jeudi 1er janvier
Un communiqué du ministère albanais des Affaires étrangères condamne la violence déployée par la police serbe au Kosovo contre les étudiants albanais de souche. « Les mauvais traitements vont à l'encontre de la volonté d'européaniser les Balkans que Belgrade a soutenue lors du sommet balkanique de Crête ».
vendredi 9 janvier
Momir Bulatovic, le président sortant du Monténégro, protégé de Belgrade, appelle ses partisans à manifester contre Milo Djukanovic, son successeur élu, qu'il accuse de « séparatisme ». La manifestation, « organisée contre le pouvoir illégal monténégrin qui menace l'Etat et les droits des libertés élémentaires de l'homme, garantis par la Constitution », est programmée pour le 12 janvier. L'investiture du nouveau président doit avoir lieu le 15 janvier.
dimanche 11 janvier
Bulatovic a demandé au président yougoslave Milosevic d'instaurer l'état d'urgence au Monténégro. Bulatovic, qui doit céder le 15 janvier sa place à Djukanovic, n'a toujours pas reconnu sa défaite à l'élection présidentielle.
lundi 12 janvier
Détérioration du climat entre Croates et Musulmans, manifestation au Monténégro contre les fraudes électorales, blocage par les ultranationalistes de Pale : la visite de l'envoyé spécial américain Robert Gelbard en Bosnie survient à un moment où la paix est sérieusement malmenée dans l'ex-Yougoslavie. A Pale, les « durs » du Parlement bloquent la mise en place des institutions pour obtenir la restitution de leurs émetteurs saisis en octobre par la Sfor.
du lundi 12 au mardi 13 janvier
Bulatovic avait prévu la mobilisation de 200 000 de ses partisans pour empêcher l'investiture de son successeur et rival, Djukanovic, qu'il accuse de fraude électorale, il n'a pu rassembler que 7 000 manifestants à Podgorica, et on estime son soutien actif à un millier de personnes.
mercredi 14 janvier
A Podgorica, la police antiémeutes a du disperser à coups de bombes lacrymogènes plus de 10 000 manifestants rassemblés devant le Parlement et le siège du gouvernement monténégrin. Bulatovic a appelé ses sympathisants à éviter toute violence.
La présidence collégiale bosniaque s'est accordée sur la nomination de 32 ambassadeurs de Bosnie-Herzégovine à travers le monde. Reste maintenant à décider de la nomination du représentant de Sarajevo aux Etats-Unis : le poste doit revenir à un Serbe. Les Musulmans conservent la représentation aux Nations unies. C'est un Croate qui sera nommé à Tokyo.
nuit du mercredi 14 au jeudi 15 janvier
Une nuit de violence a secoué Podgorica. Les affrontements ont duré plusieurs heures entre les forces de l'ordre et les partisans de Bulatovic. Quelque 3 000 manifestants s'étaient rassemblés devant le siège du gouvernement puis du Parlement aux cris de « Yougoslavie », « Milo voleur ! » ou « aux armes ». Une cinquantaine de personnes ont été blessées.
jeudi 15 janvier
L'émissaire américain Robert Gelbard a qualifié de « choquant et illégal » le comportement du mauvais perdant au Monténégro, Bulatovic. Il a également désigné Milosevic comme « responsable » des troubles de Podgorica pour avoir soutenu les manifestants. Il a averti l'homme fort de Belgrade que les sanctions imposées par les Etats-Unis à la Fédération yougoslave « ne seront pas levées » tant que « les dirigeants de ce pays n'auront pas accepté les normes internationales et les processus démocratiques ». Cependant, Milo Djukanovic a été investi président du Monténégro à Cetinje, ancienne capitale royale devenue lieu de résidence officiel du chef de l'Etat.
La mission des Nations unies en Slavonie orientale s'est achevée. La Croatie a donc pu reprendre officiellement le contrôle de la dernière portion de son territoire encore aux mains des Serbes. L'administration transitoire des Casques bleus aura duré deux ans. Leur départ confirme de manière symbolique la fin de la guerre en Croatie. L’OSCE a toutefois laissé sur place 120 observateurs jusqu’à la fin de 1999.
samedi 17 janvier
Profitant du départ des 41 députés ultranationalistes du Parlement de la Républika Srpska, dans la soirée, les 42 partisans de la présidente Biljana Plavsic ont élu leur propre candidat, Milorad Dodik, au poste de Premier ministre de l'entité serbe de Bosnie. Les ultranationalistes rejettent cette élection en la qualifiant de « coup d'Etat ».
dimanche 18 janvier
L’équipe d’Espagne est sacrée championne du monde de water-polo à Perth (Australie) après avoir battu la Hongrie en finale. La Yougoslavie a remporté contre l’Australie le match pour la troisième place, neuf buts à cinq.
lundi 19 janvier
Les ultranationalistes serbes de Bosnie ont été désavoué par le gouvernement yougoslave qui a adressé ses « félicitations les plus cordiales » au nouvel élu de la Republika Srpska. Cette reconnaissance marque une importante évolution de la politique du président yougoslave, Slobodan Milosevic.
Accusé de crimes de guerre contre des civils à Foca (RS), un Serbe bosniaque a été condamné à 11 ans de prison par le tribunal cantonal de Sarajevo. Veselin Cancar, un ancien économiste de 40 ans, dirigeait un camp de détention à Foca, en 1992, où des civils exclusivement musulmans ont subi des tortures physiques et psychiques.
mardi 20 janvier
Le nouveau Premier ministre de l'entité serbe de Bosnie, Milorad Dodik, a décidé de transférer la capitale de la Republika Srpska de Pale (fief de Karadzic) à Banja Luka, où réside la Présidente. Le décret du nouveau gouvernement gèle en outre les comptes bancaires et les avoirs du précédent gouvernement.
jeudi 22 janvier
Un Serbe bosniaque accusé de crimes de guerre par la justice internationale, Goran Jelisic, a été arrêté par des soldats américains de la Sfor. Goran Jelisic, qui a été arrêté à Bileljina (nord-est de la Bosnie) au moment où il montait dans sa voiture, a aussitôt été transféré à La Haye où il sera jugé par le TPI. Le nouveau chef (américain) de la mission de l'OSCE en Bosnie prévoit « une activité accrue en termes d'arrestations de criminels de guerre ».
vendredi 23 janvier
Les Nations unies ont adressé une lettre officielle de protestation à une station de radio de Pale dont les programmes ont défendu Radovan Karazic et trainé dans la boue le TPI. Cette station de radio, Sveti Jovan, appartient à la fille de Karadzic, qui qualifie le TPI d'« instrument de persécution contre les Serbes ».
samedi 24 janvier
La situation est considérée comme explosive au Kosovo, où les incidents interethniques se multiplient depuis trois semaines (trois morts et plusieurs blessés). Après le rejet, par Belgrade, d'une initiative franco-allemande invitant Milosevic à accorder un « statut spécial » à cette région, l'Union européenne doit se pencher sur le dossier cette semaine. Les Albanais du Kosovo craignent une intervention conjointe de la police et de l'armée serbes dans le centre de la province, qui serait actuellement contrôlé par une organisation clandestine, l'Armée de libération du Kosovo.
mercredi 28 janvier
Trois anciens militaires croates ont accusé « les plus hauts responsables croates » de faire la sourde oreille à leurs témoignages sur des dizaines d'exécutions sommaires commises par l'armée lors de la guerre serbo-croate, en 1991. Ils regrettent aussi que le TPI n'ait pas immédiatement réagi aux informations qu'ils lui ont transmises, laissant ainsi aux autorités croates le temps de dissimuler les preuves des atrocités qu'ils dénoncent.
A Kamenica, au Kosovo, un policier serbe a abattu un jeune Albanais de souche de 17 ans, qui vendait des cigarettes, d'une balle dans la tête tirée à bout portant.
Match amical de football : au Stade Olympique d’El Menzah, à Tunis, la Tunisie a été battue par la Serbie-Monténégro trois buts à zéro.
jeudi 29 janvier
Près de 20 000 personnes ont assisté à Kamenica à l'enterrement du jeune Albanais décédé la veille. La cérémonie, aux accents politiques, s'est déroulée sans incident, la police ayant déserté la ville.
samedi 31 janvier
Dans l'entité serbe de Bosnie, les modérés ont pris le pouvoir en douceur à Banja Luka. Les 21 membres du gouvernement Dodik ont prêté serment devant le Parlement. A la surprise générale, 13 membres du bloc des ultras ont voté pour le transfert du gouvernement de Pale à Banja Luka.
mardi 3 février
La communauté internationale subordonne son soutien financier à la ville de Sarajevo à un meilleur accueil des réfugiés, en proie à de nombreuses tracasseries administratives pour récupérer leur toit. Sur environ 380 000 habitants aujourd'hui, la capitale bosniaque ne compte plus que 19 000 Serbes contre 130 000 avant la guerre, 21 000 Croates contre 35 000. Si « au moins 20 000 non-Musulmans » ne rentrent pas chez eux en 1998, « nous ne pourrons pas maintenir le niveau d'assistance que nous avons fourni jusqu'ici », a déclaré l'émissaire américain pour l'ex-Yougoslavie en ouvrant la conférence international sur le retour des réfugiés à Sarajevo, qu'il co-préside avec l'Union européenne et le haut représentant civil en Bosnie, Carlos Westendorp.
mercredi 4 février
Les symboles nationaux et religieux ont disparu du drapeau de la Bosnie-Herzégovine. Les députés bosniaques n'ayant pu se mettre d'accord sur un nouveau drapeau avant la date fixée par la communauté internationale, celui-ci leur a été imposé par Carlos Westendorp. Il est bleu avec des étoiles blanches et un triangle jaune. Le triangle représente les trois communautés bosniaques, le jaune symbolise le soleil et l'espoir, les étoiles et le bleu l'Europe à laquelle la Bosnie souhaite appartenir.
mardi 10 février
La France encourage les Serbes de Bosnie à œuvrer pour l'application de l'accord de paix de Dayton. C'est le sens que le président français Jacques Chirac a voulu donner à la réception de la présidente de l'entité serbe de Bosnie, Biljana Plavsic, accueillie avec les honneurs réservés aux chefs d'Etat. Justement, le Premier ministre serbe de Bosnie, Milorad Dodik, a insisté, à Vienne, sur la volonté de son gouvernement de respecter tous les termes de l'accord de Dayton. Tout en répétant qu'il n'avait pas les moyens constitutionnels de livrer les suspects de crimes de guerre au TPI. Il a dit que son gouvernement « encourage » les criminels à se rendre à la justice.
samedi 14 février
Miroslav Tadic (60 ans) et Milan Simic (38 ans), deux Serbes de Bosnie, qui demandent à être livrés au TPI, se sont rendus à la police serbe à Bosanski Samac (nord du pays). Les deux hommes, accompagnés de leurs avocats, ont ensuite été conduits à une base des soldats américains de la Sfor. Ils sont inculpés de crimes de guerre et crimes contre l'humanité par le TPI. Le procureur du tribunal, Mme Louise Arbour (Canada), s'est félicité de leur reddition, et a invité tous les autres accusés par le TPI encore en liberté à suivre leur exemple. Ils avaient été inculpés le 21 juillet 1995.
lundi 16 février
La présidente Biljana Plavsic a destitué le général Pero Colic de son poste de chef d'état-major de l'armée des Serbes de Bosnie, qui avait pris fait et cause pour les ultranationalistes fidèles au dirigeant déchu Karadzic. Il a été remplacé par le général Talic qui avait fait allégeance à la présidente dès l'été 1997.
mardi 17 février
Les deux Serbes de Bosnie qui se sont rendus il y a trois jours, Miroslav Tadic et Milan Simic, ont plaidé non coupables devant le TPI de La Haye. Ils ont à répondre des accusations de crime contre l'humanité et de violation des lois ou coutumes de la guerre, pour leur rôle supposé dans la « campagne de terreur » entreprise en 1992 contre les Croates et les Musulmans de la municipalité de Bosanski Samac (17 000 sur une population de 33 000 en 1991, 300 en mai 1995) pour les contraindre à quitter la région.
jeudi 19 février
Un policier serbe de 34 ans a été tué dans une embuscade tendue par un groupe armé albanais, dans l'après-midi, à 40 kilomètres au nord de Pristina, le chef-lieu du Kosovo. L'attentat pourrait avoir été commis par « l'Armée de libération du Kosovo », qui invite la majorité albanaise de la province à conquérir par la violence l'indépendance que lui refuse le pouvoir serbe.
mardi 24 février
Un Serbe de Bosnie, inculpé de crimes de guerre par le TPI, s'est rendu à la police serbe de Bosanski Samac (nord). Il a été transféré à La Haye où il sera jugé. Chef de la police de Bosanski Samac avant la guerre, Simo Zaric affirme : « Des crimes de guerre ont bien eu lieu, mais ils doivent être attribués à ceux qui les ont commis et à ceux qui les ont tolérés ». Pour sa part, il se dit innocent. C'est le troisième Serbe à se rendre de lui-même à la justice internationale qui en a inculpé six pour des exactions commises à Bosanski Samac.
Match amical de football : au stade José Maria Minella de Mar del Plata, l’Argentine a battu la Serbie-Monténégro trois buts à un.
samedi 28 février
Au Kosovo, à 11 h 20, des policiers serbes ont été attaqués à Likosane, sur la route entre Glogovac et Srbica et ont riposté ; deux policiers et cinq assaillants ont été tués. Sept villages ont fait l'objet d'opérations de ratissage par la police serbe, faisant 24 morts. Sept personnes auraient trouvé la mort à Cirez, dans une maison, mitraillée par un hélicoptère de la police. Il s’agit là de l’acte de naissance de la guerre au Kosovo.
dimanche 1er mars
Des mouvements de blindés serbes ont été signalés au Kosovo, où 40 000 policiers sont déjà en place. Les forces serbes ont massacré plusieurs familles liées aux indépendantistes dans les villages de Kirz, Likoshanë et Prekaz.
lundi 2 mars
Des centaines de policiers des unités anti-émeute mobilisés par le gouvernement de Belgrade, sont violemment intervenus à Pristina contre une manifestation qui rassemblait plusieurs dizaines de milliers de personnes aux cris de : « Nous donnerons nos vies mais nous n'abandonnerons pas le Kosovo ». Elle avait été convoquée par les partis albanais. D'abord dispersés au canon à eau, les manifestants ont ensuite été pourchassés, chargés à coup de matraque. A leurs fenêtres, des Serbes encourageaient les policiers du geste... A Genève, le « gouvernement » du Kosovo en exil appelle les Nations unies à l'aide.
mardi 3 mars
La tension reste vive au Kosovo où les Albanais de souche ont observé une journée de deuil pour enterrer les victimes des affrontements du week-end dans la région de Drnica, interdite à la presse par la police serbe pour des « raisons de sécurité ». A Pristina, la plupart des magasins sont fermés, ainsi que les écoles albanaises et les rues sont quasiment désertes. Par la voix de son commissaire aux relations extérieures, Hans van den Broek, l'Europe a adressé une sévère mise en garde au président yougoslave, Slobodan Milosevic, sommé de « restaurer » l'autonomie dont il a privé les Albanais du Kosovo.
mercredi 4 mars
L'UCK s'est promis de « venger » les 25 victimes des affrontements des derniers jours. Pour éviter que la situation explosive qui règne au Kosovo ne débouche sur un bain de sang, les ministres des Affaires étrangères des six pays du « groupe contact sur l'ex-Yougoslavie » (Allemagne, Italie, Russie, Etats-Unis, France et Grande-Bretagne) se réuniront le 9 mars, en urgence, à Londres. Robert Golbard, le principal émissaire américain dans les Balkans, a implicitement menacé Slobodan Milosevic de représailles militaires s’il persiste dans son intransigeance à l'égard du Kosovo, qui constitue un encouragement à la guerre civile. Deux attaques ont été dirigées dans la soirée contre un poste de police et une patrouille à Pristina. Il n'y aurait pas eu de victimes.
jeudi 5 mars
A l'aube, la police et l'armée serbes ont investi trois villages de la région de Srbica (centre du Kosovo), considérée comme le sanctuaire des extrémistes de l'UCK. Appuyées par des hélicoptères, les forces serbes (une centaine d’hommes) sont arrivées à bord de plusieurs autobus et de véhicules blindés. Elles ont procédé, dans les trois villages, à des ratissages officiellement justifiés, à Belgrade, par la recherche de « caches d'armes ». Le déploiement des forces serbes s'est accompagné de tirs nourris d'armes automatiques. Des responsables locaux ont parlé de « colonnes de femmes et d'enfants fuyant la région de Drenica devant les assauts des forces de l'ordre serbes ». Dans l'après-midi, on signalait le village de Prekaz, en flammes et diverses sources locales affirment qu'une dizaine d'autres villages de la région, « virtuellement albanaise à 100 % », ont été la proie des bombardements serbes au canon et au lance-roquettes, qui ont fait de nombreuses victimes. 58 membres du clan Jashari ont été tués (dont les chefs du clan Adem Jashari et Hamëz Jashari, ainsi que 18 femmes et 10 enfants). 2 policiers serbes ont perdu la vie et 7 autres ont été blessés.
Dragoljub Kunarac, dit « Zaga », un Serbe de Bosnie recherché pour crimes contre l'humanité, s'est rendu volontairement aux soldats français de la Sfor. Il était le chef d'un groupe paramilitaire de sept Serbes originaires de Foca qui, selon l'acte d'accusation, auraient violé, torturé et réduit à l'état d'esclaves des musulmans de Foca. Un cinquième Serbe, originaire de Banja Luka, Zoran Zigic, a aussi annoncé son intention de se livrer à la Sfor en fin de semaine.
vendredi 6 mars
Les forces de police serbes poursuivent leurs opérations dans le centre du Kosovo. Le quotidien local de langue albanaise, Koha Ditore, affirme que plusieurs villages sont maintenant « sous un blocus de fer » et qu'un criminel de guerre serbe bosniaque, Milenko Radmilic, a été vu dans le nord de la province en uniforme de la police serbe. Relâché d'une prison de Brcko, dans le nord de la Bosnie, il est arrivé à la tête d'une unité d'anciens combattants serbes bosniaques venus de Zvornik, dans l'est de la Bosnie. Ibrahim Rugova, le leader des Albanais de la province, dénonce le « nettoyage ethnique » pratiqué par Belgrade et demande une protection internationale pour le Kosovo. Déjà, de nombreux villageois de la région de Drenica ont fui leurs maisons et le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, à Genève, explique que la situation actuelle au Kosovo rappelle celui de la Bosnie en 1992. En Albanie, 20 000 personnes ont manifesté dans les rues de Tirana pour exiger la fin de la répression menée par les forces de l’ordre serbes contre les Albanais du Kosovo. Les manifestants réclament que la communauté internationale fasse pression sur Belgrade. Les Etats-Unis ont déjà pris une première série de mesures de rétorsion contre la Serbie, en annulant certains avantages qui lui avaient été accordés pour son concours dans l'application de l'accord de Dayton, en Bosnie. La Russie, elle, a officiellement manifesté son opposition à toute « ingérence extérieure directe » en Yougoslavie.
samedi 7 mars
Les Serbes ont continué leurs opérations contre ceux qu'ils appellent les « terroristes » albanais. En cette fin de semaine, un premier bilan des attaques et des bombardements serbes avancé par un quotidien local fait état de près de 100 morts. Et la Ligue démocratique du Kosovo, le principal parti albanais, estime que 5 000 personnes auraient déjà fui la région de Drenica. Le ministère de l'Intérieur serbe a interdit à toutes les organisations humanitaires, y compris la Croix Rouge de se rendre dans cette région. A l'issue d'un entretien à Rome avec Lamberto Dini, le chef de la diplomatie italienne, Madeleine Albright, a déclaré que « la Serbie devait payer le prix fort pour son action au Kosovo ».
dimanche 8 mars
A l'occasion de la Journée internationale de la femme, plusieurs milliers d'Albanaises ont protesté à Pristina contre la violence de la police serbe, dont les opérations se poursuivent. Dans l'après-midi, la police a attaqué trois villages de la région de Drenica en utilisant « toutes sortes d'armes », affirme la LDK. Auparavant, des diplomates étrangers avaient été autorisés pour la première fois à se rendre à Prekaz. Ils y ont vu un spectacle « sinistre » et comparent Prekaz à « une ville fantôme ». Des membres de la Croix-Rouge internationale ont également pu entrer dans la région de Drenica pour s'enquérir des besoins de la population. Environ 3 500 Albanais fuyant le Kosovo sont arrivés, au cours des dernières 48 heures, au Monténégro. Tous les partis politiques albanais ont appellé à une manifestation pacifique pour le 9 mars, malgré l'interdiction de tous les rassemblements. Slobodan Milosevic, qui recevait le chef de la diplomatie turque, Ismail Cem, a répété qu'il n'avait pas l'intention de céder et qu'il était « résolument » hostile à toute « ingérence » extérieure dans l'affaire du Kosovo. Dans la soirée, les autorités serbes ont transféré 62 corps de la morgue de Pristina vers Srbica. Parmi les victimes : 14 femmes et 12 enfants.
lundi 9 mars
Les manifestations se sont multipliées au Kosovo, à l'appel des partis politiques albanais, pour protester pacifiquement contre « la violence et la terreur serbes ». Malgré l'interdiction de tout rassemblement, les forces de police serbes ne sont intervenus ni à Pristina, ni à Gnjilane, ni à Kosovska Mitrovica. En revanche, les manifestants ont été violemment dispersés à Pec, à Klina et à Istok. Dans l'immédiat, Belgrade a fait savoir que l'essentiel de ses opérations contre les séparatistes de la région de Drenica a pris fin. Par ailleurs, réunis à Londres, les six pays du Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie ont décidé d'appliquer immédiatement à la Yougoslavie (Serbie et Monténégro) un certain nombre de sanctions (embargo sur les armes, suppression des visas pour les hauts responsables serbes de la répression et le retrait immédiat de l'aide financière destinée au commerce yougoslave, ainsi que l'arrêt des investissements directs en République fédérale de Yougoslavie). Les six donnent dix jours au président Milosevic pour retirer du Kosovo les unités de la police spéciale serbe, faute de quoi il s'exposera à des sanctions supplémentaires.
mardi 10 mars
Les Albanais du village de Prekaz, où les policiers serbes ont concentré l'essentiel de leurs interventions contre des séparatistes refusent d'enterrer leurs morts. Ils exigent que des autopsies soient d'abord pratiquées par des médecins légistes étrangers, afin de déterminer les causes exactes de ces décès. Le Comité international de la Croix-Rouge a demandé en vain l'accès aux localités touchées par les opérations policières. Un médecin serbe a confié, après avoir vu les corps : « Jamais, dans ma carrière, je n'avais vu de cadavres dans cet état, et je ne souhaite plus en voir sinon j'abandonne ma profession... » Dans la soirée, Belgrade a fini par accepter le dialogue exigé par les Albanais du Kosovo. « Le dialogue, admet le gouvernement serbe, est la seule façon d'améliorer les processus politiques ». Par ailleurs, les victimes des opérations policières ont été ensevelies dans la soirée à la va-vite sur ordre des autorités serbes.
mercredi 11 mars
Ibrahim Rugova, le « président » de la « République » autoproclamée du Kosovo a fait savoir qu'une « solution politique dans le cadre de la Yougoslavie n'est pas une solution. Une autonomie ne serait que source de nouveaux conflits. La meilleure solution pour le Kosovo est la reconnaissance de son indépendance ». Rugova rejoint donc désormais son opposition, dont les diverses composantes tenaient ce discours depuis longtemps. C'est le cas du Parti parlementaire du Kosovo (PPK, radical), dont le leader, Adem Demaçi, affirme qu'Ibrahim Rugova ne peut accepter de négocier avec Belgrade sans consensus de toutes les forces politiques albanaises. Par ailleurs, les victimes des opérations policières, ensevelies la veille, ont été exhumées par leurs familles qui les ont enterrées selon un rite musulman.
jeudi 12 mars
La dialogue annoncé entre les Albanais du Kosovo et le gouvernement serbe n'est toujours pas engagé. La délégation venue de Belgrade à Pristina et dirigée par le vice-Premier ministre serbe, Ratko Markovic, n'a pas trouvé aucun interlocuteur. Les Albanais exigent une caution internationale que les Serbes rejettent comme une ingérence étrangère.
vendredi 13 mars
Plus de 50 000 Albanais du Kosovo sont descendus dans la rue pour manifester contre le pouvoir serbe, accusé de génocide. Après une heure, les manifestants se sont dispersés sans avoir été inquiétés par la police. Une nouvelle proposition serbe de négociation - écrite cette fois - a subi la même fin de non recevoir que la veille. Pour marquer sa détermination, Ibrahim Rugova a lancé un appel « à un engagement plus profond et plus rapide de la communauté internationale ». Le Monténégro a demandé à être exempté d'éventuelles sanctions occidentales contre la Yougoslavie.
Une délégation de parlementaires européens des pays membres de l'OTAN vient de se rendre en Croatie pour vérifier l'application des accords de Dayton sur la Slavonie orientale. Le constat n'a rien de réjouissant : « Ca n'avance pas vite ».
samedi 14 mars
Les dirigeants albanais du Kosovo ont lancé un défi à Belgrade en décidant de maintenir au 22 mars des élections générales non reconnues par les autorités serbes.
dimanche 15 mars
La communauté internationale, qui devait rendre son arbitrage sur le sort de Brcko (nord-est de la Bosnie) que se disputent Serbes et Croato-musulmans, a finalement prolongé le statu quo pour un an. Sa décision avait déjà été différée il y a un an.
Plus de 20 000 personnes ont rendu silencieusement hommage, dans le centre de Pristina, aux 80 victimes des récentes opérations de la police serbe dans la région de Drenica. Il y avait très peu de policiers sur le parcours des manifestants qui arboraient des portraits de Mère Teresa (d'origine albanaise) ou tenaient des bougies allumées.
lundi 16 mars
2 000 Albanaises de souche ont quitté Pristina pour une marche de 50 kilomètres vers Drenica. Armées de miches de pain symbolisant la solidarité et brandissant des pancartes où l'on pouvait lire, en anglais, « Nous sommes une nation en danger » ou « Drenica, nous arrivons », elles ont été bloquées par un barrage de policiers dès les faubourgs serbes de Pristina. Selon des sources albanaises, les Serbes empêchent même la Croix-Rouge d'apporter de l'aide à Drenica, où plusieurs villages restent isolés par un cordon policier. Pour leur part, les responsables politiques albanais maintiennent leur refus de tout dialogue avec Belgrade sans médiation internationale.
La France a fait savoir qu'elle enverra à La Haye deux officiers qui pourront témoigner publiquement devant le TPI.
mardi 17 mars
Le ministre yougoslave des Affaires étrangères, Zivadin Jovanovic, a redit son opposition à toute ingérence étrangère concernant le Kosovo, à l'issue d'une rencontre avec le chef de la diplomatie russe, Evgueni Primakov.
mercredi 18 mars
Plus de 50 000 Albanais de souche ont manifesté à Pristina « pour la paix, contre la violence et la terreur serbe ». Des manifestations semblables ont eu lieu dans de nombreuses autres villes de la province, à l'appel des leaders politiques albanais. Des sources serbes parlent de nombreux « incidents ». Selon des sources albanaises, la police serbe aurait ouvert le feu à Pec, tuant un homme et blessant au moins cinq autres personnes. Les Etats-Unis ont menacé de prendre des « mesures supplémentaires » contre la Yougoslavie « si Belgrade refuse de répondre aux très raisonnables critères avancés pour résoudre la crise » qui met tout l'équilibre des Balkans en péril.
jeudi 19 mars
Vers midi, 20 000 à 50 000 personnes se sont réunies dans le centre-ville de Pristina pour demander le retrait des forces de police serbe. Mais deux heures plus tard, plus de 50 000 Serbes, la plupart venus en cars du sud du pays prenaient à leur tour possession des rues de la ville pour refuser l'indépendance du Kosovo. A la tête de chacune de ces deux manifestations, restées pacifiques, malgré la tension, des jeunes, des étudiants, qui ont su entraîner et dire les aspirations contradictoires des deux populations. A Belgrade, les ministres des affaires étrangères français, Hubert Védrine, et allemand, Klaus Kinkel, ont rencontré les présidents de la République de Serbie, Mulitinovic, et de Yougoslavie, Milosevic. Ils ont lancé un appel au calme. Milosevic aurait promis de retirer les forces spéciales de police du Kosovo. Il va y envoyer son propre émissaire. Mais il a refusé la médiation de l'ancien Premier ministre espagnol Felipe Gonzalez, proposée par les Européens. L'émissaire américain, Michel Gelbard, qui les avait précédés, a joué à nouveau de la menace de sanctions contre la Yougoslavie en assurant à ses voisins qu'ils n'en souffriraient pas.
vendredi 20 mars
Le Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie, réuni à Bruxelles pour apprécier les gestes de Belgrade susceptibles de calmer la tension au Kosovo, estime que « c'est trop peu et trop tard ». Les tractations se poursuivent néanmoins et l'ONU, se rendant aux arguments russes, remet à plus tard le vote attendu sur les sanctions.
samedi 21 mars
La police serbe a saisi au Kosovo 100 000 bulletins de vote destinés aux élections organisées le 22 mars par la communauté albanaise. Le ministère serbe de l'Intérieure a fait savoir que les autorités de Belgrade ne reconnaissaient pas ces élections.
nuit du samedi 21 au dimanche 22 mars
Réimpression des bulletins interceptés la veille par la police serbe.
dimanche 22 mars
Tous en les déclarant « illégaux », Belgrade n'a pas tenté d'empêcher le déroulement des élections générales chez les Albanais du Kosovo. Il n'y a eu que quelques incidents, qui n'ont guère perturbé le scrutin. La participation a été très importante (85 %), malgré les consignes de boycottage de plusieurs formations qui estimaient préférable de reporter la consultation à plus tard, en raison des évènements. Candidat à sa propre succession, le « président » Rugova y puise une légitimité nouvelle pour contraindre Belgrade au dialogue (de même pour les 130 parlementaires élus). Les autorités yougoslaves ont refusé les visas à une délégation américaine, dans laquelle figuraient trois membres du Congrès, qui voulait se rendre au Kosovo. La délégation est restée bloquée en Macédoine.
lundi 23 mars
Les autorités serbes (Ratomir Vico, ministre sans portefeuille), les dirigeants albanais du Kosovo (Fehmi Agani, conseiller d'Ibrahim Rugova) et le médiateur Mgr Vincenzo Paglia (représentant de la communauté catholique romaine Sant'Egidio) ont signé un calendrier sur le retour des élèves albanais dans les établissements d'enseignement officiels. Deux obstacles à l'application de l'accord sont toutefois apparus. Le collège des enseignants de l'université serbe du Kosovo, qui n'a pas participé aux négociations, l'a rejeté, tout comme le recteur serbe de l'université de Pristina. Ils ont pu y être encouragés par la présence de 20 000 à 40 000 manifestants serbes dans les rues de Pristina, pour la seconde fois en moins d'une semaine. L'accord laisse bien des points dans l'ombre, à commencer par les programmes.
mardi 24 mars
Le Parlement serbe a élu un nouveau gouvernement de 35 membres, dominé par les socialistes. Pour la première fois, les ultranationalistes de Vojislav Seselj y sont représentés. Seselj et son adjoint, Tomislav Nikolic, obtiennent deux des cinq postes de vice-Premier ministre.
De nouveaux affrontements se sont produits au Kosovo entre policiers serbes et Albanais de la province. Un policier a été tué et un autre grièvement blessé, lors de l'attaque de leur patrouille dans un village de l'ouest. Selon Belgrade, la police aurait capturé l'un des « terroristes », qui a avoué appartenir à un groupe infiltré au Kosvo depuis l'Albanie. Les forces de l'ordre serbes ont, par la suite, investi plusieurs villages, procédé à des fouilles et à des arrestations (deux Albanais ont été tués). Pour sa part, Ibrahim Rugova a chargé une équipe de préparer une « plate-forme de négociation » avec les représentants de Milosevic. Cette équipe est composée de 15 personnes parmi lesquelles Rugova désignera les négociateurs. Le Premier ministre serbe, Mirko Marjanovic, a déclaré que son gouvernement était déterminé à combattre « le séparatisme et le terrorisme » dans la province
mercredi 25 mars
Réunis à Bonn (Allemagne), les six pays du Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie ont accordé un nouveau délai à Belgrade pour engager le dialogue au Kosovo. Mais, à Pristina, le « Président » Rugova renforcé par sa réélection radicalise son discours. Pour la neuvième fois, les Albanais ont boudé la délégation conduite par le vice-Premier ministre serbe Ratko Markovic, arrivée à Pristina le 12 mars... 4 000 femmes ont de nouveau manifesté silencieusement dans la capitale kosovare pour exiger la fin de la « terreur serbe ».
Match amical de football : au stade Nemeso Camacho el Campin de Bogota, la Colombie et la Serbie-Monténégro ont fait match nul zéro à zéro.
jeudi 26 mars
L'armée albanaise a entrepris des « préparatifs » pour parer à une attaque yougoslave qui pourrait résulter de la crise actuelle au Kosovo. C'est ce qu'a révélé, à Stockholm (Suède), le ministre albanais des Affaires étrangères. Selon lui, l'OTAN a promis son aide à l'Albanie et doit lui envoyer des instructeurs pour conseiller l'armée en matière de contrôle des frontières.
vendredi 27 mars
Bronislaw Geremek, ministre polonais des Affaires étrangères et président de l'OSCE, était à Pristina et à Belgrade, pour tenter de débloquer la situation au Kosov. Il a posé trois questions précises à Milosevic (qui l'a reçu, ce que ce dernier a refusé à l'émissaire américain Robert Gelbard), mais ne semble pas avoir obtenu de réponse.
lundi 30 mars
Le Premier ministre albanais, Fatos Nano, estime que le Kosovo devrait obtenir « un statut de République égal à celui dont jouit le Monténégro au sein de la Yougoslavie », ce qui permettrait de « s'ouvrir aux pays voisins », y compris à l'Albanie et à l'Europe. Pour autant, estime-t-il, le Kosovo « ne devrait pas avoir le droit à la sécession ».
mardi 31 mars
Les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU se sont mis d'accord pour voter un embargo sur les armes à l'encontre de Belgrade. Le projet de résolution demande aussi aux Serbes de retirer leurs forces de sécurité du Kosovo et de mettre fin à la répression contre les civils. Déjà, l'institut d'albanologie de Pristina a été restitué par les autorités serbes à la communauté albanaise.
nuit du mardi 31 mars au mercredi 1er avril
Le dinar yougoslave a été dévalué de 81,8 %.
mercredi 1er avril
Le deutschemark a été mis officiellement en circulation en Republika Srpska pour préserver l'entité serbe de Bosnie des « effets inflationnistes » du dinar yougoslave, a indiqué le Premier ministre Milorad Dodik.
jeudi 2 avril
Serbes et Albanais du Kosovo restent intransigeants malgré toutes les tentatives de médiation ou de pression. Belgrade, pour sa part, dénonce l'embargo sur les armes pour la Yougoslavie voté par le Conseil de sécurité. Le président Milosevic propose qu'un référendum soit organisé en Serbie pour décider ou non d'une médiation étrangère au Kosovo
Le Parlement du Monténégro a adopté une résolution affirmant que les manifestations organisées en janvier par l'ancien président Bulatovic contre son successeur constituent une « tentative de coup d'Etat ». Cette résolution accuse les dirigeants yougoslaves, le président Milosevic, le Premier ministre, les institutions de l'Etat serbe et les médias officiels d'avoir « soutenu pleinement et activement la déstabilisation du Monténégro ».
