès de la place de la République, ils ont mimé une « ronde des prisonniers », mains derrière la nuque dans une rue piétonne voisine. « Le Saint-Synode condamne le pouvoir qui a non seulement ignoré la volonté électorale du peuple, mais a aussi et avant tout foulé aux pieds notre glorieuse et douloureuse histoire, nos valeurs nationales et morales », écrivent les évêques serbes qui ont tous signé le texte. Ils accusent le pouvoir de Milosevic d'avoir « trahi les territoires occidentaux serbes (Serbes de Bosnie et de Croatie), conduit la nation et l'Etat à la faillite complète, le peuple jusqu'à la mendicité et brouillé les Serbes avec le monde entier ».
vendredi 3 janvier
Trop peu, trop tard. Le gouvernement serbe a reconnu la victoire de l'opposition, à Belgrade et dans trois villes de province, aux municipales du 17 novembre. Dans une lettre à l'OSCE, le chef de la diplomatie serbe, Milan Milutinovic, estime en effet que les dix autres municipalités litigieuses n'ont pas été remportées par l'opposition. L'OSCE ne se satisfait d'une telle réponse : elle exige l'application « rapide et complète » de ses recommandations. L'opposition, non plus, ne se satisfait pas de cette concession, qui a entraîné la colère des manifestants.
Le Parlement bosniaque a approuvé le nouveau gouvernement et ses deux co-Premier ministres, le Musulman Haris Silajdzic et le Serbe Boro Bosic. Bien que 42 membres de la chambre fussent présents, les deux scrutins permettant au gouvernement d'entrer en fonction n'ont enregistré que 37 voix et 1 abstention... Boro Bosic a présidé la première réunion du nouveau gouvernement à Lukavica, faubourg serbe de Sarajevo.
samedi 4 janvier
Belgrade et ses 2 millions d'habitants n'ont plus ni maire ni conseiller municipal, le mandat des 110 membres sortants de la municipalité ayant expiré. A Niš, l'opposition a menacé de recourir à la force après le 13 janvier, date du Nouvel An orthodoxe, si sa victoire n'est pas, d'ici là, définitivement reconnue par le régime.
dimanche 5 janvier
Les contestataires serbes ont été invités à paralyser la circulation dans le centre de Belgrade en ayant recours à tous les moyens de locomotion imaginables. Ils ont joué les escargots en voiture, à moto et à vélo, mais aussi sur des tracteurs et des bulldozers. Un tel blocus routier pourrait être étendu à toute la Serbie si les résultats électoraux du 17 novembre ne sont définitivement reconnus par le pouvoir « dans les trois ou quatre jours », a menacé Vuk Draskovic. Accusés de « gêner la circulation » et interdits de centre ville par des cordons de police, les manifestants ont transformé les rues piétonnes avoisinantes en cours de prison en tournant à la queue leu leu comme des détenus, les mains derrière la nuque. Les leaders de l'opposition ont également annoncé leur intention d'appeler à la « désobéissance civile », notamment en cessant de payer les notes d'électricité et la redevance pour la télévision. Le secrétaire d'Etat américain Warren Christopher a adressé un message à Milosevic lui signifiant que l'isolement de Belgrade ira croissant si les résultats des élections municipales du 17 novembre ne sont pas reconnus en Serbie.
lundi 6 janvier
L'opposition serbe se veut optimiste. Invités aux Etats-Unis à assister aux cérémonies d'inauguration du nouveau mandat du président Clinton, les responsables de la coalition Ensemble et le leader des étudiants contestataires estiment que Milosevic ne pourra plus longtemps refuser de leur restituer la victoire électorale qu'il leur a volée. Optimistes, les étudiants l'étaient aussi, après avoir reçu du chef d'état-major de l'armée yougoslave, le général Momcilo Perisic, l'assurance que l'armée n'interviendrait pas contre les manifestants, contrairement à ce qui s'était passé en 1991. Le ministre de l'Intérieur, Zoran Sokolovic, a été nettement moins rassurant sur l'attitude future de la police, mais la coalition Ensemble a décidé de porter plainte contre lui pour les « actions de matraquage » du 26 décembre qui ont fait plusieurs blessés. Les étudiants l'ont informé de leur intention de « radicaliser » leur mouvement à partir du 9 janvier. Bravant une fois de plus l'interdiction de manifester, les opposants se sont rendus en procession jusqu'à la cathédrale pour la veillée de Noël orthodoxe. Dans la soirée, un engin a explosé devant le siège de la Gauche yougoslave, parti que dirige l'épouse de Milosevic. Il n'y a eu que des dégâts matériels.
mardi 7 janvier
La Cour suprême de Serbie a reconnu la victoire de l'opposition aux élections municipales de Lapovo. Neuf doyens de la faculté de Belgrade ont apporté leur soutien aux étudiants.
mercredi 8 janvier
Dans la soirée, au 51e jour de manifestation à Belgrade, dans un communiqué diffusé par la télévision publique, le ministère de l'Intérieur a reconnu la victoire de l'opposition à Niš. C'est là une importante concession de Belgrade.
jeudi 9 janvier
Les étudiants contestataires, qui soutiennent l'opposition serbe dans son combat contre Milosevic, ont un objectif immédiat : contraindre les policiers qui, depuis deux semaines, empêchent leurs marches de protestation dans le centre de Belgrade, à se retirer. Trois groupes de plusieurs milliers d'étudiants sont organisés pour se relayer nuit et jour face aux cordons de policiers anti-émeutes et leur lire à voix haute les œuvres d'Aristote.
samedi 11 janvier
Au moment où les Etats-Unis annonçaient le gel de leurs relations officielles et commerciales (déjà fort réduites) avec Belgrade, le pouvoir serbe a promis une révision des résultats litigieux « dans les plus brefs délais » et la punition des responsables des fraudes. L'opposition considère cette initiative comme de la « poudre aux yeux » et poursuit ses manifestations quotidiennes.
Alija Izetbegovic et Kresimir Zubak, les membres musulman et croate de la présidence bosniaque, ont signé un accord qui marque une nouvelle étape vers la création d'une armée commune de la Fédération croato-musulmane. Cet « accord structurel » engage formellement l'armée de Bosnie-Herzégovine (musulmane) et le Conseil de défense croate (HVO) à devenir une force commune.
dimanche 12 janvier
La Grèce, l'un des rares pays à avoir conservé de bonnes relations avec la Serbie tout au long de la guerre dans l'ex-Yougoslavie, intervient à son tour pour tenter de ramener Slobodan Milosevic à la raison démocratique. Theodoros Pangalos, le ministre des Affaires étrangères, est arrivé à Belgrade afin de rencontrer aussi bien les dirigeants de l'opposition serbe que Slobodan Milosevic, le patriarche Pavle ou le ministre yougoslave des Affaires étrangères.
lundi 13 janvier
Dans la soirée, l'opposition serbe a réuni 300 000 personnes (un record) dans le centre de Belgrade pour fêter le nouvel an orthodoxe.
mardi 14 janvier
La commission électorale de Belgrade est revenue sur ses précédentes décisions. Elle a restitué à l'opposition les sièges que le pouvoir lui avait confisqués (60 sur 110). Même revirement à Niš où l'opposition se voir reconnaître 41 sièges sur 80. Reste que l'opposition revendique la victoire dans 14 villes et que le pouvoir ne lui en reconnaît que 7. Vuk Draskovic a donc mis en garde contre tout excès d'optimisme. D'ores et déjà, pourtant, Zoran Djindjic, président du Parti démocrate, a été pressenti pour le poste de maire de Belgrade, en remplacement du socialiste Nebojsa Covic, qui s'est d'ailleurs déclaré solidaire des étudiants contestataires. Mais la victoire électorale, pour Ensemble, n'est pas tout. La coalition a rappelé qu'elle entend ouvrir avec le pouvoir un dialogue « sur les conditions nécessaires à une vie démocratique en Serbie ». Cette démocratisation passe notamment par la libéralisation des médias.
Les 18 000 personnes portées disparues pendant la guerre en Bosnie sont « vraisemblablement mortes ». C'est la conviction du président du CICR, Cornelius Sommaruga.
mercredi 15 janvier
L'engagement de Milosevic à reconnaître la victoire électorale de l'opposition à Belgrade et à Niš n'a pas démobilisé les manifestants. Rien ne leur semble acquis : le tribunal a confirmé l'annulation de leur victoire à Smerederevska Palanka. Le gouvernement confirme à son poste le recteur de l'université de Belgrade, vivement contesté. Et trois responsables socialistes, dont le maire et le chef du SPS de la capitale, qui s'étaient montrés conciliants avec l'opposition, ont été exclus.
jeudi 16 janvier
Alors que la contestation dure depuis deux mois en Serbie, le Conseil suprême de défense presse Milosevic de hâter la résolution de la crise qui n'a que trop affecté « la position internationale de la République fédérale de Yougoslavie ». Pourtant, un « dur » a été nommé à la tête du SPS à Belgrade, Dragan Tomic. L'OSCE, avec l'appui des Etats-Unis, a adressé un nouvel avertissement à Milosevic tandis que le Parlement européen demandait aux Etats de l'Union européenne de geler leurs relations économiques avec Belgrade.
Dans la matinée, le recteur de l'université de Pristina, au Kosovo, a été blessé dans l'explosion d'une voiture piégée.
Dans la soirée, Nikola Koljevic, ancien vice-président de l'entité serbe de Bosnie, s'est tiré une balle dans la tête dans son bureau de Pale. Il a été évacué en urgence vers Belgrade, à bord d'un hélicoptère de l'OTAN. On ignore les raisons de son geste.
vendredi 17 janvier
Pour la 60e journée consécutive, quelque 30 000 manifestants, munis de leurs sifflets maintenant traditionnels, sont descendus dans les rues de Belgrade. Mais le président serbe ne manifeste toujours aucune intention de céder. Tout au plus un tribunal de Niš a-t-il définitivement reconnu la victoire de l'opposition, en rejetant la plainte déposée par le parti de Milosevic. Les étudiants, qui manifestent à part, ont apporté une nouvelle preuve de leur humour et du sens de la provocation qui les caractérise : ils ont défilé en compagnie d'une trentaine de chiens, de poissons rouges, d'un hamster et d'une jument.
Les trois communautés de Bosnie ont été sommées par les forces de l'OTAN de déclarer et de cantonner tout leur armement avant le 14 mars à minuit. L'ultimatum est assorti d'une menace : « Si ces obligations ne sont pas respectées, nous agirons en conséquence ».
dimanche 19 janvier
L'opposition serbe accuse le président Milosevic de préparer une guerre civile en fomentant des troubles au Kosovo. Au cours des dix derniers jours, trois Albanais réputés proches de Belgrade ont été tués dans des attentats dont deux ont été revendiqués par une mystérieuse organisation qui prétend avoir « liquidé » des collaborateurs. Pour l'opposition, ces attentats seraient orchestrés par Belgrade pour ressouder les Serbes autour de leur président, comme cela a été le cas dans le passé, au moment de l'éclatement de la fédération yougoslave. A Belgrade, 10 000 manifestants ont fait descendre dans les rues des centaines de chiens.
lundi 20 janvier
Milosevic ne désarme pas : le tribunal de Belgrade a suspendu la reconnaissance de l'opposition aux élections municipales dans la capitale par la commission électorale. Ceci après une plainte du SPS. Le dossier a été transmis à la Cour suprême. Celle-ci a d'ailleurs rejeté les plaintes de l'opposition concernant les résultats à Sabac : le SPS y restera majoritaire. Dans la soirée, les manifestants ont été matraqués en plein centre-ville par la police.
Les Serbes de Bosnie ont tiré dans la soirée à l'arme automatique sur la ville croate de Slavonski Brod, frontalière avec la Bosnie. C'est le premier incident de ce genre depuis les accords de Dayton. Les tirs étaient dirigés sur la promenade principale de la ville, séparée de la Bosnie par la rivière Save.
A Pristina, l'Armée de libération du Kosovo (UCK), organisation albanaise clandestine, a revendiqué l'attentat à la voiture piégé du 16 janvier qui avait blessé le recteur de l'université. De son côté, la France est favorable à « l'octroi au Kosovo d'un large degré d'autonomie dans le cadre des frontières internationalement reconnues de la République fédérale de Yougoslavie ».
nuit du lundi 20 au mardi 21 janvier
Pour la première fois depuis le début des manifestations, les matraques de la police belgradoise ont frappé les étudiants. Plusieurs personnes ont été blessées dont une grièvement.
mardi 21 janvier
La Cour suprême de Serbie a infligé un nouveau revers à l'opposition en la privant d'une de ses victoires électorales à Smederevska Palenka. La municipalité de Belgrade, selon un « haut responsable » du SPS, s'apprêterait à placer la municipalité sous administration provisoire avant d'organiser un nouveau scrutin dans la capitale.
Les Serbes de Bosnie ont entrepris le procès d'Alija Izetbegovic, président de la direction collégiale bosniaque et chef de l'Etat. Il est accusé de « crimes de guerre », et notamment d'avoir organisé la torture et l'assassinat de prisonniers de guerre, d'avoir attaqué des hôpitaux et détruit des lieux de culte orthodoxes, en sa qualité de chef de l'armée musulmane pendant la guerre qui a déchiré la Bosnie, entre le 1er mai 1992 et le 14 décembre 1995. Le procès s'est ouvert devant la cour d'assise de Banja Luka. Un procès à l'image de la situation en Bosnie : ambigu. Et on parle, sans rire, tous les jours, à Pale, comme à Sarajevo, de « réconciliation ».
mercredi 22 janvier
En Bosnie, à Gajevi, 36 familles musulmanes devaient regagner leur village. Mais les « forces spéciales » de Pale se sont empressées de miner les voies d'accès et le HCR a tourné les talons, car le contingent russe de l'Otan stationné dans la région avait reçu l'ordre de ne pas toucher aux mines.
jeudi 23 janvier
Au moins sept personnes ont été blessées lorsque la police serbe a matraqué des manifestants qui bloquaient l'entrée de Kragujevac (au sud de Belgrade) avec leurs voitures, à l'initiative de la nouvelle municipalité contrôlée par la coalition Ensemble. Les affrontements ont eu lieu autour de la radiotélévision, prise d'assaut par les partisans de Milosevic (200 policiers). Selon le responsable de la coalition d'opposition, Boban Stefanovic, nommé à la tête de la radio-télévision, trois personnes ont été arrêtées, dont un député d’Ensemble au parlement fédéral, Zoran Simonovic, qui a été blessé.
