dimanche 1er janvier
Ouverture à Munich du cabaret Die Pfeffermühle, fondé par Klaus et Erika Mann, Therese Giehse et Magnus Henning (fermé en 1936).
Match amical de football : au Sade Littoriale de Bologne, l’Italie a battu l’Allemagne trois buts à un.
mardi 3 janvier
L’ancien chancelier (1922-1923) Wilhelm Cuno est décédé à Aumühle, près de Hambourg. Il avait 57 ans. Alors qu’il s’apprêtait à partir en vacances avec son épouse, il s’est effondré sur le pas de sa porte.
mercredi 4 janvier
Adversaires politiques, Franz von Papen et Adolf Hitler se rencontrent secrètement dans la maison du banquier Kurt von Schröder à Cologne dans le but de forcer Schleicher à quitter ses fonctions de chancelier : Papen propose une sorte de gouvernement à deux têtes (gouvernement de « concentration nationale ») dans lequel serait inclus Hugenberg (DNVP).
jeudi 5 janvier
La fille aînée de Léon Trotski, Zinaida Volkova, s’est suicidée à Berlin. Souffrant de tuberculose et de dépression, elle avait 31 ans. Autorisée par Staline en 1931 à quitter l’URSS pour rejoindre son père, elle avait sa citoynneté soviétique révoquée en février 1932.
samedi 7 janvier
Von Papen présente aux milieux d’affaires le projet de gouvernement de « concentration nationale ».
lundi 9 janvier
Lors d'une entrevue avec Hindenburg, Papen cherche à convaincre le président de l'entrée d'Hitler au gouvernement. Hindenburg approuve implicitement la formation d'un triumvirat Papen-Hitler-Hugenberg, et non une chancellerie de Hitler.
mardi 10 janvier
Des bagarres de rue ont éclaté dans le quartier berlinois de Friedrichshain après que 400 nazis ont tenté de pénétrer de force dans une salle où 2 000 communiste tenaient une réunion politique. On dénombre de nombreux blessés.
mercredi 11 janvier
Les agrariens entrent en action : le comte Kalckreuth du Landbund se plaint auprès de Hindenburg du « bolchevisme agraire » du chancelier. Le président fait des remontrances à Schleicher, mais celui-ci maintient sa politique : les agrariens se tournent alors vers Papen et Hitler qui se rencontrent le même jour chez Ribbentrop à Dahlem.
jeudi 12 janvier
Décision des milieux d'affaires de soutenir financièrement le projet de gouvernement de « concentration nationale ».
dimanche 15 janvier
Elections dans le petit Land de Lippe : victoire du parti nazi avec 39,5 % des suffrages et 9 élus (+ 9). Le SPD chute à la deuxième place avec 30,1 % des voix et 7 sièges (- 2). Suivent le KPD (11,2 % et 2 s., + 1), le DNVP (6,1 % et 1 s., - 2), l’EVD (4,6 % et 1 s., + 1) et le DVP (4,4 % et 1 s., - 2). Le NSDAP a progressé de 6 000 voix par rapport à novembre, mais il lui en manque encore 3 000 par rapport au mois de juillet. Ce demi-succès est transformé en triomphe à grand renfort de propagande. Mais plus que la progression du parti nazi, c’est le renforcement des partis de gauche qui confirme les milieux d'affaires dans l'urgence qu'il y a à promouvoir Hitler.
lundi 16 janvier
Alors que les nazis sont aux portes du pouvoir, Maurice Thorez, chef de file du communisme français, encourage les communistes allemands dans leur ligne antisocialiste.
mardi 17 janvier
Hitler rencontre le président des nationaux-allemands (DNVP), Alfred Hugenberg, pour décider de la répartition des postes dans le futur ministère de « concentration nationale », dont il assurera la direction, secondé par von Papen.
mercredi 18 janvier
Nouvelle rencontre Papen-Hitler en présence de Göring, Röhm et Himmler : Papen est contraint d'avouer que le président n'est pas disposé à confier le poste de chancelier à Hitler qui reste sur ses positions.
jeudi 19 janvier
Hitler et von Papen rencontrent l’industriel Thyssen et lui soumettent leur projet de composition du gouvernement de « concentration nationale ».
vendredi 20 janvier
Manifestations des SA devant le siège berlinois du Parti communiste.
du vendredi 20 au samedi 21 janvier
Le chancelier von Schleicher tente de composer avec Hitler et Papen qui refusent.
samedi 21 janvier
Les nationalistes allemands s’en prennent à la Belgique au nom de l’autonomie flamande ; il n’y aura pas de vernissage pour l’Exposition d’art belge de Berlin.
dimanche 22 janvier
Oskar Hindenburg, le fils du président, et Otto Meissner, secrétaire particulier de Hindenburg, rencontrent Papen, Hitler, Goering et d’autres dirigeants nazis chez Ribbentrop. Les deux hommes sortent de l'entrevue convaincus qu'il faut confier la chancellerie à Hitler.
A Berlin, les SA manifestent devant le Karl-Liebknecht-Haus, siège du Comité central du KPD.
lundi 23 janvier
Schleicher réclame au président la dissolution du Reichstag ainsi que l’état d’urgence et les pleins pouvoirs, ce que Hindenburg lui refuse, tout en récusant aussi la solution Hitler.
Des agents nazis assassinent Formis, qui avait créé une station de radio antinazie clandestine à Prague pour le compte du Front noir dirigé par Otto Strasser.
? janvier
Otto Meissner met au point un intrigue décisive en faisant recevoir le général Blomberg par le président. Celui-ci ne sait pas que son ancien subordonné est déjà acquis à Hitler.
nuit du mercredi 25 au jeudi 26 janvier
A Dresde, une réunion communiste a été victime d’une attaque nazie. Neuf personnes ont été tuées et onze autres grièvement blessées.
vendredi 27 janvier
Bien qu’assailli de toutes parts, le président Hindenburg s’oppose toujours à la nomination d'Adolf Hitler comme chancelier.
samedi 28 janvier
Le chancelier von Schleicher exige que le président Hindenburg proclame la dissolution du Reichstag et lui accorde les pleins pouvoirs : refus du président, suivi de la démission de von Schleicher.
dimanche 29 janvier
Devant les rumeurs faussement répandues par Papen, d'une intervention imminente de la Reichswehr en faveur de Schleicher, Blomberg est intronisé ministre de la Reichswehr par Hindenburg.
lundi 30 janvier
Hindenburg appelle Hitler au poste de chancelier pour former un nouveau gouvernement. Outre Hitler, seuls deux nazis sont au pouvoir, mais à des postes clés : Frick à l'Intérieur, et Goering, ministre de l’Aviation et commissaire à l'Intérieur pour la Prusse. Les autres postes reviennent à des membres du DNVP (Hugenberg à l’Agriculture et à l'Economie, Franz Gurtner à la Justice), à des proches de ce parti (Seldte des Casques d'acier et ministre du Travail) ou aux barons comme von Neurath (Affaires étrangères) et von Krosigh (Finances), Blomberg à la Reichswehr. Von Papen est vice-chancelier. Le KPD propose aux syndicats et au SPD une grève générale, mais le SPD se récuse, refusant de sortir de la légalité tant que le gouvernement ne la viole pas.
Le directeur des bureaux de recherche de Telefunken cherche le moyen de persuader les nouvelles autorités de l’intérêt de la télévision, surtout en termes de propagande.
nuit du lundi 30 au mardi 31 janvier
Nuit de victoire célébrée par les militants nazis : une retraite aux flambeaux est organisée à Berlin de la porte de Brandebourg à la Chancellerie.
mardi 31 janvier
Premier discours du chancelier Hitler : « Donnez nous quatre années... »
Refusant de sortir de la légalité tant que le gouvernement ne la viole pas, le SPD récuse la grève générale du KPD et appelle ses militants à rester sur le terrain de la Constitution.
« Mössinger Generalstreik » : l’unique tentative de résistance ouvrière à l’arrivée au pouvoir d’Hitler se déroule à Mössinger, au sud de Tübingen [aujourd’hui dans le Bade-Wurtemberg. Les employés des usines textiles déclenchent une grève générale et marchent sur Reutlingen. 800 personnes manifestent dans cette ville et tentent en vain d’envahir les entreprises pour interrompre le travail. Vers 16 h, une quarantaine de policiers arrêtent les grévistes qui fuient à travers champs. Les premières arrestations sont réalisées dans la soirée (d’autres suivront les jours d’après : 80 personnes, dont trois femmes, seront condamnés à des peines allant de trois mois à 2 ans et demi de prison).
Première du film Morgenrot d’Ucicky, une œuvre revancharde à la gloire des sous-marins de la Première Guerre mondiale, en présence du cabinet ministériel au grand complet. Hitler apprécie beaucoup ce film.
en janvier
Le chômage atteint son niveau le plus élevé en Allemagne.
mercredi 1er février
Premier discours d’Adolf Hitler en tant que chancelier. Dans ce message adressé au Reichstag et radiodiffusé dans tout le pays, il promet que « d’ici quatre ans, le fermier allemand doit être sorti de la misère. D’ici quatre ans, le chômage doit être complètement vaincu ». Il obtient ensuite du président Hindenburg qu'il prononce la dissolution du Parlement. Les élections législatives sont fixées au 5 mars.
jeudi 2 février
Le nouveau gouvernement promulgue une ordonnance qui interdit les manifestations.
Réouverture de la conférence de Genève sur le désarmement.
vendredi 3 février
A l’occasion d’une réunion avec les hauts commandants de l’armée et de la marine, Adolf Hitler et le ministre Werner von Blomberg haranguent les généraux rassemblés chez Hammerstein-Equord. Le nouveau chancelier annonce que la Reichswehr restera indépendante des partis et promet le réarmement au mépris du traité de Versailles ainsi qu'une offensive contre les communistes et les pacifistes. Il laisse même entendre aux généraux qu'ils seraient appelés à conquérir des territoires à l'est.
samedi 4 février
A la demande d’Hitler, le président Hindenburg signe un décret « pour la protection du peuple allemand » qui permet la suspension des droits fondamentaux établis par la Constitution de Weimar. Il autorise le pouvoir à interdire des journaux ou des rassemblements sous prétexte qu'ils diffusent de fausses nouvelles nuisant aux intérêts de l'Etat ou diffament les autorités et les fonctionnaires. Les contrevenants peuvent être arrêtés et détenus sans mandat pour une durée de trois mois. Par ailleurs, les pouvoirs du ministre de l’Intérieur (Wilhelm Frick) sont étendus.
dimanche 5 février
Göring dissout les assemblées régionales de Prusse afin de disposer d'un Conseil d'Etat favorable. Mais il ne peut dissoudre le Landtag, les députés s'y opposent de même que le collège des trois, formé de Braun, Adenauer (président du Conseil d'Etat) et du président nazi du Landtag (deux voix contre une).
lundi 6 février
Le président Hindenburg signe un décret qui dessaisit Braun de ses prérogatives au profit de Papen : la dissolution du Landtag de Prusse est acquise. Le Land tombe sous la coupe de Goering (ministre de l’Intérieur).
mardi 7 février
Le ministre socialiste de l’Etat de Lippe-Detmold, Heinrich Drake, est remplacé par un nazi, Ernst Krappe.
mercredi 8 février
Le gouvernement décide de privilégier le budget militaire. Hitler annonce à son cabinet qu’il poursuivra l’objectif d’un réarmement complet de l’Allemagne d’ici cinq ans. Chaque programme d’emploi sera soutenu publiquement en fonction de sa contribution à la Wehrmacht.
vendredi 10 février
Au Sportpalast, Hitler termine son discours par un surprenant « Amen » qui, entendu à la radio et aux actualités cinématographiques, émeut et sécularise de larges couches.
Peu après 18 h, un gazomètre de 72 mètres de haut explose accidentellement dans la fonderie de l’aciérie de Neunkirchen, dans la Sarre : 68 morts, environ 190 blessés et 65 maisons détruites dans les environs immédiats de la fonderie. 167 familles (700 personnes) sont sans-abri.
samedi 11 février
L’écrivain allemand Thomas Mann se rend à l’étranger pour donner une série de conférence sur la « Souffrance et la Grandeur de Richard Wagner » (il ne rentrera pas en Allemagne avant 1945).
dimanche 12 février
Journée sanglante à Eisleben où les SA assaillent les communistes.
jeudi 16 février
L’écrivain Heinrich Mann quitte l’Académie des Arts de Prusse pour protester contre les nazis.
vendredi 17 février
En Prusse, Göring autorise par décret les policiers à tirer à volonté pour réprimer les manifestations.
Maire de Cologne depuis 1917, Konrad Adenauer a refusé de rencontrer le chancelier Adolf Hitler, qui arrivait à l’aéroport local, et ordonné que toutes les croix gammées et tous les symboles nazis soient retirés de la ville (Hitler se vengera le mois suivant).
samedi 18 février
La firme Krupp perfectionne le moteur Diesel.
lundi 20 février
Réunion secrète à la résidence officielle d’Hermann Göring à Berlin d’Adolf Hitler avec une vingtaine de responsables de l’industrie et de la haute finance, choisis par Schacht et Göring. Le nouveau chancelier répond à leur attente par l’annonce de l'édification d'un Etat autoritaire et du démantèlement des « syndicats » marxistes, quel que soit le résultat du scrutin du 5 mars. En conclusion de la réunion, Schacht invite les présents à financer la campagne électorale du NSDAP pour les prochaines élections au Reichstag (à hauteur de 3 millions de reichsmarks).
mardi 21 février
Le président du Reichstag Hermann Göring publie dans le journal du parti nazi, le Völkischer Beobachter, un décret ordonnant à la police prussienne de tirer sur tout « ennemi de l’Etat » et prévoyant des mesures disciplinaires contre tout policier qui agirait de façon « inappropriée ».
Craignant pour sa vie, le romancier Heinrich Mann se réfugie en France, six jours après avoir été expulsé de l’Académie prussienne des arts pour son opposition au nazisme.
mercredi 22 février
Le chanlier Hitler autorise l’établissement des premiers camps de concentration, où les opposants au régime seront maintenus en « détention préventive » jusqu’à ce qu’ils ont été « rééduqués ».
Le nazi Hermann Göring crée une force de police auxiliaire (Hilfspolizei) regroupant SA, SS et Stahlhelm, soit 40 000 hommes. D’anciens voyous deviennent officiellement des membres des forces de l’ordre.
Malmené par les nazis, l’ancien ministre CSU Adam Stegerwald s’adresse au président Hindenburg qui ne réagit pas malgré une intervention de Papen déjà impuissant.
jeudi 23 février
Décret interdisant dans toute l’Allemagne l’homosexualité et la pornographie.
vendredi 24 février
Dernière démonstration du Parti communiste à Berlin. La police perquisitionne le siège du KPD. Les autorités annoncent la découverte de documents montrant que les communistes ont l’intention d’incendier des bâtiments gouvernementaux, des sociétés privées et des manoirs.
Première à Vienne du film allemand Liebelei, drame réalisé par Max Ophüls d’après la pièce éponyme de l’Autrichien Arthur Schnitzler, créée en 1895, avec Paul Hörbiger, Magda Schneider et Luise Ullrich.
dimanche 26 février
Clôture du septième championnat du monde de hockey sur glace, organisé à Prague : victoire des Etats-Unis. L’Allemagne se classe cinquième.
lundi 27 février
Début à 21 h 15 de l’incendie du Reichstag. Le coupable présumé, un chômeur d’origine néerlandaise de 25 ans, Marinus van der Lubbe, est arrêté sur les lieux et on découvre sur lui fort à propos une carte du KPD (mais des doutes demeurent toujours sur l’identité des incendiaires, des nazis eux-mêmes accusant plus tard le chef SA Karl Ernst d’avoir conduit ses hommes dans le bâtiment pour y mettre le feu). Les autorités accusent aussitôt les communistes. Des milliers d'entre eux seront arrêtés à travers tout le pays et le KPD subit des dommages décisifs. Incarcération du président du groupe parlementaire communiste, Ernst Togler, qui s’est spontanément présenté à la police pour disculper son parti.
nuit du lundi 27 au mardi 28 février
Hermann Göring donne l’ordre d’arrêter 4 000 fonctionnaires du parti communiste (dont trois Bulgares, Wassil Taneff, Blagoi Popoff et Gueorgui Dimitrov), de fermer leurs locaux, d’interdire leur presse et de placer des écrivains « suspects », tel Carl von Ossietzky, en « détention préventive ».
mardi 28 février
La réunion ministérielle vote la suppression de l’article 7 de la Constitution et décrète ainsi la fin des droits fondamentaux de l'individu (liberté des personnes, inviolabilité du domicile, liberté d'opinion, de réunion, de presse, secret postal, etc.). Il ouvre la voix aux arrestations arbitraires et légalise celles de la nuit précédente. Le paragraphe deux du décret autorise l'intervention dans les Länder qui n'appliquent pas les mesures. Un autre décret instaure la répression contre la trahison envers le peuple allemand : le gouvernement est autorisé à poursuivre toute personne soupçonnée de s'opposer à lui, ce qui entraîne des milliers d’arrestations dont celles du journaliste Carl von Ossietzky (arrêté le jour même et interné à Berlin-Spandau), de l’écrivain anarchiste juif Erich Mühsam, etc.
Deux représentants importants de la vie intellectuelle allemande, les écrivains, dramaturge et poète Heinrich Mann et Bertolt Brecht ont fui l’Allemagne. Brecht et son épouse, l’actrice Helene Weigel, s’exilent à Prague.
en février
Réunion de la Conférence sur le désarmement à Genève.
Premier camp de concentration à Oranienburg.
Reprenant l’idée de Zworykin et de son Iconoscope, l’Allemand Manfred von Ardenne crée le tube cathodique pour la télévision.
vendredi 3 mars
Trahi par un proche, Ernst Thälmann, le secrétaire du KPD et ancien candidat à l’élection présidentielle, est interpellé dans son appartement de Berlin (réélu député deux jours plus tard, il restera en prison et sera exécuté en 1944).
samedi 4 mars
En Prusse, Göring organise une répression d’une ampleur sans précédent contre les opposants politiques. La police reçoit l’ordre de « stopper, par tous les moyens, l’action des organisations antinationales » et « en cas de nécessité de faire usage de ses armes de service ». Les pistolets remplacent les matraques.
dimanche 5 mars
Dernières élections législatives pluripartites : le NSDAP arrive en tête avec 43,9 % des voix et 288 sièges (+ 93) sur 647. Suivent : SPD d’Otto Wels 18,3 % (120 s.), KPD 12,3 % (81 s. [aucun élu communiste ne sera autorisé à prendre ses fonctions]), Z 11,2 % (74 s.), DNVP 8 % (52 s.), BVP 2,7 % (18 s.), DVP 1,1 % (2 s.), Christlicher Volksdienst 1 % (4 s.), Staatspartei 0,9 % (5 s.), autres 0,6 % (3 s.). La participation a été de 88,8 %. La coalition (Front de combat) du NSDAP avec le parti national de Hugenberg (DNVP) est majoritaire avec 51,9 % des voix, mais ça n’est pas assez pour modifier la Constitution (nécessité d'approbation des deux tiers des députés).
Un commissaire du Reich nazi est nommé à Hambourg.
Arrestation du dirigeant communiste Edgar André, chef de la Ligue des combattants rouges (il sera condamné à mort et exécuté en 1936).
lundi 6 mars
Occupation des sièges des partis socialistes et communistes, des syndicats et des maisons d'édition.
Des commissaires du Reich nazis sont nommés à Brême et à Lubeck.
mardi 7 mars
Nomination d'un commissaire du Reich nazi en Hesse, où le gouvernement se retire sans résistance devant la brutalité nazie.
Publication du dernier numéro du magazine Die Weltbühne. Fondé en 1905, cet hebdomadaire a été interdit par les nazis. Son directeur et plusieurs journalistes ont été déjà été arrêtés. Les autres membres de la rédaction ont fui à l’étanger.
Sortie du film ...und wer küßt mich?, comédie réalisée par E.W. Emo d’après le roman de Friedrich Dammann, avec George Alexander, Marion Taal, Felix Bressart et Margo Lion.
mercredi 8 mars
Nominations de commissaires nazis en Saxe, Wurtemberg et Bade.
Les membres du Parlement de Hambourg mettent en place un Sénat issu du parti nazi.
Un autodafé de livres est organisé par les nazis à Dresde, place Wettiner.
jeudi 9 mars
A l’instigation d’Hitler et de Frick, l’officier Franz von Epp dépose le gouvernement légal de Bavière au motif que le ministre-président Heinrich Held est incapable de maintenir l’ordre. Les nazis occupent le Parlement bavarois et en expulsent les députés. Von Epp est nommé commissaire général de Bavière et un gouvernement national-socialiste est mis en place.
Sur ordre du ministre de l’Intérieur Wilhelm Frick, la SA et la SS veillent à ce que les responsables administratifs soient remplacés par des fonctionnaires nazis sur l’ensemble du territoire allemand.
Le Bulgare Georgui Dimitrov, secrétaire du Bureau occidental du Comité exécutif de l’Internationale communiste, est arrêté pour complicité dans l’incendie du Reichstag.
A Brunswick, les nazis s’attaquent au SPD local, détruisant les locaux du journal social-démocrate et tuant un employé.
vendredi 10 mars
Créé en 1872, le quotidien Berliner Tageblatt est interdit conformément au décret du 28 février.
samedi 11 mars
Campagne « pour la destruction du marxisme afin que le soulèvement national soit une réalité ».
A l’initiative du ministre local Friedrich Alpers, le pouvoir nazi de l’Etat libre de l’Etat libre de Brunswick du ministre-président Dietrich Klagges déclenche la « tempête de magasins ». A l’issue d’un concert donné au Kohlmarkt, une foule de SA et SS en tenue civile (pour faire croire à une colère populaire spontanée) se répand dans les rues de Brunswick pour s’attaquer aux « magasins juifs » (notamment les grands magasins Adolf Frank, Karstadt et Hamburger & Littauer). Les vitrines sont brisées, l’intérieur mis à sac, des clients agressés. Alpers lance un appel à « la paix et à l’ordre » et s’en prend aux « fauteurs de troubles communistes ».
A Kiel, les nazis occupent illégalement l’hôtel de ville : le conseil municipal est dissous et le mair Emil Lueken déposé et replacé par le chef local du NSDAP, Walter Behrens.
nuit du samedi 11 au dimanche 12 mars
Un avocat social-démocrate connu pour ses idées républicaines, Wilhelm Spiegel, est assassiné chez lui à Kiel par deux hommes en uniformes SA et SS. Il avait 56 ans. L’enquête sur ce meurtre sera mise à profit par les nazis pour éliminer le SPD local.
dimanche 12 mars
Hindenburg interdit le drapeau de la République de Weimar, noir-rouge-or. Deux drapeaux sont désormais officiellement autorisés : celui du parti nazi, avec la Svastika, ou le vieux drapeau impérial noir-blanc-rouge (ce dernier disparaîtra en septembre 1935).
lundi 13 mars
Le président Hindenburg a signé le décret créant le ministère de l’Education du peuple et de la Propagande du Reich (Reichsministerium für Volksaufklärung und Propaganda, RMVP), dont la direction est confiée au nazi Joseph Goebbels (35 ans). Il compte cinq départements et 350 employés (2 000 en 1939), avec un budget de 14 millions de marks (187 millions en 1941).
mercredi 15 mars
Interdiction du KPD. Toute personne exprimant des idées communistes sera mise en état d’arrestation.
Gauleiter nazi du Wurtemberg-Hohenzollern depuis 1928, Wilhelm Murr est élu président d’Etat du Wurtemberg (jusqu’en 1945).
Le nouveau ministre de la Propagande, Joseph Goebbels, donne sa première conférence de presse : il informe les journalistes de leurs responsabilités.
A Kiel, des milliers d’ouvriers ont rendu un dernier hommage à l’avocat Wilhelm Spiegel, assassiné trois jours plus tôt par les nazis. Le passage du cortège funèbre dans la ville est l’occasion de la dernière manifestation républicaine locale. Malgré les menaces nazies, les travailleurs des chantiers navals et des usines ont cessé le travail.
jeudi 16 mars
Le chef du gouvernement de Bavière, Held, se retire, ses ministres ayant subi d'odieuses violences. Heinrich Himmler, assisté de Reinhard Heydrich, devient chef de la police ; il fonde le second camp de concentration SS (après celui d’Oranienburg) à Dachau, au nord-ouest de Munich.
vendredi 17 mars
Après avoir émis des doutes concernant la question du financement du réarmement allemand, le président de la Reichsbank Hans Luther, ancien chancelier, est remplacé par Hjalmar Schacht et envoyé à Washington comme ambassadeur. Schacht devient le principal conseiller économique du nouveau régime.
