début janvier
Dans une série d’articles publiés en Angleterre, en Amérique, au Portugal et en Scandinavie, l’ancien Premier ministre britannique Lloyd George déclenche une polémique en accusant la France d’impérialisme. Il motive son accusation sur le complaisant accueil que l’idée de l’annexion de la rive gauche du Rhin reçoit de l’opinion publique française.
lundi 1er janvier
Premier match de football opposant les équipes d’Italie et d’Allemagne : les Italiens se sont imposés trois buts à un au Campo di Viale Lombardia de Milan.
mardi 2 janvier
Ouverture à Paris d’une conférence interalliée avec les Premier ministres britanniques, français et italiens. 19 ans après la conclusion de l’ « Entente cordiale », la France et le Royaume-Uni sont au bord de la « rupture cordiale » : les deux pays alliés sont incapables de parvenir à un accord sur la question des réparations allemandes. Londres a présenté un plan des paiements plus faciles pour Berlin dans les premières années pour que l’Allemagne puisse se remettre sur pied. Avertissant que la France passera outre les objections britanniques, Poincaré annonce qu’il fera occuper la Ruhr afin de contrôler les activités des usines et des mines de la région.
Nouvelle chute du mark : le dollar s’échange désormais à 7 260 marks.
jeudi 4 janvier
Clôture de la conférence franco-britannique de Paris. Les Alliés ne parviennent pas à s’accorder sur les réparations allemandes : « rupture cordiale » entre la France et le Royaume-Uni.
vendredi 5 janvier
Alors que des rumeurs circulent sur les préparatifs d’occupation militaire de la Ruhr par la France, des avions français sont signalés dans le ciel allemand.
samedi 6 janvier
Le gouvernement belge annonce son intention de s’associer à la France dans l’occupation de la Ruhr, du fait du retard des livraisons allemandes.
Par 57 voix contre 6, le Sénat des Etats-Unis a voté le retrait de toutes les troupes d’occupation américaines encore présentes en Allemagne, plutôt que de participer davantage à l’occupation de la Rhénanie.
dimanche 7 janvier
Conférence européenne des partis communistes à Essen pour protester contre l’impérialisme français.
mardi 9 janvier
A Londres, la Commission des réparations constate le retard des livraisons de charbon allemand.
« Révolte de Memel » : début des opérations lituaniennes (1 400 hommes) pour annexer la région et la ville libre de Memel [aujourd'hui Klaipeda], ancien territoire prussien placé sous mandat français depuis la fin de la guerre. La cité est défendue par 250 soldats français, commandés par Gabriel Pestiné, 350 policiers allemands et 300 civils volontaires.
mercredi 10 janvier
Un renforcement des troupes françaises est signalé près d’Essen.
Le président Harding signe le décret mettant fin à l’occupation américaine en Allemagne : les 1 200 soldats restants dans le pays vont être évacués.
du mercredi 10 au jeudi 11 janvier
Les Lituaniens attaquent et occupent la ville libre de Memel. Deux soldats français, un policier allemand et douze Lituaniens ont été tués. La France proteste officiellement auprès du gouvernement lituanien.
jeudi 11 janvier
A la suite d’un nouveau retard de livraison de bois et de charbon, trois divisions franco-belges (60 000 hommes) occupent la Ruhr, à l’instigation de Poincaré, le chef du gouvernement français, et ce en dépit des protestations britanniques. Il s’agit d’appuyer militairement l’action d’une commission d’ingénieurs venue assurer les livraisons dues par les patrons des mines de charbon.
vendredi 12 janvier
La presse britannique critique très durement la décision française d’occuper la Ruhr. Pour The Outlook, Raymond Poincaré est « le plus grand des idiots ou la plus grande canaille ». Tandis que The Spectator dénonce une « folie », The Economist prévient que cette décision risque de mener à nouveau l’Europe au bord de la guerre.
samedi 13 janvier
Dans un discours prononcé au Reichstag, le chancelier Cuno déclare que l’occupation de la Ruhr est une violation du traité de Versailles. Les députés ont ensuite approuvé, par 283 voix contre 12, la mise en place dans les régions occupées d’une politique de résistance passive.
dimanche 14 janvier
Le gouvernement soviétique fait part de son indignation et de sa protestation officielle après la décision française d’occuper la Rhur. Moscou avertit que ce choix d’aller au-delà du « honteux traité de Versailles » pourrait mener à la guerre.
lundi 15 janvier
A Bochum, un groupe de 500 manifestants a provoqué les troupes d’occupation faisant leur entrée dans la ville en interprétant des chants antifrançais. Les soldats ont tiré dans la foule, tuant un lycéen. Paris menace d’occuper plus de villes si les Allemands refusent de coopérer.
mercredi 17 janvier
La France prend de nouvelles mesures plus sévères à l’égard de l’Allemagne : occupation des installations industrielles, réquisition du bois, du charbon, des moyens de transport, mise en place de barrages de police, confiscation de salaires, de sociétés privées, d’impôts et de droits de douane.
jeudi 18 janvier
Les autorités françaises publient une proclamation interdisant dans la Ruhr les chants patriotiques, les drapeaux et les emblèmes allemands, ainsi que les inscriptions antisémites.
L’occupation de la Ruhr affaiblit encore plus la monnaie allemande : il faut désormais 23 800 marks pour un dollar (il n’en fallait que 9 000 le 1er janvier).
vendredi 19 janvier
Encouragé par l'indignation exprimée par l'opinion publique allemande, le chancelier Cuno ordonne aux fonctionnaires et surtout aux cheminots de la Ruhr de refuser d'obéir aux ordres des occupants, mais sans faire la grève : résistance passive. Tous les établissements bancaires de Düsseldorf sont fermés, mettant à l’arrêt tout le commerce de la ville. A Buer, près de Gelsenkirchen, des mineurs se sont mis en grève.
samedi 20 janvier
Suite à la fermeture de toutes les banques d’Essen, les Français procèdent à l’arrestation de 21 fonctionnaires et administrateurs de mines.
dimanche 21 janvier
Un appel à la grève générale des employés des mines, des chemins de fer, des postes et télégraphes est lancé dans la Ruhr.
Le cargo allemand Wilbo a sombré au large d’Elbmündung : 7 des 17 marins à bord sont tués.
lundi 22 janvier
Echec de la grève générale déclenchée dans la Ruhr : seulement 10 000 des 600 000 travailleurs de la Ruhr ont cessé le travail.
mardi 23 janvier
Le gouvernement français a pris une série de mesures visant à isoler la Ruhr du reste de l’Allemagne. Par ailleurs, conformément au vote du Sénat, les forces américaines ont évacué la Rhénanie. Leur quartier général de la forteresse d’Ehreinbreitstein, située en face de Coblence, est aussitôt occupé par les Français.
Arrêtés par les Alliés en raison de leur résistance passive à l’occupation franco-belge, le président (William Rombach), le vice-président (Robert Walter von Görschen) et le chef de la police d’Aix-la-Chapelle sont libérés. Ils ont cependant interdiction de pénétrer dans certaines zones.
mercredi 24 janvier
Les autorités françaises ont infligé une amende de 207 000 francs aux industriels de la Ruhr pour n’avoir pas versé les réparations en charbon. A l’annonce de cette décision, une émeute éclate à Mayence et un nouvel appel à la grève générale est lancé. 35 000 employés des chemins de fer cessent le travail à 20 heures.
jeudi 25 janvier
Des émeutes éclatent dans plusieurs villes de la Ruhr. Un peu partout se produisent des affrontements avec les soldats français. La grève dans les chemins de fer est un succès : tout le système ferroviaire de la région est paralysé. Par ailleurs le syndicat néerlandais NVV a annoncé offrir 100 000 guldens aux mineurs allemands en grève.
vendredi 26 janvier
Le général français Degoutte menace la population de la Ruhr dans une proclamation : en cas de troubles à l’ordre public, les troupes françaises ont l’autorisation d’ouvrir le feu sans avertissement.
samedi 27 janvier
Le territoire occupé par les Français en Allemagne est fermé par une frontière douanière. La grève dans les chemins de fer s’étend à Coblence. Par ailleurs des snipers ont ouvert le feu sur des soldats français à Duisbourg et à Ratingen.
Ouverture à Munich du troisième congrès du Parti national-socialiste d’Adolf Hitler. Le mouvement nazi, qui compte 22 000 membres, a fait défiler 5 000 SA dans les rues de la capitale bavaroise malgré les interdictions.
lundi 29 janvier
Les occupants instaurent l'état de siège dans la Ruhr.
Fin du congrès du parti nazi à Munich.
mardi 30 janvier
Français et Belges interdisent l'envoi de charbon de la Ruhr vers l’Allemagne non occupée. Mayence est à son tour touchée par la grève des chemins de fer.
en janvier
Congrès du KPD à Leipzig : le Parti communiste allemand est dominé par la tendance de droite, Brandler et Thalheimer, dite « de front unique » (avec le SPD).
Kurt Schwitters, un peintre établi à Hanovre, fonde la revue dadaïste Merz.
jeudi 1er février
L’occupation franco-belge de la Ruhr prive l’Allemagne d’une partie de son charbon.
47 500 marks pour un dollar et 220 000 marks pour une livre britannique : l’inflation semble ne plus devoir s’arrêter en Allemagne.
vendredi 2 février
Le blocus du charbon mis en place par les Français dans la Ruhr affaiblit le mouvement de résistance passif. Les employés des chemins de fer en grève ont commencé à reprendre le travail.
Hermann Göring (30 ans), membre du parti nazi et héros de l’aviation allemande, épouse à Munich Karin Fock, divorcée du baron Kantzow.
Première à Berlin du film Nora, drame réalisé par Berthold Viertel d’après la pièce d’Ibsen Une maison de poupée (créée en 1879), avec Olga Tschechowa, Carl Ebert, Fritz Kortner et Anton Edthofer.
samedi 3 février
Fondation de l’Institut de recherche sociale (Ecole de Francfort), dirigée par Carl Grünberg.
dimanche 4 février
Les Français occupent les villes d’Offenburg, Appenweier et Bulh.
lundi 5 février
Une grève des mineurs éclate en Sarre contre les diminutions de salaire.
Rupture d’une digue de la Brinitza, en Haute-Silésie : dégâts considérables.
mardi 6 février
En réunissant un capital de 100 millions de reichsmark, DLR et Hapag Lloyd fondent la compagnie Deutscher Aero Lloyd AG.
Le voilier allemand Tamara 12 quitte le port écossais de Leith pour Hambourg. Le navire disparaîtra corps et biens en mer du Nord (un canot de sauvetage avec le cadavre d’un membre d’équipage sera découvert le 20 février sur Sanday, l’une des îles Orcades).
jeudi 8 février
Le journal nazi Volkischer Beobachter parait désormais de façon quotidienne.
vendredi 9 février
Tous les habitants de Recklinghausen se mettent en grève pour protester contre l’occupation française de la Ruhr.
Construit aux chantiers navals Krupp de Kiel, le cinq-mâts allemand Adolf Vinnen s’est brisé sur les récifs de Bass Point (Cornouailles anglaises) alors qu’il effectuait son voyage inaugural. Les vingt-quatre membres d’équipage sont parvenus à se sauver du navire en perdition.
25 écoles berlinoises sont contraintes de fermer en raison du manque de charbon.
samedi 10 février
Décès à Munich du physicien Wilhelm Conrad Röntgen, à l’âge de 78 ans. Prix Nobel de physique en 1901, il avait découvert les rayons X en 1895.
dimanche 11 février
La France et la Belgique ont annoncé que l’interdiction d’exporter du charbon de la Ruhr vers le reste de l’Allemagne sera étendue à tous les produits à partir de minuit.
lundi 12 février
A Berlin, la majorité sociale-démocrate s’oppose à l’adoption d’une loi qui donnerait au gouvernement des pouvoirs spéciaux pour négocier avec la région de la Ruhr.
A Dortmund, les Français confisquent toutes les voitures et les camions allemands.
mardi 13 février
La France condamne la ville de Recklinghausen à une amende de cent millions de marks pour sa résistance passive. Le même jour, Gelsenkirchen se met à son tour en grève totale.
Les troupes belges occupent les villes allemandes d’Emmerich am Rhein et Wesel, coupant ainsi toute liaison entre la Ruhr occupée et les Pays-Bas.
mercredi 14 février
Gelsenkirchen refuse de payer une amende de 100 millions de marks infligée après qu’un officier français ait été blessé lors d’un incident avec des policiers allemands. Les autorités françaises ordonnent alors l’arrestation de plusieurs des principaux banquiers de la ville.
vendredi 16 février
Adoption de la loi sur les tribunaux pour mineurs (RJGG), présentée par le ministre social-démocrate de la Justice et philosophe du droit Gustav Radbruch. Pour la première fois en Allemagne, les mineurs obtiennent une justice séparée de celle des adultes.
Les policiers de Gelsenkirchen se sont barricadés à l’intérieur de leurs baraquements afin d’empêcher leur désarmement par les autorités françaises.
samedi 17 février
La Conférence des Ambassadeurs cède le territoire de Memel (Klaipeda) à la Lituanie sous plusieurs conditions, dont la mise en place d’une autonomie.
vendredi 23 février
Adoption par le Parlement d’un décret-loi contre les spéculateurs.
Le Royaume-Uni réduit de 26 à 5 % ses taxes sur les importations allemandes.
dimanche 25 février
Les troupes françaises occupent trois nouvelles villes allemandes situées sur la rive droite du Rhin : Kaub et Loch (entre Coblence et Mayence) et Königswinter (entre Cologne et Coblence).
Après quatre années d’existence, l’Etat libre du Goulot (Freistaat Flaschenhals), proclamée en Hesse en janvier 1919 (8 000 habitants, capitale Lorch), est aboli ; son territoire est intégré à la province de Hesse-Nassau.
A Berlin, le prix du pain atteint les 2 000 marks.
lundi 26 février
Sortie du premier film réalisé par Georg Wilhelm Pabst, Le Trésor (Der Schatz), un drame avec Albert Steinrück, Lucie Mannheim, Ilka Grüning, Werner Krauss et Hans Brausewetter.
mercredi 28 février
Les autorités françaises de la Ruhr expulsent les policiers allemands des villes de Bochum et Herne.
en février
La livre de beurre passe à 7 000 marks ; difficultés d’approvisionnement des villes.
Un riche ami d’Hitler, Putzi Hanfstaengel, prête 1 000 dollars au parti nazi en échange d’une hypothèque sur le journal Völkischer Beobachter.
jeudi 1er mars
Dans la Ruhr, les autorités franco-belges menacent de la peine de mort ceux qui saboteront les moyens de transport.
La limitation de vitesse automobile en agglomération est portée de 15 à 30 km/h.
vendredi 2 mars
La maison d’édition berlinoise Ullstein publie le nouveau roman de l’auteur autrichien Felix Salten, Bambi, l’histoire d’une vie dans les bois (Bambi: Eine Lebensgeschichte aus dem Walde). C’est aussitôt un succès (les nazis voyant en ce livre une allégorie du sort des juifs, le roman sera interdit en 1936 et tous les exemplaires trouvés seront brûlés).
Le Berliner Illustrierte publie « la Danse de Toutankhamon » pour se moquer de l’enthousiasme suscité par la découverte de la tombe en Egypte.
mardi 6 mars
Dans un discours prononcé devant les députés, le chancelier Cuno a assuré que l’Allemagne ne négociera pas directement la question des réparations avec la France, mais que le gouvernement allemand passera par un intermédiaire.
mercredi 7 mars
Le Chicago Tribune publie une interview d’Adolf Hitler. Le chef du parti nazi allemand assure qu’il apporterait son soutien à Henri Ford si celui-ci décidait de se présenter à l’élection présidentielle américaine. Il déclare admirer la politique antijuive de l’industriel, qu’il considère comme le leader du mouvement fasciste en Amérique. Il affirme cependant n’avoir jamais reçu d’argent de Ford.
Création de la holding boursière Vereinigte Industrieunternehmungen AG (VIAG), tournée essentiellement vers la production d’énergie électrique et son utilisation industrielle (elle fusionnera en 2000 avec avec VEBA pour former E.ON).
samedi 10 mars
Les corps de deux Français assassinés, un officier de l’armée et un chef des chemins de fer, ont été retrouvés près de la ville allemande de Buer.
lundi 12 mars
Deux jours après l’assassinat de deux Français, les troupes d’occupation durcissent leurs positions dans la Ruhr : les affrontements avec les civils allemands font 7 morts et 13 blessés.
mardi 13 mars
Le ministre français de la Guerre André Maginot annonce que 15 000 soldats supplémentaires vont être envoyés dans la Ruhr et en Rhénanie.
mercredi 14 mars
Ordonnance de dissolution des sections du NSDAP dans plusieurs villes. La Cour suprême de justice justifie la mesure ainsi : le parti nazi est une menace pour la sûreté de l’Etat.
jeudi 15 mars
Le gouvernement allemand offre de verser 20 milliards de marks-or en échange de la fin de l’occupation de la Ruhr.
mardi 20 mars
Un haut-fonctionnaire du ministre des Finances annonce que l’hyperinflation et l’occupation de la Ruhr entraînent les finances allemandes dans le rouge : un déficit de 7,1 billions de marks est attendu pour le budget 1922-1923.
Le ministre bavarois de l’Intérieur refuse d’interdire le parti nazi et ses SA.
L’Union soviétique a annoncé l’envoi de 70 000 tonnes de céréales aux ouvriers de la Ruhr.
samedi 24 mars
La garde est renforcée au Reichstag et dans d’autres sites stratégiques de Berlin suite aux rumeurs faisant état d’un coup de force préparé par les nazis.
dimanche 25 mars
Une conférence rassemble à Berlin des délégués socialistes et travaillistes allemands, français, anglais, italiens et belges afin de tenter de trouver une solution à la question des réparations.
lundi 26 mars
La tension monte dans la Ruhr, où les cheminots allemands, par leur résistance passive, empêchent la circulation des trains
samedi 31 mars
Les soldats français ont ouvert le feu sur une manifestation de 50 000 ouvriers des aciéries Krupp qui protestaient pacifiquement dans les rues d’Essen contre la réquisition de camions par l’armée française : on déplore onze morts et trente blessés (deux succomberont à l’hôpital).
en mars
Le lieutenant Karl Dönitz devient « responsable des aspects politiques et organisationnels de la marine ».
