jeudi 1er janvier
Un communiqué du ministère albanais des Affaires étrangères condamne la violence déployée par la police serbe au Kosovo contre les étudiants albanais de souche. « Les mauvais traitements vont à l'encontre de la volonté d'européaniser les Balkans que Belgrade a soutenue lors du sommet balkanique de Crête ».
samedi 24 janvier
La situation est considérée comme explosive au Kosovo, où les incidents interethniques se multiplient depuis trois semaines (trois morts et plusieurs blessés). Après le rejet, par Belgrade, d'une initiative franco-allemande invitant Milosevic à accorder un « statut spécial » à cette région, l'Union européenne doit se pencher sur le dossier cette semaine. Les Albanais du Kosovo craignent une intervention conjointe de la police et de l'armée serbes dans le centre de la province, qui serait actuellement contrôlé par une organisation clandestine, l'Armée de libération du Kosovo.
mercredi 28 janvier
A Kamenica, au Kosovo, un policier serbe a abattu un jeune Albanais de souche de 17 ans, qui vendait des cigarettes, d'une balle dans la tête tirée à bout portant.
jeudi 29 janvier
Près de 20 000 personnes ont assisté à Kamenica à l'enterrement du jeune Albanais décédé la veille. La cérémonie, aux accents politiques, s'est déroulée sans incident, la police ayant déserté la ville.
jeudi 19 février
Un policier serbe de 34 ans a été tué dans une embuscade tendue par un groupe armé albanais, dans l'après-midi, à 40 kilomètres au nord de Pristina, le chef-lieu du Kosovo. L'attentat pourrait avoir été commis par « l'Armée de libération du Kosovo », qui invite la majorité albanaise de la province à conquérir par la violence l'indépendance que lui refuse le pouvoir serbe.
samedi 28 février
Au Kosovo, à 11 h 20, des policiers serbes ont été attaqués à Likosane, sur la route entre Glogovac et Srbica et ont riposté ; deux policiers et cinq assaillants ont été tués. Sept villages ont fait l'objet d'opérations de ratissage par la police serbe, faisant 24 morts. Sept personnes auraient trouvé la mort à Cirez, dans une maison, mitraillée par un hélicoptère de la police. Il s’agit là de l’acte de naissance de la guerre au Kosovo.
dimanche 1er mars
Des mouvements de blindés serbes ont été signalés au Kosovo, où 40 000 policiers sont déjà en place. Les forces serbes ont massacré plusieurs familles liées aux indépendantistes dans les villages de Kirz, Likoshanë et Prekaz.
lundi 2 mars
Des centaines de policiers des unités anti-émeute mobilisés par le gouvernement de Belgrade, sont violemment intervenus à Pristina contre une manifestation qui rassemblait plusieurs dizaines de milliers de personnes aux cris de : « Nous donnerons nos vies mais nous n'abandonnerons pas le Kosovo ». Elle avait été convoquée par les partis albanais. D'abord dispersés au canon à eau, les manifestants ont ensuite été pourchassés, chargés à coup de matraque. A leurs fenêtres, des Serbes encourageaient les policiers du geste... A Genève, le « gouvernement » du Kosovo en exil appelle les Nations unies à l'aide.
mardi 3 mars
La tension reste vive au Kosovo où les Albanais de souche ont observé une journée de deuil pour enterrer les victimes des affrontements du week-end dans la région de Drnica, interdite à la presse par la police serbe pour des « raisons de sécurité ». A Pristina, la plupart des magasins sont fermés, ainsi que les écoles albanaises et les rues sont quasiment désertes. Par la voix de son commissaire aux relations extérieures, Hans van den Broek, l'Europe a adressé une sévère mise en garde au président yougoslave, Slobodan Milosevic, sommé de « restaurer » l'autonomie dont il a privé les Albanais du Kosovo.
mercredi 4 mars
L'UCK s'est promis de « venger » les 25 victimes des affrontements des derniers jours. Pour éviter que la situation explosive qui règne au Kosovo ne débouche sur un bain de sang, les ministres des Affaires étrangères des six pays du « groupe contact sur l'ex-Yougoslavie » (Allemagne, Italie, Russie, Etats-Unis, France et Grande-Bretagne) se réuniront le 9 mars, en urgence, à Londres. Robert Golbard, le principal émissaire américain dans les Balkans, a implicitement menacé Slobodan Milosevic de représailles militaires s’il persiste dans son intransigeance à l'égard du Kosovo, qui constitue un encouragement à la guerre civile. Deux attaques ont été dirigées dans la soirée contre un poste de police et une patrouille à Pristina. Il n'y aurait pas eu de victimes.
jeudi 5 mars
A l'aube, la police et l'armée serbes ont investi trois villages de la région de Srbica (centre du Kosovo), considérée comme le sanctuaire des extrémistes de l'UCK. Appuyées par des hélicoptères, les forces serbes (une centaine d’hommes) sont arrivées à bord de plusieurs autobus et de véhicules blindés. Elles ont procédé, dans les trois villages, à des ratissages officiellement justifiés, à Belgrade, par la recherche de « caches d'armes ». Le déploiement des forces serbes s'est accompagné de tirs nourris d'armes automatiques. Des responsables locaux ont parlé de « colonnes de femmes et d'enfants fuyant la région de Drenica devant les assauts des forces de l'ordre serbes ». Dans l'après-midi, on signalait le village de Prekaz, en flammes et diverses sources locales affirment qu'une dizaine d'autres villages de la région, « virtuellement albanaise à 100 % », ont été la proie des bombardements serbes au canon et au lance-roquettes, qui ont fait de nombreuses victimes. 58 membres du clan Jashari ont été tués (dont les chefs du clan Adem Jashari et Hamëz Jashari, ainsi que 18 femmes et 10 enfants). 2 policiers serbes ont perdu la vie et 7 autres ont été blessés.
vendredi 6 mars
Les forces de police serbes poursuivent leurs opérations dans le centre du Kosovo. Le quotidien local de langue albanaise, Koha Ditore, affirme que plusieurs villages sont maintenant « sous un blocus de fer » et qu'un criminel de guerre serbe bosniaque, Milenko Radmilic, a été vu dans le nord de la province en uniforme de la police serbe. Relâché d'une prison de Brcko, dans le nord de la Bosnie, il est arrivé à la tête d'une unité d'anciens combattants serbes bosniaques venus de Zvornik, dans l'est de la Bosnie. Ibrahim Rugova, le leader des Albanais de la province, dénonce le « nettoyage ethnique » pratiqué par Belgrade et demande une protection internationale pour le Kosovo. Déjà, de nombreux villageois de la région de Drenica ont fui leurs maisons et le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, à Genève, explique que la situation actuelle au Kosovo rappelle celui de la Bosnie en 1992. En Albanie, 20 000 personnes ont manifesté dans les rues de Tirana pour exiger la fin de la répression menée par les forces de l’ordre serbes contre les Albanais du Kosovo. Les manifestants réclament que la communauté internationale fasse pression sur Belgrade. Les Etats-Unis ont déjà pris une première série de mesures de rétorsion contre la Serbie, en annulant certains avantages qui lui avaient été accordés pour son concours dans l'application de l'accord de Dayton, en Bosnie. La Russie, elle, a officiellement manifesté son opposition à toute « ingérence extérieure directe » en Yougoslavie.
samedi 7 mars
Les Serbes ont continué leurs opérations contre ceux qu'ils appellent les « terroristes » albanais. En cette fin de semaine, un premier bilan des attaques et des bombardements serbes avancé par un quotidien local fait état de près de 100 morts. Et la Ligue démocratique du Kosovo, le principal parti albanais, estime que 5 000 personnes auraient déjà fui la région de Drenica. Le ministère de l'Intérieur serbe a interdit à toutes les organisations humanitaires, y compris la Croix Rouge de se rendre dans cette région. A l'issue d'un entretien à Rome avec Lamberto Dini, le chef de la diplomatie italienne, Madeleine Albright, a déclaré que « la Serbie devait payer le prix fort pour son action au Kosovo ».
dimanche 8 mars
A l'occasion de la Journée internationale de la femme, plusieurs milliers d'Albanaises ont protesté à Pristina contre la violence de la police serbe, dont les opérations se poursuivent. Dans l'après-midi, la police a attaqué trois villages de la région de Drenica en utilisant « toutes sortes d'armes », affirme la LDK. Auparavant, des diplomates étrangers avaient été autorisés pour la première fois à se rendre à Prekaz. Ils y ont vu un spectacle « sinistre » et comparent Prekaz à « une ville fantôme ». Des membres de la Croix-Rouge internationale ont également pu entrer dans la région de Drenica pour s'enquérir des besoins de la population. Environ 3 500 Albanais fuyant le Kosovo sont arrivés, au cours des dernières 48 heures, au Monténégro. Tous les partis politiques albanais ont appellé à une manifestation pacifique pour le 9 mars, malgré l'interdiction de tous les rassemblements. Slobodan Milosevic, qui recevait le chef de la diplomatie turque, Ismail Cem, a répété qu'il n'avait pas l'intention de céder et qu'il était « résolument » hostile à toute « ingérence » extérieure dans l'affaire du Kosovo. Dans la soirée, les autorités serbes ont transféré 62 corps de la morgue de Pristina vers Srbica. Parmi les victimes : 14 femmes et 12 enfants.
lundi 9 mars
Les manifestations se sont multipliées au Kosovo, à l'appel des partis politiques albanais, pour protester pacifiquement contre « la violence et la terreur serbes ». Malgré l'interdiction de tout rassemblement, les forces de police serbes ne sont intervenus ni à Pristina, ni à Gnjilane, ni à Kosovska Mitrovica. En revanche, les manifestants ont été violemment dispersés à Pec, à Klina et à Istok. Dans l'immédiat, Belgrade a fait savoir que l'essentiel de ses opérations contre les séparatistes de la région de Drenica a pris fin. Par ailleurs, réunis à Londres, les six pays du Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie ont décidé d'appliquer immédiatement à la Yougoslavie (Serbie et Monténégro) un certain nombre de sanctions (embargo sur les armes, suppression des visas pour les hauts responsables serbes de la répression et le retrait immédiat de l'aide financière destinée au commerce yougoslave, ainsi que l'arrêt des investissements directs en République fédérale de Yougoslavie). Les six donnent dix jours au président Milosevic pour retirer du Kosovo les unités de la police spéciale serbe, faute de quoi il s'exposera à des sanctions supplémentaires.
mardi 10 mars
Les Albanais du village de Prekaz, où les policiers serbes ont concentré l'essentiel de leurs interventions contre des séparatistes refusent d'enterrer leurs morts. Ils exigent que des autopsies soient d'abord pratiquées par des médecins légistes étrangers, afin de déterminer les causes exactes de ces décès. Le Comité international de la Croix-Rouge a demandé en vain l'accès aux localités touchées par les opérations policières. Un médecin serbe a confié, après avoir vu les corps : « Jamais, dans ma carrière, je n'avais vu de cadavres dans cet état, et je ne souhaite plus en voir sinon j'abandonne ma profession... » Dans la soirée, Belgrade a fini par accepter le dialogue exigé par les Albanais du Kosovo. « Le dialogue, admet le gouvernement serbe, est la seule façon d'améliorer les processus politiques ». Par ailleurs, les victimes des opérations policières ont été ensevelies dans la soirée à la va-vite sur ordre des autorités serbes.
mercredi 11 mars
Ibrahim Rugova, le « président » de la « République » autoproclamée du Kosovo a fait savoir qu'une « solution politique dans le cadre de la Yougoslavie n'est pas une solution. Une autonomie ne serait que source de nouveaux conflits. La meilleure solution pour le Kosovo est la reconnaissance de son indépendance ». Rugova rejoint donc désormais son opposition, dont les diverses composantes tenaient ce discours depuis longtemps. C'est le cas du Parti parlementaire du Kosovo (PPK, radical), dont le leader, Adem Demaçi, affirme qu'Ibrahim Rugova ne peut accepter de négocier avec Belgrade sans consensus de toutes les forces politiques albanaises. Par ailleurs, les victimes des opérations policières, ensevelies la veille, ont été exhumées par leurs familles qui les ont enterrées selon un rite musulman.
jeudi 12 mars
La dialogue annoncé entre les Albanais du Kosovo et le gouvernement serbe n'est toujours pas engagé. La délégation venue de Belgrade à Pristina et dirigée par le vice-Premier ministre serbe, Ratko Markovic, n'a pas trouvé aucun interlocuteur. Les Albanais exigent une caution internationale que les Serbes rejettent comme une ingérence étrangère.
vendredi 13 mars
Plus de 50 000 Albanais du Kosovo sont descendus dans la rue pour manifester contre le pouvoir serbe, accusé de génocide. Après une heure, les manifestants se sont dispersés sans avoir été inquiétés par la police. Une nouvelle proposition serbe de négociation - écrite cette fois - a subi la même fin de non recevoir que la veille. Pour marquer sa détermination, Ibrahim Rugova a lancé un appel « à un engagement plus profond et plus rapide de la communauté internationale ». Le Monténégro a demandé à être exempté d'éventuelles sanctions occidentales contre la Yougoslavie.
samedi 14 mars
Les dirigeants albanais du Kosovo ont lancé un défi à Belgrade en décidant de maintenir au 22 mars des élections générales non reconnues par les autorités serbes.
dimanche 15 mars
Plus de 20 000 personnes ont rendu silencieusement hommage, dans le centre de Pristina, aux 80 victimes des récentes opérations de la police serbe dans la région de Drenica. Il y avait très peu de policiers sur le parcours des manifestants qui arboraient des portraits de Mère Teresa (d'origine albanaise) ou tenaient des bougies allumées.
lundi 16 mars
2 000 Albanaises de souche ont quitté Pristina pour une marche de 50 kilomètres vers Drenica. Armées de miches de pain symbolisant la solidarité et brandissant des pancartes où l'on pouvait lire, en anglais, « Nous sommes une nation en danger » ou « Drenica, nous arrivons », elles ont été bloquées par un barrage de policiers dès les faubourgs serbes de Pristina. Selon des sources albanaises, les Serbes empêchent même la Croix-Rouge d'apporter de l'aide à Drenica, où plusieurs villages restent isolés par un cordon policier. Pour leur part, les responsables politiques albanais maintiennent leur refus de tout dialogue avec Belgrade sans médiation internationale.
mardi 17 mars
Le ministre yougoslave des Affaires étrangères, Zivadin Jovanovic, a redit son opposition à toute ingérence étrangère concernant le Kosovo, à l'issue d'une rencontre avec le chef de la diplomatie russe, Evgueni Primakov.
mercredi 18 mars
Plus de 50 000 Albanais de souche ont manifesté à Pristina « pour la paix, contre la violence et la terreur serbe ». Des manifestations semblables ont eu lieu dans de nombreuses autres villes de la province, à l'appel des leaders politiques albanais. Des sources serbes parlent de nombreux « incidents ». Selon des sources albanaises, la police serbe aurait ouvert le feu à Pec, tuant un homme et blessant au moins cinq autres personnes. Les Etats-Unis ont menacé de prendre des « mesures supplémentaires » contre la Yougoslavie « si Belgrade refuse de répondre aux très raisonnables critères avancés pour résoudre la crise » qui met tout l'équilibre des Balkans en péril.
jeudi 19 mars
Vers midi, 20 000 à 50 000 personnes se sont réunies dans le centre-ville de Pristina pour demander le retrait des forces de police serbe. Mais deux heures plus tard, plus de 50 000 Serbes, la plupart venus en cars du sud du pays prenaient à leur tour possession des rues de la ville pour refuser l'indépendance du Kosovo. A la tête de chacune de ces deux manifestations, restées pacifiques, malgré la tension, des jeunes, des étudiants, qui ont su entraîner et dire les aspirations contradictoires des deux populations. A Belgrade, les ministres des affaires étrangères français, Hubert Védrine, et allemand, Klaus Kinkel, ont rencontré les présidents de la République de Serbie, Mulitinovic, et de Yougoslavie, Milosevic. Ils ont lancé un appel au calme. Milosevic aurait promis de retirer les forces spéciales de police du Kosovo. Il va y envoyer son propre émissaire. Mais il a refusé la médiation de l'ancien Premier ministre espagnol Felipe Gonzalez, proposée par les Européens. L'émissaire américain, Michel Gelbard, qui les avait précédés, a joué à nouveau de la menace de sanctions contre la Yougoslavie en assurant à ses voisins qu'ils n'en souffriraient pas.
vendredi 20 mars
Le Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie, réuni à Bruxelles pour apprécier les gestes de Belgrade susceptibles de calmer la tension au Kosovo, estime que « c'est trop peu et trop tard ». Les tractations se poursuivent néanmoins et l'ONU, se rendant aux arguments russes, remet à plus tard le vote attendu sur les sanctions.
samedi 21 mars
La police serbe a saisi au Kosovo 100 000 bulletins de vote destinés aux élections organisées le 22 mars par la communauté albanaise. Le ministère serbe de l'Intérieure a fait savoir que les autorités de Belgrade ne reconnaissaient pas ces élections.
nuit du samedi 21 au dimanche 22 mars
Réimpression des bulletins interceptés la veille par la police serbe.
dimanche 22 mars
Tous en les déclarant « illégaux », Belgrade n'a pas tenté d'empêcher le déroulement des élections générales chez les Albanais du Kosovo. Il n'y a eu que quelques incidents, qui n'ont guère perturbé le scrutin. La participation a été très importante (85 %), malgré les consignes de boycottage de plusieurs formations qui estimaient préférable de reporter la consultation à plus tard, en raison des évènements. Candidat à sa propre succession, le « président » Rugova y puise une légitimité nouvelle pour contraindre Belgrade au dialogue (de même pour les 130 parlementaires élus). Les autorités yougoslaves ont refusé les visas à une délégation américaine, dans laquelle figuraient trois membres du Congrès, qui voulait se rendre au Kosovo. La délégation est restée bloquée en Macédoine.
lundi 23 mars
Les autorités serbes (Ratomir Vico, ministre sans portefeuille), les dirigeants albanais du Kosovo (Fehmi Agani, conseiller d'Ibrahim Rugova) et le médiateur Mgr Vincenzo Paglia (représentant de la communauté catholique romaine Sant'Egidio) ont signé un calendrier sur le retour des élèves albanais dans les établissements d'enseignement officiels. Deux obstacles à l'application de l'accord sont toutefois apparus. Le collège des enseignants de l'université serbe du Kosovo, qui n'a pas participé aux négociations, l'a rejeté, tout comme le recteur serbe de l'université de Pristina. Ils ont pu y être encouragés par la présence de 20 000 à 40 000 manifestants serbes dans les rues de Pristina, pour la seconde fois en moins d'une semaine. L'accord laisse bien des points dans l'ombre, à commencer par les programmes.
mardi 24 mars
De nouveaux affrontements se sont produits au Kosovo entre policiers serbes et Albanais de la province. Un policier a été tué et un autre grièvement blessé, lors de l'attaque de leur patrouille dans un village de l'ouest. Selon Belgrade, la police aurait capturé l'un des « terroristes », qui a avoué appartenir à un groupe infiltré au Kosvo depuis l'Albanie. Les forces de l'ordre serbes ont, par la suite, investi plusieurs villages, procédé à des fouilles et à des arrestations (deux Albanais ont été tués). Pour sa part, Ibrahim Rugova a chargé une équipe de préparer une « plate-forme de négociation » avec les représentants de Milosevic. Cette équipe est composée de 15 personnes parmi lesquelles Rugova désignera les négociateurs. Le Premier ministre serbe, Mirko Marjanovic, a déclaré que son gouvernement était déterminé à combattre « le séparatisme et le terrorisme » dans la province.
mercredi 25 mars
Réunis à Bonn (Allemagne), les six pays du Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie ont accordé un nouveau délai à Belgrade pour engager le dialogue au Kosovo. Mais, à Pristina, le « Président » Rugova renforcé par sa réélection radicalise son discours. Pour la neuvième fois, les Albanais ont boudé la délégation conduite par le vice-Premier ministre serbe Ratko Markovic, arrivée à Pristina le 12 mars... 4 000 femmes ont de nouveau manifesté silencieusement dans la capitale kosovare pour exiger la fin de la « terreur serbe ».
jeudi 26 mars
L'armée albanaise a entrepris des « préparatifs » pour parer à une attaque yougoslave qui pourrait résulter de la crise actuelle au Kosovo. C'est ce qu'a révélé, à Stockholm (Suède), le ministre albanais des Affaires étrangères. Selon lui, l'OTAN a promis son aide à l'Albanie et doit lui envoyer des instructeurs pour conseiller l'armée en matière de contrôle des frontières.
vendredi 27 mars
Bronislaw Geremek, ministre polonais des Affaires étrangères et président de l'OSCE, était à Pristina et à Belgrade, pour tenter de débloquer la situation au Kosov. Il a posé trois questions précises à Milosevic (qui l'a reçu, ce que ce dernier a refusé à l'émissaire américain Robert Gelbard), mais ne semble pas avoir obtenu de réponse.
lundi 30 mars
Le Premier ministre albanais, Fatos Nano, estime que le Kosovo devrait obtenir « un statut de République égal à celui dont jouit le Monténégro au sein de la Yougoslavie », ce qui permettrait de « s'ouvrir aux pays voisins », y compris à l'Albanie et à l'Europe. Pour autant, estime-t-il, le Kosovo « ne devrait pas avoir le droit à la sécession ».
mardi 31 mars
Les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU se sont mis d'accord pour voter un embargo sur les armes à l'encontre de Belgrade. Le projet de résolution demande aussi aux Serbes de retirer leurs forces de sécurité du Kosovo et de mettre fin à la répression contre les civils. Déjà, l'institut d'albanologie de Pristina a été restitué par les autorités serbes à la communauté albanaise.
jeudi 2 avril
Serbes et Albanais du Kosovo restent intransigeants malgré toutes les tentatives de médiation ou de pression. Belgrade, pour sa part, dénonce l'embargo sur les armes pour la Yougoslavie voté par le Conseil de sécurité. Le président Milosevic propose qu'un référendum soit organisé en Serbie pour décider ou non d'une médiation étrangère au Kosovo.
lundi 6 avril
Le référendum qui donnerait aux Serbes la possibilité de refuser une médiation internationale pour le règlement de la crise du Kosovo pourrait avoir lieu le 22 avril. Le Parlement serbe a voté une loi autorisant la tenue d'un tel référendum dans les 15 jours. En attendant, Milosevic a renoncé (provisoirement) à donner l'assaut contre les villages de la Drenica, où est concentrée la résistance albanaise armée. A Pristina, le leader des Albanais a nommé une équipe de quatre négociateurs en vue d'éventuelles discussions avec la République fédérale de Yougoslavie. Les représentants albanais ne veulent discuter qu'à ce niveau. Ce jour, ils ont encore rejeté une offre de discussions avec le président de Serbie, Milan Milutinovic.
mardi 7 avril
Le président serbe, Milan Milutinovic, est rentré bredouille de Pristina. Comme les neuf fois précédentes, les albanais du Kosvo ne sont pas venus au rendez-vous, car ils ne veulent négocier qu'avec les autorités de la République fédérale de Yougoslavie.
jeudi 9 avril
30 000 Albanais du Kosovo ont défilé à Pristina en présence d'un important déploiement de policiers serbes. Ils réclament « paix, indépendance et liberté » pour le Kosovo. 14 organisations les appellent à se manifester chaque jour pendant une demi-heure dans les rues de la capitale, pour « témoigner de leur présence au Kosovo et de leur détermination d'y rester ».
vendredi 10 avril
20 000 Albanais ont manifesté pacifiquement à Pristina, avec slogans et drapeaux.
samedi 11 avril
Des milliers d'Albanais ont de nouveau manifesté dans le calme dans une dizaine de villes du Kosovo. A Pristina, les 10 000 manifestants, sans pancartes ni slogans, ont gagné le siège des autorités serbes avant de se disperser.
mercredi 15 avril
La Commission des droits de l'homme de l'ONU estime que les progrès pour résoudre la crise au Kosovo ont été « minimes ». Un rapport, publié à Genève, qualifie de « grave » la situation qui prévaut, car, si le degré de violence a diminué, il n'a pas disparu. La Ligue démocratique du Kosovo affirme que la répression policière se poursuit dans certaines régions, « afin de provoquer la panique parmi la population albanaise pour qu'elle quitte ses foyers ». Par ailleurs, comme chaque jour, 8 000 Albanais ont défilé dans l'avenue centrale de Pristina, sans slogan ni banderole, bloquant la circulation pendant une demi-heure sans intervention de la police.
nuit du mercredi 15 au jeudi 16 avril
Incidents à la frontière entre l'Albanie et la Yougoslavie, où l'armée fédérale yougoslave a du ouvrir le feu. Selon la version de Belgrade, une de ses unités a été prises sous le feu de « terroristes » albanais qui tentaient d'entrer clandestinement en Yougoslavie, dans les montagnes de Jnic (au sud-ouest du Kosovo). Selon l'armée, les soldats yougoslaves « ont saisi une grande quantité d'armes, de munitions et d'autres équipements terroristes ». Citant des « sources informées », le quotidien de Belgrade Vecernje Novosti affirme que deux Albanais ont été tués, plusieurs autres blessés et que deux des « terroristes » ont été capturés.
jeudi 16 avril
Nouvelle protestation « très ferme » de la part de Belgrade vis-à-vis de Tirana, justifiée, cette fois, par les incidents de la nuit à la frontière entre les deux pays : « De tels incidents peuvent avoir de graves conséquences et la partie albanaise en porte toute la responsabilité ». Le Premier ministre albanais, Paskal Molo, met en doute la version yougoslave et explique : « En l'absence de pas concrets vers un règlement de la crise au Kosovo, la partie serbe fait l'impossible pour créer ce genre d'incidents ». Un conseiller militaire de Tirana affirme de son côté qu'il s'agit d’un « incident monté par Belgrade afin d'accréditer l'idée que l'Albanie incite au conflit et au terrorisme ». L'Albanie ajoute, pour preuve de sa bonne foi, qu'elle a souhaité l'envoi d'une commission sur place afin d'enquêter sur l'incident mais qu'elle en a été empêchée par les Yougoslaves. L'armée yougoslave prétend le contraire : « Une commission mixte s'est rendue sur les lieux ». Au Kosovo, Ibrahim Rugova parle de « provocation » et assure que ce n'est pas la première fois que l'armée yougoslave est impliquée dans la crise au Kosovo. Ce que Belgrade refuse d'admettre.