La Sfor a procédé à un déploiement impressionnant d'hommes (300 soldats italiens et 50 allemands) et de matériel (50 véhicules blindés, des hélicoptères) au voisinage du domicile de Radovan Karadzic, l'ex-leader des Serbes de Bosnie. La rumeur de son arrestation s'est rapidement répandue à Pale. En fin de journée, cependant, le porte-parole de la Sfor a expliqué qu'il ne s'agissait que d'une « inspection de routine des unités de la police bosno-serbe ».
vendredi 3 avril
Le président du Monténégro, Milo Djukanovic, a présenté un plan de réformes radicales qui, à ses yeux, sont seules encore capables de sauver la Yougoslavie d'un désastre.
lundi 6 avril
Le référendum qui donnerait aux Serbes la possibilité de refuser une médiation internationale pour le règlement de la crise du Kosovo pourrait avoir lieu le 22 avril. Le Parlement serbe a voté une loi autorisant la tenue d'un tel référendum dans les 15 jours. En attendant, Milosevic a renoncé (provisoirement) à donner l'assaut contre les villages de la Drenica, où est concentrée la résistance albanaise armée. A Pristina, le leader des Albanais a nommé une équipe de quatre négociateurs en vue d'éventuelles discussions avec la République fédérale de Yougoslavie. Les représentants albanais ne veulent discuter qu'à ce niveau. Ce jour, ils ont encore rejeté une offre de discussions avec le président de Serbie, Milan Milutinovic.
mardi 7 avril
Le président serbe, Milan Milutinovic, est rentré bredouille de Pristina. Comme les neuf fois précédentes, les albanais du Kosvo ne sont pas venus au rendez-vous, car ils ne veulent négocier qu'avec les autorités de la République fédérale de Yougoslavie.
mercredi 8 avril
Radovan Karadzic n'est plus à Pale. Le dispositif de sécurité autour de sa maison a été levé. Et Karadzic est introuvable. Pourtant, Elisabeth Rehn, la Finlandaise envoyée spéciale des Nations unies en Bosnie, affirme qu'il comparaîtra « très prochainement » devant le TPI. Elle estime qu'il a de « moins en moins » de soutiens parmi les Serbes de Bosnie.
Deux Bosno-Serbes, accusés de crimes contre l'humanité pour leurs tortures infligées à leurs prisonniers croates et bosniaques, ont été arrêtés à Prijedor par la force multinationale. Ils doivent être transférés au TPI de La Haye.
jeudi 9 avril
30 000 Albanais du Kosovo ont défilé à Pristina en présence d'un important déploiement de policiers serbes. Ils réclament « paix, indépendance et liberté » pour le Kosovo. 14 organisations les appellent à se manifester chaque jour pendant une demi-heure dans les rues de la capitale, pour « témoigner de leur présence au Kosovo et de leur détermination d'y rester ».
Radovan Karadzic serait en Biélorussie (ex-URSS). Sa maison de Pale, devant laquelle la Sfor a effectué des manœuvres au début de la semaine, aurait été vendue et il l'aurait quittée en novembre dernier.
vendredi 10 avril
20 000 Albanais ont manifesté pacifiquement à Pristina, avec slogans et drapeaux.
samedi 11 avril
Des milliers d'Albanais ont de nouveau manifesté dans le calme dans une dizaine de villes du Kosovo. A Pristina, les 10 000 manifestants, sans pancartes ni slogans, ont gagné le siège des autorités serbes avant de se disperser.
Radovan Karadzic « ne se rendra jamais » a déclaré l'épouse de l'ancien leader des Serbes de Bosnie, inculpé de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre par le TPI. Elle a aussi affirmé que son mari ne reconnaîtrait jamais ce tribunal et qu'il s'opposerait à une arrestation éventuelle. Par ailleurs, elle affirme que « toutes les suppositions sur l'endroit où il se trouve sont erronées, car personne ne peut savoir où il se trouve actuellement ».
mardi 14 avril
Après Londres et avant Washington, le président du Monténégro est arrivé à Paris pour chercher un appui de l'Occident afin d’échapper au « suicide collectif » de la fédération yougoslave.
mercredi 15 avril
La Commission des droits de l'homme de l'ONU estime que les progrès pour résoudre la crise au Kosovo ont été « minimes ». Un rapport, publié à Genève, qualifie de « grave » la situation qui prévaut, car, si le degré de violence a diminué, il n'a pas disparu. La Ligue démocratique du Kosovo affirme que la répression policière se poursuit dans certaines régions, « afin de provoquer la panique parmi la population albanaise pour qu'elle quitte ses foyers ». Par ailleurs, comme chaque jour, 8 000 Albanais ont défilé dans l'avenue centrale de Pristina, sans slogan ni banderole, bloquant la circulation pendant une demi-heure sans intervention de la police.
Le chargé d'affaires albanais en poste à Belgrade a été convoqué au ministère yougoslave des Affaires étrangères où il s'est vu signifier une « énergique protestation » en raison d'un incident à Tirana : un Albanais avait réussi à pénétrer à l'ambassade de Yougoslavie et avait abaissé le drapeau de la République fédérale yougoslave.
nuit du mercredi 15 au jeudi 16 avril
Incidents à la frontière entre l'Albanie et la Yougoslavie, où l'armée fédérale yougoslave a du ouvrir le feu. Selon la version de Belgrade, une de ses unités a été prises sous le feu de « terroristes » albanais qui tentaient d'entrer clandestinement en Yougoslavie, dans les montagnes de Jnic (au sud-ouest du Kosovo). Selon l'armée, les soldats yougoslaves « ont saisi une grande quantité d'armes, de munitions et d'autres équipements terroristes ». Citant des « sources informées », le quotidien de Belgrade Vecernje Novosti affirme que deux Albanais ont été tués, plusieurs autres blessés et que deux des « terroristes » ont été capturés.
jeudi 16 avril
Le site d'un nouveau charnier a été mis à jour dans l'ancienne enclave de Srebrenica, où des milliers de musulmans ont été massacrés en 1995. Par ailleurs, un Serbe de Bosnie inculpé de crimes de guerre par le TPI a été remis à la Sfor. Zoran Zigic fait partie d'un groupe de 13 Serbes inculpés dans l'affaire du camp de Keraterm, près de Prijedor, où 3 000 Musulmans et Croates ont été « tués, sexuellement maltraités, battus et torturés de diverses manières », selon l'acte d'accusation. Quant à Radovan Karadzic, il écrirait ses mémoires qu'il pourrait utiliser pour sa défense lors d'un éventuel procès, révèle un quotidien de Belgrade.
Nouvelle protestation « très ferme » de la part de Belgrade vis-à-vis de Tirana, justifiée, cette fois, par les incidents de la nuit à la frontière entre les deux pays : « De tels incidents peuvent avoir de graves conséquences et la partie albanaise en porte toute la responsabilité ». Le Premier ministre albanais, Paskal Molo, met en doute la version yougoslave et explique : « En l'absence de pas concrets vers un règlement de la crise au Kosovo, la partie serbe fait l'impossible pour créer ce genre d'incidents ». Un conseiller militaire de Tirana affirme de son côté qu'il s'agit d’un « incident monté par Belgrade afin d'accréditer l'idée que l'Albanie incite au conflit et au terrorisme ». L'Albanie ajoute, pour preuve de sa bonne foi, qu'elle a souhaité l'envoi d'une commission sur place afin d'enquêter sur l'incident mais qu'elle en a été empêchée par les Yougoslaves. L'armée yougoslave prétend le contraire : « Une commission mixte s'est rendue sur les lieux ». Au Kosovo, Ibrahim Rugova parle de « provocation » et assure que ce n'est pas la première fois que l'armée yougoslave est impliquée dans la crise au Kosovo. Ce que Belgrade refuse d'admettre.
vendredi 17 avril
Pour la première fois, Ibrahim Rugova, a invité « les représentants de Belgrade à rencontrer le groupe de négociation albanais en terrain neutre, en présence d'une partie tierce ». Depuis plus d'un mois, les dirigeants serbes tentent d'avoir des discussions avec les représentants des Albanais du Kosovo mais ces derniers ne sont venus à aucun des onze rendez-vous proposés par Belgrade.
samedi 18 avril
La manifestation quotidienne des habitants de Pristina s'est déroulée dans le plus grand calme.
dimanche 19 avril
La situation se tend de plus en plus au Kosovo. Des mouvements militaires de l'armée yougoslave ont, pour la première fois, été observés, dans la matinée, près de la frontière avec l'Albanie. Une dizaine de camions transportant des soldats et tractant des canons ont pris position sur les hauteurs de Decani, incitant les habitants à quitter leurs villages. Cette mobilisation suit l'annonce, par la presse serbe, d'un incident au cours duquel trois civils serbes auraient été attaqués et blessés par « des terroristes albanais armés ».
lundi 20 avril
Les experts du TPI ont commencé les travaux d'exhumation sur un nouveau site du nord-est de la Bosnie, où l'on pense trouver des dépouilles de victimes des massacres de Srebrenica. L'endroit est situé au niveau du barrage de Brnice, près de Zvornik, à 35 kilomètres de Srebrenica. Les informations obtenues pourront notamment être utilisées contre Ratko Mladic et Radovan Karadzic.
mardi 21 avril
L'armée yougoslave a renforcé sa présence dans l'ouest du Kosovo, la police serbe tenant les journalistes à distance des cantonnements militaires établis sur les hauteurs de la ville de Decani. L'ouest du Kosovo a été le théâtre d'affrontements, ces jours-ci, entre les gardes-frontières yougoslaves et des hommes en armes venant d'Albanie et tentant d'entrer clandestinement au Kosovo.
mercredi 22 avril
Expiration de l'ultimatum de la communauté internationale exigeant l'ouverture d'un dialogue entre Belgrade et responsables albanais du Kosovo. Par ailleurs, des camps de réfugiés serbes ayant fui la Croatie en 1995 ont été attaqués à Babaloc (un village du Kosovo à la frontière albanaise). Le HCR confirme que ces camps sont l'objet d'attaques renouvelées depuis quelques temps. La police serbe est intervenue et a ouvert le feu au mortier contre ce village, faisant planer, selon le « président » des Albanais du Kosovo, le « danger d'un massacre ».
Match amical de football : au stade Crvena Zvezda de Belgrade, la Serbie-Monténégro a battu la Corée du Sud trois buts à un.
nuit du mercredi 22 au jeudi 23 avril
Un affrontement s'est produit entre l'armée yougoslave et un groupe de 200 personnes armées venus d'Albanie et qui tentaient de franchir clandestinement la frontière : 26 personnes auraient été tuées. Le centre de presse (serbe) de Pristina affirme que ces hommes armés sont des Albanais du Kosovo « entrainés dans des bases secrètes dans le nord de l'Albanie ».
jeudi 23 avril
Référendum en Serbie sur la question : « Acceptez-vous une participation de représentants étrangers au règlement des problèmes au Kosovo ? ». L'opposition a appelé au boycottage de la consultation. Ceux qui choisiront le « oui » seront considérés comme des « traitres à la nation ». 95 % des votants ont dit « non ». Par ailleurs, selon la ligue démocratique du Kosvo, des échanges de tirs se sont poursuivis dans la journée près de Babaloc.
Des civils serbes ont encerclé une église à Derventa au nord de la Bosnie et fait prisonnier l'évêque, le cardinal Puljic, chef de l'Eglise catholique bosniaque, et une trentaine de fidèles. Des Serbes ont bloqué 17 autobus transportant 600 fidèles venant de Croatie pour assister à la messe en l'église Saint-Georges pour la fête de son patron.
Le journal américain Washington Post accuse un officier français en poste à Sarajevo d'avoir indirectement fait échouer, l'été dernier, la capture de Karadzic par les forces de l'OTAN. Paris nie.
vendredi 24 avril
La tension continue à monter entre Tirana et Belgrade. L'Albanie a placé l'armée et la police en état d'alerte maximale dans le nord-est, la région limitrophe du Kosovo. Au Kosovo, les Albanais dénoncent les bombardements de villages dans l'ouest de la province. Le village de Zerze, bastion présumé de séparatistes dans la Drenica, est bloqué par les forces de police. Des armes automatiques auraient été distribuées par la police aux civils serbes, à Pec, dans le nord...
De violents incidents ont éclaté à Drvar, une ville (17 000 habitants) de l'ouest de la Bosnie dominée par les Croates mais qui a un maire serbe (élu grâce aux voix des exilés). On compte une douzaine de blessés, dont des employés de l'ONU. Les manifestants, des Croates, entendaient s'opposer au retour d'exilés serbes. Ils protestaient aussi contre l'incident survenu la veille à Derventa, où le cardinal Puljic et plusieurs fidèles avaient été retenus dans une église.
samedi 25 avril
Citant des sources officielles américaines, le Washington Post affirme que les Etats-Unis vont abandonner le Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie s'il ne parvenait pas à décider de nouvelles sanctions contre Belgrade, le 29 avril, à Rome.
Le Conseil suprême de défense d'Albanie, dirigé par le président albanais, a pris une série de mesures pour renforcer la sécurité de sa frontière avec la Yougoslavie, le long de laquelle ses troupes ont commencé à manœuvrer.
Des Serbes en colère ont empêché quelque 400 réfugiés croates d'assister à une messe dans le nord de la Bosnie, dans un territoire qu'ils contrôlent. Les six cars de Croates, qui se rendaient au monastère de Plehan, ont dû faire demi-tour. Depuis trois jours, les tensions entre Serbes et Croates se sont exacerbées.
nuit du samedi 25 au dimanche 26 avril
Serbes et Musulmans de deux villages du nord-est de la Bosnie se sont affrontés.
dimanche 26 avril
L'Albanie, qui avait jusqu'alors adopté une attitude attentiste, a pris fait et cause pour la « résistance armée » des Albanais du Kosovo qu'elle qualifie d'« action d'autodéfense contre la violence pathologique et traditionnelle serbe ». Dans son discours diffusé par la télévision, le président albanais Fatos Nano a révélé que le sort de la province serbe était désormais une priorité de son gouvernement. Il a appelé chacun à remplir ses devoirs et à défendre les intérêts nationaux.
lundi 27 avril
La présidente de l'entité serbe de Bosnie, Biljana Plavsic, estime que l'accord de Dayton, qui garantit la liberté de mouvement sur le territoire bosniaque et le droit de retour des réfugiés, est « sérieusement menacé » par les incidents qui se multiplient depuis quelques jours. Pour confirmer ses dires, Serbes et Musulmans de deux villages du nord-est, qui se sont affrontés la veille, ont coupé la principale route de la région, entre Tuzla et Doboj, et ont installé des barrages de chaque côté d'un tunnel qui relie leurs localités respectives.
Ratko Markovic, le vice-Premier ministre de Serbie, qui dirige la délégation chargée d'engager des négociations avec les Albanais du Kosovo, propose à ceux-ci d'élaborer conjointement un cadre pour le dialogue, qui ne préjugera d'aucune solution.
mardi 28 avril
« Le terrorisme s'intensifie au Kosovo, faute de dialogue », c'est ce qu'a déclaré, à Pristina, le chef de la délégation serbe, à l'issue de la treizième tentative infructueuse pour rencontrer les leaders albanais de la province. Dans ces conditions, a estimé Ratko Markovic, « l'alternative aux discussions ne peut se traduire que par un diktat ou une décision unilatérale, ce qui est une forme de violence ».
mercredi 29 avril
Réunis à Rome, les six pays du groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie ont décidé de nouvelles sanctions contre Belgrade afin de contraindre les autorités yougoslaves à engager le dialogue avec les Albanais du Kosovo. Ces sanctions porteront, dans un premier temps, sur le gel des avoirs fédéraux, puis sur les investissements étrangers en Yougoslavie.
mercredi 6 mai
Un policier serbe a été tué en plein centre de la deuxième ville du Kosovo, Kosovska Mitrovica.
jeudi 7 mai
Un poste frontière entre l'Albanie et le Monténégro a été attaqué pour la première fois, un Albanais tué par la police serbe, et des armes en provenance d'Albanie saisies.
vendredi 8 mai
Au Kosovo, un Albanais a été tué à un poste frontière et un policier serbe blessé. Le bilan des affrontements depuis fin avril est de 29 morts.
samedi 9 mai
Slobodan Milosevic a rejeté l'ultimatum faisant de Felipe Gonzalez le médiateur européen dans le conflit du Kosovo. Les cinq pays membres du groupe de contact, réunis à Londres, ont aussitôt réagi et décidé de nouvelles sanctions économiques, un embargo sur les investissements, contre la Serbie (et épargnant le Monténégro). Les deux émissaires américains, Richard Holbrook et Robert Gelbard, arrivés au Kosovo après l'échec de quatre heures d'entrevue avec Milosevic à Belgrade, ont mis les points sur les « i ». Pour Milosevic, c'est la carotte et le bâton : des aides économiques s'il négocie, des sanctions s'il refuse. Pour les Kosovars, c'est oui à l'autonomie, mais non à l'indépendance et au terrorisme. Plusieurs dizaines de milliers d'Albanais ont manifesté pacifiquement à Pristina contre le pouvoir serbe. Ils scandaient « UCK », le sigle de l'Armée de libération du Kosovo. La manifestation s'est déroulée sans incident.
dimanche 10 mai
Un policier serbe a été tué par « un groupe d'Albanais armés ».
mercredi 13 mai
Richard Holbrooke et Robert Gelbard ont obtenu de Slobodan Milosevic qu'il rencontre, le 15 mai, Ibrahim Rugova, le chef des indépendantistes albanais du Kosovo. Ce dernier a ainsi renoncé à deux exigences qu'il avait maintenues jusqu'au dernier moment : la présence d'un médiateur international et un dialogue « en terrain neutre ». De son côté, en acceptant de recevoir le leader indépendantiste, Milosevic lui reconnaît une légitimité qu'il lui avait toujours contestée. Les deux hommes ont convenu que leur rencontre serait suivie, dans un délai d'une semaine, par une série de réunions entre délégations des deux parties. Ces réunions hebdomadaires se dérouleront à Pristina, alternativement dans des endroits choisis par les deux camps.
jeudi 14 mai
Le parti pris par le leader kosovar Ibrahim Rugova en acceptant de rencontrer, sans médiateur international et sans préalable, le président yougoslave, n'est pas du goût de tout le monde : deux de ses quinze proches conseillers, Hydajet Hyseni et Bujar Dugolli, ont annoncé leur démission. Installé en Suisse, un « gouvernement en exil » des Albanais du Kosovo a insisté, pour sa part, sur la nécessité de la présence d'une tierce partie dans toutes futures négociations entre Belgrade et Pristina.
vendredi 15 mai
Slobodan Milosevic a reçu Ibrahim Rugova. Ce premier contact doit marquer, selon le président yougoslave, « le début d'un règlement pacifique des problèmes du Kosovo ». Il s'est déroulé, a précisé Rugova, « dans une atmosphère de tolérance et de compréhension ». Concrètement, les deux hommes ont décidé d'entamer enfin, entre délégations serbe et albanaise, des discussions sur l'avenir de la province. Elles devraient s'ouvrir d'ici une semaine. Toutefois, des « divergences demeurent très sérieuses et profondes » entre le pouvoir de Belgrade et les Albanais du Kosovo ». Comme gage de leur nouvelle ouverture d'esprit, les autorités serbes ont restitué les clefs de trois facultés techniques aux Albanais qui devraient en disposer dès le 18 mai..., mais les étudiants serbes ont déclaré qu'ils refusaient de les évacuer.
Sortie du film serbe Les Cicatrices (Rane), drame de Srđan Dragojević, avec Dušan Pekić, Milan Marić, Dragan Bjelogrlić, Branka Katić et Vesna Trivalic.
samedi 16 mai
Les autorités serbes empêchent l'acheminement des vivres vers le Kosovo en bloquant les camions à la frontière, en dépit des documents parfaitement en règle présentés par les chauffeurs. Des inspecteurs des finances venus de Belgrade pour effectuer les contrôles avec la police prétendent qu'il s'agit là de mesures « destinées à mieux lutter contre la fraude fiscale », mais aucun d'entre eux ne peut fournir la « liste des produits interdits à l'importation au Kosovo » derrière laquelle ils se retranchent.
lundi 18 mai
Le Parlement yougoslave a retiré sa confiance à Radoje Kontic, qui dirigeait le gouvernement depuis 1993. Kontic est monténégrin et il semble bien qu'il fasse les frais de la guerre qui couve entre le président yougoslave, Milosevic, et le président monténégrin, Djukanovic, accusé de « séparatisme » par Belgrade. La motion de censure qui a fait tomber Kontic avait été déposée par les partisans de Momir Bulatovic, ancien président du Monténégro et adversaire de Djukanovic. Des législatives anticipées doivent se dérouler au Monténégro le 31 mai et les partisans de Djukanovic soupçonnent Milosevic d'avoir monté ce mauvais coup pour semer le trouble et empêcher le déroulement normal du scrutin.
De nouveaux heurts meurtriers se sont produits au Kosovo, lors d'une opération de la police serbe contre plusieurs villages. Ceci, ainsi que le blocage des vivres qui continue à la frontière, pourrait remettre en question les pourparlers avant même leur ouverture.
mardi 19 mai
Slobodan Milosevic a nommé Momir Bulatovic au poste de Premier ministre de Yougoslavie.
mercredi 20 mai
L'UCK (l'Armée de libération du Kosovo) a attaqué le barrage serbe de Zrze, à 15 kilomètres de Djakovica.
vendredi 22 mai
Quatre heures de discussion : les pourparlers serbo-albanais sur l'avenir du Kosovo ont commencé à Pristina. Cette première séance a porté sur « le cadre des futures négociations ». Sur le terrain, les violences s'étendent et le commandement suprême de l'OTAN estime que la crise risque fort de devenir rapidement « intraitable » si la solution diplomatique échoue : les séparatistes albanais commenceraient en effet, selon l'OTAN, à recevoir des appuis de l'extérieur. On évoque, notamment, des armées volées récemment dans les armureries d'Albanie.
samedi 23 mai
Dans l'après-midi, un policier serbe en civil a été enlevé dans un train à Banjica, dans l'ouest du Kosovo, par des membres de l'UCK. Portant des uniformes frappés du signe de l'UCK, deux hommes ont arrêté le train et procédé à un contrôle de l'identité des autres voyageurs qui n'ont pas été inquiétés. C'est la première opération de ce genre que mène cette organisation clandestine.
mardi 26 mai
15 personnes - 14 Albanais et 1 policier serbe - ont été tuées depuis trois jours au Kosovo. En trois mois, les affrontements entre forces de l'ordre et séparatistes albanais ont fait 210 morts. Pour les Serbes, c'est la conséquence de « l'agressivité accrue des terroristes albanais ». Mais, pour ceux qui ont trouvé la mort aujourd'hui, ils ont été victimes d'une opération musclée de la police.
Les restes de 90 victimes de Srebrenica ont été exhumés au total du charnier de la route de Cancari. Le TPI procède à ces exhumations pour rassembler les preuves du massacre de plus de 3 000 Musulmans, en juillet 1996, et mettre en accusation les responsables.
A Belgrade, une manifestation d'étudiants a été violemment dispersée par la police.
mercredi 27 mai
Les pourparlers entre Serbes et Albanais du Kosovo sur l'avenir de la province, entamés il y a une semaine, sont déjà compromis. Le voyage d'Ibrahim Rugova aux Etats-Unis empêche la prochaine séance du 29 mai d'avoir lieu et la situation sur le terrain pourrait servir de prétexte à leur suspension. Les forces serbes ont fermé le dernier poste frontière, de Kukës, permettant le passage entre le Kosovo et l'Albanie, afin d'empêcher l'approvisionnement des combattants clandestins en armes. Dans la soirée, quatre Albanais ont été tués au cours d'un accrochage avec des policiers serbes, dans le sud-ouest de la province.
Le recteur de l'université de Belgrade, Dragan Kuburovic, a démissionné pour protester contre une loi du Parlement serbe donnant les pleins pouvoirs administratifs au gouvernement sur le système universitaire.
jeudi 28 mai
L'OTAN a adopté au Luxembourg un plan d'aide à l'Albanie et à la Macédoine qui prévoit le déploiement de 7 000 à 20 000 hommes sur la frontière albano-kosovare. Des manœuvres de l'OTAN auront lieu, cet été, dans ces deux pays.
La Sfor a arrêté, à Banja Luka, Milojica « Krle » Kos, un Serbe bosniaque de 35 ans, soupçonné d'avoir torturé, violé et battu et mort des prisonniers dans le camp d'Omarska qu'il commandait pendant la guerre de Bosnie. Kos devrait comparaître la semaine prochaine devant le TPI. 28 des 60 inculpés de crimes de guerre en Bosnie sont actuellement détenus à La Haye.
vendredi 29 mai
Affrontements au Kosovo. Selon les Serbes, des autonomistes albanais ont attaqué simultanément en plusieurs endroits dans le secteur de Decani, notamment un convoi d'approvisionnement escorté par la police et un poste de police. Les autonomistes accusent les Serbes de mener des opérations contre plusieurs villages de la région de Glogovac. Des journalistes étrangers parlaient d'une « véritable bataille » à Decani. Côté autonomistes, on faisait état de « morts et de blessés des deux côtés ».
En un mois, les restes de 535 corps ont été mis au jour dans le cimetière de Vukovar, la principale ville de Slavonie orientale, à l'extrême est de la Croatie. Certaines de ces victimes de l'offensive serbe de 1991 étaient revêtues de « tenues d'hôpital » ou enveloppées dans des « couvertures d'hôpital ». 1 957 personnes sont encore portées disparues par le gouvernement croate depuis la guerre serbo-croate de 1991-1995.
Match amical de football : au stade Crvena Zvezda de Belgrade, la Serbie-Monténégro a battu le Nigeria trois buts à zéro.
samedi 30 mai
Huit Albanais ainsi que trois militaires et un civil serbes ont été tués au Kosovo.
dimanche 31 mai
Elections législatives anticipées au Monténégro : la coalition « Vivre mieux » du président réformateur Milo Djukanovic a recueilli 49,5 % des suffrages (soit 45 des 78 sièges du Parlement) contre 36 % au Parti socialiste populaire (SNP) du protégé de Belgrade, le conservateur Momir Bulatovic. « Ces élections permettront au Monténégro d'exercer une plus grande influence au niveau de la Fédération, estime le Premier ministre monténégrin, Filip Vujanovic. Cela affaiblira le pouvoir de Slobodan Milosevic ».
Selon la Ligue démocratique du Kosovo de Rugova, la police serbe a fusillé six Albanais dans un village du centre du Kosovo qu'elle a ensuite incendié.
lundi 1er juin
Des milliers de personnes - en majorité des femmes et des enfants - fuient les affrontements qui secouent l'ouest du Kosovo, et rejoignent l'Albanie par des sentiers de montagne. Les affrontements avec les forces serbes au Kosovo ont fait au moins 18 morts et 20 blessés depuis deux jours, parmi les Albanais. A Pristina, plusieurs milliers d'Albanais ont encore manifesté contre le régime serbe.
mardi 2 juin
Depuis plusieurs jours les forces serbes ont ouvert une nouvelle offensive contre les Albanais du Kosovo. Toute la région est isolée, mais l'attaché militaire de l'ambassade d'Autriche à Tirana, qui s'est rendu à la frontière, confirme la « destruction systématique de villages au Kosovo » rapportée par les réfugiés. Les responsables locaux du HCR, le Haut-Commissariat pour les réfugiés, bloqués par les barrages serbes, affirment, quant à eux, que « les bombardements massifs des forces serbes ont réduit à l'état de décombres des villages le long de la frontière ». Sans accuser formellement les Serbes de « nettoyage ethnique » ils laissent cependant planer le doute. Les Serbes ont déployé chars, mortiers, mitrailleuses et les combats ont vidé deux villes, Junik et Decani, où des milliers de personnes venues des villages voisins détruits s'étaient réfugiés dans un premier temps. Le ministère serbe de l'Intérieur a publié un communiqué affirmant avoir « anéanti un important groupe terroristes » dans l'ouest du Kosovo.
mercredi 3 juin
Les forces serbes continuent à vider de sa population la zone comprise entre la frontière avec l'Albanie et les trois villes de Pec, Decani et Djakovica, au Kosovo. « Sept villages de cette zone ont déjà été quasiment vidés ». Plus de 3 000 Albanais du Kosovo sont arrivés en Albanie. L'OSCE estime qu'il pourrait en arriver 3 000 autres dans les jours qui viennent. Un quotidien serbe, Dnievni telegraf, a annoncé qu'une centaine de policiers serbes ont été licenciés pour avoir refusé d'aller combattre au Kosovo.
Match amical de football : au stade de la Pontaise à Lausanne (Suisse), la Serbie-Monténégro a battu le Japon un but à zéro.
jeudi 4 juin
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés estime à 50 000 le nombre des Albanais du Kosovo chassés de chez eux par les opérations de la police et de l'armée serbes. Selon le gouvernement albanais, qui a lancé un appel à l'OTAN pour coordonner l'aide humanitaire, 12 000 d'entre eux ont pu passer la frontière pour chercher refuge en Albanie. Le HCR, lui, en a comptabilisé 7 000. D'autres ont fui vers le nord : 7 000 sont arrivés au Monténégro. L'Albanie, tout comme les Albanais du Kosovo, insiste pour que l'OTAB déploie d'urgence une force militaire dans la région, mais l'OTAN paraît désemparée : « Personne ne sait ce qu'il convient de faire », avoue un diplomate de l'organisation, précisant que ce qui est sûr c'est que « personne n'a envie de lancer une opération militaire ». Dans l'immédiat, les Albanais du Kosovo annoncent qu'ils boycotteront les pourparlers avec les Serbes prévus le 6 juin à Pristina. Dans ce contexte, l'UCK semble renforcer son implantation dans une partie de la province.
vendredi 5 juin
Selon le LDK, les opérations serbes engagées le mai au Kosovo ont fait 52 morts et 200 disparus. En outre, 150 personnes « sont gardées en otages » par la police. Privés d'électricité, la ville de Decani et les villages environnants, où 45 corps gisent dans les décombres, ont été désertés. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Wolfgang Ischinger, en visite à Tirana, a qualifié les opérations serbes de « nettoyage ethnique » et de « défi à la communauté internationale dans son ensemble ».
samedi 6 juin
Match amical de football : au stade Saint Jakob de Bâle, la Suisse et la Serbie-Monténégro ont fait match nul un à un.
dimanche 7 juin
Un calme relatif règne dans l'ouest du Kosovo. Les communications téléphoniques avec les villes de Pec et Decani, notamment, ont été rétablies et la présence et les contrôles policiers nettement allégés. Curieusement, ce sont les miliciens de l'UCK qui empêchent maintenant la presse internationale d'accéder à ces zones dans lesquelles les autorités yougoslaves ont pourtant organisé une visite guidée « dans deux cars bien escortés » pour les représentants diplomatiques d'une quarantaine de pays, en poste à Belgrade. Les diplomates avouent qu'ils sont bien incapables de tirer des conclusions de ce qu'ils ont vu. Dans un communiqué publié par le quotidien des Albanais de la province, Koha Ditore, l'UCK appelle tous les Kosovars de 18 à 55 ans « à se joindre à la lutte pour la libération de la province, à prendre les armes, à contenir l'infanterie serbe et à creuser des tranchées contre l'artillerie et les blindés » des forces serbes. Elle demande aux Albanais du Kosovo réfugiés en Albanie de revenir pour « aider la lutte de libération du pays ». L'armée fédérale affirme, de son côté, qu'elle contrôle la frontière albanaise et qu'il n'y a plus aucun approvisionnement en armes et en munitions possibles pour les séparatistes. Mais un quotidien serbe, le Dnievni telegraf, a révélé que 363 policiers serbes ont démissionné, au cours des deux semaines écoulées, pour manifester leur refus d'aller combattre au Kosovo.
lundi 8 juin
L'Union européenne a décidé d'interdire tout nouvel investissement en Serbie et de geler les avoirs du gouvernement yougoslave et de la Serbie dans les 15 pays de l'Union. Même décision dans la soirée des Etats-Unis. En même temps, les Quinze ont demandé à l'OTAN d'étudier les moyens d'une intervention militaire pour mettre fin aux effusions de sang dans la province serbe du Kosovo. La Grande-Bretagne a manifesté son intention de saisir le Conseil de sécurité des Nations unies pour cautionner l'éventuelle intervention de l'OTAN.
mardi 9 juin
Le Kosovo a été au centre des débats du Conseil suprême de défense, réuni à Belgrade par Milosevic, mais rien n'a filtré du contenu de cette réunion. Le Conseil suprême de défense n'avait pas siégé depuis six mois.
mercredi 10 juin
A Paris, les pays du Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie (Etats-Unis, Russie, France, Allemagne, Grande-Bretagne et Italie) se sont mis d'accord sur un certain nombre de propositions sur le Kosovo. Les Six demanderont à Belgrade d'accepter l'arrêt des combats, la reprise des négociations sur le statut du Kosovo et le retour des réfugiés. Au cas où Milosevic refuserait, « aucune option n'est exclue ». Concernant une possible intervention militaire de l'OTAN, le président américain Bill Clinton a « autorisé et approuvé » les préparatifs accélérés d'une intervention au Kosovo. Selon les experts de l'OTAN, une intervention militaire nécessiterait entre 7 000 et 20 000 hommes, placés sous forte protection aérienne. A Pristina, Tirana et Skopje, des manifestants de langue albanaise réclamaient un tel déploiement.
jeudi 11 juin
Réunis à Bruxelles, les ministres de la Défense des pays membres de l'OTAN ont durci le ton envers la Serbie et son intervention au Kosovo Jusqu'à présent, l'Organisation semble freinée par une opposition majeure : celle de la Russie, hostile à toute intervention dans les affaires intérieures de la Serbie.
vendredi 12 juin
Les six pays du Groupe de contact ont donné jusqu'au 15 juin à Milosevic pour faire cesser la violence au Kosovo, sous peine de faire l'objet de sanctions internationales. Le principe d'une interdiction des vols de la compagnie aérienne yougoslave JAT dans ces pays (à l'exception de la Russie) a été adopté. Simultanément, l'OTAN a décidé de mener le 14 juin un exercice aérien au-dessus de l'Albanie et de la Macédoine. Milosevic, lui, a décidé de miner la frontière entre le Kosovo et l'Albanie pour empêcher les infiltrations d'armes ainsi que le retour des Albanais du Kosovo.
samedi 13 juin
L'OTAN a annoncé pour le 15 juin un exercice aérien en Albanie et en Macédoine afin de montrer « sa capacité d'effectuer rapidement une projection de puissance dans la région ». L'opération baptisée « Faucon déterminé » doit permettre de faire cesser les violences au Kosovo. Cet exercice associera neuf pays.
dimanche 14 juin
Des combats meurtriers ont repris au Kosovo, dans les zones de Dkakovica et Decani, près de la frontière albanaise, entre forces serbes et indépendantistes. Deux Albanais ont été tués et un blessé selon la guérilla, tandis que le ministère serbe de l'Intérieur fait état de deux policiers tués et deux autres blessés.