Réorganisées en unités combattantes, les Sections d’assaut (SA) nazies sont placées sous le commandement d’Hermann Göring.
dimanche 1er avril
Les autorités françaises ont fait arrêter quatre directeurs de la société Krupp. Ils sont accusés d’avoir incité leurs ouvriers à manifester la veille.
Adolf Hitler refuse de se joindre à un front commun contre les Français. Il craint que les nazis ne soient submergés par les autres partis nationalistes.
Création au Berlin Theater de l’opérette Mädi, de l’autrichien Robert Stolz, sur un livret d’Alfred Grünwald et Leo Stein.
lundi 2 avril
Les 50 000 ouvriers de Krupp menacent de se mettre en grève si les quatre directeurs arrêtés la veille ne sont pas relâchés.
Constitution de centuries révolutionnaires socialo-communistes ; formation de gouvernement révolutionnaires en Saxe et Thuringe. Parallèlement, développement d’un mouvement de masse d’extrême-droite.
mercredi 4 avril
Les syndicats allemands lancent un appel à tous les travailleurs du monde contre l’occupation de la Ruhr.
Hitler déclare au Chicago Tribune que les rumeurs concernant une éventuelle marche sur Berlin pour renverser le gouvernement sont des « contes de fée ». Il assure que son combat est uniquement dirigé contre le bolchevisme.
samedi 7 avril
Arrestation à l’hôtel Union d’Essen du militant nationaliste Leo Schlageter, accusé du meurtre d’un agent français. Il a peut être été dénoncé.
mardi 10 avril
Dans un discours prononcé à Berlin, Hitler demande de « la haine et encore plus de haine ». Le chef du parti nazi assure : « Nous vaincrons les ennemis de l'Allemagne ».
La compagnie aérienne Daimler Airways inaugure sa ligne régulière entre Londres et Berlin, avec des escales à Brême et Hambourg.
mercredi 11 avril
Suppression de l’interdiction de posséder des récepteurs radio.
vendredi 13 avril
Dans le nord de la Ruhr, des travailleurs ont investi l’hôtel de ville de Mülheim, y établissant un Conseil des travailleurs.
lundi 16 avril
A Rome, le Comité international olympique présente une demande pour que l’Allemagne puisse participer de nouveau aux Jeux olympiques.
mardi 17 avril
Ouverture de la ligne aérienne Copenhague-Hambourg.
jeudi 19 avril
Des affrontements meurtriers se sont produits à Mülheim, dans la Ruhr. On recense cinq morts et au moins quarante blessés.
vendredi 20 avril
Début de la publication du journal antisémite Der Stürmer, créé à Nuremberg par Julius Streicher.
lundi 23 avril
Le gouvernement français a bloqué une demande anglo-suédoise de la mise en place d’une commission d’enquête sur l’administration de Sarre, accusée de censurer les informations. Le délégué français Gabriel Hanotaux affirme que ces mesures sont « temporaires ».
La princesse Louise de Prusse est décédée à Baden-Baden à l’âge de 83 ans. Fille de l’empereur Guillaume Ier, elle était la sœur de Frédéric III et la tante de Guillaume II.
samedi 28 avril
Lancement aux chantiers navals Blohm & Voss de Hambourg du paquebot SS Deutschland, construit pour la compagnie maritime HADAG (premier voyage en mars 1924).
dimanche 29 avril
Création à Düsseldorf, sous la direction de Georg Szell, de l’opéra en trois actes Le Canard sacré : une pièce avec des dieux et des hommes (Die heilige Ente: ein Spiel mit Göttern und Menschen), composé par l’Autrichien Hans Gal sur un livret de Karl Michael Leventzow et Leo Feld. C’est un grand succès.
lundi 30 avril
L’éleveur de poules Heinrich Himmler devient l’adjoint du nazi Gregor Strasser.
en avril
Les recettes publiques allemandes ne couvrent plus qu’un septième des dépenses.
mardi 1er mai
Manifestations des syndicats. Dans la Ruhr, des centaines de soldats français ont défilé au côté des ouvriers allemands. Par ailleurs, les autorités françaises ont fait arrêter l’industriel Gustav Krupp. Cette interpellation est liée aux incidents du 31 mars à l’usine Krupp.
A Munich, défilé des Ligues d’extrême-droite sous la conduite d’Ernst Röhm ; les SA portent des chemises brunes achetées à l’armée. Hitler déteste cet uniforme. Le général Otto von Lossow a humilié Hitler en refusant à ses 20 000 partisans, venus de toute la Bavière, de troubler la manifestation organisée par les syndicats pour la fête du 1er mai. Des syndicalistes ont cependant été attaqués sans que les forces de l’ordre n’interviennent.
mercredi 2 mai
Le chancelier Cuno propose de reprendre les réparations à hauteur de 30 milliards de marks et de reconnaître les frontières occidentales.
mardi 8 mai
L’industriel allemand Gustav Krupp a été condamné à 15 ans de travaux forcés par une cour martiale française.
Ouverture devant un tribunal militaire français du procès du nationaliste allemand Leo Schlageter.
mercredi 9 mai
Leo Schlageter est condamné à mort pour espionnage et sabotage.
Première au Residenztheater de Munich de la pièce à scandale Dans la jungle des villes (Im Dickicht der Städte), de Bertolt Brecht, sous la direction d’Erich Engel, avec Otto Wernicke, Erwin Faber et Maria Koppenhöfer. La représentation est interrompue par des militants nazis.
jeudi 10 mai
Au stade Hoheluft de Hambourg, les équipes de football d’Allemagne et des Pays-Bas ont fait match nul zéro à zéro.
dimanche 13 mai
La fête des Mères est désormais célébrée officiellement en Allemagne. L’Association des fleuristes allemands lance à cette occasion une grande campagne publicitaire.
mardi 15 mai
Röhm, irrité par l’échec du défilé du 1er mai, veut quitter l’armée. Finalement dissuadé, il prend un congé pour maladie.
mercredi 16 mai
Interdiction des centuries ouvrières socialo-communistes en Prusse.
Protestant contre la flambée des prix, les mineurs de Kaiserstuhl se mettent en grève.
Le premier central téléphonique du monde entièrement automatisé, le Réseau Welheim, est mise en service au sud-ouest de Munich. Elle s’étend en étoile sur 22 réseaux dans un rayon de 25 km autour de la ville de Weilheim in Oberbayern.
vendredi 18 mai
A Munich, une représentation de la pièce de Brecht Dans la jungle des villes est interrompue par des nazis qui ont jeté des bombes à gaz dans le Residenztheater.
samedi 19 mai
Les mineurs de la Ruhr se mettent en grève pour protester contre l’occupation de la région. Des combats de rue éclatent dans plusieurs villes allemandes.
lundi 21 mai
Ouverture à Hambourg du congrès de fondation de l'Internationale Ouvrière Socialiste, née la fusion de la IIe Internationale et de l’UPSAI.
jeudi 24 mai
Fondation à Hambourg de l’Internationale des jeunesses socialistes. Erich Ollenhauer en est le secrétaire général.
vendredi 25 mai
La ville d’Essen a été en partie mise à sac par des militants communistes.
Clôture à Hambourg du premier congrès de l’Internationale Ouvrière Socialiste.
samedi 26 mai
Leo Schlageter a été fusillé dans la matinée par un peloton d’exécution français sur la lande de Golzheim, près de Düsseldorf. Le saboteur nationaliste avait 28 ans. Cette mise à mort provoque une vague d’indignation en Allemagne. Sept personnes sont tuées dans des émeutes tandis que des milliers de travailleurs de la Ruhr se mettent en grève de la faim.
mardi 29 mai
Les grèves de la Ruhr s’étendent à d’autres régions non occupées d’Allemagne.
mercredi 30 mai
Les 500 000 mineurs en grève dans la Ruhr acceptent de reprendre le travail après que le gouvernement ait accepté des augmentations de salaire de 50 %.
jeudi 31 mai
Accusé par les nazis d’avoir dénoncé Schlageter aux autorités françaises, l’enseignant communiste Walter Kadow (63 ans) est battu à mort par Rudolf Höss, sur ordre de Martin Bormann, un enseignant élève de Kadow à l’école primaire (Höss sera condamné à 10 ans de prison - mais n’en fera que quatre - et Bormann à un an de détention).
vendredi 1er juin
Dietrich Eckhart, avachi par l’alcool et la morphine, quitte son poste de rédacteur en chef au journal nazi Völkischer Beobachter. Alfred Rosenberg le remplace.
Le dollar cote 74 500 marks.
dimanche 3 juin
Match amical de football : au stade Schützenmatte de Bâle, la Suisse a été battue par l’Allemagne deux buts à un.
mardi 5 juin
Le gouvernement allemand demande l’organisation d’une nouvelle conférence sur les réparations.
Premier navire construit après-guerre pour les liaisons transatlantiques de la Norddeutschen Lloyd, le paquebot de luxe München entame son voyage inaugural (rebaptisé Steuben en 1931, il sera coulé en février 1945).
mercredi 6 juin
Dans un communiqué commun, la France et la Belgique déclarent que les demandes allemandes ne seront pas prises en compte tant que la résistance passive n’aura pas cessé dans la Ruhr.
dimanche 10 juin
Finale du championnat de football 1922-1923 : au Deutsches Stadion de Berlin, le Hamburger SV a battu l’Union Oberschöneweide trois buts (Harder, Breuel, Schneider) à zéro, devant 64 000 spectateurs.
mardi 12 juin
La jeune comédienne de théâtre Marlène Dietrich débute au cinéma dans Der Mensch am Wege (« Un homme au bord du chemin »), film écrit, réalisé et également interprété par Wilhelm Dieterle.
mercredi 13 juin
Les Français instaurent une barrière douanière entre la Ruhr et le reste de l’Allemagne.
samedi 16 juin
La France occupe la gare de Dortmund. Il ne reste plus qu’une ligne ferroviaire disponible entre la Ruhr et le reste de l’Allemagne.
Une manifestation contre l’hyperinflation a dégénéré en émeute dans le Brandebourg.
dimanche 17 juin
Plusieurs milliers de cyclistes venus de toute l’Allemagne ont assisté à l’inauguration dans les jardins thermaux de Bad Schmiedeberg (à 50 km au nord-est de Leipzig) du Monument fédéral de l’Association des cyclistes allemands. Dédié aux camarades tombés durant la guerre, il a été financé par une collecte de fonds de l’Association des cyclistes allemands.
lundi 18 juin
Finale du championnat d’Allemagne de football : à Berlin, le Hamburger SV bat Union Oberschöneweide trois buts à zéro.
mercredi 20 juin
Devant le Comité exécutif de l’Internationale communiste, Karl Radek lance la « campagne Schlageter » : tactique nationale-bolchevique organisée par Ruth Fischer. Dans certaines sections communistes la croix gammée est associée à la faucille et au marteau.
vendredi 22 juin
Rudolf Havenstein, le président de la Reichsbank, reconnaît que la situation du mark est désespérée. Le dollar cote 136 000 marks (74 500 au début du mois).
samedi 23 juin
Le porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères, Ronald McNeill, a déclaré à Sturry (Kent) que l’occupation de la Ruhr risquait d’entraîner l’effondrement total de l’Allemagne et par voie de conséquence toute possibilité de recouvrer les paiements dus au titre des réparations.
Mise en service du paquebot de luxe München, construit pour la compagnie Norddeutschen Lloyd (rebaptisé General von Steuben 1930, il sera coulé en 1945).
dimanche 24 juin
Pie XI condamne dans une lettre l’occupation de la Ruhr par les Français et les Belges, avertissant que celle-ci pourrait conduire à la « ruine finale de l’Europe ». Le pape demande qu’un système de garanties soit envisagé et que la question des réparations allemandes soit réglée par des juges impartiaux dans un esprit de charité chrétienne.
mercredi 27 juin
Les parlements français et belge accueillent défavorablement la lettre du pape condamnant l’occupation de la Ruhr.
vendredi 29 juin
Dans une réponse à la lettre du pape, le Premier ministre Poincaré rejette au Sénat toutes les accusations d’impérialisme. Il assure que la France n’a pas pour objectif d’annexer la Ruhr et qu’elle rendra ce territoire une fois que l’Allemagne aura payé ses dettes. Il a également qualifié de « criminel » le mouvement de résistance passive.
Match amical de football : au Stade oOlympique de Stockholm, la Suède a battu l’Allemagne deux buts à un.
samedi 30 juin
Un attentat à la bombe a frappé le pont ferroviaire Duisbourg-Hochfeld alors qu’un train le traversait : dix soldats belges et deux Allemands ont été tués.
Fondé en 1920 par le marchand Gustav Iven, le premier musée du monde dédié au papier peint ouvre ses portes à Cassel, dans le Palais rouge (Friedrichsplatz) [aujourd’hui au musée d’Etat de Hesse].
en juin
A L’initiative du Parti communiste, manifestations et grèves ouvrières massives à Berlin et Hambourg, dans la Ruhr, en Haute-Silésie et Saxe.
lundi 2 juillet
Le pape Pie XI adresse une lettre au nonce à Berlin appelant à l’Allemagne à faire tous les efforts pour régler ses obligations et cesser la campagne de résistance passive.
mardi 3 juillet
Quatre Allemands ont été tués à Buer pour avoir violé le couvre-feu imposé après l’attentat à la bombe du 30 juin.
vendredi 6 juillet
Le gouvernement français répète que tant que durera la résistance passive dans la Ruhr, aucune proposition allemande sur les réparations ne sera étudiée.
dimanche 8 juillet
Un litre de lait vaut 4 000 marks.
A l’occasion de l’expédition Junkers-Spitzberg, les Allemands Arthur Neumann et Walter Mittelholzerstrasse réalisent depuis leur base de Grønfjord un vol d’un millier de kilomètres en sept heures avec leur Junkers F 13 Eisvogel. Ils sont les premiers aviateurs à franchir le 80e parallèle.
mardi 10 juillet
Pris dans un cyclone, le paquebot allemand Rugia chavire à Montevideo, en Uruguay. Les 900 passagers sont secourus (le navire sera renfloué le 29 décembre).
mercredi 11 juillet
Le KPD appelle à l’organisation d’une grande journée antifasciste le 29 juillet (la majorité des Etats interdira les diverses manifestations prévues).
Un porte-parole du gouvernement français prévient Londres que Paris n’acceptera pas l’organisation d’une conférence internationale sur la question des réparations allemandes.
jeudi 12 juillet
Intervenant à la Chambre des communes, le Premier ministre Stanley Baldwin déclare qu’il ne faut pas demander à Berlin de payer plus que ses moyens. Il assure que continuer sur cette voie conduira l’Allemagne dans un chaos économique dangereux pour l’avenir de l’Europe. Il propose qu’un organisme impartial soit mis en place pour étudier les capacités allemandes de payer ses réparations.
vendredi 13 juillet
La France refuse de rejoindre les propositions britanniques sur les réparations allemandes tant que la résistance passive ne cessera pas dans la Ruhr.
samedi 14 juillet
Le capitaine Hermann Erhardt s’évade de prison dix jours avant l’ouverture de son procès pour haute trahison dans l’affaire du putsch Kapp.
dimanche 15 juillet
Le Premier ministre français Raymond Poincaré rejette presque toutes les propositions de son homologue britannique dans un discours prononcé devant le Sénat. Il refuse que le traité de Versailles « signé par 28 puissances » ne soit pas considéré comme un « fossile » destiné à un « musée archéologique ». Il assure que la France n’a fait que des concessions depuis la fin de la guerre mais que le temps des concessions est terminé. Pour le chef du gouvernement français, la France n’est pas responsable de la situation actuelle : c’est l’Allemagne qui en organisant la résistance dans la Ruhr s’est placée elle-même dans les difficultés.
lundi 16 juillet
Rome et Londres appelle à l’organisation d’une conférence internationale sur les réparations allemandes, avec ou sans la participation de la France.
mercredi 18 juillet
Le gouvernement italien publie un « calendrier » concernant l’italianisation de Sud-Tyrol. L’immigration autrichienne et allemande sera interdite dans la région, où, à terme, l’italien deviendra la langue officielle.
vendredi 20 juillet
La Grande-Bretagne propose la création d’un comité d’experts pour vérifier les capacités de paiement de l’Allemagne. Le même jour, une étude de l’Institut Carnegie affirme que Berlin est dans l’incapacité de payer les réparations.
mardi 24 juillet
Interdiction des rassemblements publics en Prusse.
mercredi 25 juillet
Dévaluation de la monnaie allemande : le dollar vaut désormais 600 000 marks.
dimanche 29 juillet
La France et la Belgique refusent la proposition britannique de mise sur pied d’un comité d’experts.
Les communistes allemands appellent à un « Dimanche rouge » à travers toute l’Allemagne, mais c’est un échec avec assez peu de participants dans les grandes villes. A Neuruppin, dans le Brandebourg, la police a ouvert le feu sur un groupe qui tentait de pénétrer dans la prison : quatre personnes ont été tuées.
Une grande manifestation pacifiste et antifasciste est organisée à Berlin à l’appel du Parti communiste (KPD), de plusieurs syndicats et de mouvements indépendants. A cette occasion, le célèbre physicien et prix Nobel Albert Einstein fait une déclaration en faveur de la paix.
en juillet
Le gouvernement britannique, par la voix de David Lloyd George, a renouvelé ses injonctions en vue de l’évacuation de la Ruhr par les troupes françaises et belges. Le Premier ministre britannique craint une reprise des hostilités.