Création de la garde personnelle d’Hitler, la Leibstandarte Adolf Hitler, forte de 120 SS et dirigée par Sepp Dietrich.
dimanche 19 mars
Von Papen se plaint auprès du chancelier à propos de violences commises contre des étrangers par les nazis. Hitler réagit en défendant ses SA et en lançant des menaces voilées contre les conservateurs.
Fondation de la corporation nourricière du Reich, dirigée par Walther Darré : obligation d’adhésion pour toutes les professions relevant de l’agriculture ; planification très stricte de la production et du marché afin d’assurer l’autarcie.
A Berlin, au stade Grünewald, les sélections allemandes et françaises de football font match nul trois buts partout (Rohr 2, Lachner pour l’Allemagne ; Gérard 2, Rio pour la France), devant 55 000 spectateurs.
lundi 20 mars
Hitler négocie le soutien du Zentrum pour recevoir les pleins pouvoirs. Celui-ci formule des exigences d'ordre religieux et politique : reconnaissance des concordats du Vatican avec les Länder, maintien de l'influence religieuse à l'école d'une part, maintien des pouvoirs du président, des garanties quant à la justice et à la fonction publique d'autre part. Brüning réclame des promesses écrites.
Arrestation d’élus communistes et sociaux-démocrates.
Inauguration officielle avec annonce par voie de presse du camp de concentration de Dachau, réservé aux détenus politiques. Himmler l’a installé dans les locaux désaffectés d’une usine à poudre, à vingt kilomètres au nord-ouest de Munich.
Première au cinéma Capitole de Berlin du film germano-autrichien Fin de saison (Brennendes Geheimnis), drame réalisé par Robert Siodmak d’après la nouvelle Brûlant secret de de Stefan Zweig, avec Alfred Abel, Hilde Wagener, Hans Joachim Schaufuß, Lucie Höflich et Willi Forst.
mardi 21 mars
« Journée de Potsdam » organisée par Goebbels pour la rentrée solennelle du Parlement et pour montrer à l'opinion que la droite nationaliste et les nazis sont unis. La manifestation, entièrement radiodiffusée et filmée, a lieu en présence de toutes les forces sociales et religieuses (à l'exception des gauches) : participation du président Hindenburg, du prince héritier Guillaume de Hohenzollern, de l’armée, du clergé et des représentants du corps diplomatique. La mise en scène débute par des cérémonies religieuses et une commémoration des martyrs du parti présidée par Hitler. A midi, le chancelier serre la main du président devant l'église de la Garnison, geste symbolisant l'union de la Prusse et du national-socialisme et confirmé par le dépôt d'une couronne sur la tombe de Frédéric II. Ensuite, les députés se réunissent à l’opéra Kroll de Berlin sous la présidence de Göring et adoptent un décret « pour prévenir les attaques perfides » (loi contre la perfidie, en allemand Heimtückegesetz) contre le gouvernement de « concentration nationale ». Instauration des tribunaux d’exception ; la loi prévoit l’arrestation de toute personne s’exprimant négativement ou ironiquement sur le régime ; elle fait également l’obligation, sous peine de poursuites, de dénoncer toute personne ou proche à l’origine d’une remarque désobligeante.
Ouverture dans le Brandebourg du camp de concentration d’Oranienburg, établi à l’emplacement d’une ancienne brasserie.
Sortie du film musical La Fleur de Hawaï (Die Blume von Hawaii), réalisé par Richard Oswald d’après l’opérette éponyme de Paul Abrahmam (créée en 1931), avec Marta Eggerth, Hans Fidesser, Iván Petrovich et Hans Junkermann.
mercredi 22 mars
Marchandage des dirigeants nazis avec les 73 députés du Zentrum pour qu'ils votent les pleins pouvoirs à Hitler.
Arrivée au camp de concentration de Dachau des premiers prisonniers. Entre 150 et 200 détenus y sont transférés dans quatre camions de la police depuis les prisons de Landsberg am Lech, Neudeck et Stadel. Le camp, destiné à la « détention préventive » des responsables des partis politiques interdits (communistes) a été construit autour d’une ancienne usine de munitions.
Le Département d’Etat américain assure au président du Congrès juif américain que l’ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne reste informé du traitement des juifs et que les persécutions cesseront bientôt…
jeudi 23 mars
Réunion du Reichstag à l'opéra Kroll. Les SS et les SA entourent le bâtiment et réclament de la part des députés un vote positif en proférant des menaces : aussi le Parlement vote à une écrasante majorité des deux tiers (dont le Zentrum qui n'a pourtant pas reçu la lettre de confirmation de leurs exigences promise par Hitler) la « Loi d’habilitation » (Ermächtigungsgesetz) : 441 voix pour et 94 contre (seul le SPD, par la voix d’Otto Wels, ose encore condamner la violence et s’opposer aux projets), grâce à l’exclusion des 81 élus communistes. Démagogiquement présentée comme une « loi de remédiation à la détresse du peuple et du Reich », elle invalide la Constitution de la République de Weimar et autorise le pouvoir nazi à gouverner l’Allemagne sans le Reichstag : Adolf Hitler, en tenue SA, reçoit les pleins pouvoirs pour quatre ans et peut promulguer de nouvelles lois sans décret.
L'industriel Fritz Thyssen qui ne figure pas dans la direction du RDI réclame brusquement l'alignement de celui-ci sur les principes nazis ainsi que de nouvelles élections.
La première à Berlin du film de Fritz Lang Das Testament des Dr Mabuse (« le Testament du docteur Mabuse »), est subitement annulée : la projection du film est arrêtée par la censure.
vendredi 24 mars
Entrée en vigueur de la « Loi d’habilitation » adoptée la veille qui abolit la démocratie parlementaire.
Le Syndicat patronal remercie Hitler d’avoir sauvé l’économie allemande.
Dans une interview accordée à l’Universal Press Service, l’attaché de presse d’Adolf Hitler publie une déclaration au nom du chancelier. Celui-ci dénonce les accusations de mauvais traitements infligés aux juifs et aux catholiques comme de « sales mensonges », ajoutant qu’ « il n’y a aucune discrimination entre les juifs et les non-juifs ou les chrétiens, ou toute autre croyance ou race ».
A Berlin, le mouvement nationaliste des droits civiques juifs, l’Union centrale des citoyens allemands de confession juive, décrit les informations concernant la persécution des juifs comme de « pures inventions ». De son côté, la Société patriotique des juifs nationaux allemands déclarent que les rapports à ce sujet sont des « tentatives étrangères de chantage contre l’Allemagne ».
Goebbels imagine de confisquer la journée symbolique du 1er mai au profit des nazis.
samedi 25 mars
A Londres, l’Alliance internationale contre l’antisémitisme décide le boycott des marchandises allemandes.
dimanche 26 mars
Dans un télégramme adressé aux dirigeants d’organisations juives américaines, le secrétaire d’Etat américain Cordell Hull annonce que l’enquête menée par le département d’Etat sur les conditions de la communauté juive d’Allemagne montre qu’ « alors qu’il y a eu pendant une courte période des mauvais traitements physiques considérables infligés aux juifs allemands, cette phase peut être considérée comme pratiquement terminée »…
Au Parc des Princes de Paris, l’équipe de France de rugby a battu l’Allemagne sur le score de 38 à 17.
lundi 27 mars
Le parti nazi ordonne un boycott national des commerces juifs pour le 1er avril. Il sera appliqué par la présence de membres de la SS à l’extérieur des magasins concernés.
Pseudo « putsch de la Stahlhelm » dans l’Etat libre de Brunswick. Sous un faux prétexte, les nazis locaux interdisent et désarment la Stahlhelm. Grâce à la censure et au contrôle de la presse, les nationaux-socialistes font croire à la population que l’organisation paramilitaire conservatrice issue des corps francs préparaient un coup d’Etat contre le gouvernement d’Hitler.
Le réalisateur nationaliste Fritz Lang fonde avec Trenker et Boese la Nationalsozialistische Betriebsorganisation.
mardi 28 mars
Goebbels annonce le boycottage des magasins tenus par des juifs à Berlin, des cabinets des médecins et avocats israélites à compter du 1er avril.
Les évêques catholiques (Zentrum) diffusent la déclaration de Fulda qui appelle au soutien du nouvel ordre (la destruction du libéralisme et du marxisme satisfait la hiérarchie) : des militants quittent le parti.
A l’hôtel Kaiserhof de Berlin, Goebbels s’adresse aux cinéastes et aux représentants syndicaux de l’industrie cinématographique. Le nouveau ministre de la Propagande exige que les nouveaux films tournés reflètent les idéaux nazis sans compromettre la vision de l’artiste…
Premier cas possible de sabotage d’un avion : le bilan Armstrong Whitworth Argosy II City of Liverpool de l’Imperial Airways s’est écrasé près de Diksmuide, en Belgique, à la suite d’un incendie survenu dans l’appareil qui effectuait la liaison Londres-Bruxelles-Cologne. Il n’y a aucun survivant parmi les 15 personnes à bord. C’est pour l’époque le pire accident de l’histoire de l’aviation civile britannique. L’un des passagers, Albert Voss, est suspecté d’avoir mis le feu et d’avoir sauté de l’avion sans parachute juste avant le crash.
mercredi 29 mars
En complément du décret du 28 février 1933 faisant suite à l’incendie du Reichstag, promulgation de la loi van der Lubbe qui prévoit l’application de la peine de mort pour toute atteinte à la sécurité publique et autorise l’exécution par pendaison. La rétroactivité est instaurée au 31 janvier 1933.
Après le départ pour le moins précipité de Fritz Lang pour l’étranger, les services de Goebbels expliquent qu’ils ont interdit son nouveau film, Le Testament du Dr. Mabuse (suite de Docteur Mabuse le Joueur de 1922), en raison de son caractère « d’incitation à des crimes contre la société et à des actes de terrorisme contre l’Etat ».
jeudi 30 mars
Des opérations sont menées à midi contre les avocats dans les tribunaux de Berlin.
vendredi 31 mars
Entrée en vigueur de la « loi préliminaire pour la coordination des Etats et du Reich, première législation mettant au pas des régions : le gouvernement obtient le contrôle des Etats. Sous les ordres du ministre de l’Intérieur Wilhelm Frick, les mandats communistes sont supprimés dans les Länder et les communes et les législatures et cabinets des Etats « reconstitués » avec des membres du Parti nazi et de nouveaux gouverneurs nommés depuis Berlin.
Le ministre de la Justice de l’Etat de Prusse ordonne la démission de tous les juges, procureurs et officiers de justice juifs, tandis que les avocats juifs doivent être limités dans leur nombre d’affaires. Le même jour, le ministre de la Justive de Bavière, Hans Frank, met « à la retraite » tous les jugs et avocats juifs de son Etat.
Le gouvernement annonce que le boycott anti-juif qui doit avoir lieu le 1er avril ne durera qu’une journée et qu’il sera ensuite « suspendu jusqu’au mercredi ».
samedi 1er avril
Opération contre les « violences juives », dirigé par le gauleiter de Franconie, Julius Streicher : des SA se postent devant les magasins juifs et cherchent à interdire aux clients d'y pénétrer en déployant des pancartes incitant à ne pas acheter chez les juifs. Les mêmes scènes se déroulent devant les pharmacies, les cabinets médicaux ou locaux d'avocats. Dans la soirée, un défilé des organisations nazies à Berlin proteste contre les « agissements des juifs ». Hitler explique qu'il a préféré prendre les devants pour éviter que la population ne se livre spontanément à des débordements, mais en fait, la population n'ayant montré aucun empressement à suivre et ayant même protesté, le mouvement est stoppé. Hitler interdit les actions antisémites.
Le croiseur Deutschland, lancé en mai 1931, entre en service actif au sein de la Kriegsmarine.
dimanche 2 avril
Dissolution des syndicats.
mardi 4 avril
Début de la « mise au pas » (gleichschaltung) de la presse allemande. En publiant l’article « Frontschwein », le Berliner Tageblatt devient le premier journal non nazi à s’aligner sur la ligne nationale-socialiste : défense de la patrie, condamnation de la République de Weimar, etc.
Le nazi Walter Darré prend la direction des associations agricoles fusionnées et mises au pas.
mercredi 5 avril
Création du Conseil économique du Reich.
Baldur von Schirach, chef des Jeunesses Hitlériennes, occupe les locaux du comité national des associations de jeunesse.
vendredi 7 avril
Le gouvernement a promulgué la loi sur la « restauration de la fonction publique » (Gesetz zur Wiederherstellung des Berufsbeamtentums, GWB) préparée par le ministre de l’Intérieur Wilhelm Frick : le texte légalise l’élimination des « non aryens » (juifs visés principalement) des éléments « hostiles » (gauchistes) des postes de fonctionnaires et d’employés de l’Etat, y compris dans les universités (grâce à l’intervention d’Hindenburg, les juifs anciens combattants conserveront leur fonction jusqu'en 1935).
Deuxième loi sur la mise au pas des régions : Adolf Hitler impose un Statthalter à la place des anciens gouvernements. Ce nouveau gouverneur est chargé du contrôle économique et exerçant généralement simultanément la fonction de « chef de district » (gauleiter), d’ordre politique.
Le patronat est désormais autorisé à licencier le personnel suspect d’activités politiques ou syndicales contraires à la bonne marche des affaires de l’Etat.
lundi 10 avril
Promulgation de la loi rétablissant le caractère férié du 1er mai, un jour désigné « Fête nationale du travail ».
Le pape Pie XI s’est entretenu à Rome avec les dirigeants nazis allemands Hermann Göring et Franz von Papen.
mardi 11 avril
Quatre jours après la promulgation des premières lois contre l’emploi des juifs, un amendement est ajouté précisant qui sera exclu : « Il suffit qu’un parent ou un grand-parent soit non aryen », explique un mémorandum du ministre de l’Intérieur Wilhelm Frick.
Hermann Göring est nommé ministre-président de Prusse.
Dans une lettre ouverte publiée par le Berliner Tageblat, le célèbre chef d’orchestre Wilhelm Furtwängler critique la volonté de Goebbels de discriminer les musiciens juifs : « Je ne reconnais qu’un trait d’union en fin de compte : entre le bon et le mauvais art ».
mercredi 12 avril
Annonce d’un recensement de tous les Allemands. Le directeur du Bureau des statistiques du Reich, Friedrich Bürgdorfer, également directeur du « Bureau politique racial » du parti nazi, va utiliser ce recensement pour identifier chaque juif et non aryen du pays. IBP et sa filiale allemande (Dehomag), passent contrat avec le gouvernement pour fournir du matériel et former les employés chargés de compiler les données.
20 jours après l’ouverture du camp, les premiers meurtres de prisonniers ont lieu à Dachau : Rudolf Benario, Ernst Goldmann et Arthur Kahn sont les premiers juifs tués dans un camp de concentration nazi.
Le ministre de l’Education et de la Propagande Joseph Goebbels répond au chef d’orchestre Wilhelm Furtwängler.
lundi 17 avril
Concerné en tant que juif par la loi du 7 avril sur la restauration de la fonction publique, James Franck publie une lettre ouverte de démission de son poste de professeur à l’université de Göttingen. Le prix Nobel de physique 1925 a refusé de bénéficier de l’exception qui lui était accordée en tant qu’ancien combattant (il quitte l’Allemagne pour rejoindre le Danemark, avant de s’installer aux Etats-Unis).
L’aviateur Hans Bertram est reçu triomphalement à Berlin. Lors du tour du monde aérien effectué avec son mécanicien Adolf Klausmann, il avait disparu le 12 mai 1932 entre l’île de Timor et l’Australie. Déclarés morts en Allemagne, ils n’avaient été retrouvés qu’au bout de 53 jours. Klausmann avait perdu la raison.
jeudi 20 avril
Limitation de l’accès des écoles, lycées et universités aux juifs. Ouverture des Napola, écoles d’élite chargées de préparer en internat durant six années et à partir de l’âge de 12 ans aux carrières de l’armée.
Darré prend le contrôle du mouvement coopératif agricole.
Le 44e anniversaire d’Hitler est fêté pour la première fois en tant que « fête nationale » avec des célébrations dans tout le pays, notamment des défilés et des services religieux en son honneur.
Le réalisateur austro-allemand Fritz Lang divorce de la scénariste Thea von Harbou (restée en Allemagne où elle a rejoint le parti nazi).
vendredi 21 avril
Hitler nomme son ami Rudolf Hess « suppléant du Führer » (Stellvertreter des Führers), un poste cérémoniel sans pouvoir réel.
Les nazis interdisent de fait la pratique juive de la schehita, l’abattage rituel des animaux de façon conforme à la loi juive pour la préparation de la nourriture casher. La nouvelle loi ne fait pas directement référence à la religion juive mais en exigeant que les animaux soient anesthésiés (décharges électriques) ou étourdis, cette mesure est contraire à la pratique juive.
Titulaire de la chaire de philosophie à l’Université de Fribourg-en-Brisgau, Martin Heidegger, nouvel adhérent au national-socialisme, en devient le recteur.
Un mois après son interdiction par la censure allemande, le nouveau film de Fritz Lang, Le Testament du Docteur Mabuse (d’après le roman de Norbert Jacques), est présenté en avant-première à Budapest, avec dans les rôles principaux Rudolf Klein-Rogge, Gustav Diessl, Rudolf Schündler et Otto Wernicke.
samedi 22 avril
Ordonnance sur l’admission des médecins à travailler avec les compagnies d’assurance-maladie : les médecins « non-aryens » et qui ceux qui ont été « actifs dans les mouvements communistes » perdent leur licence (les compagnies d’assurances privées suivront peu après et dès le mois de juillet, la moitié des médecins juifs auront abandonné leur pratique en Allemagne)
lundi 24 avril
Les nazis commencent à s’attaquer aux Témoins de Jéhovah : destruction des bureaux de la Wachtturm Bibel (« étudiants de la Bible ») de Magdebourg.
mardi 25 avril
Promulgation de la loi contre le surpeuplement des écoles et universités (Gesetz gegen die Überfüllung deutscher Schulen und Hochschulen) : le régime nazi restreint l’accès aux établissements scolaires aux « non-aryens ». Le nombre d’élèves juifs dans les écoles publiques est limité à 1,5 % du total des inscriptions, un taux qui serait basé sur le pourcentage de la population allemande non aryenne…
mercredi 26 avril
Le ministre de l’Intérieur de la Prusse Hermann Göring signe un décret sur la création de la Gestapo (Geheime Staatspolizei), une police secrète d’Etat chargée de contrôler la dissidence politique et directement placée sous sous ses ordres. Il en confie la direction à son protégé Rudolf Diels. Göring établit également un tribunal spécial pour les crimes politiques.
jeudi 27 avril
L’organisation Stahlhelm rejoint le parti nazi. Elle est intégrée aux Sections d'assaut.
Ancien député communiste au Reichstag (1930-1932), Albert Funk est tué au poste de police de Recklinghausen, onze jours après son arrestation. Régulièrement battu, il a été mortellement blessé lors d’une chute depuis une fenêtre de l’étage et est décédé à l’hôpital. Il avait 38 ans.
vendredi 28 avril
L’édition berlinoise du Deutsche Allgemeine Zeitung publie le tout dernier article de presse d’Allemagne critiquant ouvertement le gouvernement nazi au pouvoir. Le psychologue Wolfgang Köhler, professeur à l’université Humboldt de Berlin a notamment dénoncé l’injustice du licenciement des professionnels juifs (de façon surprenant il sera autorisé à continuer à enseigner avant de quitter le pays en 1935).
samedi 29 avril
Hermann Göring fonde la Ligue nationale de protection contre les raids aériens (Reichsluftschutzbund - RLB). Cette association regroupera des volontaires de volontaires formés pour alerter, donner les premiers secours et agir dans la lutte contre les incendies et les fuites de gaz.
Un Junkers W-34 de la compagnie Eurasia s'est écrasé au cours d’essais à Traunstein : les deux pilotes et deux passagers ont été tués.
dimanche 30 avril
Le SPD a annoncé sa rupture avec la IIe Internationale et dénonce les attaques de sa presse contre Hitler.
Le nazi Otto Dietrich devient président de la Fédération de la presse allemande.
Fritz Haber, directeur de l’Institut Kaiser Wilhelm de physique-chimie, démissionne pour protester contre l’ordre de renvoyer les juifs de la faculté. Lui-même de religion juive, il était exempté car il est un vétéran de la Première Guerre mondiale.
en avril
Ludwig Müller, un aumônier militaire protestant, est chargé de fonder une Eglise protestante unique (Reichskirche) dans le cadre d’une mise au pas.
Alfred Rosenberg crée le Service de politique étrangère de la NSDAP.
Les Jeunesses hitlériennes absorbent l’ensemble des mouvements de jeunes, à l’exception des Jeunesses catholiques.
Création de la Ligue pour la défense passive dont le rôle est de former des responsables d’immeubles et de quartier (secourisme, incendie, déblaiement, installation d’abris, évacuation rapide…).
L’ancien chef de la SS (1927-1929) Erhard Heiden, resté actif au sein de la SA, est arrêté sur ordre d’Himmler (son successeur) par des agents du SD, dirigé par Reinhard Heydrich, au café Orlando à Munich. Il est vraisemblablement assassiné un peu plus tard dans les locaux du SD (son corps ne sera retrouvé qu’en septembre). Il avait 32 ans.
lundi 1er mai
En ce 1er mai décrété par le gouvernement « jour du travail national », une grande manifestation, organisée techniquement par l’architecte Albert Speer, a lieu à Berlin. Le syndicat ADGB (proche du SPD) accepte d’y participer.
Lancement du programme de construction des autoroutes (Autobahn).
Suspension des nouvelles adhésions au parti nazi.
Le philosophe Martin Heidegger devient recteur de l’université Albert-Ludwig de Fribourg-en-Brisgau, dans le pays de Bade.
mardi 2 mai
Gleichschaltung : interdiction des syndicats. A l’initiative de Robert Ley, les locaux des syndicats sont occupés et leur patrimoine saisi (et redistribué au Front du travail), tandis que les dirigeants (Leipart) sont arrêtés. Aucune justification légale ne suit.
mercredi 3 mai
Créée en avril 1932, la National-sozialistische Volkswohlfahrt (« Secours populaire national-socialiste »), dirigé par Erich Hilgenfeldt, devient l’unique organisme d'assistance et d'entraide du parti nazi. Remplaçant notamment l’Arbeiterwohlfahrt (AWO), fondée en 1919, le NSV tolère à titre exceptionnel (jusqu'en 1936) la poursuite des activités des organismes traditionnels comme Caritas ou la Croix-Rouge.
L'industriel Krupp reçoit les pleins pouvoirs pour réorganiser le secteur industriel dans l'esprit souhaité par le gouvernement de « concentration nationale ».
Le magazine VU est le premier en France à évoquer les camps de concentration installés par les nazis en Allemagne. La revue montre des photographies des camps de Dachau et Oranienbourg, prises par Marie-Claude Vogel (qui sera déportée à Auschwitz pendant la guerre).
jeudi 4 mai
Poursuite de la « mise au pas » (Gleichschaltung) : un commissaire d’état nazi (Erich Grahl) est nommé à la tête de l’association de consommateurs Großeinkaufs-Gesellschaft Deutscher Consumvereine mbH (GEG). Fondée à Hambourg en 1894, elle regroupe 58 sociétés de production de produits alimentaires, de luxe et autres biens de consommation.
samedi 6 mai
Gauleiter depuis 1928 et président de l’Etat depuis mars dernier, le nazi Wilhelm Murr est nommé premier Reichsstatthalter (gouverneur) du Wurtemberg.
