lundi 4 janvier
Quatre policiers russes ont été tués en Ingouchie dans la ville-frontière d’Aki-Yourt par des coups de feu tirés depuis la Tchétchénie. Plusieurs autres policiers ont été blessés.
mardi 12 janvier
Fruit de 12 ans de recherche, le premier avion furtif russe, capable d’échapper aux radars, a été présenté au ministre de la Défense Igor Serguéïev par la firme MiG. Il n’a pas encore de nom et, pour le moment, deux exemplaires seulement de cet appareil élaboré à l’époque soviétique ont volé.
Les Etats-Unis ont annoncé des sanctions économiques contre trois instituts russes accusés d’aider l’Iran à produire des missiles ou de lui fournir une aide en matière nucléaire. Moscou se plaint de voir les questions relatives au contrôle des exportations de technologie prendre « une ampleur maladive dans les relations entre la Russie et certains Etats ».
dimanche 17 janvier
Le président Eltsine a été de nouveau hospitalisé, cette fois pour un ulcère à l’estomac « aigu et sanglant ».
mardi 19 janvier
Une délégation du Fonds monétaire international est arrivée à Moscou pour reprendre les négociations sur l’aide financière. Mais il y a très peu de chances que le FMI débloque des fonds. La Russie est jugée trop imprévisible et bien peu docile.
mercredi 20 janvier
Boris Eltsine ne sera pas opéré, en tout cas dans l’immédiat, de l’ulcère à l’estomac qui a nécessité son hospitalisation. Les médecins du président russe estiment que l’intervention, sous anesthésie générale, serait « dangereuse » pour ce malade cardiaque.
jeudi 21 janvier
L’hospitalisation de Boris Eltsine ranime le débat sur sa succession. La proximité des élections législatives, en décembre prochain, suscite déjà des grandes manœuvres au sein du Parti communiste. Guennadi Ziouganov, leader du PC et candidat probable à la présidence, n’a jamais caché son attirance pour le mouvement de Iouri Loujkov, le maire de Moscou, également présidentiable. Mais tous les membres du PC ne sont pas prêts à suivre leur chef dans cette démarche. Alors Ziouganov a quasi ouvertement proposé une division de son parti : « Les communistes purs et durs, à qui notre rapprochement avec Loujkov ne plaît pas, n’ont qu’à faire scission et mener campagne sous leur propre bannière ».
vendredi 22 janvier
Le Premier ministre russe a signé un décret autorisant les exploitants de la station spatiale Mir à prolonger la vie de la station jusqu’à l’an 2002 en finançant son exploitation sur des fonds privés. Son abandon devait avoir lieu pour l’été 1999 (elle sera finalement détruite volontairement en mars 2001).
mardi 26 janvier
Si l’on en croit un sondage, neuf Russes sur dix n’ont plus confiance en Boris Eltsine. Les Russes estiment que la Russie est « un pays de troisième ordre, resté à l’écart des pays développés ».
L’Ecri, la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance, qui examine la situation dans les 40 pays membres du Conseil de l’Europe, a publié des rapports particulièrement critiques concernant les pratiques racistes et antisémites dans cinq pays : le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, le Royaume-Uni et, surtout, la Russie. Dans ce dernier pays, l’Ecri relève l’arbitraire dans tous les domaines et s’inquiète tout particulièrement de la diffusion presque banale des « opinions nationalistes les plus extrêmes, faisant écho aux théories fascistes ».
mercredi 27 janvier
Plus de 200 000 enseignants russes se sont mis en grève pour trois jours pour obtenir le paiement de leurs salaires en retard (entre trois et quatre mois en moyenne). Le gouvernement admet qu’il ne pourra pas éponger ses retards (de près de 4 milliards de francs), malgré ses promesses, avant l’été.
La télévision russe a montré Boris Eltsine, pendant quelques secondes, en compagnie d’Evgueni Primakov, qui lui a rendu visite pour une « rencontre de travail ». Ce sont les premières images du président russe diffusées depuis sa dernière hospitalisation. Le Kremlin affirme qu’il quittera l’hôpital « à la fin de la semaine ».
samedi 30 janvier
Boris Eltsine a quitté l’hôpital central du Kremlin. Il a été transféré vers l’établissement de Barvikha, une maison de santé à l’ouest de Moscou.