Considérables progrès du Parti communiste au détriment du Parti social-démocrate. Le Comité exécutif de l’Internationale communiste décide de préparer l’ « Octobre allemand ».
jeudi 2 août
La Banque nationale porte symboliquement le taux de l’escompte de 18 à 30 %.
mardi 7 août
Le chancelier Cuno organise une réunion des dirigeants des six principaux partis du pays. Il est décidé de réaligner la monnaie allemande sur l’étalon-or.
Le dollar ne vaut pas moins de 3,3 millions de marks !
jeudi 9 août
Des milliers de commerçants de Berlin se mettent en grève et ferment leurs boutiques pour réclamer la démission du chancelier Cuno.
Un million de marks équivaut à 2 francs et 10 centimes.
vendredi 10 août
Le président Ebert décrète l’interdiction des pamphlets appelant à la violence et au renversement du gouvernement. Les contrevenants risquent 3 ans de prison et une amende de plus de 500 millions de marks.
samedi 11 août
Les « grèves Cuno » font tâche d’huile. Partout on réclame le départ du chancelier, auquel le SPD retire désormais son soutien. Les violences et la répression ont fait 35 morts et une centaine de blessés à travers le pays.
A Londres, le ministre britannique des Affaires étrangères déclare : « L’occupation de la Ruhr est contraire au traité de Versailles ».
dimanche 12 août
La multiplication des incidents entraîne la démission du chancelier Cuno. Müller du SPD demande que son parti soit intégré dans le futur gouvernement.
Les émeutes de la faim ont fait 30 morts supplémentaires parmi les manifestants allemands.
Match amical de football : au stade Dresden Kampfbahn de Dresde, l’Allemagne a été battue par la Finlande deux buts à un.
lundi 13 août
Le Dr. Gustav Stresemann, DVP, devient chancelier et ministre des Affaires étrangères. Il forme un cabinet de grande coalition républicaine avec le SPD. Hans Luther passe du ministère du Ravitaillement et de l’Agriculture à celui des Finances. Anton Höfle (Z) remplace Karl Stingl (BVP) comme ministre des Postes.
L’Allemagne tombe dans l’hyper-inflation : le dollar vaut 3,7 millions de marks. Les étiquettes de prix et les valeurs inscrits sur les billets doivent désormais être remplacées plusieurs fois par jour.
mardi 14 août
Le gouvernement Stresemann fixe des salaires à valeur constante, atténue l’inflation et la résistance passive.
La direction du SPD met un terme au rapprochement avec le KPD.
mercredi 15 août
A la demande de l’Assemblée législative de Thuringe, le Bauhaus organise une exposition portant sur les travaux effectués durant les quatre premières années de son existence. « Art et technique : une nouvelle unité » en est le thème et le titre de la conférence programme de Walter Gropius.
jeudi 16 août
70 000 travailleurs se sont mis en grève dans la région de Braunschweig, en Basse-Saxe, menaçant de s’en prendre au gouvernement si leurs exigences ne sont satisfaites.
La valeur du mark-or grimpe jusqu’à un million de marks-papier.
vendredi 17 août
Le nouveau président américain, John Calvin Coolidge, propose que les Etats-Unis participent à la recherche d’une solution au problème des réparations.
dimanche 19 août
L’ingénieur allemand Charles Proteus Steinmetz prédit que dans cent ans l’électricité fera presque tout le travail et que les gens n’auront plus qu’à travailler 4 heures au maximum par jour. Il estime également qu’en 2023, les villes ne connaîtront plus la pollution et que la question des ordures aura été réglée.
lundi 20 août
Une nouvelle vague de grève paralyse les mines et les industries métallurgiques dans la Ruhr et en Rhénanie.
Un trajet en tramway à Berlin coûte désormais 100 000 marks, soit dix fois plus que deux semaines plus tôt.
mardi 21 août
Le gouvernement français avertit le Royaume-Uni qu’il refuse de faire des concessions sur l’occupation de la Ruhr.
jeudi 23 août
Dans un discours prononcé devant le Reichstag, le ministre des Finances Rudolf Hilferding annonce que pour sauver le pays il faut introduire de nouvelles fortes taxes.
vendredi 24 août
Le chancelier allemand Stresemann propose à la France une participation dans l’industrie allemande en échange de la fin de l’occupation de la Ruhr.
samedi 25 août
Le gouvernement a décidé de placer les salaires de tous les travailleurs sur un taux basé sur l’or. Le président Ebert impose l’interdiction de la propriété privée de l’or.
dimanche 26 août
Rappelant que la France avait honoré ses obligations après la défaite de 1870, le Premier ministre français, Raymond Poincaré, a rejeté la récente proposition du chancelier Stresemann. « Ce que nous avons fait il y a 53 ans, nos anciens ennemis peuvent au moins essayer d’en faire autant aujourd’hui », a-t-il déclaré.
mardi 28 août
Le gouvernement allemand propose de mettre fin à la résistance passive dans la Ruhr en échange de la libération par les occupants des prisonniers et de l’assurance de « la sécurité et du ravitaillement » des habitants de la région.
jeudi 30 août
Le cargo allemand Klüpfel a coulé en mer du Nord, entraînant avec lui la quasi-totalité de son équipage. Il n’y a qu’un seul survivant, secouru par un bateau de pêche néerlandais.
vendredi 31 août
Par convention internationale, la Belgique doit administrer l’ancienne colonie allemande du Ruanda-Urundi [Rwanda et Burundi], dont la capitale est Usumbura.
en août
Heinrich Himmler quitte le Parti populaire bavarois, catholique, auquel il avait adhéré en 1919.
samedi 1er septembre
Rassemblement du Jour allemand dominée par le NSDAP : à Nuremberg, Hitler fête, avec plus de 100 000 nationalistes, la victoire des Prussiens sur les Français à Sedan en 1870. Le chef du parti nazi dénonce le gouvernement de Berlin.
L’Association allemande de gymnastique annonce la « séparation nette » (reinliche scheidung) entre la gymnastique et le sport, notamment le football. La double affiliation n’est désormais plus possible pour les différentes associations sportives.
dimanche 2 septembre
Le chancelier Stresemann propose à la France de mettre fin à la résistance passive dans la Ruhr. Dans un discours prononcé à Stuttgart, il assure que chaque travailleur allemand aspire à retourner au travail et que c’est grâce à ce travail qu’une solution au conflit actuel sera trouvée. Il ajoute que l’Allemagne est prête à faire d’importants sacrifices matériels mais pas à abandonner la liberté du sol allemand.
« Jour de l’Allemagne » : 100 000 nationalistes, dont le général Ludendorff et le dirigeant nazi Hitler, se sont rassemblés à Nuremberg pour commémorer le 53e anniversaire de la victoire sur la France lors de la bataille de Sedan. .
mardi 4 septembre
Le mark s’effondre encore : 1 dollar = 13 millions de marks.
mercredi 5 septembre
La politique de résistance passive faiblit dans la Ruhr : presque toutes les mines de charbon de la région ont repris leurs activités.
jeudi 6 septembre
Le nouveau chancelier cherche à se dégager de la résistance passive qui s'étiole.
samedi 8 septembre
Une manifestation de mères de famille est organisée à Berlin contre l’hyperinflation. Elles présentent des paniers vides afin de montrer qu’il ne leur est plus possible d’acheter de la nourriture.
mardi 11 septembre
La police militaire a ouvert le feu sur une émeute de chômeurs devant l’hôtel de ville de Dresde : six morts.
Le dernier film qu’Ernst Lubitsch a réalisé en Allemagne, Die Flamme (« Montmartre »), avec Pola Negri, est présenté à Berlin en l’absence du cinéaste. Ce dernier poursuit actuellement sa carrière à Hollywood.
samedi 15 septembre
Des émeutes de la faim ont éclaté à Sorau, en Silésie [aujourd’hui Żary, en Pologne] : les violences ont fait 12 morts et de nombreux blessés.
Le taux d’escompte de la Banque d'Allemagne est augmenté de 90 %.
dimanche 16 septembre
Inauguration du grande stade de football de Cologne, le Müngersdorfer (ou Kölner) Stadion (toujours en activité sous le nom de RheinEnergieStadion). Sa construction a coûté 47,4 millions de Deutsche Mark.
du lundi 17 au mardi 18 septembre
Soulèvement de Haute-Bade : de violents affrontements ont opposé des centaines de travailleurs communistes (en conflit avec leurs patrons) à la police à Lörrach, à 5 km des frontières suisses et françaises.
mercredi 19 septembre
Création à Leipzig de la pièce Hinkemann, d’Ernst Toller. La première a été interrompue par des nationalistes qui ont menacé de mort les acteurs.
dimanche 23 septembre
Dans la banlieue sud de Berlin, le vieux club de football Neuköllner FC Fortuna 1895 fusionne avec le Rixdorfer FC Fortuna 1907 pour former le FC Neukölln.
lundi 24 septembre
A Munich, Hitler prend la direction de la ligue regroupant les formations d’extrême droite (Kampfbund) grâce à la Sturmabteilung.
La première séance de cinéma « parlant » a lieu à l’Alhambra de Berlin avec la projection de Das Leben auf dem Dorfe. Il faudra attendre 1929 avant que l’expérience se révèle concluante.
mardi 25 septembre
Stresemann annonce officiellement la fin du « Ruhrkampf » (résistance passive), au bilan financier désastreux. De plus, le chancelier a déclaré que le mark était « mort ». Hitler dénonce Stresemann. Röhm démissionne de l’armée et s’engage au côté des nazis.
nuit du mardi 25 au mercredi 26 septembre
Le ministre-président de Bavière, von Knilling, décrète l'état d'exception sans consulter le Reich. Les droits fondamentaux sont suspendus. Il nomme von Kahr commissaire général avec les pleins pouvoirs afin qu'il puisse fonder une forteresse antirépublicaine destinée à l'emporter aussi dans le reste du pays.
mercredi 26 septembre
S’appuyant sur l’article 48, le chancelier suspend sept articles de la Constitution de Weimar et décrète l'état d'exception sur l’ensemble du territoire allemand: la Reichswehr de Gessler détient le pouvoir réel dans le pays.
jeudi 27 septembre
Le président Ebert fait démettre les gouvernements socialo-communistes de Saxe et Thuringe par l'armée. Agitation d'extrême-gauche dans tout le pays ; proclamation de l'état d'urgence : la grève générale éclate dans la Ruhr. Le commandant de la Wehrkreis III, le général Müller, s’arroge tous les pouvoirs en Saxe.
samedi 29 septembre
L'organe extrémiste bavarois Völkischer Beobachter insulte Stresemann. Gessler demande à von Lossow, le chef de la Reichswehr en Bavière de l'interdire. Préférant l'illégalité, ce dernier refuse.
Hugo Stinnes, le principal représentant de l’industrie lourde allemande, demande la suppression de la journée de 8 heures et l’interdiction des grèves dans les entreprises « d’importance vitale ».
dimanche 30 septembre
Tentative de putsch : le major Ernst von Buchrucker, chef de la Reichswehr noire, s’empare de trois forts situés autour de la ville garnison de Küstrin, sur la rive droite de l’Oder, à l’est de Berlin [aujourd’hui Kostrzyn nad Odrą, en Pologne]. L’objectif est de renverser le gouvernement Stresemann et de remplacer le régime démocratique par une dictature.
Des émeutes meurtrières se sont produites à Düsseldorf lorsqu’une importante foule s’est précipitée dans la rue pour écouter un discours du leader séparatiste Josef Friedrich Matthes. Les combats ont fait 16 morts.
en septembre
Pour un dollar, il faut désormais 99 millions de Marks (18 000 en janvier). 133 imprimeries fabriquent des billets.
lundi 1er octobre
Von Seeckt écrase à Küstrin la tentative de putsch de la Reichswehr noire, formée de contingents de volontaires pour une courte période. Von Seeckt n'a pas hésité à intervenir en Saxe et en Thuringe, à la demande du pouvoir central.
L’allemand est interdit dans les écoles du Tyrol du Sud, territoire italien.
mardi 2 octobre
Après deux jours de résistance, le major Buchrucker et ses hommes se rendent. Ils sont emprisonnés.
mercredi 3 octobre
Devant le refus du SPD de voter les pouvoirs spéciaux à Stresemann, ce dernier démissionne de son poste de chancelier. Mais, faute d'alternative, le président Ebert demande à Stresemann de former un autre gouvernement.
samedi 6 octobre
Le chancelier Stresemann présente son deuxième gouvernement. Sous la pression de la bourgeoisie, le conservateur Hans Luther remplace le socialiste Rudolf Hilferding comme ministre des Finances. Par ailleurs, l’officier indépendant Joseph Koeth succède à Hans von Raumer (DVP) en tant que ministre de l’Economie.
lundi 8 octobre
Ouverture officielle de l’aéroport de Tempelhof, à Berlin. Ce sont Aero Lloyd et Junkers Luftverkehr qui en ont assuré l’équipement.
mardi 9 octobre
Gustav von Kahr instaure en Bavière la peine de mort pour ceux qui tentent de s’enrichir en spéculant sur le manque de nourriture.
mercredi 10 octobre
Sous couvert de lutter contre le danger fasciste venu de Bavière, le social-démocrate Zeigner accepte l'entrée de trois ministres communistes dans le gouvernement de Saxe. Il refuse de se soumettre au général Müller.
jeudi 11 octobre
Une livre anglaise vaut 10 000 millions de marks, tandis qu’il faut 4 000 millions de marks pour un dollar…
vendredi 12 octobre
Le Premier ministre de Thuringe August Frölich autorise trois membres du Parti communiste (KPD) à entrer dans son gouvernement.
De nouvelles émeutes de la faim éclatent dans la région de Düsseldorf.
samedi 13 octobre
Le Reichstag adopte une loi accordant les pleins pouvoirs au chancelier Stresemann : le gouvernement est autorisé à prendre toutes les mesures qu’il juge nécessaires et urgentes dans les domaines financiers, économiques et sociaux.
Sortie du film Le Marchand de Venise (Der Kaufmann von Venedig), drame de Peter Paul Felner, d’après la pièce de Shakespeare, avec Werner Jrauss, Henny Porten et Harry Liedtke.
mardi 16 octobre
En Bavière, Gustav von Kahr publie un nouveau décret interdisant les organisations et publications communistes.
Se fondant sur la loi votée trois jours plus tôt, le gouvernement a décidé l'instauration de la Rentenbank. Cette banque émettra en novembre une monnaie provisoire, le rentenmark, qui sera utilisée en attendant la stabilisation du mark. Cette solution correspond surtout à un compromis entre les propositions du socialiste Hilferding et celles présentées par Helfferich (DNVP). Le rentenmark n’étant pas gagé sur l’or, ce sont des hypothèques sur les propriétés foncières, les entreprises de commerce et d’industrie et les banques qui sont censées garantir cette monnaie jusqu’à hauteur de 3,2 milliards. La Rentenbank n’est pas autorisée à émettre plus de 2,4 milliards de rentenmarks sous forme de billets.
Une miche de pain de 3 livres coûte désormais 480 millions de marks…
mercredi 17 octobre
Le commandant de la Reichswehr Alfred Müller envoie des troupes en Saxe et en Thuringe. La police saxonne est placée sous contrôle de l’armée. Par ailleurs, Müller adresse un ultimatum à Erich Zeigner : le Premier ministre de Saxe a ordre de désavouer son ministre de l’Economie, Paul Böttcher, qui avait déclaré souhaiter que soit armée l’organisation paramilitaire communiste les Centuries prolétariennes.
jeudi 18 octobre
Le Parlement saxon rejette l’ultimatum d’Alfred Müller.
vendredi 19 octobre
Le chancelier Stresemann avertit ses ministres que la Reichswehr a reçu l’ordre d’envahir la Saxe et la Thuringe afin d’ « intimider les éléments extrémistes et restaurer l’ordre public et la sécurité.
Le gouvernement bavarois refuse d’interdire le journal nazi Völkischer Beobachter.
samedi 20 octobre
Rudolf Kahr convainc le général von Lossow de ne pas obéir à Berlin, qui a ordonné la fermeture du Völkischer Beobachter et l’arrestation de trois de ses responsables. Von Lossow est limogé mais Kahr annonce que le général restera commandant de la Bavière.
dimanche 21 octobre
Les troupes de la Reichswehr, équipées d’armes lourdes, entrent en Saxe.
Conférence des Conseils d’entreprise à Chemnitz : le dirigeant communiste Heinrich Brandler lance un appel à la grève générale, comme prologue au déclenchement d’une révolution à travers tout le pays (l’ « Octobre allemand »). Les sociaux-démocrates de gauche refusant de s’associer à cette action, la direction du KPD décide de tout annuler. Mais les militants de Hambourg ne sont pas prévenus…
La République indépendante de Rhénanie est proclamée à Aix-la-Chapelle par Léo Deckers, pour la zone d'occupation belge, avec le soutien des occupants.
Le dollar est coté à 12 milliards de marks.
Le premier planétarium (modèle Zeiss) ouvre au Deutsche Museum de Munich.
lundi 22 octobre
D'autres républiques rhénanes sont proclamées en zone française : Dorten (catholique libéral) à Bad Ems.
Echec de l’insurrection communiste à Hambourg.
Le dollar vaut 40 milliards de marks.
nuit du lundi 22 au mardi 23 octobre
Les communistes de Hambourg, menés par Ernst Thälmann, reçoivent par erreur l’ordre de se préparer au soulèvement.
mardi 23 octobre
Les communistes hambourgeois n’ayant pas été prévenus de l’annulation du soulèvement général allemand, ils procèdent à l’insurrection de leur ville. A cinq heures du matin, des émeutiers attaquent plusieurs commissariats de police afin de récupérer des armes qui font cruellement défaut. 250 fusils sont récupérés. Le mouvement se répand rapidement à Altona et à l’arrondissement de Storman, puis à Bad Oldesloe, Ahrensburg et Rahlstedt. Des barricades sont dressées sur les routes et les voies ferrées.