A Berlin, l’Institut für Sexualwissenschaft (« Institut de sexologie ») du docteur Magnus Hirschfeld est attaqué et pillé par des membres de la Deutsche Studentenschaft (« Union des étudiants allemands »). Les ouvrages de ce médecin juif favorable à la cause homosexuelle (et réfugié à l’étranger) ainsi que tous les livres de la bibliothèque sont brûlés dans un autodafé.
nuit du samedi 6 au dimanche 7 mai
Les nazis commencent à se venger des meurtriers du SA Horst Wessel (tué en 1930) : entrée dans la clandestinité, Else Cohn est assassinée sur une route près de Crossen [aujourd’hui Krosno Ordzańskie, en Pologne], entre les villages de Gersdorf [Dabie] et Plau [Plaw]. La victime est la femme qui avait conduit les meurtriers jusqu’à l’appartement de Wessel (l’enquête de police sera arrêtée sur ordre de Göring).
dimanche 7 mai
Premier tour du championnat d’Allemagne de football, organisé sous forme de coupe, avec match simple et 16 clubs participants.
mardi 9 mai
Création du Service de sécurité, le SD (Sicherheitsdienst).
Le Parti nazi présente son projet d’église nationale allemande. Basée à Wittenberg, elle serait limitée aux « chrétiens aryens » et reconnaîtrait la souveraineté de l’Etat national-socialiste.
Un léger accident marque la fin de la carrière commerciale de l’avion le plus grand du monde : l’hydravion géant Dornier Do X a heurté trop violemment l’eau en amerrissant sur le lac de barrage de Kachlet, près de Passau. L’accident est tenu secret et les dégâts sont vite réparés (mais c’est la fin pour cet appareil dont le premier vol avait eu lieu en 1929).
mercredi 10 mai
Institution du Front du travail (Deutsche Arbeitsfront-DAF) de Robert Ley où entrent obligatoirement tous les ouvriers. La DAF est une sorte de syndicat nazi. Il tient son premier congrès officiel.
nuit du mercredi 10 au jeudi 11 mai
Une vingtaine de villes universitaires d’Allemagne sont le théâtre d’une véritable nuit d’autodafés (Bücherverbrennung) organisés par les nazis, avec des enseignants et étudiants complices : à Berlin, la « littérature nuisible et prohibée » a été brûlée lors d’une cérémonie présidée place Bebel, devant l’université Humboldt, par le ministre de l’Education et de la Propagande, Goebbels, devant plus de 100 000 personnes. Vers 23 heures, 20 000 livres, dont des œuvres majeures de l’esprit allemand et de la littérature étrangère, partent ainsi en fumée : A l’Ouest rien de nouveau, de Remarque, mais également des ouvrages de 400 autres auteurs (Freud, Steinbeck, Marx, Zola, Hemingway, Einstein, Proust, Tucholsky, Brecht, H. et T. Mann, etc.) désignés d’après les listes noires du bibliothécaire Wolfgang Herrmann. Goebbels déclare « le siècle de l’intellectualisme juif poussé à l’extrême est révolu et la révolution allemande a rouvert la voie à l’être allemand ».
vendredi 12 mai
Darré prend le contrôle des chambres d'agriculture.
Ses ouvrages ayant échappé aux autodafés de la nuit du 10 au 11 mai - en étant même recommandés par les nazis -, l’écrivain allemand Oscar Maria Graf publie dans le journal viennois Arbeiter Zeitung un appel à les brûler : « Brûlez-moi ! Après avoir vécu la vie que j'ai vécue et écrit ce que j'ai écrit, j'ai le droit d'exiger que mes livres soient livrés aux flammes et ne se retrouvent pas dans les mains pleines de sang et les cerveaux détraqués des groupes de la mort habillés en brun. Brûlez l'œuvre de l'esprit allemand ! Il est plus ineffaçable que votre infamie ! ». Graf s’est volontairement exilé en Autriche en février (finalement ses livres seront brûlés en 1934 lors d’un autodafé spécialement organisé à Munich pour lui).
lundi 15 mai
A l’occasion d’un entretien organisé à l’initiative du président Hindenburg, Adolf Hitler a informé le représentant de l’ancien empereur Guillaume II, Friedrich von Berg, que la monarchie ne serait pas rétablie dans un avenir prévisible. Le chancelier a assuré que la restauration de la maison des Hohenzollern n’aurait pas lieu du vivant d’Hitler, voire pas du tout.
Loi sur les propriétés paysannes, déclarées biens héréditaires du Reich.
Décès à Berlin-Lichterfeld du général Hermann von François. Agé de 77 ans, il joua un rôle crucial au début de la Première Guerre mondiale sur le front de l’Est (bataille de Tannenberg) et prit part également à la bataille de Verdun.
mardi 16 mai
L’Assemblée des Etats de Bade se réunit pour la dernière à la Maison des Etats (Ständehaus) de Karlsruhe (le Parlement badois sera dissous en octobre).
Le célèbre physicien Max Planck, président de la Kaiser Wilhelm Society et lauréat du prix Nobel 1918, a rencontré Hitler dans une tentative infructueuse d’empêcher ses collègues juifs d’être renvoyés de leur travail. Le chancelier allemand lui a déclaré : « les juifs sont tous des communistes et ils sont l’ennemi contre lequel je me bats ».
Sur ordre du ministre-président de Prusse Hermann Göring, et à l’initiative du professeur de théologie Walther Glawe, l’université poméranienne de Greifswald est renommée université Ernst-Moritz-Arndt en l’honneur de l’écrivain mort en 1860.
mercredi 17 mai
Au Reichstag, Hitler prononce un « discours de paix ». Approuvant la proposition du président américain Roosevelt, il se déclare prêt à désarmer à condition que les autres nations en fassent autant. Il a également exigé une révision du traité de Versailles de 1919. Les députés du SPD siégeant encore au Parlement approuvent par leur vote la déclaration de politique extérieure d’Hitler.
Fondation à Prague par les dirigeants sociaux-démocrates en exil (Wels, Ollenhauer, Stampfer) de la SOPADE.
vendredi 19 mai
Institution à la tête des « quatorze régions économiques » de quatorze curateurs, administrateurs du travail (Reichstreuhänder) qui dépendent du ministre du Travail et qui doivent contrôler les salaires et donc les revenus des salariés.
lundi 22 mai
Dissolution du RDI.
vendredi 26 mai
Loi sur la saisie des biens du Parti communiste.
Loi pour la prévention de la progéniture héréditairement malade : eugénisme et stérilisation pour construire une « race supérieure ».
dimanche 28 mai
Elections dans la Ville libre de Dantzig (Gdansk) : les nazis obtiennent la majorité au Volkstag (Parlement) avec 50,12 % des voix et 38 élus (+ 26) sur 72. Toutes les autres formations politiques ont perdu des voix et des sièges : SPD 17,69 % et 13 s. (- 6), Zentrum 14,63 % et 10 s. (- 1), KPD 6,80 % et 5 s. (- 2), DNVP 6,35 % et 4 s. (- 6), Parti polonais 2,04 % et 1 s. (+ 1), Liste polonaise Docteur Moczynski 1,11 % et 1 s. L’abstention a été de 7,91 %.
L'ingénieur agronome et théoricien Walther Darré devient « chef de la paysannerie du Reich » (Reichsbauernführer).
lundi 29 mai
Afin de favoriser le renversement du gouvernement autrichien de Dolfuss - dont l’économie dépend en grande partie du tourisme -, Berlin impose à partir du 1er juillet une taxe de 1 000 reichsmarks aux citoyens allemands voulant traverser la frontière, à l’exception du trafic frontalier.
en mai
L'Allemagne et l'URSS prolongent le traité de Berlin de 1926.
Le gauleiter Bohle prend la direction de l’Organisation pour l’étranger de la NSDAP.
Création de l’organisation caritative nationale-socialiste, dirigée par Erich Hilgenfeldt.
Institution de la haute fonction administrative de syndic du travail.
Création de la « donation aux victimes du travail », fonds de solidarité approvisionné par les industriels. Les aides seront attribuées par un jury d’honneur après enquête sur la fiabilité politique du nécessiteux et de sa famille.
Le Reichssportführer Hans von Tschammer und Osten fonde la Ligue gymnique du Reich (Deutscher Reichsbund für Leibesübungen), afin d’exercer un contrôle idéologique sur les associations sportives.
Premier vol d’essai de l’avion de chasse Heinkel He 51, un biplan entoilé.
jeudi 1er juin
Plan Reinhardt : loi sur la réduction du chômage, qui prélude au programme des grands travaux de rénovation des villes du Reich.
Entrée en vigueur de la loi pour l’encouragement du mariage. Le texte prévoit le Ehestandsdarlehen (« prêt de mariage ») pour tous les jeunes mariés aryens avec un prêt de 1 000 reichsmarks, sans intérêt, pour les couples à condition que la femme quitte son emploi ou reste au chômage.
vendredi 2 juin
Bernhard Rust, ministre des Sciences, des Arts et de l’Education de Prusse, ordonne que les juifs soient bannis des organisations de jeunesse, de bien-être et de gymnastique et que l’accès aux installations sportives leur soit refusé.
Création par les industriels d’un fonds de soutien au parti nazi : Adolf-Hitler-Spende.
Le porte-parole du parti nazi Otto Dietrich est nommé par Hitler Reichsleiter, le second rang politique le plus haut du mouvement.
samedi 3 juin
Le prince Guillaume de Prusse (26 ans), fils de l’ancien prince héritier et petit-fils de Guillaume II, a épousé à Bonn sa petite amie d’université Dorothea von Salviati (25 ans). Une foule enthousiaste de 10 000 personnes a accueilli les jeunes mariés à leur sortie de l’église. L’ancien kaiser a décrété que suite à cette union son petit-fils a perdu ses droits de régner en cas de restauration de la monarchie.
lundi 5 juin
Dissolution des partis politiques, sauf le parti national-socialiste (nazi).
mardi 6 juin
Le prince Sardar Mohammad Aziz Khan, ambassadeur d’Afghanistan en Allemagne, a été assassiné à Berlin par un étudiant afghan. Frère du roi Nadir Khan (et père du futur président afghan Daoud), il avait 56 ans.
mercredi 7 juin
L’Italie, de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont conclu le Pacte des quatre puissances pour la paix : le texte promet à l’Europe une décennie de paix, les signataires s’engageant à œuvrer au désarmement. Avec cet accord, Mussolini voudrait neutraliser les ambitions territoriales allemandes. Le texte sera signé le 15 juillet à Rome.
Création au théâtre des Champs-Elysées, à Paris, sous la direction de Maurice Abranavel, des Sept péchés capitaux des petits-bourgeois (Die sieben Todsünden), un « ballet chanté » pour soprano, quatuor d’hommes et orchestre du compositeur allemand Kurt Weill, sur un livret de son compatriote Bertolt Brecht et une chorégraphie du Russe Georges Balanchine. Les rôles principaux sont tenus par les Autrichiennes Lotte Lenya et Tilly Losch. L’accueil est mitigé.
jeudi 8 juin
Le Comité international olympique a attribué l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 1936 à la commune allemande de Garmisch-Partenkirchen. La station des Alpes bavaroises a été préférée à Montréal (Canada) et Saint-Moritz (Suisse).
Au Yankee Stadium de New York, le boxeur américain Max Baer a battu l’Allemand Max Schmeling par K.O. à la dixième reprise, devant une foule de 56 000 spectateurs.
vendredi 9 juin
A 20 km au nord de Magdebourg (Saxe-Anhalt), les scientifiques Rudolf Nebel et Herbert Schaefer ont échoué lors du premier test de lancement à Wolmirstedt d’une fusée pour le « projet Magdebourg », dont le but est de réussir à envoyer un homme dans l’espace (le projet sera abandonné en août).
Le chef d’orchestre Arturo Toscanini refuse de participer au festival de Bayreuth à cause de l’attitude des nazis vis-à-vis des artistes.
dimanche 11 juin
Finale du championnat d’Allemagne de football : à Cologne, le Fortuna Düsseldorf a battu le FC Schalke 04 trois buts à zéro (seul titre gagné par le Fortuna à ce jour).
lundi 12 juin
Ouverture de la Conférence économique de Londres, organisée au Musée géologique. Les représentants de 64 nations doivent y discuter des moyens de mettre fin à la crise économique mondiale : réduction des barrières commerciales, règlement des dettes de guerre, stabilisation des taux de change, coordination des politiques monétaires, etc.
mardi 13 juin
Ouverture dans le château de Lichtenburg, à Prettin (Saxe-Anhalt) d’un camp de concentration pour hommes en détention « provisoire » (les hommes seront remplacés par les femmes en décembre 1937 et le camp sera fermé en 1939).
jeudi 15 juin
Détenteur depuis quatre ans du Ruban bleu de la traversée de l’Atlantique dans le sens Ouest-Est, le paquebot allemand Bremen, de la Norddeutscher Lloyd, a amélioré sa marque avec une vitesse moyenne de 28,51 nœuds. Le navire a mis 4 jours, 16 heures et 15 minutes pour relier New York à Cherbourg.
Göring nomme son ami Bruno Loerzer chef des aéroclubs allemands.
vendredi 16 juin
Publication des résultats du premier recensement effectué en Allemagne depuis 1925 : le pays compte 65 300 000 habitants.
Haïm Arlosoroff, un dirigeant sioniste qui avait négocié un accord avec le régime nazi pour assurer contre paiement l’émigration des juifs allemands vers la Palestine, a été assassiné alors qu’il se promenait avec son épouse Sima le long de la plage de Tel-Aviv. Chef du département politique de l’Agence juive avait 34 ans (trois suspects proches du Parti révisionniste, seront arrêtés puis acquittés faute de preuves ; Arlosoroff a pu être tué par des agents arabes de l’Allemagne sur ordre de Goebbels).
samedi 17 juin
Baldur von Schirach, chef des Jeunesses Hitlériennes, est promu responsable de l’ensemble de la jeunesse allemande (Reichsjugenführer) : il entreprend de dissoudre toutes les organisations de jeunesse, hormis les catholiques (autonomes jusqu'en 1937).
lundi 19 juin
Le RDI, dissous un mois plus tôt, devient la corporation de l'industrie allemande. Krupp conserve la présidence et l'organisation préserve une certaine autonomie. Par ailleurs, le comité directeur du SPD a décidé d'éliminer les juifs de sa direction !
Décret du chancelier Dollfuss portant sur la dissolution du Parti national-socialiste (nazi) autrichien et l’interdiction des organisations dépendantes de ce parti. Plus tôt dans la journée, 16 policiers auxiliaires avaient été blessés par des grenades lancées par des nazis à Krems an der Donau. Le gouvernement allemand, furieux contre cette décision, annonce des représailles.
mardi 20 juin
La militante féministe et communiste allemande Clara Zetkin est décédée à Arkhangelskoïe, près de Moscou, à l’âge de 75 ans. Ancienne membre de la Ligue spartakiste, elle fut députée au Reichstag de 1920 à 1933.
Le jeune artiste métis afro-allemand Hilarius « Lari » Gilges a été enlevé de nuit à son domicile de Düsseldorf par une douzaine de SS. Son cadavre, marqué de coups et de blessures par balles, est retrouvé sous un pont d’Oberkassel. Acteur, danseur de claquettes, mais également militant communiste, il avait milité contre le danger du nazisme. Il n’avait que 24 ans.
mercredi 21 juin
Les SA investissent le quartier ouvrier de Berlin-Köpenick et y déchaîne une « semaine sanglante » qui fera 91 victimes.
Seldte livre le Stahlhelm à Hitler.
jeudi 22 juin
Sur ordre d’Hitler, le ministre de l’Intérieur Wilhelm Frick interdit le Parti social-démocrate (SPD) comme organisation « hostile à l’Etat ». Un petit groupe de parlementaires, réunis autour de Paul Löbe, se déclare prêt à coopérer avec le régime mais doit renoncer.
samedi 24 juin
Dans le sillage des pilotes de l’Aéropostale française, le capitaine d’aviation allemand von Studnitz vient de réussir, pour le compte de la compagne Luft Hansa, une traversée de l’Atlantique Sud de l’Afrique occidentale au Brésil, à bord d’un hydravion Dornier Wal, le Monsun. Parti de la ville de Bathurst, située en Guinée britannique, il a atteint Natal après un vol de 33 heures et 30 minutes. L’Allemagne ne possédant pas de point d’appui terrestre en haute mer, l’avion a fait étape près du Westfalen, cargo de 5 000 tonnes de la Lloyd allemande devenir navire ravitailleur, doté d’une puissante catapulte.
A l’initiative d’Ernst Stuck, 38 professeurs en dentisterie fondent à Leipzig le Front uni des dentistes (Einheitsfront der Zahnärzte) qui s’aligne sur les principes nazis.
Le journal officiel nazi, Völkischer Beobachter, publie en première page une fausse histoire intitulée « Avions étrangers au-dessus de Berlin ! ». Selon l’article, une formation de bombardiers non identifiés a largué des tracts sur la capitale avant de rebrousser chemin « vers l’Est ». En suggérant que l’aviation soviétique a pu pénétrer l’espace aérien allemand en raison d’un manque de de défense aérienne, le journal entend justifier la construction d’une puissante aviation allemande et d’aérodromes.
dimanche 25 juin
Le bureau des Témoins de Jehovah allemands de Magdebourg organise une assemblée à Berlin, au Wilmersdorfer Tennishallen : 7 00 fidèles adoptent une « Déclaration » demandant l’annulation de l’interdiction frappant le mouvement en Saxe, Bade et Bavière. Envoyé à Hitler, ce message évoque l’attachement des Témoins à l’Allemagne et récuse tout lien avec les juifs, l’empire anglo-américain, la Société des nations et la haute finance internationale.
lundi 26 juin
Le ministre de l’Economie et de l’Agriculture Alfred Hugenberg, président du parti nationaliste DNVP, est contraint de démissionner du gouvernement. Il se retire entièrement de la vie politique. Il est remplacé à l’Economie par K. Schmitt.
Un décret du ministre nazi de l’Education de Prusse, Bernhard Rust, introduit les films éducatifs comme matériel pédagogique dans les écoles.
Promu Obergruppenführer dans les SS, Theodor Eicke est nommé par Himmler commandant du camp de concentration de Dachau, où 2 000 personnes sont alors détenues.
mardi 27 juin
Rebaptisé « Front national allemand » en mai, le Parti populaire nationale allemand (DNVP) s’autodissout sous la pression des nazis. Le parti nationaliste avait pourtant aidé le NSDAP à former un gouvernement de coalition trois plus tôt…
Le Staatspartei, privé de ses mandats, se saborde.
Lancement du programme de création d’un réseau d’autoroutes : un décret fonde la société Unternehmen Reichsautobahnen, sous l’administration des chemins de fer nationaux.
La Gestapo commence à arrêter quiconque distribue la « Déclaration » des Témoins de Jéhovah, dont le bureau est fermé à Magdebourg.
mercredi 28 juin
Le DVP s'autodissout.
jeudi 29 juin
Walter Darré devient ministre de l'Agriculture (il cumule désormais la direction des affaires agricoles de l'Etat, celle des affaires agricoles au sein du parti ainsi que celle des organisations professionnelles avec le titre de ministre et Reichsbauernführer).
A Brunswick, dans le quartier ouvrier d’Eichtal, deux groupes de SS habillés en civils qui recherchaient des opposants ont ouvert le feu l’une sur l’autre, croyant affaire à des adversaires. Le SS Gerhard Landmann est mortellement blessé. Malgré les preuves de l’erreur, les responsables nazis locaux Jeckeln et Klagges imputent le drame à des communistes afin d’exploiter l’incident à leur profit.
L’ancien chancelier social-démocrate (1919-1920) Gustav Bauer est arrêté à Berlin pour corruption.
vendredi 30 juin
Par décret du chancelier, les films, les pièces de théâtre, la musique, l’art, la radio et la presse sont placés sous la direction du ministère de la Propagande, dirigé par Goebbels.
début juillet
L'ingénieur Fritz Todt est nommé responsable du programme autoroutier.
samedi 1er juillet
13 jours après l’interdiction du parti nazi autrichien, le gouvernement de Berlin promulgue une loi imposant une taxe de 1 000 reichsmarks aux citoyens allemands voulant se rendre en Autriche (le nombre de visiteurs va chuter, mais sera en partie compensé par une hausse du tourisme intérieur autrichien ; cette taxe ne sera levée qu’en 1936).
Après que le chef de l’ « Eglise du Reich », le révérend Ludwig Müller, ait déclaré qu’Hitler allait rejoindre la nouvelle organisation religieuse, le chancelier nazi fait savoir par l’intermédiaire de son agence de presse que ces annonces « sont un fantasme et des mensonges. Hitler appartient maintenant, comme auparavant, à l’Eglise catholique et n’a pas l’intention de la quitter ».
Création au Staatsoper de Dresde, sous la baguette de Clemens Krauss, de l’opéra Arabella, comédie lyrique en trois actes de Richard Strauss, sur un livret d’Hugo von Hoffmannsthal. Les interprètes principaux sont Viorica Ursuleac, Alfred Jerger et Margit Bokor.
lundi 3 juillet
Martin Bormann devient le secrétaire particulier de Rudolf Hess, lui-même adjoint du Führer. Véritable bête de travail et laquais dévoué, Bormann débarrasse Hess de toute la paperasserie fastidieuse.
Les juifs commencent à être exclus de la fonction publique.
mardi 4 juillet
Meurtres de Rieseberg en « représailles » à la mort d’un SS tué à Brunswick le 29 juin : 11 prisonniers communistes arrêtés après l’événement sont conduits en camion dans le domaine Pappelhof (municipalité de Königslutter), à 30 km à l’est de Brunswick, où ils sont battus et torturés avant d’être exécutés d’une balle dans la tête vers 23 heures.
Dissolution du Parti populaire bavarois (BVP), fondé en 1918.
mercredi 5 juillet
Disparition du dernier des partis bourgeois encore en activité : l’ancien chancelier Brüning est contraint par les nazis de dissoudre son parti, le Zentrum.
jeudi 6 juillet
Devant les Statthalter, Hitler proclame la « fin de la révolution nationale » et déclare qu'il faut « conduire le courant incontrôlé de la révolution (les SA) dans le lit tranquille de l'évolution », à la grande colère de la tendance plébéienne du parti nazi (Gregor Strasser, ou Ernst Röhm, qui parle de trahison des buts de la révolution).
mardi 11 juillet
Les travaux de construction du canal Elster-Saale débutent en Saxe, près de Burghausen, à 10 km à l’ouest de Leipzig. L’ouvrage fera 19 km de long (mais le projet, retardé par la guerre, sera définitivement arrêté en 1943 et seulement 11 km auront été réalisés).
Un décret interdit à tout parent de donner le nom d’Hitler, ou toute variante, à un enfant.
mercredi 12 juillet
Le journal viennois Österreichische Abendblatt a publié un article affirmant qu’Adolf Hitler est le « descendant direct du côté de sa mère » d’une famille juive de Tchécoslovaquie et qu’il y a au moins dix juifs nommés Hitler dans la ville de Polna.
jeudi 13 juillet
Sur ordre du ministre de l’Intérieur Wilhelm Frick, tous les employés du gouvernement allemand doivent utiliser « Heil Hitler ! » comme salutation et comme conclusion dans les lettres et effectuer le « salut nazi » avec la main droite et le bras tendu vers le haut.
vendredi 14 juillet
Loi interdisant la création de nouveaux partis (Gleischaltung) : le NSDAP devient officiellement parti unique. Une autre loi fait du référendum l’unique mode de consultation populaire. Par ailleurs, les statuts de l'Eglise protestante unique sont prêts. Le gouvernement décide aussi de plusieurs autres lois : sur la stérilisation des malades mentaux et des incurables (« loi sur la prévention d’une descendance héréditaire malade » : la stérilisation contrainte concernera environ 250 000 à 300 000 personnes touchées par des affections neurologiques ou psychiatriques), sur la confiscation des biens des ennemis de la Communauté raciale populaire, sur le retrait de la nationalité allemande aux exilés, sur l’intégration de l’Eglise évangélique à l’Etat nazi. Une autre loi instaure le plébiscite afin de faire apparaître la politique officielle du régime comme une volonté massive de la Communauté raciale populaire (utilisé trois fois en douze ans).
samedi 15 juillet
Les représentants des quatre principales nations européennes (l’Italien Mussolini pour l’Italie, le Français Henry de Jouvenel pour la France, le Britannique Ronald William Graham et l’Allemand Ulrich von Hassell) ont signé au Palais Venazio de Rome le Pacte à quatre de Rome (ou Pacte d'entente et de collaboration). Conclu pour une durée de dix ans, il prévoit que les quatre Etats se concerteront régulièrement et feront tous leurs efforts pour réduire les armements et collaborer au maintien de la paix dans le cadre de la SDN (texte très vite sans suite).