vendredi 17 avril
Pour la première fois, Ibrahim Rugova, a invité « les représentants de Belgrade à rencontrer le groupe de négociation albanais en terrain neutre, en présence d'une partie tierce ». Depuis plus d'un mois, les dirigeants serbes tentent d'avoir des discussions avec les représentants des Albanais du Kosovo mais ces derniers ne sont venus à aucun des onze rendez-vous proposés par Belgrade.
samedi 18 avril
La manifestation quotidienne des habitants de Pristina s'est déroulée dans le plus grand calme.
dimanche 19 avril
La situation se tend de plus en plus au Kosovo. Des mouvements militaires de l'armée yougoslave ont, pour la première fois, été observés, dans la matinée, près de la frontière avec l'Albanie. Une dizaine de camions transportant des soldats et tractant des canons ont pris position sur les hauteurs de Decani, incitant les habitants à quitter leurs villages. Cette mobilisation suit l'annonce, par la presse serbe, d'un incident au cours duquel trois civils serbes auraient été attaqués et blessés par « des terroristes albanais armés ».
mardi 21 avril
L'armée yougoslave a renforcé sa présence dans l'ouest du Kosovo, la police serbe tenant les journalistes à distance des cantonnements militaires établis sur les hauteurs de la ville de Decani. L'ouest du Kosovo a été le théâtre d'affrontements, ces jours-ci, entre les gardes-frontières yougoslaves et des hommes en armes venant d'Albanie et tentant d'entrer clandestinement au Kosovo.
mercredi 22 avril
Expiration de l'ultimatum de la communauté internationale exigeant l'ouverture d'un dialogue entre Belgrade et responsables albanais du Kosovo. Par ailleurs, des camps de réfugiés serbes ayant fui la Croatie en 1995 ont été attaqués à Babaloc (un village du Kosovo à la frontière albanaise). Le HCR confirme que ces camps sont l'objet d'attaques renouvelées depuis quelques temps. La police serbe est intervenue et a ouvert le feu au mortier contre ce village, faisant planer, selon le « président » des Albanais du Kosovo, le « danger d'un massacre ».
nuit du mercredi 22 au jeudi 23 avril
Un affrontement s'est produit entre l'armée yougoslave et un groupe de 200 personnes armées venus d'Albanie et qui tentaient de franchir clandestinement la frontière : 26 personnes auraient été tuées. Le centre de presse (serbe) de Pristina affirme que ces hommes armés sont des Albanais du Kosovo « entrainés dans des bases secrètes dans le nord de l'Albanie ».
jeudi 23 avril
Référendum en Serbie sur la question : « Acceptez-vous une participation de représentants étrangers au règlement des problèmes au Kosovo ? ». L'opposition a appelé au boycottage de la consultation. Ceux qui choisiront le « oui » seront considérés comme des « traitres à la nation ». 95 % des votants ont dit « non ». Par ailleurs, selon la Ligue démocratique du Kosovo, des échanges de tirs se sont poursuivis dans la journée près de Babaloc.
vendredi 24 avril
La tension continue à monter entre Tirana et Belgrade. L'Albanie a placé l'armée et la police en état d'alerte maximale dans le nord-est, la région limitrophe du Kosovo. Au Kosovo, les Albanais dénoncent les bombardements de villages dans l'ouest de la province. Le village de Zerze, bastion présumé de séparatistes dans la Drenica, est bloqué par les forces de police. Des armes automatiques auraient été distribuées par la police aux civils serbes, à Pec, dans le nord...
samedi 25 avril
Le Conseil suprême de défense d'Albanie, dirigé par le président albanais, a pris une série de mesures pour renforcer la sécurité de sa frontière avec la Yougoslavie, le long de laquelle ses troupes ont commencé à manœuvrer.
dimanche 26 avril
L'Albanie, qui avait jusqu'alors adopté une attitude attentiste, a pris fait et cause pour la « résistance armée » des Albanais du Kosovo qu'elle qualifie d'« action d'autodéfense contre la violence pathologique et traditionnelle serbe ». Dans son discours diffusé par la télévision, le président albanais Fatos Nano a révélé que le sort de la province serbe était désormais une priorité de son gouvernement. Il a appelé chacun à remplir ses devoirs et à défendre les intérêts nationaux.
lundi 27 avril
Ratko Markovic, le vice-Premier ministre de Serbie, qui dirige la délégation chargée d'engager des négociations avec les Albanais du Kosovo, propose à ceux-ci d'élaborer conjointement un cadre pour le dialogue, qui ne préjugera d'aucune solution.
mardi 28 avril
« Le terrorisme s'intensifie au Kosovo, faute de dialogue », c'est ce qu'a déclaré, à Pristina, le chef de la délégation serbe, à l'issue de la treizième tentative infructueuse pour rencontrer les leaders albanais de la province. Dans ces conditions, a estimé Ratko Markovic, « l'alternative aux discussions ne peut se traduire que par un diktat ou une décision unilatérale, ce qui est une forme de violence ».
mercredi 29 avril
Réunis à Rome, les six pays du groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie ont décidé de nouvelles sanctions contre Belgrade afin de contraindre les autorités yougoslaves à engager le dialogue avec les Albanais du Kosovo. Ces sanctions porteront, dans un premier temps, sur le gel des avoirs fédéraux, puis sur les investissements étrangers en Yougoslavie.
mercredi 6 mai
Un policier serbe a été tué en plein centre de la deuxième ville du Kosovo, Kosovska Mitrovica.
jeudi 7 mai
Un poste frontière entre l'Albanie et le Monténégro a été attaqué pour la première fois, un Albanais tué par la police serbe, et des armes en provenance d'Albanie saisies.
vendredi 8 mai
Au Kosovo, un Albanais a été tué à un poste frontière et un policier serbe blessé. Le bilan des affrontements depuis fin avril est de 29 morts.
samedi 9 mai
Slobodan Milosevic a rejeté l'ultimatum faisant de Felipe Gonzalez le médiateur européen dans le conflit du Kosovo. Les cinq pays membres du groupe de contact, réunis à Londres, ont aussitôt réagi et décidé de nouvelles sanctions économiques, un embargo sur les investissements, contre la Serbie (et épargnant le Monténégro). Les deux émissaires américains, Richard Holbrook et Robert Gelbard, arrivés au Kosovo après l'échec de quatre heures d'entrevue avec Milosevic à Belgrade, ont mis les points sur les « i ». Pour Milosevic, c'est la carotte et le bâton : des aides économiques s'il négocie, des sanctions s'il refuse. Pour les Kosovars, c'est oui à l'autonomie, mais non à l'indépendance et au terrorisme. Plusieurs dizaines de milliers d'Albanais ont manifesté pacifiquement à Pristina contre le pouvoir serbe. Ils scandaient « UCK », le sigle de l'Armée de libération du Kosovo. La manifestation s'est déroulée sans incident.
dimanche 10 mai
Un policier serbe a été tué par « un groupe d'Albanais armés ».
mercredi 13 mai
Richard Holbrooke et Robert Gelbard ont obtenu de Slobodan Milosevic qu'il rencontre, le 15 mai, Ibrahim Rugova, le chef des indépendantistes albanais du Kosovo. Ce dernier a ainsi renoncé à deux exigences qu'il avait maintenues jusqu'au dernier moment : la présence d'un médiateur international et un dialogue « en terrain neutre ». De son côté, en acceptant de recevoir le leader indépendantiste, Milosevic lui reconnaît une légitimité qu'il lui avait toujours contestée. Les deux hommes ont convenu que leur rencontre serait suivie, dans un délai d'une semaine, par une série de réunions entre délégations des deux parties. Ces réunions hebdomadaires se dérouleront à Pristina, alternativement dans des endroits choisis par les deux camps.
jeudi 14 mai
Le parti pris par le leader kosovar Ibrahim Rugova en acceptant de rencontrer, sans médiateur international et sans préalable, le président yougoslave, n'est pas du goût de tout le monde : deux de ses quinze proches conseillers, Hydajet Hyseni et Bujar Dugolli, ont annoncé leur démission. Installé en Suisse, un « gouvernement en exil » des Albanais du Kosovo a insisté, pour sa part, sur la nécessité de la présence d'une tierce partie dans toutes futures négociations entre Belgrade et Pristina.
vendredi 15 mai
Slobodan Milosevic a reçu Ibrahim Rugova. Ce premier contact doit marquer, selon le président yougoslave, « le début d'un règlement pacifique des problèmes du Kosovo ». Il s'est déroulé, a précisé Rugova, « dans une atmosphère de tolérance et de compréhension ». Concrètement, les deux hommes ont décidé d'entamer enfin, entre délégations serbe et albanaise, des discussions sur l'avenir de la province. Elles devraient s'ouvrir d'ici une semaine. Toutefois, des « divergences demeurent très sérieuses et profondes » entre le pouvoir de Belgrade et les Albanais du Kosovo ». Comme gage de leur nouvelle ouverture d'esprit, les autorités serbes ont restitué les clefs de trois facultés techniques aux Albanais qui devraient en disposer dès le 18 mai..., mais les étudiants serbes ont déclaré qu'ils refusaient de les évacuer.
samedi 16 mai
Les autorités serbes empêchent l'acheminement des vivres vers le Kosovo en bloquant les camions à la frontière, en dépit des documents parfaitement en règle présentés par les chauffeurs. Des inspecteurs des finances venus de Belgrade pour effectuer les contrôles avec la police prétendent qu'il s'agit là de mesures « destinées à mieux lutter contre la fraude fiscale », mais aucun d'entre eux ne peut fournir la « liste des produits interdits à l'importation au Kosovo » derrière laquelle ils se retranchent.
lundi 18 mai
De nouveaux heurts meurtriers se sont produits au Kosovo, lors d'une opération de la police serbe contre plusieurs villages. Ceci, ainsi que le blocage des vivres qui continue à la frontière, pourrait remettre en question les pourparlers avant même leur ouverture.
mercredi 20 mai
L'UCK (l'Armée de libération du Kosovo) a attaqué le barrage serbe de Zrze, à 15 kilomètres de Djakovica.
vendredi 22 mai
Quatre heures de discussion : les pourparlers serbo-albanais sur l'avenir du Kosovo ont commencé à Pristina. Cette première séance a porté sur « le cadre des futures négociations ». Sur le terrain, les violences s'étendent et le commandement suprême de l'OTAN estime que la crise risque fort de devenir rapidement « intraitable » si la solution diplomatique échoue : les séparatistes albanais commenceraient en effet, selon l'OTAN, à recevoir des appuis de l'extérieur. On évoque, notamment, des armées volées récemment dans les armureries d'Albanie.
samedi 23 mai
Dans l'après-midi, un policier serbe en civil a été enlevé dans un train à Banjica, dans l'ouest du Kosovo, par des membres de l'UCK. Portant des uniformes frappés du signe de l'UCK, deux hommes ont arrêté le train et procédé à un contrôle de l'identité des autres voyageurs qui n'ont pas été inquiétés. C'est la première opération de ce genre que mène cette organisation clandestine.
mardi 26 mai
15 personnes - 14 Albanais et 1 policier serbe - ont été tuées depuis trois jours au Kosovo. En trois mois, les affrontements entre forces de l'ordre et séparatistes albanais ont fait 210 morts. Pour les Serbes, c'est la conséquence de « l'agressivité accrue des terroristes albanais ». Mais, pour ceux qui ont trouvé la mort aujourd'hui, ils ont été victimes d'une opération musclée de la police.
mercredi 27 mai
Les pourparlers entre Serbes et Albanais du Kosovo sur l'avenir de la province, entamés il y a une semaine, sont déjà compromis. Le voyage d'Ibrahim Rugova aux Etats-Unis empêche la prochaine séance du 29 mai d'avoir lieu et la situation sur le terrain pourrait servir de prétexte à leur suspension. Les forces serbes ont fermé le dernier poste frontière, de Kukës, permettant le passage entre le Kosovo et l'Albanie, afin d'empêcher l'approvisionnement des combattants clandestins en armes. Dans la soirée, quatre Albanais ont été tués au cours d'un accrochage avec des policiers serbes, dans le sud-ouest de la province.
jeudi 28 mai
L'OTAN a adopté au Luxembourg un plan d'aide à l'Albanie et à la Macédoine qui prévoit le déploiement de 7 000 à 20 000 hommes sur la frontière albano-kosovare. Des manœuvres de l'OTAN auront lieu, cet été, dans ces deux pays.
vendredi 29 mai
Affrontements au Kosovo. Selon les Serbes, des autonomistes albanais ont attaqué simultanément en plusieurs endroits dans le secteur de Decani, notamment un convoi d'approvisionnement escorté par la police et un poste de police. Les autonomistes accusent les Serbes de mener des opérations contre plusieurs villages de la région de Glogovac. Des journalistes étrangers parlaient d'une « véritable bataille » à Decani. Côté autonomistes, on faisait état de « morts et de blessés des deux côtés ».
samedi 30 mai
Huit Albanais ainsi que trois militaires et un civil serbes ont été tués au Kosovo.
dimanche 31 mai
Selon la Ligue démocratique du Kosovo de Rugova, la police serbe a fusillé six Albanais dans un village du centre du Kosovo qu'elle a ensuite incendié.
lundi 1er juin
Des milliers de personnes - en majorité des femmes et des enfants - fuient les affrontements qui secouent l'ouest du Kosovo, et rejoignent l'Albanie par des sentiers de montagne. Les affrontements avec les forces serbes au Kosovo ont fait au moins 18 morts et 20 blessés depuis deux jours, parmi les Albanais. A Pristina, plusieurs milliers d'Albanais ont encore manifesté contre le régime serbe.
mardi 2 juin
Depuis plusieurs jours les forces serbes ont ouvert une nouvelle offensive contre les Albanais du Kosovo. Toute la région est isolée, mais l'attaché militaire de l'ambassade d'Autriche à Tirana, qui s'est rendu à la frontière, confirme la « destruction systématique de villages au Kosovo » rapportée par les réfugiés. Les responsables locaux du HCR, le Haut-Commissariat pour les réfugiés, bloqués par les barrages serbes, affirment, quant à eux, que « les bombardements massifs des forces serbes ont réduit à l'état de décombres des villages le long de la frontière ». Sans accuser formellement les Serbes de « nettoyage ethnique » ils laissent cependant planer le doute. Les Serbes ont déployé chars, mortiers, mitrailleuses et les combats ont vidé deux villes, Junik et Decani, où des milliers de personnes venues des villages voisins détruits s'étaient réfugiés dans un premier temps. Le ministère serbe de l'Intérieur a publié un communiqué affirmant avoir « anéanti un important groupe terroristes » dans l'ouest du Kosovo.
mercredi 3 juin
Les forces serbes continuent à vider de sa population la zone comprise entre la frontière avec l'Albanie et les trois villes de Pec, Decani et Djakovica, au Kosovo. « Sept villages de cette zone ont déjà été quasiment vidés ». Plus de 3 000 Albanais du Kosovo sont arrivés en Albanie. L'OSCE estime qu'il pourrait en arriver 3 000 autres dans les jours qui viennent. Un quotidien serbe, Dnievni telegraf, a annoncé qu'une centaine de policiers serbes ont été licenciés pour avoir refusé d'aller combattre au Kosovo.
jeudi 4 juin
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés estime à 50 000 le nombre des Albanais du Kosovo chassés de chez eux par les opérations de la police et de l'armée serbes. Selon le gouvernement albanais, qui a lancé un appel à l'OTAN pour coordonner l'aide humanitaire, 12 000 d'entre eux ont pu passer la frontière pour chercher refuge en Albanie. Le HCR, lui, en a comptabilisé 7 000. D'autres ont fui vers le nord : 7 000 sont arrivés au Monténégro. L'Albanie, tout comme les Albanais du Kosovo, insiste pour que l'OTAB déploie d'urgence une force militaire dans la région, mais l'OTAN paraît désemparée : « Personne ne sait ce qu'il convient de faire », avoue un diplomate de l'organisation, précisant que ce qui est sûr c'est que « personne n'a envie de lancer une opération militaire ». Dans l'immédiat, les Albanais du Kosovo annoncent qu'ils boycotteront les pourparlers avec les Serbes prévus le 6 juin à Pristina. Dans ce contexte, l'UCK semble renforcer son implantation dans une partie de la province.
vendredi 5 juin
Selon le LDK, les opérations serbes engagées le mai au Kosovo ont fait 52 morts et 200 disparus. En outre, 150 personnes « sont gardées en otages » par la police. Privés d'électricité, la ville de Decani et les villages environnants, où 45 corps gisent dans les décombres, ont été désertés. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Wofgang Ischinger, en visite à Tirana, a qualifié les opérations serbes de « nettoyage ethnique » et de « défi à la communauté internationale dans son ensemble ».
dimanche 7 juin
Un calme relatif règne dans l'ouest du Kosovo. Les communications téléphoniques avec les villes de Pec et Decani, notamment, ont été rétablies et la présence et les contrôles policiers nettement allégés. Curieusement, ce sont les miliciens de l'UCK qui empêchent maintenant la presse internationale d'accéder à ces zones dans lesquelles les autorités yougoslaves ont pourtant organisé une visite guidée « dans deux cars bien escortés » pour les représentants diplomatiques d'une quarantaine de pays, en poste à Belgrade. Les diplomates avouent qu'ils sont bien incapables de tirer des conclusions de ce qu'ils ont vu. Dans un communiqué publié par le quotidien des Albanais de la province, Koha Ditore, l'UCK appelle tous les Kosovars de 18 à 55 ans « à se joindre à la lutte pour la libération de la province, à prendre les armes, à contenir l'infanterie serbe et à creuser des tranchées contre l'artillerie et les blindés » des forces serbes. Elle demande aux Albanais du Kosovo réfugiés en Albanie de revenir pour « aider la lutte de libération du pays ». L'armée fédérale affirme, de son côté, qu'elle contrôle la frontière albanaise et qu'il n'y a plus aucun approvisionnement en armes et en munitions possibles pour les séparatistes. Mais un quotidien serbe, le Dnievni telegraf, a révélé que 363 policiers serbes ont démissionné, au cours des deux semaines écoulées, pour manifester leur refus d'aller combattre au Kosovo.
lundi 8 juin
L'Union européenne a décidé d'interdire tout nouvel investissement en Serbie et de geler les avoirs du gouvernement yougoslave et de la Serbie dans les 15 pays de l'Union. Même décision dans la soirée des Etats-Unis. En même temps, les Quinze ont demandé à l'OTAN d'étudier les moyens d'une intervention militaire pour mettre fin aux effusions de sang dans la province serbe du Kosovo. La Grande-Bretagne a manifesté son intention de saisir le Conseil de sécurité des Nations unies pour cautionner l'éventuelle intervention de l'OTAN.
mardi 9 juin
Le Kosovo a été au centre des débats du Conseil suprême de défense, réuni à Belgrade par Milosevic, mais rien n'a filtré du contenu de cette réunion. Le Conseil suprême de défense n'avait pas siégé depuis six mois.
mercredi 10 juin
A Paris, les pays du Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie (Etats-Unis, Russie, France, Allemagne, Grande-Bretagne et Italie) se sont mis d'accord sur un certain nombre de propositions sur le Kosovo. Les Six demanderont à Belgrade d'accepter l'arrêt des combats, la reprise des négociations sur le statut du Kosovo et le retour des réfugiés. Au cas où Milosevic refuserait, « aucune option n'est exclue ». Concernant une possible intervention militaire de l'OTAN, le président américain Bill Clinton a « autorisé et approuvé » les préparatifs accélérés d'une intervention au Kosovo. Selon les experts de l'OTAN, une intervention militaire nécessiterait entre 7 000 et 20 000 hommes, placés sous forte protection aérienne. A Pristina, Tirana et Skopje, des manifestants de langue albanaise réclamaient un tel déploiement.
jeudi 11 juin
Réunis à Bruxelles, les ministres de la Défense des pays membres de l'OTAN ont durci le ton envers la Serbie et son intervention au Kosovo Jusqu'à présent, l'Organisation semble freinée par une opposition majeure : celle de la Russie, hostile à toute intervention dans les affaires intérieures de la Serbie.
vendredi 12 juin
Les six pays du Groupe de contact ont donné jusqu'au 15 juin à Milosevic pour faire cesser la violence au Kosovo, sous peine de faire l'objet de sanctions internationales. Le principe d'une interdiction des vols de la compagnie aérienne yougoslave JAT dans ces pays (à l'exception de la Russie) a été adopté. Simultanément, l'OTAN a décidé de mener le 14 juin un exercice aérien au-dessus de l'Albanie et de la Macédoine. Milosevic, lui, a décidé de miner la frontière entre le Kosovo et l'Albanie pour empêcher les infiltrations d'armes ainsi que le retour des Albanais du Kosovo.
samedi 13 juin
L'OTAN a annoncé pour le 15 juin un exercice aérien en Albanie et en Macédoine afin de montrer « sa capacité d'effectuer rapidement une projection de puissance dans la région ». L'opération baptisée « Faucon déterminé » doit permettre de faire cesser les violences au Kosovo. Cet exercice associera neuf pays.
dimanche 14 juin
Des combats meurtriers ont repris au Kosovo, dans les zones de Dkakovica et Decani, près de la frontière albanaise, entre forces serbes et indépendantistes. Deux Albanais ont été tués et un blessé selon la guérilla, tandis que le ministère serbe de l'Intérieur fait état de deux policiers tués et deux autres blessés.
mardi 16 juin
Une rencontre à Moscou entre Boris Eltsine et Slobodan Milosevic a abouti à un certain nombre de promesses de la part du président yougoslave concernant les Albanais du Kosovo, mais les Occidentaux les jugent insuffisantes. Milosevic refuse de prendre en compte la première des exigences de la Communauté européenne : le retrait de ses forces armées du Kosovo, condition indispensable à la reprise du dialogue.
vendredi 19 juin
Ibrahim Rugova a estimé, avec un embarras manifeste, que l'UCK doit être placée « sous contrôle » des forces politiques du Kosovo, car ses militants « doivent être responsables de leurs actes, responsables de la situation au Kosovo ».
dimanche 21 juin
Deux vice-ministres russes des Affaires étrangères ont entamé une mission dans les Balkans, l'un à Belgrade, l'autre (Alexandre Avdéïev) en Albanie. Ils vont tenter de désamorcer le conflit du Kosovo. Sur le terrain, un soldat serbe a été tué lors d'affrontements avec les indépendantistes, à Klina. Des échanges de tirs ont eu lieu entre villageois serbes et albanais. Les Serbes reconnaissent que l'UCK contrôle certains axes routiers, notamment Pristina-Pec, ainsi que l'accès à certaines villes. L'UCK, qui cherche à se faire reconnaître comme partie prenant à des négociations, détiendrait cinq membres des forces serbes. Ibrahim Rugova réclame une intervention aérienne de l'OTAN. Celle-ci a achevé l'étude de plusieurs scénarii d'intervention au Kosovo. Tous butent sur le mandat que souhaitent obtenir de l'ONU les pays de l'OTAN. Or, la Russie et la Chine sont hostiles à une intervention.
lundi 22 juin
Le chef du « gouvernement » kosovar en exil, Bujar Bukoshi, a renchéri à la position de Rugova sur l'UCK : « La résistance armée de l'UCK est une réalité et il est nécessaire de la placer sous contrôle des institutions politiques ». Il annonce que son « gouvernement » va rapidement mettre en place des « structures d'autodéfense » indépendantes, en principe, des structures de l'UCK.
mercredi 24 juin
Richard Holbrooke, l'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'ONU, accompagné de l'ambassadeur des Etats-Unis en Macédoine, s'est rendu à Junik, un village du Kosovo proche de la frontière albanaise. Il y a rencontré deux représentants de l'UCK. C'est la première fois qu'un tel contact est ainsi établi.
nuit du dimanche 28 au lundi 29 juin
Les forces serbes se sont engagées dans une opération de grande envergure, et avec d'importants moyens, contre le village de Belacevac, situé à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Pristina, au Kosovo. Ils tentent d'en déloger les hommes de l'UCK, qui l'occupe depuis une semaine. Belacevac revêt une importance stratégique de premier ordre pour l'industrie de la province serbe : c'est dans ce village de 4 500 habitants, en majorité albanais, que se trouve l'un des deux sites miniers à ciel ouvert alimentant la centrale thermique d'Obilic, qui alimente le Kosovo et une grande partie de la Macédoine voisine.
lundi 29 juin
Après avoir bloqué la route principale qui mène à Belacevac, les forces serbes ont encerclé plusieurs groupes de combattants de l'UCK, contraints de se retrancher dans une partie du village et dans un village voisin. La centrale thermique elle-même, à Obilic, est gardée par des villageois en armes.
mercredi 1er juillet
Les forces serbes semblent avoir repris la mine de Belacevac, dont l'UCK s'était emparée voici presque deux semaines. Mais les indépendantistes se sont repliés sur la région centrale de la Drenica où les accrochages se poursuivent. Ils auraient en outre encerclé la localité de Klina, contrôlée par les Serbes, coupant l'accès de l'autre grande ville de la province, Pec. Dans les zones de plus en plus importantes qu'elle contrôle, l'UCK a instauré une signalisation routière en albanais et distribué ses propres plaques d'immatriculation. Les partis politiques kosovars se sont réunis pour décider du contrôle de l'UCK, mais de profondes divergences sont apparues sur les moyens de lui imposer leur autorité.