Le Dr. Dorten proclame la République à Mayence, avec l'appui implicite de Tirard, président de la Commission interalliée.
Stresemann réclame au Repko un examen de la capacité de l'Allemagne à assumer les réparations et propose simultanément un plan détaillé du mode de versement qui serait fondé sur les prêts internationaux garantis par des revenus du Reich.
Création à Brême de la compagnie de construction aéronautique Bremer Flugzeugbau AG par Heinrich Focke, Georg Wulf et Werner Neumann (elle est presque aussitôt rebaptisée Focke-Wulf Flugzeugbau AG).
Première à Berlin du film L’Expulsion (Die Austreibung - die Macht der zweiten Frau), drame réalisé par Friedrich Wilhelm Murnau d’après une pièce de Carl Hauptmann, avec Carl Goetz, Ilka Grüning, Eugen Klöpfer, William Dieterle et Aud Egede Nissen.
mercredi 24 octobre
Au deuxième jour du soulèvement, Ernst Thälmann est informé que la révolution nationale n’a pas eu lieu et que les communistes hambourgeois sont les seuls à se battre. Les insurgés reçoivent l’ordre de se retirer en fin de journée.
nuit du mercredi 24 au jeudi 25 octobre
Isolé et n’ayant obtenu aucun soutien, le soulèvement communiste de Hambourg est réprimé : les forces de l’ordre procèdent à l’arrestation de 1 400 personnes, mais le dirigeant Ernst Thälmann parvient à se cacher. Des centaines d’insurgés fuient la ville. 102 personnes (17 policiers, 24 insurgés et 61 civils) ont été tuées lors du soulèvement et plus de 300 autres blessées.
jeudi 25 octobre
Poincaré accepte qu’une commission d’experts chargé d’examiner la question des réparations allemandes soit établie.
Matthes proclame une République à Coblence.
Projet des organisations d'extrême-droite bavaroises de marcher sur Berlin pour instaurer une dictature militaire.
samedi 27 octobre
Le chancelier Stresemann adresse un ultimatum au Premier ministre saxon : Erich Zeigner doit limoger les communistes présents dans son gouvernement. Le général Hans von Seeckt ordonne à la Reichswehr de se préparer à mettre fin au gouvernement social-démocrate et communiste de Saxe.
23 manifestants ont été tués à Fribourg-en-Brisgau.
Création au Hoftheater de Charlottenburg (Berlin) de Holopherne, opéra en trois actes d’Emil Nikolaus Reznicek, sur un livret du compositeur, d’après une pièce de C.F. Hebbel.
dimanche 28 octobre
Erich Zeigner rejette l’ultimatum du gouvernement fédéral.
lundi 29 octobre
Invoquant l’article 48, le président Ebert autorise le chancelier Stresemann à démettre le gouvernement socialo-communiste de Saxe. La Reichswehr se mobilise aussitôt : les troupes occupent les ministères de Dresde.
La livre de beurre passe à vingt-six milliards de marks ! Soulèvement populaire contre la disette.
Début officiel des émissions régulières de TSF (radio) en Allemagne : première transmission dans la soirée depuis la station Vox-Haus, installée à Berlin, sur la Potsdamer Platz.
Sortie du film L’Ancienne loi (Das alte Gesetz), drame de E.A. Dupont, avec Henny Porten, Ruth Weyher et Hermann Vallentin.
mardi 30 octobre
Le Premier ministre saxon Erich Zeigner démissionne.
Stresemann décide de légiférer par ordonnance dans les conflits sociaux.
mercredi 31 octobre
Le Landtag de Saxe installe un nouveau gouvernement composé exclusivement de sociaux-démocrates.
jeudi 1er novembre
Emprisonné depuis plusieurs mois, l’industriel allemand Gustav Krupp signe un accord avec les occupants français permettant la reprise des activités dans les mines de la Ruhr.
Il faut désormais 8 milliards de marks pour un dollar.
La société américaine Goodyear achète les droits pour construire des Zeppelin Luftschiffbau aux Etats-Unis.
vendredi 2 novembre
Choqué par les événements de Saxe et déçu par l'absence d'intervention contre le régime dictatorial de Bavière, le SPD met fin à son accord de coalition gouvernemental : les ministres socialistes quitte le gouvernement du Reich.
Des combats de rue sanglants se déroulent à Aix-la-Chapelle : les séparatistes pro-français sont chassés.
Matthes liquide la République rhénane d’Aix-la-Chapelle.
La Reichsbank émet un billet de 100 billions de marks !
samedi 3 novembre
Le général Hans von Seeckt réclame les pouvoirs dictatoriaux, ce que le président Ebert lui refuse.
dimanche 4 novembre
Divers groupes nationalistes (dont le parti nazi et des mouvements monarchistes) défilent dans les rues de Munich à l’occasion d’une cérémonie dédiée à la mémoire des soldats tombés durant la guerre. Des personnalités comme le prince couronné Rupprecht, le Premier ministre bavarois Eugen von Knilling et le général von Lossow ont assisté à la pose de la première pierre d’un monument (Hitler avait initialement prévu d’organiser un putsch à cette occasion mais il a abandonné son projet au dernier moment en raison de la forte présence policière).
Premier match de football opposant les équipes d’Allemagne et de Norvège : les Allemands se sont imposés un but à zéro au stade Hoheluft de Hambourg.
lundi 5 novembre
Une manifestation contre la misère a dégénéré en émeute antisémite à Berlin : des chômeurs et des travailleurs pauvres ont envahi la rue Grenadierstrasse et attaqué des juifs accusés d’être responsables des prix élevés de la nourriture.
Le Palatinat devient une République séparée de la Bavière. Par ailleurs, le paysan Heinz Orbis s'empare de Spire.
mardi 6 novembre
Les émeutes et pillages de magasins se poursuivent à Berlin.
La livre de pain vaut désormais deux cents milliards de marks, la livre de beurre deux cents dix milliards.
jeudi 8 novembre
En Bavière, von Kahr n'ayant plus de prétexte pour contester le pouvoir berlinois (les communistes de Saxe et de Thuringe ont été éliminés), il organise une réunion publique au Burgenbräukeller, mais sans inviter Adolf Hitler (chef du NSDAP). Pour contrer l'initiative de von Kahr, Hitler et ses bandes perturbent la réunion et proclame la « révolution nationale » (putsch de la Brasserie). Croyant la salle cernée et la ville aux mains des hitlériens, von Kahr accepte les conditions de ceux-ci : la constitution d'un gouvernement du Reich sous la direction de Hitler, tandis que Lossow serait ministre d'une Reichswehr commandée par Ludendorff. Mais les sections du NSDAP ne réussissent pas à occuper les bâtiments officiels. Avec quatre cents autres militants, Heinrich Himmler entre toutefois dans le ministère de la Guerre. De son côté, Rudolf Hess est chargé de surveiller les otages du gouvernement d’Etat de Bavière, les ministres Schweyer et Wutzelhofer.
vendredi 9 novembre
N’ayant cédé que du bout des lèvres, von Kahr organise la résistance à l'aube : à 7 h 45, il publie un communiqué dans lequel il assure que ses décision de la veille, obtenues sous la contrainte, sont « nulles et non avenues ». A 11 h, Hitler tente de rallier la population à sa cause en marchant avec 2 000 hommes sur les bâtiments officiels. Une fusillade éclate au niveau de la Feldherrnalle : 16 putschistes sont tués (dont Scheubner-Richter, qui tenait Hitler par le bras ; Hitler a l’épaule démise ; Göring est blessé) ainsi que quatre officiers d’Etat : échec du putsch de la Brasserie. Le général Ludendorff, rangé du côté des nazis, s’est interposé pour éviter un véritable massacre. Les policiers l’ont arrêté mais Hitler et Göring sont parvenus à s’enfuir. Le NSDAP est interdit sur tout le territoire du Reich par von Seeckt.
L’ancien empereur Guillaume II est furieux après son fils aîné, le Kronprinz. Le prince Guillaume de Prusse a en effet mis fin à son exil néerlandais en rentrant ce jour en Allemagne, avec l’accord du gouvernement (et en échange d’une promesse de ne pas faire de politique) mais sans en avoir averti son père. Les autorités néerlandaises lui ont fait savoir qu’il ne sera pas autorisé à retourner aux Pays-Bas avec le statut de réfugié.
samedi 10 novembre
Le général Ludendorff est libéré contre la promesse de plus participer à des activités révolutionnaires. Des rumeurs concernant son suicide se répandent rapidement.
Le prince Guillaume de Prusse rend visite à Hanovre au maréchal Hindenburg.
dimanche 11 novembre
Adolf Hitler est capturé par la police bavaroise à Uffing (à 60 kilomètres au sud-ouest de Munich), dans la maison de son ami Ernst Hanfstaengl, et incarcéré.
Le chancelier Stresemann déclare que le retour en Allemagne du prince Guillaume de Prusse est une affaire de politique interne et ne peut être refusé.
lundi 12 novembre
A Spire, Heinz Orbis proclame la République palatine avec le soutien de la France.
mardi 13 novembre
La France accepte que la Repko examine la capacité de l'Allemagne à assumer les réparations, et deux comités doivent voir le jour, l'un sous la présidence de l'Américain Dawes. L'ère des menaces est terminée : la négociation reprend ses droits.
mercredi 14 novembre
Le général von Seeckt ordonne que tous les cafés, cabarets et autres salles de spectacles de Berlin accueillent à partir du 15 novembre les pauvres et tous ceux qui souffrent du froid afin qu’ils puissent se réchauffer.
L’ancien prince héritier de Hanovre, Ernest Auguste, est décédé à Gmunden, en Autriche. Le fils du dernier roi de Hanovre, George V, était âgé de 78 ans. Le Hanovre avait été annexé par la Prusse en 1866.
jeudi 15 novembre
Les autorités françaises libèrent l’industriel Gustave Krupp.
Nombreux affrontements entre communistes et nazis.
L’hyperinflation atteint des niveaux exceptionnels : il faut désormais 4 200 milliards de marks pour un dollar ! Une nouvelle monnaie, encore provisoire, le Rentenmark est émise par une banque spéciale, la Rentenbank, et couverte par une hypothèque sur l’industrie, le commerce et la propriété foncière.
vendredi 16 novembre
Une nouvelle monnaie, encore provisoire, le rentenmark est émise, pour succéder au mark qui avait attend le fond avec un rapport de 4 200 milliards pour un dollar. Un billion de marks anciens correspond à un rentenmark. Elle sera émise par une banque spéciale, la Rentenbank, et couverte par une hypothèque sur l’industrie, le commerce et la propriété foncière.
Déclaration du président du Conseil français, Raymond Poincaré : « L’occupation de la Ruhr a coûté 691 millions de francs à la France et lui en a rapporté 520 millions ».
Dans un discours prononcé devant le Sénat, à Rome, Mussolini déclare que « le gouvernement italien ne peut approuver aucune autre occupation du territoire allemand. Il faut avoir le courage de dire que le peuple allemand ne peut être détruit ».
samedi 17 novembre
24 personnes auraient été tuées dans des émeutes de la faim dans la Ruhr.
Fin de l’inflation : la Banque nationale déclare que les succursales n’accepteront plus de dépôt à partir du 22 du mois.
Le cargo allemand Kronos a coulé en mer Baltique, au large du port estonien de Saaremaa. Les quatorze membres d’équipage ont perdu la vie.
mardi 20 novembre
Le taux de change de la nouvelle monnaie allemande est fixé à un billion de marks anciens pour un rentenmark.
jeudi 22 novembre
Le président américain Calvin Coolidge gracie l’Allemand Lothar Witzke, condamné à mort pour espionnage durant la Seconde Guerre mondiale.
vendredi 23 novembre
Ayant perdu un vote de confiance au Parlement, le chancelier Stresemann est renversé par une conjonction d'opposants de droite à la levée de la résistance passive et de sociaux-démocrates, qui lui reprochent son indulgence envers les autorités bavaroises. Comme le président Ebert refuse de dissoudre l'Assemblée, Stresemann n'insiste pas et se retire.
Le général Von Seeckt interdit les partis communistes (KPD) et nazis (NSDAP).
samedi 24 novembre
La Société chimique des usines du Rhône [futur Rhône-Poulenc] signe avec Bayer un accord sur l’exploitation de produits vétérinaires : la SCUR en obtient le monopole en France, mais doit verser 70 % des bénéfices à la compagnie allemande.
dimanche 25 novembre
Le président Ebert demande à Heinrich Albert de former le nouveau gouvernement.
mardi 27 novembre
Albert ayant échoué à former le nouveau gouvernement, le président Ebert propose à l’ancien ministre-président de Prusse Adam Stegerwald (Zentrum) de devenir chancelier.
mercredi 28 novembre
Stegerwald renonce à son tour à former le cabinet.
jeudi 29 novembre
Le président Ebert demande à autre membre du Zentrum, Wilhelm Marx, de former le gouvernement.
La Commission des réparations nomme deux comités d’experts chargés d’enquêter sur la situation de l’Allemagne, afin de garantir à la fois l’équilibre économique allemand et l’intérêt de ses créanciers.
Première à Berlin du film historique Le Petit Napoléon (Der kleine Napoleon), réalisé par Georg Jacoby, avec Egon von Hagen, Paul Heidemann, Harry Liedtkie, Jakob Tiedtke, Wilhelm Bendow et dans son premier rôle la jeune Marlene Dietrich (21 ans). Le même jour sort en salles le film La Rue (Die Straße), drame de Karl Grune, avec Eugen Klöpfer, Aud Egede Nissen et Anton Edthofer. Cette œuvre va donner naissance à un nouveau genre, le « film de rue » (Straßenfilm).
vendredi 30 novembre
Le Dr. Wilhelm Marx, du Zentrum, succède à Stresemann comme chancelier à la tête d'un cabinet minoritaire des centres (DDP, Z, DVP). Stresemann s’octroie le portefeuille des Affaires étrangères.
en novembre
Effondrement du mark, réduit à un millième de milliardième de sa valeur de 1914 : la valeur de la dette de guerre allemande n’équivaut plus qu’à… 15 pfennigs.
jeudi 6 décembre
Traité germano-américain d’amitié et de relations commerciales (entrée en vigueur le 14 octobre 1925).
samedi 8 décembre
Le Reichstag accorde pour la deuxième fois les pleins pouvoirs au gouvernement allemand. Le cabinet Marx peut ainsi prendre des mesures d’urgence en matière économique et sociale : les salaires et les prix sont gelés.
Création à Leipzig, à l’Altes Theater, de la première pièce écrite par Bertolt Brecht (en 1918), Baal, dans une mise en scène d’Alwin Kronacher.
mercredi 12 décembre
Le ministre des Finances Hans Luther annonce que les réserves d’or de l’Allemagne ainsi que son crédit intérieur sont épuisés. Le pays a besoin d’un prêt étranger pour pouvoir continuer à fonctionner correctement.
vendredi 14 décembre
Fixation du temps de travail à 54 heures pour les fonctionnaires et 59 heures pour les ouvriers des usines sidérurgiques.
lundi 17 décembre
Les fonctionnaires ne recevront désormais que la moitié de leurs appointements.
jeudi 20 décembre
La firme Krupp licencie les travailleurs refusant la journée de travail de dix heures.
vendredi 21 décembre
Ordonnance sur la durée du travail : le décret réaffirme la légalité des 8 heures par jour et 48 heures par semaine, mais il sera possible, en cas de contrats collectifs ou par décision administrative, de travailler 10 heures par jour sans augmentation de salaire.
Le banquier américain Charles G. Dawes est nommé chef de la commission chargée d’enquêter sur les capacités de l’Allemagne à payer ses réparations de guerre.
samedi 22 décembre
Le Dr Hjalmar Schacht devient président de la Reichsbank. Il a été préféré à l’ancien secrétaire d’Etat Helfferich.
lundi 24 décembre
Dans son message de Noël, le chancelier Marx déclare que le gouvernement allemand est disposé à remplir ses obligations concernant les réparations, « dans la limite de nos capacités », tout en laissant un appel pour annuler les sanctions « injustes ». En donnant à l’Allemagne « une chance de travailler et de vivre », le pays pourra faire des économies et ainsi payer les réparations qu’il doit.
mardi 25 décembre
Première Berlin du film religieux et épique I.N.R.I., adaptation du roman de Peter Rosegger réalisée par Robert Wiene, avec Gregori Chmara, Henny Porten et Asta Nielsen. L’histoire raconte les événements ayant mené Jésus à la crucifixion.
mercredi 26 décembre
A Londres, la Commission des réparations met en place en un comité d’experts dirigé par les Américains Charles Dawes et Owen Young afin de trouver une solution à l’incapacité du gouvernement allemand à faire face à l’énorme somme due aux vainqueurs de la Première Guerre mondiale.
Le journaliste et théoricien nationaliste et raciste Dietrich Eckart a succombé à une crise cardiaque à Berchtesgaden, à l’âge de 55 ans. Arrêté dans le putsch de la Brasserie, il avait été libéré pour raisons de santé. En 1919, Eckart avait été l’un des fondateurs du Parti ouvrier allemand (devenu par la suite le Parti national-socialiste).
La station suisse de Davos accueille la première édition de la coupe Spengler : cette compétition de hockey sur glace sera remportée par l’université britannique d’Oxford victorieuse des Allemands du SC Berlin.
jeudi 27 décembre
La Croix-Rouge internationale organise depuis la Suisse une collecte de dons pour l’Allemagne.
samedi 29 décembre
Paris et Londres s’opposent violemment au sujet de la collecte des taxes d’une mine de la Ruhr possédée par des ressortissants britanniques.
en décembre
Alliés et Allemands se mettent d’accord pour renflouer le mark.
Un brevet de la firme allemande Bayer est enregistré par les services gouvernementaux britanniques en tant que « remède pour le traitement des maladies tropicales », sous le titre Bayer 205. En Angleterre, on conclut après un certain nombre d’expériences que ce produit est le meilleur remède contre la trypanosomiase, plus connue sous le nom de maladie du sommeil.