Fondation d’un Conseil général de l’industrie allemande autour de Krupp, Thyssen, Vögler, Bosch, Siemens, Schröder.
lundi 17 juillet
Après avoir réussi à traverser l’Atlantique avec succès avec leur Bellanca CH-300 Lituanica, les pilotes américains d’origine lituanienne Steponas Darius et Stasys Girėnas trouvent la mort en s’écrasant en Allemagne [aujourd’hui en Pologne] près du village de Kuhdamm [Pszczelnik], au sud de Soldin [Myślibórz]. Ils avaient décollé de New York le 15 juillet et ont parcouru 6 411 kilomètres en 37 heures et 11 minutes, un énorme exploit, avant de chuter à seulement 650 km de leur destination finale, Kaunas. La cause du crash n’est pas sure, peut-être un problème moteur dans de mauvaises conditions météo. Selon certains, ils auraient pu être abattus parce qu’ils volaient près d’un camp de concentration…
jeudi 20 juillet
Signature au Vatican d’un Concordat entre l’Allemagne (représenté par le vice-chancelier Franz von Papen) et le Saint-Siège (représenté par le secrétaire d’Etat et cardinal Eugenio Pacelli [futur pape Pie XII]), qui voit en Hitler un moyen efficace pour briser le communisme : en 33 articles, l’Eglise catholique allemande conserve le droit d’avoir des écoles et de pratiquer le culte, mais est neutralisée puisque les prêtres doivent se tenir à l’écart de la vie politique. Les Jeunesses catholiques bénéficient d’un statut privilégié garanti. Le vicariat apostolique militaire d’Allemagne est remplacé par l’Ordinariat militaire en Allemagne.
A Nuremberg, 200 marchands juifs sont arrêtés et contraints de parader dans les rues de la ville.
dimanche 23 juillet
Environ 400 000 membres et anciens membres des conseils d’administration des diverses Eglises protestantes d’Allemagne ont participé à une « élection générale de l’Eglise » pour approuver l’Eglise évangélique allemande.
Ouverture à Stuttgart du stade Adolf-Hitler. L’antre du VfB Stuttgart a été construit selon les plans des architectes Paul Bonatz et Friedrich Eugen Scholer [aujourd’hui Mercedes-Benz Arena].
lundi 24 juillet
Décès Berlin du chef d’orchestre et compositeur Max von Schillings. Auteur d’opéras (Mona Lisa, 1915), il dirigea de 1919 à 1925 l’orchestre principal de l’opéra berlinois Staatsoper Unter den Linden.
mercredi 26 juillet
Promulgation d’une loi de stérilisation afin « d’améliorer la race allemande ». Toutes les personnes de sexe masculin ou féminin atteintes de manies dépressives, d’épilepsie, de schizophrénie, d’idiotie, de chorée, de cécité, de surdité ou d’infirmités corporelles, seront soumises à la stérilisation quand ces maladies sont graves ou héréditaires. Les mineurs de moins de dix-huit ans pourront être stérilisés sur demande de leurs tuteurs, même contre leur volonté.
Le gauleiter de Prusse orientale Erich Koch informe fièrement le chancelier Hitler que le chômage a été complètement éliminé dans sa province.
jeudi 27 juillet
Clôture de la Conférence économique de Londres, « torpillée » au début du mois par le président américain Roosevelt.
dimanche 30 juillet
Le professeur Jakob Wilhelm Hauer von Tübingen et le comte de Reventlow fondent un nouveau culte basé sur les anciennes traditions germaniques, antichrétien et antisémite : le Mouvement pour une foi allemande (Deutsche Glaubensbewegung).
lundi 31 juillet
Six mois après la prise de pouvoir des nazis, les camps de concentration sont déjà pleins à craquer : selon une information ministérielle, 26 789 prisonniers politiques y sont détenus.
en juillet
Constitution clandestine de l’aviation allemande.
mardi 1er août
Premières exécutions de militants communistes : Göring ayant refusé de commuer les peines, quatre hommes (Bruno Tesch, Walter Möller, Karl Wolff et August Lütgens), condamnés à mort pour leur participation au « dimanche sanglant d’Altona » (17 juillet 1933), sont guillotinés à Altona, près de Hambourg (ce jour-là cependant la violence avait surtout été causée par les SA et les SS).
Apparition des premières brochures clandestines antinazies.
Le premier cours sur l’ « hygiène raciale » est donné à Halle.
mercredi 2 août
De nouvelles réglementations pénitentiaires sont introduites en Prusse (étendues à toute l’Allemagne en mai 1934) : instauration d’une peine de « détention aggravée » (verscharfter) de quatre semaines dans une cellule sans lit pour mauvais comportement.
dimanche 6 août
L’avocat new-yorkais Samuel Untermyer lance une campagne internationale de boycott des exportations et des services allemands au nom de la « Fédération économique juive mondiale » afin de « saper le régime hitlérien et rameneur le peuple allemand à la raison, en détruisant leur commerce d’exportation dont dépend leur existence même ».
lundi 7 août
Arrêté en mars dernier pour ses activités antifascistes, le journaliste et poète social-démocrate juif Felix Fechenbach a été abattu dans la forêt du Kleineburg, entre Detmold et Warburg, alors qu’il était transporté au camp de concentration de Dachau. Il avait 39 ans.
mardi 12 août
Le député conservateur britannique Winston Churchill lance sa première mise en garde publique contre les dangers du réarmement allemand.
mardi 15 août
Arrêtés un mois plus tôt en représailles à un article antinazi de Philipp Scheidemann, cinq proches de l’ancien chancelier social-démocrate ont été libérés du camp de concentration où ils étaient détenus à la suite de l’intervention du président Hindenburg et d’une reconnaissance par les interpellés de la « trahison » de leur parent.
vendredi 18 août
Le « récepteur du peuple » (Volksempfänger) est présenté pour la première fois au public lors de l’exposition internationale de radiodiffusion de Berlin. Conçu par Otto Griessing à l’instigation de Joseph Goebbels, ce poste de radio (modèle VE301) sera vendu au prix de 76 Reichsmarks pour la version fonctionnant sur secteur, et au prix de 65 Reichsmarks pour celle alimentée par piles. Dans son discours, Goebbels a décrit la radio comme la « huitième grande puissance ».
lundi 21 août
Le 18e Congrès sioniste mondial se réunit à Prague pour discuter des lois antisémites allemandes, adoptée depuis l’arrivée au pouvoir des nazis en janvier dernier (jusqu’au 4 septembre).
mardi 22 août
Au moins 6 000 nazis autrichiens se sont rassemblés à la frontière avec l’Allemagne pour réclamer la réunion des deux pays. De son côté, le chancelier autrichien demande à la France, au Royaume-Uni et à l’Italie l’autorisation d’augmenter la taille de l’armée autrichienne, de 22 000 à 30 000 hommes.
mercredi 23 août
Le régime nazi a publié la première liste des personnes qui se sont vues retirées la citoyenneté allemande, leurs passeports et d’autres privilèges. Parmi les 33 premiers noms, dont seulement quelques-uns sont juifs, figurent notamment les écrivains Heinrich Mann, Lion Feuchtwanger, Ernst Toller et Kurt Tucholsky.
vendredi 25 août
En vertu de l’article 2 de la loi sur la révocation de la naturalisation et la déchéance de la nationalité allemande, le Bulletin impérial allemand (Deutscher Reichsanzeiger) publie la première liste de noms d’artistes et d’hommes politiques qui ont quitté le pays et perdu leur nationalité allemande. Parmi eux figurent Lion Feuchtwanger, Friedrich Wilhelm Foerster, Alfred Kerr, Heinrich Mann, Wilhelm Pieck, Philipp Schneidemann, Ernst Toller, Kurt Tucholsky et Otto Wels (sous le régime nazi, 359 listes comme celle-ci seront publiées, concernant 39 006 personnes).
dimanche 27 août
Le ministère allemand de l’Economie et des représentants sionistes ont conclu l’accord Haavara pour permettre aux juifs allemands de quitter le pays et de s’installer en Palestine, ainsi que de transférer une partie de leurs avoirs financiers et d’expédier leurs biens (jusqu’en septembre 1939, 60 000 juifs allemands émigreront au Proche-Orient sans ingérence du régime hitlérien).
Pour la plupart membres de l’association ouvrière de chant de Solingen, 16 prisonniers communistes du camp de concentration de Börgermoor, dans l’Emsland (Basse-Saxe), interprète pour la première fois la « chanson des soldats de marécage » (Moorsoldatenlied), à l’occasion du « Cirque des concentrationnaires ». Les paroles ont été écrites par le mineur Johann Esser et l’acteur Wolfgang Langhoff et la musique composée par Rudi Goguel (interdite deux jours plus tard par les responsables du camp, la chanson sera connue par la suite comme le Chant des déportés).
mercredi 30 août
Au Salon de la radiodiffusion, les services du ministre de la Propagande Goebbels ont présenté leur dernière innovation : un appareil de radio à fréquence unique pour tous les foyers, le « poste du peuple » (der Volksempfänger). L’appareil est fabriqué selon des normes strictes de la commission nationale-socialiste de la radiodiffusion. L’ensemble des 28 fabricants allemands de récepteurs doivent réalisés un même type de poste, de même qualité. Son prix est fixé à 76 marks. En deux jours, 100 000 postes ont été vendus.
jeudi 31 août
Ouverture du Congrès du parti nazi à Nuremberg : journée du parti pour la victoire.
Réfugié en Tchécoslovaquie, le philosophe juif allemand Theodor Lessing est assassiné dans la soirée à Marienbad [aujourd’hui Marianské Lazne] par trois Sudètes nazis (Rudolf Max Eckert, Rudolf Zischka et Karl Hönl), qui s’enfuient en Allemagne. Lessing avait soixante et un ans.
vendredi 1er septembre
Signé le 20 juillet avec le Saint-Siège, le Concordat réglementant les relations entre l’Allemagne et l’Eglise catholique est ratifié par le Reich allemand.
Décès du premier évêque catholique de Berlin. Mgr Christian Schreiber avait 61 ans.
dimanche 3 septembre
Clôture du congrès du Parti nazi à Nuremberg.
lundi 11 septembre
Le pasteur et théologien luthérien Martin Niemöller, opposant au national-socialisme, suscite la création de l’ « Association des pasteurs en détresse », qui doit par « un engagement total et inconditionnel » combattre toute atteinte à la confession évangélique et aider matériellement les frères opprimés.
mardi 12 septembre
Première à Munich du film de propagande Hitlerjunge Quex, réalisé par Hans Steinhoff d’après le roman éponyme de Karl Aloys Schenzinger sur le meurtre réel d’un jeune militant nazi, Herbert Norkus, tué par des communistes en janvier 1932. Les rôles principaux sont tenus par Jürgen Ohlsen, Heinrich George et Berta Drews (sortie nationale le 19 septembre).
mercredi 13 septembre
Création du « Service d’entraide d’hiver » pour assister les membres de la Communauté raciale populaire dans la détresse, ainsi que de la « Corporation nourricière du Reich » à laquelle doit obligatoirement adhérer toutes les professions ayant trait à l’agriculture : planification très stricte de la production et du marché afin d’assurer l’autarcie, sous le slogan « Lutte contre la faim et le froid ».
vendredi 15 septembre
Identification du corps (retrouvé par hasard) d’Erhard Heiden, ancien chef de la SS (1927-1929) arrêté - et sans nul doute assassiné - par la SD en avril dernier.
mercredi 20 septembre
Le principal responsable de la mort du SA Horst Wessel (assassiné 1930), Albrecht Höhler, a été sommairement exécuté par les nazis. Le véhicule dans lequel il était transféré des locaux de la Gestapo de Berlin (où il était torturé depuis un mois) vers la prison de Wohlau a été intercepté par un groupe de sept et huit SA. Pendant que ses accompagnateurs étaient maintenus à l’écart, Höhler a été conduit en forêt (son corps criblé de balle sera retrouvé quelques temps plus tard et l’enquête sera rapidement arrêtée sous pression politique).
jeudi 21 septembre
Ouverture devant la Cour suprême de Leipzig du procès anticommuniste de l'incendie du Reichstag. Parmi les accusés, outre l’incendiaire présumé, le Hollandais Marinus van der Lubbe, on remarque Ernst Torgler, président du groupe communiste à l’Assemblée et trois membres du Parti communiste bulgare en exil (Georgi Dimitrov, Blagoi Popov et Vassil Tanev).
En réaction à l’introduction du « paragraphe aryen » dans l’Eglise évangélique allemande, des théologiens protestants, des pasteurs et d’autres responsables fondent le Pacte d’urgence des pasteurs (Pfarrernotbund ; précurseur de l’Eglise confessante).
vendredi 22 septembre
Création de la Chambre de la culture du Reich (Reichskulturkammer - RKK), une institution nazie présidée par Goebbels et à laquelle doivent obligatoirement adhérer tous les « travailleurs de l’esprit ». Elle composée d’une chambre littéraire, d’une chambre de la presse, d’une chambre de la radiodiffusion, d’une chambre théâtrale, d’une chambre musicale, d’une chambre des Beaux-Arts. La Chambre culturelle du Reich enferme toutes les sphères de la vie culturelle dans le carcan du régime.
samedi 23 septembre
Loi sur les fermes et domaines ruraux héréditaires (Erbhofgezetz) : elle prévoit l'intégrité des exploitations de 7,5 à 125 hectares grâce à une protection multiple. La ferme héréditaire, exonérée d’impôts, passe intégralement à un seul héritier mâle ayant fourni la preuve de sa pureté raciale (et son aptitude à gérer le bien en conformité avec l’idéologie nazie) et ne peut être saisie en cas de dette. Même la vente volontaire est soumise à autorisation. Inscrits sur une liste prioritaire de terres après la colonisation de l’Est européen, les héritiers spoliés s’en iront en attendant grossir les rangs de la SS et de l’armée.
mercredi 27 septembre
Lors d’un synode Wittenberg, l'Eglise évangélique évince le pasteur von Bodelschwingh et nomme Ludwig Müller évêque du Reich (Reichsbischof). L'Eglise évangélique allemande soutient officiellement le régime nazi.
jeudi 28 septembre
La Société agréée par l’Etat pour l’exploitation des droits d’auteurs musicaux (Staatlich genehmigten Gesellschaft zur Verwertung musikalischer Aufführungsrechte - STAGMA [aujourd’hui GEMA] reçoit le monopole de la gestion des droits d’exécution musicale en Allemagne.
samedi 30 septembre
Le nombre de chômeurs est de 3 849 000.
en septembre
Adolf Hitler approuve le programme de construction d’autoroutes.
Le ministère de la Propagande fonde le Conseil publicitaire de l’économie allemande.
Le comte Clemens August von Galen (55 ans) est nommé évêque de Münster.
dimanche 1er octobre
La propagande nazie lance le « ragoût du dimanche » (Eintopfsonntag) en signe de solidarité avec la communauté nationale. L’épargne supposée des ménages à cette occasion est collectée en tant que contribution pour l’organisation « du bien-être hivernal » sous la forme d’un don de 50 pfennigs.
La pièce de cuivre de 4 pfennigs, mise en circulation en 1932 à l’initiative du chancelier Brüning, est déclarée invalide en raison d’un manque d’acceptation par le public.
Le général Ludwig Beck (53 ans) devient chef d'état-major général de l'armée.
La Régie des postes du Reich met en service entre Berlin et Hambourg la première liaison téléphone-télex du monde.
Après avoir déjà « obtenu » un congé au printemps, le président de la province de Hanovre, le social-démocrate Gustav Noske (ancien ministre de la Défense 1919-1920) est définitivement congédié. Il se retira Francfort-sur-le-Main.
Professeur de gymnastique, Konrad Henlein fonde en Tchécoslovaquie le « Front patriotique des Allemands des Sudètes » (Sudetendeutsche Heimatfront, SHP).
mercredi 4 octobre
Hitler met fin à la liberté de la presse et menace les journalistes de prison. Par ailleurs, une loi régit désormais la profession de rédacteur en chef : « Ne peut être rédacteur en chef que celui qui possède la nationalité allemande, n’a pas été privé de ses droits civiques et du droit d’appartenir au Service public, est d’origine aryenne et n’est pas marié à une personne d’origine non-aryenne…, possède les qualités requises pour satisfaire à la mission publique ».
Le philosophe juif Martin Buber se voit interdire de donner des conférences hors de la communauté juive. Il peut encore parler en public au sein des institutions hébraïques (jusqu’en février 1935).
mardi 10 octobre
La SDN crée un haut-commissariat chargé des problèmes des réfugiés, afin de venir en aide aux Allemands antinazis qui ont dû fuir leur pays.
Erwin Rommel, qui vient d’être promu commandant, a reçu le commandement du 3e bataillon du 17e régiment d’infanterie alpine à Goslar, une unité d’élite.
samedi 14 octobre
Le ministre allemand des Affaires étrangères annonce à Genève le retrait de l’Allemagne de la Conférence du désarmement. Adolf Hitler annonce que les Allemands seront appelés à ratifier cette décision par référendum. Le jour même, maniant le chaud et le froid, Hitler propose des accords bilatéraux de sécurité.
Le gouvernement nazi dissout le Parlement de l’Etat de Bade, qui s’était réuni pour la dernière fois le 16 mai.
dimanche 15 octobre
Adolf Hitler a posé à Munich la première pierre de la Maison de l’art allemand (Haus der Kunst), dont l’architecte est Paul Troost (ouverture en 1937).
lundi 16 octobre
L’Allemagne quitte officiellement la Société des Nations.
mardi 17 octobre
Le physicien allemand Albert Einstein arrive aux Etats-Unis (où il demeurera désormais en raison de la prise du pouvoir par les nazis).
samedi 21 octobre
Les partis allemands tchécoslovaques Deutsche Nationalpartei Böhmens (conservateurs) et Deutschen Nationalsozialistischen Arbeiterpartei (radicaux) sont interdits et dissous par le gouvernement de Prague.
dimanche 22 octobre
Match amical de football : au Wedaustadion de Duisbourg, l’Allemagne a écrasé la Belgique huit buts à un. C’était la première rencontre entre les deux sélections depuis la Première Guerre mondiale.
mercredi 25 octobre
Fondée en 1931 comme simple unité auxiliaire, l’organisation nazie chargée de la conduite automobile, le Nationalsozialistische Kraftfahrkorps (NSKK), devient une formation SA à part entière.
en octobre
Le chef du KPD (communiste) de Berlin, Walter Ulbricht, émigre à Paris où il fait partie de la direction du KPD en exil.
Le secrétaire particulier de Rudolf Hess, Martin Bormann, obtient le grade de « chef du Reich du NSDAP ».
vendredi 3 novembre
« Appel aux étudiants » de Heidegger : « Ne cherchez pas les règles de votre être dans les dogmes et des idées, c’est le Führer lui-même et lui seul qui est la réalité allemande d’aujourd’hui et de demain, et qui est sa loi ».
dimanche 5 novembre
Au stade am Gübser Damm de Magdebourg, les sélections nationales de football allemandes et norvégiennes ont fait match nul deux à deux, devant 40 000 spectateurs.
vendredi 10 novembre
Discours radiodiffusé d'Hitler sur la préparation des élections, prononcé depuis l’usine Dynamo Werk de Siemens à Berlin. Afin que tout le monde puisse l'écouter une pause dans le travail a été ordonnée dans tout le pays et le trafic automobile a même été interrompu partout pendant une minute au début du discours.
L’université de Halle-Wittenberg est rebaptisée « Université Martin-Luther Halle-Wittenberg ».
dimanche 12 novembre
Première élection au Reichstag pour le parti unique national : 92,1 % des voix (les 7,9 % restants sont considérés comme nuls). Par ailleurs, 89,9 % des votants ont approuvé par référendum la sortie de l’Allemagne de la SDN. 95,3 % des inscrits se sont rendus aux urnes.
mercredi 15 novembre
Inauguration officielle de la Chambre culturelle du Reich (RKK), créée en septembre. Son président, le ministre Goebbels prononce un discours sur la fonction désormais dévolue à la culture.
dimanche 19 novembre
Match amical de football : au stade Hardturm de Zurich, la Suisse a été battue par l’Allemagne deux buts à zéro.
lundi 20 novembre
La Chambre culturelle du Reich est intégrée au Front du travail.
mercredi 22 novembre
Dans l’ouest de la France, le torpilleur allemand Von Horter coule dans l’estuaire, au large de Saint-Nazaire, après être entré en collision avec le navire français Jamaique.
vendredi 24 novembre
Promulgation de la loi sur la protection des animaux.
samedi 25 novembre
Rassemblement du mouvement protestant de résistance contre la politique nazie en matière ecclésiastique.
lundi 27 novembre
Afin de planifier et de contrôler les loisirs du peuple allemand, le Front du travail (DAF) crée l’organisation de loisirs « La force par la joie » (KdF), sur le modèle du Dopolavoro mussolinien, grâce aux fonds et équipements confisqués aux syndicats, aux organisations travaillistes et juives. Censée fournir la preuve du « socialisme hitlérien », elle doit fournir des spectacles, des concerts en entreprise, du sport de masse, des excursions et des croisières touristiques, un embellissement du lieu de travail les ouvriers durant leurs congés, etc.
vendredi 1er décembre
Loi « sur l'unité du parti et de l'Etat » : le NSDAP devient une institution d'Etat. Pour calmer Röhm, chef des SA, Hitler le nomme ministre sans portefeuille, ainsi que Rudolf Hess.
Ulrich Fleischhauer crée à Erfurt l’agence de presse nazie Welt-Dienst (« Service mondial »).
dimanche 3 décembre
Premier match de football opposant les équipes d’Allemagne et de Pologne : les Allemands se sont imposés un but à zéro au Poststadion de Berlin.
lundi 4 décembre
Décès en Italie du poète allemand Stefan George, à l’âge de soixante-cinq ans.
dimanche 10 décembre
Remise des prix Nobel à Stockholm. Avec un an de retard, le prix Nobel de physique de l’année 1932 est remis par le Comité au chercheur allemand Werner Heisenberg.
lundi 11 décembre
Un Focke-Wulf A-17 de la Lufthansa s'est écrasé à Hambourg : les quatre membres d’équipage et trois des quatre passagers ont été tués.
jeudi 14 décembre
Accord Feder-Bosch : l’Etat allemand a signé un contrat avec IG Farben pour la fabrication d'essence en lui apportant des garanties financières et économiques pour tous les produits synthétiques de la Leunawerke.
vendredi 15 décembre
Le réalisateur allemand Fritz Lang tourne à Paris pour la compagnie Fox-Europa le film Liliom, sous la direction de l’ancien responsable vedette des productions de l’UFA, Erich Pommer, lui aussi parti d’Allemagne.
samedi 16 décembre
Création à l’opéra de Cologne de Der Heidenkönig, de Siegfried Wagner, le fils du célèbre compositeur Richard Wagner.
mardi 19 décembre
L'évêque protestant du Reich Ludwig Müller intègre la « Jeunesse évangélique » aux « Jeunesses hitlériennes ».
samedi 23 décembre
Clôture du procès anticommuniste de l’incendie du Reichstag devant la cour suprême de Leipzig. C’est un véritable fiasco pour le régime suite aux interventions du coaccusé Dimitrov. Celui-ci a réussi à renvoyer sur le parti nazi les griefs retenus à l’encontre du parti communiste et a été soutenu par une importante campagne de solidarité internationale. Faute de preuves suffisantes, les accusés Torgler (président de la fraction parlementaire communiste), Dimitrov, Popov et Tanev (parti communiste bulgare en exil) sont acquittés, à la grande rage d’Hitler. L’incendiaire présumé du Reichstag, Marinus van der Lubbe, sera lui condamné à mort. Cette affaire entraîné une crise dans la justice.
en décembre
Sortie du film Flüchtlinge d’Ucicky. Il raconte l’histoire d’un ancien officier (incarné par Albers) qui ramène les Allemands de la Volga, déportés en Mandchourie, au sein de la mère-patrie. Ce film, aux remarquables scènes de masses reconstituées en studio, établit les fondements du cinéma nazi.