jeudi 2 juillet
Les efforts des Etats-Unis pour permettre d'inclure l'UCK dans le processus de négociations entre les responsables albanais du Kosovo et les autorités de Belgrade sont restés vains. De même que la tentative de Washington d'amener l'UCK et les forces serbes à conclure un cessez-le-feu. La réponse est venue du Parti socialiste au pouvoir à Belgrade : « La position du SPS est claire. Il ne peut y avoir de négociations avec les terroristes albanais ». Slobodan Milosevic s'est prononcé pour une reprise « immédiate » du dialogue sur le Kosovo, « seul moyen possible de résoudre la crise provoquée par le séparatisme et le terrorisme » albanais.
vendredi 3 juillet
Au Kosovo, dans la matinée, les forces serbes ont repris Kijevo, ce village encerclé depuis un mois par les hommes de l'UCK. Dans la soirée, le médiateur américain Richard Holbrooke a rencontré le président Milosevic à Belgrade.
samedi 4 juillet
Mettez-vous d'accord pour négocier avec Belgrade. C'est le conseil donné par l'émissaire américain Richard Holbrooke aux chefs des partis politiques albanais du Kosovo. Il a insisté pour que soit formé « un gouvernement ou un conseil national qui incarnerait une attitude commune ». Le diplomate américain a répété : « Les Etats-Unis croient que la solution du problème du Kosovo doit être pacifique ». Il a regagné Belgrade dans l'après-midi pour reprendre ses conversations avec Slobodan Milosevic.
dimanche 5 juillet
Richard Holbrooke est de retour à Pristina. Accompagné du vice-ministre russe des Affaires étrangères, Nikolaï Afanassievski, il tente à tout prix d'imposer une autorité politique aux rebelles armés de l'UCK. Après avoir rencontré Ibrahim Rugova, Richard Holbrooke a aussi vu deux opposants notoires au « président » kosovar : Rexhep Qosja, dissident de la LDK et surtout Adem Demaçi, chef du Parti parlementaire, réputé pour son intransigeance et ses liens avec l'UCK. L'émissaire américain leur a demandé de faire taire leurs querelles internes et d'adopter une plate-forme commune de négociation avec Belgrade, où il était de retour dans la soirée.
lundi 6 juillet
Une première mission d'observation internationale a eu lieu dans le nord et le centre-ouest du Kosovo. Elle était dirigée par le chargé d'affaire américain et l'ambassadeur de Russie à Belgrade et composée principalement de diplomates des pays du Groupe de contact ainsi que de la Pologne, d'Autriche et de Norvège. Le but de cette mission était de fournir aux organisations humanitaires et aux gouvernements étrangers « une évaluation objective de la situation ».
mercredi 8 juillet
Le Groupe de contact sur l’ex-Yougoslavie, réuni à Bonn (Allemagne), a appelé toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités au Kosovo pour « préparer le terrain à une reprise des négociations » entre Belgrade et les Albanais du Kosovo. Mais les Américains et les Russes ne sont pas d’accord sur qui doit s’asseoir à la table de négociation. Pour les premiers, l’UCK doit être représentée, car « elle est un fait sur le terrain, contrôlant au moins 30 % du territoire ». Les Russes ne sont pas contre des contacts discrets avec l’UCK, mais ils ne veulent pas de négociation au niveau politique « qui ne peuvent que légitimer des groupes armés ».
dimanche 12 juillet
Les combattants de l’UCK affirment qu’ils seront « très rapidement » à Pristina. Ils disent même mener désormais « des opérations d’envergure » et remporter « d’importants succès » dans leur objectif « d’élargir les territoires libérés ».
jeudi 16 juillet
Issu d’élections clandestines qui se sont déroulées le 22 avril dernier, le Parlement du Kosovo, non reconnu par l’UCK, a tenu sa réunion constitutive à Pristina. La séance inaugurale est dispersée par des policiers serbes.
vendredi 17 juillet
De violents combats se sont déroulés au Kosovo. Les séparatistes de l’UCK ont pris le contrôle d’Orahovac (sud-ouest), une ville de 15 000 habitants.
samedi 18 juillet
Selon l’armée yougoslave, un millier de séparatistes kosovars ont tenté de s’introduire au Kosovo depuis l’Albanie, dans la matinée, dans le secteur de Djeravica. Les combats ont fait de nombreux morts. La police serbe a lancé une attaque pour reprendre Orahovac à l’UCK.
nuit du samedi 18 au dimanche 19 juillet
De nouvelles incursions de séparatistes kosovars ont eu lieu depuis l’Albanie, impliquant plusieurs centaines d’hommes dans la région de Djeravica. Des obus yougoslaves seraient tombés en territoire albanais, provoquant une violente réaction du gouvernement de Tirana.
dimanche 19 juillet
L’Albanie « soutient la juste lutte des Albanais du Kosovo qui défendent leurs terres de l’extermination moyenâgeuse perpétrée par la machine militaire serbe au Kosovo » a déclaré le ministre albanais des Affaires étrangères, Paskal Milo. Belgrade reproche, de son côté, la bienveillance de Tirana à l’égard des « activités terroristes et les graves violations des frontières d’Etat » commises par les séparatistes du Kosovo. Dans la soirée, la télévision d’Etat serbe affirmait qu’environ 300 militaires de l’armée albanaise se trouvaient actuellement au Kosovo. Par ailleurs, la ville d’Orahovac (sud-ouest du Kosovo), aux mains de l’UCK depuis deux jours, est retombée sous le contrôle de la police serbe au terme d’intenses combats ; l’UCK aurait perdu plus de 100 combattants. Une bonne partie des guérilleros kosovars se sont retirés vers Malisevo, un bastion séparatiste proche de la ville.
lundi 20 juillet
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) rapporte que plusieurs milliers de Kosovars ont fui les combats pour le contrôle de la ville d’Orahovac. On estime le nombre de réfugiés dépasse désormais les 80 000. Des tirs de mitrailleuses et des explosions sont toujours entendus dans les montagnes qui entourent la ville, après un week-end d’affrontements entre police serbe et UCK qui a fait au moins 100 morts.
mardi 21 juillet
Plusieurs centaines d’hommes d’Orahovac ont été arrêtés et emprisonnés à Prizren.
jeudi 23 juillet
Belgrade a décidé d’élargir la zone contrôlée par l’armée, au Kosovo, le long de la frontière albanaise. De 500 mètres de large, elle passe à 5 kilomètres. L’armée a déjà commencé à miner cette zone de contrôle élargie. Pour Belgrade il s’agit d’empêcher toute nouvelle infiltration d’hommes et de matériels en provenance d’Albanie. Cette décision intervient alors qu’à Pristina, le parlement parallèle des Albanais du Kosovo a décidé de reconnaître l’UCK et la légitimité de la lutte armée pour parvenir à l’indépendance.
vendredi 24 juillet
Les forces spéciales de la police serbe ont lancé dans la soirée une offensive pour reprendre à l’UCK de larges portions de la route qui relie Pristina à Pecs et Prizren, respectivement les deuxième et troisième villes du pays.
samedi 25 juillet
180 hommes, habitants d’Orahovac, arrêtés à la reprise de la ville par la police serbe, ont été libérés de la prison de Prizren, mais beaucoup restent encore détenus.
dimanche 26 juillet
Deux policiers serbes et onze séparatistes albanais ont été tués depuis deux jours, selon le Centre serbe d’information à Pristina ; dix policiers et huit séparatistes tués, selon la LDK. Seule certitude, les autorités serbes ont décidé de « mettre le paquet » pour reprendre le contrôle des axes routiers principaux. L’UCK aurait déjà lâché prise dans plusieurs secteurs.
lundi 27 juillet
La police serbe a repris aux indépendantistes albanais le contrôle de la route conduisant de Pristina à Pec. Un communiqué précise que des équipes techniques procèdent à sa « restauration pour une circulation sûre ». Aucune information, en revanche, sur la situation de la route reliant Pristina à Prizren, dans le Sud, où les combats se poursuivent. Les forces serbes ont lancé une grande offensive qui leur a permis de prendre position dans les cols des environs de Jezerc, dans les montagnes du Mall e Sharet, au sud-ouest du Kosovo.
mardi 28 juillet
Malisevo, bastion de l’UCK, a été repris par les forces serbes. Des dizaines de milliers d’Albanais ont fui cette localité stratégique, alors que l’armée serbe continue sa progression dans la région.
mercredi 29 juillet
L’offensive serbe continue à gagner du terrain sur l’UCK : les forces serbes ont pris en tenaille un autre bastion indépendantiste, Junik, à 80 kilomètres de Pristina, près de la frontière albanaise. Depuis les collines environnantes, elles lancent des appels constants à la reddition. La police affirme que 2 000 personnes sont assiégées dans Junik, dont la moitié serait des combattants de l’UCK « extrêmement bien entraînés ». Selon certaines rumeurs circulant à Pristina, les forces serbes auraient passé des dizaines d’habitants albanais de Junik par les armes. Par ailleurs, des journalistes ont pu pénétrer dans la localité de Malisevo, constatant que la ville n’a pratiquement pas souffert des combats, mais il n’y a aucune trace des quelque 20 000 personnes qui y avaient trouvé refuge, chassées d’Orahovac. Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) s’inquiète de cette situation « alarmante » qui voit la population civile fuir en masse devant les combats. Il estime que plus de 100 000 personnes errent ainsi dans cette province, que 25 000 sont passées au Monténégro et que 13 000 autres sont entrées en Albanie. A Pristina, après Belgrade, une délégation européenne a une nouvelle fois demandé que soit mis un terme à la violence au Kosovo. Les Etats-Unis, de leur côté, tentent toujours de réunir des représentants de tous les partis albanais de la province pour négocier un cessez-le-feu.
jeudi 30 juillet
Les diplomates de l’Union européenne ont rencontre Milosevic à Belgrade, pour tenter d’obtenir l’ouverture d’un dialogue minimum entre les Serbes et les Albanais du Kosovo. Le président serbe a assuré que l’opération serbe était « arrêtée ». Le HCR craint maintenant une « catastrophe humanitaire » dans le centre de la province, où des dizaines de milliers de personnes errent dans les forêts de la région, sans eau, sans nourriture et sans couvertures...
vendredi 31 juillet
Une mission du HCR a réussi, pour la première fois, à secourir 500 civils en fuite, près de Malisevo.
samedi 1er août
Réouverture théorique de la route Pristina-Pec.
nuit du samedi 1er au dimanche 2 août
Vers 23 heures, les forces serbes ont repris leur offensive au Kosovo, en commençant à bombarder deux villages, Klecka et Nekovce, au sud-est de Pristina, faisant fuir des milliers de personnes dans le maquis. Puis, vers 3 heures, elles ont attaqué 8 villages, dont celui de Junik, près de la frontière albanaise. Deux heures plus tard, les soldats serbes portaient l’offensive contre la poche de la Drenica, attaquant 5 villages, dont Lausa et Pljance, près de Srbica.
dimanche 2 août
Les Serbes ont fait état d’attaques des séparatistes kosovars dans les villages de Samonica, Korenica et Berjak, près de Djakovica, à l’ouest, ainsi que près du lac de Radonjic, toujours à l’ouest, et dans les villages de Josanica et Dusevic, dans le centre de la province. Attaque également de policiers serbes par des albanais à Prilep, non loin de la frontière avec l’Albanie. De leur côté, l’UCK dénonce des opérations de destruction, à l’ouest de Pristina : après avoir chassé leurs habitants et s’être livrée au pillage, l’armée serbe met le feu aux maisons. Par le biais de l’agence officielle Tanjung, Belgrade a accusé la Croatie d’envoyer des Albanais se battre au Kosovo, ainsi que de former les « terroristes » de l’UCK. Selon l’agence yougoslave, le général croate Rahim Ademi - nom à consonance albanaise - serait, depuis mars, chargé de cette opération. Toujours selon Tanjung, la récente décision de Belgrade de porter à 5 kilomètres la largeur de la zone contrôlée par l’armée serbe le long de la frontière albanaise, aurait mis fin aux entrées illégales de « terroristes et de mercenaires » ainsi que de matériels militaires.
lundi 3 août
Les combats se sont poursuivis au Kosovo. Les forces serbes pratiquent la tactique de la terre brûlée. Présidente de l’Union européenne, l’Autriche parle de « catastrophe humanitaire » et dénonce le refus de négocier du président Milosevic.
mardi 4 août
Le HCR a affirmé que les incendies, les pillages et la fuite des civils albanais du Kosovo ressemblent fort à l’épuration ethnique pratiquée par les Serbes en Bosnie. Un responsable du Programme alimentaire mondial (Pam) a déclaré que 70 000 des 200 000 réfugiés du pays, isolés dans les forêts et les montagnes, privés de tout, ont un besoin urgent en eau et en nourriture. Sur le terrain, des combats sporadiques ont été signalés dans la Drenica, au centre, et près de la frontière avec l’Albanie. Les Serbes contrôlent désormais la quasi-totalité de la Drenica.
jeudi 6 août
Une dizaine de villages encore aux mains des séparatistes albanais de l’UCK, dans la Drenica, ont subi de violents bombardements de l’artillerie serbe. Les civils albanais continuent de fuir en masse. Le HCR affirme que 7 000 habitants de la Drenica arrivent chaque jour à Kovoska Mitrovica, une ville située plus au nord qui abrite désormais près de 40 000 réfugiés. La Commission européenne a annoncé qu’elle débloquait une aide d’urgence de 33 millions de francs, destinée aux organisations humanitaires qui opèrent sur le terrain.
vendredi 7 août
A l’issue d’une réunion des 16 ambassadeurs des pays membres de l’OTAN, l’organisation militaire occidentale s’est dit prête à intervenir, dès la semaine prochaine, au Kosovo... si un mandat international le lui demande. Les militaires ont proposé des frappes d’avertissement, dans un premier temps, qui pourraient être suivies de raids aériens massifs sur les positions serbes. Sur le terrain, les combats et les tirs de l’artillerie serbe ont diminué d’intensité dans la région de la Drenica. « L’offensive est presque terminée », a commenté un haut responsable de la police serbe. De leur côté, l’émissaire américain Christopher Hill, assisté du vice-ministre russe des Affaires étrangères, Nikolaï Afanassievski, ont entamé de nouvelles navettes entre Belgrade et Pristina pour tenter de rouvrir des pourparlers entre Serbes et Albanais du Kosovo.
samedi 8 août
Les forces serbes ont pris le contrôle du village de Likovac, bastion des séparatistes albanais, au centre du Kosovo. Ceux-ci ont donné leur « accord de principe » pour entrer dans le nouveau gouvernement de Rugova. L’émissaire russe envoyé en Yougoslavie pour tenter de rouvrir des pourparlers, s’est déclaré défavorable à « une ingérence militaire extérieure », alors que l’OTAN affirme avoir achevé ses préparatifs pour des frappes aériennes antiserbes au Kosovo.
mercredi 12 août
Malgré la prise de nouveaux villages aux séparatistes albanais de l’UCK, à l’ouest du Kosovo, les unités spéciales de la police serbe ne parviennent pas à contrôler l’ensemble du plateau de la Drenica. De nombreux villages et même des routes, occupés il y a quelques jours, ont été évacués par les Serbes et repris par l’UCK. Selon des observateurs occidentaux, les 20 000 hommes de la police serbe envoyés par Belgrade au Kosovo, bien qu’équipés de blindés et d’artillerie légère, ne sont pas suffisants pour occuper durablement le terrain.
jeudi 13 août
Ecrasée par la police serbe, l’UCK, refusant « d’être sous le contrôle de quelque parti politique que ce soit », a désigné dix représentants politiques. En outre, l’état-major de la rébellion kosovar a demandé à Adem Demaçi de démissionner de la présidence de son Parti parlementaire pour représenter l’UCK. Demaçi est une figure de l’opposition au leader pacifiste kosovar Ibrahim Rugova. Par ailleurs, dans la soirée, ce dernier a annoncé avoir constitué une délégation chargée de négocier avec Belgrade. Sur le terrain, des combats se déroulent toujours près de Junik, où 700 combattants de l’UCK sont encerclés.
dimanche 16 août
Assiégée depuis trois semaines, Junik, près de la frontière albanaise, est tombée aux mains des forces serbes. Dans ce bourg de 8 000 habitants, il ne restait que 17 habitants. Des éléments de l’UCK sont encore présents dans les forêts et les collines de la région.
lundi 17 août
Alors que les rebelles kosovars ont repris Glodjane, Ibrahim Rugova se dit prêt à négocier à nouveau avec Belgrade. Le Monténégro, lui, accueille les réfugiés kosovars en grand nombre. Ce petit pays de 650 000 habitants abrite déjà près de 40 000 réfugiés du Kosovo, en plus de 20 000 Serbes de Croatie et de Bosnie. Le ministre de l’Education du Monténégro a envoyé une commission d’études, en vue de scolariser les enfants à Ulcinj en langue albanaise. Par ailleurs, 1 700 soldats de l’OTAN ont commencé à manœuvrer en Albanie. Pour dire que l’Alliance atlantique est prête à intervenir au Kosovo.
mardi 18 août
Pas de négociations au Kosovo tant que Belgrade ne retirera pas ses soldats, ont répondu les « rebelles » kosovars, tandis que l’OTAN poursuit ses manœuvres en Albanie. Des exercices semblables doivent avoir lieu, en septembre, en Macédoine. La presse macédonienne s’est empressée de souligner qu’ « aucune attaque terrestre contre Belgrade ne partira » de Macédoine.
samedi 22 août
Les autorités serbes ont menacé d’ « anéantir » les rebelles de l’UCK alors que le processus de paix marque le pas. Belgrade demande à la communauté internationale d’inscrire l’UCK sur la liste des « organisations terroristes ».
dimanche 23 août
Après une semaine plutôt calme, les affrontements entre séparatistes de l’UCK et la police serbe se sont intensifiés dans l’ouest du Kosovo, près des villes de Malisevo et Kormorane. Les séparatistes harcèlent les positions isolées de la police tandis que cette dernière, faute de pouvoir occuper tout le terrain, tente toujours de renforcer son contrôle sur les axes routiers. La médiation de l’ambassadeur américain Christopher Hill, qui était parvenu à faire émarger une délégation albanaise, semble marquer le pas : les Serbes se disent prêts à négocier, mais refusent le cessez-le-feu, préalable exigé par les Albanais.
lundi 24 août
Plusieurs villages sont en flamme autour de Pristina, dont un à moins de 5 kilomètres de la capitale du Kosovo. Les Serbes affirment avoir riposté à des attaques de l’UCK. Selon le Centre d’informations albanais de Pristina, il s’agirait d’une nouvelle application de la stratégie serbe de la terre brûlée qui a fait déjà plus de 200 000 réfugiés. Des bombardements ont aussi été signalés sur 13 villages, au nord-ouest de Pec, près de la frontière avec le Monténégro. L’Allemagne, présidente en exercice de l’Union européenne, appelle ses partenaires à adopter des sanctions contre la Yougoslavie. Le Conseil de sécurité de l’ONU demande un « cessez-le-feu immédiat ».
vendredi 28 août
Le leader kosovar Rugova a lancé un appel à « une intervention internationale urgente » pour stopper les opérations serbes et secourir les quelque 200 000 personnes déplacées. La sous-secrétaire d’Etat américaine aux Réfugiés, Julia Taft, s’est, elle, déclarée « horrifiée » par la situation humanitaire et les destructions causées par les bombardements serbes. Belgrade a annoncé avoir repris le contrôle du secteur de Dulje, au sud-ouest de la province.
lundi 31 août
L’Union européenne va ordonner, la semaine prochaine, le boycottage de la compagnie aérienne yougoslave JAT, comme sanction aux opérations de la police serbe au Kosovo. Le résultat du vote sera connu d’ici le 7 septembre mais on sait déjà que seule la Grèce devrait s’opposer au boycottage.
mardi 1er septembre
Selon un communiqué de l’agence officielle, le président Milosevic aurait proposé aux dirigeants albanais du Kosovo un accord intérimaire. Celui-ci accorderait à la province un certain degré d’auto-administration, pendant une période transitoire de 3 à 5 ans. Les Albanais du Kosovo, auxquels Milosevic a retiré, en 1990, l’autonomie, réclament aujourd’hui l’indépendance. Le conflit a déjà fait plus de 700 morts. Milosevic s’est déclaré décidé à « éradiquer le terrorisme au Kosovo ».
vendredi 4 septembre
Ibrahim Rugova s’est dit tout disposé à conclure avec Belgrade un accord intérimaire qui permettrait de « normaliser » la situation. L’idée soumise aux responsables du Kosovo par le président yougoslave consiste à offrir à la province un accord intérimaire d’une durée de trois à cinq ans lui accordant « un certain degré d’auto-administration ». Par ailleurs, les forces serbes ont annoncé qu’elles avaient infligé de « lourdes pertes » aux « terroristes » de l’UCK aux abords de Prizren (Sud) et qu’elles poursuivaient les combats.
du samedi 5 au dimanche 6 septembre
Les forces serbes ont porté un coup sévère aux séparatistes armés du Kosovo en arrêtant quelque 450 membres présumés de l’UCK, au cours d’opérations dans les forêts de l’ouest et du sud-ouest de la province.
dimanche 6 septembre
Selon la télévision de Belgrade, une quinzaine de villages voisins de la frontière albanaise ont rendu les armes que l’UCK leur avait distribuées il y a plusieurs mois.
lundi 7 septembre
L’Union européenne a décidé, avec « effet immédiat », d’interdire les liaisons aériennes de la compagnie aérienne yougoslave JAT et de toutes les compagnies yougoslaves privées avec les pays de l’Union, à titre de sanction contre l’intervention militaire de Belgrade au Kosovo. Le Monténégro échappe à la mesure et la Montenegro Airlines pourra poursuivre ses vols charters entre Tivat et Leipzig. Belgrade a menacé les compagnies européennes de leur appliquer le même traitement, mais, si c’était le cas, la Yougoslavie n’en serait que plus isolée…
mardi 8 septembre
L’intervention militaire serbe au Kosovo se poursuit. Une dizaine de villages ont été la cible des forces de sécurité serbes dans la région de Pec. Les troupes y ont été acheminées à bord d’une centaine de chars, de véhicules blindés et de transports de troupes. Un journaliste albanais local affirme qu’il y a eu de nombreux morts et des blessés dans la population tentant de fuir la zone. Par ailleurs, les autorités poursuivent leur opération d’arrestations systématiques des hommes en âge de combattre. Se référant à des sources judiciaires, le quotidien progouvernemental serbe Politika avance le chiffre de 600 arrestations de Kosovars en quatre jours dans les seules communes de Prizren, Malisevo, Orahovac, Klina et Djakovica. Déjà, 80 des personnes arrêtées ont écopé d’un mois de détention préventive, les autres, en garde à vue, font l’objet d’enquêtes policières particulièrement serrées. Selon Politika, les enquêteurs sont aidés dans leur tâche par des documents de l’UCK qu’ils ont saisis lors d’une offensive, la semaine passée. Mais Adem Demaci, chef politique de l’UCK, a réaffirmé, lors d’une conférence de presse à Pristina, que le mouvement poursuivait sa « guérilla ».
mercredi 9 septembre
Les forces serbes ont attaqué une quarantaine de villes du Kosovo. Leurs habitants ont été brutalement jetés sur les routes. Quelque 25 000 fuyards paniqués, essentiellement des femmes et des enfants, forment un cortège d’une douzaine de kilomètres au sud de Pec. De son côté, l’OTAN a achevé ses plans d’intervention et se déclare « totalement prête à agir ».
samedi 12 septembre
Devant le nouvel afflux de Kosovars affamés et épuisés fuyant leur pays, le Monténégro a commencé à refouler une partie des arrivants vers l’Albanie. La police serbe a fait évacuer, à Istinic, dans le sud-ouest du Kosovo, quelque 40 000 réfugiés qui s’entassaient dans un camp formé de tracteurs et de charrettes leur servant d’abris. A Plav, dans le nord du Monténégro, on compte 5 000 nouveaux réfugiés. A Ulcinj, sur la côte, les Kosovars (17 000) sont déjà plus nombreux que les résidents.
mercredi 16 septembre
De nouveaux combats se déroulent depuis trois jours au Kosovo, dans un triangle formé par les villes de Kosovska Mitrovica, Vucitrn et Poduvejo, dans le nord de la province. Les autorités serbes affirment qu’un millier de membres de l’UCK sont regroupés dans ce secteur. Des villages sont en feu et au moins 10 000 personnes auraient été déplacées.
jeudi 17 septembre
L’UCK a rejeté les propositions de statut transitoire du Kosovo faites par Milosevic et acceptées, faute de mieux, par le leader modéré Rugova.
dimanche 20 septembre
Les leaders de ma communauté albanaise du Kosovo ont présenté leur projet de statut pour la province. Il stipule notamment que le Kosovo reste membre de la République fédérale de Yougoslavie, « à titre transitoire » et « en tant qu’entité indépendante égale aux deux autres républiques de la fédération ».
lundi 21 septembre
Le leader kosovar Adam Demaci, représentant politique de l’UCK, se serait retiré de la vie politique pour raisons de santé, selon son entourage. Agé de 68 ans, opposant du leader modéré Ibrahim Rugova, il a annulé tous ses rendez-vous et devra observer un long repos.
mardi 22 septembre
Les forces serbes ont lancé une vaste offensive dans le nord du Kosovo contre les rebelles de l’UCK. Elles affirment avoir démantelé « d’importants groupes d’extrémistes » et saisi de nombreuses armes et équipements dans les montagnes de Cicavica, bordant la Drenica (centre). A la tribune de l’ONU, le ministre allemand des Affaires étrangères, Klaus Kinkel, a menacé Milosevic d’une action militaire de l’OTAN contre des objectifs serbes.
mercredi 23 septembre
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté dans la soirée la résolution 1199 prévoyant le recours à la force si Belgrade et les séparatistes de l’UCK ne mettent pas fin aux hostilités au Kosovo.
jeudi 24 septembre
Les forces serbes et yougoslaves, ignorant les mises en garde de l’OTAN et de l’ONU, ont multiplié les opérations contre les derniers bastions de résistance des séparatistes albanais. Le ministre allemand de la Défense a demandé à l’OTAN d’adresser « un ultimatum » à Belgrade. Les Etats-Unis demandent à l’Europe de s’engager dans cette voie, faute de quoi elle aura à « gérer seule » une situation humanitaire catastrophique.