La ville russe d’Arkhangelsk accueille les championnats du monde de bandy.
dimanche 31 janvier
Trois colonnes de 200 « combattants » de l’Unité nationale russe (mouvement nationaliste fascisant dirigé par Alexandre Barkachov), portant des brassards ornés de croix gammées, ont défilé en toute liberté à Moscou.
Clôture des championnats d’Europe de patinage artistique à Prague. La compétition a été largement dominée par la Russie, qui repart avec 9 des 12 médailles mises en jeu, dont les 4 titres (Maria Butyrskaya chez les dames, Alexei Yagudin chez les hommes, Maria Petrova et Alexei Tikhonov en couples, Anjelika Krylova et Oleg Ovsiannikov en danse). La France est deuxième, la Pologne troisième.
mardi 2 février
La Cour constitutionnelle russe a décidé de suspendre toutes les condamnations à mort jusqu’à la création de cours d’assise avec un jury dans toutes les régions du pays.
mercredi 3 février
La loi coranique, la charia, est désormais applicable en Tchétchénie. Instaurée par le président Maskhadov, elle touche tous les domaines : l’enseignement comme l’armée, l’idéologie comme l’économie. Les femmes ont deux mois pour cacher leurs bras et leurs jambes et porter un foulard. Il n’y aura plus d’écoles mixtes. Des salles de prière seront aménagées dans toutes les écoles et dans toutes les entreprises. La télévision réduira ses programmes de divertissement au profit du religieux.
Carla del Ponte, procureur général de Suisse, a informé son homologue russe Iouri Skouratov qu’un compte bancaire de la société suisse Mabetex a été utilisé pour de nombreux virements depuis Moscou.
jeudi 4 février
A la suite d’une indiscrétion parue la presse russe, accusant l’influent homme d’affaires Boris Berezovski d’avoir fait écouter la famille et les proches de Boris Eltsine, une enquête avait été ouverte par le parquet général. Boris Berezovski est aujourd’hui secrétaire exécutif de la CEI. Une perquisition a eu lieu dans les locaux de la Sibneft (compagnie pétrolière russe dont Berezovski fut le président) et les enquêteurs ont déclaré : « Nous avons trouvé ce que nous cherchions. Les résultats sont bons… »
L’affaire de l’ancien officier Alexandre Nikitine, accusé d’avoir divulgué des informations sur les sous-marins nucléaires russes, continue d’embarrasser Moscou : sur appel du tribunal de Saint-Pétersbourg, la Cour suprême russe a confirmé la demande d’un supplément d’information. Elle juge le dossier d’accusation « peu convaincant », car il ne permet pas, dit-elle, de savoir si les informations divulguées relevaient ou non du secret.
vendredi 5 février
Le Premier ministre russe Evgueni Primakov a remporté une première victoire politique : il a enfin fait voter son projet de budget 1999. C’est le premier pas avant une négociation avec les autorités monétaires internationales. Le second est la chasse aux fuites de capitaux : 1 000 milliards de francs ont quitté illégalement le territoire de la Russie ces dix dernières années. Il s’agit de recettes d’explorateurs russes versés sur des comptes à l’étranger. Enfin, Boris Eltsine, malade, aurait accepté de rogner certains de ses pouvoirs. Il accepterait un pacte lui interdisant de limoger son Premier ministre sans l’accord du Parlement. Mais, dans la soirée, l’Union européenne a suspendu les procédures en vue de l’aide alimentaire qui devait commencer fin février : les Russes mettent en cause la qualité de la viande provenant des stocks d’intervention européens.
dimanche 7 février
Les Russes et les Chinois ont dénoncé à Munich les velléités d’élargissement de l’OTAN. Pour Moscou, comme pour Pékin, l’élargissement des blocs militaires ne contribue pas au développement de la paix. Pour la Russie, « l’adhésion d’anciennes républiques soviétiques à l’OTAN serait inadmissible ».
L’ancien chef de guerre tchétchène Chamil Bassaïev a dissous son parti politique dans la soirée et appelé les autres partis du pays à faire de même. Avec l’imposition de la charia, Bassaïev estime que l’objectif que s’était fixé son parti est atteint et que dans un état islamique il ne doit pas y avoir d’organisations qui divisent les musulmans.