Début du premier tour de la 16e Coupe du monde de football, organisée par la France. Au stade Geoffroy-Guichard de Saint-Etienne, la Yougoslavie a battu l’Iran un but (Mihajlovic) à zéro, devant 30 600 spectateurs.
lundi 15 juin
Après avoir longtemps menacé de faire la démonstration de sa force pour impressionner Milosevic, l'OTAN est passé aux actes en procédant au survol de l'Albanie et de la Macédoine, longeant la frontière du Kosovo. 13 pays et 80 avions ont pris part à l'opération « Faucon déterminé ». La Russie désapprouve cette manœuvre. Aujourd'hui encore, 350 réfugiés sont arrivés du Kosovo à Tropoja, en Albanie. Ils venaient de Junik.
Le Serbe Milorad Krnojelac, accusé de crimes de guerre par le TPI, a été arrêté à Foca (sud-est de la Bosnie), dans le secteur sous commandement français de la Sfor. Il a été transféré à La Haye dans la journée. Sur les 60 criminels de guerre présumés inculpés par le TPI, 31 sont toujours en liberté, dont Mladic et Karadzic.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a prolongé le mandat de la Sfor pour la Bosnie-Herzégovine.
mardi 16 juin
Une rencontre à Moscou entre Boris Eltsine et Slobodan Milosevic a abouti à un certain nombre de promesses de la part du président yougoslave concernant les Albanais du Kosovo, mais les Occidentaux les jugent insuffisantes. Milosevic refuse de prendre en compte la première des exigences de la Communauté européenne : le retrait de ses forces armées du Kosovo, condition indispensable à la reprise du dialogue.
mercredi 17 juin
Les Américains, qui avaient tardé à s'engager en Bosnie, vont y rester plus longtemps que prévu. L'ONU a renouvelé pour un an leur mandat au sein de la Sfor. Ils vont seulement ramener leur contingent de 8 500 à 6 900 soldats. La Sfor va s'attacher désormais à des tâches de police, notamment pour permettre le retour des réfugiés dans de bonnes conditions, ainsi que pour assurer le bon déroulement des élections générales des 12 et 13 septembre.
vendredi 19 juin
Ibrahim Rugova a estimé, avec un embarras manifeste, que l'UCK doit être placée « sous contrôle » des forces politiques du Kosovo, car ses militants « doivent être responsables de leurs actes, responsables de la situation au Kosovo ».
dimanche 21 juin
Deux vice-ministres russes des Affaires étrangères ont entamé une mission dans les Balkans, l'un à Belgrade, l'autre (Alexandre Avdéïev) en Albanie. Ils vont tenter de désamorcer le conflit du Kosovo. Sur le terrain, un soldat serbe a été tué lors d'affrontements avec les indépendantistes, à Klina. Des échanges de tirs ont eu lieu entre villageois serbes et albanais. Les Serbes reconnaissent que l'UCK contrôle certains axes routiers, notamment Pristina-Pec, ainsi que l'accès à certaines villes. L'UCK, qui cherche à se faire reconnaître comme partie prenant à des négociations, détiendrait cinq membres des forces serbes. Ibrahim Rugova réclame une intervention aérienne de l'OTAN. Celle-ci a achevé l'étude de plusieurs scénarii d'intervention au Kosovo. Tous butent sur le mandat que souhaitent obtenir de l'ONU les pays de l'OTAN. Or, la Russie et la Chine sont hostiles à une intervention.
Second match du premier tour de la Coupe du monde de football : au stade Félix Bollaert de Lens, l’Allemagne et la Yougoslavie ont fait match nul deux à deux (Mihajlovic contre son camp, Bierhoff pour les Allemands ; Mijatovic, Stojkovic pour les Yougoslaves), devant 38 100 spectateurs.
lundi 22 juin
Le chef du « gouvernement » kosovar en exil, Bujar Bukoshi, a renchéri à la position de Rugova sur l'UCK : « La résistance armée de l'UCK est une réalité et il est nécessaire de la placer sous contrôle des institutions politiques ». Il annonce que son « gouvernement » va rapidement mettre en place des « structures d'autodéfense » indépendantes, en principe, des structures de l'UCK.
Les trois monnaies existantes en Bosnie-Herzégovine sont remplacées par le « mark convertible » (Konvertibilna marka - KM).
mercredi 24 juin
Richard Holbrooke, l'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'ONU, accompagné de l'ambassadeur des Etats-Unis en Macédoine, s'est rendu à Junik, un village du Kosovo proche de la frontière albanaise. Il y a rencontré deux représentants de l'UCK. C'est la première fois qu'un tel contact est ainsi établi.
jeudi 25 juin
Troisième et dernier match du premier tour de la Coupe du monde de football : au stade de la Beaujoire, à Nantes, la Yougoslavie a battu les Etats-Unis un but (Komljenovic) à zéro, devant 35 500 spectateurs. Seconds du groupe F, les Yougoslaves sont qualifiés pour les huitièmes de finale.
nuit du dimanche 28 au lundi 29 juin
Les forces serbes se sont engagées dans une opération de grande envergure, et avec d'importants moyens, contre le village de Belacevac, situé à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Pristina, au Kosovo. Ils tentent d'en déloger les hommes de l'UCK, qui l'occupe depuis une semaine. Belacevac revêt une importance stratégique de premier ordre pour l'industrie de la province serbe : c'est dans ce village de 4 500 habitants, en majorité albanais, que se trouve l'un des deux sites miniers à ciel ouvert alimentant la centrale thermique d'Obilic, qui alimente le Kosovo et une grande partie de la Macédoine voisine.
lundi 29 juin
Après avoir bloqué la route principale qui mène à Belacevac, les forces serbes ont encerclé plusieurs groupes de combattants de l'UCK, contraints de se retrancher dans une partie du village et dans un village voisin. La centrale thermique elle-même, à Obilic, est gardée par des villageois en armes.
Slavko Dokmanovic, l'ex-maire serbe de Vukovar (est de la Croatie), s'est suicidé dans sa cellule du TPI, à La Haye. Il était accusé d'avoir supervisé le massacre de plus de 200 patients de l'hôpital de Vukovar, en 1991, ce qu'il niait. Le verdict de son procès devait être connu d'ici deux semaines.
Huitième de finale de la Coupe du monde de football : à Toulouse, les Pays-Bas éliminent la Yougoslavie deux buts (Bergkamp, Davids) à un (Kromljenovic).
mercredi 1er juillet
Les forces serbes semblent avoir repris la mine de Belacevac, dont l'UCK s'était emparée voici presque deux semaines. Mais les indépendantistes se sont repliés sur la région centrale de la Drenica où les accrochages se poursuivent. Ils auraient en outre encerclé la localité de Klina, contrôlée par les Serbes, coupant l'accès de l'autre grande ville de la province, Pec. Dans les zones de plus en plus importantes qu'elle contrôle, l'UCK a instauré une signalisation routière en albanais et distribué ses propres plaques d'immatriculation. Les partis politiques kosovars se sont réunis pour décider du contrôle de l'UCK, mais de profondes divergences sont apparues sur les moyens de lui imposer leur autorité.
jeudi 2 juillet
Les efforts des Etats-Unis pour permettre d'inclure l'UCK dans le processus de négociations entre les responsables albanais du Kosovo et les autorités de Belgrade sont restés vains. De même que la tentative de Washington d'amener l'UCK et les forces serbes à conclure un cessez-le-feu. La réponse est venue du Parti socialiste au pouvoir à Belgrade : « La position du SPS est claire. Il ne peut y avoir de négociations avec les terroristes albanais ». Slobodan Milosevic s'est prononcé pour une reprise « immédiate » du dialogue sur le Kosovo, « seul moyen possible de résoudre la crise provoquée par le séparatisme et le terrorisme » albanais.
Huit Serbes de Croatie, ayant appartenu à des groupes paramilitaires lors de la guerre serbo-croate, ont été condamnés pour crimes de guerre par un tribunal croate de Split. Leurs condamnations s'échelonnent de 8 à 20 ans de prison. Ils s'étaient rendus coupables de violences contre des personnes âgées lors d'opérations dans des villages proches de la côte dalmate qu'ils avaient incendiés.
vendredi 3 juillet
Au Kosovo, dans la matinée, les forces serbes ont repris Kijevo, ce village encerclé depuis un mois par les hommes de l'UCK. Dans la soirée, le médiateur américain Richard Holbrooke a rencontré le président Milosevic à Belgrade.
samedi 4 juillet
Mettez-vous d'accord pour négocier avec Belgrade. C'est le conseil donné par l'émissaire américain Richard Holbrooke aux chefs des partis politiques albanais du Kosovo. Il a insisté pour que soit formé « un gouvernement ou un conseil national qui incarnerait une attitude commune ». Le diplomate américain a répété : « Les Etats-Unis croient que la solution du problème du Kosovo doit être pacifique ». Il a regagné Belgrade dans l'après-midi pour reprendre ses conversations avec Slobodan Milosevic.
dimanche 5 juillet
Richard Holbrooke est de retour à Pristina. Accompagné du vice-ministre russe des Affaires étrangères, Nikolaï Afanassievski, il tente à tout prix d'imposer une autorité politique aux rebelles armés de l'UCK. Après avoir rencontré Ibrahim Rugova, Richard Holbrooke a aussi vu deux opposants notoires au « président » kosovar : Rexhep Qosja, dissident de la LDK et surtout Adem Demaçi, chef du Parti parlementaire, réputé pour son intransigeance et ses liens avec l'UCK. L'émissaire américain leur a demandé de faire taire leurs querelles internes et d'adopter une plate-forme commune de négociation avec Belgrade, où il était de retour dans la soirée.
lundi 6 juillet
Une première mission d'observation internationale a eu lieu dans le nord et le centre-ouest du Kosovo. Elle était dirigée par le chargé d'affaire américain et l'ambassadeur de Russie à Belgrade et composée principalement de diplomates des pays du Groupe de contact ainsi que de la Pologne, d'Autriche et de Norvège. Le but de cette mission était de fournir aux organisations humanitaires et aux gouvernements étrangers « une évaluation objective de la situation ».
A La Haye, le premier procès pour génocide en Bosnie s'est ouvert devant le TPI. Milan Kovacevic, ancien maire de Priedor (nord-ouest de la Bosnie) et médecin anesthésiste, est accusé d'avoir, au printemps 1992, « ordonné et mis en œuvre un plan visant à expulser les populations et croates de la ville et des territoires de Bosnie proclamées serbes ». L'exécution de ce plan « incluait la mise à mort de Bosniaques musulmans et croates, les tortures physiques et morales et l'imposition de conditions de vie calculées pour conduire à leur destruction physique ». L'accusé, aussi poursuivi pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre, s'est borné à répondre : « Non coupable... »
mercredi 8 juillet
Le Groupe de contact sur l’ex-Yougoslavie, réuni à Bonn (Allemagne), a appelé toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités au Kosovo pour « préparer le terrain à une reprise des négociations » entre Belgrade et les Albanais du Kosovo. Mais les Américains et les Russes ne sont pas d’accord sur qui doit s’asseoir à la table de négociation. Pour les premiers, l’UCK doit être représentée, car « elle est un fait sur le terrain, contrôlant au moins 30 % du territoire ». Les Russes ne sont pas contre des contacts discrets avec l’UCK, mais ils ne veulent pas de négociation au niveau politique « qui ne peuvent que légitimer des groupes armés ».
vendredi 10 juillet
Les Etats-Unis et l’Union européenne ont décidé de suspendre leurs projets d’aide à Sarajevo. Ils entendent ainsi protester contre la lenteur du retour des réfugiés de communautés minoritaires dans la capitale bosniaque, majoritairement peuplée de musulmans. La communauté internationale a fixé à 20 000 le nombre de réfugiés non musulmans devant regagner Sarajevo cette année, or il n’en est rentré que 800 depuis février... Avant la guerre, la ville comptait 49 % de musulmans et 28 % de Serbes.
samedi 11 juillet
Les survivants du massacre de Srebrenica, dans l’est de la Bosnie, ont manifesté, à l’occasion du troisième anniversaire de la chute de leur ville entre les mains des Serbes. Ils réclamaient la vérité sur le sort de milliers de personnes toujours portées disparues. 7 000 musulmans avaient été exécutés.
dimanche 12 juillet
Les combattants de l’UCK affirment qu’ils seront « très rapidement » à Pristina. Ils disent même mener désormais « des opérations d’envergure » et remporter « d’importants succès » dans leur objectif « d’élargir les territoires libérés ».
mercredi 15 juillet
Réuni à Bruxelles, pour un point hebdomadaire, le Conseil permanent de l’OTAN (au niveau des ambassadeurs) a fait ce constat amer : « Le retour des réfugiés (en Bosnie) se passe de plus en plus mal et la gestion du processus devient de plus en plus difficile ». L’ « année des réfugiés » est un échec dont la Communauté internationale commence à s’inquiéter.
jeudi 16 juillet
Issu d’élections clandestines qui se sont déroulées le 22 avril dernier, le Parlement du Kosovo, non reconnu par l’UCK, a tenu sa réunion constitutive à Pristina. La séance inaugurale est dispersée par des policiers serbes.
vendredi 17 juillet
De violents combats se sont déroulés au Kosovo. Les séparatistes de l’UCK ont pris le contrôle d’Orahovac (sud-ouest), une ville de 15 000 habitants.
samedi 18 juillet
Selon l’armée yougoslave, un millier de séparatistes kosovars ont tenté de s’introduire au Kosovo depuis l’Albanie, dans la matinée, dans le secteur de Djeravica. Les combats ont fait de nombreux morts. La police serbe a lancé une attaque pour reprendre Orahovac à l’UCK.
nuit du samedi 18 au dimanche 19 juillet
De nouvelles incursions de séparatistes kosovars ont eu lieu depuis l’Albanie, impliquant plusieurs centaines d’hommes dans la région de Djeravica. Des obus yougoslaves seraient tombés en territoire albanais, provoquant une violente réaction du gouvernement de Tirana.
dimanche 19 juillet
L’Albanie « soutient la juste lutte des Albanais du Kosovo qui défendent leurs terres de l’extermination moyenâgeuse perpétrée par la machine militaire serbe au Kosovo » a déclaré le ministre albanais des Affaires étrangères, Paskal Milo. Belgrade reproche, de son côté, la bienveillance de Tirana à l’égard des « activités terroristes et les graves violations des frontières d’Etat » commises par les séparatistes du Kosovo. Dans la soirée, la télévision d’Etat serbe affirmait qu’environ 300 militaires de l’armée albanaise se trouvaient actuellement au Kosovo. Par ailleurs, la ville d’Orahovac (sud-ouest du Kosovo), aux mains de l’UCK depuis deux jours, est retombée sous le contrôle de la police serbe au terme d’intenses combats ; l’UCK aurait perdu plus de 100 combattants. Une bonne partie des guérilleros kosovars se sont retirés vers Malisevo, un bastion séparatiste proche de la ville.
lundi 20 juillet
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) rapporte que plusieurs milliers de Kosovars ont fui les combats pour le contrôle de la ville d’Orahovac. On estime le nombre de réfugiés dépasse désormais les 80 000. Des tirs de mitrailleuses et des explosions sont toujours entendus dans les montagnes qui entourent la ville, après un week-end d’affrontements entre police serbe et UCK qui a fait au moins 100 morts.
mardi 21 juillet
Les experts du TPI ont retrouvé au moins 60 cadavres, enterrés à Hodzici, près de Srebrenica, ce qui porte à environ 300 les corps retrouvés dans cette région. Les dépouilles avaient les mains liées dans le dos et un bandeau sur les yeux.
Plusieurs centaines d’hommes d’Orahovac ont été arrêtés et emprisonnés à Prizren.
jeudi 23 juillet
Belgrade a décidé d’élargir la zone contrôlée par l’armée, au Kosovo, le long de la frontière albanaise. De 500 mètres de large, elle passe à 5 kilomètres. L’armée a déjà commencé à miner cette zone de contrôle élargie. Pour Belgrade il s’agit d’empêcher toute nouvelle infiltration d’hommes et de matériels en provenance d’Albanie. Cette décision intervient alors qu’à Pristina, le parlement parallèle des Albanais du Kosovo a décidé de reconnaître l’UCK et la légitimité de la lutte armée pour parvenir à l’indépendance.
vendredi 24 juillet
Les forces spéciales de la police serbe ont lancé dans la soirée une offensive pour reprendre à l’UCK de larges portions de la route qui relie Pristina à Pecs et Prizren, respectivement les deuxième et troisième villes du pays.
samedi 25 juillet
180 hommes, habitants d’Orahovac, arrêtés à la reprise de la ville par la police serbe, ont été libérés de la prison de Prizren, mais beaucoup restent encore détenus.
dimanche 26 juillet
Deux policiers serbes et onze séparatistes albanais ont été tués depuis deux jours, selon le Centre serbe d’information à Pristina ; dix policiers et huit séparatistes tués, selon la LDK. Seule certitude, les autorités serbes ont décidé de « mettre le paquet » pour reprendre le contrôle des axes routiers principaux. L’UCK aurait déjà lâché prise dans plusieurs secteurs.
lundi 27 juillet
La police serbe a repris aux indépendantistes albanais le contrôle de la route conduisant de Pristina à Pec. Un communiqué précise que des équipes techniques procèdent à sa « restauration pour une circulation sûre ». Aucune information, en revanche, sur la situation de la route reliant Pristina à Prizren, dans le Sud, où les combats se poursuivent. Les forces serbes ont lancé une grande offensive qui leur a permis de prendre position dans les cols des environs de Jezerc, dans les montagnes du Mall e Sharet, au sud-ouest du Kosovo.
mardi 28 juillet
Malisevo, bastion de l’UCK, a été repris par les forces serbes. Des dizaines de milliers d’Albanais ont fui cette localité stratégique, alors que l’armée serbe continue sa progression dans la région.
mercredi 29 juillet
L’offensive serbe continue à gagner du terrain sur l’UCK : les forces serbes ont pris en tenaille un autre bastion indépendantiste, Junik, à 80 kilomètres de Pristina, près de la frontière albanaise. Depuis les collines environnantes, elles lancent des appels constants à la reddition. La police affirme que 2 000 personnes sont assiégées dans Junik, dont la moitié serait des combattants de l’UCK « extrêmement bien entraînés ». Selon certaines rumeurs circulant à Pristina, les forces serbes auraient passé des dizaines d’habitants albanais de Junik par les armes. Par ailleurs, des journalistes ont pu pénétrer dans la localité de Malisevo, constatant que la ville n’a pratiquement pas souffert des combats, mais il n’y a aucune trace des quelque 20 000 personnes qui y avaient trouvé refuge, chassées d’Orahovac. Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) s’inquiète de cette situation « alarmante » qui voit la population civile fuir en masse devant les combats. Il estime que plus de 100 000 personnes errent ainsi dans cette province, que 25 000 sont passées au Monténégro et que 13 000 autres sont entrées en Albanie. A Pristina, après Belgrade, une délégation européenne a une nouvelle fois demandé que soit mis un terme à la violence au Kosovo. Les Etats-Unis, de leur côté, tentent toujours de réunir des représentants de tous les partis albanais de la province pour négocier un cessez-le-feu.
jeudi 30 juillet
Les diplomates de l’Union européenne ont rencontre Milosevic à Belgrade, pour tenter d’obtenir l’ouverture d’un dialogue minimum entre les Serbes et les Albanais du Kosovo. Le président serbe a assuré que l’opération serbe était « arrêtée ». Le HCR craint maintenant une « catastrophe humanitaire » dans le centre de la province, où des dizaines de milliers de personnes errent dans les forêts de la région, sans eau, sans nourriture et sans couvertures...
vendredi 31 juillet
Une mission du HCR a réussi, pour la première fois, à secourir 500 civils en fuite, près de Malisevo.
samedi 1er août
Pour la deuxième fois en un mois, un détenu serbe de Bosnie est mort au centre de détention du TPI pour l’ex-Yougoslavie à La Haye. Milan Kovacevic (57 ans), ancien maire de Prijedor, a été retrouvé mort dans sa cellule. Le médecin a cité comme cause probable de son décès une « attaque cardiaque massive ».
Réouverture théorique de la route Pristina-Pec.
nuit du samedi 1er au dimanche 2 août
Vers 23 heures, les forces serbes ont repris leur offensive au Kosovo, en commençant à bombarder deux villages, Klecka et Nekovce, au sud-est de Pristina, faisant fuir des milliers de personnes dans le maquis. Puis, vers 3 heures, elles ont attaqué 8 villages, dont celui de Junik, près de la frontière albanaise. Deux heures plus tard, les soldats serbes portaient l’offensive contre la poche de la Drenica, attaquant 5 villages, dont Lausa et Pljance, près de Srbica.
dimanche 2 août
Les Serbes ont fait état d’attaques des séparatistes kosovars dans les villages de Samonica, Korenica et Berjak, près de Djakovica, à l’ouest, ainsi que près du lac de Radonjic, toujours à l’ouest, et dans les villages de Josanica et Dusevic, dans le centre de la province. Attaque également de policiers serbes par des albanais à Prilep, non loin de la frontière avec l’Albanie. De leur côté, l’UCK dénonce des opérations de destruction, à l’ouest de Pristina : après avoir chassé leurs habitants et s’être livrée au pillage, l’armée serbe met le feu aux maisons. Par le biais de l’agence officielle Tanjung, Belgrade a accusé la Croatie d’envoyer des Albanais se battre au Kosovo, ainsi que de former les « terroristes » de l’UCK. Selon l’agence yougoslave, le général croate Rahim Ademi - nom à consonance albanaise - serait, depuis mars, chargé de cette opération. Toujours selon Tanjung, la récente décision de Belgrade de porter à 5 kilomètres la largeur de la zone contrôlée par l’armée serbe le long de la frontière albanaise, aurait mis fin aux entrées illégales de « terroristes et de mercenaires » ainsi que de matériels militaires.
lundi 3 août
Les combats se sont poursuivis au Kosovo. Les forces serbes pratiquent la tactique de la terre brûlée. Présidente de l’Union européenne, l’Autriche parle de « catastrophe humanitaire » et dénonce le refus de négocier du président Milosevic.
mardi 4 août
Le HCR a affirmé que les incendies, les pillages et la fuite des civils albanais du Kosovo ressemblent fort à l’épuration ethnique pratiquée par les Serbes en Bosnie. Un responsable du Programme alimentaire mondial (Pam) a déclaré que 70 000 des 200 000 réfugiés du pays, isolés dans les forêts et les montagnes, privés de tout, ont un besoin urgent en eau et en nourriture. Sur le terrain, des combats sporadiques ont été signalés dans la Drenica, au centre, et près de la frontière avec l’Albanie. Les Serbes contrôlent désormais la quasi-totalité de la Drenica.
jeudi 6 août
Une dizaine de villages encore aux mains des séparatistes albanais de l’UCK, dans la Drenica, ont subi de violents bombardements de l’artillerie serbe. Les civils albanais continuent de fuir en masse. Le HCR affirme que 7 000 habitants de la Drenica arrivent chaque jour à Kovoska Mitrovica, une ville située plus au nord qui abrite désormais près de 40 000 réfugiés. La Commission européenne a annoncé qu’elle débloquait une aide d’urgence de 33 millions de francs, destinée aux organisations humanitaires qui opèrent sur le terrain.
vendredi 7 août
A l’issue d’une réunion des 16 ambassadeurs des pays membres de l’OTAN, l’organisation militaire occidentale s’est dit prête à intervenir, dès la semaine prochaine, au Kosovo... si un mandat international le lui demande. Les militaires ont proposé des frappes d’avertissement, dans un premier temps, qui pourraient être suivies de raids aériens massifs sur les positions serbes. Sur le terrain, les combats et les tirs de l’artillerie serbe ont diminué d’intensité dans la région de la Drenica. « L’offensive est presque terminée », a commenté un haut responsable de la police serbe. De leur côté, l’émissaire américain Christopher Hill, assisté du vice-ministre russe des Affaires étrangères, Nikolaï Afanassievski, ont entamé de nouvelles navettes entre Belgrade et Pristina pour tenter de rouvrir des pourparlers entre Serbes et Albanais du Kosovo.
Slobodan Milijkovic, un Serbe recherché pour des crimes de guerre en Bosnie par le TPI, a été tué au cours d’une fusillade à Kragujevac, au centre de la Serbie. Par ailleurs, Srdjan Knezevic, commandant adjoint de la police de Pale, fief des Serbes extrémistes, a également été assassiné.
samedi 8 août
Les forces serbes ont pris le contrôle du village de Likovac, bastion des séparatistes albanais, au centre du Kosovo. Ceux-ci ont donné leur « accord de principe » pour entrer dans le nouveau gouvernement de Rugova. L’émissaire russe envoyé en Yougoslavie pour tenter de rouvrir des pourparlers, s’est déclaré défavorable à « une ingérence militaire extérieure », alors que l’OTAN affirme avoir achevé ses préparatifs pour des frappes aériennes antiserbes au Kosovo.
mercredi 12 août
Malgré la prise de nouveaux villages aux séparatistes albanais de l’UCK, à l’ouest du Kosovo, les unités spéciales de la police serbe ne parviennent pas à contrôler l’ensemble du plateau de la Drenica. De nombreux villages et même des routes, occupés il y a quelques jours, ont été évacués par les Serbes et repris par l’UCK. Selon des observateurs occidentaux, les 20 000 hommes de la police serbe envoyés par Belgrade au Kosovo, bien qu’équipés de blindés et d’artillerie légère, ne sont pas suffisants pour occuper durablement le terrain.
jeudi 13 août
Ecrasée par la police serbe, l’UCK, refusant « d’être sous le contrôle de quelque parti politique que ce soit », a désigné dix représentants politiques. En outre, l’état-major de la rébellion kosovar a demandé à Adem Demaçi de démissionner de la présidence de son Parti parlementaire pour représenter l’UCK. Demaçi est une figure de l’opposition au leader pacifiste kosovar Ibrahim Rugova. Par ailleurs, dans la soirée, ce dernier a annoncé avoir constitué une délégation chargée de négocier avec Belgrade. Sur le terrain, des combats se déroulent toujours près de Junik, où 700 combattants de l’UCK sont encerclés.
dimanche 16 août
Assiégée depuis trois semaines, Junik, près de la frontière albanaise, est tombée aux mains des forces serbes. Dans ce bourg de 8 000 habitants, il ne restait que 17 habitants. Des éléments de l’UCK sont encore présents dans les forêts et les collines de la région.
lundi 17 août
Alors que les rebelles kosovars ont repris Glodjane, Ibrahim Rugova se dit prêt à négocier à nouveau avec Belgrade. Le Monténégro, lui, accueille les réfugiés kosovars en grand nombre. Ce petit pays de 650 000 habitants abrite déjà près de 40 000 réfugiés du Kosovo, en plus de 20 000 Serbes de Croatie et de Bosnie. Le ministre de l’Education du Monténégro a envoyé une commission d’études, en vue de scolariser les enfants à Ulcinj en langue albanaise. Par ailleurs, 1 700 soldats de l’OTAN ont commencé à manœuvrer en Albanie. Pour dire que l’Alliance atlantique est prête à intervenir au Kosovo.
mardi 18 août
Pas de négociations au Kosovo tant que Belgrade ne retirera pas ses soldats, ont répondu les « rebelles » kosovars, tandis que l’OTAN poursuit ses manœuvres en Albanie. Des exercices semblables doivent avoir lieu, en septembre, en Macédoine. La presse macédonienne s’est empressée de souligner qu’ « aucune attaque terrestre contre Belgrade ne partira » de Macédoine.
samedi 22 août
Les autorités serbes ont menacé d’ « anéantir » les rebelles de l’UCK alors que le processus de paix marque le pas. Belgrade demande à la communauté internationale d’inscrire l’UCK sur la liste des « organisations terroristes ».
dimanche 23 août
Après une semaine plutôt calme, les affrontements entre séparatistes de l’UCK et la police serbe se sont intensifiés dans l’ouest du Kosovo, près des villes de Malisevo et Kormorane. Les séparatistes harcèlent les positions isolées de la police tandis que cette dernière, faute de pouvoir occuper tout le terrain, tente toujours de renforcer son contrôle sur les axes routiers. La médiation de l’ambassadeur américain Christopher Hill, qui était parvenu à faire émarger une délégation albanaise, semble marquer le pas : les Serbes se disent prêts à négocier, mais refusent le cessez-le-feu, préalable exigé par les Albanais.
lundi 24 août
Plusieurs villages sont en flamme autour de Pristina, dont un à moins de 5 kilomètres de la capitale du Kosovo. Les Serbes affirment avoir riposté à des attaques de l’UCK. Selon le Centre d’informations albanais de Pristina, il s’agirait d’une nouvelle application de la stratégie serbe de la terre brûlée qui a fait déjà plus de 200 000 réfugiés. Des bombardements ont aussi été signalés sur 13 villages, au nord-ouest de Pec, près de la frontière avec le Monténégro. L’Allemagne, présidente en exercice de l’Union européenne, appelle ses partenaires à adopter des sanctions contre la Yougoslavie. Le Conseil de sécurité de l’ONU demande un « cessez-le-feu immédiat ».
vendredi 28 août
Le leader kosovar Rugova a lancé un appel à « une intervention internationale urgente » pour stopper les opérations serbes et secourir les quelque 200 000 personnes déplacées. La sous-secrétaire d’Etat américaine aux Réfugiés, Julia Taft, s’est, elle, déclarée « horrifiée » par la situation humanitaire et les destructions causées par les bombardements serbes. Belgrade a annoncé avoir repris le contrôle du secteur de Dulje, au sud-ouest de la province.
lundi 31 août
L’Union européenne va ordonner, la semaine prochaine, le boycottage de la compagnie aérienne yougoslave JAT, comme sanction aux opérations de la police serbe au Kosovo. Le résultat du vote sera connu d’ici le 7 septembre mais on sait déjà que seule la Grèce devrait s’opposer au boycottage.
mardi 1er septembre
Selon un communiqué de l’agence officielle, le président Milosevic aurait proposé aux dirigeants albanais du Kosovo un accord intérimaire. Celui-ci accorderait à la province un certain degré d’auto-administration, pendant une période transitoire de 3 à 5 ans. Les Albanais du Kosovo, auxquels Milosevic a retiré, en 1990, l’autonomie, réclament aujourd’hui l’indépendance. Le conflit a déjà fait plus de 700 morts. Milosevic s’est déclaré décidé à « éradiquer le terrorisme au Kosovo ».
Charles Josselin, ministre français de la Coopération, a remis un message du président français, Jacques Chirac, à la présidente serbe bosniaque Biljana Plavsic, l’assurant du « soutien déterminé de la France » à ceux qui « travaillent à l’application pleine et loyale des accords de paix ».
mercredi 2 septembre
Match amical de football : au stade Gradski de Nis, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) et la Suisse ont fait match nul un à un.
vendredi 4 septembre
Ibrahim Rugova s’est dit tout disposé à conclure avec Belgrade un accord intérimaire qui permettrait de « normaliser » la situation. L’idée soumise aux responsables du Kosovo par le président yougoslave consiste à offrir à la province un accord intérimaire d’une durée de trois à cinq ans lui accordant « un certain degré d’auto-administration ». Par ailleurs, les forces serbes ont annoncé qu’elles avaient infligé de « lourdes pertes » aux « terroristes » de l’UCK aux abords de Prizren (Sud) et qu’elles poursuivaient les combats.
Sortie du film serbe Baril de poudre (Bure baruta), comédie dramatique de Goran Paskaljević, avec Lazar Ristovski, Miki Manojlovic, Mirjana Jokovic et Ljuba Tadic.
du samedi 5 au dimanche 6 septembre
Les forces serbes ont porté un coup sévère aux séparatistes armés du Kosovo en arrêtant quelque 450 membres présumés de l’UCK, au cours d’opérations dans les forêts de l’ouest et du sud-ouest de la province.
dimanche 6 septembre
Selon la télévision de Belgrade, une quinzaine de villages voisins de la frontière albanaise ont rendu les armes que l’UCK leur avait distribuées il y a plusieurs mois.
lundi 7 septembre
L’Union européenne a décidé, avec « effet immédiat », d’interdire les liaisons aériennes de la compagnie aérienne yougoslave JAT et de toutes les compagnies yougoslaves privées avec les pays de l’Union, à titre de sanction contre l’intervention militaire de Belgrade au Kosovo. Le Monténégro échappe à la mesure et la Montenegro Airlines pourra poursuivre ses vols charters entre Tivat et Leipzig. Belgrade a menacé les compagnies européennes de leur appliquer le même traitement, mais, si c’était le cas, la Yougoslavie n’en serait que plus isolée…
En violation des règles électorales établies par la Communauté internationale, des affiches à l’effigie de Karadzic sont apparues sur les murs de Pale, le fief des Serbes de Bosnie, à une semaine du scrutin qui doit avoir lieu le 13 septembre.
mardi 8 septembre
L’intervention militaire serbe au Kosovo se poursuit. Une dizaine de villages ont été la cible des forces de sécurité serbes dans la région de Pec. Les troupes y ont été acheminées à bord d’une centaine de chars, de véhicules blindés et de transports de troupes. Un journaliste albanais local affirme qu’il y a eu de nombreux morts et des blessés dans la population tentant de fuir la zone. Par ailleurs, les autorités poursuivent leur opération d’arrestations systématiques des hommes en âge de combattre. Se référant à des sources judiciaires, le quotidien progouvernemental serbe Politika avance le chiffre de 600 arrestations de Kosovars en quatre jours dans les seules communes de Prizren, Malisevo, Orahovac, Klina et Djakovica. Déjà, 80 des personnes arrêtées ont écopé d’un mois de détention préventive, les autres, en garde à vue, font l’objet d’enquêtes policières particulièrement serrées. Selon Politika, les enquêteurs sont aidés dans leur tâche par des documents de l’UCK qu’ils ont saisis lors d’une offensive, la semaine passée. Mais Adem Demaci, chef politique de l’UCK, a réaffirmé, lors d’une conférence de presse à Pristina, que le mouvement poursuivait sa « guérilla ».
mercredi 9 septembre
Les forces serbes ont attaqué une quarantaine de villes du Kosovo. Leurs habitants ont été brutalement jetés sur les routes. Quelque 25 000 fuyards paniqués, essentiellement des femmes et des enfants, forment un cortège d’une douzaine de kilomètres au sud de Pec. De son côté, l’OTAN a achevé ses plans d’intervention et se déclare « totalement prête à agir ».
samedi 12 septembre
Premier jour des élections législatives et présidentielles en Bosnie. Taux de participation faible, sans doute en raison de la complexité du scrutin.