vendredi 25 septembre
Le président yougoslave Milosevic a appelé ses concitoyens à ne faire aucune « concession » au Kosovo, malgré les menaces de recours à la force de l’OTAN pour faire cesser les violences.
dimanche 27 septembre
Belgrade a lancé une opération punitive contre l’UCK, au sud du Kosovo.
lundi 28 septembre
Le Premier ministre serbe, Mirko Marjanovic, a annoncé la fin des opérations militaires engagées par les forces serbes et yougoslaves au Kosovo. Ces opérations ne reprendront que « si de nouveaux actes de terrorisme et de gangstérisme font leur apparition ». Il n’a communiqué aucun calendrier en ce qui concerne un retrait possible des forces opérant au Kosovo. Il a par ailleurs promis que l’amnistie serait accordée à tous les Kosovars qui rendront les armes qu’ils détiennent dans les dix jours, pour autant qu’ils n’aient pas commis de « crimes de guerre ». Il a également annoncé la nomination d’un conseil exécutif temporaire, c’est-à-dire un gouvernement provisoire, chargé de « renforcer les structures civiles » dans la province serbe. L’UCK a aussitôt répliqué par un communiqué réclamant l’intervention urgente de l’OTAN et affirmant qu’elle n’entendait pas déposer les armes et parlant même de mener une « guerre sainte » contre les forces serbes. A Bruxelles, les responsables de l’OTAN manifestent leur intention de rester « vigilants ». L’OTAN exige des faits, pas seulement des promesses. 18 villageois, dont 5 enfants, ont été massacrés par l’armée serbe à Gornje Obrinje, dans la Drenica.
nuit du lundi 28 au mardi 29 septembre
Plusieurs villages du sud du Kosovo ont été bombardés.
mardi 29 septembre
Après sept mois d’opérations contre les indépendantistes albanais du Kosovo, les forces yougoslaves et la police serbe ont repris le chemin de leurs casernes à Pristina, Prizren et Urosevac. Plusieurs villages du sud de la province ont pourtant encore été bombardés dans la matinée.
mercredi 30 septembre
A Genève, le Haut-Commissaire des Nations unies aux réfugiés dénonce la « terreur à grande échelle » que font régner au Kosovo, aussi bien les forces serbes et yougoslaves que les extrémistes de l’UCK. Une organisation humanitaire américaine, Human Rights Watch, parle « d’innommables atrocités ».
jeudi 1er octobre
La pression internationale exercée sur les Serbes et le président yougoslave pour obtenir le retrait « immédiat » des forces serbes du Kosovo s’intensifie. Le Conseil permanent de l’OTAN a demandé au commandant suprême des forces alliées en Europe, le général américain Wesley Clark, d’accélérer la rédaction d’un rapport destiné à l’ONU. Un rapport qui pourrait déclencher une action militaire. Le massacre d’une trentaine d’Albanais de souche, il y a quatre jours, a été le détonateur de cette effervescence. Washington conseille aux Américains de quitter la Yougoslavie.
nuit du jeudi 1er au vendredi 2 octobre
Réunis à huis clos, les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont « vivement condamné », à l’unanimité, les derniers massacres attribués aux forces serbes au Kosovo.
dimanche 4 octobre
Un convoi de l’armée yougoslave a quitté le Kosovo et a regagné le centre de la Serbie. Les autorités serbes ont également invité les responsables albanais du Kosovo à engager « d’urgence » des pourparlers sur l’avenir de la province. Mais, surtout, Milosevic a reçu le précieux soutien de la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité. Les ministres russes des Affaires étrangères, Igor Ivanov, et de la Défense, Igor Sergueïv, sont arrivés inopinément à Belgrade, pour remettre au président yougoslave un message de Boris Eltsine. De son côté, Human Right Watch, une organisation américaine de défense des droits de l’homme, accuse, dans un rapport, les forces gouvernementales serbes d’avoir commis des « atrocités » et des « violations graves du droit international ».
lundi 5 octobre
Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a transmis son rapport sur le Kosovo au Conseil de sécurité. Il en ressort que la majorité des atrocités commises dans cette province serbe sont le fait des forces serbes. Selon le comité albanais de défense des droits de l’homme, 1 558 Albanais de souche ont été tués au Kosovo depuis la mi-janvier, dont 238 pendant les dix derniers jours de l’offensive de la fin septembre. Le HCR recense de son côté 200 000 personnes déplacées au Kosovo même, 45 000 réfugiés au Monténégro et 20 000 en Albanie. Dans la soirée, l’entrevue de plusieurs heures entre Milosevic et l’émissaire américain Richard Holbrooke, à Belgrade, s’est soldée par un échec. Toujours, dans la soirée, le Parlement yougoslave a adopté une loi introduisant un impôt destiné à couvrir les dépenses engagées par la présence policière et militaire au Kosovo, pour un montant équivalent à 600 millions de francs. L’électricité, la presse, le textile, les chaussures sont frappées d’une taxe supplémentaire de 2 %. Les produits pétroliers, les cigarettes, l’alcool, le café et autres produits réputés de luxe supporteront, eux, une taxe de 4 %. Cet impôt particulier devrait rester en vigueur jusqu’au 31 décembre.
mardi 6 octobre
Le vice-Premier ministre serbe Vojislav Seselj, leader du Parti radical (ultranationaliste), menace les « collaborateurs » de l’Occident, au premier rang desquels il place les leaders des partis politiques albanais du Kosovo ; il les mettra en état d’arrestation si l’OTAN intervient contre la Serbie. De son côté, la Russie donne aussi de la voix : une intervention de l’OTAN contre des positions serbes « provoquerait un retour à la guerre froide », a affirmé le ministre russe de la Défense.
mercredi 7 octobre
Richard Holbrooke a encore tenté de convaincre Milosevic du risque réel qu’il fait courir à la Yougoslavie en ne se pliant pas aux résolutions de l’ONU sur le Kosovo. Après les Etats-Unis et le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont appelé leurs ressortissants à quitter la Yougoslavie. Après avoir annoncé que le compte à rebours était lancé, le secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana, a affirmé qu’une décision serait prise « dans les prochains jours », et peut-être sans le feu vert des Nations unies.
jeudi 8 octobre
Le président américain Bill Clinton a lancé sa troisième mise en garde en trois jours. Ils ont demandé à Milosevic de respecter ses obligations au Kosovo, notamment le retrait des forces spéciales serbes et le retour des réfugiés dans leurs villages. Sans quoi l’OTAN interviendra. Le président français Jacques Chirac a confirmé l’engagement de la France aux côtés des Etats-Unis et du Royaume-Uni dans cette option. Sur le terrain, aucun combat d’envergure n’a été signalé depuis une semaine, et des convois de policiers ont effectivement quitté le Kosovo. Toutefois, différentes sources font état du maintien de la présence policière dans les zones sensibles. Un quotidien albanais a même fait état de l’arrivée, la veille, de 40 chars serbes au Kosovo. Dans la soirée, l’UCK a décrété un cessez-le-feu unilatéral. La répression militaire de Milosevic n’a plus, ainsi, de fondement… D’autre part, un décret gouvernemental serbe interdit la retransmission des programmes audiovisuels en serbo-croate des médias étrangers, ainsi que la diffusion d’articles étrangers portant atteinte aux « intérêts du pays » et « incitant au défaitisme ».
vendredi 9 octobre
Richard Holbrooke est revenu à la charge à Belgrade. Il a eu plus de trois heures d’entretiens avec Milosevic auquel il a une nouvelle fois présenté les exigences du groupe de contact : arrêt des hostilités, retour des troupes serbes dans leurs casernes, accès des organisations humanitaires au Kosovo, retour des réfugiés et ouverture de négociations avec les indépendantistes albanais de la province.
samedi 10 octobre
Richard Holbrooke s’est entretenu dans la matinée avec les représentants albanais du Kosovo, à Pristina, et l’après-midi, il a de nouveau rencontré Milosevic à Belgrade.
lundi 12 octobre
Dans la soirée, Richard Holbrooke a obtenu quelques concessions de la part de Milosevic. Selon Moscou, Belgrade aurait notamment accepté le déploiement d’une force multinationale au Kosovo pour y contrôler le respect des exigences de l’ONU. Les ambassades d’Allemagne, de Grande-Bretagne, des Pays-Bas et du Danemark à Belgrade ont fermé leurs portes, « temporairement ». La tension a gagné la Republika Srpska, dont les principaux responsables politiques ont affirmé leur solidarité avec les Serbes de Yougoslavie. C’est pourquoi les principales organisations internationales présentes à Banja Luka ou à Pale ont opéré un repli vers Sarajevo. Les étrangers ont été explicitement menacés de représailles par l’ultranationaliste serbe Vojislav Seselj.
nuit du lundi 12 au mardi 13 octobre
Le président Milosevic a fini par baisser la garde face aux exigences de la Communauté internationale et aux menaces de l’OTAN : des élections seront organisées au Kosovo où 2 000 représentants de l’OSCE vont vérifier l’application des résolutions de l’ONU. A Tout hasard, l’OTAN sera tout de même sur pied de guerre le 17 octobre.
mercredi 14 octobre
Milosevic vient d’interdire deux journaux qui avaient évoqué la décision d’intervention de l’OTAN. Il en a confié un autre à un dirigeant du Parti radical, d’extrême droite. Quant au Kosovo, la situation est loin d’y être claire. Les dirigeants du Parlement clandestin, proches d’Ibrahim Rugova, rejettent l’accord et exigent l’indépendance du Kosovo. Rugova réclame des frappes aériennes contre des objectifs militaires serbes et des troupes au sol.
jeudi 15 octobre
Les plus représentants de l’OTAN sont allés recueillir la signature de Milosevic sur le texte leur permettant de contrôler, au Kosovo, l’application des accords conclu. Ils estiment cependant que le retrait serbe est trop lent pour redonner confiance aux réfugiés. Les représentants de l’UCK accusent Belgrade de poursuivre ses exactions sur le terrain.
vendredi 16 octobre
Le Conseil de l’OTAN a prolongé de dix jours, jusqu’au 27 octobre, le délai accordé à Milosevic pour appliquer la résolution de l’ONU. Les préparatifs d’une frappe aérienne se poursuivent ainsi que les négociations sur la mise en place des 2 000 observateurs. Rugova affirme que « la police serbe ne s’est pas retirée du Kosovo ». Mais, dans la soirée, des sources serbes et albanaises ont fait état du départ de trois convois militaires de plus de 200 véhicules, des chars et des transports de troupes blindés en direction de la Serbie.
samedi 17 octobre
Les premiers membres de la Mission chargée de vérifier, au Kosovo, l’application de la résolution 1199 du Conseil de sécurité sont sur place, à Pristina. En tout, 25 personnes, ayant à leur tête un ancien général américain, John Sandrock, 150 observateurs, sur les 2 000 prévus, doivent les rejoindre dans les… 15 jours. Un accrochage entre policiers serbes et Kosovars albanais, à Lapusnik, à 40 kilomètres à l’ouest de Pristina, a fait trois morts et deux blessés du côté serbe. Les U-2 de l’OTAN ont commencé leurs survols de contrôle du territoire kosovar.
dimanche 18 octobre
Deux journalistes de l’agence gouvernementale yougoslave Tanjung sont portés disparus dans la région kosovare de Pristina.
nuit du dimanche 18 au lundi 19 octobre
Selon des sources concordantes, l’armée yougoslave a lancé une opération contre un village kosovar, non loin de Lapušnik. Cette action militaire a aussitôt provoqué une vigoureuse mise en garde du secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana.
lundi 19 octobre
Une équipe du HCR a constaté des mouvements de blindés serbes près d’un camp de 3 000 réfugiés. De son côté, le Centre des médias du Kosovo - proserbe - a fait état de dizaines d’attaques des partisans kosovars albanais dans la région de Pristina. A Belgrade, les ambassades allemande et néerlandaise ont été rouvertes, après une semaine de fermeture.
mardi 20 octobre
Une équipe médico-légale finlandaise est arrivée à Belgrade. Elle est mandatée par l’Union européenne pour enquêter sur les atrocités commises au Kosovo et aider à l’indentification des victimes.
mercredi 21 octobre
La « mission de vérification » de l’OSCE sera opérationnelle dans quelques semaines. C’est ce qu’a fait savoir Bronislaw Geremek. Pour l’instant, dix pays se sont engagés à fournir du personnel.
jeudi 22 octobre
Javier Solana, le secrétaire général de l’OTAN, a affirmé que Milosevic n’a toujours pas rempli la totalité de ses engagements en faveur du retour à la paix au Kosovo. Il reste cinq jours à Belgrade pour se conformer aux accords conclu. D’intenses combats à l’arme lourde ont encore eu lieu aux abords de Pristina.
vendredi 23 octobre
Selon le HCR, la destruction de village au Kosovo continue et la présence de la police et de l’armée serbe empêche toute sécurisation des habitants. La reprise des attaques de l’UCK, qui rejette l’accord, n’a rien arrangé.
dimanche 25 octobre
Le Conseil permanent de l’OSCE a décidé d’autoriser le « début immédiat du déploiement de la Mission de vérification au Kosovo ». Elle est établie « pour un an, avec une prolongation possible ». Au même moment, à Belgrade, les deux plus hauts responsables de l’OTAN ont rencontré Milosevic. La menace d’intervention militaire de l’OTAN reste en vigueur.
lundi 26 octobre
L’armée yougoslave a beaucoup bougé. Trois convois importants ont été repérés, quittant le centre du Kosovo pour rejoindre leurs casernements dans le Sud et dans le Nord. La police serbe aussi, qui a levé le barrage qu’elle maintenait à 25 kilomètres au sud-est de Pristina.
mardi 27 octobre
L’OTAN a décidé, à l’heure où expirait son ultimatum, de ne pas déclencher les raids aériens dont elle menaçait les Serbes. L’Alliance a cependant résolu de maintenir son dispositif militaire en place, prêt à intervenir à tout moment. L’ampleur du retrait des forces serbes et yougoslaves a été jugé « très positive ». Depuis deux jours en tout cas, on constate le retour d’un certain nombre de réfugiés dans leurs villages.
mercredi 28 octobre
La police spéciale serbe a quitté le village de Klecka, huitième et dernière localité du Kosovo que Milosevic a promis d’évacuer, le 25 octobre, lors de ses entretiens directs avec les responsables militaires de l’OTAN. Le HCR a pu constater « un grand changement » depuis la veille, « premier jour où l’on a vu des gens retourner réellement dans leurs foyers ». C’est la minorité serbe du Kosovo, maintenant, qui fait part de ses craintes.
jeudi 29 octobre
Plusieurs responsables américains sont entrés en contact avec les chefs de file de l’UCK pour les exhorter à respecter le cessez-le-feu afin de garantir la sécurité des vérificateurs déployés au Kosovo par l’OSCE.
vendredi 30 octobre
Selon Médecins du monde, « rien n’a changé » au Kosovo. Les exactions serbes se poursuivent et le retour des réfugiés s’avère très difficile. Des observateurs diplomatiques confirment qu’une unité de l’armée serbe est encore déployée aux environs de Klina, au nord de Prcevo. L’OTAN a, quant à elle, organisé une surveillance aérienne avec une vingtaine d’avions.
samedi 31 octobre
Un militaire français détaché au comité militaire de l’OTAN a été mis en examen et écroué à Paris pour « intelligence avec une puissance étrangère ». Commandant de l’Armée de l’air, Pierre Bunel est soupçonné d’avoir remis à des agents serbes des documents désignant les sites militaires yougoslaves qui seraient frappés par l’OTAN en cas de prolongement de la crise du Kosovo. Il aurait reconnu les faits et avoir agi par « sympathie proserbe ».
dimanche 1er novembre
L’UCK a condamné deux journalistes de l’agence officielle yougoslave Tanjung, qu’elle détient depuis deux semaines, à 60 jours de prison pour avoir « enfreint l’ordre militaire et civil intérieur établi par l’UCK ». C’est la première fois que l’UCK fait état d’une justice militaire.
vendredi 6 novembre
Le leader des Albanais du Kosovo, Ibrahim Rugova, a déclaré qu’il poursuivait ses efforts pour former un « gouvernement » représentant « toutes les forces » kosovares. Il n’a pas mentionné l’UCK qui refuse de reconnaître son autorité. De son côté, l’UCK a annoncé l’instauration d’un « pouvoir civil » sur la partie de la province qu’elle contrôle, lequel facilitera son travail dans la « lutte contre les personnes irresponsables ». Plusieurs diplomates insistent sur le fait que cette division des Kosovars bloque autant les négociations que la mauvaise volonté serbe.
lundi 9 novembre
Dans une interview à un journal espagnol, le président de l’OSCE, Bronislaw Geremek affirme que la mission de l’OSCE au Kosovo va rencontrer de sérieux problèmes de sécurité au printemps. L’insécurité viendra de « la faiblesse des garanties yougoslaves », mais aussi de « celles de l’UCK ». « Nous avons déjà l’impression qu’en ce moment, l’UCK reprend les positions abandonnées par la police et l’armée serbes. Cela permet à Milosevic de dire que le terrorisme agit et qu’il faut y répondre ».
mardi 10 novembre
L’OTAN a allégé son dispositif aérien au Kosovo. La mission de vérification de l’OSCE s’installe progressivement mais ne sera opérationnelle qu’à la fin novembre. Les incidents se multiplient entre l’UCK et les forces de police serbes. Deux policiers ont été tués.
vendredi 13 novembre
L’UCK a ouvert le feu sur un camion de l’armée yougoslave, faisant un mort et deux blessés. La fusillade s’est déroulée à Dulje, dans le sud du Kosovo. Depuis quelques jours, les incidents se multiplient, témoignant de la présence musclée de l’UCK, après le retrait de milliers d’hommes des forces serbes. L’organisation indépendantiste a repris le contrôle de plusieurs villages. La police serbe a également été renforcée. Selon un journal, le bilan de la semaine s’élève à 15 morts dans les deux camps. Par ailleurs, l’OTAN a adopté un plan d’opération pour une force d’intervention rapide de 1 700 hommes qui pourra prêter main forte aux vérificateurs de l’OSCE. Cette opération, baptisée « Garantie conjointe », sera dirigée au plus haut niveau par le général américain Wesley Clark et sur le terrain par le général français Marcel Valentin.
dimanche 15 novembre
Le président serbe, Milan Milutinovic, a invité les responsables politiques des Albanais du Kosovo, à une table ronde, le 18 novembre à Pristina, en présence des responsables internationaux, l’émissaire américain Christopher Hill, les ambassadeurs d’Autriche (pour l’Union européenne), de Chine et de Russie. Par ailleurs, 15 premiers Français et 12 Norvégiens sont arrivés au Kosovo dans le cadre du déploiement d’un corps de 2 000 vérificateurs.
lundi 16 novembre
Les Kosovars ont fait répondre à Milan Milutinovic que les conditions n’étaient toujours pas remplies pour engager des négociations sur l’avenir de la province. Pour Ibrahim Rugova, cette offre n’est qu’un « geste de propagande du régime serbe ».
vendredi 20 novembre
La neige a fait son apparition au Kosovo, bloquant l’acheminement des secours du HCR aussi bien que la Mission diplomatique d’observateurs dont les patrouilles blindées n’ont pu quitter le QG américain. L’UCK en a profité pour afficher sa supériorité sur le terrain : deux policiers serbes ont été tués et quatre autres blessés, dans la matinée, près de Decani, par des tirs de roquettes et à l’arme automatique.
mercredi 2 décembre
L’UCK est prête à reporter à plus tard son exigence d’indépendance du Kosovo, à condition qu’elle reçoive des garanties avant la signature du plan de paix américain prévoyant un statut intermédiaire. L’UCK n’acceptera le plan américain, cependant, que s’il prévoit le droit à l’autodétermination pour les albanophones du Kosovo « dans un proche avenir ».
jeudi 3 décembre
Les relations entre Belgrade et Washington ont pris un sérieux coup de froid, dans la soirée, avec l’adoption d’une déclaration virulente, au Parlement yougoslave, prêtant aux Etats-Unis l‘intention de renverser le président Milosevic et de prêter la main aux séparatistes du Kosovo.
vendredi 4 décembre
Le conseil permanent de l’OTAN a ordonné aux militaires de mettre en place, après l’accord officiel de la Macédoine, une force d’ « extraction » prêt à intervenir au Kosovo si les vérificateurs européens de l’OSCE se retrouvent en difficulté. Cette force de 1 700 hommes (700 Français, 350 Britanniques, 250 Allemands, 200 Italiens et 200 Néerlandais) est dirigée par le général français, Marcel Valentin.
dimanche 6 décembre
Une quarantaine de soldats de l’OTAN sont arrivés à Skopje pour préparer le pont aérien de la nuit.
nuit du dimanche 6 au lundi 7 décembre
L’armée de l’air française a commencé à acheminer vers la Macédoine des soldats et du matériel de la Force d’extraction de l’OTAN.
lundi 7 décembre
Le négociateur en chef des Kosovars, Fehmi Agani, considère comme « inacceptable » la dernière version du projet de règlement de la question du Kosovo préparée par le médiateur américain Christopher Hill. Les Albanais du Kosovo reprochent surtout à ce projet de « se rapprocher des exigences serbes », en particulier sur la composition de la police régionale et la compétence des tribunaux, visant à maintenir le Kosovo sous l’emprise de Belgrade.
mercredi 9 décembre
Les Serbes et les Albanais ont, chacun pour leur part, rejeté le projet d’accord sur le Kosovo élaboré par le médiateur américain Christopher Hill.
dimanche 13 décembre
Le président yougoslave, Slobodan Milosevic, a lancé, par médias interposés, un avertissement à la force de l’OTAN concernant la mise en place en Macédoine pour protéger ses observateurs au Kosovo : « S’ils pénètrent sur notre territoire, nous considérerons cela comme un acte d’agression ».
lundi 14 décembre
36 séparatistes albanais du Kosovo ont été tués par des gardes-frontières yougoslaves, alors qu’ils tentaient de s’infiltrer au Kosovo, en provenance d’Albanie. Ils étaient armés et portaient des uniformes de l’UCK. Une douzaine d’autres ont été blessés et 9 arrêtés au cours de l’accrochage qui a duré plusieurs heures. Les gardes yougoslaves ont saisi une importante quantité d’armes et de matériel militaire.
Trois membres de l’ambassade de France à Belgrade ont été tués dans un accident de la route au Kosovo, à une dizaine de kilomètres au nord de Pristina.
jeudi 17 décembre
A la suite de l’attaque au cours de laquelle les six Serbes avaient été tués à Pec, la police serbe est intervenue à Kapesnica et à Glodjane. Deux Albanais, armés, ont été tués et 14 autres arrêtés. Par ailleurs, Zvonko Bojanic, adjoint (serbe) au maire de Kosovo Polje, banlieue sud de Pristina, a été enlevé par cinq hommes masqués et armés portant des uniformes de l’UCK.
vendredi 18 décembre
Zvonko Bojanic a été retrouvé mort, dans la matinée, sur la route Pristina-Pec.
lundi 21 décembre
Dans le nord du Kosovo, un policier serbe a été assassiné à Podujevo.
jeudi 24 décembre
Les forces serbes ont lancé une vaste opération (6 chars T55 et 20 véhicules blindés) pour écraser l’un des bastions de l’UCK. Du coup, cette dernière a rompu la trêve qu’elle observait depuis octobre. Les observateurs internationaux n’ont rien pu faire. Les Serbes ont attaqué le village de Gornja Lapastica, dans la région de Podujevo (nord du Kosovo). L’opération a fait huit morts côté albanais, et au moins deux blessés dans les rangs serbes.
vendredi 25 décembre
De nouveaux combats ont éclaté dans la région de Podujevo.
samedi 26 décembre
Les combats se poursuivent au Kosovo : un Serbe de 65 ans a été tué par l’UCK, à l’entrée d’Obrandza.
dimanche 27 décembre
Serbes et Kosovars se sont affrontés à l’arme lourde (lance-roquettes, mortiers, blindés) autour de plusieurs villages de la région de Podujevo : Velika Reka, Obrandza et Lapastica, tenus par les séparatistes. Selon le Centre d’information albanais (Kic), 15 Albanais ont été tués en quatre jours. « Plusieurs milliers » d’habitants auraient fui leurs foyers, notamment en direction des forêts et du village de Lapastica.
Le président yougoslave Milosevic a remplacé les titulaires d’une vingtaine de postes clés à l’état-major général de son armée. Ils étaient tous des fidèles du général Momcilo Perisic, le chef d’état-major limogé en novembre. C’est sans doute l’annonce d’un durcissement militaire au Kosovo.
lundi 28 décembre
A Tirana, le Parlement albanais a adopté à l’unanimité une demande d’intervention de l’OTAN au Kosovo.
mardi 29 décembre
5 Albanais ont été tués lors d’incidents l’un au nord du Kosovo, à Kosovska Mitrovica, un second au sud, à Prizren et le troisième sur la route Pec-Decani. Cela porte à 25 morts le bilan de la reprise des combats depuis le 24 décembre. L’OTAN a rappelé que son ordre d’intervention, suspendu depuis l’accord d’octobre, n’est pas caduc et que l’organisation est prête à intervenir si la trêve n’est pas rétablie au Kosovo.
dimanche 27 décembre
Serbes et Kosovars se sont affrontés à l’arme lourde (lance-roquettes, mortiers, blindés) autour de plusieurs villages de la région de Podujevo : Velika Reka, Obrandza et Lapastica, tenus par les séparatistes. Selon le Centre d’information albanais (Kic), 15 Albanais ont été tués en quatre jours. « Plusieurs milliers » d’habitants auraient fui leurs foyers, notamment en direction des forêts et du village de Lapastica.
Le président yougoslave Milosevic a remplacé les titulaires d’une vingtaine de postes clés à l’état-major général de son armée. Ils étaient tous des fidèles du général Momcilo Perisic, le chef d’état-major limogé en novembre. C’est sans doute l’annonce d’un durcissement militaire au Kosovo.