Clôture à Arkhangelsk des championnats du monde de bandy : en finale, la Russie a battu la Finlande 5 à 0. La Suède est troisième.
lundi 8 février
Malgré l’opposition de ses médecins, le président Eltsine a assisté à Amman aux obsèques du roi Hussein de Jordanie, décédé la veille. Il n’a cependant pas pris part aux autres cérémonies, regagnant rapidement Moscou.
mercredi 10 février
Au moins 67 personnes sont mortes dans l’incendie qui a ravagé le siège de la police à Samara. 121 autres ont été blessées. Le ministre de l’Intérieur n’écarte pas la thèse de l’acte criminel. Les victimes sont essentiellement des enquêteurs et des officiers de police qui travaillaient sur les délits économiques.
jeudi 11 février
Le chef de la commission des grâces auprès du président russe, Anatoli Pristavkine, a annoncé que tous les condamnés à mort (au nombre de 500) allaient être graciés « d’ici le mois de juin ». Leur détention sera commuée « en détention à vie ou à 25 ans d’emprisonnement ».
vendredi 12 février
La commission parlementaire chargée d’instruire la destitution de Boris Eltsine a achevé ses travaux et retenu cinq chefs d’accusation (dont celui de « génocide du peuple russe »), ouvrant la voie à un vote de la Douma, sans doute début mars.
samedi 13 février
70 000 personnes ont assisté à Samara aux obsèques de 20 des victimes de l’incendie du 10 février.
dimanche 14 février
L’hebdomadaire britannique The Sunday Telegraph, citant des sources diplomatiques à Moscou, a révélé que la Russie et l’Irak, pourtant sous embargo international, ont signé des contrats pour près d’un milliard de francs, destinés à renforcer la défense aérienne irakienne. Cette brèche dans l’embargo sur les armes constitue une sérieuse menace pour les chasseurs américains et britanniques qui patrouillent dans les zones d’exclusion aérienne, où ils affrontent quotidiennement la DCA irakienne.
lundi 15 février
Après 24 heures d’un étrange silence, la Russie a catégoriquement démenti l’information parue la veille dans The Sunday Telegraph.
mi-février
Le procureur général de Russie, Iouri Skouratov, envoie un rapport à la Douma. Ce document comprend une série d’accusations, dont le transfert illégal par la Banque centrale de Russie de 5 milliards de dollars, incluant certains crédits du FMI, sur le compte de la Fimako, à Jersey.
jeudi 18 février
Le sommet Russie-Union européenne auquel ont participé, à Moscou, Boris Eltsine, le chancelier allemand Gerhardt Schröder et Jacques Santer, président de la Commission de Bruxelles, semble avoir dégelé la coopération économique et financière. Dans un communiqué commun, la Russie promet de « tenir ses engagements budgétaires, créer une base fiscale sûre, respecter ses engagements financiers extérieurs ». L’Union européenne se dit prête à « réorienter ses aides au profit d’une restructuration des entreprises et d’un renforcement du système bancaire ». Les deux parties ont aussi examiné les moyens d’assurer que les recettes de l’aide alimentaire européenne couvrent les besoins sociaux les plus urgents.
Sergueï Drokhine n’est plus secrétaire général de la Mission de paix russe en Tchétchénie.
Alors que les négociations entre Serbes et Albanais sur le Kosovo sont toujours au point mort depuis bientôt deux semaines au château de Rambouillet, les menaces de l’OTAN se font de plus pressantes à l’égard de la Serbie. Le secrétaire américain à la Défense, William Cohen, a ordonné le déploiement de plusieurs dizaines d’avions militaires supplémentaires en Europe dans les 48 heures, s’attirant une vive mise en garde du président russe : « Pas touche à la Serbie ».
vendredi 19 février
L’aide alimentaire de l’Union européenne à la Russie a été débloquée au cours du sommet Eltsine-Schröder à Moscou. Les livraisons pourront commencer fin mars.