Dans une série d’articles publiés en Angleterre, en Amérique, au Portugal et en Scandinavie, l’ancien Premier ministre britannique Lloyd George déclenche une polémique en accusant la France d’impérialisme. Il motive son accusation sur le complaisant accueil que l’idée de l’annexion de la rive gauche du Rhin reçoit de l’opinion publique française.
lundi 1er janvier
Premier match de football opposant les équipes d’Italie et d’Allemagne : les Italiens se sont imposés trois buts à un au Campo di Viale Lombardia de Milan.
mardi 2 janvier
Ouverture à Paris d’une conférence interalliée avec les Premier ministres britanniques, français et italiens. 19 ans après la conclusion de l’ « Entente cordiale », la France et le Royaume-Uni sont au bord de la « rupture cordiale » : les deux pays alliés sont incapables de parvenir à un accord sur la question des réparations allemandes. Londres a présenté un plan des paiements plus faciles pour Berlin dans les premières années pour que l’Allemagne puisse se remettre sur pied. Avertissant que la France passera outre les objections britanniques, Poincaré annonce qu’il fera occuper la Ruhr afin de contrôler les activités des usines et des mines de la région.
Nouvelle chute du mark : le dollar s’échange désormais à 7 260 marks.
jeudi 4 janvier
Clôture de la conférence franco-britannique de Paris. Les Alliés ne parviennent pas à s’accorder sur les réparations allemandes : « rupture cordiale » entre la France et le Royaume-Uni.
vendredi 5 janvier
Alors que des rumeurs circulent sur les préparatifs d’occupation militaire de la Ruhr par la France, des avions français sont signalés dans le ciel allemand.
samedi 6 janvier
Le gouvernement belge annonce son intention de s’associer à la France dans l’occupation de la Ruhr, du fait du retard des livraisons allemandes.
Par 57 voix contre 6, le Sénat des Etats-Unis a voté le retrait de toutes les troupes d’occupation américaines encore présentes en Allemagne, plutôt que de participer davantage à l’occupation de la Rhénanie.
dimanche 7 janvier
Conférence européenne des partis communistes à Essen pour protester contre l’impérialisme français.
mardi 9 janvier
A Londres, la Commission des réparations constate le retard des livraisons de charbon allemand.
« Révolte de Memel » : début des opérations lituaniennes (1 400 hommes) pour annexer la région et la ville libre de Memel [aujourd'hui Klaipeda], ancien territoire prussien placé sous mandat français depuis la fin de la guerre. La cité est défendue par 250 soldats français, commandés par Gabriel Pestiné, 350 policiers allemands et 300 civils volontaires.
mercredi 10 janvier
Un renforcement des troupes françaises est signalé près d’Essen.
Le président Harding signe le décret mettant fin à l’occupation américaine en Allemagne : les 1 200 soldats restants dans le pays vont être évacués.
du mercredi 10 au jeudi 11 janvier
Les Lituaniens attaquent et occupent la ville libre de Memel. Deux soldats français, un policier allemand et douze Lituaniens ont été tués. La France proteste officiellement auprès du gouvernement lituanien.
jeudi 11 janvier
A la suite d’un nouveau retard de livraison de bois et de charbon, trois divisions franco-belges (60 000 hommes) occupent la Ruhr, à l’instigation de Poincaré, le chef du gouvernement français, et ce en dépit des protestations britanniques. Il s’agit d’appuyer militairement l’action d’une commission d’ingénieurs venue assurer les livraisons dues par les patrons des mines de charbon.
vendredi 12 janvier
La presse britannique critique très durement la décision française d’occuper la Ruhr. Pour The Outlook, Raymond Poincaré est « le plus grand des idiots ou la plus grande canaille ». Tandis que The Spectator dénonce une « folie », The Economist prévient que cette décision risque de mener à nouveau l’Europe au bord de la guerre.
samedi 13 janvier
Dans un discours prononcé au Reichstag, le chancelier Cuno déclare que l’occupation de la Ruhr est une violation du traité de Versailles. Les députés ont ensuite approuvé, par 283 voix contre 12, la mise en place dans les régions occupées d’une politique de résistance passive.
dimanche 14 janvier
Le gouvernement soviétique fait part de son indignation et de sa protestation officielle après la décision française d’occuper la Rhur. Moscou avertit que ce choix d’aller au-delà du « honteux traité de Versailles » pourrait mener à la guerre.
lundi 15 janvier
A Bochum, un groupe de 500 manifestants a provoqué les troupes d’occupation faisant leur entrée dans la ville en interprétant des chants antifrançais. Les soldats ont tiré dans la foule, tuant un lycéen. Paris menace d’occuper plus de villes si les Allemands refusent de coopérer.
mercredi 17 janvier
La France prend de nouvelles mesures plus sévères à l’égard de l’Allemagne : occupation des installations industrielles, réquisition du bois, du charbon, des moyens de transport, mise en place de barrages de police, confiscation de salaires, de sociétés privées, d’impôts et de droits de douane.
jeudi 18 janvier
Les autorités françaises publient une proclamation interdisant dans la Ruhr les chants patriotiques, les drapeaux et les emblèmes allemands, ainsi que les inscriptions antisémites.
L’occupation de la Ruhr affaiblit encore plus la monnaie allemande : il faut désormais 23 800 marks pour un dollar (il n’en fallait que 9 000 le 1er janvier).
vendredi 19 janvier
Encouragé par l'indignation exprimée par l'opinion publique allemande, le chancelier Cuno ordonne aux fonctionnaires et surtout aux cheminots de la Ruhr de refuser d'obéir aux ordres des occupants, mais sans faire la grève : résistance passive. Tous les établissements bancaires de Düsseldorf sont fermés, mettant à l’arrêt tout le commerce de la ville. A Buer, près de Gelsenkirchen, des mineurs se sont mis en grève.
samedi 20 janvier
Suite à la fermeture de toutes les banques d’Essen, les Français procèdent à l’arrestation de 21 fonctionnaires et administrateurs de mines.
dimanche 21 janvier
Un appel à la grève générale des employés des mines, des chemins de fer, des postes et télégraphes est lancé dans la Ruhr.
Le cargo allemand Wilbo a sombré au large d’Elbmündung : 7 des 17 marins à bord sont tués.
lundi 22 janvier
Echec de la grève générale déclenchée dans la Ruhr : seulement 10 000 des 600 000 travailleurs de la Ruhr ont cessé le travail.
mardi 23 janvier
Le gouvernement français a pris une série de mesures visant à isoler la Ruhr du reste de l’Allemagne. Par ailleurs, conformément au vote du Sénat, les forces américaines ont évacué la Rhénanie. Leur quartier général de la forteresse d’Ehreinbreitstein, située en face de Coblence, est aussitôt occupé par les Français.
Arrêtés par les Alliés en raison de leur résistance passive à l’occupation franco-belge, le président (William Rombach), le vice-président (Robert Walter von Görschen) et le chef de la police d’Aix-la-Chapelle sont libérés. Ils ont cependant interdiction de pénétrer dans certaines zones.
mercredi 24 janvier
Les autorités françaises ont infligé une amende de 207 000 francs aux industriels de la Ruhr pour n’avoir pas versé les réparations en charbon. A l’annonce de cette décision, une émeute éclate à Mayence et un nouvel appel à la grève générale est lancé. 35 000 employés des chemins de fer cessent le travail à 20 heures.
jeudi 25 janvier
Des émeutes éclatent dans plusieurs villes de la Ruhr. Un peu partout se produisent des affrontements avec les soldats français. La grève dans les chemins de fer est un succès : tout le système ferroviaire de la région est paralysé. Par ailleurs le syndicat néerlandais NVV a annoncé offrir 100 000 guldens aux mineurs allemands en grève.
vendredi 26 janvier
Le général français Degoutte menace la population de la Ruhr dans une proclamation : en cas de troubles à l’ordre public, les troupes françaises ont l’autorisation d’ouvrir le feu sans avertissement.
samedi 27 janvier
Le territoire occupé par les Français en Allemagne est fermé par une frontière douanière. La grève dans les chemins de fer s’étend à Coblence. Par ailleurs des snipers ont ouvert le feu sur des soldats français à Duisbourg et à Ratingen.
Ouverture à Munich du troisième congrès du Parti national-socialiste d’Adolf Hitler. Le mouvement nazi, qui compte 22 000 membres, a fait défiler 5 000 SA dans les rues de la capitale bavaroise malgré les interdictions.
lundi 29 janvier
Les occupants instaurent l'état de siège dans la Ruhr.
Fin du congrès du parti nazi à Munich.
mardi 30 janvier
Français et Belges interdisent l'envoi de charbon de la Ruhr vers l’Allemagne non occupée. Mayence est à son tour touchée par la grève des chemins de fer.
en janvier
Congrès du KPD à Leipzig : le Parti communiste allemand est dominé par la tendance de droite, Brandler et Thalheimer, dite « de front unique » (avec le SPD).
Kurt Schwitters, un peintre établi à Hanovre, fonde la revue dadaïste Merz.
jeudi 1er février
L’occupation franco-belge de la Ruhr prive l’Allemagne d’une partie de son charbon.
47 500 marks pour un dollar et 220 000 marks pour une livre britannique : l’inflation semble ne plus devoir s’arrêter en Allemagne.
vendredi 2 février
Le blocus du charbon mis en place par les Français dans la Ruhr affaiblit le mouvement de résistance passif. Les employés des chemins de fer en grève ont commencé à reprendre le travail.
Hermann Göring (30 ans), membre du parti nazi et héros de l’aviation allemande, épouse à Munich Karin Fock, divorcée du baron Kantzow.
Première à Berlin du film Nora, drame réalisé par Berthold Viertel d’après la pièce d’Ibsen Une maison de poupée (créée en 1879), avec Olga Tschechowa, Carl Ebert, Fritz Kortner et Anton Edthofer.
samedi 3 février
Fondation de l’Institut de recherche sociale (Ecole de Francfort), dirigée par Carl Grünberg.
dimanche 4 février
Les Français occupent les villes d’Offenburg, Appenweier et Bulh.
lundi 5 février
Une grève des mineurs éclate en Sarre contre les diminutions de salaire.
Rupture d’une digue de la Brinitza, en Haute-Silésie : dégâts considérables.
mardi 6 février
En réunissant un capital de 100 millions de reichsmark, DLR et Hapag Lloyd fondent la compagnie Deutscher Aero Lloyd AG.
Le voilier allemand Tamara 12 quitte le port écossais de Leith pour Hambourg. Le navire disparaîtra corps et biens en mer du Nord (un canot de sauvetage avec le cadavre d’un membre d’équipage sera découvert le 20 février sur Sanday, l’une des îles Orcades).
jeudi 8 février
Le journal nazi Volkischer Beobachter parait désormais de façon quotidienne.
vendredi 9 février
Tous les habitants de Recklinghausen se mettent en grève pour protester contre l’occupation française de la Ruhr.
Construit aux chantiers navals Krupp de Kiel, le cinq-mâts allemand Adolf Vinnen s’est brisé sur les récifs de Bass Point (Cornouailles anglaises) alors qu’il effectuait son voyage inaugural. Les vingt-quatre membres d’équipage sont parvenus à se sauver du navire en perdition.
25 écoles berlinoises sont contraintes de fermer en raison du manque de charbon.
samedi 10 février
Décès à Munich du physicien Wilhelm Conrad Röntgen, à l’âge de 78 ans. Prix Nobel de physique en 1901, il avait découvert les rayons X en 1895.
dimanche 11 février
La France et la Belgique ont annoncé que l’interdiction d’exporter du charbon de la Ruhr vers le reste de l’Allemagne sera étendue à tous les produits à partir de minuit.
lundi 12 février
A Berlin, la majorité sociale-démocrate s’oppose à l’adoption d’une loi qui donnerait au gouvernement des pouvoirs spéciaux pour négocier avec la région de la Ruhr.
A Dortmund, les Français confisquent toutes les voitures et les camions allemands.
mardi 13 février
La France condamne la ville de Recklinghausen à une amende de cent millions de marks pour sa résistance passive. Le même jour, Gelsenkirchen se met à son tour en grève totale.
Les troupes belges occupent les villes allemandes d’Emmerich am Rhein et Wesel, coupant ainsi toute liaison entre la Ruhr occupée et les Pays-Bas.
mercredi 14 février
Gelsenkirchen refuse de payer une amende de 100 millions de marks infligée après qu’un officier français ait été blessé lors d’un incident avec des policiers allemands. Les autorités françaises ordonnent alors l’arrestation de plusieurs des principaux banquiers de la ville.
vendredi 16 février
Adoption de la loi sur les tribunaux pour mineurs (RJGG), présentée par le ministre social-démocrate de la Justice et philosophe du droit Gustav Radbruch. Pour la première fois en Allemagne, les mineurs obtiennent une justice séparée de celle des adultes.
Les policiers de Gelsenkirchen se sont barricadés à l’intérieur de leurs baraquements afin d’empêcher leur désarmement par les autorités françaises.
samedi 17 février
La Conférence des Ambassadeurs cède le territoire de Memel (Klaipeda) à la Lituanie sous plusieurs conditions, dont la mise en place d’une autonomie.
vendredi 23 février
Adoption par le Parlement d’un décret-loi contre les spéculateurs.
Le Royaume-Uni réduit de 26 à 5 % ses taxes sur les importations allemandes.
dimanche 25 février
Les troupes françaises occupent trois nouvelles villes allemandes situées sur la rive droite du Rhin : Kaub et Loch (entre Coblence et Mayence) et Königswinter (entre Cologne et Coblence).
Après quatre années d’existence, l’Etat libre du Goulot (Freistaat Flaschenhals), proclamée en Hesse en janvier 1919 (8 000 habitants, capitale Lorch), est aboli ; son territoire est intégré à la province de Hesse-Nassau.
A Berlin, le prix du pain atteint les 2 000 marks.
lundi 26 février
Sortie du premier film réalisé par Georg Wilhelm Pabst, Le Trésor (Der Schatz), un drame avec Albert Steinrück, Lucie Mannheim, Ilka Grüning, Werner Krauss et Hans Brausewetter.
mercredi 28 février
Les autorités françaises de la Ruhr expulsent les policiers allemands des villes de Bochum et Herne.
en février
La livre de beurre passe à 7 000 marks ; difficultés d’approvisionnement des villes.
Un riche ami d’Hitler, Putzi Hanfstaengel, prête 1 000 dollars au parti nazi en échange d’une hypothèque sur le journal Völkischer Beobachter.
jeudi 1er mars
Dans la Ruhr, les autorités franco-belges menacent de la peine de mort ceux qui saboteront les moyens de transport.
La limitation de vitesse automobile en agglomération est portée de 15 à 30 km/h.
vendredi 2 mars
La maison d’édition berlinoise Ullstein publie le nouveau roman de l’auteur autrichien Felix Salten, Bambi, l’histoire d’une vie dans les bois (Bambi: Eine Lebensgeschichte aus dem Walde). C’est aussitôt un succès (les nazis voyant en ce livre une allégorie du sort des juifs, le roman sera interdit en 1936 et tous les exemplaires trouvés seront brûlés).
Le Berliner Illustrierte publie « la Danse de Toutankhamon » pour se moquer de l’enthousiasme suscité par la découverte de la tombe en Egypte.
mardi 6 mars
Dans un discours prononcé devant les députés, le chancelier Cuno a assuré que l’Allemagne ne négociera pas directement la question des réparations avec la France, mais que le gouvernement allemand passera par un intermédiaire.
mercredi 7 mars
Le Chicago Tribune publie une interview d’Adolf Hitler. Le chef du parti nazi allemand assure qu’il apporterait son soutien à Henri Ford si celui-ci décidait de se présenter à l’élection présidentielle américaine. Il déclare admirer la politique antijuive de l’industriel, qu’il considère comme le leader du mouvement fasciste en Amérique. Il affirme cependant n’avoir jamais reçu d’argent de Ford.
Création de la holding boursière Vereinigte Industrieunternehmungen AG (VIAG), tournée essentiellement vers la production d’énergie électrique et son utilisation industrielle (elle fusionnera en 2000 avec avec VEBA pour former E.ON).
samedi 10 mars
Les corps de deux Français assassinés, un officier de l’armée et un chef des chemins de fer, ont été retrouvés près de la ville allemande de Buer.
lundi 12 mars
Deux jours après l’assassinat de deux Français, les troupes d’occupation durcissent leurs positions dans la Ruhr : les affrontements avec les civils allemands font 7 morts et 13 blessés.
mardi 13 mars
Le ministre français de la Guerre André Maginot annonce que 15 000 soldats supplémentaires vont être envoyés dans la Ruhr et en Rhénanie.
mercredi 14 mars
Ordonnance de dissolution des sections du NSDAP dans plusieurs villes. La Cour suprême de justice justifie la mesure ainsi : le parti nazi est une menace pour la sûreté de l’Etat.
jeudi 15 mars
Le gouvernement allemand offre de verser 20 milliards de marks-or en échange de la fin de l’occupation de la Ruhr.
mardi 20 mars
Un haut-fonctionnaire du ministre des Finances annonce que l’hyperinflation et l’occupation de la Ruhr entraînent les finances allemandes dans le rouge : un déficit de 7,1 billions de marks est attendu pour le budget 1922-1923.
Le ministre bavarois de l’Intérieur refuse d’interdire le parti nazi et ses SA.
L’Union soviétique a annoncé l’envoi de 70 000 tonnes de céréales aux ouvriers de la Ruhr.
samedi 24 mars
La garde est renforcée au Reichstag et dans d’autres sites stratégiques de Berlin suite aux rumeurs faisant état d’un coup de force préparé par les nazis.
dimanche 25 mars
Une conférence rassemble à Berlin des délégués socialistes et travaillistes allemands, français, anglais, italiens et belges afin de tenter de trouver une solution à la question des réparations.
lundi 26 mars
La tension monte dans la Ruhr, où les cheminots allemands, par leur résistance passive, empêchent la circulation des trains
samedi 31 mars
Les soldats français ont ouvert le feu sur une manifestation de 50 000 ouvriers des aciéries Krupp qui protestaient pacifiquement dans les rues d’Essen contre la réquisition de camions par l’armée française : on déplore onze morts et trente blessés (deux succomberont à l’hôpital).
en mars
Le lieutenant Karl Dönitz devient « responsable des aspects politiques et organisationnels de la marine ».