Un communiqué du ministère albanais des Affaires étrangères condamne la violence déployée par la police serbe au Kosovo contre les étudiants albanais de souche. « Les mauvais traitements vont à l'encontre de la volonté d'européaniser les Balkans que Belgrade a soutenue lors du sommet balkanique de Crête ».
samedi 24 janvier
La situation est considérée comme explosive au Kosovo, où les incidents interethniques se multiplient depuis trois semaines (trois morts et plusieurs blessés). Après le rejet, par Belgrade, d'une initiative franco-allemande invitant Milosevic à accorder un « statut spécial » à cette région, l'Union européenne doit se pencher sur le dossier cette semaine. Les Albanais du Kosovo craignent une intervention conjointe de la police et de l'armée serbes dans le centre de la province, qui serait actuellement contrôlé par une organisation clandestine, l'Armée de libération du Kosovo.
mercredi 28 janvier
A Kamenica, au Kosovo, un policier serbe a abattu un jeune Albanais de souche de 17 ans, qui vendait des cigarettes, d'une balle dans la tête tirée à bout portant.
jeudi 29 janvier
Près de 20 000 personnes ont assisté à Kamenica à l'enterrement du jeune Albanais décédé la veille. La cérémonie, aux accents politiques, s'est déroulée sans incident, la police ayant déserté la ville.
jeudi 19 février
Un policier serbe de 34 ans a été tué dans une embuscade tendue par un groupe armé albanais, dans l'après-midi, à 40 kilomètres au nord de Pristina, le chef-lieu du Kosovo. L'attentat pourrait avoir été commis par « l'Armée de libération du Kosovo », qui invite la majorité albanaise de la province à conquérir par la violence l'indépendance que lui refuse le pouvoir serbe.
samedi 28 février
Au Kosovo, à 11 h 20, des policiers serbes ont été attaqués à Likosane, sur la route entre Glogovac et Srbica et ont riposté ; deux policiers et cinq assaillants ont été tués. Sept villages ont fait l'objet d'opérations de ratissage par la police serbe, faisant 24 morts. Sept personnes auraient trouvé la mort à Cirez, dans une maison, mitraillée par un hélicoptère de la police. Il s’agit là de l’acte de naissance de la guerre au Kosovo.
dimanche 1er mars
Des mouvements de blindés serbes ont été signalés au Kosovo, où 40 000 policiers sont déjà en place. Les forces serbes ont massacré plusieurs familles liées aux indépendantistes dans les villages de Kirz, Likoshanë et Prekaz.
lundi 2 mars
Des centaines de policiers des unités anti-émeute mobilisés par le gouvernement de Belgrade, sont violemment intervenus à Pristina contre une manifestation qui rassemblait plusieurs dizaines de milliers de personnes aux cris de : « Nous donnerons nos vies mais nous n'abandonnerons pas le Kosovo ». Elle avait été convoquée par les partis albanais. D'abord dispersés au canon à eau, les manifestants ont ensuite été pourchassés, chargés à coup de matraque. A leurs fenêtres, des Serbes encourageaient les policiers du geste... A Genève, le « gouvernement » du Kosovo en exil appelle les Nations unies à l'aide.
mardi 3 mars
La tension reste vive au Kosovo où les Albanais de souche ont observé une journée de deuil pour enterrer les victimes des affrontements du week-end dans la région de Drnica, interdite à la presse par la police serbe pour des « raisons de sécurité ». A Pristina, la plupart des magasins sont fermés, ainsi que les écoles albanaises et les rues sont quasiment désertes. Par la voix de son commissaire aux relations extérieures, Hans van den Broek, l'Europe a adressé une sévère mise en garde au président yougoslave, Slobodan Milosevic, sommé de « restaurer » l'autonomie dont il a privé les Albanais du Kosovo.
mercredi 4 mars
L'UCK s'est promis de « venger » les 25 victimes des affrontements des derniers jours. Pour éviter que la situation explosive qui règne au Kosovo ne débouche sur un bain de sang, les ministres des Affaires étrangères des six pays du « groupe contact sur l'ex-Yougoslavie » (Allemagne, Italie, Russie, Etats-Unis, France et Grande-Bretagne) se réuniront le 9 mars, en urgence, à Londres. Robert Golbard, le principal émissaire américain dans les Balkans, a implicitement menacé Slobodan Milosevic de représailles militaires s’il persiste dans son intransigeance à l'égard du Kosovo, qui constitue un encouragement à la guerre civile. Deux attaques ont été dirigées dans la soirée contre un poste de police et une patrouille à Pristina. Il n'y aurait pas eu de victimes.
jeudi 5 mars
A l'aube, la police et l'armée serbes ont investi trois villages de la région de Srbica (centre du Kosovo), considérée comme le sanctuaire des extrémistes de l'UCK. Appuyées par des hélicoptères, les forces serbes (une centaine d’hommes) sont arrivées à bord de plusieurs autobus et de véhicules blindés. Elles ont procédé, dans les trois villages, à des ratissages officiellement justifiés, à Belgrade, par la recherche de « caches d'armes ». Le déploiement des forces serbes s'est accompagné de tirs nourris d'armes automatiques. Des responsables locaux ont parlé de « colonnes de femmes et d'enfants fuyant la région de Drenica devant les assauts des forces de l'ordre serbes ». Dans l'après-midi, on signalait le village de Prekaz, en flammes et diverses sources locales affirment qu'une dizaine d'autres villages de la région, « virtuellement albanaise à 100 % », ont été la proie des bombardements serbes au canon et au lance-roquettes, qui ont fait de nombreuses victimes. 58 membres du clan Jashari ont été tués (dont les chefs du clan Adem Jashari et Hamëz Jashari, ainsi que 18 femmes et 10 enfants). 2 policiers serbes ont perdu la vie et 7 autres ont été blessés.
vendredi 6 mars
Les forces de police serbes poursuivent leurs opérations dans le centre du Kosovo. Le quotidien local de langue albanaise, Koha Ditore, affirme que plusieurs villages sont maintenant « sous un blocus de fer » et qu'un criminel de guerre serbe bosniaque, Milenko Radmilic, a été vu dans le nord de la province en uniforme de la police serbe. Relâché d'une prison de Brcko, dans le nord de la Bosnie, il est arrivé à la tête d'une unité d'anciens combattants serbes bosniaques venus de Zvornik, dans l'est de la Bosnie. Ibrahim Rugova, le leader des Albanais de la province, dénonce le « nettoyage ethnique » pratiqué par Belgrade et demande une protection internationale pour le Kosovo. Déjà, de nombreux villageois de la région de Drenica ont fui leurs maisons et le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, à Genève, explique que la situation actuelle au Kosovo rappelle celui de la Bosnie en 1992. En Albanie, 20 000 personnes ont manifesté dans les rues de Tirana pour exiger la fin de la répression menée par les forces de l’ordre serbes contre les Albanais du Kosovo. Les manifestants réclament que la communauté internationale fasse pression sur Belgrade. Les Etats-Unis ont déjà pris une première série de mesures de rétorsion contre la Serbie, en annulant certains avantages qui lui avaient été accordés pour son concours dans l'application de l'accord de Dayton, en Bosnie. La Russie, elle, a officiellement manifesté son opposition à toute « ingérence extérieure directe » en Yougoslavie.
samedi 7 mars
Les Serbes ont continué leurs opérations contre ceux qu'ils appellent les « terroristes » albanais. En cette fin de semaine, un premier bilan des attaques et des bombardements serbes avancé par un quotidien local fait état de près de 100 morts. Et la Ligue démocratique du Kosovo, le principal parti albanais, estime que 5 000 personnes auraient déjà fui la région de Drenica. Le ministère de l'Intérieur serbe a interdit à toutes les organisations humanitaires, y compris la Croix Rouge de se rendre dans cette région. A l'issue d'un entretien à Rome avec Lamberto Dini, le chef de la diplomatie italienne, Madeleine Albright, a déclaré que « la Serbie devait payer le prix fort pour son action au Kosovo ».
dimanche 8 mars
A l'occasion de la Journée internationale de la femme, plusieurs milliers d'Albanaises ont protesté à Pristina contre la violence de la police serbe, dont les opérations se poursuivent. Dans l'après-midi, la police a attaqué trois villages de la région de Drenica en utilisant « toutes sortes d'armes », affirme la LDK. Auparavant, des diplomates étrangers avaient été autorisés pour la première fois à se rendre à Prekaz. Ils y ont vu un spectacle « sinistre » et comparent Prekaz à « une ville fantôme ». Des membres de la Croix-Rouge internationale ont également pu entrer dans la région de Drenica pour s'enquérir des besoins de la population. Environ 3 500 Albanais fuyant le Kosovo sont arrivés, au cours des dernières 48 heures, au Monténégro. Tous les partis politiques albanais ont appellé à une manifestation pacifique pour le 9 mars, malgré l'interdiction de tous les rassemblements. Slobodan Milosevic, qui recevait le chef de la diplomatie turque, Ismail Cem, a répété qu'il n'avait pas l'intention de céder et qu'il était « résolument » hostile à toute « ingérence » extérieure dans l'affaire du Kosovo. Dans la soirée, les autorités serbes ont transféré 62 corps de la morgue de Pristina vers Srbica. Parmi les victimes : 14 femmes et 12 enfants.
lundi 9 mars
Les manifestations se sont multipliées au Kosovo, à l'appel des partis politiques albanais, pour protester pacifiquement contre « la violence et la terreur serbes ». Malgré l'interdiction de tout rassemblement, les forces de police serbes ne sont intervenus ni à Pristina, ni à Gnjilane, ni à Kosovska Mitrovica. En revanche, les manifestants ont été violemment dispersés à Pec, à Klina et à Istok. Dans l'immédiat, Belgrade a fait savoir que l'essentiel de ses opérations contre les séparatistes de la région de Drenica a pris fin. Par ailleurs, réunis à Londres, les six pays du Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie ont décidé d'appliquer immédiatement à la Yougoslavie (Serbie et Monténégro) un certain nombre de sanctions (embargo sur les armes, suppression des visas pour les hauts responsables serbes de la répression et le retrait immédiat de l'aide financière destinée au commerce yougoslave, ainsi que l'arrêt des investissements directs en République fédérale de Yougoslavie). Les six donnent dix jours au président Milosevic pour retirer du Kosovo les unités de la police spéciale serbe, faute de quoi il s'exposera à des sanctions supplémentaires.
mardi 10 mars
Les Albanais du village de Prekaz, où les policiers serbes ont concentré l'essentiel de leurs interventions contre des séparatistes refusent d'enterrer leurs morts. Ils exigent que des autopsies soient d'abord pratiquées par des médecins légistes étrangers, afin de déterminer les causes exactes de ces décès. Le Comité international de la Croix-Rouge a demandé en vain l'accès aux localités touchées par les opérations policières. Un médecin serbe a confié, après avoir vu les corps : « Jamais, dans ma carrière, je n'avais vu de cadavres dans cet état, et je ne souhaite plus en voir sinon j'abandonne ma profession... » Dans la soirée, Belgrade a fini par accepter le dialogue exigé par les Albanais du Kosovo. « Le dialogue, admet le gouvernement serbe, est la seule façon d'améliorer les processus politiques ». Par ailleurs, les victimes des opérations policières ont été ensevelies dans la soirée à la va-vite sur ordre des autorités serbes.
mercredi 11 mars
Ibrahim Rugova, le « président » de la « République » autoproclamée du Kosovo a fait savoir qu'une « solution politique dans le cadre de la Yougoslavie n'est pas une solution. Une autonomie ne serait que source de nouveaux conflits. La meilleure solution pour le Kosovo est la reconnaissance de son indépendance ». Rugova rejoint donc désormais son opposition, dont les diverses composantes tenaient ce discours depuis longtemps. C'est le cas du Parti parlementaire du Kosovo (PPK, radical), dont le leader, Adem Demaçi, affirme qu'Ibrahim Rugova ne peut accepter de négocier avec Belgrade sans consensus de toutes les forces politiques albanaises. Par ailleurs, les victimes des opérations policières, ensevelies la veille, ont été exhumées par leurs familles qui les ont enterrées selon un rite musulman.
jeudi 12 mars
La dialogue annoncé entre les Albanais du Kosovo et le gouvernement serbe n'est toujours pas engagé. La délégation venue de Belgrade à Pristina et dirigée par le vice-Premier ministre serbe, Ratko Markovic, n'a pas trouvé aucun interlocuteur. Les Albanais exigent une caution internationale que les Serbes rejettent comme une ingérence étrangère.
vendredi 13 mars
Plus de 50 000 Albanais du Kosovo sont descendus dans la rue pour manifester contre le pouvoir serbe, accusé de génocide. Après une heure, les manifestants se sont dispersés sans avoir été inquiétés par la police. Une nouvelle proposition serbe de négociation - écrite cette fois - a subi la même fin de non recevoir que la veille. Pour marquer sa détermination, Ibrahim Rugova a lancé un appel « à un engagement plus profond et plus rapide de la communauté internationale ». Le Monténégro a demandé à être exempté d'éventuelles sanctions occidentales contre la Yougoslavie.
samedi 14 mars
Les dirigeants albanais du Kosovo ont lancé un défi à Belgrade en décidant de maintenir au 22 mars des élections générales non reconnues par les autorités serbes.
dimanche 15 mars
Plus de 20 000 personnes ont rendu silencieusement hommage, dans le centre de Pristina, aux 80 victimes des récentes opérations de la police serbe dans la région de Drenica. Il y avait très peu de policiers sur le parcours des manifestants qui arboraient des portraits de Mère Teresa (d'origine albanaise) ou tenaient des bougies allumées.
lundi 16 mars
2 000 Albanaises de souche ont quitté Pristina pour une marche de 50 kilomètres vers Drenica. Armées de miches de pain symbolisant la solidarité et brandissant des pancartes où l'on pouvait lire, en anglais, « Nous sommes une nation en danger » ou « Drenica, nous arrivons », elles ont été bloquées par un barrage de policiers dès les faubourgs serbes de Pristina. Selon des sources albanaises, les Serbes empêchent même la Croix-Rouge d'apporter de l'aide à Drenica, où plusieurs villages restent isolés par un cordon policier. Pour leur part, les responsables politiques albanais maintiennent leur refus de tout dialogue avec Belgrade sans médiation internationale.
mardi 17 mars
Le ministre yougoslave des Affaires étrangères, Zivadin Jovanovic, a redit son opposition à toute ingérence étrangère concernant le Kosovo, à l'issue d'une rencontre avec le chef de la diplomatie russe, Evgueni Primakov.
mercredi 18 mars
Plus de 50 000 Albanais de souche ont manifesté à Pristina « pour la paix, contre la violence et la terreur serbe ». Des manifestations semblables ont eu lieu dans de nombreuses autres villes de la province, à l'appel des leaders politiques albanais. Des sources serbes parlent de nombreux « incidents ». Selon des sources albanaises, la police serbe aurait ouvert le feu à Pec, tuant un homme et blessant au moins cinq autres personnes. Les Etats-Unis ont menacé de prendre des « mesures supplémentaires » contre la Yougoslavie « si Belgrade refuse de répondre aux très raisonnables critères avancés pour résoudre la crise » qui met tout l'équilibre des Balkans en péril.
jeudi 19 mars
Vers midi, 20 000 à 50 000 personnes se sont réunies dans le centre-ville de Pristina pour demander le retrait des forces de police serbe. Mais deux heures plus tard, plus de 50 000 Serbes, la plupart venus en cars du sud du pays prenaient à leur tour possession des rues de la ville pour refuser l'indépendance du Kosovo. A la tête de chacune de ces deux manifestations, restées pacifiques, malgré la tension, des jeunes, des étudiants, qui ont su entraîner et dire les aspirations contradictoires des deux populations. A Belgrade, les ministres des affaires étrangères français, Hubert Védrine, et allemand, Klaus Kinkel, ont rencontré les présidents de la République de Serbie, Mulitinovic, et de Yougoslavie, Milosevic. Ils ont lancé un appel au calme. Milosevic aurait promis de retirer les forces spéciales de police du Kosovo. Il va y envoyer son propre émissaire. Mais il a refusé la médiation de l'ancien Premier ministre espagnol Felipe Gonzalez, proposée par les Européens. L'émissaire américain, Michel Gelbard, qui les avait précédés, a joué à nouveau de la menace de sanctions contre la Yougoslavie en assurant à ses voisins qu'ils n'en souffriraient pas.
vendredi 20 mars
Le Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie, réuni à Bruxelles pour apprécier les gestes de Belgrade susceptibles de calmer la tension au Kosovo, estime que « c'est trop peu et trop tard ». Les tractations se poursuivent néanmoins et l'ONU, se rendant aux arguments russes, remet à plus tard le vote attendu sur les sanctions.
samedi 21 mars
La police serbe a saisi au Kosovo 100 000 bulletins de vote destinés aux élections organisées le 22 mars par la communauté albanaise. Le ministère serbe de l'Intérieure a fait savoir que les autorités de Belgrade ne reconnaissaient pas ces élections.
nuit du samedi 21 au dimanche 22 mars
Réimpression des bulletins interceptés la veille par la police serbe.
dimanche 22 mars
Tous en les déclarant « illégaux », Belgrade n'a pas tenté d'empêcher le déroulement des élections générales chez les Albanais du Kosovo. Il n'y a eu que quelques incidents, qui n'ont guère perturbé le scrutin. La participation a été très importante (85 %), malgré les consignes de boycottage de plusieurs formations qui estimaient préférable de reporter la consultation à plus tard, en raison des évènements. Candidat à sa propre succession, le « président » Rugova y puise une légitimité nouvelle pour contraindre Belgrade au dialogue (de même pour les 130 parlementaires élus). Les autorités yougoslaves ont refusé les visas à une délégation américaine, dans laquelle figuraient trois membres du Congrès, qui voulait se rendre au Kosovo. La délégation est restée bloquée en Macédoine.
lundi 23 mars
Les autorités serbes (Ratomir Vico, ministre sans portefeuille), les dirigeants albanais du Kosovo (Fehmi Agani, conseiller d'Ibrahim Rugova) et le médiateur Mgr Vincenzo Paglia (représentant de la communauté catholique romaine Sant'Egidio) ont signé un calendrier sur le retour des élèves albanais dans les établissements d'enseignement officiels. Deux obstacles à l'application de l'accord sont toutefois apparus. Le collège des enseignants de l'université serbe du Kosovo, qui n'a pas participé aux négociations, l'a rejeté, tout comme le recteur serbe de l'université de Pristina. Ils ont pu y être encouragés par la présence de 20 000 à 40 000 manifestants serbes dans les rues de Pristina, pour la seconde fois en moins d'une semaine. L'accord laisse bien des points dans l'ombre, à commencer par les programmes.
mardi 24 mars
De nouveaux affrontements se sont produits au Kosovo entre policiers serbes et Albanais de la province. Un policier a été tué et un autre grièvement blessé, lors de l'attaque de leur patrouille dans un village de l'ouest. Selon Belgrade, la police aurait capturé l'un des « terroristes », qui a avoué appartenir à un groupe infiltré au Kosvo depuis l'Albanie. Les forces de l'ordre serbes ont, par la suite, investi plusieurs villages, procédé à des fouilles et à des arrestations (deux Albanais ont été tués). Pour sa part, Ibrahim Rugova a chargé une équipe de préparer une « plate-forme de négociation » avec les représentants de Milosevic. Cette équipe est composée de 15 personnes parmi lesquelles Rugova désignera les négociateurs. Le Premier ministre serbe, Mirko Marjanovic, a déclaré que son gouvernement était déterminé à combattre « le séparatisme et le terrorisme » dans la province.
mercredi 25 mars
Réunis à Bonn (Allemagne), les six pays du Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie ont accordé un nouveau délai à Belgrade pour engager le dialogue au Kosovo. Mais, à Pristina, le « Président » Rugova renforcé par sa réélection radicalise son discours. Pour la neuvième fois, les Albanais ont boudé la délégation conduite par le vice-Premier ministre serbe Ratko Markovic, arrivée à Pristina le 12 mars... 4 000 femmes ont de nouveau manifesté silencieusement dans la capitale kosovare pour exiger la fin de la « terreur serbe ».
jeudi 26 mars
L'armée albanaise a entrepris des « préparatifs » pour parer à une attaque yougoslave qui pourrait résulter de la crise actuelle au Kosovo. C'est ce qu'a révélé, à Stockholm (Suède), le ministre albanais des Affaires étrangères. Selon lui, l'OTAN a promis son aide à l'Albanie et doit lui envoyer des instructeurs pour conseiller l'armée en matière de contrôle des frontières.
vendredi 27 mars
Bronislaw Geremek, ministre polonais des Affaires étrangères et président de l'OSCE, était à Pristina et à Belgrade, pour tenter de débloquer la situation au Kosov. Il a posé trois questions précises à Milosevic (qui l'a reçu, ce que ce dernier a refusé à l'émissaire américain Robert Gelbard), mais ne semble pas avoir obtenu de réponse.
lundi 30 mars
Le Premier ministre albanais, Fatos Nano, estime que le Kosovo devrait obtenir « un statut de République égal à celui dont jouit le Monténégro au sein de la Yougoslavie », ce qui permettrait de « s'ouvrir aux pays voisins », y compris à l'Albanie et à l'Europe. Pour autant, estime-t-il, le Kosovo « ne devrait pas avoir le droit à la sécession ».
mardi 31 mars
Les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU se sont mis d'accord pour voter un embargo sur les armes à l'encontre de Belgrade. Le projet de résolution demande aussi aux Serbes de retirer leurs forces de sécurité du Kosovo et de mettre fin à la répression contre les civils. Déjà, l'institut d'albanologie de Pristina a été restitué par les autorités serbes à la communauté albanaise.
jeudi 2 avril
Serbes et Albanais du Kosovo restent intransigeants malgré toutes les tentatives de médiation ou de pression. Belgrade, pour sa part, dénonce l'embargo sur les armes pour la Yougoslavie voté par le Conseil de sécurité. Le président Milosevic propose qu'un référendum soit organisé en Serbie pour décider ou non d'une médiation étrangère au Kosovo.
lundi 6 avril
Le référendum qui donnerait aux Serbes la possibilité de refuser une médiation internationale pour le règlement de la crise du Kosovo pourrait avoir lieu le 22 avril. Le Parlement serbe a voté une loi autorisant la tenue d'un tel référendum dans les 15 jours. En attendant, Milosevic a renoncé (provisoirement) à donner l'assaut contre les villages de la Drenica, où est concentrée la résistance albanaise armée. A Pristina, le leader des Albanais a nommé une équipe de quatre négociateurs en vue d'éventuelles discussions avec la République fédérale de Yougoslavie. Les représentants albanais ne veulent discuter qu'à ce niveau. Ce jour, ils ont encore rejeté une offre de discussions avec le président de Serbie, Milan Milutinovic.
mardi 7 avril
Le président serbe, Milan Milutinovic, est rentré bredouille de Pristina. Comme les neuf fois précédentes, les albanais du Kosvo ne sont pas venus au rendez-vous, car ils ne veulent négocier qu'avec les autorités de la République fédérale de Yougoslavie.
jeudi 9 avril
30 000 Albanais du Kosovo ont défilé à Pristina en présence d'un important déploiement de policiers serbes. Ils réclament « paix, indépendance et liberté » pour le Kosovo. 14 organisations les appellent à se manifester chaque jour pendant une demi-heure dans les rues de la capitale, pour « témoigner de leur présence au Kosovo et de leur détermination d'y rester ».
vendredi 10 avril
20 000 Albanais ont manifesté pacifiquement à Pristina, avec slogans et drapeaux.
samedi 11 avril
Des milliers d'Albanais ont de nouveau manifesté dans le calme dans une dizaine de villes du Kosovo. A Pristina, les 10 000 manifestants, sans pancartes ni slogans, ont gagné le siège des autorités serbes avant de se disperser.
mercredi 15 avril
La Commission des droits de l'homme de l'ONU estime que les progrès pour résoudre la crise au Kosovo ont été « minimes ». Un rapport, publié à Genève, qualifie de « grave » la situation qui prévaut, car, si le degré de violence a diminué, il n'a pas disparu. La Ligue démocratique du Kosovo affirme que la répression policière se poursuit dans certaines régions, « afin de provoquer la panique parmi la population albanaise pour qu'elle quitte ses foyers ». Par ailleurs, comme chaque jour, 8 000 Albanais ont défilé dans l'avenue centrale de Pristina, sans slogan ni banderole, bloquant la circulation pendant une demi-heure sans intervention de la police.
nuit du mercredi 15 au jeudi 16 avril
Incidents à la frontière entre l'Albanie et la Yougoslavie, où l'armée fédérale yougoslave a du ouvrir le feu. Selon la version de Belgrade, une de ses unités a été prises sous le feu de « terroristes » albanais qui tentaient d'entrer clandestinement en Yougoslavie, dans les montagnes de Jnic (au sud-ouest du Kosovo). Selon l'armée, les soldats yougoslaves « ont saisi une grande quantité d'armes, de munitions et d'autres équipements terroristes ». Citant des « sources informées », le quotidien de Belgrade Vecernje Novosti affirme que deux Albanais ont été tués, plusieurs autres blessés et que deux des « terroristes » ont été capturés.
jeudi 16 avril
Nouvelle protestation « très ferme » de la part de Belgrade vis-à-vis de Tirana, justifiée, cette fois, par les incidents de la nuit à la frontière entre les deux pays : « De tels incidents peuvent avoir de graves conséquences et la partie albanaise en porte toute la responsabilité ». Le Premier ministre albanais, Paskal Molo, met en doute la version yougoslave et explique : « En l'absence de pas concrets vers un règlement de la crise au Kosovo, la partie serbe fait l'impossible pour créer ce genre d'incidents ». Un conseiller militaire de Tirana affirme de son côté qu'il s'agit d’un « incident monté par Belgrade afin d'accréditer l'idée que l'Albanie incite au conflit et au terrorisme ». L'Albanie ajoute, pour preuve de sa bonne foi, qu'elle a souhaité l'envoi d'une commission sur place afin d'enquêter sur l'incident mais qu'elle en a été empêchée par les Yougoslaves. L'armée yougoslave prétend le contraire : « Une commission mixte s'est rendue sur les lieux ». Au Kosovo, Ibrahim Rugova parle de « provocation » et assure que ce n'est pas la première fois que l'armée yougoslave est impliquée dans la crise au Kosovo. Ce que Belgrade refuse d'admettre.