Devant le nouvel afflux de Kosovars affamés et épuisés fuyant leur pays, le Monténégro a commencé à refouler une partie des arrivants vers l’Albanie. La police serbe a fait évacuer, à Istinic, dans le sud-ouest du Kosovo, quelque 40 000 réfugiés qui s’entassaient dans un camp formé de tracteurs et de charrettes leur servant d’abris. A Plav, dans le nord du Monténégro, on compte 5 000 nouveaux réfugiés. A Ulcinj, sur la côte, les Kosovars (17 000) sont déjà plus nombreux que les résidents.
dimanche 13 septembre
Deuxième jour des élections en Bosnie.
mercredi 16 septembre
De nouveaux combats se déroulent depuis trois jours au Kosovo, dans un triangle formé par les villes de Kosovska Mitrovica, Vucitrn et Poduvejo, dans le nord de la province. Les autorités serbes affirment qu’un millier de membres de l’UCK sont regroupés dans ce secteur. Des villages sont en feu et au moins 10 000 personnes auraient été déplacées.
jeudi 17 septembre
L’UCK a rejeté les propositions de statut transitoire du Kosovo faites par Milosevic et acceptées, faute de mieux, par le leader modéré Rugova.
dimanche 20 septembre
Les leaders de ma communauté albanaise du Kosovo ont présenté leur projet de statut pour la province. Il stipule notamment que le Kosovo reste membre de la République fédérale de Yougoslavie, « à titre transitoire » et « en tant qu’entité indépendante égale aux deux autres républiques de la fédération ».
lundi 21 septembre
Le leader kosovar Adam Demaci, représentant politique de l’UCK, se serait retiré de la vie politique pour raisons de santé, selon son entourage. Agé de 68 ans, opposant du leader modéré Ibrahim Rugova, il a annulé tous ses rendez-vous et devra observer un long repos.
mardi 22 septembre
Les forces serbes ont lancé une vaste offensive dans le nord du Kosovo contre les rebelles de l’UCK. Elles affirment avoir démantelé « d’importants groupes d’extrémistes » et saisi de nombreuses armes et équipements dans les montagnes de Cicavica, bordant la Drenica (centre). A la tribune de l’ONU, le ministre allemand des Affaires étrangères, Klaus Kinkel, a menacé Milosevic d’une action militaire de l’OTAN contre des objectifs serbes.
mercredi 23 septembre
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté dans la soirée la résolution 1199 prévoyant le recours à la force si Belgrade et les séparatistes de l’UCK ne mettent pas fin aux hostilités au Kosovo.
Match amical de football : au stade du Governador João Castelo de São Luis, le Brésil et la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) ont fait match nul un à un.
jeudi 24 septembre
Les forces serbes et yougoslaves, ignorant les mises en garde de l’OTAN et de l’ONU, ont multiplié les opérations contre les derniers bastions de résistance des séparatistes albanais. Le ministre allemand de la Défense a demandé à l’OTAN d’adresser « un ultimatum » à Belgrade. Les Etats-Unis demandent à l’Europe de s’engager dans cette voie, faute de quoi elle aura à « gérer seule » une situation humanitaire catastrophique.
vendredi 25 septembre
Proclamation des résultats officiels des élections des 12 et 13 septembre en Bosnie. A la présidence des Serbes bosniaques, l’ultranationaliste Nikola Poplasen a battu la sortante modérée Biljana Plavsic par 324 033 voix contre 286 940. En revanche, pour l’Assemblée de la Republika Srpska (RS), la coalition Sloga (pro-Plavsic) pourrait continuer à gouverner avec l’appui des députés non-serbes (355 111 voix contre 258 843 à l’alliance des ultras). De même pour le Parlement fédéral de Bosnie, Sloga (214 948 voix) devance le SDS des amis de Karadzic (163 436). Enfin, pour la présidence collégiale de Bosnie, Zivko Radisic (pro-Plavsic) a battu le sortant ultra Krajisnik (360 286 voix contre 315 480). Le musulman Alija Izetbegovic, réélu, et un nationaliste croate Ante Jelavic, qui a battu le sortant Kresimir Zubak, complètent cette présidence collégiale.
Le président yougoslave Milosevic a appelé ses concitoyens à ne faire aucune « concession » au Kosovo, malgré les menaces de recours à la force de l’OTAN pour fair cesser les violences.
dimanche 27 septembre
Belgrade a lancé une opération punitive contre l’UCK, au sud du Kosovo.
lundi 28 septembre
Le Premier ministre serbe, Mirko Marjanovic, a annoncé la fin des opérations militaires engagées par les forces serbes et yougoslaves au Kosovo. Ces opérations ne reprendront que « si de nouveaux actes de terrorisme et de gangstérisme font leur apparition ». Il n’a communiqué aucun calendrier en ce qui concerne un retrait possible des forces opérant au Kosovo. Il a par ailleurs promis que l’amnistie serait accordée à tous les Kosovars qui rendront les armes qu’ils détiennent dans les dix jours, pour autant qu’ils n’aient pas commis de « crimes de guerre ». Il a également annoncé la nomination d’un conseil exécutif temporaire, c’est-à-dire un gouvernement provisoire, chargé de « renforcer les structures civiles » dans la province serbe. L’UCK a aussitôt répliqué par un communiqué réclamant l’intervention urgente de l’OTAN et affirmant qu’elle n’entendait pas déposer les armes et parlant même de mener une « guerre sainte » contre les forces serbes. A Bruxelles, les responsables de l’OTAN manifestent leur intention de rester « vigilants ». L’OTAN exige des faits, pas seulement des promesses. 18 villageois, dont 5 enfants, ont été massacrés par l’armée serbe à Gornje Obrinje, dans la Drenica.
nuit du lundi 28 au mardi 29 septembre
Plusieurs villages du sud du Kosovo ont été bombardés.
mardi 29 septembre
Après sept mois d’opérations contre les indépendantistes albanais du Kosovo, les forces yougoslaves et la police serbe ont repris le chemin de leurs casernes à Pristina, Prizren et Urosevac. Plusieurs villages du sud de la province ont pourtant encore été bombardés dans la matinée.
mercredi 30 septembre
A Genève, le Haut-Commissaire des Nations unies aux réfugiés dénonce la « terreur à grande échelle » que font régner au Kosovo, aussi bien les forces serbes et yougoslaves que les extrémistes de l’UCK. Une organisation humanitaire américaine, Human Rights Watch, parle « d’innommables atrocités ».
jeudi 1er octobre
La pression internationale exercée sur les Serbes et le président yougoslave pour obtenir le retrait « immédiat » des forces serbes du Kosovo s’intensifie. Le Conseil permanent de l’OTAN a demandé au commandant suprême des forces alliées en Europe, le général américain Wesley Clark, d’accélérer la rédaction d’un rapport destiné à l’ONU. Un rapport qui pourrait déclencher une action militaire. Le massacre d’une trentaine d’Albanais de souche, il y a quatre jours, a été le détonateur de cette effervescence. Washington conseille aux Américains de quitter la Yougoslavie.
nuit du jeudi 1er au vendredi 2 octobre
Réunis à huis clos, les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont « vivement condamné », à l’unanimité, les derniers massacres attribués aux forces serbes au Kosovo.
dimanche 4 octobre
Un convoi de l’armée yougoslave a quitté le Kosovo et a regagné le centre de la Serbie. Les autorités serbes ont également invité les responsables albanais du Kosovo à engager « d’urgence » des pourparlers sur l’avenir de la province. Mais, surtout, Milosevic a reçu le précieux soutien de la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité. Les ministres russes des Affaires étrangères, Igor Ivanov, et de la Défense, Igor Sergueïv, sont arrivés inopinément à Belgrade, pour remettre au président yougoslave un message de Boris Eltsine. De son côté, Human Right Watch, une organisation américaine de défense des droits de l’homme, accuse, dans un rapport, les forces gouvernementales serbes d’avoir commis des « atrocités » et des « violations graves du droit international ».
lundi 5 octobre
Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a transmis son rapport sur le Kosovo au Conseil de sécurité. Il en ressort que la majorité des atrocités commises dans cette province serbe sont le fait des forces serbes. Selon le comité albanais de défense des droits de l’homme, 1 558 Albanais de souche ont été tués au Kosovo depuis la mi-janvier, dont 238 pendant les dix derniers jours de l’offensive de la fin septembre. Le HCR recense de son côté 200 000 personnes déplacées au Kosovo même, 45 000 réfugiés au Monténégro et 20 000 en Albanie. Dans la soirée, l’entrevue de plusieurs heures entre Milosevic et l’émissaire américain Richard Holbrooke, à Belgrade, s’est soldée par un échec. Toujours, dans la soirée, le Parlement yougoslave a adopté une loi introduisant un impôt destiné à couvrir les dépenses engagées par la présence policière et militaire au Kosovo, pour un montant équivalent à 600 millions de francs. L’électricité, la presse, le textile, les chaussures sont frappées d’une taxe supplémentaire de 2 %. Les produits pétroliers, les cigarettes, l’alcool, le café et autres produits réputés de luxe supporteront, eux, une taxe de 4 %. Cet impôt particulier devrait rester en vigueur jusqu’au 31 décembre.
mardi 6 octobre
Le vice-Premier ministre serbe Vojislav Seselj, leader du Parti radical (ultranationaliste), menace les « collaborateurs » de l’Occident, au premier rang desquels il place les leaders des partis politiques albanais du Kosovo ; il les mettra en état d’arrestation si l’OTAN intervient contre la Serbie. De son côté, la Russie donne aussi de la voix : une intervention de l’OTAN contre des positions serbes « provoquerait un retour à la guerre froide », a affirmé le ministre russe de la Défense.
mercredi 7 octobre
Richard Holbrooke a encore tenté de convaincre Milosevic du risque réel qu’il fait courir à la Yougoslavie en ne se pliant pas aux résolutions de l’ONU sur le Kosovo. Après les Etats-Unis et le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont appelé leurs ressortissants à quitter la Yougoslavie. Après avoir annoncé que le compte à rebours était lancé, le secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana, a affirmé qu’une décision serait prise « dans les prochains jours », et peut-être sans le feu vert des Nations unies.
jeudi 8 octobre
Le président américain Bill Clinton a lancé sa troisième mise en garde en trois jours. Ils ont demandé à Milosevic de respecter ses obligations au Kosovo, notamment le retrait des forces spéciales serbes et le retour des réfugiés dans leurs villages. Sans quoi l’OTAN interviendra. Le président français Jacques Chirac a confirmé l’engagement de la France aux côtés des Etats-Unis et du Royaume-Uni dans cette option. Sur le terrain, aucun combat d’envergure n’a été signalé depuis une semaine, et des convois de policiers ont effectivement quitté le Kosovo. Toutefois, différentes sources font état du maintien de la présence policière dans les zones sensibles. Un quotidien albanais a même fait état de l’arrivée, la veille, de 40 chars serbes au Kosovo. Dans la soirée, l’UCK a décrété un cessez-le-feu unilatéral. La répression militaire de Milosevic n’a plus, ainsi, de fondement… D’autre part, un décret gouvernemental serbe interdit la retransmission des programmes audiovisuels en serbo-croate des médias étrangers, ainsi que la diffusion d’articles étrangers portant atteinte aux « intérêts du pays » et « incitant au défaitisme ».
Haut-représentant civil en Bosnie-Herzégovine, Carlos Westendorp a exclu dans la soirée le député Dragan Cavic de la liste des élus à l’assemblée de la Republika Srpka. Cavic, tête de liste des ultranationalistes du SDS, pouvait prétendre à la présidence de cette assemblée. Westendorp a estimé que certains propos récents de Cavic étaient une menace directe contre les accords de Dayton.
vendredi 9 octobre
Richard Holbrooke est revenu à la charge à Belgrade. Il a eu plus de trois heures d’entretiens avec Milosevic auquel il a une nouvelle fois présenté les exigences du groupe de contact : arrêt des hostilités, retour des troupes serbes dans leurs casernes, accès des organisations humanitaires au Kosovo, retour des réfugiés et ouverture de négociations avec les indépendantistes albanais de la province.
Des experts bosniaques ont découvert près de Zvornik un charnier qui pourrait contenir « plusieurs centaines de corps » et être le plus grand trouvé à ce jour en Bosnie. 115 corps ont été exhumés dès le premier jour. Il s’agirait essentiellement de musulmans.
samedi 10 octobre
Richard Holbrooke s’est entretenu dans la matinée avec les représentants albanais du Kosovo, à Pristina, et l’après-midi, il a de nouveau rencontré Milosevic à Belgrade.
lundi 12 octobre
Dans la soirée, Richard Holbrooke a obtenu quelques concessions de la part de Milosevic. Selon Moscou, Belgrade aurait notamment accepté le déploiement d’une force multinationale au Kosovo pour y contrôler le respect des exigences de l’ONU. Les ambassades d’Allemagne, de Grande-Bretagne, des Pays-Bas et du Danemark à Belgrade ont fermé leurs portes, « temporairement ». La tension a gagné la Republika Srpska, dont les principaux responsables politiques ont affirmé leur solidarité avec les Serbes de Yougoslavie. C’est pourquoi les principales organisations internationales présentes à Banja Luka ou à Pale ont opéré un repli vers Sarajevo. Les étrangers ont été explicitement menacés de représailles par l’ultranationaliste serbe Vojislav Seselj.
nuit du lundi 12 au mardi 13 octobre
Le président Milosevic a fini par baisser la garde face aux exigences de la Communauté internationale et aux menaces de l’OTAN : des élections seront organisées au Kosovo où 2 000 représentants de l’OSCE vont vérifier l’application des résolutions de l’ONU. A Tout hasard, l’OTAN sera tout de même sur pied de guerre le 17 octobre.
mercredi 14 octobre
Milosevic vient d’interdire deux journaux qui avaient évoqué la décision d’intervention de l’OTAN. Il en a confié un autre à un dirigeant du Parti radical, d’extrême droite. Quant au Kosovo, la situation est loin d’y être claire. Les dirigeants du Parlement clandestin, proches d’Ibrahim Rugova, rejettent l’accord et exigent l’indépendance du Kosovo. Rugova réclame des frappes aériennes contre des objectifs militaires serbes et des troupes au sol.
jeudi 15 octobre
Les plus représentants de l’OTAN sont allés recueillir la signature de Milosevic sur le texte leur permettant de contrôler, au Kosovo, l’application des accords conclu. Ils estiment cependant que le retrait serbe est trop lent pour redonner confiance aux réfugiés. Les représentants de l’UCK accusent Belgrade de poursuivre ses exactions sur le terrain.
vendredi 16 octobre
Le Conseil de l’OTAN a prolongé de dix jours, jusqu’au 27 octobre, le délai accordé à Milosevic pour appliquer la résolution de l’ONU. Les préparatifs d’une frappe aérienne se poursuivent ainsi que les négociations sur la mise en place des 2 000 observateurs. Rugova affirme que « la police serbe ne s’est pas retirée du Kosovo ». Mais, dans la soirée, des sources serbes et albanaises ont fait état du départ de trois convois militaires de plus de 200 véhicules, des chars et des transports de troupes blindés en direction de la Serbie.
samedi 17 octobre
Les premiers membres de la Mission chargée de vérifier, au Kosovo, l’application de la résolution 1199 du Conseil de sécurité sont sur place, à Pristina. En tout, 25 personnes, ayant à leur tête un ancien général américain, John Sandrock, 150 observateurs, sur les 2 000 prévus, doivent les rejoindre dans les… 15 jours. Un accrochage entre policiers serbes et Kosovars albanais, à Lapusnik, à 40 kilomètres à l’ouest de Pristina, a fait trois morts et deux blessés du côté serbe. Les U-2 de l’OTAN ont commencé leurs survols de contrôle du territoire kosovar.
dimanche 18 octobre
Deux journalistes de l’agence gouvernementale yougoslave Tanjung sont portés disparus dans la région kosovare de Pristina.
nuit du dimanche 18 au lundi 19 octobre
Selon des sources concordantes, l’armée yougoslave a lancé une opération contre un village kosovar, non loin de Lapušnik. Cette action militaire a aussitôt provoqué une vigoureuse mise en garde du secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana.
lundi 19 octobre
Une équipe du HCR a constaté des mouvements de blindés serbes près d’un camp de 3 000 réfugiés. De son côté, le Centre des médias du Kosovo - proserbe - a fait état de dizaines d’attaques des partisans kosovars albanais dans la région de Pristina. A Belgrade, les ambassades allemande et néerlandaise ont été rouvertes, après une semaine de fermeture.
mardi 20 octobre
Loi serbe sur l’Information qui prévoit des peines sévères (plusieurs centaines de milliers de francs, recouvrement en 24 heures, confiscation des biens) pour atteinte à « l’ordre constitutionnel », rediffusion d’émissions étrangères « à caractère politique ou de propagande », information dite « mensongère ».
Une équipe médico-légale finlandaise est arrivée à Belgrade. Elle est mandatée par l’Union européenne pour enquêter sur les atrocités commises au Kosovo et aider à l’indentification des victimes.
mercredi 21 octobre
La « mission de vérification » de l’OSCE sera opérationnelle dans quelques semaines. C’est ce qu’a fait savoir Bronislaw Geremek. Pour l’instant, dix pays se sont engagés à fournir du personnel.
jeudi 22 octobre
Javier Solana, le secrétaire général de l’OTAN, a affirmé que Milosevic n’a toujours pas rempli la totalité de ses engagements en faveur du retour à la paix au Kosovo. Il reste cinq jours à Belgrade pour se conformer aux accords conclu. D’intenses combats à l’arme lourde ont encore eu lieu aux abords de Pristina.
vendredi 23 octobre
Selon le HCR, la destruction de village au Kosovo continue et la présence de la police et de l’armée serbe empêche toute sécurisation des habitants. La reprise des attaques de l’UCK, qui rejette l’accord, n’a rien arrangé.
dimanche 25 octobre
Le Conseil permanent de l’OSCE a décidé d’autoriser le « début immédiat du déploiement de la Mission de vérification au Kosovo ». Elle est établie « pour un an, avec une prolongation possible ». Au même moment, à Belgrade, les deux plus hauts responsables de l’OTAN ont rencontré Milosevic. La menace d’intervention militaire de l’OTAN reste en vigueur.
lundi 26 octobre
L’armée yougoslave a beaucoup bougé. Trois convois importants ont été repérés, quittant le centre du Kosovo pour rejoindre leurs casernements dans le Sud et dans le Nord. La police serbe aussi, qui a levé le barrage qu’elle maintenait à 25 kilomètres au sud-est de Pristina.
mardi 27 octobre
L’OTAN a décidé, à l’heure où expirait son ultimatum, de ne pas déclencher les raids aériens dont elle menaçait les Serbes. L’Alliance a cependant résolu de maintenir son dispositif militaire en place, prêt à intervenir à tout moment. L’ampleur du retrait des forces serbes et yougoslaves a été jugé « très positive ». Depuis deux jours en tout cas, on constate le retour d’un certain nombre de réfugiés dans leurs villages.
mercredi 28 octobre
La police spéciale serbe a quitté le village de Klecka, huitième et dernière localité du Kosovo que Milosevic a promis d’évacuer, le 25 octobre, lors de ses entretiens directs avec les responsables militaires de l’OTAN. Le HCR a pu constater « un grand changement » depuis la veille, « premier jour où l’on a vu des gens retourner réellement dans leurs foyers ». C’est la minorité serbe du Kosovo, maintenant, qui fait part de ses craintes.
jeudi 29 octobre
Plusieurs responsables américains sont entrés en contact avec les chefs de file de l’UCK pour les exhorter à respecter le cessez-le-feu afin de garantir la sécurité des vérificateurs déployés au Kosovo par l’OSCE.
vendredi 30 octobre
Selon Médecins du monde, « rien n’a changé » au Kosovo. Les exactions serbes se poursuivent et le retour des réfugiés s’avère très difficile. Des observateurs diplomatiques confirment qu’une unité de l’armée serbe est encore déployée aux environs de Klina, au nord de Prcevo. L’OTAN a, quant à elle, organisé une surveillance aérienne avec une vingtaine d’avions.
samedi 31 octobre
Un militaire français détaché au comité militaire de l’OTAN a été mis en examen et écroué à Paris pour « intelligence avec une puissance étrangère ». Commandant de l’Armée de l’air, Pierre Bunel est soupçonné d’avoir remis à des agents serbes des documents désignant les sites militaires yougoslaves qui seraient frappés par l’OTAN en cas de prolongement de la crise du Kosovo. Il aurait reconnu les faits et avoir agi par « sympathie proserbe ».
dimanche 1er novembre
L’UCK a condamné deux journalistes de l’agence officielle yougoslave Tanjung, qu’elle détient depuis deux semaines, à 60 jours de prison pour avoir « enfreint l’ordre militaire et civil intérieur établi par l’UCK ». C’est la première fois que l’UCK fait état d’une justice militaire.
lundi 2 novembre
En Yougoslavie, en juin dernier, une loi a supprimé l’autonomie de l’université, conférant aux doyens des facultés, nommés par le pouvoir, le droit de choisir les enseignants. Ce texte « augure d’un totalitarisme ouvert qui ne se cache même plus sous une feuille de vigne », estiment une douzaine de professeurs de la faculté électrotechnique qui viennent d’être interdits de cours. Ils avaient refusé de signer un nouveau contrat de travail qui constitue « un acte d’allégeance au régime ». La faculté a engagé des videurs pour empêcher les enseignants bannis d’assurer leurs cours.
mardi 3 novembre
Le vice-Premier ministre de la Serbie, Vojislav Seselj a participé à la session parlementaire de l’Union russo-biélorusse à Iaroslavl, afin de promulguer l’idée d’élargir cette Union à la Yougoslavie.
vendredi 6 novembre
Le leader des Albanais du Kosovo, Ibrahim Rugova, a déclaré qu’il poursuivait ses efforts pour former un « gouvernement » représentant « toutes les forces » kosovares. Il n’a pas mentionné l’UCK qui refuse de reconnaître son autorité. De son côté, l’UCK a annoncé l’instauration d’un « pouvoir civil » sur la partie de la province qu’elle contrôle, lequel facilitera son travail dans la « lutte contre les personnes irresponsables ». Plusieurs diplomates insistent sur le fait que cette division des Kosovars bloque autant les négociations que la mauvaise volonté serbe.
samedi 7 novembre
Quatre étudiants serbes, surpris à dessiner l’emblème de leur organisation sur un mur, ont été condamnés à dix jours de prison pour « résistance civile au pouvoir ».
dimanche 8 novembre
Un tract qui circule à Belgrade, signé par une organisation étudiante, invite la population à résister au régime de Milosevic. Une pétition réclamant la libération des quatre étudiants condamnés il y a deux jours circule aussi dans l’opposition. Un quotidien indépendant qui a reproduit le tract a été condamné, dans la soirée, à une amende de 1,2 million de dinars (670 000 francs).
lundi 9 novembre
Dans une interview à un journal espagnol, le président de l’OSCE, Bronislaw Geremek affirme que la mission de l’OSCE au Kosovo va rencontrer de sérieux problèmes de sécurité au printemps. L’insécurité viendra de « la faiblesse des garanties yougoslaves », mais aussi de « celles de l’UCK ». « Nous avons déjà l’impression qu’en ce moment, l’UCK reprend les positions abandonnées par la police et l’armée serbes. Cela permet à Milosevic de dire que le terrorisme agit et qu’il faut y répondre ».
mardi 10 novembre
L’OTAN a allégé son dispositif aérien au Kosovo. La mission de vérification de l’OSCE s’installe progressivement mais ne sera opérationnelle qu’à la fin novembre. Les incidents se multiplient entre l’UCK et les forces de police serbes. Deux policiers ont été tués.
vendredi 13 novembre
L’UCK a ouvert le feu sur un camion de l’armée yougoslave, faisant un mort et deux blessés. La fusillade s’est déroulée à Dulje, dans le sud du Kosovo. Depuis quelques jours, les incidents se multiplient, témoignant de la présence musclée de l’UCK, après le retrait de milliers d’hommes des forces serbes. L’organisation indépendantiste a repris le contrôle de plusieurs villages. La police serbe a également été renforcée. Selon un journal, le bilan de la semaine s’élève à 15 morts dans les deux camps. Par ailleurs, l’OTAN a adopté un plan d’opération pour une force d’intervention rapide de 1 700 hommes qui pourra prêter main forte aux vérificateurs de l’OSCE. Cette opération, baptisée « Garantie conjointe », sera dirigée au plus haut niveau par le général américain Wesley Clark et sur le terrain par le général français Marcel Valentin.
dimanche 15 novembre
Le président serbe, Milan Milutinovic, a invité les responsables politiques des Albanais du Kosovo, à une table ronde, le 18 novembre à Pristina, en présence des responsables internationaux, l’émissaire américain Christopher Hill, les ambassadeurs d’Autriche (pour l’Union européenne), de Chine et de Russie. Par ailleurs, 15 premiers Français et 12 Norvégiens sont arrivés au Kosovo dans le cadre du déploiement d’un corps de 2 000 vérificateurs.
lundi 16 novembre
Les Kosovars ont fait répondre à Milan Milutinovic que les conditions n’étaient toujours pas remplies pour engager des négociations sur l’avenir de la province. Pour Ibrahim Rugova, cette offre n’est qu’un « geste de propagande du régime serbe ».
mercredi 18 novembre
Qualifications pour l’Euro de football 2000 : au stade Crvena Zvezda de Belgrade, la Yougoslavie a battu l’Irlande un but à zéro.
vendredi 20 novembre
La neige a fait son apparition au Kosovo, bloquant l’acheminement des secours du HCR aussi bien que la Mission diplomatique d’observateurs dont les patrouilles blindées n’ont pu quitter le QG américain. L’UCK en a profité pour afficher sa supériorité sur le terrain : deux policiers serbes ont été tués et quatre autres blessés, dans la matinée, près de Decani, par des tirs de roquettes et à l’arme automatique.
jeudi 26 novembre
Le commandant en chef de l’armée yougoslave, le général Momčilo Perišić, qui désapprouvait les accords conclu sous la menace d’une frappe de l’OTAN, a été remplacé par son adjoint, le général Dragoljub Ojdanić.
lundi 30 novembre
Le procès pour génocide de Goran Jelisic (30 ans), qui se faisait surnommer « l’Adolf serbe de Bosnie », s’est ouvert devant le TPI de La Haye. Jelisic était le responsable du camp de Luka où des Croates et musulmans ont été détenus dans des conditions atroces entre mai et juillet 1992. Il reconnaît avoir tué au moins douze prisonniers mais plaide non coupable des accusations de génocide.
mercredi 2 décembre
Le général serbe bosniaque Radislav Krstic a été arrêté par la Sfor dans le secteur américain, à une quarantaine de kilomètres de Sarajevo. Le général Krstic, qui commande le 5e corps de l’armée des Serbes de Bosnie, figurait sur une liste de criminels de guerre tenue secrète par le TPI de La Haye afin de faciliter leur arrestation. Il est considéré comme les responsables des massacres de musulmans de Srebrenica (juillet 1995).
L’UCK est prête à reporter à plus tard son exigence d’indépendance du Kosovo, à condition qu’elle reçoive des garanties avant la signature du plan de paix américain prévoyant un statut intermédiaire. L’UCK n’acceptera le plan américain, cependant, que s’il prévoit le droit à l’autodétermination pour les albanophones du Kosovo « dans un proche avenir ».
jeudi 3 décembre
Les relations entre Belgrade et Washington ont pris un sérieux coup de froid, dans la soirée, avec l’adoption d’une déclaration virulente, au Parlement yougoslave, prêtant aux Etats-Unis l‘intention de renverser le président Milosevic et de prêter la main aux séparatistes du Kosovo.
vendredi 4 décembre
Le conseil permanent de l’OTAN a ordonné aux militaires de mettre en place, après l’accord officiel de la Macédoine, une force d’ « extraction » prêt à intervenir au Kosovo si les vérificateurs européens de l’OSCE se retrouvent en difficulté. Cette force de 1 700 hommes (700 Français, 350 Britanniques, 250 Allemands, 200 Italiens et 200 Néerlandais) est dirigée par le général français, Marcel Valentin.
dimanche 6 décembre
Une quarantaine de soldats de l’OTAN sont arrivés à Skopje pour préparer le pont aérien de la nuit.
nuit du dimanche 6 au lundi 7 décembre
L’armée de l’air française a commencé à acheminer vers la Macédoine des soldats et du matériel de la Force d’extraction de l’OTAN.
lundi 7 décembre
Le négociateur en chef des Kosovars, Fehmi Agani, considère comme « inacceptable » la dernière version du projet de règlement de la question du Kosovo préparée par le médiateur américain Christopher Hill. Les Albanais du Kosovo reprochent surtout à ce projet de « se rapprocher des exigences serbes », en particulier sur la composition de la police régionale et la compétence des tribunaux, visant à maintenir le Kosovo sous l’emprise de Belgrade.
Le général serbe bosniaque Radislav Krstic, l’un des principaux responsables du massacre des musulmans de Srebrenica, en juillet 1995, a comparu pour la première fois devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie. Il a plaidé non coupable.
mercredi 9 décembre
Les Serbes et les Albanais ont, chacun pour leur part, rejeté le projet d’accord sur le Kosovo élaboré par le médiateur américain Christopher Hill.
jeudi 10 décembre
Des policiers des Nations unies déployés depuis le début de la semaine à Stolac, dans le sud de la Bosnie, pour surveiller le travail de la police locale à la suite de nombreux attentats visant des maisons de réfugiés musulmans venus se réinstaller chez eux, ont été attaqués par la population locale, alors qu’ils tentaient d’inspecter le commissariat. Ils ont dû être évacués sous escorte de la Sfor.
dimanche 13 décembre
Le président yougoslave, Slobodan Milosevic, a lancé, par médias interposés, un avertissement à la force de l’OTAN concernant la mise en place en Macédoine pour protéger ses observateurs au Kosovo : « S’ils pénètrent sur notre territoire, nous considérerons cela comme un acte d’agression ».
lundi 14 décembre
36 séparatistes albanais du Kosovo ont été tués par des gardes-frontières yougoslaves, alors qu’ils tentaient de s’infiltrer au Kosovo, en provenance d’Albanie. Ils étaient armés et portaient des uniformes de l’UCK. Une douzaine d’autres ont été blessés et 9 arrêtés au cours de l’accrochage qui a duré plusieurs heures. Les gardes yougoslaves ont saisi une importante quantité d’armes et de matériel militaire.
Trois membres de l’ambassade de France à Belgrade ont été tués dans un accident de la route au Kosovo, à une dizaine de kilomètres au nord de Pristina.
mardi 15 décembre
Le TPI a demandé aux autorités de Belgrade de lui déférer trois ex-officiers yougoslaves, inculpés pour leur rôle dans le massacre de quelque 260 hommes non serbes peu après la chute de Vukovar, dans l’est de la Croatie, en novembre 1991. La Cour militaire de Belgrade a engagé une procédure à l’encontre de ces trois officiers, Mile Mrksic, Veselin Sljivancanin et Miroslav Radic. Mais pour le TPI cette procédure « manque d’impartialité et d’indépendance et n’a d’autre but que de soustraire les accusés à la justice internationale ».
jeudi 17 décembre
A la suite de l’attaque au cours de laquelle les six Serbes avaient été tués à Pec, la police serbe est intervenue à Kapesnica et à Glodjane. Deux Albanais, armés, ont été tués et 14 autres arrêtés. Par ailleurs, Zvonko Bojanic, adjoint (serbe) au maire de Kosovo Polje, banlieue sud de Pristina, a été enlevé par cinq hommes masqués et armés portant des uniformes de l’UCK.
vendredi 18 décembre
Zvonko Bojanic a été retrouvé mort, dans la matinée, sur la route Pristina-Pec.
lundi 21 décembre
Plus de 20 000 personnes sont toujours portées disparues en Bosnie depuis la fin de la guerre, en 1995. Le CICR a enregistré 20 058 demandes de recherches dont 16 654 concernent des Musulmans, 2 459 des Serbes et 687 des Croates. Il y a aussi 258 demandes de recherches pour des personnes dont l’appartenance ethnique n’a pas été précisée.
Dans le nord du Kosovo, un policier serbe a été assassiné à Podujevo.
mercredi 23 décembre
Match amical de football : au stade National de Ramat Gan, Israël a battu la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) deux buts à zéro.
jeudi 24 décembre
Les forces serbes ont lancé une vaste opération (6 chars T55 et 20 véhicules blindés) pour écraser l’un des bastions de l’UCK. Du coup, cette dernière a rompu la trêve qu’elle observait depuis octobre. Les observateurs internationaux n’ont rien pu faire. Les Serbes ont attaqué le village de Gornja Lapastica, dans la région de Podujevo (nord du Kosovo). L’opération a fait huit morts côté albanais, et au moins deux blessés dans les rangs serbes.
vendredi 25 décembre
De nouveaux combats ont éclaté dans la région de Podujevo.
samedi 26 décembre
Les combats se poursuivent au Kosovo : un Serbe de 65 ans a été tué par l’UCK, à l’entrée d’Obrandza.
lundi 28 décembre
A Tirana, le Parlement albanais a adopté à l’unanimité une demande d’intervention de l’OTAN au Kosovo.
mardi 29 décembre
5 Albanais ont été tués lors d’incidents l’un au nord du Kosovo, à Kosovska Mitrovica, un second au sud, à Prizren et le troisième sur la route Pec-Decani. Cela porte à 25 morts le bilan de la reprise des combats depuis le 24 décembre. L’OTAN a rappelé que son ordre d’intervention, suspendu depuis l’accord d’octobre, n’est pas caduc et que l’organisation est prête à intervenir si la trêve n’est pas rétablie au Kosovo.
Erection du premier monument érigé sur la base de la loi croate adoptée en 1996 sur l’identification des fosses communes de la guerre d'indépendance : ce mémorial a été inauguré à Ovcara, au sud-est de Vukovar, à la mémoire des 264 Croates massacrés par les Serbes le 21 novembre après la chute de Vukovar.
jeudi 31 décembre
La Yougoslave Olivera Jevtic a remporté à São Paulo la traditionnelle Corrida de la Saint-Sylvestre (course de 15 kilomètres).