L'ONU a officiellement rejeté les arguments avancés par les responsables de l'entité serbe de Bosnie pour refuser de livrer au tribunal de La Haye Radovan Karadzic et Ratko Mladic. L'ONU réitère sa demande et insiste : « La coopération inconditionnelle avec le tribunal international est impérative ».
Il a fallu la protection des soldats américains de l'OTAN pour permettre le retour d'anciens habitants musulmans de Gajevi, au nombre d'une dizaine, dans leur village en zone serbe.
vendredi 24 janvier
Les forces anti-émeutes serbes ont quitté le bâtiment de la radiotélévision de Kragujevac, après un compromis : la radio d'Etat laissera travailler le nouveau directeur nommé par la municipalité (opposition). Mais les émissions sont suspendues en attendant que la justice désigne qui contrôle le média, la municipalité ou l'Etat. D'autres matraquages se sont produits à Kragujevac et à Kraljevo alors que l'opposition tentait de bloquer des routes. Brutalités policières aussi à Novi Beograd, ville jumelle de la capitale serbe.
samedi 25 janvier
Malgré les assurances données à la radio par le porte-parole du Parti socialiste (« plus de violences policières contre les manifestants »), la police serbe a de nouveau matraqué les manifestants, dans la soirée, qui apportaient leur soutien aux étudiants.
dimanche 26 janvier
Dans la matinée, tournant symboliquement le dos aux policiers, les étudiants ont observé trois minutes de silence en hommage aux trois blessés de la veille. Au fil des jours, la portion de rue qu'ils occupent est devenue le point de rendez-vous des dizaines de milliers d'opposants qui soutiennent leur mouvement débonnaire, mais résolu. Des officiers sont même venus dire publiquement aujourd'hui qu'ils approuvaient leur mouvement. Le leader de l'opposition, Vuk Draskovic a suggéré quelques idées aux 20 000 manifestants venus l'écouter dans le centre de la capitale : déguisés avec des masques de Milosevic, ils pourraient bientôt « commencer à renverser les poubelles, bloquer les rues et les places... »
Des manifestants serbes bosniaques ont attaqué des réfugiés musulmans dans un village en zone serbe, Gajevi. L'un des réfugiés, qui étaient rentrés sous la protection américaine le 23 janvier, a été blessé et les maisons en reconstruction ont été détruites. Le HCR estime que ces incidents « alarmants » remettent en question « la totalité du programme de retour des réfugiés ».
lundi 27 janvier
100 000 personnes dans les rues de Belgrade à l'occasion de la procession de la Saint-Sava (patron des écoliers et des étudiants) n'ont pas empêché un tribunal de Belgrade d'annuler la victoire de l'opposition dans la capitale et à Vrsac (est). L'église a ensuite accusé le régime de vouloir « semer la discorde » et conserver le pouvoir même au prix d'une effusion de sang. La police qui avait chargé les manifestants ce week-end, faisant au moins une vingtaine de blessés, a laissé passer la procession dans toute la ville. Un responsable russe, Igor Ivanov, qui a entrepris une médiation pour résoudre la crise entre le pouvoir et l'opposition serbe a été reçu par les leaders de l'opposition.
mardi 28 janvier
Le président serbe Slobodan Milosevic a reçu en début d'après-midi à Belgrade le Russe Ivanov.
jeudi 30 janvier
Le président de la République fédérale de Yougoslavie a publiquement déclaré, lors d'une rencontre avec des officiers au Monténégro, que la victoire de l'opposition aux élections municipales en Serbie « doit être reconnue », conformément à « la volonté des citoyens » traduites dans les urnes. Pour autant, le président considère que les conclusions de l'OSCE ne doivent pas forcément servir de base au « compromis » entre pouvoir et opposition serbes et que l'opposition doit limiter ses revendications.
dimanche 2 février
Radovan Karadzic, l'ex-leader des Serbes de Bosnie, menace de « reprendre la guerre » en Bosnie si la ville de Brcko n'est pas cédée aux Serbes. L'accord de Dayton prévoit un arbitrage international sur le « corridor de Brcko », qui permettrait la continuité territoriale des zones sous contrôle serbe. L'ancien leader serbe affirme dans un quotidien grec : « On ne peut pas parler d'accord de paix au sujet de Dayton, puisqu'il n'est pas fondé sur la justice. C'est un simple cessez-le-feu ».
Dans la soirée, la police anti-émeute serbe est sortie de son immobilisme pour charger les opposants venus réclamer une fois de plus la reconnaissance de leurs victoires électorales. Intervention brutale, à la matraque, aux grenades lacrymogènes et au canon à eau jusqu'à la dispersion complète des manifestants : au moins 80 personnes ont été blessées (dont une femme de 64 ans qui a eu un bras fracturé, et un jeune homme le nez et une main cassés). Pour sa part, Vesna Pesic, la « pasionaria » de la coalition d'opposition Ensemble, compte ses hématomes, elle a été passée à tabac. Quant à Vuk Draskovic, il jure ses grands dieux qu'on a tiré sur sa voiture « sans aucun doute en application du scénario de mon assassinat commandé par Mirka Markovic » (la femme de Slobodan Milosevic).
En une semaine, la police serbe a arrêté une centaine d'Albanais du Kosovo soupçonnés de « menées subversives » dans cette province yougoslave. L'opposition au régime de Slobodan Milosevic affirme qu'il s'agit là de la plus importante vague d'arrestations depuis deux ans au Kosovo.
lundi 3 février
L'épreuve de force est engagée en Serbie : l'opposition à Milosevic a appelé les Serbes à la désobéissance civile et l'armée à sortir de sa neutralité pour mettre fin aux violences policières sans précédent depuis le début de la crise. Dans l'après-midi, plus de 60 000 manifestants ont marché vers le centre de Belgrade, déjà embouteillé par une grève des taxis, lorsque la police a chargé. Et, cette fois, les manifestants ont été nombreux à répondre aux grenades lacrymogènes avec des lancers de pierres, en dépit des appels à la modération de leurs leaders. Mais, après deux heures d'affrontements, ils ont dû décrocher. Bilan : 7 blessés et 18 arrestations. La France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie, la République tchèque, l'Autriche, la Hongrie et la Grèce, ont vivement condamné l'intervention musclée de la police. La France, en particulier, invite à Paris les trois leaders de l'opposition, Vuk Draskovic, Zoran Djindjic et Vesna Plasic, une « invitation » qui « vaut reconnaissance ». En signe de protestations, 3 000 enseignants serbes ont cessé toute activité.
L'arrestation de Radovan Karadzic devient urgente après son appel à la reprise de la guerre pour la ville de Brcko, a affirmé le Haut représentant civil en Bosnie, Carl Bildt. Les autorités serbes de Bosnie ont démenti que leur ex-dirigeant ait tenu de tels propos. Ils prétendent que cette interview est fausse.
mardi 4 février
Après deux jours de répression dans les rues de Belgrade, Slobodan Milosevic a effectué une apparente volte-face. Dans une lettre à son Premier ministre, Mirko Marjanovic, le président serbe a demandé que soit soumis au Parlement « un projet de loi spéciale » entérinant les résultats des élections municipales de novembre 1996 « conformément aux conclusions » de l'OSCE. Ce projet devrait être présenté le 12 février au Parlement. Méfiante, l'opposition invite les Belgradois à continuer à manifester. Devant 50 000 personnes, Zoran Djindjic a estimé que ce « premier pas » restait « insuffisant ».
mercredi 5 février
L'opposition a encore rassemblé environ 50 000 de ses sympathisants dans le centre de Belgrade. Les leaders doutent de la parole de Milosevic. D'autant qu'un magistrat de la Cour constitutionnelle affirme que le Parlement n'a pas le pouvoir de valider des élections. De plus, la décision du président serbe répond aux demandes de l'OSCE et non de l'opposition.
jeudi 6 février
Les trois leaders de l'opposition serbe, Vuk Draskovic, Zoran Djindjic et Vesna Pesic, ont été reçu en France par le ministre des Affaires étrangères, Hervé de Charette. Draskovic a déclaré que si Milosevic tenait parole, l'opposition serbe mettrait fin dès le 11 février à deux mois et demi de manifestations quotidiennes.
Le gouvernement central de Bosnie-Herzégovine devrait présenter sa démission si aucun accord n'est trouvé sur les règles de travail.
vendredi 7 février
Le Parlement de l'entité serbe de Bosnie refuse de transférer le gouvernement de la Republika Srpska à Banja Luka, la plus grande ville serbe de Bosnie. C'est l'opposition qui exige le transfert de la « capitale » vers cette ville dont l'infrastructure est nettement plus développée que celle de Pale.
Coupe de football Carlsberg : à Hong Kong, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) et la Russie ont fait match nul un à un.
lundi 10 février
Les socialistes, au pouvoir en Serbie, ont rejeté un des amendements du projet de loi sur la validation des résultats des élections municipales : la reconnaissance de la victoire de l'opposition dans deux mairies d'arrondissement de Belgrade (Novi Beograd et Mladenovac). A Belgrade, plus de 20 000 personnes se sont de nouveau rassemblées dans le centre-ville.
Coupe Carlsberg de football : à domicile, Hong Kong a été battue par la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) trois buts à un.
mardi 11 février
Le projet de loi « proclamant définitifs les résultats provisoires » des élections municipales serbes du 17 novembre a été soumis dans la soirée au Parlement, qui, boycottée par l'opposition, a cautionné le revirement apparent de Milosevic. Auparavant, il a exclu de ses rangs le maire sortant de Belgrade, Nebojsa Covic (déjà chassé du parti au pouvoir), qui a manifesté son intention de porter plainte. Les parlementaires ont aussi pris le temps de remanier le gouvernement. Dans la soirée, une 84e manifestation consécutive a eu lieu dans les rues de Belgrade, à l'appel de la coalition Ensemble.
mercredi 12 février
Plus de 20 000 Serbes, étudiants, enseignants en grève et dirigeants syndicaux ont encore manifesté dans les rues de Belgrade, dans une « atmosphère très tendue », pour signifier au pouvoir qu'il n'en avait pas fini avec eux et que leur combat continue à côté de celui de l'opposition, car « les gens ne se contentent pas de miettes ». Draskovic et Djindjic n'ont pas manqué de relever que la loi votée la veille brille par son imprécision.
jeudi 13 février
Situation explosive en Bosnie : 14 mois après l'accord de Dayton, la Cour arbitrale internationale, présidée par un Américain, a décidé d'abandonner Brcko aux Serbes. Les musulmans, se sentant « trahis », menacent de reprendre eux-mêmes la ville. Les Américains ont aussi décidé de placer Brcko sous l'autorité temporaire d'un « superviseur » américain chargé de veiller au retour des musulmans et des Croates chassés de la ville en 1992. Toutes les unités de la Sfor, essentiellement américaine dans cette région, sont en état de « préalerte ». Les Serbes affirment avoir reçu de Washington l'assurance que leurs exigences seraient satisfaites. Et promettent de reprendre les hostilités si, changeant d'avis, les Américains rendaient Brcko aux Croato-Musulmans.
La commission électorale a officiellement validé la victoire de l'opposition serbe au conseil municipal de Belgrade. C'est la première validation officielle des 14 victoires électorales revendiquées.
vendredi 14 février
La Cour arbitrale internationale a décidé que Brcko resterait territoire serbe, en attendant une décision finale en mars 1998. Aucun des possibles candidats au contrôle de la ville n'est à l'heure actuelle « suffisamment stabilisé » pour que puisse être rendue la décision finale. Entre temps, la ville sera administrée par un superviseur américain. Des élections municipales « libres et honnêtes » seront organisées, sous contrôle international, probablement en même temps que celles prévues les 12 et 13 juillet dans l'ensemble de la Bosnie. Enfin, le port fluvial de Brcko sur la Save, frontière naturelle avec la Croatie, est placé sous l'autorité de la Régie des transports de Bosnie-Herzégovine. La décision de la commission n'a pas été bien reçue par les Musulmans et les Croates.
Les victoires de l'opposition serbe ont été validées par les commissions électorales dans 6 des 14 villes où la coalition Ensemble l'a emporté au scrutin du 14 novembre.
mercredi 19 février
La Yougoslavie (Serbie-Monténégro) et la Croatie développent leurs relations : le chef de la diplomatie croate, Mate Granic, a rencontré son homologue Milan Milutinevic et le président serbe Milosevic. Ils ont préparé 18 accords bilatéraux qui devraient être signés au cours des prochaines semaines.
Les responsables du Parti socialiste serbe (SPS) à Leskovac (sud) se sont rebellés contre la décision de la direction du SPS d'exclure le maire et de dissoudre son comité local. Gojko Velickovic est écarté pour « entorse à la discipline du parti ». Au cours d'une réunion « houleuse » avec le vice-président du SPS Nikola Sainovic, 39 responsables du parti ont menacé de démissionner si la décision de Belgrade était appliquée.
jeudi 20 février
Le Premier ministre monténégrin, Milo Djukanovic, a estimé que le président serbe Milosevic ne méritait plus « aucun poste politique » car il est « incapable de répondre aux défis » du monde moderne.