Ouverture à Munich du cabaret Die Pfeffermühle, fondé par Klaus et Erika Mann, Therese Giehse et Magnus Henning (fermé en 1936).
Match amical de football : au Sade Littoriale de Bologne, l’Italie a battu l’Allemagne trois buts à un.
mardi 3 janvier
L’ancien chancelier (1922-1923) Wilhelm Cuno est décédé à Aumühle, près de Hambourg. Il avait 57 ans. Alors qu’il s’apprêtait à partir en vacances avec son épouse, il s’est effondré sur le pas de sa porte.
mercredi 4 janvier
Adversaires politiques, Franz von Papen et Adolf Hitler se rencontrent secrètement dans la maison du banquier Kurt von Schröder à Cologne dans le but de forcer Schleicher à quitter ses fonctions de chancelier : Papen propose une sorte de gouvernement à deux têtes (gouvernement de « concentration nationale ») dans lequel serait inclus Hugenberg (DNVP).
jeudi 5 janvier
La fille aînée de Léon Trotski, Zinaida Volkova, s’est suicidée à Berlin. Souffrant de tuberculose et de dépression, elle avait 31 ans. Autorisée par Staline en 1931 à quitter l’URSS pour rejoindre son père, elle avait sa citoynneté soviétique révoquée en février 1932.
samedi 7 janvier
Von Papen présente aux milieux d’affaires le projet de gouvernement de « concentration nationale ».
lundi 9 janvier
Lors d'une entrevue avec Hindenburg, Papen cherche à convaincre le président de l'entrée d'Hitler au gouvernement. Hindenburg approuve implicitement la formation d'un triumvirat Papen-Hitler-Hugenberg, et non une chancellerie de Hitler.
mardi 10 janvier
Des bagarres de rue ont éclaté dans le quartier berlinois de Friedrichshain après que 400 nazis ont tenté de pénétrer de force dans une salle où 2 000 communiste tenaient une réunion politique. On dénombre de nombreux blessés.
mercredi 11 janvier
Les agrariens entrent en action : le comte Kalckreuth du Landbund se plaint auprès de Hindenburg du « bolchevisme agraire » du chancelier. Le président fait des remontrances à Schleicher, mais celui-ci maintient sa politique : les agrariens se tournent alors vers Papen et Hitler qui se rencontrent le même jour chez Ribbentrop à Dahlem.
jeudi 12 janvier
Décision des milieux d'affaires de soutenir financièrement le projet de gouvernement de « concentration nationale ».
dimanche 15 janvier
Elections dans le petit Land de Lippe : victoire du parti nazi avec 39,5 % des suffrages et 9 élus (+ 9). Le SPD chute à la deuxième place avec 30,1 % des voix et 7 sièges (- 2). Suivent le KPD (11,2 % et 2 s., + 1), le DNVP (6,1 % et 1 s., - 2), l’EVD (4,6 % et 1 s., + 1) et le DVP (4,4 % et 1 s., - 2). Le NSDAP a progressé de 6 000 voix par rapport à novembre, mais il lui en manque encore 3 000 par rapport au mois de juillet. Ce demi-succès est transformé en triomphe à grand renfort de propagande. Mais plus que la progression du parti nazi, c’est le renforcement des partis de gauche qui confirme les milieux d'affaires dans l'urgence qu'il y a à promouvoir Hitler.
lundi 16 janvier
Alors que les nazis sont aux portes du pouvoir, Maurice Thorez, chef de file du communisme français, encourage les communistes allemands dans leur ligne antisocialiste.
mardi 17 janvier
Hitler rencontre le président des nationaux-allemands (DNVP), Alfred Hugenberg, pour décider de la répartition des postes dans le futur ministère de « concentration nationale », dont il assurera la direction, secondé par von Papen.
mercredi 18 janvier
Nouvelle rencontre Papen-Hitler en présence de Göring, Röhm et Himmler : Papen est contraint d'avouer que le président n'est pas disposé à confier le poste de chancelier à Hitler qui reste sur ses positions.
jeudi 19 janvier
Hitler et von Papen rencontrent l’industriel Thyssen et lui soumettent leur projet de composition du gouvernement de « concentration nationale ».
vendredi 20 janvier
Manifestations des SA devant le siège berlinois du Parti communiste.
du vendredi 20 au samedi 21 janvier
Le chancelier von Schleicher tente de composer avec Hitler et Papen qui refusent.
samedi 21 janvier
Les nationalistes allemands s’en prennent à la Belgique au nom de l’autonomie flamande ; il n’y aura pas de vernissage pour l’Exposition d’art belge de Berlin.
dimanche 22 janvier
Oskar Hindenburg, le fils du président, et Otto Meissner, secrétaire particulier de Hindenburg, rencontrent Papen, Hitler, Goering et d’autres dirigeants nazis chez Ribbentrop. Les deux hommes sortent de l'entrevue convaincus qu'il faut confier la chancellerie à Hitler.
A Berlin, les SA manifestent devant le Karl-Liebknecht-Haus, siège du Comité central du KPD.
lundi 23 janvier
Schleicher réclame au président la dissolution du Reichstag ainsi que l’état d’urgence et les pleins pouvoirs, ce que Hindenburg lui refuse, tout en récusant aussi la solution Hitler.
Des agents nazis assassinent Formis, qui avait créé une station de radio antinazie clandestine à Prague pour le compte du Front noir dirigé par Otto Strasser.
? janvier
Otto Meissner met au point un intrigue décisive en faisant recevoir le général Blomberg par le président. Celui-ci ne sait pas que son ancien subordonné est déjà acquis à Hitler.
nuit du mercredi 25 au jeudi 26 janvier
A Dresde, une réunion communiste a été victime d’une attaque nazie. Neuf personnes ont été tuées et onze autres grièvement blessées.
vendredi 27 janvier
Bien qu’assailli de toutes parts, le président Hindenburg s’oppose toujours à la nomination d'Adolf Hitler comme chancelier.
samedi 28 janvier
Le chancelier von Schleicher exige que le président Hindenburg proclame la dissolution du Reichstag et lui accorde les pleins pouvoirs : refus du président, suivi de la démission de von Schleicher.
dimanche 29 janvier
Devant les rumeurs faussement répandues par Papen, d'une intervention imminente de la Reichswehr en faveur de Schleicher, Blomberg est intronisé ministre de la Reichswehr par Hindenburg.
lundi 30 janvier
Hindenburg appelle Hitler au poste de chancelier pour former un nouveau gouvernement. Outre Hitler, seuls deux nazis sont au pouvoir, mais à des postes clés : Frick à l'Intérieur, et Goering, ministre de l’Aviation et commissaire à l'Intérieur pour la Prusse. Les autres postes reviennent à des membres du DNVP (Hugenberg à l’Agriculture et à l'Economie, Franz Gurtner à la Justice), à des proches de ce parti (Seldte des Casques d'acier et ministre du Travail) ou aux barons comme von Neurath (Affaires étrangères) et von Krosigh (Finances), Blomberg à la Reichswehr. Von Papen est vice-chancelier. Le KPD propose aux syndicats et au SPD une grève générale, mais le SPD se récuse, refusant de sortir de la légalité tant que le gouvernement ne la viole pas.
Le directeur des bureaux de recherche de Telefunken cherche le moyen de persuader les nouvelles autorités de l’intérêt de la télévision, surtout en termes de propagande.
nuit du lundi 30 au mardi 31 janvier
Nuit de victoire célébrée par les militants nazis : une retraite aux flambeaux est organisée à Berlin de la porte de Brandebourg à la Chancellerie.
mardi 31 janvier
Premier discours du chancelier Hitler : « Donnez nous quatre années... »
Refusant de sortir de la légalité tant que le gouvernement ne la viole pas, le SPD récuse la grève générale du KPD et appelle ses militants à rester sur le terrain de la Constitution.
« Mössinger Generalstreik » : l’unique tentative de résistance ouvrière à l’arrivée au pouvoir d’Hitler se déroule à Mössinger, au sud de Tübingen [aujourd’hui dans le Bade-Wurtemberg. Les employés des usines textiles déclenchent une grève générale et marchent sur Reutlingen. 800 personnes manifestent dans cette ville et tentent en vain d’envahir les entreprises pour interrompre le travail. Vers 16 h, une quarantaine de policiers arrêtent les grévistes qui fuient à travers champs. Les premières arrestations sont réalisées dans la soirée (d’autres suivront les jours d’après : 80 personnes, dont trois femmes, seront condamnés à des peines allant de trois mois à 2 ans et demi de prison).
Première du film Morgenrot d’Ucicky, une œuvre revancharde à la gloire des sous-marins de la Première Guerre mondiale, en présence du cabinet ministériel au grand complet. Hitler apprécie beaucoup ce film.
en janvier
Le chômage atteint son niveau le plus élevé en Allemagne.
mercredi 1er février
Premier discours d’Adolf Hitler en tant que chancelier. Dans ce message adressé au Reichstag et radiodiffusé dans tout le pays, il promet que « d’ici quatre ans, le fermier allemand doit être sorti de la misère. D’ici quatre ans, le chômage doit être complètement vaincu ». Il obtient ensuite du président Hindenburg qu'il prononce la dissolution du Parlement. Les élections législatives sont fixées au 5 mars.
jeudi 2 février
Le nouveau gouvernement promulgue une ordonnance qui interdit les manifestations.
Réouverture de la conférence de Genève sur le désarmement.
vendredi 3 février
A l’occasion d’une réunion avec les hauts commandants de l’armée et de la marine, Adolf Hitler et le ministre Werner von Blomberg haranguent les généraux rassemblés chez Hammerstein-Equord. Le nouveau chancelier annonce que la Reichswehr restera indépendante des partis et promet le réarmement au mépris du traité de Versailles ainsi qu'une offensive contre les communistes et les pacifistes. Il laisse même entendre aux généraux qu'ils seraient appelés à conquérir des territoires à l'est.
samedi 4 février
A la demande d’Hitler, le président Hindenburg signe un décret « pour la protection du peuple allemand » qui permet la suspension des droits fondamentaux établis par la Constitution de Weimar. Il autorise le pouvoir à interdire des journaux ou des rassemblements sous prétexte qu'ils diffusent de fausses nouvelles nuisant aux intérêts de l'Etat ou diffament les autorités et les fonctionnaires. Les contrevenants peuvent être arrêtés et détenus sans mandat pour une durée de trois mois. Par ailleurs, les pouvoirs du ministre de l’Intérieur (Wilhelm Frick) sont étendus.
dimanche 5 février
Göring dissout les assemblées régionales de Prusse afin de disposer d'un Conseil d'Etat favorable. Mais il ne peut dissoudre le Landtag, les députés s'y opposent de même que le collège des trois, formé de Braun, Adenauer (président du Conseil d'Etat) et du président nazi du Landtag (deux voix contre une).
lundi 6 février
Le président Hindenburg signe un décret qui dessaisit Braun de ses prérogatives au profit de Papen : la dissolution du Landtag de Prusse est acquise. Le Land tombe sous la coupe de Goering (ministre de l’Intérieur).
mardi 7 février
Le ministre socialiste de l’Etat de Lippe-Detmold, Heinrich Drake, est remplacé par un nazi, Ernst Krappe.
mercredi 8 février
Le gouvernement décide de privilégier le budget militaire. Hitler annonce à son cabinet qu’il poursuivra l’objectif d’un réarmement complet de l’Allemagne d’ici cinq ans. Chaque programme d’emploi sera soutenu publiquement en fonction de sa contribution à la Wehrmacht.
vendredi 10 février
Au Sportpalast, Hitler termine son discours par un surprenant « Amen » qui, entendu à la radio et aux actualités cinématographiques, émeut et sécularise de larges couches.
Peu après 18 h, un gazomètre de 72 mètres de haut explose accidentellement dans la fonderie de l’aciérie de Neunkirchen, dans la Sarre : 68 morts, environ 190 blessés et 65 maisons détruites dans les environs immédiats de la fonderie. 167 familles (700 personnes) sont sans-abri.
samedi 11 février
L’écrivain allemand Thomas Mann se rend à l’étranger pour donner une série de conférence sur la « Souffrance et la Grandeur de Richard Wagner » (il ne rentrera pas en Allemagne avant 1945).
dimanche 12 février
Journée sanglante à Eisleben où les SA assaillent les communistes.
jeudi 16 février
L’écrivain Heinrich Mann quitte l’Académie des Arts de Prusse pour protester contre les nazis.
vendredi 17 février
En Prusse, Göring autorise par décret les policiers à tirer à volonté pour réprimer les manifestations.
Maire de Cologne depuis 1917, Konrad Adenauer a refusé de rencontrer le chancelier Adolf Hitler, qui arrivait à l’aéroport local, et ordonné que toutes les croix gammées et tous les symboles nazis soient retirés de la ville (Hitler se vengera le mois suivant).
samedi 18 février
La firme Krupp perfectionne le moteur Diesel.
lundi 20 février
Réunion secrète à la résidence officielle d’Hermann Göring à Berlin d’Adolf Hitler avec une vingtaine de responsables de l’industrie et de la haute finance, choisis par Schacht et Göring. Le nouveau chancelier répond à leur attente par l’annonce de l'édification d'un Etat autoritaire et du démantèlement des « syndicats » marxistes, quel que soit le résultat du scrutin du 5 mars. En conclusion de la réunion, Schacht invite les présents à financer la campagne électorale du NSDAP pour les prochaines élections au Reichstag (à hauteur de 3 millions de reichsmarks).
mardi 21 février
Le président du Reichstag Hermann Göring publie dans le journal du parti nazi, le Völkischer Beobachter, un décret ordonnant à la police prussienne de tirer sur tout « ennemi de l’Etat » et prévoyant des mesures disciplinaires contre tout policier qui agirait de façon « inappropriée ».
Craignant pour sa vie, le romancier Heinrich Mann se réfugie en France, six jours après avoir été expulsé de l’Académie prussienne des arts pour son opposition au nazisme.
mercredi 22 février
Le chanlier Hitler autorise l’établissement des premiers camps de concentration, où les opposants au régime seront maintenus en « détention préventive » jusqu’à ce qu’ils ont été « rééduqués ».
Le nazi Hermann Göring crée une force de police auxiliaire (Hilfspolizei) regroupant SA, SS et Stahlhelm, soit 40 000 hommes. D’anciens voyous deviennent officiellement des membres des forces de l’ordre.
Malmené par les nazis, l’ancien ministre CSU Adam Stegerwald s’adresse au président Hindenburg qui ne réagit pas malgré une intervention de Papen déjà impuissant.
jeudi 23 février
Décret interdisant dans toute l’Allemagne l’homosexualité et la pornographie.
vendredi 24 février
Dernière démonstration du Parti communiste à Berlin. La police perquisitionne le siège du KPD. Les autorités annoncent la découverte de documents montrant que les communistes ont l’intention d’incendier des bâtiments gouvernementaux, des sociétés privées et des manoirs.
Première à Vienne du film allemand Liebelei, drame réalisé par Max Ophüls d’après la pièce éponyme de l’Autrichien Arthur Schnitzler, créée en 1895, avec Paul Hörbiger, Magda Schneider et Luise Ullrich.
dimanche 26 février
Clôture du septième championnat du monde de hockey sur glace, organisé à Prague : victoire des Etats-Unis. L’Allemagne se classe cinquième.
lundi 27 février
Début à 21 h 15 de l’incendie du Reichstag. Le coupable présumé, un chômeur d’origine néerlandaise de 25 ans, Marinus van der Lubbe, est arrêté sur les lieux et on découvre sur lui fort à propos une carte du KPD (mais des doutes demeurent toujours sur l’identité des incendiaires, des nazis eux-mêmes accusant plus tard le chef SA Karl Ernst d’avoir conduit ses hommes dans le bâtiment pour y mettre le feu). Les autorités accusent aussitôt les communistes. Des milliers d'entre eux seront arrêtés à travers tout le pays et le KPD subit des dommages décisifs. Incarcération du président du groupe parlementaire communiste, Ernst Togler, qui s’est spontanément présenté à la police pour disculper son parti.
nuit du lundi 27 au mardi 28 février
Hermann Göring donne l’ordre d’arrêter 4 000 fonctionnaires du parti communiste (dont trois Bulgares, Wassil Taneff, Blagoi Popoff et Gueorgui Dimitrov), de fermer leurs locaux, d’interdire leur presse et de placer des écrivains « suspects », tel Carl von Ossietzky, en « détention préventive ».
mardi 28 février
La réunion ministérielle vote la suppression de l’article 7 de la Constitution et décrète ainsi la fin des droits fondamentaux de l'individu (liberté des personnes, inviolabilité du domicile, liberté d'opinion, de réunion, de presse, secret postal, etc.). Il ouvre la voix aux arrestations arbitraires et légalise celles de la nuit précédente. Le paragraphe deux du décret autorise l'intervention dans les Länder qui n'appliquent pas les mesures. Un autre décret instaure la répression contre la trahison envers le peuple allemand : le gouvernement est autorisé à poursuivre toute personne soupçonnée de s'opposer à lui, ce qui entraîne des milliers d’arrestations dont celles du journaliste Carl von Ossietzky (arrêté le jour même et interné à Berlin-Spandau), de l’écrivain anarchiste juif Erich Mühsam, etc.
Deux représentants importants de la vie intellectuelle allemande, les écrivains, dramaturge et poète Heinrich Mann et Bertolt Brecht ont fui l’Allemagne. Brecht et son épouse, l’actrice Helene Weigel, s’exilent à Prague.
en février
Réunion de la Conférence sur le désarmement à Genève.
Premier camp de concentration à Oranienburg.
Reprenant l’idée de Zworykin et de son Iconoscope, l’Allemand Manfred von Ardenne crée le tube cathodique pour la télévision.
vendredi 3 mars
Trahi par un proche, Ernst Thälmann, le secrétaire du KPD et ancien candidat à l’élection présidentielle, est interpellé dans son appartement de Berlin (réélu député deux jours plus tard, il restera en prison et sera exécuté en 1944).
samedi 4 mars
En Prusse, Göring organise une répression d’une ampleur sans précédent contre les opposants politiques. La police reçoit l’ordre de « stopper, par tous les moyens, l’action des organisations antinationales » et « en cas de nécessité de faire usage de ses armes de service ». Les pistolets remplacent les matraques.
dimanche 5 mars
Dernières élections législatives pluripartites : le NSDAP arrive en tête avec 43,9 % des voix et 288 sièges (+ 93) sur 647. Suivent : SPD d’Otto Wels 18,3 % (120 s.), KPD 12,3 % (81 s. [aucun élu communiste ne sera autorisé à prendre ses fonctions]), Z 11,2 % (74 s.), DNVP 8 % (52 s.), BVP 2,7 % (18 s.), DVP 1,1 % (2 s.), Christlicher Volksdienst 1 % (4 s.), Staatspartei 0,9 % (5 s.), autres 0,6 % (3 s.). La participation a été de 88,8 %. La coalition (Front de combat) du NSDAP avec le parti national de Hugenberg (DNVP) est majoritaire avec 51,9 % des voix, mais ça n’est pas assez pour modifier la Constitution (nécessité d'approbation des deux tiers des députés).
Un commissaire du Reich nazi est nommé à Hambourg.
Arrestation du dirigeant communiste Edgar André, chef de la Ligue des combattants rouges (il sera condamné à mort et exécuté en 1936).
lundi 6 mars
Occupation des sièges des partis socialistes et communistes, des syndicats et des maisons d'édition.
Des commissaires du Reich nazis sont nommés à Brême et à Lubeck.
mardi 7 mars
Nomination d'un commissaire du Reich nazi en Hesse, où le gouvernement se retire sans résistance devant la brutalité nazie.
Publication du dernier numéro du magazine Die Weltbühne. Fondé en 1905, cet hebdomadaire a été interdit par les nazis. Son directeur et plusieurs journalistes ont été déjà été arrêtés. Les autres membres de la rédaction ont fui à l’étanger.
Sortie du film ...und wer küßt mich?, comédie réalisée par E.W. Emo d’après le roman de Friedrich Dammann, avec George Alexander, Marion Taal, Felix Bressart et Margo Lion.
mercredi 8 mars
Nominations de commissaires nazis en Saxe, Wurtemberg et Bade.
Les membres du Parlement de Hambourg mettent en place un Sénat issu du parti nazi.
Un autodafé de livres est organisé par les nazis à Dresde, place Wettiner.
jeudi 9 mars
A l’instigation d’Hitler et de Frick, l’officier Franz von Epp dépose le gouvernement légal de Bavière au motif que le ministre-président Heinrich Held est incapable de maintenir l’ordre. Les nazis occupent le Parlement bavarois et en expulsent les députés. Von Epp est nommé commissaire général de Bavière et un gouvernement national-socialiste est mis en place.
Sur ordre du ministre de l’Intérieur Wilhelm Frick, la SA et la SS veillent à ce que les responsables administratifs soient remplacés par des fonctionnaires nazis sur l’ensemble du territoire allemand.
Le Bulgare Georgui Dimitrov, secrétaire du Bureau occidental du Comité exécutif de l’Internationale communiste, est arrêté pour complicité dans l’incendie du Reichstag.
A Brunswick, les nazis s’attaquent au SPD local, détruisant les locaux du journal social-démocrate et tuant un employé.
vendredi 10 mars
Créé en 1872, le quotidien Berliner Tageblatt est interdit conformément au décret du 28 février.
samedi 11 mars
Campagne « pour la destruction du marxisme afin que le soulèvement national soit une réalité ».
A l’initiative du ministre local Friedrich Alpers, le pouvoir nazi de l’Etat libre de l’Etat libre de Brunswick du ministre-président Dietrich Klagges déclenche la « tempête de magasins ». A l’issue d’un concert donné au Kohlmarkt, une foule de SA et SS en tenue civile (pour faire croire à une colère populaire spontanée) se répand dans les rues de Brunswick pour s’attaquer aux « magasins juifs » (notamment les grands magasins Adolf Frank, Karstadt et Hamburger & Littauer). Les vitrines sont brisées, l’intérieur mis à sac, des clients agressés. Alpers lance un appel à « la paix et à l’ordre » et s’en prend aux « fauteurs de troubles communistes ».
A Kiel, les nazis occupent illégalement l’hôtel de ville : le conseil municipal est dissous et le mair Emil Lueken déposé et replacé par le chef local du NSDAP, Walter Behrens.
nuit du samedi 11 au dimanche 12 mars
Un avocat social-démocrate connu pour ses idées républicaines, Wilhelm Spiegel, est assassiné chez lui à Kiel par deux hommes en uniformes SA et SS. Il avait 56 ans. L’enquête sur ce meurtre sera mise à profit par les nazis pour éliminer le SPD local.
dimanche 12 mars
Hindenburg interdit le drapeau de la République de Weimar, noir-rouge-or. Deux drapeaux sont désormais officiellement autorisés : celui du parti nazi, avec la Svastika, ou le vieux drapeau impérial noir-blanc-rouge (ce dernier disparaîtra en septembre 1935).
lundi 13 mars
Le président Hindenburg a signé le décret créant le ministère de l’Education du peuple et de la Propagande du Reich (Reichsministerium für Volksaufklärung und Propaganda, RMVP), dont la direction est confiée au nazi Joseph Goebbels (35 ans). Il compte cinq départements et 350 employés (2 000 en 1939), avec un budget de 14 millions de marks (187 millions en 1941).
mercredi 15 mars
Interdiction du KPD. Toute personne exprimant des idées communistes sera mise en état d’arrestation.
Gauleiter nazi du Wurtemberg-Hohenzollern depuis 1928, Wilhelm Murr est élu président d’Etat du Wurtemberg (jusqu’en 1945).
Le nouveau ministre de la Propagande, Joseph Goebbels, donne sa première conférence de presse : il informe les journalistes de leurs responsabilités.
A Kiel, des milliers d’ouvriers ont rendu un dernier hommage à l’avocat Wilhelm Spiegel, assassiné trois jours plus tôt par les nazis. Le passage du cortège funèbre dans la ville est l’occasion de la dernière manifestation républicaine locale. Malgré les menaces nazies, les travailleurs des chantiers navals et des usines ont cessé le travail.
jeudi 16 mars
Le chef du gouvernement de Bavière, Held, se retire, ses ministres ayant subi d'odieuses violences. Heinrich Himmler, assisté de Reinhard Heydrich, devient chef de la police ; il fonde le second camp de concentration SS (après celui d’Oranienburg) à Dachau, au nord-ouest de Munich.
vendredi 17 mars
Après avoir émis des doutes concernant la question du financement du réarmement allemand, le président de la Reichsbank Hans Luther, ancien chancelier, est remplacé par Hjalmar Schacht et envoyé à Washington comme ambassadeur. Schacht devient le principal conseiller économique du nouveau régime.