Un communiqué du ministère albanais des Affaires étrangères condamne la violence déployée par la police serbe au Kosovo contre les étudiants albanais de souche. « Les mauvais traitements vont à l'encontre de la volonté d'européaniser les Balkans que Belgrade a soutenue lors du sommet balkanique de Crête ».
vendredi 9 janvier
Momir Bulatovic, le président sortant du Monténégro, protégé de Belgrade, appelle ses partisans à manifester contre Milo Djukanovic, son successeur élu, qu'il accuse de « séparatisme ». La manifestation, « organisée contre le pouvoir illégal monténégrin qui menace l'Etat et les droits des libertés élémentaires de l'homme, garantis par la Constitution », est programmée pour le 12 janvier. L'investiture du nouveau président doit avoir lieu le 15 janvier.
dimanche 11 janvier
Bulatovic a demandé au président yougoslave Milosevic d'instaurer l'état d'urgence au Monténégro. Bulatovic, qui doit céder le 15 janvier sa place à Djukanovic, n'a toujours pas reconnu sa défaite à l'élection présidentielle.
lundi 12 janvier
Détérioration du climat entre Croates et Musulmans, manifestation au Monténégro contre les fraudes électorales, blocage par les ultranationalistes de Pale : la visite de l'envoyé spécial américain Robert Gelbard en Bosnie survient à un moment où la paix est sérieusement malmenée dans l'ex-Yougoslavie. A Pale, les « durs » du Parlement bloquent la mise en place des institutions pour obtenir la restitution de leurs émetteurs saisis en octobre par la Sfor.
du lundi 12 au mardi 13 janvier
Bulatovic avait prévu la mobilisation de 200 000 de ses partisans pour empêcher l'investiture de son successeur et rival, Djukanovic, qu'il accuse de fraude électorale, il n'a pu rassembler que 7 000 manifestants à Podgorica, et on estime son soutien actif à un millier de personnes.
mercredi 14 janvier
A Podgorica, la police antiémeutes a du disperser à coups de bombes lacrymogènes plus de 10 000 manifestants rassemblés devant le Parlement et le siège du gouvernement monténégrin. Bulatovic a appelé ses sympathisants à éviter toute violence.
La présidence collégiale bosniaque s'est accordée sur la nomination de 32 ambassadeurs de Bosnie-Herzégovine à travers le monde. Reste maintenant à décider de la nomination du représentant de Sarajevo aux Etats-Unis : le poste doit revenir à un Serbe. Les Musulmans conservent la représentation aux Nations unies. C'est un Croate qui sera nommé à Tokyo.
nuit du mercredi 14 au jeudi 15 janvier
Une nuit de violence a secoué Podgorica. Les affrontements ont duré plusieurs heures entre les forces de l'ordre et les partisans de Bulatovic. Quelque 3 000 manifestants s'étaient rassemblés devant le siège du gouvernement puis du Parlement aux cris de « Yougoslavie », « Milo voleur ! » ou « aux armes ». Une cinquantaine de personnes ont été blessées.
jeudi 15 janvier
L'émissaire américain Robert Gelbard a qualifié de « choquant et illégal » le comportement du mauvais perdant au Monténégro, Bulatovic. Il a également désigné Milosevic comme « responsable » des troubles de Podgorica pour avoir soutenu les manifestants. Il a averti l'homme fort de Belgrade que les sanctions imposées par les Etats-Unis à la Fédération yougoslave « ne seront pas levées » tant que « les dirigeants de ce pays n'auront pas accepté les normes internationales et les processus démocratiques ». Cependant, Milo Djukanovic a été investi président du Monténégro à Cetinje, ancienne capitale royale devenue lieu de résidence officiel du chef de l'Etat.
La mission des Nations unies en Slavonie orientale s'est achevée. La Croatie a donc pu reprendre officiellement le contrôle de la dernière portion de son territoire encore aux mains des Serbes. L'administration transitoire des Casques bleus aura duré deux ans. Leur départ confirme de manière symbolique la fin de la guerre en Croatie. L’OSCE a toutefois laissé sur place 120 observateurs jusqu’à la fin de 1999.
samedi 17 janvier
Profitant du départ des 41 députés ultranationalistes du Parlement de la Républika Srpska, dans la soirée, les 42 partisans de la présidente Biljana Plavsic ont élu leur propre candidat, Milorad Dodik, au poste de Premier ministre de l'entité serbe de Bosnie. Les ultranationalistes rejettent cette élection en la qualifiant de « coup d'Etat ».
dimanche 18 janvier
L’équipe d’Espagne est sacrée championne du monde de water-polo à Perth (Australie) après avoir battu la Hongrie en finale. La Yougoslavie a remporté contre l’Australie le match pour la troisième place, neuf buts à cinq.
lundi 19 janvier
Les ultranationalistes serbes de Bosnie ont été désavoué par le gouvernement yougoslave qui a adressé ses « félicitations les plus cordiales » au nouvel élu de la Republika Srpska. Cette reconnaissance marque une importante évolution de la politique du président yougoslave, Slobodan Milosevic.
Accusé de crimes de guerre contre des civils à Foca (RS), un Serbe bosniaque a été condamné à 11 ans de prison par le tribunal cantonal de Sarajevo. Veselin Cancar, un ancien économiste de 40 ans, dirigeait un camp de détention à Foca, en 1992, où des civils exclusivement musulmans ont subi des tortures physiques et psychiques.
mardi 20 janvier
Le nouveau Premier ministre de l'entité serbe de Bosnie, Milorad Dodik, a décidé de transférer la capitale de la Republika Srpska de Pale (fief de Karadzic) à Banja Luka, où réside la Présidente. Le décret du nouveau gouvernement gèle en outre les comptes bancaires et les avoirs du précédent gouvernement.
jeudi 22 janvier
Un Serbe bosniaque accusé de crimes de guerre par la justice internationale, Goran Jelisic, a été arrêté par des soldats américains de la Sfor. Goran Jelisic, qui a été arrêté à Bileljina (nord-est de la Bosnie) au moment où il montait dans sa voiture, a aussitôt été transféré à La Haye où il sera jugé par le TPI. Le nouveau chef (américain) de la mission de l'OSCE en Bosnie prévoit « une activité accrue en termes d'arrestations de criminels de guerre ».
vendredi 23 janvier
Les Nations unies ont adressé une lettre officielle de protestation à une station de radio de Pale dont les programmes ont défendu Radovan Karazic et trainé dans la boue le TPI. Cette station de radio, Sveti Jovan, appartient à la fille de Karadzic, qui qualifie le TPI d'« instrument de persécution contre les Serbes ».
samedi 24 janvier
La situation est considérée comme explosive au Kosovo, où les incidents interethniques se multiplient depuis trois semaines (trois morts et plusieurs blessés). Après le rejet, par Belgrade, d'une initiative franco-allemande invitant Milosevic à accorder un « statut spécial » à cette région, l'Union européenne doit se pencher sur le dossier cette semaine. Les Albanais du Kosovo craignent une intervention conjointe de la police et de l'armée serbes dans le centre de la province, qui serait actuellement contrôlé par une organisation clandestine, l'Armée de libération du Kosovo.
mercredi 28 janvier
Trois anciens militaires croates ont accusé « les plus hauts responsables croates » de faire la sourde oreille à leurs témoignages sur des dizaines d'exécutions sommaires commises par l'armée lors de la guerre serbo-croate, en 1991. Ils regrettent aussi que le TPI n'ait pas immédiatement réagi aux informations qu'ils lui ont transmises, laissant ainsi aux autorités croates le temps de dissimuler les preuves des atrocités qu'ils dénoncent.
A Kamenica, au Kosovo, un policier serbe a abattu un jeune Albanais de souche de 17 ans, qui vendait des cigarettes, d'une balle dans la tête tirée à bout portant.
Match amical de football : au Stade Olympique d’El Menzah, à Tunis, la Tunisie a été battue par la Serbie-Monténégro trois buts à zéro.
jeudi 29 janvier
Près de 20 000 personnes ont assisté à Kamenica à l'enterrement du jeune Albanais décédé la veille. La cérémonie, aux accents politiques, s'est déroulée sans incident, la police ayant déserté la ville.
samedi 31 janvier
Dans l'entité serbe de Bosnie, les modérés ont pris le pouvoir en douceur à Banja Luka. Les 21 membres du gouvernement Dodik ont prêté serment devant le Parlement. A la surprise générale, 13 membres du bloc des ultras ont voté pour le transfert du gouvernement de Pale à Banja Luka.
mardi 3 février
La communauté internationale subordonne son soutien financier à la ville de Sarajevo à un meilleur accueil des réfugiés, en proie à de nombreuses tracasseries administratives pour récupérer leur toit. Sur environ 380 000 habitants aujourd'hui, la capitale bosniaque ne compte plus que 19 000 Serbes contre 130 000 avant la guerre, 21 000 Croates contre 35 000. Si « au moins 20 000 non-Musulmans » ne rentrent pas chez eux en 1998, « nous ne pourrons pas maintenir le niveau d'assistance que nous avons fourni jusqu'ici », a déclaré l'émissaire américain pour l'ex-Yougoslavie en ouvrant la conférence international sur le retour des réfugiés à Sarajevo, qu'il co-préside avec l'Union européenne et le haut représentant civil en Bosnie, Carlos Westendorp.
mercredi 4 février
Les symboles nationaux et religieux ont disparu du drapeau de la Bosnie-Herzégovine. Les députés bosniaques n'ayant pu se mettre d'accord sur un nouveau drapeau avant la date fixée par la communauté internationale, celui-ci leur a été imposé par Carlos Westendorp. Il est bleu avec des étoiles blanches et un triangle jaune. Le triangle représente les trois communautés bosniaques, le jaune symbolise le soleil et l'espoir, les étoiles et le bleu l'Europe à laquelle la Bosnie souhaite appartenir.
mardi 10 février
La France encourage les Serbes de Bosnie à œuvrer pour l'application de l'accord de paix de Dayton. C'est le sens que le président français Jacques Chirac a voulu donner à la réception de la présidente de l'entité serbe de Bosnie, Biljana Plavsic, accueillie avec les honneurs réservés aux chefs d'Etat. Justement, le Premier ministre serbe de Bosnie, Milorad Dodik, a insisté, à Vienne, sur la volonté de son gouvernement de respecter tous les termes de l'accord de Dayton. Tout en répétant qu'il n'avait pas les moyens constitutionnels de livrer les suspects de crimes de guerre au TPI. Il a dit que son gouvernement « encourage » les criminels à se rendre à la justice.
samedi 14 février
Miroslav Tadic (60 ans) et Milan Simic (38 ans), deux Serbes de Bosnie, qui demandent à être livrés au TPI, se sont rendus à la police serbe à Bosanski Samac (nord du pays). Les deux hommes, accompagnés de leurs avocats, ont ensuite été conduits à une base des soldats américains de la Sfor. Ils sont inculpés de crimes de guerre et crimes contre l'humanité par le TPI. Le procureur du tribunal, Mme Louise Arbour (Canada), s'est félicité de leur reddition, et a invité tous les autres accusés par le TPI encore en liberté à suivre leur exemple. Ils avaient été inculpés le 21 juillet 1995.
lundi 16 février
La présidente Biljana Plavsic a destitué le général Pero Colic de son poste de chef d'état-major de l'armée des Serbes de Bosnie, qui avait pris fait et cause pour les ultranationalistes fidèles au dirigeant déchu Karadzic. Il a été remplacé par le général Talic qui avait fait allégeance à la présidente dès l'été 1997.
mardi 17 février
Les deux Serbes de Bosnie qui se sont rendus il y a trois jours, Miroslav Tadic et Milan Simic, ont plaidé non coupables devant le TPI de La Haye. Ils ont à répondre des accusations de crime contre l'humanité et de violation des lois ou coutumes de la guerre, pour leur rôle supposé dans la « campagne de terreur » entreprise en 1992 contre les Croates et les Musulmans de la municipalité de Bosanski Samac (17 000 sur une population de 33 000 en 1991, 300 en mai 1995) pour les contraindre à quitter la région.
jeudi 19 février
Un policier serbe de 34 ans a été tué dans une embuscade tendue par un groupe armé albanais, dans l'après-midi, à 40 kilomètres au nord de Pristina, le chef-lieu du Kosovo. L'attentat pourrait avoir été commis par « l'Armée de libération du Kosovo », qui invite la majorité albanaise de la province à conquérir par la violence l'indépendance que lui refuse le pouvoir serbe.
mardi 24 février
Un Serbe de Bosnie, inculpé de crimes de guerre par le TPI, s'est rendu à la police serbe de Bosanski Samac (nord). Il a été transféré à La Haye où il sera jugé. Chef de la police de Bosanski Samac avant la guerre, Simo Zaric affirme : « Des crimes de guerre ont bien eu lieu, mais ils doivent être attribués à ceux qui les ont commis et à ceux qui les ont tolérés ». Pour sa part, il se dit innocent. C'est le troisième Serbe à se rendre de lui-même à la justice internationale qui en a inculpé six pour des exactions commises à Bosanski Samac.
Match amical de football : au stade José Maria Minella de Mar del Plata, l’Argentine a battu la Serbie-Monténégro trois buts à un.
samedi 28 février
Au Kosovo, à 11 h 20, des policiers serbes ont été attaqués à Likosane, sur la route entre Glogovac et Srbica et ont riposté ; deux policiers et cinq assaillants ont été tués. Sept villages ont fait l'objet d'opérations de ratissage par la police serbe, faisant 24 morts. Sept personnes auraient trouvé la mort à Cirez, dans une maison, mitraillée par un hélicoptère de la police. Il s’agit là de l’acte de naissance de la guerre au Kosovo.
dimanche 1er mars
Des mouvements de blindés serbes ont été signalés au Kosovo, où 40 000 policiers sont déjà en place. Les forces serbes ont massacré plusieurs familles liées aux indépendantistes dans les villages de Kirz, Likoshanë et Prekaz.
lundi 2 mars
Des centaines de policiers des unités anti-émeute mobilisés par le gouvernement de Belgrade, sont violemment intervenus à Pristina contre une manifestation qui rassemblait plusieurs dizaines de milliers de personnes aux cris de : « Nous donnerons nos vies mais nous n'abandonnerons pas le Kosovo ». Elle avait été convoquée par les partis albanais. D'abord dispersés au canon à eau, les manifestants ont ensuite été pourchassés, chargés à coup de matraque. A leurs fenêtres, des Serbes encourageaient les policiers du geste... A Genève, le « gouvernement » du Kosovo en exil appelle les Nations unies à l'aide.
mardi 3 mars
La tension reste vive au Kosovo où les Albanais de souche ont observé une journée de deuil pour enterrer les victimes des affrontements du week-end dans la région de Drnica, interdite à la presse par la police serbe pour des « raisons de sécurité ». A Pristina, la plupart des magasins sont fermés, ainsi que les écoles albanaises et les rues sont quasiment désertes. Par la voix de son commissaire aux relations extérieures, Hans van den Broek, l'Europe a adressé une sévère mise en garde au président yougoslave, Slobodan Milosevic, sommé de « restaurer » l'autonomie dont il a privé les Albanais du Kosovo.
mercredi 4 mars
L'UCK s'est promis de « venger » les 25 victimes des affrontements des derniers jours. Pour éviter que la situation explosive qui règne au Kosovo ne débouche sur un bain de sang, les ministres des Affaires étrangères des six pays du « groupe contact sur l'ex-Yougoslavie » (Allemagne, Italie, Russie, Etats-Unis, France et Grande-Bretagne) se réuniront le 9 mars, en urgence, à Londres. Robert Golbard, le principal émissaire américain dans les Balkans, a implicitement menacé Slobodan Milosevic de représailles militaires s’il persiste dans son intransigeance à l'égard du Kosovo, qui constitue un encouragement à la guerre civile. Deux attaques ont été dirigées dans la soirée contre un poste de police et une patrouille à Pristina. Il n'y aurait pas eu de victimes.
jeudi 5 mars
A l'aube, la police et l'armée serbes ont investi trois villages de la région de Srbica (centre du Kosovo), considérée comme le sanctuaire des extrémistes de l'UCK. Appuyées par des hélicoptères, les forces serbes (une centaine d’hommes) sont arrivées à bord de plusieurs autobus et de véhicules blindés. Elles ont procédé, dans les trois villages, à des ratissages officiellement justifiés, à Belgrade, par la recherche de « caches d'armes ». Le déploiement des forces serbes s'est accompagné de tirs nourris d'armes automatiques. Des responsables locaux ont parlé de « colonnes de femmes et d'enfants fuyant la région de Drenica devant les assauts des forces de l'ordre serbes ». Dans l'après-midi, on signalait le village de Prekaz, en flammes et diverses sources locales affirment qu'une dizaine d'autres villages de la région, « virtuellement albanaise à 100 % », ont été la proie des bombardements serbes au canon et au lance-roquettes, qui ont fait de nombreuses victimes. 58 membres du clan Jashari ont été tués (dont les chefs du clan Adem Jashari et Hamëz Jashari, ainsi que 18 femmes et 10 enfants). 2 policiers serbes ont perdu la vie et 7 autres ont été blessés.
Dragoljub Kunarac, dit « Zaga », un Serbe de Bosnie recherché pour crimes contre l'humanité, s'est rendu volontairement aux soldats français de la Sfor. Il était le chef d'un groupe paramilitaire de sept Serbes originaires de Foca qui, selon l'acte d'accusation, auraient violé, torturé et réduit à l'état d'esclaves des musulmans de Foca. Un cinquième Serbe, originaire de Banja Luka, Zoran Zigic, a aussi annoncé son intention de se livrer à la Sfor en fin de semaine.
vendredi 6 mars
Les forces de police serbes poursuivent leurs opérations dans le centre du Kosovo. Le quotidien local de langue albanaise, Koha Ditore, affirme que plusieurs villages sont maintenant « sous un blocus de fer » et qu'un criminel de guerre serbe bosniaque, Milenko Radmilic, a été vu dans le nord de la province en uniforme de la police serbe. Relâché d'une prison de Brcko, dans le nord de la Bosnie, il est arrivé à la tête d'une unité d'anciens combattants serbes bosniaques venus de Zvornik, dans l'est de la Bosnie. Ibrahim Rugova, le leader des Albanais de la province, dénonce le « nettoyage ethnique » pratiqué par Belgrade et demande une protection internationale pour le Kosovo. Déjà, de nombreux villageois de la région de Drenica ont fui leurs maisons et le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, à Genève, explique que la situation actuelle au Kosovo rappelle celui de la Bosnie en 1992. En Albanie, 20 000 personnes ont manifesté dans les rues de Tirana pour exiger la fin de la répression menée par les forces de l’ordre serbes contre les Albanais du Kosovo. Les manifestants réclament que la communauté internationale fasse pression sur Belgrade. Les Etats-Unis ont déjà pris une première série de mesures de rétorsion contre la Serbie, en annulant certains avantages qui lui avaient été accordés pour son concours dans l'application de l'accord de Dayton, en Bosnie. La Russie, elle, a officiellement manifesté son opposition à toute « ingérence extérieure directe » en Yougoslavie.
samedi 7 mars
Les Serbes ont continué leurs opérations contre ceux qu'ils appellent les « terroristes » albanais. En cette fin de semaine, un premier bilan des attaques et des bombardements serbes avancé par un quotidien local fait état de près de 100 morts. Et la Ligue démocratique du Kosovo, le principal parti albanais, estime que 5 000 personnes auraient déjà fui la région de Drenica. Le ministère de l'Intérieur serbe a interdit à toutes les organisations humanitaires, y compris la Croix Rouge de se rendre dans cette région. A l'issue d'un entretien à Rome avec Lamberto Dini, le chef de la diplomatie italienne, Madeleine Albright, a déclaré que « la Serbie devait payer le prix fort pour son action au Kosovo ».
dimanche 8 mars
A l'occasion de la Journée internationale de la femme, plusieurs milliers d'Albanaises ont protesté à Pristina contre la violence de la police serbe, dont les opérations se poursuivent. Dans l'après-midi, la police a attaqué trois villages de la région de Drenica en utilisant « toutes sortes d'armes », affirme la LDK. Auparavant, des diplomates étrangers avaient été autorisés pour la première fois à se rendre à Prekaz. Ils y ont vu un spectacle « sinistre » et comparent Prekaz à « une ville fantôme ». Des membres de la Croix-Rouge internationale ont également pu entrer dans la région de Drenica pour s'enquérir des besoins de la population. Environ 3 500 Albanais fuyant le Kosovo sont arrivés, au cours des dernières 48 heures, au Monténégro. Tous les partis politiques albanais ont appellé à une manifestation pacifique pour le 9 mars, malgré l'interdiction de tous les rassemblements. Slobodan Milosevic, qui recevait le chef de la diplomatie turque, Ismail Cem, a répété qu'il n'avait pas l'intention de céder et qu'il était « résolument » hostile à toute « ingérence » extérieure dans l'affaire du Kosovo. Dans la soirée, les autorités serbes ont transféré 62 corps de la morgue de Pristina vers Srbica. Parmi les victimes : 14 femmes et 12 enfants.
lundi 9 mars
Les manifestations se sont multipliées au Kosovo, à l'appel des partis politiques albanais, pour protester pacifiquement contre « la violence et la terreur serbes ». Malgré l'interdiction de tout rassemblement, les forces de police serbes ne sont intervenus ni à Pristina, ni à Gnjilane, ni à Kosovska Mitrovica. En revanche, les manifestants ont été violemment dispersés à Pec, à Klina et à Istok. Dans l'immédiat, Belgrade a fait savoir que l'essentiel de ses opérations contre les séparatistes de la région de Drenica a pris fin. Par ailleurs, réunis à Londres, les six pays du Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie ont décidé d'appliquer immédiatement à la Yougoslavie (Serbie et Monténégro) un certain nombre de sanctions (embargo sur les armes, suppression des visas pour les hauts responsables serbes de la répression et le retrait immédiat de l'aide financière destinée au commerce yougoslave, ainsi que l'arrêt des investissements directs en République fédérale de Yougoslavie). Les six donnent dix jours au président Milosevic pour retirer du Kosovo les unités de la police spéciale serbe, faute de quoi il s'exposera à des sanctions supplémentaires.
mardi 10 mars
Les Albanais du village de Prekaz, où les policiers serbes ont concentré l'essentiel de leurs interventions contre des séparatistes refusent d'enterrer leurs morts. Ils exigent que des autopsies soient d'abord pratiquées par des médecins légistes étrangers, afin de déterminer les causes exactes de ces décès. Le Comité international de la Croix-Rouge a demandé en vain l'accès aux localités touchées par les opérations policières. Un médecin serbe a confié, après avoir vu les corps : « Jamais, dans ma carrière, je n'avais vu de cadavres dans cet état, et je ne souhaite plus en voir sinon j'abandonne ma profession... » Dans la soirée, Belgrade a fini par accepter le dialogue exigé par les Albanais du Kosovo. « Le dialogue, admet le gouvernement serbe, est la seule façon d'améliorer les processus politiques ». Par ailleurs, les victimes des opérations policières ont été ensevelies dans la soirée à la va-vite sur ordre des autorités serbes.
mercredi 11 mars
Ibrahim Rugova, le « président » de la « République » autoproclamée du Kosovo a fait savoir qu'une « solution politique dans le cadre de la Yougoslavie n'est pas une solution. Une autonomie ne serait que source de nouveaux conflits. La meilleure solution pour le Kosovo est la reconnaissance de son indépendance ». Rugova rejoint donc désormais son opposition, dont les diverses composantes tenaient ce discours depuis longtemps. C'est le cas du Parti parlementaire du Kosovo (PPK, radical), dont le leader, Adem Demaçi, affirme qu'Ibrahim Rugova ne peut accepter de négocier avec Belgrade sans consensus de toutes les forces politiques albanaises. Par ailleurs, les victimes des opérations policières, ensevelies la veille, ont été exhumées par leurs familles qui les ont enterrées selon un rite musulman.
jeudi 12 mars
La dialogue annoncé entre les Albanais du Kosovo et le gouvernement serbe n'est toujours pas engagé. La délégation venue de Belgrade à Pristina et dirigée par le vice-Premier ministre serbe, Ratko Markovic, n'a pas trouvé aucun interlocuteur. Les Albanais exigent une caution internationale que les Serbes rejettent comme une ingérence étrangère.
vendredi 13 mars
Plus de 50 000 Albanais du Kosovo sont descendus dans la rue pour manifester contre le pouvoir serbe, accusé de génocide. Après une heure, les manifestants se sont dispersés sans avoir été inquiétés par la police. Une nouvelle proposition serbe de négociation - écrite cette fois - a subi la même fin de non recevoir que la veille. Pour marquer sa détermination, Ibrahim Rugova a lancé un appel « à un engagement plus profond et plus rapide de la communauté internationale ». Le Monténégro a demandé à être exempté d'éventuelles sanctions occidentales contre la Yougoslavie.
Une délégation de parlementaires européens des pays membres de l'OTAN vient de se rendre en Croatie pour vérifier l'application des accords de Dayton sur la Slavonie orientale. Le constat n'a rien de réjouissant : « Ca n'avance pas vite ».
samedi 14 mars
Les dirigeants albanais du Kosovo ont lancé un défi à Belgrade en décidant de maintenir au 22 mars des élections générales non reconnues par les autorités serbes.
dimanche 15 mars
La communauté internationale, qui devait rendre son arbitrage sur le sort de Brcko (nord-est de la Bosnie) que se disputent Serbes et Croato-musulmans, a finalement prolongé le statu quo pour un an. Sa décision avait déjà été différée il y a un an.
Plus de 20 000 personnes ont rendu silencieusement hommage, dans le centre de Pristina, aux 80 victimes des récentes opérations de la police serbe dans la région de Drenica. Il y avait très peu de policiers sur le parcours des manifestants qui arboraient des portraits de Mère Teresa (d'origine albanaise) ou tenaient des bougies allumées.
lundi 16 mars
2 000 Albanaises de souche ont quitté Pristina pour une marche de 50 kilomètres vers Drenica. Armées de miches de pain symbolisant la solidarité et brandissant des pancartes où l'on pouvait lire, en anglais, « Nous sommes une nation en danger » ou « Drenica, nous arrivons », elles ont été bloquées par un barrage de policiers dès les faubourgs serbes de Pristina. Selon des sources albanaises, les Serbes empêchent même la Croix-Rouge d'apporter de l'aide à Drenica, où plusieurs villages restent isolés par un cordon policier. Pour leur part, les responsables politiques albanais maintiennent leur refus de tout dialogue avec Belgrade sans médiation internationale.
La France a fait savoir qu'elle enverra à La Haye deux officiers qui pourront témoigner publiquement devant le TPI.
mardi 17 mars
Le ministre yougoslave des Affaires étrangères, Zivadin Jovanovic, a redit son opposition à toute ingérence étrangère concernant le Kosovo, à l'issue d'une rencontre avec le chef de la diplomatie russe, Evgueni Primakov.
mercredi 18 mars
Plus de 50 000 Albanais de souche ont manifesté à Pristina « pour la paix, contre la violence et la terreur serbe ». Des manifestations semblables ont eu lieu dans de nombreuses autres villes de la province, à l'appel des leaders politiques albanais. Des sources serbes parlent de nombreux « incidents ». Selon des sources albanaises, la police serbe aurait ouvert le feu à Pec, tuant un homme et blessant au moins cinq autres personnes. Les Etats-Unis ont menacé de prendre des « mesures supplémentaires » contre la Yougoslavie « si Belgrade refuse de répondre aux très raisonnables critères avancés pour résoudre la crise » qui met tout l'équilibre des Balkans en péril.
jeudi 19 mars
Vers midi, 20 000 à 50 000 personnes se sont réunies dans le centre-ville de Pristina pour demander le retrait des forces de police serbe. Mais deux heures plus tard, plus de 50 000 Serbes, la plupart venus en cars du sud du pays prenaient à leur tour possession des rues de la ville pour refuser l'indépendance du Kosovo. A la tête de chacune de ces deux manifestations, restées pacifiques, malgré la tension, des jeunes, des étudiants, qui ont su entraîner et dire les aspirations contradictoires des deux populations. A Belgrade, les ministres des affaires étrangères français, Hubert Védrine, et allemand, Klaus Kinkel, ont rencontré les présidents de la République de Serbie, Mulitinovic, et de Yougoslavie, Milosevic. Ils ont lancé un appel au calme. Milosevic aurait promis de retirer les forces spéciales de police du Kosovo. Il va y envoyer son propre émissaire. Mais il a refusé la médiation de l'ancien Premier ministre espagnol Felipe Gonzalez, proposée par les Européens. L'émissaire américain, Michel Gelbard, qui les avait précédés, a joué à nouveau de la menace de sanctions contre la Yougoslavie en assurant à ses voisins qu'ils n'en souffriraient pas.
vendredi 20 mars
Le Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie, réuni à Bruxelles pour apprécier les gestes de Belgrade susceptibles de calmer la tension au Kosovo, estime que « c'est trop peu et trop tard ». Les tractations se poursuivent néanmoins et l'ONU, se rendant aux arguments russes, remet à plus tard le vote attendu sur les sanctions.
samedi 21 mars
La police serbe a saisi au Kosovo 100 000 bulletins de vote destinés aux élections organisées le 22 mars par la communauté albanaise. Le ministère serbe de l'Intérieure a fait savoir que les autorités de Belgrade ne reconnaissaient pas ces élections.
nuit du samedi 21 au dimanche 22 mars
Réimpression des bulletins interceptés la veille par la police serbe.
dimanche 22 mars
Tous en les déclarant « illégaux », Belgrade n'a pas tenté d'empêcher le déroulement des élections générales chez les Albanais du Kosovo. Il n'y a eu que quelques incidents, qui n'ont guère perturbé le scrutin. La participation a été très importante (85 %), malgré les consignes de boycottage de plusieurs formations qui estimaient préférable de reporter la consultation à plus tard, en raison des évènements. Candidat à sa propre succession, le « président » Rugova y puise une légitimité nouvelle pour contraindre Belgrade au dialogue (de même pour les 130 parlementaires élus). Les autorités yougoslaves ont refusé les visas à une délégation américaine, dans laquelle figuraient trois membres du Congrès, qui voulait se rendre au Kosovo. La délégation est restée bloquée en Macédoine.
lundi 23 mars
Les autorités serbes (Ratomir Vico, ministre sans portefeuille), les dirigeants albanais du Kosovo (Fehmi Agani, conseiller d'Ibrahim Rugova) et le médiateur Mgr Vincenzo Paglia (représentant de la communauté catholique romaine Sant'Egidio) ont signé un calendrier sur le retour des élèves albanais dans les établissements d'enseignement officiels. Deux obstacles à l'application de l'accord sont toutefois apparus. Le collège des enseignants de l'université serbe du Kosovo, qui n'a pas participé aux négociations, l'a rejeté, tout comme le recteur serbe de l'université de Pristina. Ils ont pu y être encouragés par la présence de 20 000 à 40 000 manifestants serbes dans les rues de Pristina, pour la seconde fois en moins d'une semaine. L'accord laisse bien des points dans l'ombre, à commencer par les programmes.
mardi 24 mars
Le Parlement serbe a élu un nouveau gouvernement de 35 membres, dominé par les socialistes. Pour la première fois, les ultranationalistes de Vojislav Seselj y sont représentés. Seselj et son adjoint, Tomislav Nikolic, obtiennent deux des cinq postes de vice-Premier ministre.
De nouveaux affrontements se sont produits au Kosovo entre policiers serbes et Albanais de la province. Un policier a été tué et un autre grièvement blessé, lors de l'attaque de leur patrouille dans un village de l'ouest. Selon Belgrade, la police aurait capturé l'un des « terroristes », qui a avoué appartenir à un groupe infiltré au Kosvo depuis l'Albanie. Les forces de l'ordre serbes ont, par la suite, investi plusieurs villages, procédé à des fouilles et à des arrestations (deux Albanais ont été tués). Pour sa part, Ibrahim Rugova a chargé une équipe de préparer une « plate-forme de négociation » avec les représentants de Milosevic. Cette équipe est composée de 15 personnes parmi lesquelles Rugova désignera les négociateurs. Le Premier ministre serbe, Mirko Marjanovic, a déclaré que son gouvernement était déterminé à combattre « le séparatisme et le terrorisme » dans la province
mercredi 25 mars
Réunis à Bonn (Allemagne), les six pays du Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie ont accordé un nouveau délai à Belgrade pour engager le dialogue au Kosovo. Mais, à Pristina, le « Président » Rugova renforcé par sa réélection radicalise son discours. Pour la neuvième fois, les Albanais ont boudé la délégation conduite par le vice-Premier ministre serbe Ratko Markovic, arrivée à Pristina le 12 mars... 4 000 femmes ont de nouveau manifesté silencieusement dans la capitale kosovare pour exiger la fin de la « terreur serbe ».
Match amical de football : au stade Nemeso Camacho el Campin de Bogota, la Colombie et la Serbie-Monténégro ont fait match nul zéro à zéro.
jeudi 26 mars
L'armée albanaise a entrepris des « préparatifs » pour parer à une attaque yougoslave qui pourrait résulter de la crise actuelle au Kosovo. C'est ce qu'a révélé, à Stockholm (Suède), le ministre albanais des Affaires étrangères. Selon lui, l'OTAN a promis son aide à l'Albanie et doit lui envoyer des instructeurs pour conseiller l'armée en matière de contrôle des frontières.
vendredi 27 mars
Bronislaw Geremek, ministre polonais des Affaires étrangères et président de l'OSCE, était à Pristina et à Belgrade, pour tenter de débloquer la situation au Kosov. Il a posé trois questions précises à Milosevic (qui l'a reçu, ce que ce dernier a refusé à l'émissaire américain Robert Gelbard), mais ne semble pas avoir obtenu de réponse.
lundi 30 mars
Le Premier ministre albanais, Fatos Nano, estime que le Kosovo devrait obtenir « un statut de République égal à celui dont jouit le Monténégro au sein de la Yougoslavie », ce qui permettrait de « s'ouvrir aux pays voisins », y compris à l'Albanie et à l'Europe. Pour autant, estime-t-il, le Kosovo « ne devrait pas avoir le droit à la sécession ».
mardi 31 mars
Les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU se sont mis d'accord pour voter un embargo sur les armes à l'encontre de Belgrade. Le projet de résolution demande aussi aux Serbes de retirer leurs forces de sécurité du Kosovo et de mettre fin à la répression contre les civils. Déjà, l'institut d'albanologie de Pristina a été restitué par les autorités serbes à la communauté albanaise.
nuit du mardi 31 mars au mercredi 1er avril
Le dinar yougoslave a été dévalué de 81,8 %.
mercredi 1er avril
Le deutschemark a été mis officiellement en circulation en Republika Srpska pour préserver l'entité serbe de Bosnie des « effets inflationnistes » du dinar yougoslave, a indiqué le Premier ministre Milorad Dodik.
jeudi 2 avril
Serbes et Albanais du Kosovo restent intransigeants malgré toutes les tentatives de médiation ou de pression. Belgrade, pour sa part, dénonce l'embargo sur les armes pour la Yougoslavie voté par le Conseil de sécurité. Le président Milosevic propose qu'un référendum soit organisé en Serbie pour décider ou non d'une médiation étrangère au Kosovo
Le Parlement du Monténégro a adopté une résolution affirmant que les manifestations organisées en janvier par l'ancien président Bulatovic contre son successeur constituent une « tentative de coup d'Etat ». Cette résolution accuse les dirigeants yougoslaves, le président Milosevic, le Premier ministre, les institutions de l'Etat serbe et les médias officiels d'avoir « soutenu pleinement et activement la déstabilisation du Monténégro ».