Vuk Draskovic, un des trois dirigeants de la coalition Ensemble, a menacé de boycotter la fête organisée le lendemain soir à Belgrade pour célébrer la victoire de l'opposition aux municipales de novembre. « Le SPO est pour une célébration modeste dont les principaux héros seraient les citoyens-manifestants qui ont défié la pluie, la neige, le froid et les matraques », déclare le parti de Draskovic.
vendredi 21 février
Zoran Djindjic, chef du Parti démocrate et l'un des trois leaders de la coalition Ensemble, a été élu maire de Belgrade par 68 voix sur les 110 que comptent le conseil municipal. Le nouveau maire s'est engagé à « moderniser l'administration municipale » et à « réformer les services publics », promettant de travailler « dans la transparence ». 100 000 personnes sont descendues dans les rues de Belgrade pour fêter la prise de contrôle de la municipalité par l'opposition.
mardi 25 février
La Croatie a remis à l'ONU une liste d'environ 170 noms de personnes « qui ont commis des crimes de guerre ou bien qui sont suspectées d'en avoir commis » en Slavonie orientale, région conquise par les Serbes en 1991 et qui doit revenir à la Croatie avant la fin de l'année. A Zagreb, on espère que la publication de cette liste rassurera les Serbes de cette région qui ne sont pas impliqués et qui craignent des représailles croates l'année prochaine.
Quelque 25 000 personnes sont toujours portées disparues dans l'ex-Yougoslavie (dont 20 000 en Bosnie), selon un rapport de l'ONU.
mercredi 26 février
L'opposition, majoritaire à Belgrade, vient de nommer une nouvelle équipe dirigeante à la télévision locale Studio-B, jusque-là contrôlée par les hommes de Milosevic. Tandis que dans la soirée, la télévision d'Etat a diffusé la première des émissions quotidiennes qu'elle a décidé de consacrer à tous les partis politiques du pays sans exclusive.
jeudi 27 février
Le Conseil de l'université de Belgrade a élu un « recteur par intérim »... aussitôt désavoué par le pouvoir, qui maintient à sa place Dragutin Velickovic.
vendredi 28 février
La République fédérale de Yougoslavie et la Republika Srpska ont signé à Belgrade un accord établissant entre elles des « liens spéciaux ».
samedi 1er mars
Les étudiants de Belgrade ont fêté leur centième jour de combat pour obtenir la destitution de leur bête noire : le recteur de l'Université, Dragutin Velickovic, considéré comme étant aux ordres du pouvoir et de Milosevic, ainsi que de tous ceux qui se sont rendu coupables de fraude électorale et des policiers qui ont passé des manifestants à tabac. Ils étaient 30 000 à défiler, dans la soirée, à défiler dans les rues de la capitale serbe. Ils ont réaffirmé qu'ils allaient poursuivre leurs manifestations quotidiennes. Ils ont reçu le soutien de plus des deux tiers des professeurs et de 28 des trente doyens de faculté.
lundi 3 mars
Les étudiants de Belgrade ont de nouveau manifesté dans les rues de la capitale serbe.
Malgré les mesures prises (couvre-feu, barrages et contrôles routiers, censure de la presse, fermeture des établissements scolaires, autorisation donnée aux forces de l'ordre de tirer sans sommation) par le gouvernement albanais pour tenter d'endiguer la violence venue du sud, l'Albanie est au bord de la guerre civile. La frontière yougoslave a été fermée.
mercredi 5 mars
Plusieurs dizaines d'étudiants serbes ont occupé le bâtiment du rectorat de l'Université de Belgrade, dans une nouvelle action visant à obtenir le limogeage du recteur. Les étudiants ont décidé d'occuper les locaux tant que celui-ci n'aura pas démissionné.
Trois personnes, des Serbes, ont été blessées par l'explosion d'une bombe placée dans une poubelle, à proximité immédiate de l'université de Pristina. C'est le troisième attentat enregistré dans la capitale du Kosovo depuis le début de l'année.
jeudi 6 mars
La coalition d'opposition serbe Ensemble propose maintenant une table ronde au pouvoir. Il s'agirait de réfléchir, à partir du 20 mars, aux « conditions pour des élections législatives et présidentielle démocratiques ».
Les étudiants de Belgrade ont décidé de reprendre les cours demain. Pour autant, ils ne renoncent pas à leurs manifestations quotidiennes. La grève reprendra dès le 10 mars, si le recteur n'a pas démissionné d'ici là.
mardi 11 mars
L'ONU a tranché : les élections municipales et régionales seront organisées en Slavonie orientale le 13 avril, comme dans le reste de le Croatie. C'est la dernière condition pour permettre le retour sous l'autorité de Zagreb de cette dernière région croate encore sous contrôle serbe. Les Serbes chassés d'autres régions de Croatie et qui se sont réfugiés en Slavonie auront le droit de voter.
mercredi 12 mars
Match amical de football : au stade Crvena Zvezda de Belgrade, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) et la Russie ont fait match nul zéro à zéro.
samedi 15 mars
Le Parlement de la Republika Srpska (RS) a ratifié par 61 voix sur 72 le « traité » établissant des « relations spéciales » entre l'entité serbe de Bosnie et Belgrade. Un vote acquis malgré l'opposition de la présidente de la RS, Biljana Plasic, qui le juge « nul et non avenu » et malgré l'avis défavorable du haut représentant civil européen en Bosnie, le Suédois Carl Bildt. Selon la constitution de Bosnie-Herzégovine, les accords de ce genre doivent recueillir l'approbation préalable du parlement central bosniaque, composé de Croates, de Serbes et de Musulmans.
mardi 18 mars
Président de la Fédération de Bosnie depuis trois ans, le Croate Kresimir Zubak (NHI) est remplacé par Vladimir Soljic (HDZ), Croate également.
jeudi 20 mars
Le Parlement yougoslave a opéré un profond remaniement du gouvernement de Radoje Kontic avec la nomination de 14 nouveaux ministres. Parmi eux, deux personnalités proches du président Milosevic. Zoran Sokolovic, son conseiller, devient ministre de l'Intérieur.
Le Parlement yougoslave a ratifié le traité établissant des « relations spéciales » entre Belgrade et la Republika Srpska.
vendredi 21 mars
L'accord établissant des relations spéciales entre Belgrade et les Serbes de Bosnie est une violation de l'accord de paix de Dayton, a affirmé Carl Bildt.
vendredi 28 mars
Il existe toujours des stocks d'armes chimiques dans les pays de l'ex-Yougoslavie. Ce sont autant de menaces pour la paix dans cette région, estime Human Rights Watch, une organisation non gouvernementale, dans un rapport distribué à Sarajevo. Sur les quatre centres de productions d'armes chimiques identifiés, trois se trouvent en Serbie et un près de Mostar, dans le sud de la Bosnie. Il semble que seul le gouvernement bosniaque ait arrêté la production de ces armes.
dimanche 30 mars
La jeune joueuse de tennis suisse Martina Hingis a remporté le tournoi de Miami en battant facilement en finale l’Américaine d’origine serbe Monica Seles en deux sets (6-2, 6-1).
mardi 1er avril
Le Conseil de sécurité des Nations unies a autorisé le déploiement des 186 policiers internationaux dans la zone sensible de Brcko, en Bosnie. Le Conseil estime, par ailleurs, qu'il importe de veiller à ce que les 1 700 policiers de l'ONU déjà déployés soient en mesure de s'acquitter de « toutes les tâches » qui leur ont été confiées, notamment en rapport avec le respect des droits de l'homme.
mercredi 2 avril
56 cadavres ont été exhumés du charnier de Bacin, en Croatie, où les travaux ont pris fin. Situé à 70 kilomètres au nord de Zagreb, ce charnier contenait des dépouilles de civils croates exécutés par les milices serbes ayant coupé la région en octobre 1991.
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Sparty na Letné de Prague, la République tchèque a été battue par la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) deux buts à un.
dimanche 6 avril
Les Serbes de Slavonie orientale ont été nombreux à participer au référendum pour le maintien de « l'intégrité » administrative de cette région de Croatie encore partiellement sous leur contrôle : 99,51 % pour le maintien de cette « intégrité ». Cette consultation, non autorisée par Zagreb, organisée à une semaine des élections locales, est destinée à marquer l'hostilité des Serbes au découpage administratif de la région opéré par les autorités croates, mais a été désapprouvé par l'administration de l'ONU pour cette région (Athuso).
nuit du jeudi 10 au vendredi 11 avril
Radovan Stojicic, vice-ministre de l'Intérieur et chef de la Sécurité publique serbe, a été assassiné en plein centre de Belgrade. Un homme masqué l'a abattu d'une rafale d'arme automatique dans un restaurant où il dînait avec son fils et un ami. Personnalité redoutée, autant par l'opposition que par ses hommes, à qui il imposait une discipline de fer, Stojicic, avait été promu général de police par Milosevic quatre mois après l'accord de Dayton mettant fin à la guerre de Bosnie.
samedi 12 avril
Le pape Jean-Paul II est arrivé à Sarajevo. Sa visite n'a pas soulevé que de l'enthousiasme : le membre serbe de la présidence collégiale de Bosnie-Herzégovine, Momcilo Krajisnik, a prétexté des raisons de sécurité personnelle pour ne pas accueillir le pape à l'aéroport avec ses deux collègues musulmans et croates.
mardi 15 avril
Ancien membre de la police serbe et président de la Chambre du commerce de Serbie, Vlajko Stojiljkovic (59 ans) a été élu ministre de l'Intérieur (et vice-Premier ministre) de Serbie par le Parlement de Belgrade. Il succède à Radovan Stojicic.
dimanche 20 avril
Il y a cinq ans que les habitants de Sarajevo ne pouvaient plus téléphoner sans passer par des opérateurs manuels. La poste bosniaque a rétabli les appels automatiques en direction de 174 pays. Les communications avec l'entité serbe de Bosnie restent toutefois inaccessibles en automatique.
mardi 22 avril
Alija Izetbegovic, membre (musulman) de la présidence collégiale bosniaque, a exigé des sanctions contre les Serbes et les Croates qu'il accuse de nombreuses violations de l'accord de paix de Dayton. Ces accusations figurent dans une lettre adressée à Carl Bildt, représentant de la communauté internationale, dont le porte-parole assure qu'il « partage totalement l'inquiétude du président Izetbegovic ». Le président bosniaque accuse également la Serbie et la Yougoslavie (Serbie et Monténégro) de ne pas réduire leurs armements, comme prévu à Dayton, et de poursuivre la purification ethnique.
jeudi 24 avril
Un tribunal de Zvornik (entité serbe de Bosnie) a condamné à 21 ans de prison trois des sept musulmans bosniaques accusés du meurtre de quatre bûcherons serbes.
vendredi 25 avril
Le président serbe, Slobodan Milosevic, a procédé à un sérieux nettoyage au sein de la direction de son parti, en vue des prochaines élections dont dépend de son avenir politique. Trois des quatre vice-présidents du Parti socialiste serbe ont été limogés et remplacés par des cadres réputés pour leur fidélité au président, leur fermeté idéologique et leur nationalisme.
mercredi 30 avril
Eliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au stade Crvena Zvezda, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) et l’Espagne ont fait match nul un à un.
jeudi 1er mai
La conférence des pays donateurs, qui doit en principe réunir plus de 8 milliards de francs cette année pour la reconstruction de la Bosnie, a été annulée. Selon le bureau de Carl Bildt, « la conférence n'aura pas lieu tant qu'un accord ne sera pas trouvé au sein du gouvernement bosniaque sur une série de lois économiques ».
Plusieurs milliers de personnes ont participé à une marche organisée à Belgrade par le syndicat Nezavisnost (« Indépendance ») pour protester contre le régime du président Milosevic. Cette manifestation constitue le premier rassemblement de masse depuis les manifestations antigouvernementales de l'hiver dernier.
dimanche 4 mai
Non seulement la levée des sanctions internationales n'a pas permis aux Yougoslaves d'améliorer leur niveau de vie, mais celui-ci continue même de chuter et la fracture sociale s'amplifie. On estime que 650 000 Yougoslaves (sur 11 millions d'habitants en Serbie et au Monténégro) vivent aujourd'hui au-dessous du seuil de pauvreté. Les classes intermédiaires sont les plus touchées et les petites entreprises contraintes à la fermeture accroissent le nombre des chômeurs de 5 000 chaque mois.
mercredi 7 mai
Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie) a rendu, à l'issue du premier procès de son histoire, un jugement de Salomon : il a reconnu le Serbe de Bosnie, Dusan Tadic, coupable de crimes contre l'humanité et de tortures mais non de meurtres. Il a décidé de faire appel.
jeudi 8 mai
La police des Serbes de Bosnie ont arrêté un ancien chef de guerre croate, Ivan Mijacevic, alors qu'il allait se recueillir sur les tombes de sa famille. Mijacevic (40 ans) commandait la septième brigade des forces croates de Bosnie. Accusé d'avoir ordonné un bombardement à Modrica en novembre 1993, il a été incarcéré à Doboj (nord) en attente de son procès prévu le 2 juillet, a annoncé la radio bosniaque.
vendredi 9 mai
Le président bosniaque Alija Izetbegovic a demandé la libération d'Ivan Mijacevic, arrêté la veille par les Serbes de Bosnie, les accusant de violer les accords de paix de Dayton.
mercredi 21 mai
Le président du Monténégro, Momir Bulatovic, a renforcé son pouvoir en prenant le contrôle de la police secrète. Jusqu'alors, c'est le gouvernement dirigé par son rival Milo Djukanovic, qui exerçait sa tutelle sur ce service. Bulatovic est l'allié le plus fidèle du président serbe Milosevic, alors que Djukanovic en est l'un des adversaires les plus farouches.