Création de la garde personnelle d’Hitler, la Leibstandarte Adolf Hitler, forte de 120 SS et dirigée par Sepp Dietrich.
dimanche 19 mars
Von Papen se plaint auprès du chancelier à propos de violences commises contre des étrangers par les nazis. Hitler réagit en défendant ses SA et en lançant des menaces voilées contre les conservateurs.
Fondation de la corporation nourricière du Reich, dirigée par Walther Darré : obligation d’adhésion pour toutes les professions relevant de l’agriculture ; planification très stricte de la production et du marché afin d’assurer l’autarcie.
A Berlin, au stade Grünewald, les sélections allemandes et françaises de football font match nul trois buts partout (Rohr 2, Lachner pour l’Allemagne ; Gérard 2, Rio pour la France), devant 55 000 spectateurs.
lundi 20 mars
Hitler négocie le soutien du Zentrum pour recevoir les pleins pouvoirs. Celui-ci formule des exigences d'ordre religieux et politique : reconnaissance des concordats du Vatican avec les Länder, maintien de l'influence religieuse à l'école d'une part, maintien des pouvoirs du président, des garanties quant à la justice et à la fonction publique d'autre part. Brüning réclame des promesses écrites.
Arrestation d’élus communistes et sociaux-démocrates.
Inauguration officielle avec annonce par voie de presse du camp de concentration de Dachau, réservé aux détenus politiques. Himmler l’a installé dans les locaux désaffectés d’une usine à poudre, à vingt kilomètres au nord-ouest de Munich.
Première au cinéma Capitole de Berlin du film germano-autrichien Fin de saison (Brennendes Geheimnis), drame réalisé par Robert Siodmak d’après la nouvelle Brûlant secret de de Stefan Zweig, avec Alfred Abel, Hilde Wagener, Hans Joachim Schaufuß, Lucie Höflich et Willi Forst.
mardi 21 mars
« Journée de Potsdam » organisée par Goebbels pour la rentrée solennelle du Parlement et pour montrer à l'opinion que la droite nationaliste et les nazis sont unis. La manifestation, entièrement radiodiffusée et filmée, a lieu en présence de toutes les forces sociales et religieuses (à l'exception des gauches) : participation du président Hindenburg, du prince héritier Guillaume de Hohenzollern, de l’armée, du clergé et des représentants du corps diplomatique. La mise en scène débute par des cérémonies religieuses et une commémoration des martyrs du parti présidée par Hitler. A midi, le chancelier serre la main du président devant l'église de la Garnison, geste symbolisant l'union de la Prusse et du national-socialisme et confirmé par le dépôt d'une couronne sur la tombe de Frédéric II. Ensuite, les députés se réunissent à l’opéra Kroll de Berlin sous la présidence de Göring et adoptent un décret « pour prévenir les attaques perfides » (loi contre la perfidie, en allemand Heimtückegesetz) contre le gouvernement de « concentration nationale ». Instauration des tribunaux d’exception ; la loi prévoit l’arrestation de toute personne s’exprimant négativement ou ironiquement sur le régime ; elle fait également l’obligation, sous peine de poursuites, de dénoncer toute personne ou proche à l’origine d’une remarque désobligeante.
Ouverture dans le Brandebourg du camp de concentration d’Oranienburg, établi à l’emplacement d’une ancienne brasserie.
Sortie du film musical La Fleur de Hawaï (Die Blume von Hawaii), réalisé par Richard Oswald d’après l’opérette éponyme de Paul Abrahmam (créée en 1931), avec Marta Eggerth, Hans Fidesser, Iván Petrovich et Hans Junkermann.
mercredi 22 mars
Marchandage des dirigeants nazis avec les 73 députés du Zentrum pour qu'ils votent les pleins pouvoirs à Hitler.
Arrivée au camp de concentration de Dachau des premiers prisonniers. Entre 150 et 200 détenus y sont transférés dans quatre camions de la police depuis les prisons de Landsberg am Lech, Neudeck et Stadel. Le camp, destiné à la « détention préventive » des responsables des partis politiques interdits (communistes) a été construit autour d’une ancienne usine de munitions.
Le Département d’Etat américain assure au président du Congrès juif américain que l’ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne reste informé du traitement des juifs et que les persécutions cesseront bientôt…
jeudi 23 mars
Réunion du Reichstag à l'opéra Kroll. Les SS et les SA entourent le bâtiment et réclament de la part des députés un vote positif en proférant des menaces : aussi le Parlement vote à une écrasante majorité des deux tiers (dont le Zentrum qui n'a pourtant pas reçu la lettre de confirmation de leurs exigences promise par Hitler) la « Loi d’habilitation » (Ermächtigungsgesetz) : 441 voix pour et 94 contre (seul le SPD, par la voix d’Otto Wels, ose encore condamner la violence et s’opposer aux projets), grâce à l’exclusion des 81 élus communistes. Démagogiquement présentée comme une « loi de remédiation à la détresse du peuple et du Reich », elle invalide la Constitution de la République de Weimar et autorise le pouvoir nazi à gouverner l’Allemagne sans le Reichstag : Adolf Hitler, en tenue SA, reçoit les pleins pouvoirs pour quatre ans et peut promulguer de nouvelles lois sans décret.
L'industriel Fritz Thyssen qui ne figure pas dans la direction du RDI réclame brusquement l'alignement de celui-ci sur les principes nazis ainsi que de nouvelles élections.
La première à Berlin du film de Fritz Lang Das Testament des Dr Mabuse (« le Testament du docteur Mabuse »), est subitement annulée : la projection du film est arrêtée par la censure.
vendredi 24 mars
Entrée en vigueur de la « Loi d’habilitation » adoptée la veille qui abolit la démocratie parlementaire.
Le Syndicat patronal remercie Hitler d’avoir sauvé l’économie allemande.
Dans une interview accordée à l’Universal Press Service, l’attaché de presse d’Adolf Hitler publie une déclaration au nom du chancelier. Celui-ci dénonce les accusations de mauvais traitements infligés aux juifs et aux catholiques comme de « sales mensonges », ajoutant qu’ « il n’y a aucune discrimination entre les juifs et les non-juifs ou les chrétiens, ou toute autre croyance ou race ».
A Berlin, le mouvement nationaliste des droits civiques juifs, l’Union centrale des citoyens allemands de confession juive, décrit les informations concernant la persécution des juifs comme de « pures inventions ». De son côté, la Société patriotique des juifs nationaux allemands déclarent que les rapports à ce sujet sont des « tentatives étrangères de chantage contre l’Allemagne ».
Goebbels imagine de confisquer la journée symbolique du 1er mai au profit des nazis.
samedi 25 mars
A Londres, l’Alliance internationale contre l’antisémitisme décide le boycott des marchandises allemandes.
dimanche 26 mars
Dans un télégramme adressé aux dirigeants d’organisations juives américaines, le secrétaire d’Etat américain Cordell Hull annonce que l’enquête menée par le département d’Etat sur les conditions de la communauté juive d’Allemagne montre qu’ « alors qu’il y a eu pendant une courte période des mauvais traitements physiques considérables infligés aux juifs allemands, cette phase peut être considérée comme pratiquement terminée »…
Au Parc des Princes de Paris, l’équipe de France de rugby a battu l’Allemagne sur le score de 38 à 17.
lundi 27 mars
Le parti nazi ordonne un boycott national des commerces juifs pour le 1er avril. Il sera appliqué par la présence de membres de la SS à l’extérieur des magasins concernés.
Pseudo « putsch de la Stahlhelm » dans l’Etat libre de Brunswick. Sous un faux prétexte, les nazis locaux interdisent et désarment la Stahlhelm. Grâce à la censure et au contrôle de la presse, les nationaux-socialistes font croire à la population que l’organisation paramilitaire conservatrice issue des corps francs préparaient un coup d’Etat contre le gouvernement d’Hitler.
Le réalisateur nationaliste Fritz Lang fonde avec Trenker et Boese la Nationalsozialistische Betriebsorganisation.
mardi 28 mars
Goebbels annonce le boycottage des magasins tenus par des juifs à Berlin, des cabinets des médecins et avocats israélites à compter du 1er avril.
Les évêques catholiques (Zentrum) diffusent la déclaration de Fulda qui appelle au soutien du nouvel ordre (la destruction du libéralisme et du marxisme satisfait la hiérarchie) : des militants quittent le parti.
A l’hôtel Kaiserhof de Berlin, Goebbels s’adresse aux cinéastes et aux représentants syndicaux de l’industrie cinématographique. Le nouveau ministre de la Propagande exige que les nouveaux films tournés reflètent les idéaux nazis sans compromettre la vision de l’artiste…
Premier cas possible de sabotage d’un avion : le bilan Armstrong Whitworth Argosy II City of Liverpool de l’Imperial Airways s’est écrasé près de Diksmuide, en Belgique, à la suite d’un incendie survenu dans l’appareil qui effectuait la liaison Londres-Bruxelles-Cologne. Il n’y a aucun survivant parmi les 15 personnes à bord. C’est pour l’époque le pire accident de l’histoire de l’aviation civile britannique. L’un des passagers, Albert Voss, est suspecté d’avoir mis le feu et d’avoir sauté de l’avion sans parachute juste avant le crash.
mercredi 29 mars
En complément du décret du 28 février 1933 faisant suite à l’incendie du Reichstag, promulgation de la loi van der Lubbe qui prévoit l’application de la peine de mort pour toute atteinte à la sécurité publique et autorise l’exécution par pendaison. La rétroactivité est instaurée au 31 janvier 1933.
Après le départ pour le moins précipité de Fritz Lang pour l’étranger, les services de Goebbels expliquent qu’ils ont interdit son nouveau film, Le Testament du Dr. Mabuse (suite de Docteur Mabuse le Joueur de 1922), en raison de son caractère « d’incitation à des crimes contre la société et à des actes de terrorisme contre l’Etat ».
jeudi 30 mars
Des opérations sont menées à midi contre les avocats dans les tribunaux de Berlin.
vendredi 31 mars
Entrée en vigueur de la « loi préliminaire pour la coordination des Etats et du Reich, première législation mettant au pas des régions : le gouvernement obtient le contrôle des Etats. Sous les ordres du ministre de l’Intérieur Wilhelm Frick, les mandats communistes sont supprimés dans les Länder et les communes et les législatures et cabinets des Etats « reconstitués » avec des membres du Parti nazi et de nouveaux gouverneurs nommés depuis Berlin.
Le ministre de la Justice de l’Etat de Prusse ordonne la démission de tous les juges, procureurs et officiers de justice juifs, tandis que les avocats juifs doivent être limités dans leur nombre d’affaires. Le même jour, le ministre de la Justive de Bavière, Hans Frank, met « à la retraite » tous les jugs et avocats juifs de son Etat.
Le gouvernement annonce que le boycott anti-juif qui doit avoir lieu le 1er avril ne durera qu’une journée et qu’il sera ensuite « suspendu jusqu’au mercredi ».
samedi 1er avril
Opération contre les « violences juives », dirigé par le gauleiter de Franconie, Julius Streicher : des SA se postent devant les magasins juifs et cherchent à interdire aux clients d'y pénétrer en déployant des pancartes incitant à ne pas acheter chez les juifs. Les mêmes scènes se déroulent devant les pharmacies, les cabinets médicaux ou locaux d'avocats. Dans la soirée, un défilé des organisations nazies à Berlin proteste contre les « agissements des juifs ». Hitler explique qu'il a préféré prendre les devants pour éviter que la population ne se livre spontanément à des débordements, mais en fait, la population n'ayant montré aucun empressement à suivre et ayant même protesté, le mouvement est stoppé. Hitler interdit les actions antisémites.
Le croiseur Deutschland, lancé en mai 1931, entre en service actif au sein de la Kriegsmarine.
dimanche 2 avril
Dissolution des syndicats.
mardi 4 avril
Début de la « mise au pas » (gleichschaltung) de la presse allemande. En publiant l’article « Frontschwein », le Berliner Tageblatt devient le premier journal non nazi à s’aligner sur la ligne nationale-socialiste : défense de la patrie, condamnation de la République de Weimar, etc.
Le nazi Walter Darré prend la direction des associations agricoles fusionnées et mises au pas.
mercredi 5 avril
Création du Conseil économique du Reich.
Baldur von Schirach, chef des Jeunesses Hitlériennes, occupe les locaux du comité national des associations de jeunesse.
vendredi 7 avril
Le gouvernement a promulgué la loi sur la « restauration de la fonction publique » (Gesetz zur Wiederherstellung des Berufsbeamtentums, GWB) préparée par le ministre de l’Intérieur Wilhelm Frick : le texte légalise l’élimination des « non aryens » (juifs visés principalement) des éléments « hostiles » (gauchistes) des postes de fonctionnaires et d’employés de l’Etat, y compris dans les universités (grâce à l’intervention d’Hindenburg, les juifs anciens combattants conserveront leur fonction jusqu'en 1935).
Deuxième loi sur la mise au pas des régions : Adolf Hitler impose un Statthalter à la place des anciens gouvernements. Ce nouveau gouverneur est chargé du contrôle économique et exerçant généralement simultanément la fonction de « chef de district » (gauleiter), d’ordre politique.
Le patronat est désormais autorisé à licencier le personnel suspect d’activités politiques ou syndicales contraires à la bonne marche des affaires de l’Etat.
lundi 10 avril
Promulgation de la loi rétablissant le caractère férié du 1er mai, un jour désigné « Fête nationale du travail ».
Le pape Pie XI s’est entretenu à Rome avec les dirigeants nazis allemands Hermann Göring et Franz von Papen.
mardi 11 avril
Quatre jours après la promulgation des premières lois contre l’emploi des juifs, un amendement est ajouté précisant qui sera exclu : « Il suffit qu’un parent ou un grand-parent soit non aryen », explique un mémorandum du ministre de l’Intérieur Wilhelm Frick.
Hermann Göring est nommé ministre-président de Prusse.
Dans une lettre ouverte publiée par le Berliner Tageblat, le célèbre chef d’orchestre Wilhelm Furtwängler critique la volonté de Goebbels de discriminer les musiciens juifs : « Je ne reconnais qu’un trait d’union en fin de compte : entre le bon et le mauvais art ».
mercredi 12 avril
Annonce d’un recensement de tous les Allemands. Le directeur du Bureau des statistiques du Reich, Friedrich Bürgdorfer, également directeur du « Bureau politique racial » du parti nazi, va utiliser ce recensement pour identifier chaque juif et non aryen du pays. IBP et sa filiale allemande (Dehomag), passent contrat avec le gouvernement pour fournir du matériel et former les employés chargés de compiler les données.
20 jours après l’ouverture du camp, les premiers meurtres de prisonniers ont lieu à Dachau : Rudolf Benario, Ernst Goldmann et Arthur Kahn sont les premiers juifs tués dans un camp de concentration nazi.
Le ministre de l’Education et de la Propagande Joseph Goebbels répond au chef d’orchestre Wilhelm Furtwängler.
lundi 17 avril
Concerné en tant que juif par la loi du 7 avril sur la restauration de la fonction publique, James Franck publie une lettre ouverte de démission de son poste de professeur à l’université de Göttingen. Le prix Nobel de physique 1925 a refusé de bénéficier de l’exception qui lui était accordée en tant qu’ancien combattant (il quitte l’Allemagne pour rejoindre le Danemark, avant de s’installer aux Etats-Unis).
L’aviateur Hans Bertram est reçu triomphalement à Berlin. Lors du tour du monde aérien effectué avec son mécanicien Adolf Klausmann, il avait disparu le 12 mai 1932 entre l’île de Timor et l’Australie. Déclarés morts en Allemagne, ils n’avaient été retrouvés qu’au bout de 53 jours. Klausmann avait perdu la raison.
jeudi 20 avril
Limitation de l’accès des écoles, lycées et universités aux juifs. Ouverture des Napola, écoles d’élite chargées de préparer en internat durant six années et à partir de l’âge de 12 ans aux carrières de l’armée.
Darré prend le contrôle du mouvement coopératif agricole.
Le 44e anniversaire d’Hitler est fêté pour la première fois en tant que « fête nationale » avec des célébrations dans tout le pays, notamment des défilés et des services religieux en son honneur.
Le réalisateur austro-allemand Fritz Lang divorce de la scénariste Thea von Harbou (restée en Allemagne où elle a rejoint le parti nazi).
vendredi 21 avril
Hitler nomme son ami Rudolf Hess « suppléant du Führer » (Stellvertreter des Führers), un poste cérémoniel sans pouvoir réel.
Les nazis interdisent de fait la pratique juive de la schehita, l’abattage rituel des animaux de façon conforme à la loi juive pour la préparation de la nourriture casher. La nouvelle loi ne fait pas directement référence à la religion juive mais en exigeant que les animaux soient anesthésiés (décharges électriques) ou étourdis, cette mesure est contraire à la pratique juive.
Titulaire de la chaire de philosophie à l’Université de Fribourg-en-Brisgau, Martin Heidegger, nouvel adhérent au national-socialisme, en devient le recteur.
Un mois après son interdiction par la censure allemande, le nouveau film de Fritz Lang, Le Testament du Docteur Mabuse (d’après le roman de Norbert Jacques), est présenté en avant-première à Budapest, avec dans les rôles principaux Rudolf Klein-Rogge, Gustav Diessl, Rudolf Schündler et Otto Wernicke.
samedi 22 avril
Ordonnance sur l’admission des médecins à travailler avec les compagnies d’assurance-maladie : les médecins « non-aryens » et qui ceux qui ont été « actifs dans les mouvements communistes » perdent leur licence (les compagnies d’assurances privées suivront peu après et dès le mois de juillet, la moitié des médecins juifs auront abandonné leur pratique en Allemagne)
lundi 24 avril
Les nazis commencent à s’attaquer aux Témoins de Jéhovah : destruction des bureaux de la Wachtturm Bibel (« étudiants de la Bible ») de Magdebourg.
mardi 25 avril
Promulgation de la loi contre le surpeuplement des écoles et universités (Gesetz gegen die Überfüllung deutscher Schulen und Hochschulen) : le régime nazi restreint l’accès aux établissements scolaires aux « non-aryens ». Le nombre d’élèves juifs dans les écoles publiques est limité à 1,5 % du total des inscriptions, un taux qui serait basé sur le pourcentage de la population allemande non aryenne…
mercredi 26 avril
Le ministre de l’Intérieur de la Prusse Hermann Göring signe un décret sur la création de la Gestapo (Geheime Staatspolizei), une police secrète d’Etat chargée de contrôler la dissidence politique et directement placée sous sous ses ordres. Il en confie la direction à son protégé Rudolf Diels. Göring établit également un tribunal spécial pour les crimes politiques.
jeudi 27 avril
L’organisation Stahlhelm rejoint le parti nazi. Elle est intégrée aux Sections d'assaut.
Ancien député communiste au Reichstag (1930-1932), Albert Funk est tué au poste de police de Recklinghausen, onze jours après son arrestation. Régulièrement battu, il a été mortellement blessé lors d’une chute depuis une fenêtre de l’étage et est décédé à l’hôpital. Il avait 38 ans.
vendredi 28 avril
L’édition berlinoise du Deutsche Allgemeine Zeitung publie le tout dernier article de presse d’Allemagne critiquant ouvertement le gouvernement nazi au pouvoir. Le psychologue Wolfgang Köhler, professeur à l’université Humboldt de Berlin a notamment dénoncé l’injustice du licenciement des professionnels juifs (de façon surprenant il sera autorisé à continuer à enseigner avant de quitter le pays en 1935).
samedi 29 avril
Hermann Göring fonde la Ligue nationale de protection contre les raids aériens (Reichsluftschutzbund - RLB). Cette association regroupera des volontaires de volontaires formés pour alerter, donner les premiers secours et agir dans la lutte contre les incendies et les fuites de gaz.
Un Junkers W-34 de la compagnie Eurasia s'est écrasé au cours d’essais à Traunstein : les deux pilotes et deux passagers ont été tués.
dimanche 30 avril
Le SPD a annoncé sa rupture avec la IIe Internationale et dénonce les attaques de sa presse contre Hitler.
Le nazi Otto Dietrich devient président de la Fédération de la presse allemande.
Fritz Haber, directeur de l’Institut Kaiser Wilhelm de physique-chimie, démissionne pour protester contre l’ordre de renvoyer les juifs de la faculté. Lui-même de religion juive, il était exempté car il est un vétéran de la Première Guerre mondiale.
en avril
Ludwig Müller, un aumônier militaire protestant, est chargé de fonder une Eglise protestante unique (Reichskirche) dans le cadre d’une mise au pas.
Alfred Rosenberg crée le Service de politique étrangère de la NSDAP.
Les Jeunesses hitlériennes absorbent l’ensemble des mouvements de jeunes, à l’exception des Jeunesses catholiques.
Création de la Ligue pour la défense passive dont le rôle est de former des responsables d’immeubles et de quartier (secourisme, incendie, déblaiement, installation d’abris, évacuation rapide…).
L’ancien chef de la SS (1927-1929) Erhard Heiden, resté actif au sein de la SA, est arrêté sur ordre d’Himmler (son successeur) par des agents du SD, dirigé par Reinhard Heydrich, au café Orlando à Munich. Il est vraisemblablement assassiné un peu plus tard dans les locaux du SD (son corps ne sera retrouvé qu’en septembre). Il avait 32 ans.
lundi 1er mai
En ce 1er mai décrété par le gouvernement « jour du travail national », une grande manifestation, organisée techniquement par l’architecte Albert Speer, a lieu à Berlin. Le syndicat ADGB (proche du SPD) accepte d’y participer.
Lancement du programme de construction des autoroutes (Autobahn).
Suspension des nouvelles adhésions au parti nazi.
Le philosophe Martin Heidegger devient recteur de l’université Albert-Ludwig de Fribourg-en-Brisgau, dans le pays de Bade.
mardi 2 mai
Gleichschaltung : interdiction des syndicats. A l’initiative de Robert Ley, les locaux des syndicats sont occupés et leur patrimoine saisi (et redistribué au Front du travail), tandis que les dirigeants (Leipart) sont arrêtés. Aucune justification légale ne suit.
mercredi 3 mai
Créée en avril 1932, la National-sozialistische Volkswohlfahrt (« Secours populaire national-socialiste »), dirigé par Erich Hilgenfeldt, devient l’unique organisme d'assistance et d'entraide du parti nazi. Remplaçant notamment l’Arbeiterwohlfahrt (AWO), fondée en 1919, le NSV tolère à titre exceptionnel (jusqu'en 1936) la poursuite des activités des organismes traditionnels comme Caritas ou la Croix-Rouge.
L'industriel Krupp reçoit les pleins pouvoirs pour réorganiser le secteur industriel dans l'esprit souhaité par le gouvernement de « concentration nationale ».
Le magazine VU est le premier en France à évoquer les camps de concentration installés par les nazis en Allemagne. La revue montre des photographies des camps de Dachau et Oranienbourg, prises par Marie-Claude Vogel (qui sera déportée à Auschwitz pendant la guerre).
jeudi 4 mai
Poursuite de la « mise au pas » (Gleichschaltung) : un commissaire d’état nazi (Erich Grahl) est nommé à la tête de l’association de consommateurs Großeinkaufs-Gesellschaft Deutscher Consumvereine mbH (GEG). Fondée à Hambourg en 1894, elle regroupe 58 sociétés de production de produits alimentaires, de luxe et autres biens de consommation.
samedi 6 mai
Gauleiter depuis 1928 et président de l’Etat depuis mars dernier, le nazi Wilhelm Murr est nommé premier Reichsstatthalter (gouverneur) du Wurtemberg.