La Sfor a procédé à un déploiement impressionnant d'hommes (300 soldats italiens et 50 allemands) et de matériel (50 véhicules blindés, des hélicoptères) au voisinage du domicile de Radovan Karadzic, l'ex-leader des Serbes de Bosnie. La rumeur de son arrestation s'est rapidement répandue à Pale. En fin de journée, cependant, le porte-parole de la Sfor a expliqué qu'il ne s'agissait que d'une « inspection de routine des unités de la police bosno-serbe ».
vendredi 3 avril
Le président du Monténégro, Milo Djukanovic, a présenté un plan de réformes radicales qui, à ses yeux, sont seules encore capables de sauver la Yougoslavie d'un désastre.
lundi 6 avril
Le référendum qui donnerait aux Serbes la possibilité de refuser une médiation internationale pour le règlement de la crise du Kosovo pourrait avoir lieu le 22 avril. Le Parlement serbe a voté une loi autorisant la tenue d'un tel référendum dans les 15 jours. En attendant, Milosevic a renoncé (provisoirement) à donner l'assaut contre les villages de la Drenica, où est concentrée la résistance albanaise armée. A Pristina, le leader des Albanais a nommé une équipe de quatre négociateurs en vue d'éventuelles discussions avec la République fédérale de Yougoslavie. Les représentants albanais ne veulent discuter qu'à ce niveau. Ce jour, ils ont encore rejeté une offre de discussions avec le président de Serbie, Milan Milutinovic.
mardi 7 avril
Le président serbe, Milan Milutinovic, est rentré bredouille de Pristina. Comme les neuf fois précédentes, les albanais du Kosvo ne sont pas venus au rendez-vous, car ils ne veulent négocier qu'avec les autorités de la République fédérale de Yougoslavie.
mercredi 8 avril
Radovan Karadzic n'est plus à Pale. Le dispositif de sécurité autour de sa maison a été levé. Et Karadzic est introuvable. Pourtant, Elisabeth Rehn, la Finlandaise envoyée spéciale des Nations unies en Bosnie, affirme qu'il comparaîtra « très prochainement » devant le TPI. Elle estime qu'il a de « moins en moins » de soutiens parmi les Serbes de Bosnie.
Deux Bosno-Serbes, accusés de crimes contre l'humanité pour leurs tortures infligées à leurs prisonniers croates et bosniaques, ont été arrêtés à Prijedor par la force multinationale. Ils doivent être transférés au TPI de La Haye.
jeudi 9 avril
30 000 Albanais du Kosovo ont défilé à Pristina en présence d'un important déploiement de policiers serbes. Ils réclament « paix, indépendance et liberté » pour le Kosovo. 14 organisations les appellent à se manifester chaque jour pendant une demi-heure dans les rues de la capitale, pour « témoigner de leur présence au Kosovo et de leur détermination d'y rester ».
Radovan Karadzic serait en Biélorussie (ex-URSS). Sa maison de Pale, devant laquelle la Sfor a effectué des manœuvres au début de la semaine, aurait été vendue et il l'aurait quittée en novembre dernier.
vendredi 10 avril
20 000 Albanais ont manifesté pacifiquement à Pristina, avec slogans et drapeaux.
samedi 11 avril
Des milliers d'Albanais ont de nouveau manifesté dans le calme dans une dizaine de villes du Kosovo. A Pristina, les 10 000 manifestants, sans pancartes ni slogans, ont gagné le siège des autorités serbes avant de se disperser.
Radovan Karadzic « ne se rendra jamais » a déclaré l'épouse de l'ancien leader des Serbes de Bosnie, inculpé de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre par le TPI. Elle a aussi affirmé que son mari ne reconnaîtrait jamais ce tribunal et qu'il s'opposerait à une arrestation éventuelle. Par ailleurs, elle affirme que « toutes les suppositions sur l'endroit où il se trouve sont erronées, car personne ne peut savoir où il se trouve actuellement ».
mardi 14 avril
Après Londres et avant Washington, le président du Monténégro est arrivé à Paris pour chercher un appui de l'Occident afin d’échapper au « suicide collectif » de la fédération yougoslave.
mercredi 15 avril
La Commission des droits de l'homme de l'ONU estime que les progrès pour résoudre la crise au Kosovo ont été « minimes ». Un rapport, publié à Genève, qualifie de « grave » la situation qui prévaut, car, si le degré de violence a diminué, il n'a pas disparu. La Ligue démocratique du Kosovo affirme que la répression policière se poursuit dans certaines régions, « afin de provoquer la panique parmi la population albanaise pour qu'elle quitte ses foyers ». Par ailleurs, comme chaque jour, 8 000 Albanais ont défilé dans l'avenue centrale de Pristina, sans slogan ni banderole, bloquant la circulation pendant une demi-heure sans intervention de la police.
Le chargé d'affaires albanais en poste à Belgrade a été convoqué au ministère yougoslave des Affaires étrangères où il s'est vu signifier une « énergique protestation » en raison d'un incident à Tirana : un Albanais avait réussi à pénétrer à l'ambassade de Yougoslavie et avait abaissé le drapeau de la République fédérale yougoslave.
nuit du mercredi 15 au jeudi 16 avril
Incidents à la frontière entre l'Albanie et la Yougoslavie, où l'armée fédérale yougoslave a du ouvrir le feu. Selon la version de Belgrade, une de ses unités a été prises sous le feu de « terroristes » albanais qui tentaient d'entrer clandestinement en Yougoslavie, dans les montagnes de Jnic (au sud-ouest du Kosovo). Selon l'armée, les soldats yougoslaves « ont saisi une grande quantité d'armes, de munitions et d'autres équipements terroristes ». Citant des « sources informées », le quotidien de Belgrade Vecernje Novosti affirme que deux Albanais ont été tués, plusieurs autres blessés et que deux des « terroristes » ont été capturés.
jeudi 16 avril
Le site d'un nouveau charnier a été mis à jour dans l'ancienne enclave de Srebrenica, où des milliers de musulmans ont été massacrés en 1995. Par ailleurs, un Serbe de Bosnie inculpé de crimes de guerre par le TPI a été remis à la Sfor. Zoran Zigic fait partie d'un groupe de 13 Serbes inculpés dans l'affaire du camp de Keraterm, près de Prijedor, où 3 000 Musulmans et Croates ont été « tués, sexuellement maltraités, battus et torturés de diverses manières », selon l'acte d'accusation. Quant à Radovan Karadzic, il écrirait ses mémoires qu'il pourrait utiliser pour sa défense lors d'un éventuel procès, révèle un quotidien de Belgrade.
Nouvelle protestation « très ferme » de la part de Belgrade vis-à-vis de Tirana, justifiée, cette fois, par les incidents de la nuit à la frontière entre les deux pays : « De tels incidents peuvent avoir de graves conséquences et la partie albanaise en porte toute la responsabilité ». Le Premier ministre albanais, Paskal Molo, met en doute la version yougoslave et explique : « En l'absence de pas concrets vers un règlement de la crise au Kosovo, la partie serbe fait l'impossible pour créer ce genre d'incidents ». Un conseiller militaire de Tirana affirme de son côté qu'il s'agit d’un « incident monté par Belgrade afin d'accréditer l'idée que l'Albanie incite au conflit et au terrorisme ». L'Albanie ajoute, pour preuve de sa bonne foi, qu'elle a souhaité l'envoi d'une commission sur place afin d'enquêter sur l'incident mais qu'elle en a été empêchée par les Yougoslaves. L'armée yougoslave prétend le contraire : « Une commission mixte s'est rendue sur les lieux ». Au Kosovo, Ibrahim Rugova parle de « provocation » et assure que ce n'est pas la première fois que l'armée yougoslave est impliquée dans la crise au Kosovo. Ce que Belgrade refuse d'admettre.
vendredi 17 avril
Pour la première fois, Ibrahim Rugova, a invité « les représentants de Belgrade à rencontrer le groupe de négociation albanais en terrain neutre, en présence d'une partie tierce ». Depuis plus d'un mois, les dirigeants serbes tentent d'avoir des discussions avec les représentants des Albanais du Kosovo mais ces derniers ne sont venus à aucun des onze rendez-vous proposés par Belgrade.
samedi 18 avril
La manifestation quotidienne des habitants de Pristina s'est déroulée dans le plus grand calme.
dimanche 19 avril
La situation se tend de plus en plus au Kosovo. Des mouvements militaires de l'armée yougoslave ont, pour la première fois, été observés, dans la matinée, près de la frontière avec l'Albanie. Une dizaine de camions transportant des soldats et tractant des canons ont pris position sur les hauteurs de Decani, incitant les habitants à quitter leurs villages. Cette mobilisation suit l'annonce, par la presse serbe, d'un incident au cours duquel trois civils serbes auraient été attaqués et blessés par « des terroristes albanais armés ».
lundi 20 avril
Les experts du TPI ont commencé les travaux d'exhumation sur un nouveau site du nord-est de la Bosnie, où l'on pense trouver des dépouilles de victimes des massacres de Srebrenica. L'endroit est situé au niveau du barrage de Brnice, près de Zvornik, à 35 kilomètres de Srebrenica. Les informations obtenues pourront notamment être utilisées contre Ratko Mladic et Radovan Karadzic.
mardi 21 avril
L'armée yougoslave a renforcé sa présence dans l'ouest du Kosovo, la police serbe tenant les journalistes à distance des cantonnements militaires établis sur les hauteurs de la ville de Decani. L'ouest du Kosovo a été le théâtre d'affrontements, ces jours-ci, entre les gardes-frontières yougoslaves et des hommes en armes venant d'Albanie et tentant d'entrer clandestinement au Kosovo.
mercredi 22 avril
Expiration de l'ultimatum de la communauté internationale exigeant l'ouverture d'un dialogue entre Belgrade et responsables albanais du Kosovo. Par ailleurs, des camps de réfugiés serbes ayant fui la Croatie en 1995 ont été attaqués à Babaloc (un village du Kosovo à la frontière albanaise). Le HCR confirme que ces camps sont l'objet d'attaques renouvelées depuis quelques temps. La police serbe est intervenue et a ouvert le feu au mortier contre ce village, faisant planer, selon le « président » des Albanais du Kosovo, le « danger d'un massacre ».
Match amical de football : au stade Crvena Zvezda de Belgrade, la Serbie-Monténégro a battu la Corée du Sud trois buts à un.
nuit du mercredi 22 au jeudi 23 avril
Un affrontement s'est produit entre l'armée yougoslave et un groupe de 200 personnes armées venus d'Albanie et qui tentaient de franchir clandestinement la frontière : 26 personnes auraient été tuées. Le centre de presse (serbe) de Pristina affirme que ces hommes armés sont des Albanais du Kosovo « entrainés dans des bases secrètes dans le nord de l'Albanie ».
jeudi 23 avril
Référendum en Serbie sur la question : « Acceptez-vous une participation de représentants étrangers au règlement des problèmes au Kosovo ? ». L'opposition a appelé au boycottage de la consultation. Ceux qui choisiront le « oui » seront considérés comme des « traitres à la nation ». 95 % des votants ont dit « non ». Par ailleurs, selon la ligue démocratique du Kosvo, des échanges de tirs se sont poursuivis dans la journée près de Babaloc.
Des civils serbes ont encerclé une église à Derventa au nord de la Bosnie et fait prisonnier l'évêque, le cardinal Puljic, chef de l'Eglise catholique bosniaque, et une trentaine de fidèles. Des Serbes ont bloqué 17 autobus transportant 600 fidèles venant de Croatie pour assister à la messe en l'église Saint-Georges pour la fête de son patron.
Le journal américain Washington Post accuse un officier français en poste à Sarajevo d'avoir indirectement fait échouer, l'été dernier, la capture de Karadzic par les forces de l'OTAN. Paris nie.
vendredi 24 avril
La tension continue à monter entre Tirana et Belgrade. L'Albanie a placé l'armée et la police en état d'alerte maximale dans le nord-est, la région limitrophe du Kosovo. Au Kosovo, les Albanais dénoncent les bombardements de villages dans l'ouest de la province. Le village de Zerze, bastion présumé de séparatistes dans la Drenica, est bloqué par les forces de police. Des armes automatiques auraient été distribuées par la police aux civils serbes, à Pec, dans le nord...
De violents incidents ont éclaté à Drvar, une ville (17 000 habitants) de l'ouest de la Bosnie dominée par les Croates mais qui a un maire serbe (élu grâce aux voix des exilés). On compte une douzaine de blessés, dont des employés de l'ONU. Les manifestants, des Croates, entendaient s'opposer au retour d'exilés serbes. Ils protestaient aussi contre l'incident survenu la veille à Derventa, où le cardinal Puljic et plusieurs fidèles avaient été retenus dans une église.
samedi 25 avril
Citant des sources officielles américaines, le Washington Post affirme que les Etats-Unis vont abandonner le Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie s'il ne parvenait pas à décider de nouvelles sanctions contre Belgrade, le 29 avril, à Rome.
Le Conseil suprême de défense d'Albanie, dirigé par le président albanais, a pris une série de mesures pour renforcer la sécurité de sa frontière avec la Yougoslavie, le long de laquelle ses troupes ont commencé à manœuvrer.
Des Serbes en colère ont empêché quelque 400 réfugiés croates d'assister à une messe dans le nord de la Bosnie, dans un territoire qu'ils contrôlent. Les six cars de Croates, qui se rendaient au monastère de Plehan, ont dû faire demi-tour. Depuis trois jours, les tensions entre Serbes et Croates se sont exacerbées.
nuit du samedi 25 au dimanche 26 avril
Serbes et Musulmans de deux villages du nord-est de la Bosnie se sont affrontés.
dimanche 26 avril
L'Albanie, qui avait jusqu'alors adopté une attitude attentiste, a pris fait et cause pour la « résistance armée » des Albanais du Kosovo qu'elle qualifie d'« action d'autodéfense contre la violence pathologique et traditionnelle serbe ». Dans son discours diffusé par la télévision, le président albanais Fatos Nano a révélé que le sort de la province serbe était désormais une priorité de son gouvernement. Il a appelé chacun à remplir ses devoirs et à défendre les intérêts nationaux.
lundi 27 avril
La présidente de l'entité serbe de Bosnie, Biljana Plavsic, estime que l'accord de Dayton, qui garantit la liberté de mouvement sur le territoire bosniaque et le droit de retour des réfugiés, est « sérieusement menacé » par les incidents qui se multiplient depuis quelques jours. Pour confirmer ses dires, Serbes et Musulmans de deux villages du nord-est, qui se sont affrontés la veille, ont coupé la principale route de la région, entre Tuzla et Doboj, et ont installé des barrages de chaque côté d'un tunnel qui relie leurs localités respectives.
Ratko Markovic, le vice-Premier ministre de Serbie, qui dirige la délégation chargée d'engager des négociations avec les Albanais du Kosovo, propose à ceux-ci d'élaborer conjointement un cadre pour le dialogue, qui ne préjugera d'aucune solution.
mardi 28 avril
« Le terrorisme s'intensifie au Kosovo, faute de dialogue », c'est ce qu'a déclaré, à Pristina, le chef de la délégation serbe, à l'issue de la treizième tentative infructueuse pour rencontrer les leaders albanais de la province. Dans ces conditions, a estimé Ratko Markovic, « l'alternative aux discussions ne peut se traduire que par un diktat ou une décision unilatérale, ce qui est une forme de violence ».
mercredi 29 avril
Réunis à Rome, les six pays du groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie ont décidé de nouvelles sanctions contre Belgrade afin de contraindre les autorités yougoslaves à engager le dialogue avec les Albanais du Kosovo. Ces sanctions porteront, dans un premier temps, sur le gel des avoirs fédéraux, puis sur les investissements étrangers en Yougoslavie.
mercredi 6 mai
Un policier serbe a été tué en plein centre de la deuxième ville du Kosovo, Kosovska Mitrovica.
jeudi 7 mai
Un poste frontière entre l'Albanie et le Monténégro a été attaqué pour la première fois, un Albanais tué par la police serbe, et des armes en provenance d'Albanie saisies.
vendredi 8 mai
Au Kosovo, un Albanais a été tué à un poste frontière et un policier serbe blessé. Le bilan des affrontements depuis fin avril est de 29 morts.
samedi 9 mai
Slobodan Milosevic a rejeté l'ultimatum faisant de Felipe Gonzalez le médiateur européen dans le conflit du Kosovo. Les cinq pays membres du groupe de contact, réunis à Londres, ont aussitôt réagi et décidé de nouvelles sanctions économiques, un embargo sur les investissements, contre la Serbie (et épargnant le Monténégro). Les deux émissaires américains, Richard Holbrook et Robert Gelbard, arrivés au Kosovo après l'échec de quatre heures d'entrevue avec Milosevic à Belgrade, ont mis les points sur les « i ». Pour Milosevic, c'est la carotte et le bâton : des aides économiques s'il négocie, des sanctions s'il refuse. Pour les Kosovars, c'est oui à l'autonomie, mais non à l'indépendance et au terrorisme. Plusieurs dizaines de milliers d'Albanais ont manifesté pacifiquement à Pristina contre le pouvoir serbe. Ils scandaient « UCK », le sigle de l'Armée de libération du Kosovo. La manifestation s'est déroulée sans incident.
dimanche 10 mai
Un policier serbe a été tué par « un groupe d'Albanais armés ».
mercredi 13 mai
Richard Holbrooke et Robert Gelbard ont obtenu de Slobodan Milosevic qu'il rencontre, le 15 mai, Ibrahim Rugova, le chef des indépendantistes albanais du Kosovo. Ce dernier a ainsi renoncé à deux exigences qu'il avait maintenues jusqu'au dernier moment : la présence d'un médiateur international et un dialogue « en terrain neutre ». De son côté, en acceptant de recevoir le leader indépendantiste, Milosevic lui reconnaît une légitimité qu'il lui avait toujours contestée. Les deux hommes ont convenu que leur rencontre serait suivie, dans un délai d'une semaine, par une série de réunions entre délégations des deux parties. Ces réunions hebdomadaires se dérouleront à Pristina, alternativement dans des endroits choisis par les deux camps.
jeudi 14 mai
Le parti pris par le leader kosovar Ibrahim Rugova en acceptant de rencontrer, sans médiateur international et sans préalable, le président yougoslave, n'est pas du goût de tout le monde : deux de ses quinze proches conseillers, Hydajet Hyseni et Bujar Dugolli, ont annoncé leur démission. Installé en Suisse, un « gouvernement en exil » des Albanais du Kosovo a insisté, pour sa part, sur la nécessité de la présence d'une tierce partie dans toutes futures négociations entre Belgrade et Pristina.
vendredi 15 mai
Slobodan Milosevic a reçu Ibrahim Rugova. Ce premier contact doit marquer, selon le président yougoslave, « le début d'un règlement pacifique des problèmes du Kosovo ». Il s'est déroulé, a précisé Rugova, « dans une atmosphère de tolérance et de compréhension ». Concrètement, les deux hommes ont décidé d'entamer enfin, entre délégations serbe et albanaise, des discussions sur l'avenir de la province. Elles devraient s'ouvrir d'ici une semaine. Toutefois, des « divergences demeurent très sérieuses et profondes » entre le pouvoir de Belgrade et les Albanais du Kosovo ». Comme gage de leur nouvelle ouverture d'esprit, les autorités serbes ont restitué les clefs de trois facultés techniques aux Albanais qui devraient en disposer dès le 18 mai..., mais les étudiants serbes ont déclaré qu'ils refusaient de les évacuer.
Sortie du film serbe Les Cicatrices (Rane), drame de Srđan Dragojević, avec Dušan Pekić, Milan Marić, Dragan Bjelogrlić, Branka Katić et Vesna Trivalic.
samedi 16 mai
Les autorités serbes empêchent l'acheminement des vivres vers le Kosovo en bloquant les camions à la frontière, en dépit des documents parfaitement en règle présentés par les chauffeurs. Des inspecteurs des finances venus de Belgrade pour effectuer les contrôles avec la police prétendent qu'il s'agit là de mesures « destinées à mieux lutter contre la fraude fiscale », mais aucun d'entre eux ne peut fournir la « liste des produits interdits à l'importation au Kosovo » derrière laquelle ils se retranchent.
lundi 18 mai
Le Parlement yougoslave a retiré sa confiance à Radoje Kontic, qui dirigeait le gouvernement depuis 1993. Kontic est monténégrin et il semble bien qu'il fasse les frais de la guerre qui couve entre le président yougoslave, Milosevic, et le président monténégrin, Djukanovic, accusé de « séparatisme » par Belgrade. La motion de censure qui a fait tomber Kontic avait été déposée par les partisans de Momir Bulatovic, ancien président du Monténégro et adversaire de Djukanovic. Des législatives anticipées doivent se dérouler au Monténégro le 31 mai et les partisans de Djukanovic soupçonnent Milosevic d'avoir monté ce mauvais coup pour semer le trouble et empêcher le déroulement normal du scrutin.
De nouveaux heurts meurtriers se sont produits au Kosovo, lors d'une opération de la police serbe contre plusieurs villages. Ceci, ainsi que le blocage des vivres qui continue à la frontière, pourrait remettre en question les pourparlers avant même leur ouverture.
mardi 19 mai
Slobodan Milosevic a nommé Momir Bulatovic au poste de Premier ministre de Yougoslavie.
mercredi 20 mai
L'UCK (l'Armée de libération du Kosovo) a attaqué le barrage serbe de Zrze, à 15 kilomètres de Djakovica.
vendredi 22 mai
Quatre heures de discussion : les pourparlers serbo-albanais sur l'avenir du Kosovo ont commencé à Pristina. Cette première séance a porté sur « le cadre des futures négociations ». Sur le terrain, les violences s'étendent et le commandement suprême de l'OTAN estime que la crise risque fort de devenir rapidement « intraitable » si la solution diplomatique échoue : les séparatistes albanais commenceraient en effet, selon l'OTAN, à recevoir des appuis de l'extérieur. On évoque, notamment, des armées volées récemment dans les armureries d'Albanie.
samedi 23 mai
Dans l'après-midi, un policier serbe en civil a été enlevé dans un train à Banjica, dans l'ouest du Kosovo, par des membres de l'UCK. Portant des uniformes frappés du signe de l'UCK, deux hommes ont arrêté le train et procédé à un contrôle de l'identité des autres voyageurs qui n'ont pas été inquiétés. C'est la première opération de ce genre que mène cette organisation clandestine.
mardi 26 mai
15 personnes - 14 Albanais et 1 policier serbe - ont été tuées depuis trois jours au Kosovo. En trois mois, les affrontements entre forces de l'ordre et séparatistes albanais ont fait 210 morts. Pour les Serbes, c'est la conséquence de « l'agressivité accrue des terroristes albanais ». Mais, pour ceux qui ont trouvé la mort aujourd'hui, ils ont été victimes d'une opération musclée de la police.
Les restes de 90 victimes de Srebrenica ont été exhumés au total du charnier de la route de Cancari. Le TPI procède à ces exhumations pour rassembler les preuves du massacre de plus de 3 000 Musulmans, en juillet 1996, et mettre en accusation les responsables.
A Belgrade, une manifestation d'étudiants a été violemment dispersée par la police.
mercredi 27 mai
Les pourparlers entre Serbes et Albanais du Kosovo sur l'avenir de la province, entamés il y a une semaine, sont déjà compromis. Le voyage d'Ibrahim Rugova aux Etats-Unis empêche la prochaine séance du 29 mai d'avoir lieu et la situation sur le terrain pourrait servir de prétexte à leur suspension. Les forces serbes ont fermé le dernier poste frontière, de Kukës, permettant le passage entre le Kosovo et l'Albanie, afin d'empêcher l'approvisionnement des combattants clandestins en armes. Dans la soirée, quatre Albanais ont été tués au cours d'un accrochage avec des policiers serbes, dans le sud-ouest de la province.
Le recteur de l'université de Belgrade, Dragan Kuburovic, a démissionné pour protester contre une loi du Parlement serbe donnant les pleins pouvoirs administratifs au gouvernement sur le système universitaire.
jeudi 28 mai
L'OTAN a adopté au Luxembourg un plan d'aide à l'Albanie et à la Macédoine qui prévoit le déploiement de 7 000 à 20 000 hommes sur la frontière albano-kosovare. Des manœuvres de l'OTAN auront lieu, cet été, dans ces deux pays.
La Sfor a arrêté, à Banja Luka, Milojica « Krle » Kos, un Serbe bosniaque de 35 ans, soupçonné d'avoir torturé, violé et battu et mort des prisonniers dans le camp d'Omarska qu'il commandait pendant la guerre de Bosnie. Kos devrait comparaître la semaine prochaine devant le TPI. 28 des 60 inculpés de crimes de guerre en Bosnie sont actuellement détenus à La Haye.
vendredi 29 mai
Affrontements au Kosovo. Selon les Serbes, des autonomistes albanais ont attaqué simultanément en plusieurs endroits dans le secteur de Decani, notamment un convoi d'approvisionnement escorté par la police et un poste de police. Les autonomistes accusent les Serbes de mener des opérations contre plusieurs villages de la région de Glogovac. Des journalistes étrangers parlaient d'une « véritable bataille » à Decani. Côté autonomistes, on faisait état de « morts et de blessés des deux côtés ».
En un mois, les restes de 535 corps ont été mis au jour dans le cimetière de Vukovar, la principale ville de Slavonie orientale, à l'extrême est de la Croatie. Certaines de ces victimes de l'offensive serbe de 1991 étaient revêtues de « tenues d'hôpital » ou enveloppées dans des « couvertures d'hôpital ». 1 957 personnes sont encore portées disparues par le gouvernement croate depuis la guerre serbo-croate de 1991-1995.
Match amical de football : au stade Crvena Zvezda de Belgrade, la Serbie-Monténégro a battu le Nigeria trois buts à zéro.
samedi 30 mai
Huit Albanais ainsi que trois militaires et un civil serbes ont été tués au Kosovo.
dimanche 31 mai
Elections législatives anticipées au Monténégro : la coalition « Vivre mieux » du président réformateur Milo Djukanovic a recueilli 49,5 % des suffrages (soit 45 des 78 sièges du Parlement) contre 36 % au Parti socialiste populaire (SNP) du protégé de Belgrade, le conservateur Momir Bulatovic. « Ces élections permettront au Monténégro d'exercer une plus grande influence au niveau de la Fédération, estime le Premier ministre monténégrin, Filip Vujanovic. Cela affaiblira le pouvoir de Slobodan Milosevic ».
Selon la Ligue démocratique du Kosovo de Rugova, la police serbe a fusillé six Albanais dans un village du centre du Kosovo qu'elle a ensuite incendié.
lundi 1er juin
Des milliers de personnes - en majorité des femmes et des enfants - fuient les affrontements qui secouent l'ouest du Kosovo, et rejoignent l'Albanie par des sentiers de montagne. Les affrontements avec les forces serbes au Kosovo ont fait au moins 18 morts et 20 blessés depuis deux jours, parmi les Albanais. A Pristina, plusieurs milliers d'Albanais ont encore manifesté contre le régime serbe.
mardi 2 juin
Depuis plusieurs jours les forces serbes ont ouvert une nouvelle offensive contre les Albanais du Kosovo. Toute la région est isolée, mais l'attaché militaire de l'ambassade d'Autriche à Tirana, qui s'est rendu à la frontière, confirme la « destruction systématique de villages au Kosovo » rapportée par les réfugiés. Les responsables locaux du HCR, le Haut-Commissariat pour les réfugiés, bloqués par les barrages serbes, affirment, quant à eux, que « les bombardements massifs des forces serbes ont réduit à l'état de décombres des villages le long de la frontière ». Sans accuser formellement les Serbes de « nettoyage ethnique » ils laissent cependant planer le doute. Les Serbes ont déployé chars, mortiers, mitrailleuses et les combats ont vidé deux villes, Junik et Decani, où des milliers de personnes venues des villages voisins détruits s'étaient réfugiés dans un premier temps. Le ministère serbe de l'Intérieur a publié un communiqué affirmant avoir « anéanti un important groupe terroristes » dans l'ouest du Kosovo.
mercredi 3 juin
Les forces serbes continuent à vider de sa population la zone comprise entre la frontière avec l'Albanie et les trois villes de Pec, Decani et Djakovica, au Kosovo. « Sept villages de cette zone ont déjà été quasiment vidés ». Plus de 3 000 Albanais du Kosovo sont arrivés en Albanie. L'OSCE estime qu'il pourrait en arriver 3 000 autres dans les jours qui viennent. Un quotidien serbe, Dnievni telegraf, a annoncé qu'une centaine de policiers serbes ont été licenciés pour avoir refusé d'aller combattre au Kosovo.
Match amical de football : au stade de la Pontaise à Lausanne (Suisse), la Serbie-Monténégro a battu le Japon un but à zéro.
jeudi 4 juin
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés estime à 50 000 le nombre des Albanais du Kosovo chassés de chez eux par les opérations de la police et de l'armée serbes. Selon le gouvernement albanais, qui a lancé un appel à l'OTAN pour coordonner l'aide humanitaire, 12 000 d'entre eux ont pu passer la frontière pour chercher refuge en Albanie. Le HCR, lui, en a comptabilisé 7 000. D'autres ont fui vers le nord : 7 000 sont arrivés au Monténégro. L'Albanie, tout comme les Albanais du Kosovo, insiste pour que l'OTAB déploie d'urgence une force militaire dans la région, mais l'OTAN paraît désemparée : « Personne ne sait ce qu'il convient de faire », avoue un diplomate de l'organisation, précisant que ce qui est sûr c'est que « personne n'a envie de lancer une opération militaire ». Dans l'immédiat, les Albanais du Kosovo annoncent qu'ils boycotteront les pourparlers avec les Serbes prévus le 6 juin à Pristina. Dans ce contexte, l'UCK semble renforcer son implantation dans une partie de la province.
vendredi 5 juin
Selon le LDK, les opérations serbes engagées le mai au Kosovo ont fait 52 morts et 200 disparus. En outre, 150 personnes « sont gardées en otages » par la police. Privés d'électricité, la ville de Decani et les villages environnants, où 45 corps gisent dans les décombres, ont été désertés. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Wolfgang Ischinger, en visite à Tirana, a qualifié les opérations serbes de « nettoyage ethnique » et de « défi à la communauté internationale dans son ensemble ».
samedi 6 juin
Match amical de football : au stade Saint Jakob de Bâle, la Suisse et la Serbie-Monténégro ont fait match nul un à un.
dimanche 7 juin
Un calme relatif règne dans l'ouest du Kosovo. Les communications téléphoniques avec les villes de Pec et Decani, notamment, ont été rétablies et la présence et les contrôles policiers nettement allégés. Curieusement, ce sont les miliciens de l'UCK qui empêchent maintenant la presse internationale d'accéder à ces zones dans lesquelles les autorités yougoslaves ont pourtant organisé une visite guidée « dans deux cars bien escortés » pour les représentants diplomatiques d'une quarantaine de pays, en poste à Belgrade. Les diplomates avouent qu'ils sont bien incapables de tirer des conclusions de ce qu'ils ont vu. Dans un communiqué publié par le quotidien des Albanais de la province, Koha Ditore, l'UCK appelle tous les Kosovars de 18 à 55 ans « à se joindre à la lutte pour la libération de la province, à prendre les armes, à contenir l'infanterie serbe et à creuser des tranchées contre l'artillerie et les blindés » des forces serbes. Elle demande aux Albanais du Kosovo réfugiés en Albanie de revenir pour « aider la lutte de libération du pays ». L'armée fédérale affirme, de son côté, qu'elle contrôle la frontière albanaise et qu'il n'y a plus aucun approvisionnement en armes et en munitions possibles pour les séparatistes. Mais un quotidien serbe, le Dnievni telegraf, a révélé que 363 policiers serbes ont démissionné, au cours des deux semaines écoulées, pour manifester leur refus d'aller combattre au Kosovo.
lundi 8 juin
L'Union européenne a décidé d'interdire tout nouvel investissement en Serbie et de geler les avoirs du gouvernement yougoslave et de la Serbie dans les 15 pays de l'Union. Même décision dans la soirée des Etats-Unis. En même temps, les Quinze ont demandé à l'OTAN d'étudier les moyens d'une intervention militaire pour mettre fin aux effusions de sang dans la province serbe du Kosovo. La Grande-Bretagne a manifesté son intention de saisir le Conseil de sécurité des Nations unies pour cautionner l'éventuelle intervention de l'OTAN.
mardi 9 juin
Le Kosovo a été au centre des débats du Conseil suprême de défense, réuni à Belgrade par Milosevic, mais rien n'a filtré du contenu de cette réunion. Le Conseil suprême de défense n'avait pas siégé depuis six mois.
mercredi 10 juin
A Paris, les pays du Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie (Etats-Unis, Russie, France, Allemagne, Grande-Bretagne et Italie) se sont mis d'accord sur un certain nombre de propositions sur le Kosovo. Les Six demanderont à Belgrade d'accepter l'arrêt des combats, la reprise des négociations sur le statut du Kosovo et le retour des réfugiés. Au cas où Milosevic refuserait, « aucune option n'est exclue ». Concernant une possible intervention militaire de l'OTAN, le président américain Bill Clinton a « autorisé et approuvé » les préparatifs accélérés d'une intervention au Kosovo. Selon les experts de l'OTAN, une intervention militaire nécessiterait entre 7 000 et 20 000 hommes, placés sous forte protection aérienne. A Pristina, Tirana et Skopje, des manifestants de langue albanaise réclamaient un tel déploiement.
jeudi 11 juin
Réunis à Bruxelles, les ministres de la Défense des pays membres de l'OTAN ont durci le ton envers la Serbie et son intervention au Kosovo Jusqu'à présent, l'Organisation semble freinée par une opposition majeure : celle de la Russie, hostile à toute intervention dans les affaires intérieures de la Serbie.
vendredi 12 juin
Les six pays du Groupe de contact ont donné jusqu'au 15 juin à Milosevic pour faire cesser la violence au Kosovo, sous peine de faire l'objet de sanctions internationales. Le principe d'une interdiction des vols de la compagnie aérienne yougoslave JAT dans ces pays (à l'exception de la Russie) a été adopté. Simultanément, l'OTAN a décidé de mener le 14 juin un exercice aérien au-dessus de l'Albanie et de la Macédoine. Milosevic, lui, a décidé de miner la frontière entre le Kosovo et l'Albanie pour empêcher les infiltrations d'armes ainsi que le retour des Albanais du Kosovo.
samedi 13 juin
L'OTAN a annoncé pour le 15 juin un exercice aérien en Albanie et en Macédoine afin de montrer « sa capacité d'effectuer rapidement une projection de puissance dans la région ». L'opération baptisée « Faucon déterminé » doit permettre de faire cesser les violences au Kosovo. Cet exercice associera neuf pays.
dimanche 14 juin
Des combats meurtriers ont repris au Kosovo, dans les zones de Dkakovica et Decani, près de la frontière albanaise, entre forces serbes et indépendantistes. Deux Albanais ont été tués et un blessé selon la guérilla, tandis que le ministère serbe de l'Intérieur fait état de deux policiers tués et deux autres blessés.