Un nouveau charnier vient d'être découvert en Bosnie, dans la région de Bihac. Il renferme les dépouilles de près de 300 victimes musulmanes et croates exécutées en 1993 par les Serbes de Bosnie. Certaines des victimes étaient encore vivantes lorsqu'elles ont été précipitées dans cette fosse naturelle profonde d'une centaine de mètres. Une équipe d'experts doit maintenant procéder à l'exhumation des corps pour les identifier.
jeudi 22 mai
L'OSCE a été contrainte de fermer 5 des 420 bureaux ouverts en Bosnie pour l'enregistrement des électeurs, après la découverte de tentatives de fraude et pour des raisons de sécurité. Les élections municipales auront lieu les 13 et 14 septembre et les électeurs doivent s'inscrire avant le 16 juin, mais de nombreuses tentatives de fraudes ont déjà été constatées dans l'entité serbe. Initialement prévu en septembre 1996, ce scrutin a déjà été reporté à quatre reprises et la rumeur d'un nouveau report circule déjà à Sarajevo.
jeudi 29 mai
Les autorités de Serbie ont affirmé leur refus de livrer au TPI des criminels de guerre présumés, à deux jours de la visite à Belgrade du secrétaire d'Etat américain, Madeleine Albright. « Les criminels de guerre seront jugés dans notre pays comme le dictent notre Constitution et nos lois, à condition qu'il y ait des preuves solides qu'ils ont pu commettre de tels actes », a déclaré Iva Dacic, porte-parole du Parti socialiste.
du samedi 31 mai au dimanche 1er juin
La secrétaire d'Etat américaine Madeleine Albright a fait la tournée des trois capitales du conflit de l'ex-Yougoslavie : Zagreb, Belgrade et Sarajevo. Pour redire aux dirigeants croates, bosniaques et serbes l'urgence d'une mise en œuvre effective des accords de Dayton. Des Croates, elle a exigé le retour des réfugiés serbes ; aux Serbes, elle a réclamé la démocratisation du pays et la remise des criminels de guerre au TPI ; aux Bosniaques, elle a demandé la mise en place d'institutions communes et l'arrestation des criminels de guerre.
lundi 2 juin
57 cadavres ont été exhumés par les autorités croates près du village de Lovas, à 15 kilomètres de Vukovar (Slavonie orientale). Il s'agit vraisemblablement de victimes des combats de fin 1991 entre Croates et rebelles serbes
La Plume d'or 1997 de la Liberté a été remise par l'Association mondiale des journaux (FIEJ) à trois quotidiens de l'ex-Yougoslavie ayant assuré une « couverture honnête et impartiale » de la guerre dans des circonstances « extrêmement difficiles ». Les lauréats sont Oslobodjenje, Feral Tribune et Nasa Borba.
mercredi 4 juin
Près de Brcko, port fluvial bosniaque frontalier de la Croatie, la communauté internationale va tenter de recréer une société multiethnique dans six villages situés de part et d'autre de la ligne qui sépare la fédération croato-musulmane de l'entité serbe de Bosnie. Robert Farrand, le diplomate américain chargé de superviser l'administration serbe de Brcko, parle de « faire revenir des habitants des trois communautés et de recréer un climat de confiance ». Une vraie gageure, au voisinage de l'une des villes les plus touchées par la « purification ethnique » au cours de la guerre.
jeudi 5 juin
Le président serbe Slobodan Milosevic sera candidat à la présidence de la République de Yougoslavie (Serbie et Monténégro). Le mandat de l'actuel président, Zoran Lilic, expire le 25 juin. Selon la Constitution yougoslave, il ne peut pas être réélu.
vendredi 6 juin
L'armée turque a accusé l'Arménie, Chypre, la Grèce, l'Iran, la Serbie et la Syrie d'aider les rebelles kurdes du PKK à se procurer des missiles sol-air. Deux de ces engins ont abattu deux hélicoptères turcs (13 morts) depuis le 18 mai.
dimanche 8 juin
Eliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au stade Crvena Zvezda de Belgrade, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) a battu la Slovaquie deux buts à zéro.
lundi 9 juin
Une session du Parlement commun aux deux entités bosniaques a été annulée, les Serbes refusant d'y participer. Il s'agissait pourtant d'une session cruciale, puisqu'elle devait adopter une série de lois économiques exigées par la Communauté internationale, portant notamment sur la législation douanière, le commerce extérieur, le budget et le règlement de la dette extérieure. Haris Silajdzic, le co-Premier ministre musulman espère que la conférence des pays donateurs, qui devait se tenir le 24 juin à Bruxelles (Belgique), ne sera pas annulée une nouvelle fois (initialement prévue en décembre 1996 et déjà reportée plusieurs fois). Il souhaite que ce soient « les responsables du blocage » - les Serbes - qui seront privés de l'aide financière internationale.
mardi 10 juin
Les ministres des Affaires étrangères des pays balkaniques (Albanie, Bulgarie, Grèce, Macédoine, Roumanie, Serbie et Turquie) se sont engagés à Salonique (Grèce) à s'abstenir « de tout recours à la violence » pour régler leurs différends et à respecter « les droits de souveraineté de chaque pays ». Ils ont également demandé la « pleine application » des accords de Dayton sur la paix en Bosnie-Herzégovine. Ce pays était représenté, à titre d'observateur, ainsi que la Croatie.
mercredi 11 juin
L'inscription pour les élections municipales de septembre à Brcko, ville sous contrôle serbe, dans le nord de la Bosnie, a donné lieu à des fraudes massives. C'est ce qu'a annoncé l'OSCE. Le centre d'inscription a été fermé.
Ensemble, la coalition d'opposition serbe qui avait sérieusement ébranlé le pouvoir de Milosevic, l'hiver dernier, est au bord de la rupture, rongée par les querelles internes. Ses responsables (Zoran Djindjic pour le Parti démocrate, Vuk Draskovic pour le Mouvement serbe de renouveau et Vesna Pesic pour l'Alliance civique), ne se sont pas revus depuis deux mois. Ils se contentent de s'invectiver par voie de communiqués, ce qui inquiète fort leurs partisans, à quelques mois des élections législatives et présidentielles prévues pour la fin de l'année.
jeudi 12 juin
Korea Cup de football : à au Stade olympique de Séoul, le Ghana a battu la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) trois buts à un.
samedi 14 juin
Korea Cup de football : au Complexe des Sports de Suwon, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) et l’Egypte ont fait match nul zéro à zéro.
lundi 16 juin
Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie poursuivi pour crimes de guerre, est attendu le mois prochain à Belgrade où aura lieu le mariage de son fils. C'est un mensuel yougoslave qui publie cette information, ajoutant que le général Mladic « ne se soucie ni des réactions » que sa présence peut susciter « ni du risque d'être arrêté » car il change fréquemment de résidence. Sa famille, de toute façon, réside dans la capitale serbe où il a déjà été vu à plusieurs reprises, suscitant à chaque fois les protestations du TPI.
Korea Cup de football : au Stade Olympique de Séoul, la Corée du Sud et la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) ont fait match nul un à un.
lundi 23 juin
Le Monténégro a donné son feu vert pour la candidature de Slobodan Milosevic à la présidence yougoslave. Le débat ouvert au sein de la direction du parti au pouvoir à propos de cette candidature témoigne de divergences profondes dans la hiérarchie monténégrine. Les conservateurs, fidèles au président Momir Bulatovic, sont proches de Belgrade, mais les réformateurs, alliés du Premier ministre Milo Djukanovic, sont hostiles à Milosevic.
mercredi 25 juin
Le président serbe Slobodan Milosevic a effectué une rapide visite au Kosovo. Il s'est montré intransigeant à l'égard des aspirations des Albanais de la région (majoritaires à 90 %), ne laissant entrevoir aucune possibilité de dialogue avec leurs représentants.
jeudi 26 juin
La presse albanaise du Kosovo a dénoncé, comme une provocation, la visite éclair de Milosevic dans la région, décrivant ce passage comme « une évidente démonstration de force, accompagnée de mesures de sécurité sans précédent, qui vise à redonner vie au nationalisme extrémiste serbe ».
vendredi 27 juin
L'OTAN a décidé de renforcer la Sfor afin de garantir la bonne tenue des élections municipales de Bosnie des 13 et 14 septembre. 3 000 hommes devraient compléter avant la fin octobre, les effectifs actuels (31 000 hommes).
Slavko Dokmanovic, ancien maire de Vukovar accusé par le TPI de La Haye d'avoir participé au massacre de 261 civils, en majorité des Croates, à l'hôpital de Vukovar en novembre 1991, a été arrêté en Slavonie orientale par des agents du TPI. Il avait été convié à se rendre dans la région par Jacques Klein, l'administrateur de l'ONU en Slavonie. Comme convenu, des représentants de l'Administration transitoire de l'ONU l'attendaient sur le pont enjambant le Danube où il a laissé sa voiture personnelle. Mais au lieu de le conduire à Vukovar chez le général américain, Il a été immédiatement déféré devant le tribunal et transféré dans les geôles de l'ONU à La Haye. Malgré la gravité des faits dont est accusé l'ancien maire de Vukovar, le ministre yougoslave des Affaires étrangères exprime le « vif mécontentement » de Belgrade. Il demande au général Klein de faire libérer Dokmanovic « d'urgence ». « Ce nouvel incident, ajoute Milan Milutinovic, risque d'avoir de graves conséquences pour l'avenir du processus de paix ».
dimanche 29 juin
L'opposant numéro un au président Milosevic, Vuk Draskovic, le chef du Mouvement serbe de Renouveau, fera cavalier seul pour les prochaines élections. Sa décision consacre l'éclatement de la coalition d'opposition Ensemble. Aujourd'hui partisan d'une monarchie, Draskovic risque de décevoir ses supporters et de faciliter la candidature de Milosevic.
lundi 30 juin
La guerre entre la présidente de la Republika Srpska, Biljana Plavsic, et son propre parti, le SDS, a été déclenchée par le limogeage (quand ?) de Dragan Kijac, ministre de l'Intérieur de l'entité serbe. Mme Plavsic entendait ainsi sanctionner son ministre pour deux fautes : son refus de coopérer avec la police internationale à la recherche des criminels de guerre inculpés par le TPI et sa décision de supprimer, sans en référer à la présidence, le service du renseignement et du contre-espionnage de la brigade antiterroriste de Banja Luka. La présidente est revenue à la charge, en accusant le ministre limogé d'avoir couvert « un trafic illégal et de contrebande » au profit de quelques personnages importants de l'Etat.
mardi 1er juillet
L'OSCE vient d'interdire aux personnes recherchées ou inculpées pour crimes de guerre de participer aux élections municipales en Bosnie. Cette décision a été prise après avoir constaté que Radovan Karadzic avait réussi à s'inscrire sur les listes électorales. Il a contourné l'interdiction qui lui est faite de paraître en public en se faisant passer pour malade : il s'est tout simplement fait inscrire à domicile, chez lui, à Pale. Il continue d'ailleurs de tirer les ficelles de l'entité serbe dans l'ombre : il accuse Biljana Plavsic, présidente de la Republika Srpska de « briser l'unité des Serbes » en se montrant trop conciliante avec la communauté internationale. Le parti au pouvoir à Pale envisage de la destituer ; le gouvernement a d'ailleurs annulé le limogeage du ministre de l'Intérieur, Dragan Kijac, et dénoncé les « décisions illégales » de la Présidente. Dans la soirée, Mme Plavsic a violemment attaqué ses partenaires politiques dans une déclaration télévisée : elle a notamment affirmé que Karadzic continuait de garder un grand pouvoir.
Belgrade n'a toujours pas apprécié l'arrestation de Slavko Dokmanovic il y a quatre jours. Par la voix de son ministre de l'Intérieur, la République fédérale de Yougoslavie a fait savoir que pareille opération sur son territoire était « inconcevable ». « La Yougoslavie est un Etat souverain, a averti Zoran Sokolovic ; elle a ses institutions et elle ne permettra à personne de commettre des actes de violence sur son territoire ».
mercredi 2 juillet
Le Parti démocratique serbe (SDS), au pouvoir dans l'entité serbe de Bosnie, est entré en rébellion contre la présidente de la République de Srpska, Biljana Plavsic, pourtant issue de ses rangs. Le SDS a demandé au Parlement de Pale, où il détient la majorité, de préparer la destitution de la présidente au cas où elle refuserait d'appliquer les décisions du gouvernement, soit de démissionner. Mme Plavsic a annoncé qu'elle « réfléchissait » maintenant à la dissolution du Parlement de Pale et au limogeage de son Premier ministre. Le président du Parlement a convoqué, de son côté, une session extraordinaire pour le 4 juillet. Le débat porterait sur l'organisation d'un référendum populaire pour destituer la Présidente. L'armée a fait allégeance à la Présidente, en sa qualité de commandant suprême des forces armées.
jeudi 3 juillet
L'épreuve de force est réellement engagée au sein de la direction des Serbes de Bosnie. Plus rapide que ses anciens amis devenus ensemble, la présidente Plavsic a dissous le Parlement de l'entité serbe de Bosnie qui menaçait de la destituer. Elle a justifié sa décision par le fait que les institutions de la Republika Sprska « n'accomplissent pas leur tâche et menacent la sécurité même de l'Etat ». A peine la dissolution du Parlement était-elle annoncée que le gouvernement publiait un communiqué annulant cette décision au motif qu'elle n'est pas « en accord avec la Constitution ». La présidente a déjà fixé au 1er septembre les prochaines élections législatives. Rien ne dit qu'elles auront lieu.