Réorganisées en unités combattantes, les Sections d’assaut (SA) nazies sont placées sous le commandement d’Hermann Göring.
dimanche 1er avril
Les autorités françaises ont fait arrêter quatre directeurs de la société Krupp. Ils sont accusés d’avoir incité leurs ouvriers à manifester la veille.
Adolf Hitler refuse de se joindre à un front commun contre les Français. Il craint que les nazis ne soient submergés par les autres partis nationalistes.
Création au Berlin Theater de l’opérette Mädi, de l’autrichien Robert Stolz, sur un livret d’Alfred Grünwald et Leo Stein.
lundi 2 avril
Les 50 000 ouvriers de Krupp menacent de se mettre en grève si les quatre directeurs arrêtés la veille ne sont pas relâchés.
Constitution de centuries révolutionnaires socialo-communistes ; formation de gouvernement révolutionnaires en Saxe et Thuringe. Parallèlement, développement d’un mouvement de masse d’extrême-droite.
mercredi 4 avril
Les syndicats allemands lancent un appel à tous les travailleurs du monde contre l’occupation de la Ruhr.
Hitler déclare au Chicago Tribune que les rumeurs concernant une éventuelle marche sur Berlin pour renverser le gouvernement sont des « contes de fée ». Il assure que son combat est uniquement dirigé contre le bolchevisme.
samedi 7 avril
Arrestation à l’hôtel Union d’Essen du militant nationaliste Leo Schlageter, accusé du meurtre d’un agent français. Il a peut être été dénoncé.
mardi 10 avril
Dans un discours prononcé à Berlin, Hitler demande de « la haine et encore plus de haine ». Le chef du parti nazi assure : « Nous vaincrons les ennemis de l'Allemagne ».
La compagnie aérienne Daimler Airways inaugure sa ligne régulière entre Londres et Berlin, avec des escales à Brême et Hambourg.
mercredi 11 avril
Suppression de l’interdiction de posséder des récepteurs radio.
vendredi 13 avril
Dans le nord de la Ruhr, des travailleurs ont investi l’hôtel de ville de Mülheim, y établissant un Conseil des travailleurs.
lundi 16 avril
A Rome, le Comité international olympique présente une demande pour que l’Allemagne puisse participer de nouveau aux Jeux olympiques.
mardi 17 avril
Ouverture de la ligne aérienne Copenhague-Hambourg.
jeudi 19 avril
Des affrontements meurtriers se sont produits à Mülheim, dans la Ruhr. On recense cinq morts et au moins quarante blessés.
vendredi 20 avril
Début de la publication du journal antisémite Der Stürmer, créé à Nuremberg par Julius Streicher.
lundi 23 avril
Le gouvernement français a bloqué une demande anglo-suédoise de la mise en place d’une commission d’enquête sur l’administration de Sarre, accusée de censurer les informations. Le délégué français Gabriel Hanotaux affirme que ces mesures sont « temporaires ».
La princesse Louise de Prusse est décédée à Baden-Baden à l’âge de 83 ans. Fille de l’empereur Guillaume Ier, elle était la sœur de Frédéric III et la tante de Guillaume II.
samedi 28 avril
Lancement aux chantiers navals Blohm & Voss de Hambourg du paquebot SS Deutschland, construit pour la compagnie maritime HADAG (premier voyage en mars 1924).
dimanche 29 avril
Création à Düsseldorf, sous la direction de Georg Szell, de l’opéra en trois actes Le Canard sacré : une pièce avec des dieux et des hommes (Die heilige Ente: ein Spiel mit Göttern und Menschen), composé par l’Autrichien Hans Gal sur un livret de Karl Michael Leventzow et Leo Feld. C’est un grand succès.
lundi 30 avril
L’éleveur de poules Heinrich Himmler devient l’adjoint du nazi Gregor Strasser.
en avril
Les recettes publiques allemandes ne couvrent plus qu’un septième des dépenses.
mardi 1er mai
Manifestations des syndicats. Dans la Ruhr, des centaines de soldats français ont défilé au côté des ouvriers allemands. Par ailleurs, les autorités françaises ont fait arrêter l’industriel Gustav Krupp. Cette interpellation est liée aux incidents du 31 mars à l’usine Krupp.
A Munich, défilé des Ligues d’extrême-droite sous la conduite d’Ernst Röhm ; les SA portent des chemises brunes achetées à l’armée. Hitler déteste cet uniforme. Le général Otto von Lossow a humilié Hitler en refusant à ses 20 000 partisans, venus de toute la Bavière, de troubler la manifestation organisée par les syndicats pour la fête du 1er mai. Des syndicalistes ont cependant été attaqués sans que les forces de l’ordre n’interviennent.
mercredi 2 mai
Le chancelier Cuno propose de reprendre les réparations à hauteur de 30 milliards de marks et de reconnaître les frontières occidentales.
mardi 8 mai
L’industriel allemand Gustav Krupp a été condamné à 15 ans de travaux forcés par une cour martiale française.
Ouverture devant un tribunal militaire français du procès du nationaliste allemand Leo Schlageter.
mercredi 9 mai
Leo Schlageter est condamné à mort pour espionnage et sabotage.
Première au Residenztheater de Munich de la pièce à scandale Dans la jungle des villes (Im Dickicht der Städte), de Bertolt Brecht, sous la direction d’Erich Engel, avec Otto Wernicke, Erwin Faber et Maria Koppenhöfer. La représentation est interrompue par des militants nazis.
jeudi 10 mai
Au stade Hoheluft de Hambourg, les équipes de football d’Allemagne et des Pays-Bas ont fait match nul zéro à zéro.
dimanche 13 mai
La fête des Mères est désormais célébrée officiellement en Allemagne. L’Association des fleuristes allemands lance à cette occasion une grande campagne publicitaire.
mardi 15 mai
Röhm, irrité par l’échec du défilé du 1er mai, veut quitter l’armée. Finalement dissuadé, il prend un congé pour maladie.
mercredi 16 mai
Interdiction des centuries ouvrières socialo-communistes en Prusse.
Protestant contre la flambée des prix, les mineurs de Kaiserstuhl se mettent en grève.
Le premier central téléphonique du monde entièrement automatisé, le Réseau Welheim, est mise en service au sud-ouest de Munich. Elle s’étend en étoile sur 22 réseaux dans un rayon de 25 km autour de la ville de Weilheim in Oberbayern.
vendredi 18 mai
A Munich, une représentation de la pièce de Brecht Dans la jungle des villes est interrompue par des nazis qui ont jeté des bombes à gaz dans le Residenztheater.
samedi 19 mai
Les mineurs de la Ruhr se mettent en grève pour protester contre l’occupation de la région. Des combats de rue éclatent dans plusieurs villes allemandes.
lundi 21 mai
Ouverture à Hambourg du congrès de fondation de l'Internationale Ouvrière Socialiste, née la fusion de la IIe Internationale et de l’UPSAI.
jeudi 24 mai
Fondation à Hambourg de l’Internationale des jeunesses socialistes. Erich Ollenhauer en est le secrétaire général.
vendredi 25 mai
La ville d’Essen a été en partie mise à sac par des militants communistes.
Clôture à Hambourg du premier congrès de l’Internationale Ouvrière Socialiste.
samedi 26 mai
Leo Schlageter a été fusillé dans la matinée par un peloton d’exécution français sur la lande de Golzheim, près de Düsseldorf. Le saboteur nationaliste avait 28 ans. Cette mise à mort provoque une vague d’indignation en Allemagne. Sept personnes sont tuées dans des émeutes tandis que des milliers de travailleurs de la Ruhr se mettent en grève de la faim.
mardi 29 mai
Les grèves de la Ruhr s’étendent à d’autres régions non occupées d’Allemagne.
mercredi 30 mai
Les 500 000 mineurs en grève dans la Ruhr acceptent de reprendre le travail après que le gouvernement ait accepté des augmentations de salaire de 50 %.
jeudi 31 mai
Accusé par les nazis d’avoir dénoncé Schlageter aux autorités françaises, l’enseignant communiste Walter Kadow (63 ans) est battu à mort par Rudolf Höss, sur ordre de Martin Bormann, un enseignant élève de Kadow à l’école primaire (Höss sera condamné à 10 ans de prison - mais n’en fera que quatre - et Bormann à un an de détention).
vendredi 1er juin
Dietrich Eckhart, avachi par l’alcool et la morphine, quitte son poste de rédacteur en chef au journal nazi Völkischer Beobachter. Alfred Rosenberg le remplace.
Le dollar cote 74 500 marks.
dimanche 3 juin
Match amical de football : au stade Schützenmatte de Bâle, la Suisse a été battue par l’Allemagne deux buts à un.
mardi 5 juin
Le gouvernement allemand demande l’organisation d’une nouvelle conférence sur les réparations.
Premier navire construit après-guerre pour les liaisons transatlantiques de la Norddeutschen Lloyd, le paquebot de luxe München entame son voyage inaugural (rebaptisé Steuben en 1931, il sera coulé en février 1945).
mercredi 6 juin
Dans un communiqué commun, la France et la Belgique déclarent que les demandes allemandes ne seront pas prises en compte tant que la résistance passive n’aura pas cessé dans la Ruhr.
dimanche 10 juin
Finale du championnat de football 1922-1923 : au Deutsches Stadion de Berlin, le Hamburger SV a battu l’Union Oberschöneweide trois buts (Harder, Breuel, Schneider) à zéro, devant 64 000 spectateurs.
mardi 12 juin
La jeune comédienne de théâtre Marlène Dietrich débute au cinéma dans Der Mensch am Wege (« Un homme au bord du chemin »), film écrit, réalisé et également interprété par Wilhelm Dieterle.
mercredi 13 juin
Les Français instaurent une barrière douanière entre la Ruhr et le reste de l’Allemagne.
samedi 16 juin
La France occupe la gare de Dortmund. Il ne reste plus qu’une ligne ferroviaire disponible entre la Ruhr et le reste de l’Allemagne.
Une manifestation contre l’hyperinflation a dégénéré en émeute dans le Brandebourg.
dimanche 17 juin
Plusieurs milliers de cyclistes venus de toute l’Allemagne ont assisté à l’inauguration dans les jardins thermaux de Bad Schmiedeberg (à 50 km au nord-est de Leipzig) du Monument fédéral de l’Association des cyclistes allemands. Dédié aux camarades tombés durant la guerre, il a été financé par une collecte de fonds de l’Association des cyclistes allemands.
lundi 18 juin
Finale du championnat d’Allemagne de football : à Berlin, le Hamburger SV bat Union Oberschöneweide trois buts à zéro.
mercredi 20 juin
Devant le Comité exécutif de l’Internationale communiste, Karl Radek lance la « campagne Schlageter » : tactique nationale-bolchevique organisée par Ruth Fischer. Dans certaines sections communistes la croix gammée est associée à la faucille et au marteau.
vendredi 22 juin
Rudolf Havenstein, le président de la Reichsbank, reconnaît que la situation du mark est désespérée. Le dollar cote 136 000 marks (74 500 au début du mois).
samedi 23 juin
Le porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères, Ronald McNeill, a déclaré à Sturry (Kent) que l’occupation de la Ruhr risquait d’entraîner l’effondrement total de l’Allemagne et par voie de conséquence toute possibilité de recouvrer les paiements dus au titre des réparations.
Mise en service du paquebot de luxe München, construit pour la compagnie Norddeutschen Lloyd (rebaptisé General von Steuben 1930, il sera coulé en 1945).
dimanche 24 juin
Pie XI condamne dans une lettre l’occupation de la Ruhr par les Français et les Belges, avertissant que celle-ci pourrait conduire à la « ruine finale de l’Europe ». Le pape demande qu’un système de garanties soit envisagé et que la question des réparations allemandes soit réglée par des juges impartiaux dans un esprit de charité chrétienne.
mercredi 27 juin
Les parlements français et belge accueillent défavorablement la lettre du pape condamnant l’occupation de la Ruhr.
vendredi 29 juin
Dans une réponse à la lettre du pape, le Premier ministre Poincaré rejette au Sénat toutes les accusations d’impérialisme. Il assure que la France n’a pas pour objectif d’annexer la Ruhr et qu’elle rendra ce territoire une fois que l’Allemagne aura payé ses dettes. Il a également qualifié de « criminel » le mouvement de résistance passive.
Match amical de football : au Stade oOlympique de Stockholm, la Suède a battu l’Allemagne deux buts à un.
samedi 30 juin
Un attentat à la bombe a frappé le pont ferroviaire Duisbourg-Hochfeld alors qu’un train le traversait : dix soldats belges et deux Allemands ont été tués.
Fondé en 1920 par le marchand Gustav Iven, le premier musée du monde dédié au papier peint ouvre ses portes à Cassel, dans le Palais rouge (Friedrichsplatz) [aujourd’hui au musée d’Etat de Hesse].
en juin
A L’initiative du Parti communiste, manifestations et grèves ouvrières massives à Berlin et Hambourg, dans la Ruhr, en Haute-Silésie et Saxe.
lundi 2 juillet
Le pape Pie XI adresse une lettre au nonce à Berlin appelant à l’Allemagne à faire tous les efforts pour régler ses obligations et cesser la campagne de résistance passive.
mardi 3 juillet
Quatre Allemands ont été tués à Buer pour avoir violé le couvre-feu imposé après l’attentat à la bombe du 30 juin.
vendredi 6 juillet
Le gouvernement français répète que tant que durera la résistance passive dans la Ruhr, aucune proposition allemande sur les réparations ne sera étudiée.
dimanche 8 juillet
Un litre de lait vaut 4 000 marks.
A l’occasion de l’expédition Junkers-Spitzberg, les Allemands Arthur Neumann et Walter Mittelholzerstrasse réalisent depuis leur base de Grønfjord un vol d’un millier de kilomètres en sept heures avec leur Junkers F 13 Eisvogel. Ils sont les premiers aviateurs à franchir le 80e parallèle.
mardi 10 juillet
Pris dans un cyclone, le paquebot allemand Rugia chavire à Montevideo, en Uruguay. Les 900 passagers sont secourus (le navire sera renfloué le 29 décembre).
mercredi 11 juillet
Le KPD appelle à l’organisation d’une grande journée antifasciste le 29 juillet (la majorité des Etats interdira les diverses manifestations prévues).
Un porte-parole du gouvernement français prévient Londres que Paris n’acceptera pas l’organisation d’une conférence internationale sur la question des réparations allemandes.
jeudi 12 juillet
Intervenant à la Chambre des communes, le Premier ministre Stanley Baldwin déclare qu’il ne faut pas demander à Berlin de payer plus que ses moyens. Il assure que continuer sur cette voie conduira l’Allemagne dans un chaos économique dangereux pour l’avenir de l’Europe. Il propose qu’un organisme impartial soit mis en place pour étudier les capacités allemandes de payer ses réparations.
vendredi 13 juillet
La France refuse de rejoindre les propositions britanniques sur les réparations allemandes tant que la résistance passive ne cessera pas dans la Ruhr.
samedi 14 juillet
Le capitaine Hermann Erhardt s’évade de prison dix jours avant l’ouverture de son procès pour haute trahison dans l’affaire du putsch Kapp.
dimanche 15 juillet
Le Premier ministre français Raymond Poincaré rejette presque toutes les propositions de son homologue britannique dans un discours prononcé devant le Sénat. Il refuse que le traité de Versailles « signé par 28 puissances » ne soit pas considéré comme un « fossile » destiné à un « musée archéologique ». Il assure que la France n’a fait que des concessions depuis la fin de la guerre mais que le temps des concessions est terminé. Pour le chef du gouvernement français, la France n’est pas responsable de la situation actuelle : c’est l’Allemagne qui en organisant la résistance dans la Ruhr s’est placée elle-même dans les difficultés.
lundi 16 juillet
Rome et Londres appelle à l’organisation d’une conférence internationale sur les réparations allemandes, avec ou sans la participation de la France.
mercredi 18 juillet
Le gouvernement italien publie un « calendrier » concernant l’italianisation de Sud-Tyrol. L’immigration autrichienne et allemande sera interdite dans la région, où, à terme, l’italien deviendra la langue officielle.
vendredi 20 juillet
La Grande-Bretagne propose la création d’un comité d’experts pour vérifier les capacités de paiement de l’Allemagne. Le même jour, une étude de l’Institut Carnegie affirme que Berlin est dans l’incapacité de payer les réparations.
mardi 24 juillet
Interdiction des rassemblements publics en Prusse.
mercredi 25 juillet
Dévaluation de la monnaie allemande : le dollar vaut désormais 600 000 marks.
dimanche 29 juillet
La France et la Belgique refusent la proposition britannique de mise sur pied d’un comité d’experts.
Les communistes allemands appellent à un « Dimanche rouge » à travers toute l’Allemagne, mais c’est un échec avec assez peu de participants dans les grandes villes. A Neuruppin, dans le Brandebourg, la police a ouvert le feu sur un groupe qui tentait de pénétrer dans la prison : quatre personnes ont été tuées.
Une grande manifestation pacifiste et antifasciste est organisée à Berlin à l’appel du Parti communiste (KPD), de plusieurs syndicats et de mouvements indépendants. A cette occasion, le célèbre physicien et prix Nobel Albert Einstein fait une déclaration en faveur de la paix.
en juillet
Le gouvernement britannique, par la voix de David Lloyd George, a renouvelé ses injonctions en vue de l’évacuation de la Ruhr par les troupes françaises et belges. Le Premier ministre britannique craint une reprise des hostilités.