181 mines russes seront fermées d’ici à 2001. Il s’agit de mines jugées non rentables. L’an dernier, Moscou a déjà fermé 40 mines, mettant 420 000 mineurs au chômage.
samedi 20 février
Sortie du film Le Barbier de Sibérie (Sibirskiy tsiryulnik), drame de Nikita Mikhalkov, avec Julia Ormond, Richard Harris, Oleg Menchikov, Alexeï Petrenko et Marina Neïeolova.
samedi 27 février
Boris Eltsine a été de nouveau hospitalisé pour soigner son ulcère à l’estomac. Les médecins du Kremlin ont précisé que « la vie du président n’était pas en danger ».
dimanche 28 février
Clôture des championnats du monde de ski nordique à Ramsau : la Norvège termine meilleure nation avec neuf médailles, dont quatre en or. Suivent la Finlande (six médailles, dont quatre en or) et la Russie (sept médailles, dont deux en or : Lariza Lazutina au 30 km classique F, Olga Danilova, L. Lazutina, Anfisa Reztsova et Nina Gawriljuk au relais 4 x 5 km F).
jeudi 4 mars
L’un des hommes les plus puissants de Russie a essuyé l’un de ses plus gros échecs. Boris Berezovski, en guerre ouverte contre le Premier ministre Primakov, a été limogé par Boris Eltsine de son poste de secrétaire exécutif de la CEI, pour avoir « outrepassé les limites de son autorité ».
Match aller des quarts de finale de la Coupe d’Europe de football des vainqueurs de Coupe : à domicile, les Russes du Lokomotiv Moscou ont battu les Israéliens du Maccabi Haïfa trois buts (Janashia les trois) à zéro, devant 22 000 spectateurs.
vendredi 5 mars
Le général Guennadi Chpigoun, représentant du ministère de l’Intérieur russe en Tchétchénie, a été enlevé dans l’après-midi sur l’aéroport de la capitale tchétchène, Grozny. Plusieurs hommes armés et masqués se sont introduits dans son avion qui allait s’envoler pour Moscou. Le ministre russe de l’Intérieur, Serguei Stepachine, a promis de prendre les « mesures adéquates », menaçant de « punir » la région.
mardi 9 mars
Le ministre de l’Intérieur russe, Stepachine, a changé de ton vis-à-vis de la Tchétchénie ; il a réaffirmé le soutient total du gouvernement au président Maskhadov. Celui-ci a demandé à rencontrer le président Eltsine : « Nous devons commencer à négocier », a-t-il demandé.
vendredi 12 mars
Trois anciens partenaires du défunt Pacte de Varsovie - la Pologne, la Hongrie et la République tchèque - sont devenus membres à part entière de l’OTAN. Une cérémonie relativement discrète a eu lieu à Independance (Missouri, aux Etats-Unis). C’est la première fois que d’anciens Etats du Bloc de l’Est adhèrent à cette organisation, autrefois leur ennemie.
jeudi 18 mars
Quelque 10 000 personnes se sont rassemblées à Nazran, capitale de l’Ingouchie, pour réclamer le maintien dans leur république de la région de Progorodny, contestée et revendiquée par l’Ossétie du Nord.
Dans la soirée, un bâtiment en bois d’un hôpital de la région de Vologda (nord-est de Moscou) a été détruit par un incendie : 23 patients sont morts.
Les footballeurs russes du Lokomotiv Moscou se sont qualifiés pour les demi-finales de la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe en allant s’imposer au match retour un but (Chugainov sur penalty) à zéro sur le terrain des Israéliens du Maccabi Haïfa, devant 18 500 spectateurs.
vendredi 19 mars
A 11 h 40, un attentat à la bombe a fait 53 morts et 104 blessés sur le marché central de Vladikavkaz, la capitale de l’Ossétie du Nord, dans le Caucase.
dimanche 21 mars
Le président tchétchène Aslan Maskhadov a échappé à un attentat à la bombe qui a fait quelques blessés. L’engin a explosé juste avant le passage du cortège présidentiel dans le centre de Grozny. Le président a accusé « des forces » qui, en Russie, « visent à déstabiliser le Caucase du nord pour déclencher l’état d’urgence et annuler les élections ».
mardi 23 mars
Selon le Comité d’Etat pour les statistiques de Moscou, le nombre officiel de chômeurs en Russie s’établit à 8,98 millions, en augmentation de 6,5 % par rapport à l’an passé. Pendant la même période, les revenus des Russes ont baissé de 27,3 %.
nuit du mardi 23 au mercredi 24 mars
Le secrétaire général de l’OTAN Javier Solana a donné, son feu vert au bombardement de positions serbes. Cette décision a provoqué la colère russe. Le Premier ministre russe, Evgueni Primakov, qui se rendait aux Etats-Unis a fait demi-tour en apprenant la nouvelle.