Début du premier tour de la 16e Coupe du monde de football, organisée par la France. Au stade Geoffroy-Guichard de Saint-Etienne, la Yougoslavie a battu l’Iran un but (Mihajlovic) à zéro, devant 30 600 spectateurs.
lundi 15 juin
Après avoir longtemps menacé de faire la démonstration de sa force pour impressionner Milosevic, l'OTAN est passé aux actes en procédant au survol de l'Albanie et de la Macédoine, longeant la frontière du Kosovo. 13 pays et 80 avions ont pris part à l'opération « Faucon déterminé ». La Russie désapprouve cette manœuvre. Aujourd'hui encore, 350 réfugiés sont arrivés du Kosovo à Tropoja, en Albanie. Ils venaient de Junik.
Le Serbe Milorad Krnojelac, accusé de crimes de guerre par le TPI, a été arrêté à Foca (sud-est de la Bosnie), dans le secteur sous commandement français de la Sfor. Il a été transféré à La Haye dans la journée. Sur les 60 criminels de guerre présumés inculpés par le TPI, 31 sont toujours en liberté, dont Mladic et Karadzic.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a prolongé le mandat de la Sfor pour la Bosnie-Herzégovine.
mardi 16 juin
Une rencontre à Moscou entre Boris Eltsine et Slobodan Milosevic a abouti à un certain nombre de promesses de la part du président yougoslave concernant les Albanais du Kosovo, mais les Occidentaux les jugent insuffisantes. Milosevic refuse de prendre en compte la première des exigences de la Communauté européenne : le retrait de ses forces armées du Kosovo, condition indispensable à la reprise du dialogue.
mercredi 17 juin
Les Américains, qui avaient tardé à s'engager en Bosnie, vont y rester plus longtemps que prévu. L'ONU a renouvelé pour un an leur mandat au sein de la Sfor. Ils vont seulement ramener leur contingent de 8 500 à 6 900 soldats. La Sfor va s'attacher désormais à des tâches de police, notamment pour permettre le retour des réfugiés dans de bonnes conditions, ainsi que pour assurer le bon déroulement des élections générales des 12 et 13 septembre.
vendredi 19 juin
Ibrahim Rugova a estimé, avec un embarras manifeste, que l'UCK doit être placée « sous contrôle » des forces politiques du Kosovo, car ses militants « doivent être responsables de leurs actes, responsables de la situation au Kosovo ».
dimanche 21 juin
Deux vice-ministres russes des Affaires étrangères ont entamé une mission dans les Balkans, l'un à Belgrade, l'autre (Alexandre Avdéïev) en Albanie. Ils vont tenter de désamorcer le conflit du Kosovo. Sur le terrain, un soldat serbe a été tué lors d'affrontements avec les indépendantistes, à Klina. Des échanges de tirs ont eu lieu entre villageois serbes et albanais. Les Serbes reconnaissent que l'UCK contrôle certains axes routiers, notamment Pristina-Pec, ainsi que l'accès à certaines villes. L'UCK, qui cherche à se faire reconnaître comme partie prenant à des négociations, détiendrait cinq membres des forces serbes. Ibrahim Rugova réclame une intervention aérienne de l'OTAN. Celle-ci a achevé l'étude de plusieurs scénarii d'intervention au Kosovo. Tous butent sur le mandat que souhaitent obtenir de l'ONU les pays de l'OTAN. Or, la Russie et la Chine sont hostiles à une intervention.
Second match du premier tour de la Coupe du monde de football : au stade Félix Bollaert de Lens, l’Allemagne et la Yougoslavie ont fait match nul deux à deux (Mihajlovic contre son camp, Bierhoff pour les Allemands ; Mijatovic, Stojkovic pour les Yougoslaves), devant 38 100 spectateurs.
lundi 22 juin
Le chef du « gouvernement » kosovar en exil, Bujar Bukoshi, a renchéri à la position de Rugova sur l'UCK : « La résistance armée de l'UCK est une réalité et il est nécessaire de la placer sous contrôle des institutions politiques ». Il annonce que son « gouvernement » va rapidement mettre en place des « structures d'autodéfense » indépendantes, en principe, des structures de l'UCK.
Les trois monnaies existantes en Bosnie-Herzégovine sont remplacées par le « mark convertible » (Konvertibilna marka - KM).
mercredi 24 juin
Richard Holbrooke, l'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'ONU, accompagné de l'ambassadeur des Etats-Unis en Macédoine, s'est rendu à Junik, un village du Kosovo proche de la frontière albanaise. Il y a rencontré deux représentants de l'UCK. C'est la première fois qu'un tel contact est ainsi établi.
jeudi 25 juin
Troisième et dernier match du premier tour de la Coupe du monde de football : au stade de la Beaujoire, à Nantes, la Yougoslavie a battu les Etats-Unis un but (Komljenovic) à zéro, devant 35 500 spectateurs. Seconds du groupe F, les Yougoslaves sont qualifiés pour les huitièmes de finale.
nuit du dimanche 28 au lundi 29 juin
Les forces serbes se sont engagées dans une opération de grande envergure, et avec d'importants moyens, contre le village de Belacevac, situé à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Pristina, au Kosovo. Ils tentent d'en déloger les hommes de l'UCK, qui l'occupe depuis une semaine. Belacevac revêt une importance stratégique de premier ordre pour l'industrie de la province serbe : c'est dans ce village de 4 500 habitants, en majorité albanais, que se trouve l'un des deux sites miniers à ciel ouvert alimentant la centrale thermique d'Obilic, qui alimente le Kosovo et une grande partie de la Macédoine voisine.
lundi 29 juin
Après avoir bloqué la route principale qui mène à Belacevac, les forces serbes ont encerclé plusieurs groupes de combattants de l'UCK, contraints de se retrancher dans une partie du village et dans un village voisin. La centrale thermique elle-même, à Obilic, est gardée par des villageois en armes.
Slavko Dokmanovic, l'ex-maire serbe de Vukovar (est de la Croatie), s'est suicidé dans sa cellule du TPI, à La Haye. Il était accusé d'avoir supervisé le massacre de plus de 200 patients de l'hôpital de Vukovar, en 1991, ce qu'il niait. Le verdict de son procès devait être connu d'ici deux semaines.
Huitième de finale de la Coupe du monde de football : à Toulouse, les Pays-Bas éliminent la Yougoslavie deux buts (Bergkamp, Davids) à un (Kromljenovic).
mercredi 1er juillet
Les forces serbes semblent avoir repris la mine de Belacevac, dont l'UCK s'était emparée voici presque deux semaines. Mais les indépendantistes se sont repliés sur la région centrale de la Drenica où les accrochages se poursuivent. Ils auraient en outre encerclé la localité de Klina, contrôlée par les Serbes, coupant l'accès de l'autre grande ville de la province, Pec. Dans les zones de plus en plus importantes qu'elle contrôle, l'UCK a instauré une signalisation routière en albanais et distribué ses propres plaques d'immatriculation. Les partis politiques kosovars se sont réunis pour décider du contrôle de l'UCK, mais de profondes divergences sont apparues sur les moyens de lui imposer leur autorité.
jeudi 2 juillet
Les efforts des Etats-Unis pour permettre d'inclure l'UCK dans le processus de négociations entre les responsables albanais du Kosovo et les autorités de Belgrade sont restés vains. De même que la tentative de Washington d'amener l'UCK et les forces serbes à conclure un cessez-le-feu. La réponse est venue du Parti socialiste au pouvoir à Belgrade : « La position du SPS est claire. Il ne peut y avoir de négociations avec les terroristes albanais ». Slobodan Milosevic s'est prononcé pour une reprise « immédiate » du dialogue sur le Kosovo, « seul moyen possible de résoudre la crise provoquée par le séparatisme et le terrorisme » albanais.
Huit Serbes de Croatie, ayant appartenu à des groupes paramilitaires lors de la guerre serbo-croate, ont été condamnés pour crimes de guerre par un tribunal croate de Split. Leurs condamnations s'échelonnent de 8 à 20 ans de prison. Ils s'étaient rendus coupables de violences contre des personnes âgées lors d'opérations dans des villages proches de la côte dalmate qu'ils avaient incendiés.
vendredi 3 juillet
Au Kosovo, dans la matinée, les forces serbes ont repris Kijevo, ce village encerclé depuis un mois par les hommes de l'UCK. Dans la soirée, le médiateur américain Richard Holbrooke a rencontré le président Milosevic à Belgrade.
samedi 4 juillet
Mettez-vous d'accord pour négocier avec Belgrade. C'est le conseil donné par l'émissaire américain Richard Holbrooke aux chefs des partis politiques albanais du Kosovo. Il a insisté pour que soit formé « un gouvernement ou un conseil national qui incarnerait une attitude commune ». Le diplomate américain a répété : « Les Etats-Unis croient que la solution du problème du Kosovo doit être pacifique ». Il a regagné Belgrade dans l'après-midi pour reprendre ses conversations avec Slobodan Milosevic.
dimanche 5 juillet
Richard Holbrooke est de retour à Pristina. Accompagné du vice-ministre russe des Affaires étrangères, Nikolaï Afanassievski, il tente à tout prix d'imposer une autorité politique aux rebelles armés de l'UCK. Après avoir rencontré Ibrahim Rugova, Richard Holbrooke a aussi vu deux opposants notoires au « président » kosovar : Rexhep Qosja, dissident de la LDK et surtout Adem Demaçi, chef du Parti parlementaire, réputé pour son intransigeance et ses liens avec l'UCK. L'émissaire américain leur a demandé de faire taire leurs querelles internes et d'adopter une plate-forme commune de négociation avec Belgrade, où il était de retour dans la soirée.
lundi 6 juillet
Une première mission d'observation internationale a eu lieu dans le nord et le centre-ouest du Kosovo. Elle était dirigée par le chargé d'affaire américain et l'ambassadeur de Russie à Belgrade et composée principalement de diplomates des pays du Groupe de contact ainsi que de la Pologne, d'Autriche et de Norvège. Le but de cette mission était de fournir aux organisations humanitaires et aux gouvernements étrangers « une évaluation objective de la situation ».
A La Haye, le premier procès pour génocide en Bosnie s'est ouvert devant le TPI. Milan Kovacevic, ancien maire de Priedor (nord-ouest de la Bosnie) et médecin anesthésiste, est accusé d'avoir, au printemps 1992, « ordonné et mis en œuvre un plan visant à expulser les populations et croates de la ville et des territoires de Bosnie proclamées serbes ». L'exécution de ce plan « incluait la mise à mort de Bosniaques musulmans et croates, les tortures physiques et morales et l'imposition de conditions de vie calculées pour conduire à leur destruction physique ». L'accusé, aussi poursuivi pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre, s'est borné à répondre : « Non coupable... »
mercredi 8 juillet
Le Groupe de contact sur l’ex-Yougoslavie, réuni à Bonn (Allemagne), a appelé toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités au Kosovo pour « préparer le terrain à une reprise des négociations » entre Belgrade et les Albanais du Kosovo. Mais les Américains et les Russes ne sont pas d’accord sur qui doit s’asseoir à la table de négociation. Pour les premiers, l’UCK doit être représentée, car « elle est un fait sur le terrain, contrôlant au moins 30 % du territoire ». Les Russes ne sont pas contre des contacts discrets avec l’UCK, mais ils ne veulent pas de négociation au niveau politique « qui ne peuvent que légitimer des groupes armés ».
vendredi 10 juillet
Les Etats-Unis et l’Union européenne ont décidé de suspendre leurs projets d’aide à Sarajevo. Ils entendent ainsi protester contre la lenteur du retour des réfugiés de communautés minoritaires dans la capitale bosniaque, majoritairement peuplée de musulmans. La communauté internationale a fixé à 20 000 le nombre de réfugiés non musulmans devant regagner Sarajevo cette année, or il n’en est rentré que 800 depuis février... Avant la guerre, la ville comptait 49 % de musulmans et 28 % de Serbes.
samedi 11 juillet
Les survivants du massacre de Srebrenica, dans l’est de la Bosnie, ont manifesté, à l’occasion du troisième anniversaire de la chute de leur ville entre les mains des Serbes. Ils réclamaient la vérité sur le sort de milliers de personnes toujours portées disparues. 7 000 musulmans avaient été exécutés.
dimanche 12 juillet
Les combattants de l’UCK affirment qu’ils seront « très rapidement » à Pristina. Ils disent même mener désormais « des opérations d’envergure » et remporter « d’importants succès » dans leur objectif « d’élargir les territoires libérés ».
mercredi 15 juillet
Réuni à Bruxelles, pour un point hebdomadaire, le Conseil permanent de l’OTAN (au niveau des ambassadeurs) a fait ce constat amer : « Le retour des réfugiés (en Bosnie) se passe de plus en plus mal et la gestion du processus devient de plus en plus difficile ». L’ « année des réfugiés » est un échec dont la Communauté internationale commence à s’inquiéter.
jeudi 16 juillet
Issu d’élections clandestines qui se sont déroulées le 22 avril dernier, le Parlement du Kosovo, non reconnu par l’UCK, a tenu sa réunion constitutive à Pristina. La séance inaugurale est dispersée par des policiers serbes.
vendredi 17 juillet
De violents combats se sont déroulés au Kosovo. Les séparatistes de l’UCK ont pris le contrôle d’Orahovac (sud-ouest), une ville de 15 000 habitants.
samedi 18 juillet
Selon l’armée yougoslave, un millier de séparatistes kosovars ont tenté de s’introduire au Kosovo depuis l’Albanie, dans la matinée, dans le secteur de Djeravica. Les combats ont fait de nombreux morts. La police serbe a lancé une attaque pour reprendre Orahovac à l’UCK.
nuit du samedi 18 au dimanche 19 juillet
De nouvelles incursions de séparatistes kosovars ont eu lieu depuis l’Albanie, impliquant plusieurs centaines d’hommes dans la région de Djeravica. Des obus yougoslaves seraient tombés en territoire albanais, provoquant une violente réaction du gouvernement de Tirana.
dimanche 19 juillet
L’Albanie « soutient la juste lutte des Albanais du Kosovo qui défendent leurs terres de l’extermination moyenâgeuse perpétrée par la machine militaire serbe au Kosovo » a déclaré le ministre albanais des Affaires étrangères, Paskal Milo. Belgrade reproche, de son côté, la bienveillance de Tirana à l’égard des « activités terroristes et les graves violations des frontières d’Etat » commises par les séparatistes du Kosovo. Dans la soirée, la télévision d’Etat serbe affirmait qu’environ 300 militaires de l’armée albanaise se trouvaient actuellement au Kosovo. Par ailleurs, la ville d’Orahovac (sud-ouest du Kosovo), aux mains de l’UCK depuis deux jours, est retombée sous le contrôle de la police serbe au terme d’intenses combats ; l’UCK aurait perdu plus de 100 combattants. Une bonne partie des guérilleros kosovars se sont retirés vers Malisevo, un bastion séparatiste proche de la ville.
lundi 20 juillet
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) rapporte que plusieurs milliers de Kosovars ont fui les combats pour le contrôle de la ville d’Orahovac. On estime le nombre de réfugiés dépasse désormais les 80 000. Des tirs de mitrailleuses et des explosions sont toujours entendus dans les montagnes qui entourent la ville, après un week-end d’affrontements entre police serbe et UCK qui a fait au moins 100 morts.
mardi 21 juillet
Les experts du TPI ont retrouvé au moins 60 cadavres, enterrés à Hodzici, près de Srebrenica, ce qui porte à environ 300 les corps retrouvés dans cette région. Les dépouilles avaient les mains liées dans le dos et un bandeau sur les yeux.
Plusieurs centaines d’hommes d’Orahovac ont été arrêtés et emprisonnés à Prizren.
jeudi 23 juillet
Belgrade a décidé d’élargir la zone contrôlée par l’armée, au Kosovo, le long de la frontière albanaise. De 500 mètres de large, elle passe à 5 kilomètres. L’armée a déjà commencé à miner cette zone de contrôle élargie. Pour Belgrade il s’agit d’empêcher toute nouvelle infiltration d’hommes et de matériels en provenance d’Albanie. Cette décision intervient alors qu’à Pristina, le parlement parallèle des Albanais du Kosovo a décidé de reconnaître l’UCK et la légitimité de la lutte armée pour parvenir à l’indépendance.
vendredi 24 juillet
Les forces spéciales de la police serbe ont lancé dans la soirée une offensive pour reprendre à l’UCK de larges portions de la route qui relie Pristina à Pecs et Prizren, respectivement les deuxième et troisième villes du pays.
samedi 25 juillet
180 hommes, habitants d’Orahovac, arrêtés à la reprise de la ville par la police serbe, ont été libérés de la prison de Prizren, mais beaucoup restent encore détenus.
dimanche 26 juillet
Deux policiers serbes et onze séparatistes albanais ont été tués depuis deux jours, selon le Centre serbe d’information à Pristina ; dix policiers et huit séparatistes tués, selon la LDK. Seule certitude, les autorités serbes ont décidé de « mettre le paquet » pour reprendre le contrôle des axes routiers principaux. L’UCK aurait déjà lâché prise dans plusieurs secteurs.
lundi 27 juillet
La police serbe a repris aux indépendantistes albanais le contrôle de la route conduisant de Pristina à Pec. Un communiqué précise que des équipes techniques procèdent à sa « restauration pour une circulation sûre ». Aucune information, en revanche, sur la situation de la route reliant Pristina à Prizren, dans le Sud, où les combats se poursuivent. Les forces serbes ont lancé une grande offensive qui leur a permis de prendre position dans les cols des environs de Jezerc, dans les montagnes du Mall e Sharet, au sud-ouest du Kosovo.
mardi 28 juillet
Malisevo, bastion de l’UCK, a été repris par les forces serbes. Des dizaines de milliers d’Albanais ont fui cette localité stratégique, alors que l’armée serbe continue sa progression dans la région.
mercredi 29 juillet
L’offensive serbe continue à gagner du terrain sur l’UCK : les forces serbes ont pris en tenaille un autre bastion indépendantiste, Junik, à 80 kilomètres de Pristina, près de la frontière albanaise. Depuis les collines environnantes, elles lancent des appels constants à la reddition. La police affirme que 2 000 personnes sont assiégées dans Junik, dont la moitié serait des combattants de l’UCK « extrêmement bien entraînés ». Selon certaines rumeurs circulant à Pristina, les forces serbes auraient passé des dizaines d’habitants albanais de Junik par les armes. Par ailleurs, des journalistes ont pu pénétrer dans la localité de Malisevo, constatant que la ville n’a pratiquement pas souffert des combats, mais il n’y a aucune trace des quelque 20 000 personnes qui y avaient trouvé refuge, chassées d’Orahovac. Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) s’inquiète de cette situation « alarmante » qui voit la population civile fuir en masse devant les combats. Il estime que plus de 100 000 personnes errent ainsi dans cette province, que 25 000 sont passées au Monténégro et que 13 000 autres sont entrées en Albanie. A Pristina, après Belgrade, une délégation européenne a une nouvelle fois demandé que soit mis un terme à la violence au Kosovo. Les Etats-Unis, de leur côté, tentent toujours de réunir des représentants de tous les partis albanais de la province pour négocier un cessez-le-feu.
jeudi 30 juillet
Les diplomates de l’Union européenne ont rencontre Milosevic à Belgrade, pour tenter d’obtenir l’ouverture d’un dialogue minimum entre les Serbes et les Albanais du Kosovo. Le président serbe a assuré que l’opération serbe était « arrêtée ». Le HCR craint maintenant une « catastrophe humanitaire » dans le centre de la province, où des dizaines de milliers de personnes errent dans les forêts de la région, sans eau, sans nourriture et sans couvertures...
vendredi 31 juillet
Une mission du HCR a réussi, pour la première fois, à secourir 500 civils en fuite, près de Malisevo.
samedi 1er août
Pour la deuxième fois en un mois, un détenu serbe de Bosnie est mort au centre de détention du TPI pour l’ex-Yougoslavie à La Haye. Milan Kovacevic (57 ans), ancien maire de Prijedor, a été retrouvé mort dans sa cellule. Le médecin a cité comme cause probable de son décès une « attaque cardiaque massive ».
Réouverture théorique de la route Pristina-Pec.
nuit du samedi 1er au dimanche 2 août
Vers 23 heures, les forces serbes ont repris leur offensive au Kosovo, en commençant à bombarder deux villages, Klecka et Nekovce, au sud-est de Pristina, faisant fuir des milliers de personnes dans le maquis. Puis, vers 3 heures, elles ont attaqué 8 villages, dont celui de Junik, près de la frontière albanaise. Deux heures plus tard, les soldats serbes portaient l’offensive contre la poche de la Drenica, attaquant 5 villages, dont Lausa et Pljance, près de Srbica.
dimanche 2 août
Les Serbes ont fait état d’attaques des séparatistes kosovars dans les villages de Samonica, Korenica et Berjak, près de Djakovica, à l’ouest, ainsi que près du lac de Radonjic, toujours à l’ouest, et dans les villages de Josanica et Dusevic, dans le centre de la province. Attaque également de policiers serbes par des albanais à Prilep, non loin de la frontière avec l’Albanie. De leur côté, l’UCK dénonce des opérations de destruction, à l’ouest de Pristina : après avoir chassé leurs habitants et s’être livrée au pillage, l’armée serbe met le feu aux maisons. Par le biais de l’agence officielle Tanjung, Belgrade a accusé la Croatie d’envoyer des Albanais se battre au Kosovo, ainsi que de former les « terroristes » de l’UCK. Selon l’agence yougoslave, le général croate Rahim Ademi - nom à consonance albanaise - serait, depuis mars, chargé de cette opération. Toujours selon Tanjung, la récente décision de Belgrade de porter à 5 kilomètres la largeur de la zone contrôlée par l’armée serbe le long de la frontière albanaise, aurait mis fin aux entrées illégales de « terroristes et de mercenaires » ainsi que de matériels militaires.
lundi 3 août
Les combats se sont poursuivis au Kosovo. Les forces serbes pratiquent la tactique de la terre brûlée. Présidente de l’Union européenne, l’Autriche parle de « catastrophe humanitaire » et dénonce le refus de négocier du président Milosevic.
mardi 4 août
Le HCR a affirmé que les incendies, les pillages et la fuite des civils albanais du Kosovo ressemblent fort à l’épuration ethnique pratiquée par les Serbes en Bosnie. Un responsable du Programme alimentaire mondial (Pam) a déclaré que 70 000 des 200 000 réfugiés du pays, isolés dans les forêts et les montagnes, privés de tout, ont un besoin urgent en eau et en nourriture. Sur le terrain, des combats sporadiques ont été signalés dans la Drenica, au centre, et près de la frontière avec l’Albanie. Les Serbes contrôlent désormais la quasi-totalité de la Drenica.
jeudi 6 août
Une dizaine de villages encore aux mains des séparatistes albanais de l’UCK, dans la Drenica, ont subi de violents bombardements de l’artillerie serbe. Les civils albanais continuent de fuir en masse. Le HCR affirme que 7 000 habitants de la Drenica arrivent chaque jour à Kovoska Mitrovica, une ville située plus au nord qui abrite désormais près de 40 000 réfugiés. La Commission européenne a annoncé qu’elle débloquait une aide d’urgence de 33 millions de francs, destinée aux organisations humanitaires qui opèrent sur le terrain.
vendredi 7 août
A l’issue d’une réunion des 16 ambassadeurs des pays membres de l’OTAN, l’organisation militaire occidentale s’est dit prête à intervenir, dès la semaine prochaine, au Kosovo... si un mandat international le lui demande. Les militaires ont proposé des frappes d’avertissement, dans un premier temps, qui pourraient être suivies de raids aériens massifs sur les positions serbes. Sur le terrain, les combats et les tirs de l’artillerie serbe ont diminué d’intensité dans la région de la Drenica. « L’offensive est presque terminée », a commenté un haut responsable de la police serbe. De leur côté, l’émissaire américain Christopher Hill, assisté du vice-ministre russe des Affaires étrangères, Nikolaï Afanassievski, ont entamé de nouvelles navettes entre Belgrade et Pristina pour tenter de rouvrir des pourparlers entre Serbes et Albanais du Kosovo.
Slobodan Milijkovic, un Serbe recherché pour des crimes de guerre en Bosnie par le TPI, a été tué au cours d’une fusillade à Kragujevac, au centre de la Serbie. Par ailleurs, Srdjan Knezevic, commandant adjoint de la police de Pale, fief des Serbes extrémistes, a également été assassiné.
samedi 8 août
Les forces serbes ont pris le contrôle du village de Likovac, bastion des séparatistes albanais, au centre du Kosovo. Ceux-ci ont donné leur « accord de principe » pour entrer dans le nouveau gouvernement de Rugova. L’émissaire russe envoyé en Yougoslavie pour tenter de rouvrir des pourparlers, s’est déclaré défavorable à « une ingérence militaire extérieure », alors que l’OTAN affirme avoir achevé ses préparatifs pour des frappes aériennes antiserbes au Kosovo.
mercredi 12 août
Malgré la prise de nouveaux villages aux séparatistes albanais de l’UCK, à l’ouest du Kosovo, les unités spéciales de la police serbe ne parviennent pas à contrôler l’ensemble du plateau de la Drenica. De nombreux villages et même des routes, occupés il y a quelques jours, ont été évacués par les Serbes et repris par l’UCK. Selon des observateurs occidentaux, les 20 000 hommes de la police serbe envoyés par Belgrade au Kosovo, bien qu’équipés de blindés et d’artillerie légère, ne sont pas suffisants pour occuper durablement le terrain.
jeudi 13 août
Ecrasée par la police serbe, l’UCK, refusant « d’être sous le contrôle de quelque parti politique que ce soit », a désigné dix représentants politiques. En outre, l’état-major de la rébellion kosovar a demandé à Adem Demaçi de démissionner de la présidence de son Parti parlementaire pour représenter l’UCK. Demaçi est une figure de l’opposition au leader pacifiste kosovar Ibrahim Rugova. Par ailleurs, dans la soirée, ce dernier a annoncé avoir constitué une délégation chargée de négocier avec Belgrade. Sur le terrain, des combats se déroulent toujours près de Junik, où 700 combattants de l’UCK sont encerclés.
dimanche 16 août
Assiégée depuis trois semaines, Junik, près de la frontière albanaise, est tombée aux mains des forces serbes. Dans ce bourg de 8 000 habitants, il ne restait que 17 habitants. Des éléments de l’UCK sont encore présents dans les forêts et les collines de la région.
lundi 17 août
Alors que les rebelles kosovars ont repris Glodjane, Ibrahim Rugova se dit prêt à négocier à nouveau avec Belgrade. Le Monténégro, lui, accueille les réfugiés kosovars en grand nombre. Ce petit pays de 650 000 habitants abrite déjà près de 40 000 réfugiés du Kosovo, en plus de 20 000 Serbes de Croatie et de Bosnie. Le ministre de l’Education du Monténégro a envoyé une commission d’études, en vue de scolariser les enfants à Ulcinj en langue albanaise. Par ailleurs, 1 700 soldats de l’OTAN ont commencé à manœuvrer en Albanie. Pour dire que l’Alliance atlantique est prête à intervenir au Kosovo.
mardi 18 août
Pas de négociations au Kosovo tant que Belgrade ne retirera pas ses soldats, ont répondu les « rebelles » kosovars, tandis que l’OTAN poursuit ses manœuvres en Albanie. Des exercices semblables doivent avoir lieu, en septembre, en Macédoine. La presse macédonienne s’est empressée de souligner qu’ « aucune attaque terrestre contre Belgrade ne partira » de Macédoine.
samedi 22 août
Les autorités serbes ont menacé d’ « anéantir » les rebelles de l’UCK alors que le processus de paix marque le pas. Belgrade demande à la communauté internationale d’inscrire l’UCK sur la liste des « organisations terroristes ».
dimanche 23 août
Après une semaine plutôt calme, les affrontements entre séparatistes de l’UCK et la police serbe se sont intensifiés dans l’ouest du Kosovo, près des villes de Malisevo et Kormorane. Les séparatistes harcèlent les positions isolées de la police tandis que cette dernière, faute de pouvoir occuper tout le terrain, tente toujours de renforcer son contrôle sur les axes routiers. La médiation de l’ambassadeur américain Christopher Hill, qui était parvenu à faire émarger une délégation albanaise, semble marquer le pas : les Serbes se disent prêts à négocier, mais refusent le cessez-le-feu, préalable exigé par les Albanais.
lundi 24 août
Plusieurs villages sont en flamme autour de Pristina, dont un à moins de 5 kilomètres de la capitale du Kosovo. Les Serbes affirment avoir riposté à des attaques de l’UCK. Selon le Centre d’informations albanais de Pristina, il s’agirait d’une nouvelle application de la stratégie serbe de la terre brûlée qui a fait déjà plus de 200 000 réfugiés. Des bombardements ont aussi été signalés sur 13 villages, au nord-ouest de Pec, près de la frontière avec le Monténégro. L’Allemagne, présidente en exercice de l’Union européenne, appelle ses partenaires à adopter des sanctions contre la Yougoslavie. Le Conseil de sécurité de l’ONU demande un « cessez-le-feu immédiat ».
vendredi 28 août
Le leader kosovar Rugova a lancé un appel à « une intervention internationale urgente » pour stopper les opérations serbes et secourir les quelque 200 000 personnes déplacées. La sous-secrétaire d’Etat américaine aux Réfugiés, Julia Taft, s’est, elle, déclarée « horrifiée » par la situation humanitaire et les destructions causées par les bombardements serbes. Belgrade a annoncé avoir repris le contrôle du secteur de Dulje, au sud-ouest de la province.
lundi 31 août
L’Union européenne va ordonner, la semaine prochaine, le boycottage de la compagnie aérienne yougoslave JAT, comme sanction aux opérations de la police serbe au Kosovo. Le résultat du vote sera connu d’ici le 7 septembre mais on sait déjà que seule la Grèce devrait s’opposer au boycottage.
mardi 1er septembre
Selon un communiqué de l’agence officielle, le président Milosevic aurait proposé aux dirigeants albanais du Kosovo un accord intérimaire. Celui-ci accorderait à la province un certain degré d’auto-administration, pendant une période transitoire de 3 à 5 ans. Les Albanais du Kosovo, auxquels Milosevic a retiré, en 1990, l’autonomie, réclament aujourd’hui l’indépendance. Le conflit a déjà fait plus de 700 morts. Milosevic s’est déclaré décidé à « éradiquer le terrorisme au Kosovo ».
Charles Josselin, ministre français de la Coopération, a remis un message du président français, Jacques Chirac, à la présidente serbe bosniaque Biljana Plavsic, l’assurant du « soutien déterminé de la France » à ceux qui « travaillent à l’application pleine et loyale des accords de paix ».
mercredi 2 septembre
Match amical de football : au stade Gradski de Nis, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) et la Suisse ont fait match nul un à un.
vendredi 4 septembre
Ibrahim Rugova s’est dit tout disposé à conclure avec Belgrade un accord intérimaire qui permettrait de « normaliser » la situation. L’idée soumise aux responsables du Kosovo par le président yougoslave consiste à offrir à la province un accord intérimaire d’une durée de trois à cinq ans lui accordant « un certain degré d’auto-administration ». Par ailleurs, les forces serbes ont annoncé qu’elles avaient infligé de « lourdes pertes » aux « terroristes » de l’UCK aux abords de Prizren (Sud) et qu’elles poursuivaient les combats.
Sortie du film serbe Baril de poudre (Bure baruta), comédie dramatique de Goran Paskaljević, avec Lazar Ristovski, Miki Manojlovic, Mirjana Jokovic et Ljuba Tadic.
du samedi 5 au dimanche 6 septembre
Les forces serbes ont porté un coup sévère aux séparatistes armés du Kosovo en arrêtant quelque 450 membres présumés de l’UCK, au cours d’opérations dans les forêts de l’ouest et du sud-ouest de la province.
dimanche 6 septembre
Selon la télévision de Belgrade, une quinzaine de villages voisins de la frontière albanaise ont rendu les armes que l’UCK leur avait distribuées il y a plusieurs mois.
lundi 7 septembre
L’Union européenne a décidé, avec « effet immédiat », d’interdire les liaisons aériennes de la compagnie aérienne yougoslave JAT et de toutes les compagnies yougoslaves privées avec les pays de l’Union, à titre de sanction contre l’intervention militaire de Belgrade au Kosovo. Le Monténégro échappe à la mesure et la Montenegro Airlines pourra poursuivre ses vols charters entre Tivat et Leipzig. Belgrade a menacé les compagnies européennes de leur appliquer le même traitement, mais, si c’était le cas, la Yougoslavie n’en serait que plus isolée…
En violation des règles électorales établies par la Communauté internationale, des affiches à l’effigie de Karadzic sont apparues sur les murs de Pale, le fief des Serbes de Bosnie, à une semaine du scrutin qui doit avoir lieu le 13 septembre.
mardi 8 septembre
L’intervention militaire serbe au Kosovo se poursuit. Une dizaine de villages ont été la cible des forces de sécurité serbes dans la région de Pec. Les troupes y ont été acheminées à bord d’une centaine de chars, de véhicules blindés et de transports de troupes. Un journaliste albanais local affirme qu’il y a eu de nombreux morts et des blessés dans la population tentant de fuir la zone. Par ailleurs, les autorités poursuivent leur opération d’arrestations systématiques des hommes en âge de combattre. Se référant à des sources judiciaires, le quotidien progouvernemental serbe Politika avance le chiffre de 600 arrestations de Kosovars en quatre jours dans les seules communes de Prizren, Malisevo, Orahovac, Klina et Djakovica. Déjà, 80 des personnes arrêtées ont écopé d’un mois de détention préventive, les autres, en garde à vue, font l’objet d’enquêtes policières particulièrement serrées. Selon Politika, les enquêteurs sont aidés dans leur tâche par des documents de l’UCK qu’ils ont saisis lors d’une offensive, la semaine passée. Mais Adem Demaci, chef politique de l’UCK, a réaffirmé, lors d’une conférence de presse à Pristina, que le mouvement poursuivait sa « guérilla ».
mercredi 9 septembre
Les forces serbes ont attaqué une quarantaine de villes du Kosovo. Leurs habitants ont été brutalement jetés sur les routes. Quelque 25 000 fuyards paniqués, essentiellement des femmes et des enfants, forment un cortège d’une douzaine de kilomètres au sud de Pec. De son côté, l’OTAN a achevé ses plans d’intervention et se déclare « totalement prête à agir ».
samedi 12 septembre
Premier jour des élections législatives et présidentielles en Bosnie. Taux de participation faible, sans doute en raison de la complexité du scrutin.