vendredi 17 avril
Pour la première fois, Ibrahim Rugova, a invité « les représentants de Belgrade à rencontrer le groupe de négociation albanais en terrain neutre, en présence d'une partie tierce ». Depuis plus d'un mois, les dirigeants serbes tentent d'avoir des discussions avec les représentants des Albanais du Kosovo mais ces derniers ne sont venus à aucun des onze rendez-vous proposés par Belgrade.
samedi 18 avril
La manifestation quotidienne des habitants de Pristina s'est déroulée dans le plus grand calme.
dimanche 19 avril
La situation se tend de plus en plus au Kosovo. Des mouvements militaires de l'armée yougoslave ont, pour la première fois, été observés, dans la matinée, près de la frontière avec l'Albanie. Une dizaine de camions transportant des soldats et tractant des canons ont pris position sur les hauteurs de Decani, incitant les habitants à quitter leurs villages. Cette mobilisation suit l'annonce, par la presse serbe, d'un incident au cours duquel trois civils serbes auraient été attaqués et blessés par « des terroristes albanais armés ».
mardi 21 avril
L'armée yougoslave a renforcé sa présence dans l'ouest du Kosovo, la police serbe tenant les journalistes à distance des cantonnements militaires établis sur les hauteurs de la ville de Decani. L'ouest du Kosovo a été le théâtre d'affrontements, ces jours-ci, entre les gardes-frontières yougoslaves et des hommes en armes venant d'Albanie et tentant d'entrer clandestinement au Kosovo.
mercredi 22 avril
Expiration de l'ultimatum de la communauté internationale exigeant l'ouverture d'un dialogue entre Belgrade et responsables albanais du Kosovo. Par ailleurs, des camps de réfugiés serbes ayant fui la Croatie en 1995 ont été attaqués à Babaloc (un village du Kosovo à la frontière albanaise). Le HCR confirme que ces camps sont l'objet d'attaques renouvelées depuis quelques temps. La police serbe est intervenue et a ouvert le feu au mortier contre ce village, faisant planer, selon le « président » des Albanais du Kosovo, le « danger d'un massacre ».
nuit du mercredi 22 au jeudi 23 avril
Un affrontement s'est produit entre l'armée yougoslave et un groupe de 200 personnes armées venus d'Albanie et qui tentaient de franchir clandestinement la frontière : 26 personnes auraient été tuées. Le centre de presse (serbe) de Pristina affirme que ces hommes armés sont des Albanais du Kosovo « entrainés dans des bases secrètes dans le nord de l'Albanie ».
jeudi 23 avril
Référendum en Serbie sur la question : « Acceptez-vous une participation de représentants étrangers au règlement des problèmes au Kosovo ? ». L'opposition a appelé au boycottage de la consultation. Ceux qui choisiront le « oui » seront considérés comme des « traitres à la nation ». 95 % des votants ont dit « non ». Par ailleurs, selon la Ligue démocratique du Kosovo, des échanges de tirs se sont poursuivis dans la journée près de Babaloc.
vendredi 24 avril
La tension continue à monter entre Tirana et Belgrade. L'Albanie a placé l'armée et la police en état d'alerte maximale dans le nord-est, la région limitrophe du Kosovo. Au Kosovo, les Albanais dénoncent les bombardements de villages dans l'ouest de la province. Le village de Zerze, bastion présumé de séparatistes dans la Drenica, est bloqué par les forces de police. Des armes automatiques auraient été distribuées par la police aux civils serbes, à Pec, dans le nord...
samedi 25 avril
Le Conseil suprême de défense d'Albanie, dirigé par le président albanais, a pris une série de mesures pour renforcer la sécurité de sa frontière avec la Yougoslavie, le long de laquelle ses troupes ont commencé à manœuvrer.
dimanche 26 avril
L'Albanie, qui avait jusqu'alors adopté une attitude attentiste, a pris fait et cause pour la « résistance armée » des Albanais du Kosovo qu'elle qualifie d'« action d'autodéfense contre la violence pathologique et traditionnelle serbe ». Dans son discours diffusé par la télévision, le président albanais Fatos Nano a révélé que le sort de la province serbe était désormais une priorité de son gouvernement. Il a appelé chacun à remplir ses devoirs et à défendre les intérêts nationaux.
lundi 27 avril
Ratko Markovic, le vice-Premier ministre de Serbie, qui dirige la délégation chargée d'engager des négociations avec les Albanais du Kosovo, propose à ceux-ci d'élaborer conjointement un cadre pour le dialogue, qui ne préjugera d'aucune solution.
mardi 28 avril
« Le terrorisme s'intensifie au Kosovo, faute de dialogue », c'est ce qu'a déclaré, à Pristina, le chef de la délégation serbe, à l'issue de la treizième tentative infructueuse pour rencontrer les leaders albanais de la province. Dans ces conditions, a estimé Ratko Markovic, « l'alternative aux discussions ne peut se traduire que par un diktat ou une décision unilatérale, ce qui est une forme de violence ».
mercredi 29 avril
Réunis à Rome, les six pays du groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie ont décidé de nouvelles sanctions contre Belgrade afin de contraindre les autorités yougoslaves à engager le dialogue avec les Albanais du Kosovo. Ces sanctions porteront, dans un premier temps, sur le gel des avoirs fédéraux, puis sur les investissements étrangers en Yougoslavie.
mercredi 6 mai
Un policier serbe a été tué en plein centre de la deuxième ville du Kosovo, Kosovska Mitrovica.
jeudi 7 mai
Un poste frontière entre l'Albanie et le Monténégro a été attaqué pour la première fois, un Albanais tué par la police serbe, et des armes en provenance d'Albanie saisies.
vendredi 8 mai
Au Kosovo, un Albanais a été tué à un poste frontière et un policier serbe blessé. Le bilan des affrontements depuis fin avril est de 29 morts.
samedi 9 mai
Slobodan Milosevic a rejeté l'ultimatum faisant de Felipe Gonzalez le médiateur européen dans le conflit du Kosovo. Les cinq pays membres du groupe de contact, réunis à Londres, ont aussitôt réagi et décidé de nouvelles sanctions économiques, un embargo sur les investissements, contre la Serbie (et épargnant le Monténégro). Les deux émissaires américains, Richard Holbrook et Robert Gelbard, arrivés au Kosovo après l'échec de quatre heures d'entrevue avec Milosevic à Belgrade, ont mis les points sur les « i ». Pour Milosevic, c'est la carotte et le bâton : des aides économiques s'il négocie, des sanctions s'il refuse. Pour les Kosovars, c'est oui à l'autonomie, mais non à l'indépendance et au terrorisme. Plusieurs dizaines de milliers d'Albanais ont manifesté pacifiquement à Pristina contre le pouvoir serbe. Ils scandaient « UCK », le sigle de l'Armée de libération du Kosovo. La manifestation s'est déroulée sans incident.
dimanche 10 mai
Un policier serbe a été tué par « un groupe d'Albanais armés ».
mercredi 13 mai
Richard Holbrooke et Robert Gelbard ont obtenu de Slobodan Milosevic qu'il rencontre, le 15 mai, Ibrahim Rugova, le chef des indépendantistes albanais du Kosovo. Ce dernier a ainsi renoncé à deux exigences qu'il avait maintenues jusqu'au dernier moment : la présence d'un médiateur international et un dialogue « en terrain neutre ». De son côté, en acceptant de recevoir le leader indépendantiste, Milosevic lui reconnaît une légitimité qu'il lui avait toujours contestée. Les deux hommes ont convenu que leur rencontre serait suivie, dans un délai d'une semaine, par une série de réunions entre délégations des deux parties. Ces réunions hebdomadaires se dérouleront à Pristina, alternativement dans des endroits choisis par les deux camps.
jeudi 14 mai
Le parti pris par le leader kosovar Ibrahim Rugova en acceptant de rencontrer, sans médiateur international et sans préalable, le président yougoslave, n'est pas du goût de tout le monde : deux de ses quinze proches conseillers, Hydajet Hyseni et Bujar Dugolli, ont annoncé leur démission. Installé en Suisse, un « gouvernement en exil » des Albanais du Kosovo a insisté, pour sa part, sur la nécessité de la présence d'une tierce partie dans toutes futures négociations entre Belgrade et Pristina.
vendredi 15 mai
Slobodan Milosevic a reçu Ibrahim Rugova. Ce premier contact doit marquer, selon le président yougoslave, « le début d'un règlement pacifique des problèmes du Kosovo ». Il s'est déroulé, a précisé Rugova, « dans une atmosphère de tolérance et de compréhension ». Concrètement, les deux hommes ont décidé d'entamer enfin, entre délégations serbe et albanaise, des discussions sur l'avenir de la province. Elles devraient s'ouvrir d'ici une semaine. Toutefois, des « divergences demeurent très sérieuses et profondes » entre le pouvoir de Belgrade et les Albanais du Kosovo ». Comme gage de leur nouvelle ouverture d'esprit, les autorités serbes ont restitué les clefs de trois facultés techniques aux Albanais qui devraient en disposer dès le 18 mai..., mais les étudiants serbes ont déclaré qu'ils refusaient de les évacuer.
samedi 16 mai
Les autorités serbes empêchent l'acheminement des vivres vers le Kosovo en bloquant les camions à la frontière, en dépit des documents parfaitement en règle présentés par les chauffeurs. Des inspecteurs des finances venus de Belgrade pour effectuer les contrôles avec la police prétendent qu'il s'agit là de mesures « destinées à mieux lutter contre la fraude fiscale », mais aucun d'entre eux ne peut fournir la « liste des produits interdits à l'importation au Kosovo » derrière laquelle ils se retranchent.
lundi 18 mai
De nouveaux heurts meurtriers se sont produits au Kosovo, lors d'une opération de la police serbe contre plusieurs villages. Ceci, ainsi que le blocage des vivres qui continue à la frontière, pourrait remettre en question les pourparlers avant même leur ouverture.
mercredi 20 mai
L'UCK (l'Armée de libération du Kosovo) a attaqué le barrage serbe de Zrze, à 15 kilomètres de Djakovica.
vendredi 22 mai
Quatre heures de discussion : les pourparlers serbo-albanais sur l'avenir du Kosovo ont commencé à Pristina. Cette première séance a porté sur « le cadre des futures négociations ». Sur le terrain, les violences s'étendent et le commandement suprême de l'OTAN estime que la crise risque fort de devenir rapidement « intraitable » si la solution diplomatique échoue : les séparatistes albanais commenceraient en effet, selon l'OTAN, à recevoir des appuis de l'extérieur. On évoque, notamment, des armées volées récemment dans les armureries d'Albanie.
samedi 23 mai
Dans l'après-midi, un policier serbe en civil a été enlevé dans un train à Banjica, dans l'ouest du Kosovo, par des membres de l'UCK. Portant des uniformes frappés du signe de l'UCK, deux hommes ont arrêté le train et procédé à un contrôle de l'identité des autres voyageurs qui n'ont pas été inquiétés. C'est la première opération de ce genre que mène cette organisation clandestine.
mardi 26 mai
15 personnes - 14 Albanais et 1 policier serbe - ont été tuées depuis trois jours au Kosovo. En trois mois, les affrontements entre forces de l'ordre et séparatistes albanais ont fait 210 morts. Pour les Serbes, c'est la conséquence de « l'agressivité accrue des terroristes albanais ». Mais, pour ceux qui ont trouvé la mort aujourd'hui, ils ont été victimes d'une opération musclée de la police.
mercredi 27 mai
Les pourparlers entre Serbes et Albanais du Kosovo sur l'avenir de la province, entamés il y a une semaine, sont déjà compromis. Le voyage d'Ibrahim Rugova aux Etats-Unis empêche la prochaine séance du 29 mai d'avoir lieu et la situation sur le terrain pourrait servir de prétexte à leur suspension. Les forces serbes ont fermé le dernier poste frontière, de Kukës, permettant le passage entre le Kosovo et l'Albanie, afin d'empêcher l'approvisionnement des combattants clandestins en armes. Dans la soirée, quatre Albanais ont été tués au cours d'un accrochage avec des policiers serbes, dans le sud-ouest de la province.
jeudi 28 mai
L'OTAN a adopté au Luxembourg un plan d'aide à l'Albanie et à la Macédoine qui prévoit le déploiement de 7 000 à 20 000 hommes sur la frontière albano-kosovare. Des manœuvres de l'OTAN auront lieu, cet été, dans ces deux pays.
vendredi 29 mai
Affrontements au Kosovo. Selon les Serbes, des autonomistes albanais ont attaqué simultanément en plusieurs endroits dans le secteur de Decani, notamment un convoi d'approvisionnement escorté par la police et un poste de police. Les autonomistes accusent les Serbes de mener des opérations contre plusieurs villages de la région de Glogovac. Des journalistes étrangers parlaient d'une « véritable bataille » à Decani. Côté autonomistes, on faisait état de « morts et de blessés des deux côtés ».
samedi 30 mai
Huit Albanais ainsi que trois militaires et un civil serbes ont été tués au Kosovo.
dimanche 31 mai
Selon la Ligue démocratique du Kosovo de Rugova, la police serbe a fusillé six Albanais dans un village du centre du Kosovo qu'elle a ensuite incendié.
lundi 1er juin
Des milliers de personnes - en majorité des femmes et des enfants - fuient les affrontements qui secouent l'ouest du Kosovo, et rejoignent l'Albanie par des sentiers de montagne. Les affrontements avec les forces serbes au Kosovo ont fait au moins 18 morts et 20 blessés depuis deux jours, parmi les Albanais. A Pristina, plusieurs milliers d'Albanais ont encore manifesté contre le régime serbe.
mardi 2 juin
Depuis plusieurs jours les forces serbes ont ouvert une nouvelle offensive contre les Albanais du Kosovo. Toute la région est isolée, mais l'attaché militaire de l'ambassade d'Autriche à Tirana, qui s'est rendu à la frontière, confirme la « destruction systématique de villages au Kosovo » rapportée par les réfugiés. Les responsables locaux du HCR, le Haut-Commissariat pour les réfugiés, bloqués par les barrages serbes, affirment, quant à eux, que « les bombardements massifs des forces serbes ont réduit à l'état de décombres des villages le long de la frontière ». Sans accuser formellement les Serbes de « nettoyage ethnique » ils laissent cependant planer le doute. Les Serbes ont déployé chars, mortiers, mitrailleuses et les combats ont vidé deux villes, Junik et Decani, où des milliers de personnes venues des villages voisins détruits s'étaient réfugiés dans un premier temps. Le ministère serbe de l'Intérieur a publié un communiqué affirmant avoir « anéanti un important groupe terroristes » dans l'ouest du Kosovo.
mercredi 3 juin
Les forces serbes continuent à vider de sa population la zone comprise entre la frontière avec l'Albanie et les trois villes de Pec, Decani et Djakovica, au Kosovo. « Sept villages de cette zone ont déjà été quasiment vidés ». Plus de 3 000 Albanais du Kosovo sont arrivés en Albanie. L'OSCE estime qu'il pourrait en arriver 3 000 autres dans les jours qui viennent. Un quotidien serbe, Dnievni telegraf, a annoncé qu'une centaine de policiers serbes ont été licenciés pour avoir refusé d'aller combattre au Kosovo.
jeudi 4 juin
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés estime à 50 000 le nombre des Albanais du Kosovo chassés de chez eux par les opérations de la police et de l'armée serbes. Selon le gouvernement albanais, qui a lancé un appel à l'OTAN pour coordonner l'aide humanitaire, 12 000 d'entre eux ont pu passer la frontière pour chercher refuge en Albanie. Le HCR, lui, en a comptabilisé 7 000. D'autres ont fui vers le nord : 7 000 sont arrivés au Monténégro. L'Albanie, tout comme les Albanais du Kosovo, insiste pour que l'OTAB déploie d'urgence une force militaire dans la région, mais l'OTAN paraît désemparée : « Personne ne sait ce qu'il convient de faire », avoue un diplomate de l'organisation, précisant que ce qui est sûr c'est que « personne n'a envie de lancer une opération militaire ». Dans l'immédiat, les Albanais du Kosovo annoncent qu'ils boycotteront les pourparlers avec les Serbes prévus le 6 juin à Pristina. Dans ce contexte, l'UCK semble renforcer son implantation dans une partie de la province.
vendredi 5 juin
Selon le LDK, les opérations serbes engagées le mai au Kosovo ont fait 52 morts et 200 disparus. En outre, 150 personnes « sont gardées en otages » par la police. Privés d'électricité, la ville de Decani et les villages environnants, où 45 corps gisent dans les décombres, ont été désertés. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Wofgang Ischinger, en visite à Tirana, a qualifié les opérations serbes de « nettoyage ethnique » et de « défi à la communauté internationale dans son ensemble ».
dimanche 7 juin
Un calme relatif règne dans l'ouest du Kosovo. Les communications téléphoniques avec les villes de Pec et Decani, notamment, ont été rétablies et la présence et les contrôles policiers nettement allégés. Curieusement, ce sont les miliciens de l'UCK qui empêchent maintenant la presse internationale d'accéder à ces zones dans lesquelles les autorités yougoslaves ont pourtant organisé une visite guidée « dans deux cars bien escortés » pour les représentants diplomatiques d'une quarantaine de pays, en poste à Belgrade. Les diplomates avouent qu'ils sont bien incapables de tirer des conclusions de ce qu'ils ont vu. Dans un communiqué publié par le quotidien des Albanais de la province, Koha Ditore, l'UCK appelle tous les Kosovars de 18 à 55 ans « à se joindre à la lutte pour la libération de la province, à prendre les armes, à contenir l'infanterie serbe et à creuser des tranchées contre l'artillerie et les blindés » des forces serbes. Elle demande aux Albanais du Kosovo réfugiés en Albanie de revenir pour « aider la lutte de libération du pays ». L'armée fédérale affirme, de son côté, qu'elle contrôle la frontière albanaise et qu'il n'y a plus aucun approvisionnement en armes et en munitions possibles pour les séparatistes. Mais un quotidien serbe, le Dnievni telegraf, a révélé que 363 policiers serbes ont démissionné, au cours des deux semaines écoulées, pour manifester leur refus d'aller combattre au Kosovo.
lundi 8 juin
L'Union européenne a décidé d'interdire tout nouvel investissement en Serbie et de geler les avoirs du gouvernement yougoslave et de la Serbie dans les 15 pays de l'Union. Même décision dans la soirée des Etats-Unis. En même temps, les Quinze ont demandé à l'OTAN d'étudier les moyens d'une intervention militaire pour mettre fin aux effusions de sang dans la province serbe du Kosovo. La Grande-Bretagne a manifesté son intention de saisir le Conseil de sécurité des Nations unies pour cautionner l'éventuelle intervention de l'OTAN.
mardi 9 juin
Le Kosovo a été au centre des débats du Conseil suprême de défense, réuni à Belgrade par Milosevic, mais rien n'a filtré du contenu de cette réunion. Le Conseil suprême de défense n'avait pas siégé depuis six mois.
mercredi 10 juin
A Paris, les pays du Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie (Etats-Unis, Russie, France, Allemagne, Grande-Bretagne et Italie) se sont mis d'accord sur un certain nombre de propositions sur le Kosovo. Les Six demanderont à Belgrade d'accepter l'arrêt des combats, la reprise des négociations sur le statut du Kosovo et le retour des réfugiés. Au cas où Milosevic refuserait, « aucune option n'est exclue ». Concernant une possible intervention militaire de l'OTAN, le président américain Bill Clinton a « autorisé et approuvé » les préparatifs accélérés d'une intervention au Kosovo. Selon les experts de l'OTAN, une intervention militaire nécessiterait entre 7 000 et 20 000 hommes, placés sous forte protection aérienne. A Pristina, Tirana et Skopje, des manifestants de langue albanaise réclamaient un tel déploiement.
jeudi 11 juin
Réunis à Bruxelles, les ministres de la Défense des pays membres de l'OTAN ont durci le ton envers la Serbie et son intervention au Kosovo Jusqu'à présent, l'Organisation semble freinée par une opposition majeure : celle de la Russie, hostile à toute intervention dans les affaires intérieures de la Serbie.
vendredi 12 juin
Les six pays du Groupe de contact ont donné jusqu'au 15 juin à Milosevic pour faire cesser la violence au Kosovo, sous peine de faire l'objet de sanctions internationales. Le principe d'une interdiction des vols de la compagnie aérienne yougoslave JAT dans ces pays (à l'exception de la Russie) a été adopté. Simultanément, l'OTAN a décidé de mener le 14 juin un exercice aérien au-dessus de l'Albanie et de la Macédoine. Milosevic, lui, a décidé de miner la frontière entre le Kosovo et l'Albanie pour empêcher les infiltrations d'armes ainsi que le retour des Albanais du Kosovo.
samedi 13 juin
L'OTAN a annoncé pour le 15 juin un exercice aérien en Albanie et en Macédoine afin de montrer « sa capacité d'effectuer rapidement une projection de puissance dans la région ». L'opération baptisée « Faucon déterminé » doit permettre de faire cesser les violences au Kosovo. Cet exercice associera neuf pays.
dimanche 14 juin
Des combats meurtriers ont repris au Kosovo, dans les zones de Dkakovica et Decani, près de la frontière albanaise, entre forces serbes et indépendantistes. Deux Albanais ont été tués et un blessé selon la guérilla, tandis que le ministère serbe de l'Intérieur fait état de deux policiers tués et deux autres blessés.
mardi 16 juin
Une rencontre à Moscou entre Boris Eltsine et Slobodan Milosevic a abouti à un certain nombre de promesses de la part du président yougoslave concernant les Albanais du Kosovo, mais les Occidentaux les jugent insuffisantes. Milosevic refuse de prendre en compte la première des exigences de la Communauté européenne : le retrait de ses forces armées du Kosovo, condition indispensable à la reprise du dialogue.
vendredi 19 juin
Ibrahim Rugova a estimé, avec un embarras manifeste, que l'UCK doit être placée « sous contrôle » des forces politiques du Kosovo, car ses militants « doivent être responsables de leurs actes, responsables de la situation au Kosovo ».
dimanche 21 juin
Deux vice-ministres russes des Affaires étrangères ont entamé une mission dans les Balkans, l'un à Belgrade, l'autre (Alexandre Avdéïev) en Albanie. Ils vont tenter de désamorcer le conflit du Kosovo. Sur le terrain, un soldat serbe a été tué lors d'affrontements avec les indépendantistes, à Klina. Des échanges de tirs ont eu lieu entre villageois serbes et albanais. Les Serbes reconnaissent que l'UCK contrôle certains axes routiers, notamment Pristina-Pec, ainsi que l'accès à certaines villes. L'UCK, qui cherche à se faire reconnaître comme partie prenant à des négociations, détiendrait cinq membres des forces serbes. Ibrahim Rugova réclame une intervention aérienne de l'OTAN. Celle-ci a achevé l'étude de plusieurs scénarii d'intervention au Kosovo. Tous butent sur le mandat que souhaitent obtenir de l'ONU les pays de l'OTAN. Or, la Russie et la Chine sont hostiles à une intervention.
lundi 22 juin
Le chef du « gouvernement » kosovar en exil, Bujar Bukoshi, a renchéri à la position de Rugova sur l'UCK : « La résistance armée de l'UCK est une réalité et il est nécessaire de la placer sous contrôle des institutions politiques ». Il annonce que son « gouvernement » va rapidement mettre en place des « structures d'autodéfense » indépendantes, en principe, des structures de l'UCK.
mercredi 24 juin
Richard Holbrooke, l'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'ONU, accompagné de l'ambassadeur des Etats-Unis en Macédoine, s'est rendu à Junik, un village du Kosovo proche de la frontière albanaise. Il y a rencontré deux représentants de l'UCK. C'est la première fois qu'un tel contact est ainsi établi.
nuit du dimanche 28 au lundi 29 juin
Les forces serbes se sont engagées dans une opération de grande envergure, et avec d'importants moyens, contre le village de Belacevac, situé à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Pristina, au Kosovo. Ils tentent d'en déloger les hommes de l'UCK, qui l'occupe depuis une semaine. Belacevac revêt une importance stratégique de premier ordre pour l'industrie de la province serbe : c'est dans ce village de 4 500 habitants, en majorité albanais, que se trouve l'un des deux sites miniers à ciel ouvert alimentant la centrale thermique d'Obilic, qui alimente le Kosovo et une grande partie de la Macédoine voisine.
lundi 29 juin
Après avoir bloqué la route principale qui mène à Belacevac, les forces serbes ont encerclé plusieurs groupes de combattants de l'UCK, contraints de se retrancher dans une partie du village et dans un village voisin. La centrale thermique elle-même, à Obilic, est gardée par des villageois en armes.
mercredi 1er juillet
Les forces serbes semblent avoir repris la mine de Belacevac, dont l'UCK s'était emparée voici presque deux semaines. Mais les indépendantistes se sont repliés sur la région centrale de la Drenica où les accrochages se poursuivent. Ils auraient en outre encerclé la localité de Klina, contrôlée par les Serbes, coupant l'accès de l'autre grande ville de la province, Pec. Dans les zones de plus en plus importantes qu'elle contrôle, l'UCK a instauré une signalisation routière en albanais et distribué ses propres plaques d'immatriculation. Les partis politiques kosovars se sont réunis pour décider du contrôle de l'UCK, mais de profondes divergences sont apparues sur les moyens de lui imposer leur autorité.