Quelque 12 000 réfugiés yougoslaves, pratiquement tous des Albanais de la province du Kosovo dont les demandes d'asile ont été rejetées, devront quitter la Suisse avant le 1er septembre. Belgrade qui jusqu'ici faisait traîner les négociations a finalement accepter de signer un accord avec Berne. L'Organisation suisse d'aide aux réfugiés condamne ces renvois, en rappelant les persécutions exercées par les extrémistes serbes contre les Albanais du Kosovo.
vendredi 4 juillet
Ignorant la dissolution prononcée par la présidente Plavsic, le Parlement de la République serbe de Bosnie s'est réuni à Pale, pour lui adresser des « conseils ». Un message, au fort goût d'ultimatum, demandait à la présidente de les rejoindre ou de démissionner. Malgré une manifestation de soutien qui a rassemblé 5 000 personnes, la présidente des Serbes de Bosnie semble de plus en plus isolée face à ses anciens amis qui souhaitent maintenir une « ligne dure ». Le Parlement a décidé de siéger en permanence jusqu'au règlement de la crise.
samedi 5 juillet
Le Parlement de la Republika Srpska continue à siéger, malgré sa dissolution.
dimanche 6 juillet
Aucun compromis n'a été trouvé, dans l'entité serbe de Bosnie, pour résoudre la crise née de la dissolution du Parlement de Pale. L'avenir pourrait dépendre de l'attitude de l'armée. Celle-ci, qui avait fait allégeance à la présidente il y a quatre jours, semble s'être rétractée dans une lettre où la décision présidentielle est qualifiée « d'arbitraire et préjudiciable ».
mardi 8 juillet
Le président serbe Milosevic a invité la présidente de l'entité serbe de Bosnie, Biljana Plavsic, et son principal détracteur, Momcilo Krajisnik, le représentant serbe au sein de la présidence bosniaque, à venir à Belgrade « pour examiner ensemble les mesures visant à surmonter la crise » que traverse la direction de la Republika Srpska. Le général Pero Colic, chef d'état-major de l'armée serbe bosniaque, est allé à la rencontre de Mme Plavsic à Banja Luka. Il a mis en garde la communauté internationale contre toute intervention dans la crise, qui marquerait « la fin de l'application de l'accord de Dayton ».
mercredi 9 juillet
L'Union européenne a décidé de suspendre son aide (150 millions de francs) à l'entité serbe de Bosnie tant que Karadzic n'aura pas été arrêté. Pour l'instant, il peut continuer de dormir tranquille : le président américain Bill Clinton a déclaré que les criminels de guerre inculpés « doivent être arrêtés si les commandants militaires sur place pensent que le risque encouru est raisonnable ». Or, le chef d'état-major de l'armée américaine vient d'estimer qu'une telle arrestation n'était pas du ressort de la force internationale en Bosnie, mais des autorités locales.
jeudi 10 juillet
Deux semaines après l'arrestation de l'ancien maire de Vukovar, une nouvelle opération a été montée contre des criminels de guerre présumés ayant sévi pendant la guerre en Bosnie. Elle a eu lieu à Prijedor (nord-ouest de la Bosnie), conduite par des soldats britanniques de la Sfor. Elle visait l'ancien chef exécutif de la ville, Milan Kovacevic, qui a effectivement été arrêté, et l'ancien chef de la police locale, Simo Drljaca, qui a été tué. Son fils et son beau-frère, qui l'accompagnaient ont été appréhendés. Leurs noms figuraient sur une liste d'inculpation dressée par le TPI, mais tenue secrète pour faciliter leur éventuelle interpellation. Si l'arrestation du premier n'a guère posé de problèmes (ses fonctions officielles le mettent fréquemment en relations avec les soldats de la Sfor), l'arrestation de Drljaca, en revanche, a mal tourné. Au début de l'année, déjà, il avait eu un accrochage avec des soldats tchèques lors d'un contrôle de routine. Pressée par la Communauté internationale, la présidente des Serbes de Bosnie l'avait relevé de ses fonctions de chef de la police de Prijedor. Une nouvelle fois, il a ouvert le feu sur la patrouille britannique qui tentait de l'appréhender. S'estimant en état de légitime défense, un soldat qui avait été blessé a riposté, tuant Drljaca. Son chauffeur, semble-t-il, a également été tué. Plusieurs vois se sont aussitôt élevées en Republika Srpska.
vendredi 11 juillet
Après l'opération menée la veille contre des criminels de guerre présumés dans l'entité serbe de Bosnie, les Serbes bosniaques accusent la Sfor d'avoir abusé de son pouvoir. Momcilo Krajisnik, qui représente la Republika Srpska au sein de la présidence bosniaque, assure que la force de l'OTAN est allée « au-delà de ses attributions ». Il craint, dit-il un retour à une « situation identique à celle d'avant la signature de l'accord de Dayton ».
Le Parti démocratique des socialistes (DSP) au pouvoir au Monténégro a limogé de sa présidence Momir Bulatovic. Celui-ci, qui est aussi président de la République, refuse son éviction de la direction du parti. Bulatovic est un proche du président serbe Milosevic, qui cherche à se faire élire à la tête de la Yougoslavie et vient d'être reconnu seul candidat habilité par les deux chambres du Parlement fédéral.
samedi 12 juillet
La Sfor a démenti avoir tenté d'arrêter Slavko Aleksic, un membre du Parti radical serbe, à Pale. A l'occasion de la Saint-Pierre orthodoxe, la présidente de la Republika Srpska, Mme Plavsic, et trois de ses adversaires, dont Momcilo Krajisnik, se sont retrouvés à la présidence à Banja Luka.
dimanche 13 juillet
Un engin explosif a détruit une jeep de l'OSCE garée devant un hôtel de Zvornik, en Republika Srpska.
lundi 14 juillet
Après avoir donné l'impression de rester sur la défensive, faute de trouver les soutiens nécessaires à la poursuite de son combat, la présidente de l'entité serbe de Bosnie a repris l'initiative contre ses détracteurs. Dans la soirée, dans une allocution télévisée, elle a ouvertement pris à partie Momcilo Krajisnik, le leader des « durs » de la direction serbe bosniaque qui veut la faire revenir sur sa décision de dissoudre le Parlement. « Notre avenir dépend de notre capacité à créer un Etat de droit et à offrir des opportunités à la jeune génération, a dit Biljana Plavsic. Si les criminels prennent tout en main, ils feront fuir notre jeunesse. Pour M. Krajisnik, c'est secondaire ; pour moi, c'est essentiel ».
Dans la soirée, une puissante explosion a brisé les vitres d'un immeuble de la ville bosniaque de Banja Luka, où sont hébergés des diplomates de l'OSCE. Les Serbes de Bosnie semblent manifester ainsi leur mécontentement après l'arrestation du directeur de l'hôpital de Prijedor pour crimes contre l'humanité, et la condamnation d'un autre des leurs par le TPI à La Haye : Dusan Tadic a été condamné ce jour à 20 ans de prison pour crimes contre l'humanité pour son rôle dans le nettoyage ethnique des civils musulmans en 1992. « C'est de pire en pire, a commenté le porte-parole de l'OSCE. Nous étudions l'hypothèse d'une campagne très orchestrée ».
mardi 15 juillet
Slobodan Milosevic a été élu président de la République fédérale de Yougoslavie au cours d'une session extraordinaire de l'Assemblée. Il était le seul candidat habilité à se présenter à la présidence fédérale par les commissions du Parlement. A la Chambre des citoyens, il a obtenu 88 voix contre 10 et un bulletin nul. La Chambre haute lui a accordé 29 suffrages et 2 voix contre. Elu pour quatre ans, Milosevic va maintenant devoir démissionner de la présidence serbe où il sera remplacé, pendant deux mois, par le président du Parlement, Dragan Tomic. Le nouveau président de la République fédérale communiquera son programme au Parlement de Belgrade le 23 juillet.
Les forces de l'ONU présentes en Slavonie orientale, le dernier territoire croate partiellement contrôlé par les Serbes, ont entamé leur retrait. L'Atnuso, forte de 5 000 hommes, a fait ses adieux à 2 000 Argentins, Jordaniens et Pakistanais. Cette zone de l'est croate devrait repasser sous l'autorité de Zagreb au plus tard l'an prochain.
mercredi 16 juillet
Un soldat américain de la Sfor a été agressé près du village serbe de Kladanj. Un homme l'a frappé avec une faucille, le blessant à l'épaule. Un peu plus tôt, une grenade avait explosé devant un immeuble de Banja Luka où loge un haut responsable de l'OSCE. En outre, de nombreux étrangers séjournant dans l'entité serbe de Bosnie ont reçu des lettres de menaces. Face à cette flambée de violence contre la présence internationale en Bosnie, le président américain Bill Clinton a mis les Serbes bosniaques en garde, estimant qu'ils commettraient « une grave erreur » en cherchant à venger les arrestations de criminels de guerre présumés.
nuit du vendredi 18 au samedi 19 juillet
66 des 84 membres du Comité de direction du Parti socialiste serbe (SDS) au pouvoir se sont réunis à l'improviste à Pale. Ils ont, « à l'unanimité », exclu du parti la présidente Biljana Plavsic et l'ont de nouveau sommé de quitter la présidence de la République. Cette dernière refuse de quitter Banja Luka et dénonce Radovan Karadzic, à qui elle reproche de toujours tirer les ficelles en coulisse. De fait, des portraits de Karadzic ont été placardés depuis quelques jours dans de nombreuses villes de la Republika Srpska. Plavsic menace même de faire arrêter Karadzic, pour lui suggérer de se livrer lui-même au TPI.
samedi 19 juillet
Onze blindés italiens et français sont brusquement apparus à Pale, tout près de la résidence habituelle, fortement gardée, de Karadzic. Peut-être un avertissement alors que les attentats et intimidations se multiplient contre la présence internationale en Bosnie. Deux soldats français de la Sfor ont été blessés, dont un gravement, dans la région de Mostar. Leur véhicule a sauté sur une mine.
lundi 21 juillet
Dans le bras de fer qui oppose Mme Plavsic aux partisans de Karadzic, Washington apporte son soutien à la présidence de l'entité serbe. L'ambassadeur américain auprès de l'ONU l'a rencontrée dans la soirée, avant de mettre en garde les « durs » de la Republika Srpska dont il a dénoncé les « provocations intolérables ». Malgré tout, le Parlement de l'entité serbe, dissous le 3 juillet par la présidente, continue de la narguer : il annonce qu'il se réunira le 8 août pour examiner le fonctionnement du gouvernement et de certains ministères.
mercredi 23 juillet
Après six mois de reports successifs, la troisième conférence des pays donateurs à la Bosnie s'est tenue, en présence de 48 Etats et d'une trentaine d'organisations internationales. Elle a recueilli des promesses d'aide pour un montant de 6,7 milliards de francs en 1997. Mais le président de la réunion, le Néerlandais Hans van den Broek, a averti la Republika Srpska que l'aide non humanitaire, récemment suspendue, ne reprendra pas si les personnes accusées de crimes de guerre continuent d'y exercer une influence déterminante sur la vie politique. Répartie entre l'entité serbe et l'entité croato-musulmane, cette assistance doit contribuer à la réconciliation entre les deux communautés. Il est donc « injustifiable » qu'elle puisse bénéficier « à ceux qui s'opposent à ces objectifs ».
Slobodan Milosevic a été officiellement investi président de la République fédérale de Yougoslavie. Mais, au moment où il regagnait sa limousine, un millier d'étudiants contestataires ont bombardé son véhicule de projectiles divers, en particulier de vieilles chaussures. Celles-ci devaient symboliser la fuite à l'étranger de quelque 200 000 jeunes Yougoslaves, qui refusaient de combattre en Bosnie ou en Croatie, ou voulaient simplement quitter ce régime autocratique.
jeudi 24 juillet
Le Premier ministre de la Republika Srpska a répondu à la conférence des donateurs à la Bosnie : « Si vous favorisez la fédération croato-musulmane à nos dépends, c'est le meilleur moyen d'assurer l'échec total de l'accord de paix de Dayton ».
Lors d'une rencontre avec Vuk Draskovic, figure emblématique de l'opposition serbe, Slobodan Milosevic a donné un « avis positif » à ses exigences : observateurs internationaux lors des prochaines élections présidentielle et législatives, et liberté des médias.
vendredi 25 juillet
Belgrade a annoncé que les élections présidentielles et législatives se tiendront simultanément en Serbie, le 21 septembre.
mercredi 30 juillet
Javier Solana, le secrétaire général de l'OTAN, était à Sarajevo pour la passation des pouvoirs à la tête de la Sfor en Bosnie. « La Sfor ne tolérera ni provocations ni menaces, a-t-il déclaré à cette occasion. Il n'y a de solution militaire pour aucun parti ni aucun groupe, ni maintenant ni dans l'avenir. La seule option possible est celle de la paix et de la coopération ». De son côté, le général Eric Shinseki, le nouveau commandant de la force de l'OTAN en Bosnie, a eu cette phrase : « Nous défendrons la paix, même s'il nous faut employer des moyens décisifs pour la préserver ».
vendredi 1er août
La Republika Srpska est prête à accueillir des représentants du TPI pour enquêter sur son ancien chef politique Radovan Karadzic, a annoncé Momcilo Krajisnik. « Le peuple serbe ne considère pas Karadzic comme un criminel de guerre, mais nous ne sommes pas opposés à ce que des juges du Tribunal de La Haye viennent en RS et mènent une enquête ». C'est la première fois qu'un responsable serbe évoque une telle éventualité. A Sarajevo, des réfugiés serbes, de retour dans la ville, ont été pris à partie par des musulmans. Des soldats britanniques de la Sfor sont intervenus aux côtés des policiers bosniaques.
lundi 4 août
La France, l'Allemagne, l'Autriche, l'Espagne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Italie, les Pays-Bas et la Suède ont suspendu leurs contacts avec les ambassadeurs de Bosnie-Herzégovine dans leurs pays respectifs. Ces pays contestent la représentativité de ces diplomates nommés avant la mise en place de la présidence collégiale, en 1996. Les dirigeants des trois communautés bosniaques sont incapables de s'entendre sur une liste commune de 33 ambassadeurs accrédités à l'étranger.
mardi 5 août
Biljana Plavsic a encore accusé Radovan Karadzic d'être toujours « le principal dirigeant de l'Etat ».