mercredi 24 mars
Humiliation pour Moscou : l’OTAN (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne et quatre autres pays) a déclenché à 20 heures une forte offensive contre la Yougoslavie. Eltsine s’est dit « indigné » par ces premières frappes et prêt à prendre « des mesures militaires ».
nuit du mercredi 24 au jeudi 25 mars
Avec l’opération « Force déterminée », l’OTAN a poursuivi ses frappes sur les objectifs militaire serbes. C’est Moscou qui a donné le premier bilan, côté serbe : plus de 70 morts, dont 50 civils, et plus de 220 blessés. L’armée yougoslave, elle, parle de 10 soldats tués et de 38 autres blessés. Des chiffres invérifiables.
jeudi 25 mars
Slobodan Milosevic, fort d’un message de soutien de Boris Eltsine, n’a pas l’intention de céder. Après avoir dénoncé « les frappes criminelles de l’agression », le président yougoslave a dit qu’il attendait « une aide adéquate » de Moscou. Boris Eltsine ne décolère pas : il jure de prendre « des mesures appropriées » si le conflit venait à s’amplifier, y compris dans le domaine militaire. Et de fournir des armes aux Serbes, malgré l’embargo décidé par l’ONU. Plus réaliste, le Premier ministre Evgueni Primakov a tempéré les propos présidentiels. Il a affirmé que la Russie n’adopterait pas une politique isolationniste envers les Occidentaux. Dans la soirée, à l’ONU, la Russie a fait circuler un projet de résolution par lequel le Conseil de sécurité demanderait l’arrêt immédiat des frappes.
vendredi 26 mars
Moscou a échoué au Conseil de sécurité : sa résolution réclamant « l’arrêt immédiat » des frappes sur la Yougoslavie a été repoussée, ne recueillant que 3 voix sur 15.
samedi 27 mars
La Douma a fermement condamné « l’agression » de l’OTAN en Yougoslavie avec une résolution votée à la quasi-unanimité.
Selon l’Académie russe des sciences, la nuit qui vient est la plus propice pour concevoir un bébé qui naîtra à minuit le 1er janvier 2000. Un concours est lancé : les parents gagnants recevront une voiture.
Qualifications pour le championnat d’Europe de football 2000 : au stade Hrazdan, l’Arménie a été battue par la Russie trois buts (Karpine deux fois, dont une sur pénalty, Bestchastykh) à zéro, devant 10 000 spectateurs. C’était la première fois que ces deux équipes se rencontraient.
dimanche 28 mars
Alors que quelques centaines de Russes manifestaient devant l’ambassade des Etats-Unis, un homme a tiré à l’arme automatique sur la façade du bâtiment avant de s’enfuir dans un véhicule volé à la police. Deux suspects ont été arrêtés. Les réformateurs russes, rassemblés derrière l’ancien Premier ministre Egor Gaïdar, ont condamné l’intervention de l’OTAN qui « usurpe le droit d’intervention dans le monde », mais appelé les Russes à résister à « l’hystérie » anti-OTAN.
Une association d’entreprises russes (Energia), ukrainienne (Yuzhnoye), américaine (Boeing) et norvégienne (Kvaerner) a testé avec succès le lancement d’une fusée de type Zénit à partir de la plate-forme Sea Launch, située dans l’océan Pacifique, au niveau de l’Equateur. Le premier tir commercial aura lieu dans deux mois.
Clôture des championnats du monde de patinage artistique d’Helsinki. La Russie est nettement la meilleure nation de la compétition avec six médailles, dont les quatre titres mis en jeu (Maria Butyrskaïa chez les dames, AlexeI Yagudin chez les hommes, Yelena Berezhnaya et Anton Sikharulidze en couples, Anjelika Krylova et Oleg Ovsiannikov en danse). Les Etats-Unis sont deuxièmes, la France troisième.
lundi 29 mars
Le Premier ministre Primakov a reçu à Moscou le patron du FMI, Michel Camdessus. Les deux parties (et les communistes) se entendues sur le niveau d’équilibre du budget. La Russie va enfin obtenir des fonds.
mardi 30 mars
Après six heures d’entretien avec le président yougoslave Milosevic, à Belgrade, le Premier ministre russe, Evgueni Primakov (accompagné du ministre russe de la Défense, Sergueïev, du chef des renseignements extérieurs et du chef du GRU), n’a pu que présenter des propositions limitées au chancelier allemand Schröder (réduction de présence serbe au Kosovo, reprise des négociations en échange d’un arrêt des bombardements) : l’OTAN a refusé cette médiation. La mission Primakov n’apporte pas « une base pour une solution politique ».