Devant le nouvel afflux de Kosovars affamés et épuisés fuyant leur pays, le Monténégro a commencé à refouler une partie des arrivants vers l’Albanie. La police serbe a fait évacuer, à Istinic, dans le sud-ouest du Kosovo, quelque 40 000 réfugiés qui s’entassaient dans un camp formé de tracteurs et de charrettes leur servant d’abris. A Plav, dans le nord du Monténégro, on compte 5 000 nouveaux réfugiés. A Ulcinj, sur la côte, les Kosovars (17 000) sont déjà plus nombreux que les résidents.
dimanche 13 septembre
Deuxième jour des élections en Bosnie.
mercredi 16 septembre
De nouveaux combats se déroulent depuis trois jours au Kosovo, dans un triangle formé par les villes de Kosovska Mitrovica, Vucitrn et Poduvejo, dans le nord de la province. Les autorités serbes affirment qu’un millier de membres de l’UCK sont regroupés dans ce secteur. Des villages sont en feu et au moins 10 000 personnes auraient été déplacées.
jeudi 17 septembre
L’UCK a rejeté les propositions de statut transitoire du Kosovo faites par Milosevic et acceptées, faute de mieux, par le leader modéré Rugova.
dimanche 20 septembre
Les leaders de ma communauté albanaise du Kosovo ont présenté leur projet de statut pour la province. Il stipule notamment que le Kosovo reste membre de la République fédérale de Yougoslavie, « à titre transitoire » et « en tant qu’entité indépendante égale aux deux autres républiques de la fédération ».
lundi 21 septembre
Le leader kosovar Adam Demaci, représentant politique de l’UCK, se serait retiré de la vie politique pour raisons de santé, selon son entourage. Agé de 68 ans, opposant du leader modéré Ibrahim Rugova, il a annulé tous ses rendez-vous et devra observer un long repos.
mardi 22 septembre
Les forces serbes ont lancé une vaste offensive dans le nord du Kosovo contre les rebelles de l’UCK. Elles affirment avoir démantelé « d’importants groupes d’extrémistes » et saisi de nombreuses armes et équipements dans les montagnes de Cicavica, bordant la Drenica (centre). A la tribune de l’ONU, le ministre allemand des Affaires étrangères, Klaus Kinkel, a menacé Milosevic d’une action militaire de l’OTAN contre des objectifs serbes.
mercredi 23 septembre
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté dans la soirée la résolution 1199 prévoyant le recours à la force si Belgrade et les séparatistes de l’UCK ne mettent pas fin aux hostilités au Kosovo.
Match amical de football : au stade du Governador João Castelo de São Luis, le Brésil et la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) ont fait match nul un à un.
jeudi 24 septembre
Les forces serbes et yougoslaves, ignorant les mises en garde de l’OTAN et de l’ONU, ont multiplié les opérations contre les derniers bastions de résistance des séparatistes albanais. Le ministre allemand de la Défense a demandé à l’OTAN d’adresser « un ultimatum » à Belgrade. Les Etats-Unis demandent à l’Europe de s’engager dans cette voie, faute de quoi elle aura à « gérer seule » une situation humanitaire catastrophique.
vendredi 25 septembre
Proclamation des résultats officiels des élections des 12 et 13 septembre en Bosnie. A la présidence des Serbes bosniaques, l’ultranationaliste Nikola Poplasen a battu la sortante modérée Biljana Plavsic par 324 033 voix contre 286 940. En revanche, pour l’Assemblée de la Republika Srpska (RS), la coalition Sloga (pro-Plavsic) pourrait continuer à gouverner avec l’appui des députés non-serbes (355 111 voix contre 258 843 à l’alliance des ultras). De même pour le Parlement fédéral de Bosnie, Sloga (214 948 voix) devance le SDS des amis de Karadzic (163 436). Enfin, pour la présidence collégiale de Bosnie, Zivko Radisic (pro-Plavsic) a battu le sortant ultra Krajisnik (360 286 voix contre 315 480). Le musulman Alija Izetbegovic, réélu, et un nationaliste croate Ante Jelavic, qui a battu le sortant Kresimir Zubak, complètent cette présidence collégiale.
Le président yougoslave Milosevic a appelé ses concitoyens à ne faire aucune « concession » au Kosovo, malgré les menaces de recours à la force de l’OTAN pour fair cesser les violences.
dimanche 27 septembre
Belgrade a lancé une opération punitive contre l’UCK, au sud du Kosovo.
lundi 28 septembre
Le Premier ministre serbe, Mirko Marjanovic, a annoncé la fin des opérations militaires engagées par les forces serbes et yougoslaves au Kosovo. Ces opérations ne reprendront que « si de nouveaux actes de terrorisme et de gangstérisme font leur apparition ». Il n’a communiqué aucun calendrier en ce qui concerne un retrait possible des forces opérant au Kosovo. Il a par ailleurs promis que l’amnistie serait accordée à tous les Kosovars qui rendront les armes qu’ils détiennent dans les dix jours, pour autant qu’ils n’aient pas commis de « crimes de guerre ». Il a également annoncé la nomination d’un conseil exécutif temporaire, c’est-à-dire un gouvernement provisoire, chargé de « renforcer les structures civiles » dans la province serbe. L’UCK a aussitôt répliqué par un communiqué réclamant l’intervention urgente de l’OTAN et affirmant qu’elle n’entendait pas déposer les armes et parlant même de mener une « guerre sainte » contre les forces serbes. A Bruxelles, les responsables de l’OTAN manifestent leur intention de rester « vigilants ». L’OTAN exige des faits, pas seulement des promesses. 18 villageois, dont 5 enfants, ont été massacrés par l’armée serbe à Gornje Obrinje, dans la Drenica.
nuit du lundi 28 au mardi 29 septembre
Plusieurs villages du sud du Kosovo ont été bombardés.
mardi 29 septembre
Après sept mois d’opérations contre les indépendantistes albanais du Kosovo, les forces yougoslaves et la police serbe ont repris le chemin de leurs casernes à Pristina, Prizren et Urosevac. Plusieurs villages du sud de la province ont pourtant encore été bombardés dans la matinée.
mercredi 30 septembre
A Genève, le Haut-Commissaire des Nations unies aux réfugiés dénonce la « terreur à grande échelle » que font régner au Kosovo, aussi bien les forces serbes et yougoslaves que les extrémistes de l’UCK. Une organisation humanitaire américaine, Human Rights Watch, parle « d’innommables atrocités ».
jeudi 1er octobre
La pression internationale exercée sur les Serbes et le président yougoslave pour obtenir le retrait « immédiat » des forces serbes du Kosovo s’intensifie. Le Conseil permanent de l’OTAN a demandé au commandant suprême des forces alliées en Europe, le général américain Wesley Clark, d’accélérer la rédaction d’un rapport destiné à l’ONU. Un rapport qui pourrait déclencher une action militaire. Le massacre d’une trentaine d’Albanais de souche, il y a quatre jours, a été le détonateur de cette effervescence. Washington conseille aux Américains de quitter la Yougoslavie.
nuit du jeudi 1er au vendredi 2 octobre
Réunis à huis clos, les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont « vivement condamné », à l’unanimité, les derniers massacres attribués aux forces serbes au Kosovo.
dimanche 4 octobre
Un convoi de l’armée yougoslave a quitté le Kosovo et a regagné le centre de la Serbie. Les autorités serbes ont également invité les responsables albanais du Kosovo à engager « d’urgence » des pourparlers sur l’avenir de la province. Mais, surtout, Milosevic a reçu le précieux soutien de la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité. Les ministres russes des Affaires étrangères, Igor Ivanov, et de la Défense, Igor Sergueïv, sont arrivés inopinément à Belgrade, pour remettre au président yougoslave un message de Boris Eltsine. De son côté, Human Right Watch, une organisation américaine de défense des droits de l’homme, accuse, dans un rapport, les forces gouvernementales serbes d’avoir commis des « atrocités » et des « violations graves du droit international ».
lundi 5 octobre
Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a transmis son rapport sur le Kosovo au Conseil de sécurité. Il en ressort que la majorité des atrocités commises dans cette province serbe sont le fait des forces serbes. Selon le comité albanais de défense des droits de l’homme, 1 558 Albanais de souche ont été tués au Kosovo depuis la mi-janvier, dont 238 pendant les dix derniers jours de l’offensive de la fin septembre. Le HCR recense de son côté 200 000 personnes déplacées au Kosovo même, 45 000 réfugiés au Monténégro et 20 000 en Albanie. Dans la soirée, l’entrevue de plusieurs heures entre Milosevic et l’émissaire américain Richard Holbrooke, à Belgrade, s’est soldée par un échec. Toujours, dans la soirée, le Parlement yougoslave a adopté une loi introduisant un impôt destiné à couvrir les dépenses engagées par la présence policière et militaire au Kosovo, pour un montant équivalent à 600 millions de francs. L’électricité, la presse, le textile, les chaussures sont frappées d’une taxe supplémentaire de 2 %. Les produits pétroliers, les cigarettes, l’alcool, le café et autres produits réputés de luxe supporteront, eux, une taxe de 4 %. Cet impôt particulier devrait rester en vigueur jusqu’au 31 décembre.
mardi 6 octobre
Le vice-Premier ministre serbe Vojislav Seselj, leader du Parti radical (ultranationaliste), menace les « collaborateurs » de l’Occident, au premier rang desquels il place les leaders des partis politiques albanais du Kosovo ; il les mettra en état d’arrestation si l’OTAN intervient contre la Serbie. De son côté, la Russie donne aussi de la voix : une intervention de l’OTAN contre des positions serbes « provoquerait un retour à la guerre froide », a affirmé le ministre russe de la Défense.
mercredi 7 octobre
Richard Holbrooke a encore tenté de convaincre Milosevic du risque réel qu’il fait courir à la Yougoslavie en ne se pliant pas aux résolutions de l’ONU sur le Kosovo. Après les Etats-Unis et le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont appelé leurs ressortissants à quitter la Yougoslavie. Après avoir annoncé que le compte à rebours était lancé, le secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana, a affirmé qu’une décision serait prise « dans les prochains jours », et peut-être sans le feu vert des Nations unies.
jeudi 8 octobre
Le président américain Bill Clinton a lancé sa troisième mise en garde en trois jours. Ils ont demandé à Milosevic de respecter ses obligations au Kosovo, notamment le retrait des forces spéciales serbes et le retour des réfugiés dans leurs villages. Sans quoi l’OTAN interviendra. Le président français Jacques Chirac a confirmé l’engagement de la France aux côtés des Etats-Unis et du Royaume-Uni dans cette option. Sur le terrain, aucun combat d’envergure n’a été signalé depuis une semaine, et des convois de policiers ont effectivement quitté le Kosovo. Toutefois, différentes sources font état du maintien de la présence policière dans les zones sensibles. Un quotidien albanais a même fait état de l’arrivée, la veille, de 40 chars serbes au Kosovo. Dans la soirée, l’UCK a décrété un cessez-le-feu unilatéral. La répression militaire de Milosevic n’a plus, ainsi, de fondement… D’autre part, un décret gouvernemental serbe interdit la retransmission des programmes audiovisuels en serbo-croate des médias étrangers, ainsi que la diffusion d’articles étrangers portant atteinte aux « intérêts du pays » et « incitant au défaitisme ».
Haut-représentant civil en Bosnie-Herzégovine, Carlos Westendorp a exclu dans la soirée le député Dragan Cavic de la liste des élus à l’assemblée de la Republika Srpka. Cavic, tête de liste des ultranationalistes du SDS, pouvait prétendre à la présidence de cette assemblée. Westendorp a estimé que certains propos récents de Cavic étaient une menace directe contre les accords de Dayton.
vendredi 9 octobre
Richard Holbrooke est revenu à la charge à Belgrade. Il a eu plus de trois heures d’entretiens avec Milosevic auquel il a une nouvelle fois présenté les exigences du groupe de contact : arrêt des hostilités, retour des troupes serbes dans leurs casernes, accès des organisations humanitaires au Kosovo, retour des réfugiés et ouverture de négociations avec les indépendantistes albanais de la province.
Des experts bosniaques ont découvert près de Zvornik un charnier qui pourrait contenir « plusieurs centaines de corps » et être le plus grand trouvé à ce jour en Bosnie. 115 corps ont été exhumés dès le premier jour. Il s’agirait essentiellement de musulmans.
samedi 10 octobre
Richard Holbrooke s’est entretenu dans la matinée avec les représentants albanais du Kosovo, à Pristina, et l’après-midi, il a de nouveau rencontré Milosevic à Belgrade.
lundi 12 octobre
Dans la soirée, Richard Holbrooke a obtenu quelques concessions de la part de Milosevic. Selon Moscou, Belgrade aurait notamment accepté le déploiement d’une force multinationale au Kosovo pour y contrôler le respect des exigences de l’ONU. Les ambassades d’Allemagne, de Grande-Bretagne, des Pays-Bas et du Danemark à Belgrade ont fermé leurs portes, « temporairement ». La tension a gagné la Republika Srpska, dont les principaux responsables politiques ont affirmé leur solidarité avec les Serbes de Yougoslavie. C’est pourquoi les principales organisations internationales présentes à Banja Luka ou à Pale ont opéré un repli vers Sarajevo. Les étrangers ont été explicitement menacés de représailles par l’ultranationaliste serbe Vojislav Seselj.
nuit du lundi 12 au mardi 13 octobre
Le président Milosevic a fini par baisser la garde face aux exigences de la Communauté internationale et aux menaces de l’OTAN : des élections seront organisées au Kosovo où 2 000 représentants de l’OSCE vont vérifier l’application des résolutions de l’ONU. A Tout hasard, l’OTAN sera tout de même sur pied de guerre le 17 octobre.
mercredi 14 octobre
Milosevic vient d’interdire deux journaux qui avaient évoqué la décision d’intervention de l’OTAN. Il en a confié un autre à un dirigeant du Parti radical, d’extrême droite. Quant au Kosovo, la situation est loin d’y être claire. Les dirigeants du Parlement clandestin, proches d’Ibrahim Rugova, rejettent l’accord et exigent l’indépendance du Kosovo. Rugova réclame des frappes aériennes contre des objectifs militaires serbes et des troupes au sol.
jeudi 15 octobre
Les plus représentants de l’OTAN sont allés recueillir la signature de Milosevic sur le texte leur permettant de contrôler, au Kosovo, l’application des accords conclu. Ils estiment cependant que le retrait serbe est trop lent pour redonner confiance aux réfugiés. Les représentants de l’UCK accusent Belgrade de poursuivre ses exactions sur le terrain.
vendredi 16 octobre
Le Conseil de l’OTAN a prolongé de dix jours, jusqu’au 27 octobre, le délai accordé à Milosevic pour appliquer la résolution de l’ONU. Les préparatifs d’une frappe aérienne se poursuivent ainsi que les négociations sur la mise en place des 2 000 observateurs. Rugova affirme que « la police serbe ne s’est pas retirée du Kosovo ». Mais, dans la soirée, des sources serbes et albanaises ont fait état du départ de trois convois militaires de plus de 200 véhicules, des chars et des transports de troupes blindés en direction de la Serbie.
samedi 17 octobre
Les premiers membres de la Mission chargée de vérifier, au Kosovo, l’application de la résolution 1199 du Conseil de sécurité sont sur place, à Pristina. En tout, 25 personnes, ayant à leur tête un ancien général américain, John Sandrock, 150 observateurs, sur les 2 000 prévus, doivent les rejoindre dans les… 15 jours. Un accrochage entre policiers serbes et Kosovars albanais, à Lapusnik, à 40 kilomètres à l’ouest de Pristina, a fait trois morts et deux blessés du côté serbe. Les U-2 de l’OTAN ont commencé leurs survols de contrôle du territoire kosovar.
dimanche 18 octobre
Deux journalistes de l’agence gouvernementale yougoslave Tanjung sont portés disparus dans la région kosovare de Pristina.
nuit du dimanche 18 au lundi 19 octobre
Selon des sources concordantes, l’armée yougoslave a lancé une opération contre un village kosovar, non loin de Lapušnik. Cette action militaire a aussitôt provoqué une vigoureuse mise en garde du secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana.
lundi 19 octobre
Une équipe du HCR a constaté des mouvements de blindés serbes près d’un camp de 3 000 réfugiés. De son côté, le Centre des médias du Kosovo - proserbe - a fait état de dizaines d’attaques des partisans kosovars albanais dans la région de Pristina. A Belgrade, les ambassades allemande et néerlandaise ont été rouvertes, après une semaine de fermeture.
mardi 20 octobre
Loi serbe sur l’Information qui prévoit des peines sévères (plusieurs centaines de milliers de francs, recouvrement en 24 heures, confiscation des biens) pour atteinte à « l’ordre constitutionnel », rediffusion d’émissions étrangères « à caractère politique ou de propagande », information dite « mensongère ».
Une équipe médico-légale finlandaise est arrivée à Belgrade. Elle est mandatée par l’Union européenne pour enquêter sur les atrocités commises au Kosovo et aider à l’indentification des victimes.
mercredi 21 octobre
La « mission de vérification » de l’OSCE sera opérationnelle dans quelques semaines. C’est ce qu’a fait savoir Bronislaw Geremek. Pour l’instant, dix pays se sont engagés à fournir du personnel.
jeudi 22 octobre
Javier Solana, le secrétaire général de l’OTAN, a affirmé que Milosevic n’a toujours pas rempli la totalité de ses engagements en faveur du retour à la paix au Kosovo. Il reste cinq jours à Belgrade pour se conformer aux accords conclu. D’intenses combats à l’arme lourde ont encore eu lieu aux abords de Pristina.
vendredi 23 octobre
Selon le HCR, la destruction de village au Kosovo continue et la présence de la police et de l’armée serbe empêche toute sécurisation des habitants. La reprise des attaques de l’UCK, qui rejette l’accord, n’a rien arrangé.
dimanche 25 octobre
Le Conseil permanent de l’OSCE a décidé d’autoriser le « début immédiat du déploiement de la Mission de vérification au Kosovo ». Elle est établie « pour un an, avec une prolongation possible ». Au même moment, à Belgrade, les deux plus hauts responsables de l’OTAN ont rencontré Milosevic. La menace d’intervention militaire de l’OTAN reste en vigueur.
lundi 26 octobre
L’armée yougoslave a beaucoup bougé. Trois convois importants ont été repérés, quittant le centre du Kosovo pour rejoindre leurs casernements dans le Sud et dans le Nord. La police serbe aussi, qui a levé le barrage qu’elle maintenait à 25 kilomètres au sud-est de Pristina.
mardi 27 octobre
L’OTAN a décidé, à l’heure où expirait son ultimatum, de ne pas déclencher les raids aériens dont elle menaçait les Serbes. L’Alliance a cependant résolu de maintenir son dispositif militaire en place, prêt à intervenir à tout moment. L’ampleur du retrait des forces serbes et yougoslaves a été jugé « très positive ». Depuis deux jours en tout cas, on constate le retour d’un certain nombre de réfugiés dans leurs villages.
mercredi 28 octobre
La police spéciale serbe a quitté le village de Klecka, huitième et dernière localité du Kosovo que Milosevic a promis d’évacuer, le 25 octobre, lors de ses entretiens directs avec les responsables militaires de l’OTAN. Le HCR a pu constater « un grand changement » depuis la veille, « premier jour où l’on a vu des gens retourner réellement dans leurs foyers ». C’est la minorité serbe du Kosovo, maintenant, qui fait part de ses craintes.
jeudi 29 octobre
Plusieurs responsables américains sont entrés en contact avec les chefs de file de l’UCK pour les exhorter à respecter le cessez-le-feu afin de garantir la sécurité des vérificateurs déployés au Kosovo par l’OSCE.
vendredi 30 octobre
Selon Médecins du monde, « rien n’a changé » au Kosovo. Les exactions serbes se poursuivent et le retour des réfugiés s’avère très difficile. Des observateurs diplomatiques confirment qu’une unité de l’armée serbe est encore déployée aux environs de Klina, au nord de Prcevo. L’OTAN a, quant à elle, organisé une surveillance aérienne avec une vingtaine d’avions.
samedi 31 octobre
Un militaire français détaché au comité militaire de l’OTAN a été mis en examen et écroué à Paris pour « intelligence avec une puissance étrangère ». Commandant de l’Armée de l’air, Pierre Bunel est soupçonné d’avoir remis à des agents serbes des documents désignant les sites militaires yougoslaves qui seraient frappés par l’OTAN en cas de prolongement de la crise du Kosovo. Il aurait reconnu les faits et avoir agi par « sympathie proserbe ».
dimanche 1er novembre
L’UCK a condamné deux journalistes de l’agence officielle yougoslave Tanjung, qu’elle détient depuis deux semaines, à 60 jours de prison pour avoir « enfreint l’ordre militaire et civil intérieur établi par l’UCK ». C’est la première fois que l’UCK fait état d’une justice militaire.
lundi 2 novembre
En Yougoslavie, en juin dernier, une loi a supprimé l’autonomie de l’université, conférant aux doyens des facultés, nommés par le pouvoir, le droit de choisir les enseignants. Ce texte « augure d’un totalitarisme ouvert qui ne se cache même plus sous une feuille de vigne », estiment une douzaine de professeurs de la faculté électrotechnique qui viennent d’être interdits de cours. Ils avaient refusé de signer un nouveau contrat de travail qui constitue « un acte d’allégeance au régime ». La faculté a engagé des videurs pour empêcher les enseignants bannis d’assurer leurs cours.
mardi 3 novembre
Le vice-Premier ministre de la Serbie, Vojislav Seselj a participé à la session parlementaire de l’Union russo-biélorusse à Iaroslavl, afin de promulguer l’idée d’élargir cette Union à la Yougoslavie.
vendredi 6 novembre
Le leader des Albanais du Kosovo, Ibrahim Rugova, a déclaré qu’il poursuivait ses efforts pour former un « gouvernement » représentant « toutes les forces » kosovares. Il n’a pas mentionné l’UCK qui refuse de reconnaître son autorité. De son côté, l’UCK a annoncé l’instauration d’un « pouvoir civil » sur la partie de la province qu’elle contrôle, lequel facilitera son travail dans la « lutte contre les personnes irresponsables ». Plusieurs diplomates insistent sur le fait que cette division des Kosovars bloque autant les négociations que la mauvaise volonté serbe.
samedi 7 novembre
Quatre étudiants serbes, surpris à dessiner l’emblème de leur organisation sur un mur, ont été condamnés à dix jours de prison pour « résistance civile au pouvoir ».
dimanche 8 novembre
Un tract qui circule à Belgrade, signé par une organisation étudiante, invite la population à résister au régime de Milosevic. Une pétition réclamant la libération des quatre étudiants condamnés il y a deux jours circule aussi dans l’opposition. Un quotidien indépendant qui a reproduit le tract a été condamné, dans la soirée, à une amende de 1,2 million de dinars (670 000 francs).
lundi 9 novembre
Dans une interview à un journal espagnol, le président de l’OSCE, Bronislaw Geremek affirme que la mission de l’OSCE au Kosovo va rencontrer de sérieux problèmes de sécurité au printemps. L’insécurité viendra de « la faiblesse des garanties yougoslaves », mais aussi de « celles de l’UCK ». « Nous avons déjà l’impression qu’en ce moment, l’UCK reprend les positions abandonnées par la police et l’armée serbes. Cela permet à Milosevic de dire que le terrorisme agit et qu’il faut y répondre ».
mardi 10 novembre
L’OTAN a allégé son dispositif aérien au Kosovo. La mission de vérification de l’OSCE s’installe progressivement mais ne sera opérationnelle qu’à la fin novembre. Les incidents se multiplient entre l’UCK et les forces de police serbes. Deux policiers ont été tués.
vendredi 13 novembre
L’UCK a ouvert le feu sur un camion de l’armée yougoslave, faisant un mort et deux blessés. La fusillade s’est déroulée à Dulje, dans le sud du Kosovo. Depuis quelques jours, les incidents se multiplient, témoignant de la présence musclée de l’UCK, après le retrait de milliers d’hommes des forces serbes. L’organisation indépendantiste a repris le contrôle de plusieurs villages. La police serbe a également été renforcée. Selon un journal, le bilan de la semaine s’élève à 15 morts dans les deux camps. Par ailleurs, l’OTAN a adopté un plan d’opération pour une force d’intervention rapide de 1 700 hommes qui pourra prêter main forte aux vérificateurs de l’OSCE. Cette opération, baptisée « Garantie conjointe », sera dirigée au plus haut niveau par le général américain Wesley Clark et sur le terrain par le général français Marcel Valentin.
dimanche 15 novembre
Le président serbe, Milan Milutinovic, a invité les responsables politiques des Albanais du Kosovo, à une table ronde, le 18 novembre à Pristina, en présence des responsables internationaux, l’émissaire américain Christopher Hill, les ambassadeurs d’Autriche (pour l’Union européenne), de Chine et de Russie. Par ailleurs, 15 premiers Français et 12 Norvégiens sont arrivés au Kosovo dans le cadre du déploiement d’un corps de 2 000 vérificateurs.
lundi 16 novembre
Les Kosovars ont fait répondre à Milan Milutinovic que les conditions n’étaient toujours pas remplies pour engager des négociations sur l’avenir de la province. Pour Ibrahim Rugova, cette offre n’est qu’un « geste de propagande du régime serbe ».
mercredi 18 novembre
Qualifications pour l’Euro de football 2000 : au stade Crvena Zvezda de Belgrade, la Yougoslavie a battu l’Irlande un but à zéro.
vendredi 20 novembre
La neige a fait son apparition au Kosovo, bloquant l’acheminement des secours du HCR aussi bien que la Mission diplomatique d’observateurs dont les patrouilles blindées n’ont pu quitter le QG américain. L’UCK en a profité pour afficher sa supériorité sur le terrain : deux policiers serbes ont été tués et quatre autres blessés, dans la matinée, près de Decani, par des tirs de roquettes et à l’arme automatique.
jeudi 26 novembre
Le commandant en chef de l’armée yougoslave, le général Momčilo Perišić, qui désapprouvait les accords conclu sous la menace d’une frappe de l’OTAN, a été remplacé par son adjoint, le général Dragoljub Ojdanić.
lundi 30 novembre
Le procès pour génocide de Goran Jelisic (30 ans), qui se faisait surnommer « l’Adolf serbe de Bosnie », s’est ouvert devant le TPI de La Haye. Jelisic était le responsable du camp de Luka où des Croates et musulmans ont été détenus dans des conditions atroces entre mai et juillet 1992. Il reconnaît avoir tué au moins douze prisonniers mais plaide non coupable des accusations de génocide.
mercredi 2 décembre
Le général serbe bosniaque Radislav Krstic a été arrêté par la Sfor dans le secteur américain, à une quarantaine de kilomètres de Sarajevo. Le général Krstic, qui commande le 5e corps de l’armée des Serbes de Bosnie, figurait sur une liste de criminels de guerre tenue secrète par le TPI de La Haye afin de faciliter leur arrestation. Il est considéré comme les responsables des massacres de musulmans de Srebrenica (juillet 1995).
L’UCK est prête à reporter à plus tard son exigence d’indépendance du Kosovo, à condition qu’elle reçoive des garanties avant la signature du plan de paix américain prévoyant un statut intermédiaire. L’UCK n’acceptera le plan américain, cependant, que s’il prévoit le droit à l’autodétermination pour les albanophones du Kosovo « dans un proche avenir ».
jeudi 3 décembre
Les relations entre Belgrade et Washington ont pris un sérieux coup de froid, dans la soirée, avec l’adoption d’une déclaration virulente, au Parlement yougoslave, prêtant aux Etats-Unis l‘intention de renverser le président Milosevic et de prêter la main aux séparatistes du Kosovo.
vendredi 4 décembre
Le conseil permanent de l’OTAN a ordonné aux militaires de mettre en place, après l’accord officiel de la Macédoine, une force d’ « extraction » prêt à intervenir au Kosovo si les vérificateurs européens de l’OSCE se retrouvent en difficulté. Cette force de 1 700 hommes (700 Français, 350 Britanniques, 250 Allemands, 200 Italiens et 200 Néerlandais) est dirigée par le général français, Marcel Valentin.
dimanche 6 décembre
Une quarantaine de soldats de l’OTAN sont arrivés à Skopje pour préparer le pont aérien de la nuit.
nuit du dimanche 6 au lundi 7 décembre
L’armée de l’air française a commencé à acheminer vers la Macédoine des soldats et du matériel de la Force d’extraction de l’OTAN.
lundi 7 décembre
Le négociateur en chef des Kosovars, Fehmi Agani, considère comme « inacceptable » la dernière version du projet de règlement de la question du Kosovo préparée par le médiateur américain Christopher Hill. Les Albanais du Kosovo reprochent surtout à ce projet de « se rapprocher des exigences serbes », en particulier sur la composition de la police régionale et la compétence des tribunaux, visant à maintenir le Kosovo sous l’emprise de Belgrade.
Le général serbe bosniaque Radislav Krstic, l’un des principaux responsables du massacre des musulmans de Srebrenica, en juillet 1995, a comparu pour la première fois devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie. Il a plaidé non coupable.
mercredi 9 décembre
Les Serbes et les Albanais ont, chacun pour leur part, rejeté le projet d’accord sur le Kosovo élaboré par le médiateur américain Christopher Hill.
jeudi 10 décembre
Des policiers des Nations unies déployés depuis le début de la semaine à Stolac, dans le sud de la Bosnie, pour surveiller le travail de la police locale à la suite de nombreux attentats visant des maisons de réfugiés musulmans venus se réinstaller chez eux, ont été attaqués par la population locale, alors qu’ils tentaient d’inspecter le commissariat. Ils ont dû être évacués sous escorte de la Sfor.
dimanche 13 décembre
Le président yougoslave, Slobodan Milosevic, a lancé, par médias interposés, un avertissement à la force de l’OTAN concernant la mise en place en Macédoine pour protéger ses observateurs au Kosovo : « S’ils pénètrent sur notre territoire, nous considérerons cela comme un acte d’agression ».
lundi 14 décembre
36 séparatistes albanais du Kosovo ont été tués par des gardes-frontières yougoslaves, alors qu’ils tentaient de s’infiltrer au Kosovo, en provenance d’Albanie. Ils étaient armés et portaient des uniformes de l’UCK. Une douzaine d’autres ont été blessés et 9 arrêtés au cours de l’accrochage qui a duré plusieurs heures. Les gardes yougoslaves ont saisi une importante quantité d’armes et de matériel militaire.
Trois membres de l’ambassade de France à Belgrade ont été tués dans un accident de la route au Kosovo, à une dizaine de kilomètres au nord de Pristina.
mardi 15 décembre
Le TPI a demandé aux autorités de Belgrade de lui déférer trois ex-officiers yougoslaves, inculpés pour leur rôle dans le massacre de quelque 260 hommes non serbes peu après la chute de Vukovar, dans l’est de la Croatie, en novembre 1991. La Cour militaire de Belgrade a engagé une procédure à l’encontre de ces trois officiers, Mile Mrksic, Veselin Sljivancanin et Miroslav Radic. Mais pour le TPI cette procédure « manque d’impartialité et d’indépendance et n’a d’autre but que de soustraire les accusés à la justice internationale ».
jeudi 17 décembre
A la suite de l’attaque au cours de laquelle les six Serbes avaient été tués à Pec, la police serbe est intervenue à Kapesnica et à Glodjane. Deux Albanais, armés, ont été tués et 14 autres arrêtés. Par ailleurs, Zvonko Bojanic, adjoint (serbe) au maire de Kosovo Polje, banlieue sud de Pristina, a été enlevé par cinq hommes masqués et armés portant des uniformes de l’UCK.
vendredi 18 décembre
Zvonko Bojanic a été retrouvé mort, dans la matinée, sur la route Pristina-Pec.
lundi 21 décembre
Plus de 20 000 personnes sont toujours portées disparues en Bosnie depuis la fin de la guerre, en 1995. Le CICR a enregistré 20 058 demandes de recherches dont 16 654 concernent des Musulmans, 2 459 des Serbes et 687 des Croates. Il y a aussi 258 demandes de recherches pour des personnes dont l’appartenance ethnique n’a pas été précisée.
Dans le nord du Kosovo, un policier serbe a été assassiné à Podujevo.
mercredi 23 décembre
Match amical de football : au stade National de Ramat Gan, Israël a battu la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) deux buts à zéro.
jeudi 24 décembre
Les forces serbes ont lancé une vaste opération (6 chars T55 et 20 véhicules blindés) pour écraser l’un des bastions de l’UCK. Du coup, cette dernière a rompu la trêve qu’elle observait depuis octobre. Les observateurs internationaux n’ont rien pu faire. Les Serbes ont attaqué le village de Gornja Lapastica, dans la région de Podujevo (nord du Kosovo). L’opération a fait huit morts côté albanais, et au moins deux blessés dans les rangs serbes.
vendredi 25 décembre
De nouveaux combats ont éclaté dans la région de Podujevo.
samedi 26 décembre
Les combats se poursuivent au Kosovo : un Serbe de 65 ans a été tué par l’UCK, à l’entrée d’Obrandza.
lundi 28 décembre
A Tirana, le Parlement albanais a adopté à l’unanimité une demande d’intervention de l’OTAN au Kosovo.
mardi 29 décembre
5 Albanais ont été tués lors d’incidents l’un au nord du Kosovo, à Kosovska Mitrovica, un second au sud, à Prizren et le troisième sur la route Pec-Decani. Cela porte à 25 morts le bilan de la reprise des combats depuis le 24 décembre. L’OTAN a rappelé que son ordre d’intervention, suspendu depuis l’accord d’octobre, n’est pas caduc et que l’organisation est prête à intervenir si la trêve n’est pas rétablie au Kosovo.
Erection du premier monument érigé sur la base de la loi croate adoptée en 1996 sur l’identification des fosses communes de la guerre d'indépendance : ce mémorial a été inauguré à Ovcara, au sud-est de Vukovar, à la mémoire des 264 Croates massacrés par les Serbes le 21 novembre après la chute de Vukovar.
jeudi 31 décembre
La Yougoslave Olivera Jevtic a remporté à São Paulo la traditionnelle Corrida de la Saint-Sylvestre (course de 15 kilomètres).