De nouveaux pays ont gelé leurs relations diplomatiques avec la Bosnie : le Danemark, la Finlande, la Norvège et le Portugal. Et l'Allemagne a suspendu une aide (un million de marks) à la reconstruction pour la région de Jajce, d'où 500 candidats au retour musulmans ont été chassés il y a quelques jours. Un accord a pourtant été conclu entre le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés et les chefs croates locaux : ces réfugiés pourront revenir...
mercredi 6 août
Le secrétaire d'Etat adjoint américain, chargé des Affaires européennes, Richard Holbrooke, l'artisan des accords de Dayton (1995), est arrivé en Bosnie. Objectif : relancer la dynamique de paix. Une exigence annoncée : la disparition de la scène politique de Radovan Karadzic. L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie pourrait accepter de s'exiler, à condition d'obtenir des garanties de sécurité. Un sommet croato-bosniaque (mais sans aucun serbe) s'est ouvert dans la matinée à Split (Croatie), en présence de Holbrooke et d'un autre émissaire Robert Gelbard. La Suisse, à son tour, a décidé de geler ses contacts diplomatiques avec la Bosnie.
jeudi 7 août
Le bras de fer se poursuit entre Biljana Plavsic et les autres dirigeants de l'entité serbe de Bosnie. Mme Plavsic a fixé au 10 octobre les prochaines élections législatives. Cependant, la Cour constitutionnelle de Pale doit encore statuer, le 12 août, sur la légalité de la dissolution du Parlement le 3 juillet.
nuit du jeudi 7 au vendredi 8 août
Richard Holbrooke est parvenu à arracher, après 14 heures de marchandages, un accord des trois coprésidents de Bosnie sur une liste des ambassadeurs du pays - les Serbes ont obtenu le poste clé de Washington, les Musulmans auront la représentation à l'ONU et les Croates au Japon -. En revanche, il n'a pas réussi à démêler le problème du retour des 1,4 million de réfugiés ni celui d'une soixantaine d'inculpés de crime de guerre.
vendredi 8 août
Richard Holbrooke est allé à Banja Luka apporter son soutien à Biljana Plavsic. Il a réaffirmé la volonté des Etats-Unis de voir Karadzic jugé par le Tribunal pénal international : « Il doit se livrer lui-même à La Haye ». Dans la soirée, la France a rétabli ses relations diplomatiques avec la Bosnie.
mercredi 13 août
Des unités commandos des armées américaine, britannique et française s'entraineraient actuellement dans le plus grand secret, quelque part en Europe, pour aller arrêter les criminels de guerre en Bosnie. C'est ce qu'affirme la chaine de télévision américaine ABC. Ces raids pourraient avoir lieu à l'automne et viseraient en priorité les leaders serbes Karadzic et Mladic. Pour l'instant, aucun feu vert politique n'a été donné. Mais une demi-douzaine d'autres pays soutiendraient cette initiative. Le ministère américain de la Défense dément cette information. « La position de l'OTAN et de la Sfor est que toutes les personnes accusées de crimes de guerre devraient être à La Haye » devant le TPI, a rappelé, à Sarajevo, le commandant John Blakeley, le porte-parole de la Sfor.
vendredi 15 août
La Cour constitutionnelle de la Republika Srpska a déclaré non conforme à la Constitution la dissolution du Parlement, prononcée le 3 juillet par la présidente Plavsic. Même si elle était attendue, cette décision est un revers grave pour la présidente, en conflit depuis deux mois avec les « durs » de la direction serbe qui contrôlent le Parlement. Ces derniers accusent Biljana Plavsic de se soumettre à l'Occident et cherchent à l'évincer. Toutefois, le clan de Pale n'a pas joué franc-jeu : l'un des rares juges constitutionnels favorables à Plavsic n'a pas pu siéger. La veille, des partisans de Karadzic lui sont tombés dessus. Bilan : une commotion cérébrale et plusieurs côtes cassées.
Deux fermiers musulmans ont été tués et un adolescent de 14 ans grièvement blessé par balles, alors qu'ils ramassaient du bois près de Zvornik, dans le nord de la Bosnie. La présidence bosniaque a immédiatement accusé les Serbes, d'autant que l'embuscade s'est déroulée à proximité de l'ancienne ligne de front devenue frontière entre les deux entités, serbe et croato-musulmane, de Bosnie. Cet incident, le plus grave depuis plusieurs mois, inquiète. Il intervient à moins d'un mois des élections municipales, durant lesquelles le choix du lieu de vote et la liberté de circulation doivent, en théorie, être garanties.
samedi 16 août
Biljana Plavsic a annoncé la création de son propre parti, l'Alliance populaire serbe (SNS). Aussitôt, neuf responsables du Parti démocratique serbe (SDS, le parti de Karadzic) ont démissionné pour rejoindre la présidente. Parmi eux, deux vice-Premiers ministres ! Biljana Plavsic n'est pas aussi isolée que voulaient le faire croire les « faucons » de Pale.
dimanche 17 août
Mme Plavsic a envoyé ses hommes perquisitionner les bureaux de la police, à Banja Luka (c'est aussi le siège de la présidence). Ils y ont découvert des enregistrements téléphoniques prouvant que la présidente avait été placée sur écoute par les agents secrets de Pale. La tension est telle que, dans la soirée, la Sfor a déployé autour du siège de la police une quinzaine de blindés, dont plusieurs chars, pour empêcher un affrontement. Les responsables de la Sfor affirment avoir trouvé dans le bâtiment « des preuves de possibles violations des droits de l'homme » par la police serbe.
lundi 18 août
Biljana Plavsic rejette le jugement de la Cour constitutionnelle qui a annulé la dissolution du Parlement. D'abord, parce qu'il est « sans fondement légal », ensuite parce que les autorités de Pale ont exercé « d'énormes pressions » sur les juges de cette cour. « Nous devons organiser des élections, nous devons tout changer, de haut en bas, le Parlement, le gouvernement, toutes les institutions ». Dans son combat contre « le mal et la terreur » (le clan Karadzic retranché à Pale), Plavsic est soutenue par le Haut représentant civil en Bosnie, Carlos Westendorp.
mardi 19 août
Dans la soirée, une rencontre a eu lieu entre Biljana Plavsic et les médiateurs internationaux, le haut représentant civil Carlos Westendorp et l'envoyé spécial américain Robert Gelbard. A l'issue de l'entretien, les deux hommes ont estimé que la tenue d'élections législatives anticipées était « la meilleure solution » à la crise en Republika Srpska.
mercredi 20 août
L’OTAN vole au secours de la présidente des Serbes de Bosnie dans sa lutte contre les « faucons » : les troupes britanniques et tchèques de la Sfor ont pris le contrôle à l'aube du siège de la police, de l'école de police et trois autres postes de police de Banja Luka. De source diplomatique, un véritable « arsenal », dont 2 500 armes légères et des explosifs, y étaient entreposés, de quoi tenter un coup d'Etat. Par ailleurs, les médiateurs internationaux ont participé, à Vienne, à une réunion surprise avec les représentants du Groupe de contact (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Russie) pour examiner le rôle de l'OSCE dans l'organisation et le contrôle d'élections législatives anticipées en Republika Srpska.
Match amical de football : au stade Petrowski de Saint-Pétersbourg, la Russie a été battue par la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) un but à zéro. C’était la troisième fois que les deux sélections se rencontraient cette année.
jeudi 21 août
Biljana Plavsic a reçu le soutien - mesuré - de Slobodan Milosevic. Le président yougoslave a indiqué, à Belgrade, qu'il était favorable à des législatives anticipées chez les Serbes de Bosnie, comme le souhaite Mme Plavsic. Mais il a lié ces élections à la convocation simultanée d'une présidentielle.
vendredi 22 août
Le puissant contingent britannique et tchèque, installé depuis deux jours à Banja Luka, a commencé à faire le tri entre policiers fidèles ou hostiles à la présidente. Mais la Sfor est sur ses gardes. Les militaires serbes ont menacé, dans la matinée, d'intervenir contre Plavsic, pourtant chef de l'armée.
mardi 26 août
Le Parlement de la Republika Srpska a voté un report des élections municipales organisées dans toute la Bosnie, les 13 et 14 septembre. Les 45 députés présents (sur 83, les 38 autres parlementaires boycottaient ou n'étaient pas invités), tous des fidèles des « durs » de Pale ont également déclaré « nul » l'accord donné par la présidente Plavsic aux Occidentaux pour organiser le scrutin. Ils ont exigé que les partisans de la présidente rendent, « dans les trois jours », les locaux de la radio et de la télé qu'ils occupent à Banja Luka et menacé de faire intervenir leur police. De son côté, Biljana Plavsic s'est assuré le soutien de quatre des huit généraux de l'état-major de l'armée serbe, qui ont répondu à sa convocation. Le commandant du 1er Corps qui regroupe la moitié des soldats serbes était là.
mercredi 27 août
« Les élections municipales de septembre en Bosnie doivent avoir lieu et auront lieu. Un report est hors de question », a lancé le porte-parole de l'OSCE. Cette très martiale déclaration masque en fait l'embarras des Occidentaux.
jeudi 28 août
Des habitants de trois villes serbes de Bosnie ont attaqué des bâtiments et des soldats de la Sfor. Tout a commencé à l'aube avec le rugissement des sirènes. Les habitants de Brcko se sont précipités sur leurs radios : un appel des Serbes ultranationalistes de Pale leur demandait de « se rassembler pour défendre leur police et leur média », contre « les forces d'occupation » (des unités fidèles à la présidente Plavsic auraient tenté de s'emparer dans la matinée d'un poste de police et d'émetteurs à Brcko). Un peu plus tard, le poste de police de l'ONU était assiégé par 400 manifestants, armés de bâtons et de pierres. L'arrivée de renforts de la Sfor n'a pas empêché la foule d'endommager 15 véhicules. Pour se dégager et permettre l'évacuation des policiers, les soldats de la Sfor ont dû tirer des gaz lacrymogènes et des coups de semonce. Des scènes similaires se sont produites à Bijeljina et Doboj, deux autres villes contrôlées par le clan ultra de Pale. Il n'y a pas eu de blessés sérieux, mais ce sont les incidents les plus graves entre civils serbes et troupes occidentales depuis un an et demi. Les Etats-Unis ont réagi : ils ont assuré les radicaux serbes qu'ils seront « tenus responsables » de nouveaux incidents. En clair : des représailles sont possibles...
vendredi 29 août
Les soldats de la Sfor peuvent désormais utiliser la force pour faire taire les médias des Serbes ultras de Pale, s'ils appellent encore à la violence. La mesure vise en particulier la radio et la télévision de Pale, qui avaient appelé la veille « les patriotes » serbes de Brcko à se soulever contre « les forces d'occupation ». La Sfor a érigé des barrages et dépêché des blindés autour de la ville mais s'est abstenue d'y pénétrer. De leur côté, les Etats-Unis n'ont toujours pas réussi à convaincre le président yougoslave Milosevic de faire le voyage en Bosnie pour une mission de médiations entre Serbes de Pale et Serbes de Banja Luka. L'avion de Milosevic, plusieurs fois annoncé, ne s'est jamais posé à Banja Luka, le fief de la présidente Plavsic. Au contraire, Milosevic a reçu à Belgrade une délégation de Pale.
mardi 2 septembre
Radovan Karadzic souhaite négocier avec la communauté internationale. C'est Momcilo Krajisnik, le Serbe de la présidence collégiale bosniaque, qui en a fait l'aveu à une envoyée de l'ONU, en offrant ses services comme médiateur dans cette affaire.
jeudi 4 septembre
Les premiers observateurs attendus en Bosnie pour superviser les élections municipales des 13 et 14 septembre, plusieurs fois reportées depuis un an, sont arrivés. Ces élections sont toujours contestées par une partie des responsables de l'entité serbe de Bosnie. Ils estiment que la situation actuelle ne se prête pas au déroulement de ce scrutin.
vendredi 5 septembre
17 candidatures ont été retenues par la commission électorale pour l'élection présidentielle de Serbie, le 12 septembre. Il s'agit de trouver un successeur à Milosevic. Trois favoris : Zoran Lilic (44 ans), ancien président de la République fédérale de Yougoslavie et candidat du Parti socialiste de Milosevic ; Vojislav Seselj (42 ans), président du Parti radical (ultranationaliste) et Vuk Draskovic (50 ans), chef du Mouvement serbe du renouveau (SPO) et chef de file de l'opposition.
dimanche 7 septembre
Malgré l'opposition réaffirmée par les Serbes de Bosnie aux élections municipales, l'OSCE entend bien ne pas différer une nouvelle fois le scrutin. Non seulement les premiers observateurs sont déjà sur place, mais les premier bulletins des réfugiés bosniaques vivant à l'étranger sont même arrivés à Sarajevo. Un appareil de l'OSCE les a apportés du QG de l'organisation, à Vienne.