A Berlin, l’Institut für Sexualwissenschaft (« Institut de sexologie ») du docteur Magnus Hirschfeld est attaqué et pillé par des membres de la Deutsche Studentenschaft (« Union des étudiants allemands »). Les ouvrages de ce médecin juif favorable à la cause homosexuelle (et réfugié à l’étranger) ainsi que tous les livres de la bibliothèque sont brûlés dans un autodafé.
nuit du samedi 6 au dimanche 7 mai
Les nazis commencent à se venger des meurtriers du SA Horst Wessel (tué en 1930) : entrée dans la clandestinité, Else Cohn est assassinée sur une route près de Crossen [aujourd’hui Krosno Ordzańskie, en Pologne], entre les villages de Gersdorf [Dabie] et Plau [Plaw]. La victime est la femme qui avait conduit les meurtriers jusqu’à l’appartement de Wessel (l’enquête de police sera arrêtée sur ordre de Göring).
dimanche 7 mai
Premier tour du championnat d’Allemagne de football, organisé sous forme de coupe, avec match simple et 16 clubs participants.
mardi 9 mai
Création du Service de sécurité, le SD (Sicherheitsdienst).
Le Parti nazi présente son projet d’église nationale allemande. Basée à Wittenberg, elle serait limitée aux « chrétiens aryens » et reconnaîtrait la souveraineté de l’Etat national-socialiste.
Un léger accident marque la fin de la carrière commerciale de l’avion le plus grand du monde : l’hydravion géant Dornier Do X a heurté trop violemment l’eau en amerrissant sur le lac de barrage de Kachlet, près de Passau. L’accident est tenu secret et les dégâts sont vite réparés (mais c’est la fin pour cet appareil dont le premier vol avait eu lieu en 1929).
mercredi 10 mai
Institution du Front du travail (Deutsche Arbeitsfront-DAF) de Robert Ley où entrent obligatoirement tous les ouvriers. La DAF est une sorte de syndicat nazi. Il tient son premier congrès officiel.
nuit du mercredi 10 au jeudi 11 mai
Une vingtaine de villes universitaires d’Allemagne sont le théâtre d’une véritable nuit d’autodafés (Bücherverbrennung) organisés par les nazis, avec des enseignants et étudiants complices : à Berlin, la « littérature nuisible et prohibée » a été brûlée lors d’une cérémonie présidée place Bebel, devant l’université Humboldt, par le ministre de l’Education et de la Propagande, Goebbels, devant plus de 100 000 personnes. Vers 23 heures, 20 000 livres, dont des œuvres majeures de l’esprit allemand et de la littérature étrangère, partent ainsi en fumée : A l’Ouest rien de nouveau, de Remarque, mais également des ouvrages de 400 autres auteurs (Freud, Steinbeck, Marx, Zola, Hemingway, Einstein, Proust, Tucholsky, Brecht, H. et T. Mann, etc.) désignés d’après les listes noires du bibliothécaire Wolfgang Herrmann. Goebbels déclare « le siècle de l’intellectualisme juif poussé à l’extrême est révolu et la révolution allemande a rouvert la voie à l’être allemand ».
vendredi 12 mai
Darré prend le contrôle des chambres d'agriculture.
Ses ouvrages ayant échappé aux autodafés de la nuit du 10 au 11 mai - en étant même recommandés par les nazis -, l’écrivain allemand Oscar Maria Graf publie dans le journal viennois Arbeiter Zeitung un appel à les brûler : « Brûlez-moi ! Après avoir vécu la vie que j'ai vécue et écrit ce que j'ai écrit, j'ai le droit d'exiger que mes livres soient livrés aux flammes et ne se retrouvent pas dans les mains pleines de sang et les cerveaux détraqués des groupes de la mort habillés en brun. Brûlez l'œuvre de l'esprit allemand ! Il est plus ineffaçable que votre infamie ! ». Graf s’est volontairement exilé en Autriche en février (finalement ses livres seront brûlés en 1934 lors d’un autodafé spécialement organisé à Munich pour lui).
lundi 15 mai
A l’occasion d’un entretien organisé à l’initiative du président Hindenburg, Adolf Hitler a informé le représentant de l’ancien empereur Guillaume II, Friedrich von Berg, que la monarchie ne serait pas rétablie dans un avenir prévisible. Le chancelier a assuré que la restauration de la maison des Hohenzollern n’aurait pas lieu du vivant d’Hitler, voire pas du tout.
Loi sur les propriétés paysannes, déclarées biens héréditaires du Reich.
Décès à Berlin-Lichterfeld du général Hermann von François. Agé de 77 ans, il joua un rôle crucial au début de la Première Guerre mondiale sur le front de l’Est (bataille de Tannenberg) et prit part également à la bataille de Verdun.
mardi 16 mai
L’Assemblée des Etats de Bade se réunit pour la dernière à la Maison des Etats (Ständehaus) de Karlsruhe (le Parlement badois sera dissous en octobre).
Le célèbre physicien Max Planck, président de la Kaiser Wilhelm Society et lauréat du prix Nobel 1918, a rencontré Hitler dans une tentative infructueuse d’empêcher ses collègues juifs d’être renvoyés de leur travail. Le chancelier allemand lui a déclaré : « les juifs sont tous des communistes et ils sont l’ennemi contre lequel je me bats ».
Sur ordre du ministre-président de Prusse Hermann Göring, et à l’initiative du professeur de théologie Walther Glawe, l’université poméranienne de Greifswald est renommée université Ernst-Moritz-Arndt en l’honneur de l’écrivain mort en 1860.
mercredi 17 mai
Au Reichstag, Hitler prononce un « discours de paix ». Approuvant la proposition du président américain Roosevelt, il se déclare prêt à désarmer à condition que les autres nations en fassent autant. Il a également exigé une révision du traité de Versailles de 1919. Les députés du SPD siégeant encore au Parlement approuvent par leur vote la déclaration de politique extérieure d’Hitler.
Fondation à Prague par les dirigeants sociaux-démocrates en exil (Wels, Ollenhauer, Stampfer) de la SOPADE.
vendredi 19 mai
Institution à la tête des « quatorze régions économiques » de quatorze curateurs, administrateurs du travail (Reichstreuhänder) qui dépendent du ministre du Travail et qui doivent contrôler les salaires et donc les revenus des salariés.
lundi 22 mai
Dissolution du RDI.
vendredi 26 mai
Loi sur la saisie des biens du Parti communiste.
Loi pour la prévention de la progéniture héréditairement malade : eugénisme et stérilisation pour construire une « race supérieure ».
dimanche 28 mai
Elections dans la Ville libre de Dantzig (Gdansk) : les nazis obtiennent la majorité au Volkstag (Parlement) avec 50,12 % des voix et 38 élus (+ 26) sur 72. Toutes les autres formations politiques ont perdu des voix et des sièges : SPD 17,69 % et 13 s. (- 6), Zentrum 14,63 % et 10 s. (- 1), KPD 6,80 % et 5 s. (- 2), DNVP 6,35 % et 4 s. (- 6), Parti polonais 2,04 % et 1 s. (+ 1), Liste polonaise Docteur Moczynski 1,11 % et 1 s. L’abstention a été de 7,91 %.
L'ingénieur agronome et théoricien Walther Darré devient « chef de la paysannerie du Reich » (Reichsbauernführer).
lundi 29 mai
Afin de favoriser le renversement du gouvernement autrichien de Dolfuss - dont l’économie dépend en grande partie du tourisme -, Berlin impose à partir du 1er juillet une taxe de 1 000 reichsmarks aux citoyens allemands voulant traverser la frontière, à l’exception du trafic frontalier.
en mai
L'Allemagne et l'URSS prolongent le traité de Berlin de 1926.
Le gauleiter Bohle prend la direction de l’Organisation pour l’étranger de la NSDAP.
Création de l’organisation caritative nationale-socialiste, dirigée par Erich Hilgenfeldt.
Institution de la haute fonction administrative de syndic du travail.
Création de la « donation aux victimes du travail », fonds de solidarité approvisionné par les industriels. Les aides seront attribuées par un jury d’honneur après enquête sur la fiabilité politique du nécessiteux et de sa famille.
Le Reichssportführer Hans von Tschammer und Osten fonde la Ligue gymnique du Reich (Deutscher Reichsbund für Leibesübungen), afin d’exercer un contrôle idéologique sur les associations sportives.
Premier vol d’essai de l’avion de chasse Heinkel He 51, un biplan entoilé.
jeudi 1er juin
Plan Reinhardt : loi sur la réduction du chômage, qui prélude au programme des grands travaux de rénovation des villes du Reich.
Entrée en vigueur de la loi pour l’encouragement du mariage. Le texte prévoit le Ehestandsdarlehen (« prêt de mariage ») pour tous les jeunes mariés aryens avec un prêt de 1 000 reichsmarks, sans intérêt, pour les couples à condition que la femme quitte son emploi ou reste au chômage.
vendredi 2 juin
Bernhard Rust, ministre des Sciences, des Arts et de l’Education de Prusse, ordonne que les juifs soient bannis des organisations de jeunesse, de bien-être et de gymnastique et que l’accès aux installations sportives leur soit refusé.
Création par les industriels d’un fonds de soutien au parti nazi : Adolf-Hitler-Spende.
Le porte-parole du parti nazi Otto Dietrich est nommé par Hitler Reichsleiter, le second rang politique le plus haut du mouvement.
samedi 3 juin
Le prince Guillaume de Prusse (26 ans), fils de l’ancien prince héritier et petit-fils de Guillaume II, a épousé à Bonn sa petite amie d’université Dorothea von Salviati (25 ans). Une foule enthousiaste de 10 000 personnes a accueilli les jeunes mariés à leur sortie de l’église. L’ancien kaiser a décrété que suite à cette union son petit-fils a perdu ses droits de régner en cas de restauration de la monarchie.
lundi 5 juin
Dissolution des partis politiques, sauf le parti national-socialiste (nazi).
mardi 6 juin
Le prince Sardar Mohammad Aziz Khan, ambassadeur d’Afghanistan en Allemagne, a été assassiné à Berlin par un étudiant afghan. Frère du roi Nadir Khan (et père du futur président afghan Daoud), il avait 56 ans.
mercredi 7 juin
L’Italie, de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont conclu le Pacte des quatre puissances pour la paix : le texte promet à l’Europe une décennie de paix, les signataires s’engageant à œuvrer au désarmement. Avec cet accord, Mussolini voudrait neutraliser les ambitions territoriales allemandes. Le texte sera signé le 15 juillet à Rome.
Création au théâtre des Champs-Elysées, à Paris, sous la direction de Maurice Abranavel, des Sept péchés capitaux des petits-bourgeois (Die sieben Todsünden), un « ballet chanté » pour soprano, quatuor d’hommes et orchestre du compositeur allemand Kurt Weill, sur un livret de son compatriote Bertolt Brecht et une chorégraphie du Russe Georges Balanchine. Les rôles principaux sont tenus par les Autrichiennes Lotte Lenya et Tilly Losch. L’accueil est mitigé.
jeudi 8 juin
Le Comité international olympique a attribué l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 1936 à la commune allemande de Garmisch-Partenkirchen. La station des Alpes bavaroises a été préférée à Montréal (Canada) et Saint-Moritz (Suisse).
Au Yankee Stadium de New York, le boxeur américain Max Baer a battu l’Allemand Max Schmeling par K.O. à la dixième reprise, devant une foule de 56 000 spectateurs.
vendredi 9 juin
A 20 km au nord de Magdebourg (Saxe-Anhalt), les scientifiques Rudolf Nebel et Herbert Schaefer ont échoué lors du premier test de lancement à Wolmirstedt d’une fusée pour le « projet Magdebourg », dont le but est de réussir à envoyer un homme dans l’espace (le projet sera abandonné en août).
Le chef d’orchestre Arturo Toscanini refuse de participer au festival de Bayreuth à cause de l’attitude des nazis vis-à-vis des artistes.
dimanche 11 juin
Finale du championnat d’Allemagne de football : à Cologne, le Fortuna Düsseldorf a battu le FC Schalke 04 trois buts à zéro (seul titre gagné par le Fortuna à ce jour).
lundi 12 juin
Ouverture de la Conférence économique de Londres, organisée au Musée géologique. Les représentants de 64 nations doivent y discuter des moyens de mettre fin à la crise économique mondiale : réduction des barrières commerciales, règlement des dettes de guerre, stabilisation des taux de change, coordination des politiques monétaires, etc.
mardi 13 juin
Ouverture dans le château de Lichtenburg, à Prettin (Saxe-Anhalt) d’un camp de concentration pour hommes en détention « provisoire » (les hommes seront remplacés par les femmes en décembre 1937 et le camp sera fermé en 1939).
jeudi 15 juin
Détenteur depuis quatre ans du Ruban bleu de la traversée de l’Atlantique dans le sens Ouest-Est, le paquebot allemand Bremen, de la Norddeutscher Lloyd, a amélioré sa marque avec une vitesse moyenne de 28,51 nœuds. Le navire a mis 4 jours, 16 heures et 15 minutes pour relier New York à Cherbourg.
Göring nomme son ami Bruno Loerzer chef des aéroclubs allemands.
vendredi 16 juin
Publication des résultats du premier recensement effectué en Allemagne depuis 1925 : le pays compte 65 300 000 habitants.
Haïm Arlosoroff, un dirigeant sioniste qui avait négocié un accord avec le régime nazi pour assurer contre paiement l’émigration des juifs allemands vers la Palestine, a été assassiné alors qu’il se promenait avec son épouse Sima le long de la plage de Tel-Aviv. Chef du département politique de l’Agence juive avait 34 ans (trois suspects proches du Parti révisionniste, seront arrêtés puis acquittés faute de preuves ; Arlosoroff a pu être tué par des agents arabes de l’Allemagne sur ordre de Goebbels).
samedi 17 juin
Baldur von Schirach, chef des Jeunesses Hitlériennes, est promu responsable de l’ensemble de la jeunesse allemande (Reichsjugenführer) : il entreprend de dissoudre toutes les organisations de jeunesse, hormis les catholiques (autonomes jusqu'en 1937).
lundi 19 juin
Le RDI, dissous un mois plus tôt, devient la corporation de l'industrie allemande. Krupp conserve la présidence et l'organisation préserve une certaine autonomie. Par ailleurs, le comité directeur du SPD a décidé d'éliminer les juifs de sa direction !
Décret du chancelier Dollfuss portant sur la dissolution du Parti national-socialiste (nazi) autrichien et l’interdiction des organisations dépendantes de ce parti. Plus tôt dans la journée, 16 policiers auxiliaires avaient été blessés par des grenades lancées par des nazis à Krems an der Donau. Le gouvernement allemand, furieux contre cette décision, annonce des représailles.
mardi 20 juin
La militante féministe et communiste allemande Clara Zetkin est décédée à Arkhangelskoïe, près de Moscou, à l’âge de 75 ans. Ancienne membre de la Ligue spartakiste, elle fut députée au Reichstag de 1920 à 1933.
Le jeune artiste métis afro-allemand Hilarius « Lari » Gilges a été enlevé de nuit à son domicile de Düsseldorf par une douzaine de SS. Son cadavre, marqué de coups et de blessures par balles, est retrouvé sous un pont d’Oberkassel. Acteur, danseur de claquettes, mais également militant communiste, il avait milité contre le danger du nazisme. Il n’avait que 24 ans.
mercredi 21 juin
Les SA investissent le quartier ouvrier de Berlin-Köpenick et y déchaîne une « semaine sanglante » qui fera 91 victimes.
Seldte livre le Stahlhelm à Hitler.
jeudi 22 juin
Sur ordre d’Hitler, le ministre de l’Intérieur Wilhelm Frick interdit le Parti social-démocrate (SPD) comme organisation « hostile à l’Etat ». Un petit groupe de parlementaires, réunis autour de Paul Löbe, se déclare prêt à coopérer avec le régime mais doit renoncer.
samedi 24 juin
Dans le sillage des pilotes de l’Aéropostale française, le capitaine d’aviation allemand von Studnitz vient de réussir, pour le compte de la compagne Luft Hansa, une traversée de l’Atlantique Sud de l’Afrique occidentale au Brésil, à bord d’un hydravion Dornier Wal, le Monsun. Parti de la ville de Bathurst, située en Guinée britannique, il a atteint Natal après un vol de 33 heures et 30 minutes. L’Allemagne ne possédant pas de point d’appui terrestre en haute mer, l’avion a fait étape près du Westfalen, cargo de 5 000 tonnes de la Lloyd allemande devenir navire ravitailleur, doté d’une puissante catapulte.
A l’initiative d’Ernst Stuck, 38 professeurs en dentisterie fondent à Leipzig le Front uni des dentistes (Einheitsfront der Zahnärzte) qui s’aligne sur les principes nazis.
Le journal officiel nazi, Völkischer Beobachter, publie en première page une fausse histoire intitulée « Avions étrangers au-dessus de Berlin ! ». Selon l’article, une formation de bombardiers non identifiés a largué des tracts sur la capitale avant de rebrousser chemin « vers l’Est ». En suggérant que l’aviation soviétique a pu pénétrer l’espace aérien allemand en raison d’un manque de de défense aérienne, le journal entend justifier la construction d’une puissante aviation allemande et d’aérodromes.
dimanche 25 juin
Le bureau des Témoins de Jehovah allemands de Magdebourg organise une assemblée à Berlin, au Wilmersdorfer Tennishallen : 7 00 fidèles adoptent une « Déclaration » demandant l’annulation de l’interdiction frappant le mouvement en Saxe, Bade et Bavière. Envoyé à Hitler, ce message évoque l’attachement des Témoins à l’Allemagne et récuse tout lien avec les juifs, l’empire anglo-américain, la Société des nations et la haute finance internationale.
lundi 26 juin
Le ministre de l’Economie et de l’Agriculture Alfred Hugenberg, président du parti nationaliste DNVP, est contraint de démissionner du gouvernement. Il se retire entièrement de la vie politique. Il est remplacé à l’Economie par K. Schmitt.
Un décret du ministre nazi de l’Education de Prusse, Bernhard Rust, introduit les films éducatifs comme matériel pédagogique dans les écoles.
Promu Obergruppenführer dans les SS, Theodor Eicke est nommé par Himmler commandant du camp de concentration de Dachau, où 2 000 personnes sont alors détenues.
mardi 27 juin
Rebaptisé « Front national allemand » en mai, le Parti populaire nationale allemand (DNVP) s’autodissout sous la pression des nazis. Le parti nationaliste avait pourtant aidé le NSDAP à former un gouvernement de coalition trois plus tôt…
Le Staatspartei, privé de ses mandats, se saborde.
Lancement du programme de création d’un réseau d’autoroutes : un décret fonde la société Unternehmen Reichsautobahnen, sous l’administration des chemins de fer nationaux.
La Gestapo commence à arrêter quiconque distribue la « Déclaration » des Témoins de Jéhovah, dont le bureau est fermé à Magdebourg.
mercredi 28 juin
Le DVP s'autodissout.
jeudi 29 juin
Walter Darré devient ministre de l'Agriculture (il cumule désormais la direction des affaires agricoles de l'Etat, celle des affaires agricoles au sein du parti ainsi que celle des organisations professionnelles avec le titre de ministre et Reichsbauernführer).
A Brunswick, dans le quartier ouvrier d’Eichtal, deux groupes de SS habillés en civils qui recherchaient des opposants ont ouvert le feu l’une sur l’autre, croyant affaire à des adversaires. Le SS Gerhard Landmann est mortellement blessé. Malgré les preuves de l’erreur, les responsables nazis locaux Jeckeln et Klagges imputent le drame à des communistes afin d’exploiter l’incident à leur profit.
L’ancien chancelier social-démocrate (1919-1920) Gustav Bauer est arrêté à Berlin pour corruption.
vendredi 30 juin
Par décret du chancelier, les films, les pièces de théâtre, la musique, l’art, la radio et la presse sont placés sous la direction du ministère de la Propagande, dirigé par Goebbels.
début juillet
L'ingénieur Fritz Todt est nommé responsable du programme autoroutier.
samedi 1er juillet
13 jours après l’interdiction du parti nazi autrichien, le gouvernement de Berlin promulgue une loi imposant une taxe de 1 000 reichsmarks aux citoyens allemands voulant se rendre en Autriche (le nombre de visiteurs va chuter, mais sera en partie compensé par une hausse du tourisme intérieur autrichien ; cette taxe ne sera levée qu’en 1936).
Après que le chef de l’ « Eglise du Reich », le révérend Ludwig Müller, ait déclaré qu’Hitler allait rejoindre la nouvelle organisation religieuse, le chancelier nazi fait savoir par l’intermédiaire de son agence de presse que ces annonces « sont un fantasme et des mensonges. Hitler appartient maintenant, comme auparavant, à l’Eglise catholique et n’a pas l’intention de la quitter ».
Création au Staatsoper de Dresde, sous la baguette de Clemens Krauss, de l’opéra Arabella, comédie lyrique en trois actes de Richard Strauss, sur un livret d’Hugo von Hoffmannsthal. Les interprètes principaux sont Viorica Ursuleac, Alfred Jerger et Margit Bokor.
lundi 3 juillet
Martin Bormann devient le secrétaire particulier de Rudolf Hess, lui-même adjoint du Führer. Véritable bête de travail et laquais dévoué, Bormann débarrasse Hess de toute la paperasserie fastidieuse.
Les juifs commencent à être exclus de la fonction publique.
mardi 4 juillet
Meurtres de Rieseberg en « représailles » à la mort d’un SS tué à Brunswick le 29 juin : 11 prisonniers communistes arrêtés après l’événement sont conduits en camion dans le domaine Pappelhof (municipalité de Königslutter), à 30 km à l’est de Brunswick, où ils sont battus et torturés avant d’être exécutés d’une balle dans la tête vers 23 heures.
Dissolution du Parti populaire bavarois (BVP), fondé en 1918.
mercredi 5 juillet
Disparition du dernier des partis bourgeois encore en activité : l’ancien chancelier Brüning est contraint par les nazis de dissoudre son parti, le Zentrum.
jeudi 6 juillet
Devant les Statthalter, Hitler proclame la « fin de la révolution nationale » et déclare qu'il faut « conduire le courant incontrôlé de la révolution (les SA) dans le lit tranquille de l'évolution », à la grande colère de la tendance plébéienne du parti nazi (Gregor Strasser, ou Ernst Röhm, qui parle de trahison des buts de la révolution).
mardi 11 juillet
Les travaux de construction du canal Elster-Saale débutent en Saxe, près de Burghausen, à 10 km à l’ouest de Leipzig. L’ouvrage fera 19 km de long (mais le projet, retardé par la guerre, sera définitivement arrêté en 1943 et seulement 11 km auront été réalisés).
Un décret interdit à tout parent de donner le nom d’Hitler, ou toute variante, à un enfant.
mercredi 12 juillet
Le journal viennois Österreichische Abendblatt a publié un article affirmant qu’Adolf Hitler est le « descendant direct du côté de sa mère » d’une famille juive de Tchécoslovaquie et qu’il y a au moins dix juifs nommés Hitler dans la ville de Polna.
jeudi 13 juillet
Sur ordre du ministre de l’Intérieur Wilhelm Frick, tous les employés du gouvernement allemand doivent utiliser « Heil Hitler ! » comme salutation et comme conclusion dans les lettres et effectuer le « salut nazi » avec la main droite et le bras tendu vers le haut.
vendredi 14 juillet
Loi interdisant la création de nouveaux partis (Gleischaltung) : le NSDAP devient officiellement parti unique. Une autre loi fait du référendum l’unique mode de consultation populaire. Par ailleurs, les statuts de l'Eglise protestante unique sont prêts. Le gouvernement décide aussi de plusieurs autres lois : sur la stérilisation des malades mentaux et des incurables (« loi sur la prévention d’une descendance héréditaire malade » : la stérilisation contrainte concernera environ 250 000 à 300 000 personnes touchées par des affections neurologiques ou psychiatriques), sur la confiscation des biens des ennemis de la Communauté raciale populaire, sur le retrait de la nationalité allemande aux exilés, sur l’intégration de l’Eglise évangélique à l’Etat nazi. Une autre loi instaure le plébiscite afin de faire apparaître la politique officielle du régime comme une volonté massive de la Communauté raciale populaire (utilisé trois fois en douze ans).
samedi 15 juillet
Les représentants des quatre principales nations européennes (l’Italien Mussolini pour l’Italie, le Français Henry de Jouvenel pour la France, le Britannique Ronald William Graham et l’Allemand Ulrich von Hassell) ont signé au Palais Venazio de Rome le Pacte à quatre de Rome (ou Pacte d'entente et de collaboration). Conclu pour une durée de dix ans, il prévoit que les quatre Etats se concerteront régulièrement et feront tous leurs efforts pour réduire les armements et collaborer au maintien de la paix dans le cadre de la SDN (texte très vite sans suite).