jeudi 2 juillet
Les efforts des Etats-Unis pour permettre d'inclure l'UCK dans le processus de négociations entre les responsables albanais du Kosovo et les autorités de Belgrade sont restés vains. De même que la tentative de Washington d'amener l'UCK et les forces serbes à conclure un cessez-le-feu. La réponse est venue du Parti socialiste au pouvoir à Belgrade : « La position du SPS est claire. Il ne peut y avoir de négociations avec les terroristes albanais ». Slobodan Milosevic s'est prononcé pour une reprise « immédiate » du dialogue sur le Kosovo, « seul moyen possible de résoudre la crise provoquée par le séparatisme et le terrorisme » albanais.
vendredi 3 juillet
Au Kosovo, dans la matinée, les forces serbes ont repris Kijevo, ce village encerclé depuis un mois par les hommes de l'UCK. Dans la soirée, le médiateur américain Richard Holbrooke a rencontré le président Milosevic à Belgrade.
samedi 4 juillet
Mettez-vous d'accord pour négocier avec Belgrade. C'est le conseil donné par l'émissaire américain Richard Holbrooke aux chefs des partis politiques albanais du Kosovo. Il a insisté pour que soit formé « un gouvernement ou un conseil national qui incarnerait une attitude commune ». Le diplomate américain a répété : « Les Etats-Unis croient que la solution du problème du Kosovo doit être pacifique ». Il a regagné Belgrade dans l'après-midi pour reprendre ses conversations avec Slobodan Milosevic.
dimanche 5 juillet
Richard Holbrooke est de retour à Pristina. Accompagné du vice-ministre russe des Affaires étrangères, Nikolaï Afanassievski, il tente à tout prix d'imposer une autorité politique aux rebelles armés de l'UCK. Après avoir rencontré Ibrahim Rugova, Richard Holbrooke a aussi vu deux opposants notoires au « président » kosovar : Rexhep Qosja, dissident de la LDK et surtout Adem Demaçi, chef du Parti parlementaire, réputé pour son intransigeance et ses liens avec l'UCK. L'émissaire américain leur a demandé de faire taire leurs querelles internes et d'adopter une plate-forme commune de négociation avec Belgrade, où il était de retour dans la soirée.
lundi 6 juillet
Une première mission d'observation internationale a eu lieu dans le nord et le centre-ouest du Kosovo. Elle était dirigée par le chargé d'affaire américain et l'ambassadeur de Russie à Belgrade et composée principalement de diplomates des pays du Groupe de contact ainsi que de la Pologne, d'Autriche et de Norvège. Le but de cette mission était de fournir aux organisations humanitaires et aux gouvernements étrangers « une évaluation objective de la situation ».
mercredi 8 juillet
Le Groupe de contact sur l’ex-Yougoslavie, réuni à Bonn (Allemagne), a appelé toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités au Kosovo pour « préparer le terrain à une reprise des négociations » entre Belgrade et les Albanais du Kosovo. Mais les Américains et les Russes ne sont pas d’accord sur qui doit s’asseoir à la table de négociation. Pour les premiers, l’UCK doit être représentée, car « elle est un fait sur le terrain, contrôlant au moins 30 % du territoire ». Les Russes ne sont pas contre des contacts discrets avec l’UCK, mais ils ne veulent pas de négociation au niveau politique « qui ne peuvent que légitimer des groupes armés ».
dimanche 12 juillet
Les combattants de l’UCK affirment qu’ils seront « très rapidement » à Pristina. Ils disent même mener désormais « des opérations d’envergure » et remporter « d’importants succès » dans leur objectif « d’élargir les territoires libérés ».
jeudi 16 juillet
Issu d’élections clandestines qui se sont déroulées le 22 avril dernier, le Parlement du Kosovo, non reconnu par l’UCK, a tenu sa réunion constitutive à Pristina. La séance inaugurale est dispersée par des policiers serbes.
vendredi 17 juillet
De violents combats se sont déroulés au Kosovo. Les séparatistes de l’UCK ont pris le contrôle d’Orahovac (sud-ouest), une ville de 15 000 habitants.
samedi 18 juillet
Selon l’armée yougoslave, un millier de séparatistes kosovars ont tenté de s’introduire au Kosovo depuis l’Albanie, dans la matinée, dans le secteur de Djeravica. Les combats ont fait de nombreux morts. La police serbe a lancé une attaque pour reprendre Orahovac à l’UCK.
nuit du samedi 18 au dimanche 19 juillet
De nouvelles incursions de séparatistes kosovars ont eu lieu depuis l’Albanie, impliquant plusieurs centaines d’hommes dans la région de Djeravica. Des obus yougoslaves seraient tombés en territoire albanais, provoquant une violente réaction du gouvernement de Tirana.
dimanche 19 juillet
L’Albanie « soutient la juste lutte des Albanais du Kosovo qui défendent leurs terres de l’extermination moyenâgeuse perpétrée par la machine militaire serbe au Kosovo » a déclaré le ministre albanais des Affaires étrangères, Paskal Milo. Belgrade reproche, de son côté, la bienveillance de Tirana à l’égard des « activités terroristes et les graves violations des frontières d’Etat » commises par les séparatistes du Kosovo. Dans la soirée, la télévision d’Etat serbe affirmait qu’environ 300 militaires de l’armée albanaise se trouvaient actuellement au Kosovo. Par ailleurs, la ville d’Orahovac (sud-ouest du Kosovo), aux mains de l’UCK depuis deux jours, est retombée sous le contrôle de la police serbe au terme d’intenses combats ; l’UCK aurait perdu plus de 100 combattants. Une bonne partie des guérilleros kosovars se sont retirés vers Malisevo, un bastion séparatiste proche de la ville.
lundi 20 juillet
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) rapporte que plusieurs milliers de Kosovars ont fui les combats pour le contrôle de la ville d’Orahovac. On estime le nombre de réfugiés dépasse désormais les 80 000. Des tirs de mitrailleuses et des explosions sont toujours entendus dans les montagnes qui entourent la ville, après un week-end d’affrontements entre police serbe et UCK qui a fait au moins 100 morts.
mardi 21 juillet
Plusieurs centaines d’hommes d’Orahovac ont été arrêtés et emprisonnés à Prizren.
jeudi 23 juillet
Belgrade a décidé d’élargir la zone contrôlée par l’armée, au Kosovo, le long de la frontière albanaise. De 500 mètres de large, elle passe à 5 kilomètres. L’armée a déjà commencé à miner cette zone de contrôle élargie. Pour Belgrade il s’agit d’empêcher toute nouvelle infiltration d’hommes et de matériels en provenance d’Albanie. Cette décision intervient alors qu’à Pristina, le parlement parallèle des Albanais du Kosovo a décidé de reconnaître l’UCK et la légitimité de la lutte armée pour parvenir à l’indépendance.
vendredi 24 juillet
Les forces spéciales de la police serbe ont lancé dans la soirée une offensive pour reprendre à l’UCK de larges portions de la route qui relie Pristina à Pecs et Prizren, respectivement les deuxième et troisième villes du pays.
samedi 25 juillet
180 hommes, habitants d’Orahovac, arrêtés à la reprise de la ville par la police serbe, ont été libérés de la prison de Prizren, mais beaucoup restent encore détenus.
dimanche 26 juillet
Deux policiers serbes et onze séparatistes albanais ont été tués depuis deux jours, selon le Centre serbe d’information à Pristina ; dix policiers et huit séparatistes tués, selon la LDK. Seule certitude, les autorités serbes ont décidé de « mettre le paquet » pour reprendre le contrôle des axes routiers principaux. L’UCK aurait déjà lâché prise dans plusieurs secteurs.
lundi 27 juillet
La police serbe a repris aux indépendantistes albanais le contrôle de la route conduisant de Pristina à Pec. Un communiqué précise que des équipes techniques procèdent à sa « restauration pour une circulation sûre ». Aucune information, en revanche, sur la situation de la route reliant Pristina à Prizren, dans le Sud, où les combats se poursuivent. Les forces serbes ont lancé une grande offensive qui leur a permis de prendre position dans les cols des environs de Jezerc, dans les montagnes du Mall e Sharet, au sud-ouest du Kosovo.
mardi 28 juillet
Malisevo, bastion de l’UCK, a été repris par les forces serbes. Des dizaines de milliers d’Albanais ont fui cette localité stratégique, alors que l’armée serbe continue sa progression dans la région.
mercredi 29 juillet
L’offensive serbe continue à gagner du terrain sur l’UCK : les forces serbes ont pris en tenaille un autre bastion indépendantiste, Junik, à 80 kilomètres de Pristina, près de la frontière albanaise. Depuis les collines environnantes, elles lancent des appels constants à la reddition. La police affirme que 2 000 personnes sont assiégées dans Junik, dont la moitié serait des combattants de l’UCK « extrêmement bien entraînés ». Selon certaines rumeurs circulant à Pristina, les forces serbes auraient passé des dizaines d’habitants albanais de Junik par les armes. Par ailleurs, des journalistes ont pu pénétrer dans la localité de Malisevo, constatant que la ville n’a pratiquement pas souffert des combats, mais il n’y a aucune trace des quelque 20 000 personnes qui y avaient trouvé refuge, chassées d’Orahovac. Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) s’inquiète de cette situation « alarmante » qui voit la population civile fuir en masse devant les combats. Il estime que plus de 100 000 personnes errent ainsi dans cette province, que 25 000 sont passées au Monténégro et que 13 000 autres sont entrées en Albanie. A Pristina, après Belgrade, une délégation européenne a une nouvelle fois demandé que soit mis un terme à la violence au Kosovo. Les Etats-Unis, de leur côté, tentent toujours de réunir des représentants de tous les partis albanais de la province pour négocier un cessez-le-feu.
jeudi 30 juillet
Les diplomates de l’Union européenne ont rencontre Milosevic à Belgrade, pour tenter d’obtenir l’ouverture d’un dialogue minimum entre les Serbes et les Albanais du Kosovo. Le président serbe a assuré que l’opération serbe était « arrêtée ». Le HCR craint maintenant une « catastrophe humanitaire » dans le centre de la province, où des dizaines de milliers de personnes errent dans les forêts de la région, sans eau, sans nourriture et sans couvertures...
vendredi 31 juillet
Une mission du HCR a réussi, pour la première fois, à secourir 500 civils en fuite, près de Malisevo.
samedi 1er août
Réouverture théorique de la route Pristina-Pec.
nuit du samedi 1er au dimanche 2 août
Vers 23 heures, les forces serbes ont repris leur offensive au Kosovo, en commençant à bombarder deux villages, Klecka et Nekovce, au sud-est de Pristina, faisant fuir des milliers de personnes dans le maquis. Puis, vers 3 heures, elles ont attaqué 8 villages, dont celui de Junik, près de la frontière albanaise. Deux heures plus tard, les soldats serbes portaient l’offensive contre la poche de la Drenica, attaquant 5 villages, dont Lausa et Pljance, près de Srbica.
dimanche 2 août
Les Serbes ont fait état d’attaques des séparatistes kosovars dans les villages de Samonica, Korenica et Berjak, près de Djakovica, à l’ouest, ainsi que près du lac de Radonjic, toujours à l’ouest, et dans les villages de Josanica et Dusevic, dans le centre de la province. Attaque également de policiers serbes par des albanais à Prilep, non loin de la frontière avec l’Albanie. De leur côté, l’UCK dénonce des opérations de destruction, à l’ouest de Pristina : après avoir chassé leurs habitants et s’être livrée au pillage, l’armée serbe met le feu aux maisons. Par le biais de l’agence officielle Tanjung, Belgrade a accusé la Croatie d’envoyer des Albanais se battre au Kosovo, ainsi que de former les « terroristes » de l’UCK. Selon l’agence yougoslave, le général croate Rahim Ademi - nom à consonance albanaise - serait, depuis mars, chargé de cette opération. Toujours selon Tanjung, la récente décision de Belgrade de porter à 5 kilomètres la largeur de la zone contrôlée par l’armée serbe le long de la frontière albanaise, aurait mis fin aux entrées illégales de « terroristes et de mercenaires » ainsi que de matériels militaires.
lundi 3 août
Les combats se sont poursuivis au Kosovo. Les forces serbes pratiquent la tactique de la terre brûlée. Présidente de l’Union européenne, l’Autriche parle de « catastrophe humanitaire » et dénonce le refus de négocier du président Milosevic.
mardi 4 août
Le HCR a affirmé que les incendies, les pillages et la fuite des civils albanais du Kosovo ressemblent fort à l’épuration ethnique pratiquée par les Serbes en Bosnie. Un responsable du Programme alimentaire mondial (Pam) a déclaré que 70 000 des 200 000 réfugiés du pays, isolés dans les forêts et les montagnes, privés de tout, ont un besoin urgent en eau et en nourriture. Sur le terrain, des combats sporadiques ont été signalés dans la Drenica, au centre, et près de la frontière avec l’Albanie. Les Serbes contrôlent désormais la quasi-totalité de la Drenica.
jeudi 6 août
Une dizaine de villages encore aux mains des séparatistes albanais de l’UCK, dans la Drenica, ont subi de violents bombardements de l’artillerie serbe. Les civils albanais continuent de fuir en masse. Le HCR affirme que 7 000 habitants de la Drenica arrivent chaque jour à Kovoska Mitrovica, une ville située plus au nord qui abrite désormais près de 40 000 réfugiés. La Commission européenne a annoncé qu’elle débloquait une aide d’urgence de 33 millions de francs, destinée aux organisations humanitaires qui opèrent sur le terrain.
vendredi 7 août
A l’issue d’une réunion des 16 ambassadeurs des pays membres de l’OTAN, l’organisation militaire occidentale s’est dit prête à intervenir, dès la semaine prochaine, au Kosovo... si un mandat international le lui demande. Les militaires ont proposé des frappes d’avertissement, dans un premier temps, qui pourraient être suivies de raids aériens massifs sur les positions serbes. Sur le terrain, les combats et les tirs de l’artillerie serbe ont diminué d’intensité dans la région de la Drenica. « L’offensive est presque terminée », a commenté un haut responsable de la police serbe. De leur côté, l’émissaire américain Christopher Hill, assisté du vice-ministre russe des Affaires étrangères, Nikolaï Afanassievski, ont entamé de nouvelles navettes entre Belgrade et Pristina pour tenter de rouvrir des pourparlers entre Serbes et Albanais du Kosovo.
samedi 8 août
Les forces serbes ont pris le contrôle du village de Likovac, bastion des séparatistes albanais, au centre du Kosovo. Ceux-ci ont donné leur « accord de principe » pour entrer dans le nouveau gouvernement de Rugova. L’émissaire russe envoyé en Yougoslavie pour tenter de rouvrir des pourparlers, s’est déclaré défavorable à « une ingérence militaire extérieure », alors que l’OTAN affirme avoir achevé ses préparatifs pour des frappes aériennes antiserbes au Kosovo.
mercredi 12 août
Malgré la prise de nouveaux villages aux séparatistes albanais de l’UCK, à l’ouest du Kosovo, les unités spéciales de la police serbe ne parviennent pas à contrôler l’ensemble du plateau de la Drenica. De nombreux villages et même des routes, occupés il y a quelques jours, ont été évacués par les Serbes et repris par l’UCK. Selon des observateurs occidentaux, les 20 000 hommes de la police serbe envoyés par Belgrade au Kosovo, bien qu’équipés de blindés et d’artillerie légère, ne sont pas suffisants pour occuper durablement le terrain.
jeudi 13 août
Ecrasée par la police serbe, l’UCK, refusant « d’être sous le contrôle de quelque parti politique que ce soit », a désigné dix représentants politiques. En outre, l’état-major de la rébellion kosovar a demandé à Adem Demaçi de démissionner de la présidence de son Parti parlementaire pour représenter l’UCK. Demaçi est une figure de l’opposition au leader pacifiste kosovar Ibrahim Rugova. Par ailleurs, dans la soirée, ce dernier a annoncé avoir constitué une délégation chargée de négocier avec Belgrade. Sur le terrain, des combats se déroulent toujours près de Junik, où 700 combattants de l’UCK sont encerclés.
dimanche 16 août
Assiégée depuis trois semaines, Junik, près de la frontière albanaise, est tombée aux mains des forces serbes. Dans ce bourg de 8 000 habitants, il ne restait que 17 habitants. Des éléments de l’UCK sont encore présents dans les forêts et les collines de la région.
lundi 17 août
Alors que les rebelles kosovars ont repris Glodjane, Ibrahim Rugova se dit prêt à négocier à nouveau avec Belgrade. Le Monténégro, lui, accueille les réfugiés kosovars en grand nombre. Ce petit pays de 650 000 habitants abrite déjà près de 40 000 réfugiés du Kosovo, en plus de 20 000 Serbes de Croatie et de Bosnie. Le ministre de l’Education du Monténégro a envoyé une commission d’études, en vue de scolariser les enfants à Ulcinj en langue albanaise. Par ailleurs, 1 700 soldats de l’OTAN ont commencé à manœuvrer en Albanie. Pour dire que l’Alliance atlantique est prête à intervenir au Kosovo.
mardi 18 août
Pas de négociations au Kosovo tant que Belgrade ne retirera pas ses soldats, ont répondu les « rebelles » kosovars, tandis que l’OTAN poursuit ses manœuvres en Albanie. Des exercices semblables doivent avoir lieu, en septembre, en Macédoine. La presse macédonienne s’est empressée de souligner qu’ « aucune attaque terrestre contre Belgrade ne partira » de Macédoine.
samedi 22 août
Les autorités serbes ont menacé d’ « anéantir » les rebelles de l’UCK alors que le processus de paix marque le pas. Belgrade demande à la communauté internationale d’inscrire l’UCK sur la liste des « organisations terroristes ».
dimanche 23 août
Après une semaine plutôt calme, les affrontements entre séparatistes de l’UCK et la police serbe se sont intensifiés dans l’ouest du Kosovo, près des villes de Malisevo et Kormorane. Les séparatistes harcèlent les positions isolées de la police tandis que cette dernière, faute de pouvoir occuper tout le terrain, tente toujours de renforcer son contrôle sur les axes routiers. La médiation de l’ambassadeur américain Christopher Hill, qui était parvenu à faire émarger une délégation albanaise, semble marquer le pas : les Serbes se disent prêts à négocier, mais refusent le cessez-le-feu, préalable exigé par les Albanais.
lundi 24 août
Plusieurs villages sont en flamme autour de Pristina, dont un à moins de 5 kilomètres de la capitale du Kosovo. Les Serbes affirment avoir riposté à des attaques de l’UCK. Selon le Centre d’informations albanais de Pristina, il s’agirait d’une nouvelle application de la stratégie serbe de la terre brûlée qui a fait déjà plus de 200 000 réfugiés. Des bombardements ont aussi été signalés sur 13 villages, au nord-ouest de Pec, près de la frontière avec le Monténégro. L’Allemagne, présidente en exercice de l’Union européenne, appelle ses partenaires à adopter des sanctions contre la Yougoslavie. Le Conseil de sécurité de l’ONU demande un « cessez-le-feu immédiat ».
vendredi 28 août
Le leader kosovar Rugova a lancé un appel à « une intervention internationale urgente » pour stopper les opérations serbes et secourir les quelque 200 000 personnes déplacées. La sous-secrétaire d’Etat américaine aux Réfugiés, Julia Taft, s’est, elle, déclarée « horrifiée » par la situation humanitaire et les destructions causées par les bombardements serbes. Belgrade a annoncé avoir repris le contrôle du secteur de Dulje, au sud-ouest de la province.
lundi 31 août
L’Union européenne va ordonner, la semaine prochaine, le boycottage de la compagnie aérienne yougoslave JAT, comme sanction aux opérations de la police serbe au Kosovo. Le résultat du vote sera connu d’ici le 7 septembre mais on sait déjà que seule la Grèce devrait s’opposer au boycottage.
mardi 1er septembre
Selon un communiqué de l’agence officielle, le président Milosevic aurait proposé aux dirigeants albanais du Kosovo un accord intérimaire. Celui-ci accorderait à la province un certain degré d’auto-administration, pendant une période transitoire de 3 à 5 ans. Les Albanais du Kosovo, auxquels Milosevic a retiré, en 1990, l’autonomie, réclament aujourd’hui l’indépendance. Le conflit a déjà fait plus de 700 morts. Milosevic s’est déclaré décidé à « éradiquer le terrorisme au Kosovo ».
vendredi 4 septembre
Ibrahim Rugova s’est dit tout disposé à conclure avec Belgrade un accord intérimaire qui permettrait de « normaliser » la situation. L’idée soumise aux responsables du Kosovo par le président yougoslave consiste à offrir à la province un accord intérimaire d’une durée de trois à cinq ans lui accordant « un certain degré d’auto-administration ». Par ailleurs, les forces serbes ont annoncé qu’elles avaient infligé de « lourdes pertes » aux « terroristes » de l’UCK aux abords de Prizren (Sud) et qu’elles poursuivaient les combats.
du samedi 5 au dimanche 6 septembre
Les forces serbes ont porté un coup sévère aux séparatistes armés du Kosovo en arrêtant quelque 450 membres présumés de l’UCK, au cours d’opérations dans les forêts de l’ouest et du sud-ouest de la province.
dimanche 6 septembre
Selon la télévision de Belgrade, une quinzaine de villages voisins de la frontière albanaise ont rendu les armes que l’UCK leur avait distribuées il y a plusieurs mois.
lundi 7 septembre
L’Union européenne a décidé, avec « effet immédiat », d’interdire les liaisons aériennes de la compagnie aérienne yougoslave JAT et de toutes les compagnies yougoslaves privées avec les pays de l’Union, à titre de sanction contre l’intervention militaire de Belgrade au Kosovo. Le Monténégro échappe à la mesure et la Montenegro Airlines pourra poursuivre ses vols charters entre Tivat et Leipzig. Belgrade a menacé les compagnies européennes de leur appliquer le même traitement, mais, si c’était le cas, la Yougoslavie n’en serait que plus isolée…
mardi 8 septembre
L’intervention militaire serbe au Kosovo se poursuit. Une dizaine de villages ont été la cible des forces de sécurité serbes dans la région de Pec. Les troupes y ont été acheminées à bord d’une centaine de chars, de véhicules blindés et de transports de troupes. Un journaliste albanais local affirme qu’il y a eu de nombreux morts et des blessés dans la population tentant de fuir la zone. Par ailleurs, les autorités poursuivent leur opération d’arrestations systématiques des hommes en âge de combattre. Se référant à des sources judiciaires, le quotidien progouvernemental serbe Politika avance le chiffre de 600 arrestations de Kosovars en quatre jours dans les seules communes de Prizren, Malisevo, Orahovac, Klina et Djakovica. Déjà, 80 des personnes arrêtées ont écopé d’un mois de détention préventive, les autres, en garde à vue, font l’objet d’enquêtes policières particulièrement serrées. Selon Politika, les enquêteurs sont aidés dans leur tâche par des documents de l’UCK qu’ils ont saisis lors d’une offensive, la semaine passée. Mais Adem Demaci, chef politique de l’UCK, a réaffirmé, lors d’une conférence de presse à Pristina, que le mouvement poursuivait sa « guérilla ».
mercredi 9 septembre
Les forces serbes ont attaqué une quarantaine de villes du Kosovo. Leurs habitants ont été brutalement jetés sur les routes. Quelque 25 000 fuyards paniqués, essentiellement des femmes et des enfants, forment un cortège d’une douzaine de kilomètres au sud de Pec. De son côté, l’OTAN a achevé ses plans d’intervention et se déclare « totalement prête à agir ».
samedi 12 septembre
Devant le nouvel afflux de Kosovars affamés et épuisés fuyant leur pays, le Monténégro a commencé à refouler une partie des arrivants vers l’Albanie. La police serbe a fait évacuer, à Istinic, dans le sud-ouest du Kosovo, quelque 40 000 réfugiés qui s’entassaient dans un camp formé de tracteurs et de charrettes leur servant d’abris. A Plav, dans le nord du Monténégro, on compte 5 000 nouveaux réfugiés. A Ulcinj, sur la côte, les Kosovars (17 000) sont déjà plus nombreux que les résidents.
mercredi 16 septembre
De nouveaux combats se déroulent depuis trois jours au Kosovo, dans un triangle formé par les villes de Kosovska Mitrovica, Vucitrn et Poduvejo, dans le nord de la province. Les autorités serbes affirment qu’un millier de membres de l’UCK sont regroupés dans ce secteur. Des villages sont en feu et au moins 10 000 personnes auraient été déplacées.
jeudi 17 septembre
L’UCK a rejeté les propositions de statut transitoire du Kosovo faites par Milosevic et acceptées, faute de mieux, par le leader modéré Rugova.
dimanche 20 septembre
Les leaders de ma communauté albanaise du Kosovo ont présenté leur projet de statut pour la province. Il stipule notamment que le Kosovo reste membre de la République fédérale de Yougoslavie, « à titre transitoire » et « en tant qu’entité indépendante égale aux deux autres républiques de la fédération ».
lundi 21 septembre
Le leader kosovar Adam Demaci, représentant politique de l’UCK, se serait retiré de la vie politique pour raisons de santé, selon son entourage. Agé de 68 ans, opposant du leader modéré Ibrahim Rugova, il a annulé tous ses rendez-vous et devra observer un long repos.
mardi 22 septembre
Les forces serbes ont lancé une vaste offensive dans le nord du Kosovo contre les rebelles de l’UCK. Elles affirment avoir démantelé « d’importants groupes d’extrémistes » et saisi de nombreuses armes et équipements dans les montagnes de Cicavica, bordant la Drenica (centre). A la tribune de l’ONU, le ministre allemand des Affaires étrangères, Klaus Kinkel, a menacé Milosevic d’une action militaire de l’OTAN contre des objectifs serbes.
mercredi 23 septembre
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté dans la soirée la résolution 1199 prévoyant le recours à la force si Belgrade et les séparatistes de l’UCK ne mettent pas fin aux hostilités au Kosovo.
jeudi 24 septembre
Les forces serbes et yougoslaves, ignorant les mises en garde de l’OTAN et de l’ONU, ont multiplié les opérations contre les derniers bastions de résistance des séparatistes albanais. Le ministre allemand de la Défense a demandé à l’OTAN d’adresser « un ultimatum » à Belgrade. Les Etats-Unis demandent à l’Europe de s’engager dans cette voie, faute de quoi elle aura à « gérer seule » une situation humanitaire catastrophique.