lundi 8 septembre
Les partisans de Radovan Karadzic ont essuyé un nouveau camouflet de la part de leur principale adversaire, la présidente Plavsic : dans la soirée, des ultranationalistes du gouvernement de Pale se sont présentés à Banja Luka, le siège de la présidence de l'entité serbe, pour y tenir un meeting réputé électoral. Malgré l'interdiction de cette manifestation, décidée par la présidente « pour des raisons de sécurité », les habitants de Banja Luka ont vu arriver Momcilo Krajisnik, membre de la présidence collégiale serbe, accompagné du Premier ministre Gojko Klickovic et le président du Parlement de Pale, Dragan Kalinic, encadré par une cinquantaine de gardes du corps fortement armés. Les trois hommes avaient organisé le déplacement de quelques milliers de leurs partisans en cars... qui ont été bloqués par la Sfor, la force de l’OTAN ayant acquis la preuve que ces convois n'avaient qu'un objectif : « créer du désordre et probablement de la violence ». Les durs de Pale n'ont pu finalement improviser qu'un modeste meeting dans le centre de Banja Luka, sous les huées des partisans de Mme Plavsic. Les leaders de Pale, protégés par leur impressionnant service d'ordre, ont ensuite trouvé refuge dans un hôtel. Un policier de Banja Luka a été blessé par balle.
mardi 9 septembre
Le camouflet de la veille subi par les durs de Pale a tourné à la déconfiture : retenus par la police de Banja Luka dans leur hôtel privé d'eau, d'électricité et de téléphone, les trois leaders de Pale ont également vu la fourrière enlever leurs puissantes limousines. Il s'agissait de contraindre leur escorte de déposer les armes. Après négociations, deux des durs ont quitté la ville en milieu d'après-midi, à bord d'une voiture de la Sfor, suivis par les gardes du corps sans armes. Krajisnik n'est parti qu'en début de soirée, sous une pluie de pierres et de bouteilles, et, le dernier, Gojko Klickovic, lui, a quitté l'hôtel à 21 heures sans encombre. A Pale, le gouvernement de l'entité serbe a qualifié l'évènement de « tentative de putsch » et condamné la Sfor « qui se comporte comme une armée d'occupation et une puissance coloniale ». Dans ces conditions, a expliqué le vice-Premier ministre de la Republika Srpska, Velibor Ostojic, le gouvernement va demander au Parlement de reporter le scrutin municipal dans l'entité serbe.
mercredi 10 septembre
Les Serbes bosniaques les plus radicaux ont fini par accepter les élections municipales. Cet accord fait suite à une entrevue à Belgrade entre le président yougoslave Milosevic et le haut représentant civil en Bosnie Carlos Westendorp. De son côté, Biljana Plavsic a appelé ses compatriotes à se rendre aux urnes, seule chance à ses yeux, de développer la démocratie dans ce pays. Malgré l'appel au boycottage lancé par les Croates bosniaques, l'OSCE poursuit la préparation de ces élections. La France a menacé de suspendre son aide aux municipalités bosniaques dont les responsables prônent le boycottage.
Eliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au stade Tehelné Pole de Bratislava, la Slovaquie et la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) ont fait match nul un à un.
samedi 13 septembre
Les Américains disposent, désormais en Bosnie, de trois avions capables de brouiller les émissions télévisées et radiodiffusées. Ces trois EC-130E seront basés à Brindisi (Italie). Il s'agit de répondre aux « incitations à la violence diffusées de manière permanente par la radio et la télévision serbes », selon le Pentagone.
du samedi 13 au dimanche 14 septembre
Elections municipales en Bosnie, sans incident majeur. Parmi les ultimes incidents, il y a eu le mot d'ordre de boycottage lancé par les Musulmans de Mostar, pour protester contre les modifications de dernière minute accordées aux Croates de la ville par l'OSCE. Le problème a été résolu dans l'après-midi du 13, grâce à des concessions croates concernant un canton.
lundi 15 septembre
A Bruxelles (Belgique), le conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne a décidé de priver de visa plusieurs personnalités serbes de Bosnie, au premier rang desquelles figure le représentant serbe de la présidence collégiale, Momcilo Krajisnik. Il lui est reproché d'avoir fait obstacle à un accord sur les passeports et une citoyenneté commune aux deux entités, serbe et croato-musulmane. Cet accord aurait du être acquis au 1er août.
Ratko Mladic et Radovan Karadzic aurait quitté la Bosnie. Un hebdomadaire yougoslave affirme qu'ils se trouvent « en lieu sur », quelque part « dans un pays ami où ils ont été transférés grâce à la médiation d'une grande puissance ». Il y a plusieurs semaines que Karadzic n'a pas été vu à Pale. Son épouse, Ljiljana, a voté seule au bureau de la mairie de la ville.
mercredi 17 septembre
Deux membres de la sous-commission électorale d'appel de l'OSCE ont démissionné de leurs fonctions après le refus du chef de mission de l'OSCE d'annuler les résultats aux municipales à Pale du parti ultranationaliste serbe SDS. Les deux agents se disent « particulièrement préoccupés par la décision de l'OSCE de tolérer le rôle de plus en plus transparent joué par Karadzic ». Le chef de la mission de l'OSCE a craint qu'une telle décision ne provoque des réactions propres à menacer la sécurité des personnels étrangers en Republika Srpska.
dimanche 21 septembre
Elections présidentielle et législatives en Serbie : 62 % de participation. Zoran Lilic (protégé de Milosevic) est arrivé en tête avec 35 % des voix. Le deuxième tour, le 5 octobre, l'opposera à l'ultranationaliste Vojislav Seselj (27 %). Le candidat démocrate Vuk Draskovic n'a obtenu que 22 % des suffrages. Pour les élections législatives, c'est la coalition des socialistes et du Parti communiste de l'épouse de Milosevic qui arrive en tête (98 sièges), devant le Parti radical de Seselj (80 s.) et la droite nationaliste de Druskovic (45 s.) ; ayant perdu la majorité absolue, le SPS est contraint à rechercher des alliances avec leurs ennemis d'hier pour continuer à gouverner la Serbie. Résultats officiels le 24 septembre.
jeudi 25 septembre
Les résultats officiels des élections législatives serbes ont été publiés : il manque 16 sièges aux partisans de Milosevic pour obtenir la majorité absolue au Parlement, où ils disposent de 110 des 250 sièges.
vendredi 26 septembre
La Bosnie et la Croatie ont rouvert solennellement le pont qui franchit la Save, la frontière naturelle entre les deux pays, à Bosanska Gradiska, dans l'entité serbo-bosniaque. Ce nouveau poste frontière a été inauguré en présence de Jacques Klein, adjoint au haut représentant civil en Bosnie. Une commission mixte a été créée pour régler les questions concernant le trafic frontalier, mais l'entité serbe n'étant pas mentionnée dans le document qui l'instaure, le ministre des Transports de la Republika Srpska a refusé d'y apposer son paraphe...
dimanche 28 septembre
Depuis une dizaine de jours, étudiants et lycéens albanais du Kosovo manifestent silencieusement pour obtenir la restitution des bâtiments scolaires et universitaires dont ils ont été chassés, il y a sept ans, parce qu'ils refusaient de travailler sur des programmes conçus par les Serbes. A Pristina, ils étaient environ 8 000 pour ce qu'ils appellent la « promenade » : deux heures d'allers et retours silencieux dans la grand-rue piétonne, sous l'œil des policiers serbes en gilets pare-balle et armés de fusils automatiques. Les mêmes « promenades » ont eu lieu dans quatre autres villes du Kosovo, province réduite aux écoles et aux universités clandestines.
mardi 30 septembre
Les élections législatives dans l'entité serbe de Bosnie, la Republika Srpska auront lieu le 23 novembre. Le scrutin sera organisé selon les règles de l'OSCE et contrôlé par cette organisation.
Zoran Djindjic, le premier maire non communiste de Belgrade, a été destitué à l'initiative de ses anciens alliés de la coalition d'opposition Ensemble, sept mois après la victoire de celle-ci dans les principales villes de Serbie. Zoran Djindjic, qui qualifie cette destitution de « putsch », a annoncé la démission des neuf membres de son parti, le Parti démocrate, de l'exécutif de la municipalité. Ils vont former « un gouvernement municipal fantôme qui va surveiller de près le travail de la nouvelle équipe ».
mercredi 1er octobre
La tendance dure des Serbes de Bosnie a été privée de radio et de télévision, dans la matinée, par une intervention des forces de l'OTAN contre ses quatre émetteurs. Les ultranationalistes de Pale reçoivent désormais les mêmes programmes que les modérés de Banja Luka. Un responsable de l'OTAN a affirmé que les soldats russes de la Sfor avaient participé, pour la première fois, à cette opération destinée à faire taire une propagande « qui empoisonne le processus de paix ». Le commandant russe, lui, a démenti toute implication de ses hommes.
La police serbe a brutalement réprimé à Pristina une manifestation de 20 000 étudiants albanais du Kosovo : la police a largement fait usage de ses matraques et de gaz lacrymogènes. Il y a eu de nombreuses interpellations et les étudiants ont décidé, dans la soirée, de suspendre leurs manifestations.
vendredi 3 octobre
« La question n'est plus de savoir si les Musulmans attaqueront les Serbes de Bosnie, mais quand », a déclaré un responsable de l'OTAN à Sarajevo dans une interview au New York Times. Le gouvernement bosniaque achète des armes et entraîne ses soldats à un rythme qui se serait accéléré ces dernières semaines. Selon ce responsable, « la seule façon d'empêcher l'attaque est d'allonger le mandat de la mission de maintien de la paix » dont la présence sur le terrain devait s'achever en juin 1998.
mercredi 8 octobre
Réunie autour de Zoran Djindjic, le maire de Belgrade récemment limogé, l'opposition démocratique serbe cherche un candidat capable d'empêcher le leader de l'extrême droit nationaliste, Vojislav Seselj (qualifié de « fasciste » par un émissaire américain), d'accéder à la présidence serbe.
Les Musulmans de Srebrenica ont pris une revanche symbolique en remportant les élections municipales (24 sièges sur 45). Pourtant, la ville est aujourd'hui peuplée exclusivement de Serbes. C'est le vote des réfugiés à l'étranger et des Musulmans déplacés à l'intérieur de la Bosnie. Une victoire sur le papier, car l'on voit mal comment un maire et une municipalité musulmane pourront administrer cette ville « ethniquement purifiée ».
vendredi 10 octobre
Les discussions sur le système d'enseignement public au Kosovo, engagées entre les représentants du gouvernement serbe et ceux des Albanais du Kosovo, ont échoué. L'entrevue, à Pristina, a duré deux jours, mais Belgrade accuse les représentants albanais d'avoir « manqué de sincérité » et d'avoir exprimé des positions « séparatistes ».
samedi 11 octobre
Environ 400 femmes originaires de Srebrenica ont manifesté à Sarajevo pour réclamer la vérité sur le sort de leurs proches (7 000 à 8 000 personnes toujours portées disparues). Ces femmes ont l'intention de renouveler leur manifestation le 11 de chaque mois.
Derniers matchs des qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Ta’Qali d’Attard, Malte a été battue par la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) cinq buts à zéro.
mercredi 15 octobre
La Serbie refuse le retour « sans condition » de 2 000 déserteurs et objecteurs de conscience qui avaient trouvé refuge au Danemark en 1992 et 1993. Selon Copenhague, le gouvernement serbe « se réserve de faire un tri » parmi eux, en majorité des Albanais du Kosovo.
jeudi 16 octobre
La chaîne de télévision des durs de Pale (Serbes de Bosnie) a repris illégalement ses émissions.
samedi 18 octobre
La Sfor a mené un nouveau coup de force contre la chaîne de télévision des Serbes bosniaques proches de Karadzic. Neuf véhicules blindés et six hélicoptères ont participé à l'opération autour de l'émetteur du mont Zep, à 80 kilomètres au nord de Sarajevo.
dimanche 19 octobre
Second tour de l’élection présidentielle au Monténégro : la province s’est choisie pour président le pire adversaire de Milosevic. Si Milo Djukanovic (35 ans), jusqu'alors Premier ministre, met en pratique ses discours électoraux, les jours de l'actuelle Yougoslavie seront bel et bien comptés...
Un avion brouilleur d'ondes a été mis en service dans la soirée dans l'est de la Bosnie par les forces de l'OTAN. Il est destiné à empêcher la diffusion des programmes de la télévision serbe de Pale. Les forces de l’OTAN tentent, par contre, d'assurer la diffusion des programmes de la télévision de Banja Luka dans toute la zone serbe.
mardi 21 octobre
Momir Butalovic, président sortant du Monténégro et fidèle allié de Milosevic, refuse de reconnaître sa défaite électorale face à Djukanovic. Il a appelé ses partisans à manifester quotidiennement jusqu'à ce que soit établi « le bien-fondé des soupçons pesant sur la régularité du scrutin ». Le parti de Bulatovic laisse entendre qu'il pourrait saisir la justice fédérale yougoslave pour obtenir gain de cause.
mercredi 22 octobre
Selon les résultats définitifs de la commission électorale, il n'y a finalement que 5 488 voix d'écart entre les deux candidats à la présidence du Monténégro, mais c'est bel et bien Djukanovic qui l'emporte sur le président sortant Bulatovic. Ce dernier a reçu le « soutien sans réserve » du parti de Milosevic. La télévision de Belgrade a complaisamment montré des images de partisans du candidat battu menaçant de prendre les armes contre leurs adversaires. Par ailleurs, les Serbes sont de nouveau appelés aux urnes le 27 décembre, pour élire leur président. Le Parti démocratique, qui dénonce « le climat de lynchage politique de tout ce qui pourrait faire souffler un vent nouveau », appelle au boycottage du scrutin. Il avait déjà donné la même consigne à ses électeurs, avec onze autres partis d'opposition pour les législatives du 5 octobre (invalidées en raison de la faiblesse du taux de participation) et le premier tour de la présidentielle, le 21 septembre.
vendredi 24 octobre
Un proche de Milosevic, Zoran Todorovic (38 ans), secrétaire général de la Gauche yougoslave (JUL, présidée par l'épouse du Président) a été assassiné à Belgrade. Todorovic était aussi à la tête d'une des plus grosses sociétés serbes d'importation de carburant et son nom a souvent été mêlé à divers scandales financiers et immobiliers. L'insécurité ne cesse de croître dans la capitale yougoslave, la situation économique désastreuse du pays constituant un terrain propice au crime organisé.
mercredi 29 octobre
Environ 15 000 étudiants et enseignants albanais de souche ont manifesté sans incident à Pristina (Kosovo). Ils réclament leur réinsertion dans les établissements scolaires et universitaires dont le pouvoir serbe les a exclus il y a sept ans. La police, pourtant massivement présente, n'est pas intervenue. Les protestataires se sont dispersés spontanément après avoir lu une motion dénonçant la « répression permanente exercée au Kosovo par le régime » de Milosevic.
mercredi 29 octobre
Match aller des barrages de qualification pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Üllői de Budapest, la Hongrie a été écrasée par la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) sept buts (Brnović, Đukić, Savićević, Mijatović 3, Milošević) à un (Illés), devant 13 175 spectateurs.
lundi 3 novembre
Les présidents, Premiers ministres et ministres des Affaires étrangères de huit pays des Balkans (Albanie, Bosnie, Bulgarie, Grèce, Macédoine, Roumanie, Turquie et Yougoslavie) se sont retrouvés en Crète pour bâtir un « espace de paix et de coopération ». Pendant deux jours, ils vont tenter d'oublier toutes les dissensions en cours dans la région et s'efforcer de trouver un langage commun.
vendredi 7 novembre
Milo Djukanovic, le nouveau président élu du Monténégro, a fait savoir que son pays « n'hébergerait pas de criminels de guerre présumés ». L'allusion vise Karadzic, né au Monténégro où sa famille réside toujours. Djukanovic creuse ainsi encore un peu plus le fossé qui le sépare de Milosevic.