Considérables progrès du Parti communiste au détriment du Parti social-démocrate. Le Comité exécutif de l’Internationale communiste décide de préparer l’ « Octobre allemand ».
jeudi 2 août
La Banque nationale porte symboliquement le taux de l’escompte de 18 à 30 %.
mardi 7 août
Le chancelier Cuno organise une réunion des dirigeants des six principaux partis du pays. Il est décidé de réaligner la monnaie allemande sur l’étalon-or.
Le dollar ne vaut pas moins de 3,3 millions de marks !
jeudi 9 août
Des milliers de commerçants de Berlin se mettent en grève et ferment leurs boutiques pour réclamer la démission du chancelier Cuno.
Un million de marks équivaut à 2 francs et 10 centimes.
vendredi 10 août
Le président Ebert décrète l’interdiction des pamphlets appelant à la violence et au renversement du gouvernement. Les contrevenants risquent 3 ans de prison et une amende de plus de 500 millions de marks.
samedi 11 août
Les « grèves Cuno » font tâche d’huile. Partout on réclame le départ du chancelier, auquel le SPD retire désormais son soutien. Les violences et la répression ont fait 35 morts et une centaine de blessés à travers le pays.
A Londres, le ministre britannique des Affaires étrangères déclare : « L’occupation de la Ruhr est contraire au traité de Versailles ».
dimanche 12 août
La multiplication des incidents entraîne la démission du chancelier Cuno. Müller du SPD demande que son parti soit intégré dans le futur gouvernement.
Les émeutes de la faim ont fait 30 morts supplémentaires parmi les manifestants allemands.
Match amical de football : au stade Dresden Kampfbahn de Dresde, l’Allemagne a été battue par la Finlande deux buts à un.
lundi 13 août
Le Dr. Gustav Stresemann, DVP, devient chancelier et ministre des Affaires étrangères. Il forme un cabinet de grande coalition républicaine avec le SPD. Hans Luther passe du ministère du Ravitaillement et de l’Agriculture à celui des Finances. Anton Höfle (Z) remplace Karl Stingl (BVP) comme ministre des Postes.
L’Allemagne tombe dans l’hyper-inflation : le dollar vaut 3,7 millions de marks. Les étiquettes de prix et les valeurs inscrits sur les billets doivent désormais être remplacées plusieurs fois par jour.
mardi 14 août
Le gouvernement Stresemann fixe des salaires à valeur constante, atténue l’inflation et la résistance passive.
La direction du SPD met un terme au rapprochement avec le KPD.
mercredi 15 août
A la demande de l’Assemblée législative de Thuringe, le Bauhaus organise une exposition portant sur les travaux effectués durant les quatre premières années de son existence. « Art et technique : une nouvelle unité » en est le thème et le titre de la conférence programme de Walter Gropius.
jeudi 16 août
70 000 travailleurs se sont mis en grève dans la région de Braunschweig, en Basse-Saxe, menaçant de s’en prendre au gouvernement si leurs exigences ne sont satisfaites.
La valeur du mark-or grimpe jusqu’à un million de marks-papier.
vendredi 17 août
Le nouveau président américain, John Calvin Coolidge, propose que les Etats-Unis participent à la recherche d’une solution au problème des réparations.
dimanche 19 août
L’ingénieur allemand Charles Proteus Steinmetz prédit que dans cent ans l’électricité fera presque tout le travail et que les gens n’auront plus qu’à travailler 4 heures au maximum par jour. Il estime également qu’en 2023, les villes ne connaîtront plus la pollution et que la question des ordures aura été réglée.
lundi 20 août
Une nouvelle vague de grève paralyse les mines et les industries métallurgiques dans la Ruhr et en Rhénanie.
Un trajet en tramway à Berlin coûte désormais 100 000 marks, soit dix fois plus que deux semaines plus tôt.
mardi 21 août
Le gouvernement français avertit le Royaume-Uni qu’il refuse de faire des concessions sur l’occupation de la Ruhr.
jeudi 23 août
Dans un discours prononcé devant le Reichstag, le ministre des Finances Rudolf Hilferding annonce que pour sauver le pays il faut introduire de nouvelles fortes taxes.
vendredi 24 août
Le chancelier allemand Stresemann propose à la France une participation dans l’industrie allemande en échange de la fin de l’occupation de la Ruhr.
samedi 25 août
Le gouvernement a décidé de placer les salaires de tous les travailleurs sur un taux basé sur l’or. Le président Ebert impose l’interdiction de la propriété privée de l’or.
dimanche 26 août
Rappelant que la France avait honoré ses obligations après la défaite de 1870, le Premier ministre français, Raymond Poincaré, a rejeté la récente proposition du chancelier Stresemann. « Ce que nous avons fait il y a 53 ans, nos anciens ennemis peuvent au moins essayer d’en faire autant aujourd’hui », a-t-il déclaré.
mardi 28 août
Le gouvernement allemand propose de mettre fin à la résistance passive dans la Ruhr en échange de la libération par les occupants des prisonniers et de l’assurance de « la sécurité et du ravitaillement » des habitants de la région.
jeudi 30 août
Le cargo allemand Klüpfel a coulé en mer du Nord, entraînant avec lui la quasi-totalité de son équipage. Il n’y a qu’un seul survivant, secouru par un bateau de pêche néerlandais.
vendredi 31 août
Par convention internationale, la Belgique doit administrer l’ancienne colonie allemande du Ruanda-Urundi [Rwanda et Burundi], dont la capitale est Usumbura.
en août
Heinrich Himmler quitte le Parti populaire bavarois, catholique, auquel il avait adhéré en 1919.
samedi 1er septembre
Rassemblement du Jour allemand dominée par le NSDAP : à Nuremberg, Hitler fête, avec plus de 100 000 nationalistes, la victoire des Prussiens sur les Français à Sedan en 1870. Le chef du parti nazi dénonce le gouvernement de Berlin.
L’Association allemande de gymnastique annonce la « séparation nette » (reinliche scheidung) entre la gymnastique et le sport, notamment le football. La double affiliation n’est désormais plus possible pour les différentes associations sportives.
dimanche 2 septembre
Le chancelier Stresemann propose à la France de mettre fin à la résistance passive dans la Ruhr. Dans un discours prononcé à Stuttgart, il assure que chaque travailleur allemand aspire à retourner au travail et que c’est grâce à ce travail qu’une solution au conflit actuel sera trouvée. Il ajoute que l’Allemagne est prête à faire d’importants sacrifices matériels mais pas à abandonner la liberté du sol allemand.
« Jour de l’Allemagne » : 100 000 nationalistes, dont le général Ludendorff et le dirigeant nazi Hitler, se sont rassemblés à Nuremberg pour commémorer le 53e anniversaire de la victoire sur la France lors de la bataille de Sedan. .
mardi 4 septembre
Le mark s’effondre encore : 1 dollar = 13 millions de marks.
mercredi 5 septembre
La politique de résistance passive faiblit dans la Ruhr : presque toutes les mines de charbon de la région ont repris leurs activités.
jeudi 6 septembre
Le nouveau chancelier cherche à se dégager de la résistance passive qui s'étiole.
samedi 8 septembre
Une manifestation de mères de famille est organisée à Berlin contre l’hyperinflation. Elles présentent des paniers vides afin de montrer qu’il ne leur est plus possible d’acheter de la nourriture.
mardi 11 septembre
La police militaire a ouvert le feu sur une émeute de chômeurs devant l’hôtel de ville de Dresde : six morts.
Le dernier film qu’Ernst Lubitsch a réalisé en Allemagne, Die Flamme (« Montmartre »), avec Pola Negri, est présenté à Berlin en l’absence du cinéaste. Ce dernier poursuit actuellement sa carrière à Hollywood.
samedi 15 septembre
Des émeutes de la faim ont éclaté à Sorau, en Silésie [aujourd’hui Żary, en Pologne] : les violences ont fait 12 morts et de nombreux blessés.
Le taux d’escompte de la Banque d'Allemagne est augmenté de 90 %.
dimanche 16 septembre
Inauguration du grande stade de football de Cologne, le Müngersdorfer (ou Kölner) Stadion (toujours en activité sous le nom de RheinEnergieStadion). Sa construction a coûté 47,4 millions de Deutsche Mark.
du lundi 17 au mardi 18 septembre
Soulèvement de Haute-Bade : de violents affrontements ont opposé des centaines de travailleurs communistes (en conflit avec leurs patrons) à la police à Lörrach, à 5 km des frontières suisses et françaises.
mercredi 19 septembre
Création à Leipzig de la pièce Hinkemann, d’Ernst Toller. La première a été interrompue par des nationalistes qui ont menacé de mort les acteurs.
dimanche 23 septembre
Dans la banlieue sud de Berlin, le vieux club de football Neuköllner FC Fortuna 1895 fusionne avec le Rixdorfer FC Fortuna 1907 pour former le FC Neukölln.
lundi 24 septembre
A Munich, Hitler prend la direction de la ligue regroupant les formations d’extrême droite (Kampfbund) grâce à la Sturmabteilung.
La première séance de cinéma « parlant » a lieu à l’Alhambra de Berlin avec la projection de Das Leben auf dem Dorfe. Il faudra attendre 1929 avant que l’expérience se révèle concluante.
mardi 25 septembre
Stresemann annonce officiellement la fin du « Ruhrkampf » (résistance passive), au bilan financier désastreux. De plus, le chancelier a déclaré que le mark était « mort ». Hitler dénonce Stresemann. Röhm démissionne de l’armée et s’engage au côté des nazis.
nuit du mardi 25 au mercredi 26 septembre
Le ministre-président de Bavière, von Knilling, décrète l'état d'exception sans consulter le Reich. Les droits fondamentaux sont suspendus. Il nomme von Kahr commissaire général avec les pleins pouvoirs afin qu'il puisse fonder une forteresse antirépublicaine destinée à l'emporter aussi dans le reste du pays.
mercredi 26 septembre
S’appuyant sur l’article 48, le chancelier suspend sept articles de la Constitution de Weimar et décrète l'état d'exception sur l’ensemble du territoire allemand: la Reichswehr de Gessler détient le pouvoir réel dans le pays.
jeudi 27 septembre
Le président Ebert fait démettre les gouvernements socialo-communistes de Saxe et Thuringe par l'armée. Agitation d'extrême-gauche dans tout le pays ; proclamation de l'état d'urgence : la grève générale éclate dans la Ruhr. Le commandant de la Wehrkreis III, le général Müller, s’arroge tous les pouvoirs en Saxe.
samedi 29 septembre
L'organe extrémiste bavarois Völkischer Beobachter insulte Stresemann. Gessler demande à von Lossow, le chef de la Reichswehr en Bavière de l'interdire. Préférant l'illégalité, ce dernier refuse.
Hugo Stinnes, le principal représentant de l’industrie lourde allemande, demande la suppression de la journée de 8 heures et l’interdiction des grèves dans les entreprises « d’importance vitale ».
dimanche 30 septembre
Tentative de putsch : le major Ernst von Buchrucker, chef de la Reichswehr noire, s’empare de trois forts situés autour de la ville garnison de Küstrin, sur la rive droite de l’Oder, à l’est de Berlin [aujourd’hui Kostrzyn nad Odrą, en Pologne]. L’objectif est de renverser le gouvernement Stresemann et de remplacer le régime démocratique par une dictature.
Des émeutes meurtrières se sont produites à Düsseldorf lorsqu’une importante foule s’est précipitée dans la rue pour écouter un discours du leader séparatiste Josef Friedrich Matthes. Les combats ont fait 16 morts.
en septembre
Pour un dollar, il faut désormais 99 millions de Marks (18 000 en janvier). 133 imprimeries fabriquent des billets.
lundi 1er octobre
Von Seeckt écrase à Küstrin la tentative de putsch de la Reichswehr noire, formée de contingents de volontaires pour une courte période. Von Seeckt n'a pas hésité à intervenir en Saxe et en Thuringe, à la demande du pouvoir central.
L’allemand est interdit dans les écoles du Tyrol du Sud, territoire italien.
mardi 2 octobre
Après deux jours de résistance, le major Buchrucker et ses hommes se rendent. Ils sont emprisonnés.
mercredi 3 octobre
Devant le refus du SPD de voter les pouvoirs spéciaux à Stresemann, ce dernier démissionne de son poste de chancelier. Mais, faute d'alternative, le président Ebert demande à Stresemann de former un autre gouvernement.
samedi 6 octobre
Le chancelier Stresemann présente son deuxième gouvernement. Sous la pression de la bourgeoisie, le conservateur Hans Luther remplace le socialiste Rudolf Hilferding comme ministre des Finances. Par ailleurs, l’officier indépendant Joseph Koeth succède à Hans von Raumer (DVP) en tant que ministre de l’Economie.
lundi 8 octobre
Ouverture officielle de l’aéroport de Tempelhof, à Berlin. Ce sont Aero Lloyd et Junkers Luftverkehr qui en ont assuré l’équipement.
mardi 9 octobre
Gustav von Kahr instaure en Bavière la peine de mort pour ceux qui tentent de s’enrichir en spéculant sur le manque de nourriture.
mercredi 10 octobre
Sous couvert de lutter contre le danger fasciste venu de Bavière, le social-démocrate Zeigner accepte l'entrée de trois ministres communistes dans le gouvernement de Saxe. Il refuse de se soumettre au général Müller.
jeudi 11 octobre
Une livre anglaise vaut 10 000 millions de marks, tandis qu’il faut 4 000 millions de marks pour un dollar…
vendredi 12 octobre
Le Premier ministre de Thuringe August Frölich autorise trois membres du Parti communiste (KPD) à entrer dans son gouvernement.
De nouvelles émeutes de la faim éclatent dans la région de Düsseldorf.
samedi 13 octobre
Le Reichstag adopte une loi accordant les pleins pouvoirs au chancelier Stresemann : le gouvernement est autorisé à prendre toutes les mesures qu’il juge nécessaires et urgentes dans les domaines financiers, économiques et sociaux.
Sortie du film Le Marchand de Venise (Der Kaufmann von Venedig), drame de Peter Paul Felner, d’après la pièce de Shakespeare, avec Werner Jrauss, Henny Porten et Harry Liedtke.
mardi 16 octobre
En Bavière, Gustav von Kahr publie un nouveau décret interdisant les organisations et publications communistes.
Se fondant sur la loi votée trois jours plus tôt, le gouvernement a décidé l'instauration de la Rentenbank. Cette banque émettra en novembre une monnaie provisoire, le rentenmark, qui sera utilisée en attendant la stabilisation du mark. Cette solution correspond surtout à un compromis entre les propositions du socialiste Hilferding et celles présentées par Helfferich (DNVP). Le rentenmark n’étant pas gagé sur l’or, ce sont des hypothèques sur les propriétés foncières, les entreprises de commerce et d’industrie et les banques qui sont censées garantir cette monnaie jusqu’à hauteur de 3,2 milliards. La Rentenbank n’est pas autorisée à émettre plus de 2,4 milliards de rentenmarks sous forme de billets.
Une miche de pain de 3 livres coûte désormais 480 millions de marks…
mercredi 17 octobre
Le commandant de la Reichswehr Alfred Müller envoie des troupes en Saxe et en Thuringe. La police saxonne est placée sous contrôle de l’armée. Par ailleurs, Müller adresse un ultimatum à Erich Zeigner : le Premier ministre de Saxe a ordre de désavouer son ministre de l’Economie, Paul Böttcher, qui avait déclaré souhaiter que soit armée l’organisation paramilitaire communiste les Centuries prolétariennes.
jeudi 18 octobre
Le Parlement saxon rejette l’ultimatum d’Alfred Müller.
vendredi 19 octobre
Le chancelier Stresemann avertit ses ministres que la Reichswehr a reçu l’ordre d’envahir la Saxe et la Thuringe afin d’ « intimider les éléments extrémistes et restaurer l’ordre public et la sécurité.
Le gouvernement bavarois refuse d’interdire le journal nazi Völkischer Beobachter.
samedi 20 octobre
Rudolf Kahr convainc le général von Lossow de ne pas obéir à Berlin, qui a ordonné la fermeture du Völkischer Beobachter et l’arrestation de trois de ses responsables. Von Lossow est limogé mais Kahr annonce que le général restera commandant de la Bavière.
dimanche 21 octobre
Les troupes de la Reichswehr, équipées d’armes lourdes, entrent en Saxe.
Conférence des Conseils d’entreprise à Chemnitz : le dirigeant communiste Heinrich Brandler lance un appel à la grève générale, comme prologue au déclenchement d’une révolution à travers tout le pays (l’ « Octobre allemand »). Les sociaux-démocrates de gauche refusant de s’associer à cette action, la direction du KPD décide de tout annuler. Mais les militants de Hambourg ne sont pas prévenus…
La République indépendante de Rhénanie est proclamée à Aix-la-Chapelle par Léo Deckers, pour la zone d'occupation belge, avec le soutien des occupants.
Le dollar est coté à 12 milliards de marks.
Le premier planétarium (modèle Zeiss) ouvre au Deutsche Museum de Munich.
lundi 22 octobre
D'autres républiques rhénanes sont proclamées en zone française : Dorten (catholique libéral) à Bad Ems.
Echec de l’insurrection communiste à Hambourg.
Le dollar vaut 40 milliards de marks.
nuit du lundi 22 au mardi 23 octobre
Les communistes de Hambourg, menés par Ernst Thälmann, reçoivent par erreur l’ordre de se préparer au soulèvement.
mardi 23 octobre
Les communistes hambourgeois n’ayant pas été prévenus de l’annulation du soulèvement général allemand, ils procèdent à l’insurrection de leur ville. A cinq heures du matin, des émeutiers attaquent plusieurs commissariats de police afin de récupérer des armes qui font cruellement défaut. 250 fusils sont récupérés. Le mouvement se répand rapidement à Altona et à l’arrondissement de Storman, puis à Bad Oldesloe, Ahrensburg et Rahlstedt. Des barricades sont dressées sur les routes et les voies ferrées.