Fondation d’un Conseil général de l’industrie allemande autour de Krupp, Thyssen, Vögler, Bosch, Siemens, Schröder.
lundi 17 juillet
Après avoir réussi à traverser l’Atlantique avec succès avec leur Bellanca CH-300 Lituanica, les pilotes américains d’origine lituanienne Steponas Darius et Stasys Girėnas trouvent la mort en s’écrasant en Allemagne [aujourd’hui en Pologne] près du village de Kuhdamm [Pszczelnik], au sud de Soldin [Myślibórz]. Ils avaient décollé de New York le 15 juillet et ont parcouru 6 411 kilomètres en 37 heures et 11 minutes, un énorme exploit, avant de chuter à seulement 650 km de leur destination finale, Kaunas. La cause du crash n’est pas sure, peut-être un problème moteur dans de mauvaises conditions météo. Selon certains, ils auraient pu être abattus parce qu’ils volaient près d’un camp de concentration…
jeudi 20 juillet
Signature au Vatican d’un Concordat entre l’Allemagne (représenté par le vice-chancelier Franz von Papen) et le Saint-Siège (représenté par le secrétaire d’Etat et cardinal Eugenio Pacelli [futur pape Pie XII]), qui voit en Hitler un moyen efficace pour briser le communisme : en 33 articles, l’Eglise catholique allemande conserve le droit d’avoir des écoles et de pratiquer le culte, mais est neutralisée puisque les prêtres doivent se tenir à l’écart de la vie politique. Les Jeunesses catholiques bénéficient d’un statut privilégié garanti. Le vicariat apostolique militaire d’Allemagne est remplacé par l’Ordinariat militaire en Allemagne.
A Nuremberg, 200 marchands juifs sont arrêtés et contraints de parader dans les rues de la ville.
dimanche 23 juillet
Environ 400 000 membres et anciens membres des conseils d’administration des diverses Eglises protestantes d’Allemagne ont participé à une « élection générale de l’Eglise » pour approuver l’Eglise évangélique allemande.
Ouverture à Stuttgart du stade Adolf-Hitler. L’antre du VfB Stuttgart a été construit selon les plans des architectes Paul Bonatz et Friedrich Eugen Scholer [aujourd’hui Mercedes-Benz Arena].
lundi 24 juillet
Décès Berlin du chef d’orchestre et compositeur Max von Schillings. Auteur d’opéras (Mona Lisa, 1915), il dirigea de 1919 à 1925 l’orchestre principal de l’opéra berlinois Staatsoper Unter den Linden.
mercredi 26 juillet
Promulgation d’une loi de stérilisation afin « d’améliorer la race allemande ». Toutes les personnes de sexe masculin ou féminin atteintes de manies dépressives, d’épilepsie, de schizophrénie, d’idiotie, de chorée, de cécité, de surdité ou d’infirmités corporelles, seront soumises à la stérilisation quand ces maladies sont graves ou héréditaires. Les mineurs de moins de dix-huit ans pourront être stérilisés sur demande de leurs tuteurs, même contre leur volonté.
Le gauleiter de Prusse orientale Erich Koch informe fièrement le chancelier Hitler que le chômage a été complètement éliminé dans sa province.
jeudi 27 juillet
Clôture de la Conférence économique de Londres, « torpillée » au début du mois par le président américain Roosevelt.
dimanche 30 juillet
Le professeur Jakob Wilhelm Hauer von Tübingen et le comte de Reventlow fondent un nouveau culte basé sur les anciennes traditions germaniques, antichrétien et antisémite : le Mouvement pour une foi allemande (Deutsche Glaubensbewegung).
lundi 31 juillet
Six mois après la prise de pouvoir des nazis, les camps de concentration sont déjà pleins à craquer : selon une information ministérielle, 26 789 prisonniers politiques y sont détenus.
en juillet
Constitution clandestine de l’aviation allemande.
mardi 1er août
Premières exécutions de militants communistes : Göring ayant refusé de commuer les peines, quatre hommes (Bruno Tesch, Walter Möller, Karl Wolff et August Lütgens), condamnés à mort pour leur participation au « dimanche sanglant d’Altona » (17 juillet 1933), sont guillotinés à Altona, près de Hambourg (ce jour-là cependant la violence avait surtout été causée par les SA et les SS).
Apparition des premières brochures clandestines antinazies.
Le premier cours sur l’ « hygiène raciale » est donné à Halle.
mercredi 2 août
De nouvelles réglementations pénitentiaires sont introduites en Prusse (étendues à toute l’Allemagne en mai 1934) : instauration d’une peine de « détention aggravée » (verscharfter) de quatre semaines dans une cellule sans lit pour mauvais comportement.
dimanche 6 août
L’avocat new-yorkais Samuel Untermyer lance une campagne internationale de boycott des exportations et des services allemands au nom de la « Fédération économique juive mondiale » afin de « saper le régime hitlérien et rameneur le peuple allemand à la raison, en détruisant leur commerce d’exportation dont dépend leur existence même ».
lundi 7 août
Arrêté en mars dernier pour ses activités antifascistes, le journaliste et poète social-démocrate juif Felix Fechenbach a été abattu dans la forêt du Kleineburg, entre Detmold et Warburg, alors qu’il était transporté au camp de concentration de Dachau. Il avait 39 ans.
mardi 12 août
Le député conservateur britannique Winston Churchill lance sa première mise en garde publique contre les dangers du réarmement allemand.
mardi 15 août
Arrêtés un mois plus tôt en représailles à un article antinazi de Philipp Scheidemann, cinq proches de l’ancien chancelier social-démocrate ont été libérés du camp de concentration où ils étaient détenus à la suite de l’intervention du président Hindenburg et d’une reconnaissance par les interpellés de la « trahison » de leur parent.
vendredi 18 août
Le « récepteur du peuple » (Volksempfänger) est présenté pour la première fois au public lors de l’exposition internationale de radiodiffusion de Berlin. Conçu par Otto Griessing à l’instigation de Joseph Goebbels, ce poste de radio (modèle VE301) sera vendu au prix de 76 Reichsmarks pour la version fonctionnant sur secteur, et au prix de 65 Reichsmarks pour celle alimentée par piles. Dans son discours, Goebbels a décrit la radio comme la « huitième grande puissance ».
lundi 21 août
Le 18e Congrès sioniste mondial se réunit à Prague pour discuter des lois antisémites allemandes, adoptée depuis l’arrivée au pouvoir des nazis en janvier dernier (jusqu’au 4 septembre).
mardi 22 août
Au moins 6 000 nazis autrichiens se sont rassemblés à la frontière avec l’Allemagne pour réclamer la réunion des deux pays. De son côté, le chancelier autrichien demande à la France, au Royaume-Uni et à l’Italie l’autorisation d’augmenter la taille de l’armée autrichienne, de 22 000 à 30 000 hommes.
mercredi 23 août
Le régime nazi a publié la première liste des personnes qui se sont vues retirées la citoyenneté allemande, leurs passeports et d’autres privilèges. Parmi les 33 premiers noms, dont seulement quelques-uns sont juifs, figurent notamment les écrivains Heinrich Mann, Lion Feuchtwanger, Ernst Toller et Kurt Tucholsky.
vendredi 25 août
En vertu de l’article 2 de la loi sur la révocation de la naturalisation et la déchéance de la nationalité allemande, le Bulletin impérial allemand (Deutscher Reichsanzeiger) publie la première liste de noms d’artistes et d’hommes politiques qui ont quitté le pays et perdu leur nationalité allemande. Parmi eux figurent Lion Feuchtwanger, Friedrich Wilhelm Foerster, Alfred Kerr, Heinrich Mann, Wilhelm Pieck, Philipp Schneidemann, Ernst Toller, Kurt Tucholsky et Otto Wels (sous le régime nazi, 359 listes comme celle-ci seront publiées, concernant 39 006 personnes).
dimanche 27 août
Le ministère allemand de l’Economie et des représentants sionistes ont conclu l’accord Haavara pour permettre aux juifs allemands de quitter le pays et de s’installer en Palestine, ainsi que de transférer une partie de leurs avoirs financiers et d’expédier leurs biens (jusqu’en septembre 1939, 60 000 juifs allemands émigreront au Proche-Orient sans ingérence du régime hitlérien).
Pour la plupart membres de l’association ouvrière de chant de Solingen, 16 prisonniers communistes du camp de concentration de Börgermoor, dans l’Emsland (Basse-Saxe), interprète pour la première fois la « chanson des soldats de marécage » (Moorsoldatenlied), à l’occasion du « Cirque des concentrationnaires ». Les paroles ont été écrites par le mineur Johann Esser et l’acteur Wolfgang Langhoff et la musique composée par Rudi Goguel (interdite deux jours plus tard par les responsables du camp, la chanson sera connue par la suite comme le Chant des déportés).
mercredi 30 août
Au Salon de la radiodiffusion, les services du ministre de la Propagande Goebbels ont présenté leur dernière innovation : un appareil de radio à fréquence unique pour tous les foyers, le « poste du peuple » (der Volksempfänger). L’appareil est fabriqué selon des normes strictes de la commission nationale-socialiste de la radiodiffusion. L’ensemble des 28 fabricants allemands de récepteurs doivent réalisés un même type de poste, de même qualité. Son prix est fixé à 76 marks. En deux jours, 100 000 postes ont été vendus.
jeudi 31 août
Ouverture du Congrès du parti nazi à Nuremberg : journée du parti pour la victoire.
Réfugié en Tchécoslovaquie, le philosophe juif allemand Theodor Lessing est assassiné dans la soirée à Marienbad [aujourd’hui Marianské Lazne] par trois Sudètes nazis (Rudolf Max Eckert, Rudolf Zischka et Karl Hönl), qui s’enfuient en Allemagne. Lessing avait soixante et un ans.
vendredi 1er septembre
Signé le 20 juillet avec le Saint-Siège, le Concordat réglementant les relations entre l’Allemagne et l’Eglise catholique est ratifié par le Reich allemand.
Décès du premier évêque catholique de Berlin. Mgr Christian Schreiber avait 61 ans.
dimanche 3 septembre
Clôture du congrès du Parti nazi à Nuremberg.
lundi 11 septembre
Le pasteur et théologien luthérien Martin Niemöller, opposant au national-socialisme, suscite la création de l’ « Association des pasteurs en détresse », qui doit par « un engagement total et inconditionnel » combattre toute atteinte à la confession évangélique et aider matériellement les frères opprimés.
mardi 12 septembre
Première à Munich du film de propagande Hitlerjunge Quex, réalisé par Hans Steinhoff d’après le roman éponyme de Karl Aloys Schenzinger sur le meurtre réel d’un jeune militant nazi, Herbert Norkus, tué par des communistes en janvier 1932. Les rôles principaux sont tenus par Jürgen Ohlsen, Heinrich George et Berta Drews (sortie nationale le 19 septembre).
mercredi 13 septembre
Création du « Service d’entraide d’hiver » pour assister les membres de la Communauté raciale populaire dans la détresse, ainsi que de la « Corporation nourricière du Reich » à laquelle doit obligatoirement adhérer toutes les professions ayant trait à l’agriculture : planification très stricte de la production et du marché afin d’assurer l’autarcie, sous le slogan « Lutte contre la faim et le froid ».
vendredi 15 septembre
Identification du corps (retrouvé par hasard) d’Erhard Heiden, ancien chef de la SS (1927-1929) arrêté - et sans nul doute assassiné - par la SD en avril dernier.
mercredi 20 septembre
Le principal responsable de la mort du SA Horst Wessel (assassiné 1930), Albrecht Höhler, a été sommairement exécuté par les nazis. Le véhicule dans lequel il était transféré des locaux de la Gestapo de Berlin (où il était torturé depuis un mois) vers la prison de Wohlau a été intercepté par un groupe de sept et huit SA. Pendant que ses accompagnateurs étaient maintenus à l’écart, Höhler a été conduit en forêt (son corps criblé de balle sera retrouvé quelques temps plus tard et l’enquête sera rapidement arrêtée sous pression politique).
jeudi 21 septembre
Ouverture devant la Cour suprême de Leipzig du procès anticommuniste de l'incendie du Reichstag. Parmi les accusés, outre l’incendiaire présumé, le Hollandais Marinus van der Lubbe, on remarque Ernst Torgler, président du groupe communiste à l’Assemblée et trois membres du Parti communiste bulgare en exil (Georgi Dimitrov, Blagoi Popov et Vassil Tanev).
En réaction à l’introduction du « paragraphe aryen » dans l’Eglise évangélique allemande, des théologiens protestants, des pasteurs et d’autres responsables fondent le Pacte d’urgence des pasteurs (Pfarrernotbund ; précurseur de l’Eglise confessante).
vendredi 22 septembre
Création de la Chambre de la culture du Reich (Reichskulturkammer - RKK), une institution nazie présidée par Goebbels et à laquelle doivent obligatoirement adhérer tous les « travailleurs de l’esprit ». Elle composée d’une chambre littéraire, d’une chambre de la presse, d’une chambre de la radiodiffusion, d’une chambre théâtrale, d’une chambre musicale, d’une chambre des Beaux-Arts. La Chambre culturelle du Reich enferme toutes les sphères de la vie culturelle dans le carcan du régime.
samedi 23 septembre
Loi sur les fermes et domaines ruraux héréditaires (Erbhofgezetz) : elle prévoit l'intégrité des exploitations de 7,5 à 125 hectares grâce à une protection multiple. La ferme héréditaire, exonérée d’impôts, passe intégralement à un seul héritier mâle ayant fourni la preuve de sa pureté raciale (et son aptitude à gérer le bien en conformité avec l’idéologie nazie) et ne peut être saisie en cas de dette. Même la vente volontaire est soumise à autorisation. Inscrits sur une liste prioritaire de terres après la colonisation de l’Est européen, les héritiers spoliés s’en iront en attendant grossir les rangs de la SS et de l’armée.
mercredi 27 septembre
Lors d’un synode Wittenberg, l'Eglise évangélique évince le pasteur von Bodelschwingh et nomme Ludwig Müller évêque du Reich (Reichsbischof). L'Eglise évangélique allemande soutient officiellement le régime nazi.
jeudi 28 septembre
La Société agréée par l’Etat pour l’exploitation des droits d’auteurs musicaux (Staatlich genehmigten Gesellschaft zur Verwertung musikalischer Aufführungsrechte - STAGMA [aujourd’hui GEMA] reçoit le monopole de la gestion des droits d’exécution musicale en Allemagne.
samedi 30 septembre
Le nombre de chômeurs est de 3 849 000.
en septembre
Adolf Hitler approuve le programme de construction d’autoroutes.
Le ministère de la Propagande fonde le Conseil publicitaire de l’économie allemande.
Le comte Clemens August von Galen (55 ans) est nommé évêque de Münster.
dimanche 1er octobre
La propagande nazie lance le « ragoût du dimanche » (Eintopfsonntag) en signe de solidarité avec la communauté nationale. L’épargne supposée des ménages à cette occasion est collectée en tant que contribution pour l’organisation « du bien-être hivernal » sous la forme d’un don de 50 pfennigs.
La pièce de cuivre de 4 pfennigs, mise en circulation en 1932 à l’initiative du chancelier Brüning, est déclarée invalide en raison d’un manque d’acceptation par le public.
Le général Ludwig Beck (53 ans) devient chef d'état-major général de l'armée.
La Régie des postes du Reich met en service entre Berlin et Hambourg la première liaison téléphone-télex du monde.
Après avoir déjà « obtenu » un congé au printemps, le président de la province de Hanovre, le social-démocrate Gustav Noske (ancien ministre de la Défense 1919-1920) est définitivement congédié. Il se retira Francfort-sur-le-Main.
Professeur de gymnastique, Konrad Henlein fonde en Tchécoslovaquie le « Front patriotique des Allemands des Sudètes » (Sudetendeutsche Heimatfront, SHP).
mercredi 4 octobre
Hitler met fin à la liberté de la presse et menace les journalistes de prison. Par ailleurs, une loi régit désormais la profession de rédacteur en chef : « Ne peut être rédacteur en chef que celui qui possède la nationalité allemande, n’a pas été privé de ses droits civiques et du droit d’appartenir au Service public, est d’origine aryenne et n’est pas marié à une personne d’origine non-aryenne…, possède les qualités requises pour satisfaire à la mission publique ».
Le philosophe juif Martin Buber se voit interdire de donner des conférences hors de la communauté juive. Il peut encore parler en public au sein des institutions hébraïques (jusqu’en février 1935).
mardi 10 octobre
La SDN crée un haut-commissariat chargé des problèmes des réfugiés, afin de venir en aide aux Allemands antinazis qui ont dû fuir leur pays.
Erwin Rommel, qui vient d’être promu commandant, a reçu le commandement du 3e bataillon du 17e régiment d’infanterie alpine à Goslar, une unité d’élite.
samedi 14 octobre
Le ministre allemand des Affaires étrangères annonce à Genève le retrait de l’Allemagne de la Conférence du désarmement. Adolf Hitler annonce que les Allemands seront appelés à ratifier cette décision par référendum. Le jour même, maniant le chaud et le froid, Hitler propose des accords bilatéraux de sécurité.
Le gouvernement nazi dissout le Parlement de l’Etat de Bade, qui s’était réuni pour la dernière fois le 16 mai.
dimanche 15 octobre
Adolf Hitler a posé à Munich la première pierre de la Maison de l’art allemand (Haus der Kunst), dont l’architecte est Paul Troost (ouverture en 1937).
lundi 16 octobre
L’Allemagne quitte officiellement la Société des Nations.
mardi 17 octobre
Le physicien allemand Albert Einstein arrive aux Etats-Unis (où il demeurera désormais en raison de la prise du pouvoir par les nazis).
samedi 21 octobre
Les partis allemands tchécoslovaques Deutsche Nationalpartei Böhmens (conservateurs) et Deutschen Nationalsozialistischen Arbeiterpartei (radicaux) sont interdits et dissous par le gouvernement de Prague.
dimanche 22 octobre
Match amical de football : au Wedaustadion de Duisbourg, l’Allemagne a écrasé la Belgique huit buts à un. C’était la première rencontre entre les deux sélections depuis la Première Guerre mondiale.
mercredi 25 octobre
Fondée en 1931 comme simple unité auxiliaire, l’organisation nazie chargée de la conduite automobile, le Nationalsozialistische Kraftfahrkorps (NSKK), devient une formation SA à part entière.
en octobre
Le chef du KPD (communiste) de Berlin, Walter Ulbricht, émigre à Paris où il fait partie de la direction du KPD en exil.
Le secrétaire particulier de Rudolf Hess, Martin Bormann, obtient le grade de « chef du Reich du NSDAP ».
vendredi 3 novembre
« Appel aux étudiants » de Heidegger : « Ne cherchez pas les règles de votre être dans les dogmes et des idées, c’est le Führer lui-même et lui seul qui est la réalité allemande d’aujourd’hui et de demain, et qui est sa loi ».
dimanche 5 novembre
Au stade am Gübser Damm de Magdebourg, les sélections nationales de football allemandes et norvégiennes ont fait match nul deux à deux, devant 40 000 spectateurs.
vendredi 10 novembre
Discours radiodiffusé d'Hitler sur la préparation des élections, prononcé depuis l’usine Dynamo Werk de Siemens à Berlin. Afin que tout le monde puisse l'écouter une pause dans le travail a été ordonnée dans tout le pays et le trafic automobile a même été interrompu partout pendant une minute au début du discours.
L’université de Halle-Wittenberg est rebaptisée « Université Martin-Luther Halle-Wittenberg ».
dimanche 12 novembre
Première élection au Reichstag pour le parti unique national : 92,1 % des voix (les 7,9 % restants sont considérés comme nuls). Par ailleurs, 89,9 % des votants ont approuvé par référendum la sortie de l’Allemagne de la SDN. 95,3 % des inscrits se sont rendus aux urnes.
mercredi 15 novembre
Inauguration officielle de la Chambre culturelle du Reich (RKK), créée en septembre. Son président, le ministre Goebbels prononce un discours sur la fonction désormais dévolue à la culture.
dimanche 19 novembre
Match amical de football : au stade Hardturm de Zurich, la Suisse a été battue par l’Allemagne deux buts à zéro.
lundi 20 novembre
La Chambre culturelle du Reich est intégrée au Front du travail.
mercredi 22 novembre
Dans l’ouest de la France, le torpilleur allemand Von Horter coule dans l’estuaire, au large de Saint-Nazaire, après être entré en collision avec le navire français Jamaique.
vendredi 24 novembre
Promulgation de la loi sur la protection des animaux.
samedi 25 novembre
Rassemblement du mouvement protestant de résistance contre la politique nazie en matière ecclésiastique.
lundi 27 novembre
Afin de planifier et de contrôler les loisirs du peuple allemand, le Front du travail (DAF) crée l’organisation de loisirs « La force par la joie » (KdF), sur le modèle du Dopolavoro mussolinien, grâce aux fonds et équipements confisqués aux syndicats, aux organisations travaillistes et juives. Censée fournir la preuve du « socialisme hitlérien », elle doit fournir des spectacles, des concerts en entreprise, du sport de masse, des excursions et des croisières touristiques, un embellissement du lieu de travail les ouvriers durant leurs congés, etc.
vendredi 1er décembre
Loi « sur l'unité du parti et de l'Etat » : le NSDAP devient une institution d'Etat. Pour calmer Röhm, chef des SA, Hitler le nomme ministre sans portefeuille, ainsi que Rudolf Hess.
Ulrich Fleischhauer crée à Erfurt l’agence de presse nazie Welt-Dienst (« Service mondial »).
dimanche 3 décembre
Premier match de football opposant les équipes d’Allemagne et de Pologne : les Allemands se sont imposés un but à zéro au Poststadion de Berlin.
lundi 4 décembre
Décès en Italie du poète allemand Stefan George, à l’âge de soixante-cinq ans.
dimanche 10 décembre
Remise des prix Nobel à Stockholm. Avec un an de retard, le prix Nobel de physique de l’année 1932 est remis par le Comité au chercheur allemand Werner Heisenberg.
lundi 11 décembre
Un Focke-Wulf A-17 de la Lufthansa s'est écrasé à Hambourg : les quatre membres d’équipage et trois des quatre passagers ont été tués.
jeudi 14 décembre
Accord Feder-Bosch : l’Etat allemand a signé un contrat avec IG Farben pour la fabrication d'essence en lui apportant des garanties financières et économiques pour tous les produits synthétiques de la Leunawerke.
vendredi 15 décembre
Le réalisateur allemand Fritz Lang tourne à Paris pour la compagnie Fox-Europa le film Liliom, sous la direction de l’ancien responsable vedette des productions de l’UFA, Erich Pommer, lui aussi parti d’Allemagne.
samedi 16 décembre
Création à l’opéra de Cologne de Der Heidenkönig, de Siegfried Wagner, le fils du célèbre compositeur Richard Wagner.
mardi 19 décembre
L'évêque protestant du Reich Ludwig Müller intègre la « Jeunesse évangélique » aux « Jeunesses hitlériennes ».
samedi 23 décembre
Clôture du procès anticommuniste de l’incendie du Reichstag devant la cour suprême de Leipzig. C’est un véritable fiasco pour le régime suite aux interventions du coaccusé Dimitrov. Celui-ci a réussi à renvoyer sur le parti nazi les griefs retenus à l’encontre du parti communiste et a été soutenu par une importante campagne de solidarité internationale. Faute de preuves suffisantes, les accusés Torgler (président de la fraction parlementaire communiste), Dimitrov, Popov et Tanev (parti communiste bulgare en exil) sont acquittés, à la grande rage d’Hitler. L’incendiaire présumé du Reichstag, Marinus van der Lubbe, sera lui condamné à mort. Cette affaire entraîné une crise dans la justice.
en décembre
Sortie du film Flüchtlinge d’Ucicky. Il raconte l’histoire d’un ancien officier (incarné par Albers) qui ramène les Allemands de la Volga, déportés en Mandchourie, au sein de la mère-patrie. Ce film, aux remarquables scènes de masses reconstituées en studio, établit les fondements du cinéma nazi.