vendredi 25 septembre
Le président yougoslave Milosevic a appelé ses concitoyens à ne faire aucune « concession » au Kosovo, malgré les menaces de recours à la force de l’OTAN pour faire cesser les violences.
dimanche 27 septembre
Belgrade a lancé une opération punitive contre l’UCK, au sud du Kosovo.
lundi 28 septembre
Le Premier ministre serbe, Mirko Marjanovic, a annoncé la fin des opérations militaires engagées par les forces serbes et yougoslaves au Kosovo. Ces opérations ne reprendront que « si de nouveaux actes de terrorisme et de gangstérisme font leur apparition ». Il n’a communiqué aucun calendrier en ce qui concerne un retrait possible des forces opérant au Kosovo. Il a par ailleurs promis que l’amnistie serait accordée à tous les Kosovars qui rendront les armes qu’ils détiennent dans les dix jours, pour autant qu’ils n’aient pas commis de « crimes de guerre ». Il a également annoncé la nomination d’un conseil exécutif temporaire, c’est-à-dire un gouvernement provisoire, chargé de « renforcer les structures civiles » dans la province serbe. L’UCK a aussitôt répliqué par un communiqué réclamant l’intervention urgente de l’OTAN et affirmant qu’elle n’entendait pas déposer les armes et parlant même de mener une « guerre sainte » contre les forces serbes. A Bruxelles, les responsables de l’OTAN manifestent leur intention de rester « vigilants ». L’OTAN exige des faits, pas seulement des promesses. 18 villageois, dont 5 enfants, ont été massacrés par l’armée serbe à Gornje Obrinje, dans la Drenica.
nuit du lundi 28 au mardi 29 septembre
Plusieurs villages du sud du Kosovo ont été bombardés.
mardi 29 septembre
Après sept mois d’opérations contre les indépendantistes albanais du Kosovo, les forces yougoslaves et la police serbe ont repris le chemin de leurs casernes à Pristina, Prizren et Urosevac. Plusieurs villages du sud de la province ont pourtant encore été bombardés dans la matinée.
mercredi 30 septembre
A Genève, le Haut-Commissaire des Nations unies aux réfugiés dénonce la « terreur à grande échelle » que font régner au Kosovo, aussi bien les forces serbes et yougoslaves que les extrémistes de l’UCK. Une organisation humanitaire américaine, Human Rights Watch, parle « d’innommables atrocités ».
jeudi 1er octobre
La pression internationale exercée sur les Serbes et le président yougoslave pour obtenir le retrait « immédiat » des forces serbes du Kosovo s’intensifie. Le Conseil permanent de l’OTAN a demandé au commandant suprême des forces alliées en Europe, le général américain Wesley Clark, d’accélérer la rédaction d’un rapport destiné à l’ONU. Un rapport qui pourrait déclencher une action militaire. Le massacre d’une trentaine d’Albanais de souche, il y a quatre jours, a été le détonateur de cette effervescence. Washington conseille aux Américains de quitter la Yougoslavie.
nuit du jeudi 1er au vendredi 2 octobre
Réunis à huis clos, les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont « vivement condamné », à l’unanimité, les derniers massacres attribués aux forces serbes au Kosovo.
dimanche 4 octobre
Un convoi de l’armée yougoslave a quitté le Kosovo et a regagné le centre de la Serbie. Les autorités serbes ont également invité les responsables albanais du Kosovo à engager « d’urgence » des pourparlers sur l’avenir de la province. Mais, surtout, Milosevic a reçu le précieux soutien de la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité. Les ministres russes des Affaires étrangères, Igor Ivanov, et de la Défense, Igor Sergueïv, sont arrivés inopinément à Belgrade, pour remettre au président yougoslave un message de Boris Eltsine. De son côté, Human Right Watch, une organisation américaine de défense des droits de l’homme, accuse, dans un rapport, les forces gouvernementales serbes d’avoir commis des « atrocités » et des « violations graves du droit international ».
lundi 5 octobre
Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a transmis son rapport sur le Kosovo au Conseil de sécurité. Il en ressort que la majorité des atrocités commises dans cette province serbe sont le fait des forces serbes. Selon le comité albanais de défense des droits de l’homme, 1 558 Albanais de souche ont été tués au Kosovo depuis la mi-janvier, dont 238 pendant les dix derniers jours de l’offensive de la fin septembre. Le HCR recense de son côté 200 000 personnes déplacées au Kosovo même, 45 000 réfugiés au Monténégro et 20 000 en Albanie. Dans la soirée, l’entrevue de plusieurs heures entre Milosevic et l’émissaire américain Richard Holbrooke, à Belgrade, s’est soldée par un échec. Toujours, dans la soirée, le Parlement yougoslave a adopté une loi introduisant un impôt destiné à couvrir les dépenses engagées par la présence policière et militaire au Kosovo, pour un montant équivalent à 600 millions de francs. L’électricité, la presse, le textile, les chaussures sont frappées d’une taxe supplémentaire de 2 %. Les produits pétroliers, les cigarettes, l’alcool, le café et autres produits réputés de luxe supporteront, eux, une taxe de 4 %. Cet impôt particulier devrait rester en vigueur jusqu’au 31 décembre.
mardi 6 octobre
Le vice-Premier ministre serbe Vojislav Seselj, leader du Parti radical (ultranationaliste), menace les « collaborateurs » de l’Occident, au premier rang desquels il place les leaders des partis politiques albanais du Kosovo ; il les mettra en état d’arrestation si l’OTAN intervient contre la Serbie. De son côté, la Russie donne aussi de la voix : une intervention de l’OTAN contre des positions serbes « provoquerait un retour à la guerre froide », a affirmé le ministre russe de la Défense.
mercredi 7 octobre
Richard Holbrooke a encore tenté de convaincre Milosevic du risque réel qu’il fait courir à la Yougoslavie en ne se pliant pas aux résolutions de l’ONU sur le Kosovo. Après les Etats-Unis et le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont appelé leurs ressortissants à quitter la Yougoslavie. Après avoir annoncé que le compte à rebours était lancé, le secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana, a affirmé qu’une décision serait prise « dans les prochains jours », et peut-être sans le feu vert des Nations unies.
jeudi 8 octobre
Le président américain Bill Clinton a lancé sa troisième mise en garde en trois jours. Ils ont demandé à Milosevic de respecter ses obligations au Kosovo, notamment le retrait des forces spéciales serbes et le retour des réfugiés dans leurs villages. Sans quoi l’OTAN interviendra. Le président français Jacques Chirac a confirmé l’engagement de la France aux côtés des Etats-Unis et du Royaume-Uni dans cette option. Sur le terrain, aucun combat d’envergure n’a été signalé depuis une semaine, et des convois de policiers ont effectivement quitté le Kosovo. Toutefois, différentes sources font état du maintien de la présence policière dans les zones sensibles. Un quotidien albanais a même fait état de l’arrivée, la veille, de 40 chars serbes au Kosovo. Dans la soirée, l’UCK a décrété un cessez-le-feu unilatéral. La répression militaire de Milosevic n’a plus, ainsi, de fondement… D’autre part, un décret gouvernemental serbe interdit la retransmission des programmes audiovisuels en serbo-croate des médias étrangers, ainsi que la diffusion d’articles étrangers portant atteinte aux « intérêts du pays » et « incitant au défaitisme ».
vendredi 9 octobre
Richard Holbrooke est revenu à la charge à Belgrade. Il a eu plus de trois heures d’entretiens avec Milosevic auquel il a une nouvelle fois présenté les exigences du groupe de contact : arrêt des hostilités, retour des troupes serbes dans leurs casernes, accès des organisations humanitaires au Kosovo, retour des réfugiés et ouverture de négociations avec les indépendantistes albanais de la province.
samedi 10 octobre
Richard Holbrooke s’est entretenu dans la matinée avec les représentants albanais du Kosovo, à Pristina, et l’après-midi, il a de nouveau rencontré Milosevic à Belgrade.
lundi 12 octobre
Dans la soirée, Richard Holbrooke a obtenu quelques concessions de la part de Milosevic. Selon Moscou, Belgrade aurait notamment accepté le déploiement d’une force multinationale au Kosovo pour y contrôler le respect des exigences de l’ONU. Les ambassades d’Allemagne, de Grande-Bretagne, des Pays-Bas et du Danemark à Belgrade ont fermé leurs portes, « temporairement ». La tension a gagné la Republika Srpska, dont les principaux responsables politiques ont affirmé leur solidarité avec les Serbes de Yougoslavie. C’est pourquoi les principales organisations internationales présentes à Banja Luka ou à Pale ont opéré un repli vers Sarajevo. Les étrangers ont été explicitement menacés de représailles par l’ultranationaliste serbe Vojislav Seselj.
nuit du lundi 12 au mardi 13 octobre
Le président Milosevic a fini par baisser la garde face aux exigences de la Communauté internationale et aux menaces de l’OTAN : des élections seront organisées au Kosovo où 2 000 représentants de l’OSCE vont vérifier l’application des résolutions de l’ONU. A Tout hasard, l’OTAN sera tout de même sur pied de guerre le 17 octobre.
mercredi 14 octobre
Milosevic vient d’interdire deux journaux qui avaient évoqué la décision d’intervention de l’OTAN. Il en a confié un autre à un dirigeant du Parti radical, d’extrême droite. Quant au Kosovo, la situation est loin d’y être claire. Les dirigeants du Parlement clandestin, proches d’Ibrahim Rugova, rejettent l’accord et exigent l’indépendance du Kosovo. Rugova réclame des frappes aériennes contre des objectifs militaires serbes et des troupes au sol.
jeudi 15 octobre
Les plus représentants de l’OTAN sont allés recueillir la signature de Milosevic sur le texte leur permettant de contrôler, au Kosovo, l’application des accords conclu. Ils estiment cependant que le retrait serbe est trop lent pour redonner confiance aux réfugiés. Les représentants de l’UCK accusent Belgrade de poursuivre ses exactions sur le terrain.
vendredi 16 octobre
Le Conseil de l’OTAN a prolongé de dix jours, jusqu’au 27 octobre, le délai accordé à Milosevic pour appliquer la résolution de l’ONU. Les préparatifs d’une frappe aérienne se poursuivent ainsi que les négociations sur la mise en place des 2 000 observateurs. Rugova affirme que « la police serbe ne s’est pas retirée du Kosovo ». Mais, dans la soirée, des sources serbes et albanaises ont fait état du départ de trois convois militaires de plus de 200 véhicules, des chars et des transports de troupes blindés en direction de la Serbie.
samedi 17 octobre
Les premiers membres de la Mission chargée de vérifier, au Kosovo, l’application de la résolution 1199 du Conseil de sécurité sont sur place, à Pristina. En tout, 25 personnes, ayant à leur tête un ancien général américain, John Sandrock, 150 observateurs, sur les 2 000 prévus, doivent les rejoindre dans les… 15 jours. Un accrochage entre policiers serbes et Kosovars albanais, à Lapusnik, à 40 kilomètres à l’ouest de Pristina, a fait trois morts et deux blessés du côté serbe. Les U-2 de l’OTAN ont commencé leurs survols de contrôle du territoire kosovar.
dimanche 18 octobre
Deux journalistes de l’agence gouvernementale yougoslave Tanjung sont portés disparus dans la région kosovare de Pristina.
nuit du dimanche 18 au lundi 19 octobre
Selon des sources concordantes, l’armée yougoslave a lancé une opération contre un village kosovar, non loin de Lapušnik. Cette action militaire a aussitôt provoqué une vigoureuse mise en garde du secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana.
lundi 19 octobre
Une équipe du HCR a constaté des mouvements de blindés serbes près d’un camp de 3 000 réfugiés. De son côté, le Centre des médias du Kosovo - proserbe - a fait état de dizaines d’attaques des partisans kosovars albanais dans la région de Pristina. A Belgrade, les ambassades allemande et néerlandaise ont été rouvertes, après une semaine de fermeture.
mardi 20 octobre
Une équipe médico-légale finlandaise est arrivée à Belgrade. Elle est mandatée par l’Union européenne pour enquêter sur les atrocités commises au Kosovo et aider à l’indentification des victimes.
mercredi 21 octobre
La « mission de vérification » de l’OSCE sera opérationnelle dans quelques semaines. C’est ce qu’a fait savoir Bronislaw Geremek. Pour l’instant, dix pays se sont engagés à fournir du personnel.
jeudi 22 octobre
Javier Solana, le secrétaire général de l’OTAN, a affirmé que Milosevic n’a toujours pas rempli la totalité de ses engagements en faveur du retour à la paix au Kosovo. Il reste cinq jours à Belgrade pour se conformer aux accords conclu. D’intenses combats à l’arme lourde ont encore eu lieu aux abords de Pristina.
vendredi 23 octobre
Selon le HCR, la destruction de village au Kosovo continue et la présence de la police et de l’armée serbe empêche toute sécurisation des habitants. La reprise des attaques de l’UCK, qui rejette l’accord, n’a rien arrangé.
dimanche 25 octobre
Le Conseil permanent de l’OSCE a décidé d’autoriser le « début immédiat du déploiement de la Mission de vérification au Kosovo ». Elle est établie « pour un an, avec une prolongation possible ». Au même moment, à Belgrade, les deux plus hauts responsables de l’OTAN ont rencontré Milosevic. La menace d’intervention militaire de l’OTAN reste en vigueur.
lundi 26 octobre
L’armée yougoslave a beaucoup bougé. Trois convois importants ont été repérés, quittant le centre du Kosovo pour rejoindre leurs casernements dans le Sud et dans le Nord. La police serbe aussi, qui a levé le barrage qu’elle maintenait à 25 kilomètres au sud-est de Pristina.
mardi 27 octobre
L’OTAN a décidé, à l’heure où expirait son ultimatum, de ne pas déclencher les raids aériens dont elle menaçait les Serbes. L’Alliance a cependant résolu de maintenir son dispositif militaire en place, prêt à intervenir à tout moment. L’ampleur du retrait des forces serbes et yougoslaves a été jugé « très positive ». Depuis deux jours en tout cas, on constate le retour d’un certain nombre de réfugiés dans leurs villages.
mercredi 28 octobre
La police spéciale serbe a quitté le village de Klecka, huitième et dernière localité du Kosovo que Milosevic a promis d’évacuer, le 25 octobre, lors de ses entretiens directs avec les responsables militaires de l’OTAN. Le HCR a pu constater « un grand changement » depuis la veille, « premier jour où l’on a vu des gens retourner réellement dans leurs foyers ». C’est la minorité serbe du Kosovo, maintenant, qui fait part de ses craintes.
jeudi 29 octobre
Plusieurs responsables américains sont entrés en contact avec les chefs de file de l’UCK pour les exhorter à respecter le cessez-le-feu afin de garantir la sécurité des vérificateurs déployés au Kosovo par l’OSCE.
vendredi 30 octobre
Selon Médecins du monde, « rien n’a changé » au Kosovo. Les exactions serbes se poursuivent et le retour des réfugiés s’avère très difficile. Des observateurs diplomatiques confirment qu’une unité de l’armée serbe est encore déployée aux environs de Klina, au nord de Prcevo. L’OTAN a, quant à elle, organisé une surveillance aérienne avec une vingtaine d’avions.
samedi 31 octobre
Un militaire français détaché au comité militaire de l’OTAN a été mis en examen et écroué à Paris pour « intelligence avec une puissance étrangère ». Commandant de l’Armée de l’air, Pierre Bunel est soupçonné d’avoir remis à des agents serbes des documents désignant les sites militaires yougoslaves qui seraient frappés par l’OTAN en cas de prolongement de la crise du Kosovo. Il aurait reconnu les faits et avoir agi par « sympathie proserbe ».
dimanche 1er novembre
L’UCK a condamné deux journalistes de l’agence officielle yougoslave Tanjung, qu’elle détient depuis deux semaines, à 60 jours de prison pour avoir « enfreint l’ordre militaire et civil intérieur établi par l’UCK ». C’est la première fois que l’UCK fait état d’une justice militaire.
vendredi 6 novembre
Le leader des Albanais du Kosovo, Ibrahim Rugova, a déclaré qu’il poursuivait ses efforts pour former un « gouvernement » représentant « toutes les forces » kosovares. Il n’a pas mentionné l’UCK qui refuse de reconnaître son autorité. De son côté, l’UCK a annoncé l’instauration d’un « pouvoir civil » sur la partie de la province qu’elle contrôle, lequel facilitera son travail dans la « lutte contre les personnes irresponsables ». Plusieurs diplomates insistent sur le fait que cette division des Kosovars bloque autant les négociations que la mauvaise volonté serbe.
lundi 9 novembre
Dans une interview à un journal espagnol, le président de l’OSCE, Bronislaw Geremek affirme que la mission de l’OSCE au Kosovo va rencontrer de sérieux problèmes de sécurité au printemps. L’insécurité viendra de « la faiblesse des garanties yougoslaves », mais aussi de « celles de l’UCK ». « Nous avons déjà l’impression qu’en ce moment, l’UCK reprend les positions abandonnées par la police et l’armée serbes. Cela permet à Milosevic de dire que le terrorisme agit et qu’il faut y répondre ».
mardi 10 novembre
L’OTAN a allégé son dispositif aérien au Kosovo. La mission de vérification de l’OSCE s’installe progressivement mais ne sera opérationnelle qu’à la fin novembre. Les incidents se multiplient entre l’UCK et les forces de police serbes. Deux policiers ont été tués.
vendredi 13 novembre
L’UCK a ouvert le feu sur un camion de l’armée yougoslave, faisant un mort et deux blessés. La fusillade s’est déroulée à Dulje, dans le sud du Kosovo. Depuis quelques jours, les incidents se multiplient, témoignant de la présence musclée de l’UCK, après le retrait de milliers d’hommes des forces serbes. L’organisation indépendantiste a repris le contrôle de plusieurs villages. La police serbe a également été renforcée. Selon un journal, le bilan de la semaine s’élève à 15 morts dans les deux camps. Par ailleurs, l’OTAN a adopté un plan d’opération pour une force d’intervention rapide de 1 700 hommes qui pourra prêter main forte aux vérificateurs de l’OSCE. Cette opération, baptisée « Garantie conjointe », sera dirigée au plus haut niveau par le général américain Wesley Clark et sur le terrain par le général français Marcel Valentin.
dimanche 15 novembre
Le président serbe, Milan Milutinovic, a invité les responsables politiques des Albanais du Kosovo, à une table ronde, le 18 novembre à Pristina, en présence des responsables internationaux, l’émissaire américain Christopher Hill, les ambassadeurs d’Autriche (pour l’Union européenne), de Chine et de Russie. Par ailleurs, 15 premiers Français et 12 Norvégiens sont arrivés au Kosovo dans le cadre du déploiement d’un corps de 2 000 vérificateurs.
lundi 16 novembre
Les Kosovars ont fait répondre à Milan Milutinovic que les conditions n’étaient toujours pas remplies pour engager des négociations sur l’avenir de la province. Pour Ibrahim Rugova, cette offre n’est qu’un « geste de propagande du régime serbe ».
vendredi 20 novembre
La neige a fait son apparition au Kosovo, bloquant l’acheminement des secours du HCR aussi bien que la Mission diplomatique d’observateurs dont les patrouilles blindées n’ont pu quitter le QG américain. L’UCK en a profité pour afficher sa supériorité sur le terrain : deux policiers serbes ont été tués et quatre autres blessés, dans la matinée, près de Decani, par des tirs de roquettes et à l’arme automatique.
mercredi 2 décembre
L’UCK est prête à reporter à plus tard son exigence d’indépendance du Kosovo, à condition qu’elle reçoive des garanties avant la signature du plan de paix américain prévoyant un statut intermédiaire. L’UCK n’acceptera le plan américain, cependant, que s’il prévoit le droit à l’autodétermination pour les albanophones du Kosovo « dans un proche avenir ».
jeudi 3 décembre
Les relations entre Belgrade et Washington ont pris un sérieux coup de froid, dans la soirée, avec l’adoption d’une déclaration virulente, au Parlement yougoslave, prêtant aux Etats-Unis l‘intention de renverser le président Milosevic et de prêter la main aux séparatistes du Kosovo.
vendredi 4 décembre
Le conseil permanent de l’OTAN a ordonné aux militaires de mettre en place, après l’accord officiel de la Macédoine, une force d’ « extraction » prêt à intervenir au Kosovo si les vérificateurs européens de l’OSCE se retrouvent en difficulté. Cette force de 1 700 hommes (700 Français, 350 Britanniques, 250 Allemands, 200 Italiens et 200 Néerlandais) est dirigée par le général français, Marcel Valentin.
dimanche 6 décembre
Une quarantaine de soldats de l’OTAN sont arrivés à Skopje pour préparer le pont aérien de la nuit.
nuit du dimanche 6 au lundi 7 décembre
L’armée de l’air française a commencé à acheminer vers la Macédoine des soldats et du matériel de la Force d’extraction de l’OTAN.
lundi 7 décembre
Le négociateur en chef des Kosovars, Fehmi Agani, considère comme « inacceptable » la dernière version du projet de règlement de la question du Kosovo préparée par le médiateur américain Christopher Hill. Les Albanais du Kosovo reprochent surtout à ce projet de « se rapprocher des exigences serbes », en particulier sur la composition de la police régionale et la compétence des tribunaux, visant à maintenir le Kosovo sous l’emprise de Belgrade.
mercredi 9 décembre
Les Serbes et les Albanais ont, chacun pour leur part, rejeté le projet d’accord sur le Kosovo élaboré par le médiateur américain Christopher Hill.
dimanche 13 décembre
Le président yougoslave, Slobodan Milosevic, a lancé, par médias interposés, un avertissement à la force de l’OTAN concernant la mise en place en Macédoine pour protéger ses observateurs au Kosovo : « S’ils pénètrent sur notre territoire, nous considérerons cela comme un acte d’agression ».
lundi 14 décembre
36 séparatistes albanais du Kosovo ont été tués par des gardes-frontières yougoslaves, alors qu’ils tentaient de s’infiltrer au Kosovo, en provenance d’Albanie. Ils étaient armés et portaient des uniformes de l’UCK. Une douzaine d’autres ont été blessés et 9 arrêtés au cours de l’accrochage qui a duré plusieurs heures. Les gardes yougoslaves ont saisi une importante quantité d’armes et de matériel militaire.
Trois membres de l’ambassade de France à Belgrade ont été tués dans un accident de la route au Kosovo, à une dizaine de kilomètres au nord de Pristina.
jeudi 17 décembre
A la suite de l’attaque au cours de laquelle les six Serbes avaient été tués à Pec, la police serbe est intervenue à Kapesnica et à Glodjane. Deux Albanais, armés, ont été tués et 14 autres arrêtés. Par ailleurs, Zvonko Bojanic, adjoint (serbe) au maire de Kosovo Polje, banlieue sud de Pristina, a été enlevé par cinq hommes masqués et armés portant des uniformes de l’UCK.
vendredi 18 décembre
Zvonko Bojanic a été retrouvé mort, dans la matinée, sur la route Pristina-Pec.
lundi 21 décembre
Dans le nord du Kosovo, un policier serbe a été assassiné à Podujevo.
jeudi 24 décembre
Les forces serbes ont lancé une vaste opération (6 chars T55 et 20 véhicules blindés) pour écraser l’un des bastions de l’UCK. Du coup, cette dernière a rompu la trêve qu’elle observait depuis octobre. Les observateurs internationaux n’ont rien pu faire. Les Serbes ont attaqué le village de Gornja Lapastica, dans la région de Podujevo (nord du Kosovo). L’opération a fait huit morts côté albanais, et au moins deux blessés dans les rangs serbes.
vendredi 25 décembre
De nouveaux combats ont éclaté dans la région de Podujevo.
samedi 26 décembre
Les combats se poursuivent au Kosovo : un Serbe de 65 ans a été tué par l’UCK, à l’entrée d’Obrandza.
dimanche 27 décembre
Serbes et Kosovars se sont affrontés à l’arme lourde (lance-roquettes, mortiers, blindés) autour de plusieurs villages de la région de Podujevo : Velika Reka, Obrandza et Lapastica, tenus par les séparatistes. Selon le Centre d’information albanais (Kic), 15 Albanais ont été tués en quatre jours. « Plusieurs milliers » d’habitants auraient fui leurs foyers, notamment en direction des forêts et du village de Lapastica.
Le président yougoslave Milosevic a remplacé les titulaires d’une vingtaine de postes clés à l’état-major général de son armée. Ils étaient tous des fidèles du général Momcilo Perisic, le chef d’état-major limogé en novembre. C’est sans doute l’annonce d’un durcissement militaire au Kosovo.
lundi 28 décembre
A Tirana, le Parlement albanais a adopté à l’unanimité une demande d’intervention de l’OTAN au Kosovo.
mardi 29 décembre
5 Albanais ont été tués lors d’incidents l’un au nord du Kosovo, à Kosovska Mitrovica, un second au sud, à Prizren et le troisième sur la route Pec-Decani. Cela porte à 25 morts le bilan de la reprise des combats depuis le 24 décembre. L’OTAN a rappelé que son ordre d’intervention, suspendu depuis l’accord d’octobre, n’est pas caduc et que l’organisation est prête à intervenir si la trêve n’est pas rétablie au Kosovo.
dimanche 27 décembre
Serbes et Kosovars se sont affrontés à l’arme lourde (lance-roquettes, mortiers, blindés) autour de plusieurs villages de la région de Podujevo : Velika Reka, Obrandza et Lapastica, tenus par les séparatistes. Selon le Centre d’information albanais (Kic), 15 Albanais ont été tués en quatre jours. « Plusieurs milliers » d’habitants auraient fui leurs foyers, notamment en direction des forêts et du village de Lapastica.
Le président yougoslave Milosevic a remplacé les titulaires d’une vingtaine de postes clés à l’état-major général de son armée. Ils étaient tous des fidèles du général Momcilo Perisic, le chef d’état-major limogé en novembre. C’est sans doute l’annonce d’un durcissement militaire au Kosovo.