Serbes, Musulmans et Croates ont formé un conseil municipal pluriethnique à Brcko, ville stratégique et point de conflit potentiel entre les trois communautés de Bosnie. La première session de ce conseil a donné lieu à de nombreuses altercations, mais il n'y a pas eu d'incident majeur. Il est vrai qu'il se déroulait sous haute surveillance de la police des Nations unies. Alors qu'avant la guerre, Musulmans et Croates étaient majoritairement dans cette ville, la population est aujourd'hui serbe à 98 %.
samedi 15 novembre
La Yougoslavie (Serbie-Monténégro) s’est qualifiée pour la phase finale de Coupe du monde de football, organisée en juin et juillet 1998 en France. Dans le match retour des barrages, les Yougoslaves ont battu au stade Crvena Zvezda de Belgrade la Hongrie cinq buts (Milošević, Mijatović quatre, dont un sur pénalty) à zéro, devant 48 498 spectateurs.
dimanche 16 novembre
Depuis un an et demi, plus de 800 000 lettres et paquets sont entassés dans les bureaux de poste de Sarajevo. Leurs destinataires, des Serbes pour la plupart, refusent de les récupérer, craignant qu'ils ne soient piégés. La poste serbo-bosniaque devrait être équipée bientôt d'appareils de détection.
mercredi 19 novembre
Un hebdomadaire indépendant de Belgrade affirme que Milosevic a profité de sa visite en Chine, la semaine passée, pour acheter des missiles balistiques et antichars. En contrepartie, la Yougoslavie investira l'équivalent de 30 millions de francs dans la construction d'une conserverie près de la capitale chinoise. C'est le bénéfice revenant à Belgrade dans cette usine qui paiera les armes.
vendredi 21 novembre
L'OSCE a rayé des listes électorales des législatives serbes de Bosnie trois candidats du SDS à cause de la présence de portraits de Karadzic dans certaines localités. Dans une lettre adressée à ses fidèles, ce dernier les a exhortés à faire preuve « d'unité et de détermination » afin de « sauver » la Republika Srpska.
du samedi 22 au dimanche 23 novembre
Elections législatives anticipées dans la partie serbe de la Bosnie : la participation aurait tout juste dépassé les 50 %.
lundi 24 novembre
Selon les premiers résultats non officiels des législatives en Republika Srpska, le SDS de Karadzic semble devoir perdre la majorité absolue au Parlement des Serbes de Bosnie. Cela n'a pas empêché Momcilo Krajisnik, le représentant serbe à la présidence collégiale bosniaque, de revendiquer la victoire de son clan et des partisans de Karadzic.
mercredi 26 novembre
Le représentant de la communauté internationale en Bosnie insiste pour que le Parlement des Serbes se réunisse « le plus rapidement possible ». Ce ne sera cependant pas avant la fin de décembre, car les résultats officiels des législatives de la RS ne seront publiés par l'OCDE que le... 10 décembre. Les derniers résultats partiels connus constatent la nette avance (32,87 %) des ultranationalistes du SDS. L'Alliance populaire serbe des partisans de la présidente Biljana Plavsic totalise 19,87 % des voix, talonnée par le Parti radical (extrême droite nationaliste) : 19,36 % des suffrages.
jeudi 27 novembre
Des affrontements mortels se sont produits au Kosovo après l'enlèvement d'un responsable de la police serbe. Un policier serbe et un Albanais ont été tués lors de l'assaut d'un poste de police de Pristina. D'autres affrontements dans la province ont fait six blessés. Un enseignant albanais, blessé la veille, est mort des suites de ses blessures.
vendredi 28 novembre
Comme prévu, le Conseil de l'OTAN a décidé de laisser en l'état, jusqu'au printemps 1998, les effectifs de la force de paix en Bosnie, la Sfor (30 000 hommes). La situation sur le terrain, jugée « volatile et incertaine », ne permet pas d'amorcer le retrait qui devait s'engager dès la fin 1997. L'idée d'une force de dissuasion (D-Force), au-delà de juin 1998, fait son chemin chez les diplomates. Elle serait concentrée sur les « points chauds » comme Mostar et Brcko.
jeudi 4 décembre
La présidente de l'entité serbe de Bosnie, Biljana Plavsic, s'est rendue à Sarajevo, pour y rencontrer les ministres des Affaires étrangères français et allemand. C'est sa première visite dans la capitale bosniaque (où elle enseignait la biologie à l'université) depuis le début de la guerre, en 1992. Dans l'entourage de la présidente, on précise que ce voyage doit être interprété comme une participation plus active de la Republika Srpska à la politique extérieure de la Bosnie. Les deux ministres européens sont venus demander ensemble aux autorités bosniaques de mieux coopérer au processus de paix.
dimanche 7 décembre
Nouveau second tour de l’élection présidentielle en Serbie, le scrutin du 5 octobre ayant été invalidé à cause d'une trop faible participation. Les électeurs serbes ont de nouveau le choix entre l'ultranationaliste Vojislav Seselj, le ministre yougoslave des Affaires étrangères Milan Milutinovic (homme de confiance de Milosevic) et le nationaliste Vuk Draskovic. Un second tour opposera dans quinze jours Milutinovic (arrivé en tête avec 41,5 % des voix) et Seselj (33 %). Vuk Draskovic recule sensiblement. Le taux de participation a atteint 52 % (boycott de l'opposition démocratique de Djindjic et des Albanais du Kosovo). Une bagarre a opposé les partisans de Milosevic et ceux de Seselj dans un bureau de vote de Dupljani, dans l'est de la Serbie, après que des membres de la commission électorale eurent tenté d'introduire dans les urnes 600 bulletins au nom de personnes vivant à l'étranger. La police a dû intervenir mais on ignore qui, des radicaux ou des socialistes, a tenté de bourrer les urnes.
Proclamation, dans la soirée, du résultat officiel des législatives de la Republika Srpska des 22 et 23 novembre : avec seulement 24 sièges (contre 45 auparavant) les ultranationalistes serbes de Bosnie perdent la majorité absolue au Parlement. Même avec les 15 sièges de leurs alliés du Parti radical SRS, les partisans de Karadzic au sein du SDS ne peuvent plus prétendre dominer la vie parlementaire de Pale. L'Alliance populaire serbe, créée il y a trois mois par la présidente Plavsic, fait officiellement son entrée à Pale, avec 15 sièges.
mardi 9 décembre
Déception à Bonn (Allemagne) : les trois coprésidents de Bosnie n'ont pas répondu aux exigences occidentales et sont venus les mains vides à la conférence sur le suivi de Dayton. Il s'agissait notamment de s'entendre sur l'adoption de plaques minéralogiques, d'une monnaie et d'un drapeau commun. Sur les passeports et la citoyenneté, un accord de principe a pu être arraché, dans la soirée. Les Occidentaux ont appelé à un renforcement du rôle du Haut représentant civil en Bosnie, l'Espagnol Carlos Westendorp. Ce dernier a estimé avoir surtout besoin du « plein soutien » de la communauté internationale. Par ailleurs, le commandement de la la force internationale de police de l'ONU en Bosnie a été confié à un Britannique, Richard Monk.
L'OSCE a estimé que, lors des élections présidentielles en Serbie, « l'ensemble du processus électorale était fondamentalement imparfait ». L'OSCE dénonce en particulier l'omniprésence des socialistes de Milosevic dans les médias et de nombreuses irrégularités au Kosovo.
mercredi 10 décembre
La réunion de suivi sur l'accord de paix en Bosnie, qui a réuni à Bonn (Allemagne), pendant deux jours, 51 pays et 21 organisations, a décidé de renforcer l'autorité du Haut représentant civil, Carlos Westendorp. Cédant aux pressions occidentales, les trois membres de la présidence collégiale bosniaque se sont finalement entendus sur un passeport commun, un projet de loi sur la citoyenneté bosniaque et sur une législation permettant le fonctionnement du Conseil des ministres. Les Serbes ont boycotté la fin des travaux, pour protester contre un paragraphe du texte final qui dénonce la situation en Bosnie.
vendredi 12 décembre
Des membres du TPI ont entrepris de perquisitionner à la mairie de Priedor (nord-ouest de la Bosnie). Encadrés par d'importantes forces de la police internationale (ITPF) et de la Sfor, ils cherchent des documents sur Milan Kovacevic, un Serbe bosniaque, ancien dirigeant local, en attente de jugement à La Haye.
A Sarajevo, l'OSCE a validé les résultats des élections législatives de Republika Srpska. Selon ces résultats, le SDS de Karardzic a perdu la première place.
dimanche 14 décembre
Dans le secteur contrôlé par les militaires français en Bosnie, les criminels de guerre se sentent « en sécurité absolue ». C'est l'accusation portée par le TPI. Paris dément avec véhémence.
lundi 15 décembre
Milo Djukanovic, le président élu du Monténégro, qualifie de « geste stupide » le boycottage de la fin des travaux de la conférence de suivi sur la Bosnie, la semaine passée, par la délégation yougoslave, au sujet du Kosovo.
Les Serbes bosniaques continuent de traîner la jambe pour appliquer les accords pourtant conclus à Bonn, les 9 et 10 décembre, avec la communauté internationale. Leurs députés sont absents du Parlement de Sarajevo, où la session concernant la définition d'une citoyenneté bosniaque, le nouveau passeport et le fonctionnement du Conseil des ministres n'a donc pu avoir lieu. Le Haut-représentant civil en Bosnie a menacé de « prendre des décisions contraignantes ».
mercredi 17 décembre
La commission électorale de l'entité serbe de Bosnie déclare « inacceptables » et « indignes de foi » les résultats des législatives validés à Sarajevo par l'OSCE. Le SDS, perdant de ces élections, chercherait a retarder la constitution du nouveau Parlement dans l'espoir de trouver des alliés pour former une nouvelle majorité.
dimanche 21 décembre
Quatrième tour, en trois mois, de l'élection présidentielle en Serbie. Une fois de plus, l'opposition appelle à boycotter. Le protégé de Milosevic, Milan Milutinovic, a été élu avec 58,66 % des voix contre 38,14 % à Vojislav Seselj. Le taux de participation a atteint 50,5 %. Le SRS a demandé l'annulation pure et simple du scrutin pour « fraude électorale massive ». Les partisans de Seselj exigent du Parlement qu'il forme une commission chargée d'examiner tous les procès-verbaux des bureaux de vote et qu'il les compare avec les données qui sont en leur possession. Selon eux, « les socialistes ont volé au moins 106 000 voix ». Les observateurs internationaux dénoncent eux aussi un « scrutin fondamentalement irrégulier ».
Congrès de l’Eglise et du peuple serbe du Kosovo à Gracanica.
jeudi 25 décembre
Les Albanais du Kosovo ont décidé d'organiser, le 22 mars, des élections législatives et présidentielles, contre l'avis des autorités serbes. Ibrahim Rugova, président de la Ligue démocratique du Kosovo a appelé la communauté albanaise à participer au scrutin « afin de renouveler la légitimité de la direction albanaise » de la province.
vendredi 26 décembre
Match amical de football non officiel : au stade de San Mamés, à Bilbao, l’équipe du Pays basque a battu la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) trois buts à un.
samedi 27 décembre
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Klaus Kinkel a appelé le gouvernement serbe et les Albanais au dialogue pour ne « pas risquer un nouveau conflit en Europe ».
dimanche 28 décembre
Absence de majorité absolue, refus obstiné des ultranationalistes de partager le pouvoir avec les partisans de la présidente Plavsic : situation bloquée au Parlement serbe de Bosnie. Après dix heures de débats stériles, les députés de la RS, récemment élus, se sont quittés sans avoir réussi à élire un président et deux vice-présidents. La session constitutive a été reportée au 12 janvier.
mardi 30 décembre
La police serbe a dispersé par la force 2 000 étudiants de souche albanaise qui défilaient dans les rues de Pristina malgré l'interdiction des autorités (l'accès du centre-ville était bloqué par des véhicules blindés). 15 manifestants auraient été sérieusement blessés. Les manifestants ne réclamaient rien d'autre que des écoles parlant leur langue.