Le Dr. Dorten proclame la République à Mayence, avec l'appui implicite de Tirard, président de la Commission interalliée.
Stresemann réclame au Repko un examen de la capacité de l'Allemagne à assumer les réparations et propose simultanément un plan détaillé du mode de versement qui serait fondé sur les prêts internationaux garantis par des revenus du Reich.
Création à Brême de la compagnie de construction aéronautique Bremer Flugzeugbau AG par Heinrich Focke, Georg Wulf et Werner Neumann (elle est presque aussitôt rebaptisée Focke-Wulf Flugzeugbau AG).
Première à Berlin du film L’Expulsion (Die Austreibung - die Macht der zweiten Frau), drame réalisé par Friedrich Wilhelm Murnau d’après une pièce de Carl Hauptmann, avec Carl Goetz, Ilka Grüning, Eugen Klöpfer, William Dieterle et Aud Egede Nissen.
mercredi 24 octobre
Au deuxième jour du soulèvement, Ernst Thälmann est informé que la révolution nationale n’a pas eu lieu et que les communistes hambourgeois sont les seuls à se battre. Les insurgés reçoivent l’ordre de se retirer en fin de journée.
nuit du mercredi 24 au jeudi 25 octobre
Isolé et n’ayant obtenu aucun soutien, le soulèvement communiste de Hambourg est réprimé : les forces de l’ordre procèdent à l’arrestation de 1 400 personnes, mais le dirigeant Ernst Thälmann parvient à se cacher. Des centaines d’insurgés fuient la ville. 102 personnes (17 policiers, 24 insurgés et 61 civils) ont été tuées lors du soulèvement et plus de 300 autres blessées.
jeudi 25 octobre
Poincaré accepte qu’une commission d’experts chargé d’examiner la question des réparations allemandes soit établie.
Matthes proclame une République à Coblence.
Projet des organisations d'extrême-droite bavaroises de marcher sur Berlin pour instaurer une dictature militaire.
samedi 27 octobre
Le chancelier Stresemann adresse un ultimatum au Premier ministre saxon : Erich Zeigner doit limoger les communistes présents dans son gouvernement. Le général Hans von Seeckt ordonne à la Reichswehr de se préparer à mettre fin au gouvernement social-démocrate et communiste de Saxe.
23 manifestants ont été tués à Fribourg-en-Brisgau.
Création au Hoftheater de Charlottenburg (Berlin) de Holopherne, opéra en trois actes d’Emil Nikolaus Reznicek, sur un livret du compositeur, d’après une pièce de C.F. Hebbel.
dimanche 28 octobre
Erich Zeigner rejette l’ultimatum du gouvernement fédéral.
lundi 29 octobre
Invoquant l’article 48, le président Ebert autorise le chancelier Stresemann à démettre le gouvernement socialo-communiste de Saxe. La Reichswehr se mobilise aussitôt : les troupes occupent les ministères de Dresde.
La livre de beurre passe à vingt-six milliards de marks ! Soulèvement populaire contre la disette.
Début officiel des émissions régulières de TSF (radio) en Allemagne : première transmission dans la soirée depuis la station Vox-Haus, installée à Berlin, sur la Potsdamer Platz.
Sortie du film L’Ancienne loi (Das alte Gesetz), drame de E.A. Dupont, avec Henny Porten, Ruth Weyher et Hermann Vallentin.
mardi 30 octobre
Le Premier ministre saxon Erich Zeigner démissionne.
Stresemann décide de légiférer par ordonnance dans les conflits sociaux.
mercredi 31 octobre
Le Landtag de Saxe installe un nouveau gouvernement composé exclusivement de sociaux-démocrates.
jeudi 1er novembre
Emprisonné depuis plusieurs mois, l’industriel allemand Gustav Krupp signe un accord avec les occupants français permettant la reprise des activités dans les mines de la Ruhr.
Il faut désormais 8 milliards de marks pour un dollar.
La société américaine Goodyear achète les droits pour construire des Zeppelin Luftschiffbau aux Etats-Unis.
vendredi 2 novembre
Choqué par les événements de Saxe et déçu par l'absence d'intervention contre le régime dictatorial de Bavière, le SPD met fin à son accord de coalition gouvernemental : les ministres socialistes quitte le gouvernement du Reich.
Des combats de rue sanglants se déroulent à Aix-la-Chapelle : les séparatistes pro-français sont chassés.
Matthes liquide la République rhénane d’Aix-la-Chapelle.
La Reichsbank émet un billet de 100 billions de marks !
samedi 3 novembre
Le général Hans von Seeckt réclame les pouvoirs dictatoriaux, ce que le président Ebert lui refuse.
dimanche 4 novembre
Divers groupes nationalistes (dont le parti nazi et des mouvements monarchistes) défilent dans les rues de Munich à l’occasion d’une cérémonie dédiée à la mémoire des soldats tombés durant la guerre. Des personnalités comme le prince couronné Rupprecht, le Premier ministre bavarois Eugen von Knilling et le général von Lossow ont assisté à la pose de la première pierre d’un monument (Hitler avait initialement prévu d’organiser un putsch à cette occasion mais il a abandonné son projet au dernier moment en raison de la forte présence policière).
Premier match de football opposant les équipes d’Allemagne et de Norvège : les Allemands se sont imposés un but à zéro au stade Hoheluft de Hambourg.
lundi 5 novembre
Une manifestation contre la misère a dégénéré en émeute antisémite à Berlin : des chômeurs et des travailleurs pauvres ont envahi la rue Grenadierstrasse et attaqué des juifs accusés d’être responsables des prix élevés de la nourriture.
Le Palatinat devient une République séparée de la Bavière. Par ailleurs, le paysan Heinz Orbis s'empare de Spire.
mardi 6 novembre
Les émeutes et pillages de magasins se poursuivent à Berlin.
La livre de pain vaut désormais deux cents milliards de marks, la livre de beurre deux cents dix milliards.
jeudi 8 novembre
En Bavière, von Kahr n'ayant plus de prétexte pour contester le pouvoir berlinois (les communistes de Saxe et de Thuringe ont été éliminés), il organise une réunion publique au Burgenbräukeller, mais sans inviter Adolf Hitler (chef du NSDAP). Pour contrer l'initiative de von Kahr, Hitler et ses bandes perturbent la réunion et proclame la « révolution nationale » (putsch de la Brasserie). Croyant la salle cernée et la ville aux mains des hitlériens, von Kahr accepte les conditions de ceux-ci : la constitution d'un gouvernement du Reich sous la direction de Hitler, tandis que Lossow serait ministre d'une Reichswehr commandée par Ludendorff. Mais les sections du NSDAP ne réussissent pas à occuper les bâtiments officiels. Avec quatre cents autres militants, Heinrich Himmler entre toutefois dans le ministère de la Guerre. De son côté, Rudolf Hess est chargé de surveiller les otages du gouvernement d’Etat de Bavière, les ministres Schweyer et Wutzelhofer.
vendredi 9 novembre
N’ayant cédé que du bout des lèvres, von Kahr organise la résistance à l'aube : à 7 h 45, il publie un communiqué dans lequel il assure que ses décision de la veille, obtenues sous la contrainte, sont « nulles et non avenues ». A 11 h, Hitler tente de rallier la population à sa cause en marchant avec 2 000 hommes sur les bâtiments officiels. Une fusillade éclate au niveau de la Feldherrnalle : 16 putschistes sont tués (dont Scheubner-Richter, qui tenait Hitler par le bras ; Hitler a l’épaule démise ; Göring est blessé) ainsi que quatre officiers d’Etat : échec du putsch de la Brasserie. Le général Ludendorff, rangé du côté des nazis, s’est interposé pour éviter un véritable massacre. Les policiers l’ont arrêté mais Hitler et Göring sont parvenus à s’enfuir. Le NSDAP est interdit sur tout le territoire du Reich par von Seeckt.
L’ancien empereur Guillaume II est furieux après son fils aîné, le Kronprinz. Le prince Guillaume de Prusse a en effet mis fin à son exil néerlandais en rentrant ce jour en Allemagne, avec l’accord du gouvernement (et en échange d’une promesse de ne pas faire de politique) mais sans en avoir averti son père. Les autorités néerlandaises lui ont fait savoir qu’il ne sera pas autorisé à retourner aux Pays-Bas avec le statut de réfugié.
samedi 10 novembre
Le général Ludendorff est libéré contre la promesse de plus participer à des activités révolutionnaires. Des rumeurs concernant son suicide se répandent rapidement.
Le prince Guillaume de Prusse rend visite à Hanovre au maréchal Hindenburg.
dimanche 11 novembre
Adolf Hitler est capturé par la police bavaroise à Uffing (à 60 kilomètres au sud-ouest de Munich), dans la maison de son ami Ernst Hanfstaengl, et incarcéré.
Le chancelier Stresemann déclare que le retour en Allemagne du prince Guillaume de Prusse est une affaire de politique interne et ne peut être refusé.
lundi 12 novembre
A Spire, Heinz Orbis proclame la République palatine avec le soutien de la France.
mardi 13 novembre
La France accepte que la Repko examine la capacité de l'Allemagne à assumer les réparations, et deux comités doivent voir le jour, l'un sous la présidence de l'Américain Dawes. L'ère des menaces est terminée : la négociation reprend ses droits.
mercredi 14 novembre
Le général von Seeckt ordonne que tous les cafés, cabarets et autres salles de spectacles de Berlin accueillent à partir du 15 novembre les pauvres et tous ceux qui souffrent du froid afin qu’ils puissent se réchauffer.
L’ancien prince héritier de Hanovre, Ernest Auguste, est décédé à Gmunden, en Autriche. Le fils du dernier roi de Hanovre, George V, était âgé de 78 ans. Le Hanovre avait été annexé par la Prusse en 1866.
jeudi 15 novembre
Les autorités françaises libèrent l’industriel Gustave Krupp.
Nombreux affrontements entre communistes et nazis.
L’hyperinflation atteint des niveaux exceptionnels : il faut désormais 4 200 milliards de marks pour un dollar ! Une nouvelle monnaie, encore provisoire, le Rentenmark est émise par une banque spéciale, la Rentenbank, et couverte par une hypothèque sur l’industrie, le commerce et la propriété foncière.
vendredi 16 novembre
Une nouvelle monnaie, encore provisoire, le rentenmark est émise, pour succéder au mark qui avait attend le fond avec un rapport de 4 200 milliards pour un dollar. Un billion de marks anciens correspond à un rentenmark. Elle sera émise par une banque spéciale, la Rentenbank, et couverte par une hypothèque sur l’industrie, le commerce et la propriété foncière.
Déclaration du président du Conseil français, Raymond Poincaré : « L’occupation de la Ruhr a coûté 691 millions de francs à la France et lui en a rapporté 520 millions ».
Dans un discours prononcé devant le Sénat, à Rome, Mussolini déclare que « le gouvernement italien ne peut approuver aucune autre occupation du territoire allemand. Il faut avoir le courage de dire que le peuple allemand ne peut être détruit ».
samedi 17 novembre
24 personnes auraient été tuées dans des émeutes de la faim dans la Ruhr.
Fin de l’inflation : la Banque nationale déclare que les succursales n’accepteront plus de dépôt à partir du 22 du mois.
Le cargo allemand Kronos a coulé en mer Baltique, au large du port estonien de Saaremaa. Les quatorze membres d’équipage ont perdu la vie.
mardi 20 novembre
Le taux de change de la nouvelle monnaie allemande est fixé à un billion de marks anciens pour un rentenmark.
jeudi 22 novembre
Le président américain Calvin Coolidge gracie l’Allemand Lothar Witzke, condamné à mort pour espionnage durant la Seconde Guerre mondiale.
vendredi 23 novembre
Ayant perdu un vote de confiance au Parlement, le chancelier Stresemann est renversé par une conjonction d'opposants de droite à la levée de la résistance passive et de sociaux-démocrates, qui lui reprochent son indulgence envers les autorités bavaroises. Comme le président Ebert refuse de dissoudre l'Assemblée, Stresemann n'insiste pas et se retire.
Le général Von Seeckt interdit les partis communistes (KPD) et nazis (NSDAP).
samedi 24 novembre
La Société chimique des usines du Rhône [futur Rhône-Poulenc] signe avec Bayer un accord sur l’exploitation de produits vétérinaires : la SCUR en obtient le monopole en France, mais doit verser 70 % des bénéfices à la compagnie allemande.
dimanche 25 novembre
Le président Ebert demande à Heinrich Albert de former le nouveau gouvernement.
mardi 27 novembre
Albert ayant échoué à former le nouveau gouvernement, le président Ebert propose à l’ancien ministre-président de Prusse Adam Stegerwald (Zentrum) de devenir chancelier.
mercredi 28 novembre
Stegerwald renonce à son tour à former le cabinet.
jeudi 29 novembre
Le président Ebert demande à autre membre du Zentrum, Wilhelm Marx, de former le gouvernement.
La Commission des réparations nomme deux comités d’experts chargés d’enquêter sur la situation de l’Allemagne, afin de garantir à la fois l’équilibre économique allemand et l’intérêt de ses créanciers.
Première à Berlin du film historique Le Petit Napoléon (Der kleine Napoleon), réalisé par Georg Jacoby, avec Egon von Hagen, Paul Heidemann, Harry Liedtkie, Jakob Tiedtke, Wilhelm Bendow et dans son premier rôle la jeune Marlene Dietrich (21 ans). Le même jour sort en salles le film La Rue (Die Straße), drame de Karl Grune, avec Eugen Klöpfer, Aud Egede Nissen et Anton Edthofer. Cette œuvre va donner naissance à un nouveau genre, le « film de rue » (Straßenfilm).
vendredi 30 novembre
Le Dr. Wilhelm Marx, du Zentrum, succède à Stresemann comme chancelier à la tête d'un cabinet minoritaire des centres (DDP, Z, DVP). Stresemann s’octroie le portefeuille des Affaires étrangères.
en novembre
Effondrement du mark, réduit à un millième de milliardième de sa valeur de 1914 : la valeur de la dette de guerre allemande n’équivaut plus qu’à… 15 pfennigs.
jeudi 6 décembre
Traité germano-américain d’amitié et de relations commerciales (entrée en vigueur le 14 octobre 1925).
samedi 8 décembre
Le Reichstag accorde pour la deuxième fois les pleins pouvoirs au gouvernement allemand. Le cabinet Marx peut ainsi prendre des mesures d’urgence en matière économique et sociale : les salaires et les prix sont gelés.
Création à Leipzig, à l’Altes Theater, de la première pièce écrite par Bertolt Brecht (en 1918), Baal, dans une mise en scène d’Alwin Kronacher.
mercredi 12 décembre
Le ministre des Finances Hans Luther annonce que les réserves d’or de l’Allemagne ainsi que son crédit intérieur sont épuisés. Le pays a besoin d’un prêt étranger pour pouvoir continuer à fonctionner correctement.
vendredi 14 décembre
Fixation du temps de travail à 54 heures pour les fonctionnaires et 59 heures pour les ouvriers des usines sidérurgiques.
lundi 17 décembre
Les fonctionnaires ne recevront désormais que la moitié de leurs appointements.
jeudi 20 décembre
La firme Krupp licencie les travailleurs refusant la journée de travail de dix heures.
vendredi 21 décembre
Ordonnance sur la durée du travail : le décret réaffirme la légalité des 8 heures par jour et 48 heures par semaine, mais il sera possible, en cas de contrats collectifs ou par décision administrative, de travailler 10 heures par jour sans augmentation de salaire.
Le banquier américain Charles G. Dawes est nommé chef de la commission chargée d’enquêter sur les capacités de l’Allemagne à payer ses réparations de guerre.
samedi 22 décembre
Le Dr Hjalmar Schacht devient président de la Reichsbank. Il a été préféré à l’ancien secrétaire d’Etat Helfferich.
lundi 24 décembre
Dans son message de Noël, le chancelier Marx déclare que le gouvernement allemand est disposé à remplir ses obligations concernant les réparations, « dans la limite de nos capacités », tout en laissant un appel pour annuler les sanctions « injustes ». En donnant à l’Allemagne « une chance de travailler et de vivre », le pays pourra faire des économies et ainsi payer les réparations qu’il doit.
mardi 25 décembre
Première Berlin du film religieux et épique I.N.R.I., adaptation du roman de Peter Rosegger réalisée par Robert Wiene, avec Gregori Chmara, Henny Porten et Asta Nielsen. L’histoire raconte les événements ayant mené Jésus à la crucifixion.
mercredi 26 décembre
A Londres, la Commission des réparations met en place en un comité d’experts dirigé par les Américains Charles Dawes et Owen Young afin de trouver une solution à l’incapacité du gouvernement allemand à faire face à l’énorme somme due aux vainqueurs de la Première Guerre mondiale.
Le journaliste et théoricien nationaliste et raciste Dietrich Eckart a succombé à une crise cardiaque à Berchtesgaden, à l’âge de 55 ans. Arrêté dans le putsch de la Brasserie, il avait été libéré pour raisons de santé. En 1919, Eckart avait été l’un des fondateurs du Parti ouvrier allemand (devenu par la suite le Parti national-socialiste).
La station suisse de Davos accueille la première édition de la coupe Spengler : cette compétition de hockey sur glace sera remportée par l’université britannique d’Oxford victorieuse des Allemands du SC Berlin.
jeudi 27 décembre
La Croix-Rouge internationale organise depuis la Suisse une collecte de dons pour l’Allemagne.
samedi 29 décembre
Paris et Londres s’opposent violemment au sujet de la collecte des taxes d’une mine de la Ruhr possédée par des ressortissants britanniques.
en décembre
Alliés et Allemands se mettent d’accord pour renflouer le mark.
Un brevet de la firme allemande Bayer est enregistré par les services gouvernementaux britanniques en tant que « remède pour le traitement des maladies tropicales », sous le titre Bayer 205. En Angleterre, on conclut après un certain nombre d’expériences que ce produit est le meilleur remède contre la trypanosomiase, plus connue sous le nom de maladie du sommeil.