La Tchétchénie a fermé unilatéralement les vannes de l’oléoduc « nord », au prétexte que Moscou lui doit 100 millions de roubles.
mercredi 31 mars
Après la mission Primakov, l’ancien Premier ministre russe, Igor Gaidar, a été reçu à son tour, à son arrivée de Belgrade. Moscou vient de décider de déployer plusieurs bâtiments de la flotte de la mer Noire dans l’Adriatique, « afin d’évaluer la situation ».
Eliminatoires de l’Euro de football 2000 : au stade Central Lokomotiv de Moscou, la Russie a battu Andorre six buts (Titov, Bestchastnykh 2, Onopko, Tsymbalar, Alenitchev) à un (Juli Sanchez), devant 10 333 spectateurs. C’était la première fois que ces deux équipes se rencontraient.
en mars
Le gouvernement turkmène a annoncé qu’à partir du 9 juin l’obtention de visas serait obligatoire pour les ressortissants russes et pour ceux de la plupart des autres pays de la CEI.
jeudi 1er avril
Le président Boris Eltsine a appelé les ministres des Affaires étrangères du « G8 » à se réunir d’urgence pour « régler le conflit du Kosovo autour d’une table de négociation ».
du jeudi 1er au vendredi 2 avril
Réunion à Tokyo de deux commissions clés sur la définition de frontière et sur la coopération économique.
vendredi 2 avril
Boris Eltsine a décidé de limoger le procureur général de Russie, Iouri Skouratov, qui venait d’affirmer détenir des informations sur des personnalités russes « connues » alimentant des comptes en suisse avec de l’argent sale. La Douma s’est mobilisée pour soutenir le procureur. Inconnu il y a trois mois, Skouratov est devenu pour l’opposition russe le symbole de la lutte contre la corruption du pouvoir.
Le risque d’escalade dans les Balkans a encore augmenté avec la demande de Milosevic d’une aide militaire à la Russie afin « défendre plus facilement » la Yougoslavie contre les attaques de l’OTAN. L’octroi de cette aide « est possible et dépend de la situation », a affirmé le chef d’état-major de l’armée russe, Anatoli Kvachnine. Le départ d’un navire russe pour l’Adriatique a provoqué une mise en garde de l’OTAN.
Sommet de la CEI à Moscou, en remplacement du sommet du 26 février annulé. A l’ordre du jour, le limogeage, décidé sans consultation par Eltsine, du secrétaire exécutif de l’organisation, Boris Berezovski.
dimanche 4 avril
Dans une lettre envoyée à la radio Ekho Moskvy (« Echo de Moscou »), une organisation anarchiste clandestine, la Nouvelle alternative révolutionnaire (NAR), a revendiqué l’attentat perpétré devant le bâtiment du FSB (ex-KGB), au centre de Moscou. Ce mouvement s’est déjà fait connaître dans les années 1996-1997 en posant des bombes ou en provoquant des incendies dans plusieurs bureaux de recrutement de l’armée, à Moscou.
Clôture à Hong Kong des championnats du monde de natation en petit bassin : l’Australie termine meilleure nation avec 27 médailles dont 9 d’or, devant le Japon et le Royaume-Uni. La Russie est douzième avec quatre médailles dont une d’or (Nadejda Chemezova au 400 m nage libre).
lundi 5 avril
Fondation à Ekaterinbourg d’un nouveau groupe politique, « FCP Ouralmach ». Plusieurs de ses dirigeants (Grigori Tsyganov, Alexandre Krouk) sont des mafieux notoires.
mardi 6 avril
Le parquet général de Moscou a lancé un mandat d’arrêt contre Boris Berezovski. Il est poursuivi pour commerce illégal et blanchiment d’argent. Nikolaï Glouchov, l’ex-bras droit du directeur général de l’Aéroflot est lui aussi poursuivi, pour les mêmes raisons.
jeudi 8 avril
Match aller des demi-finales de la Coupe d’Europe de football des vainqueurs de Coupe : au stade moscovite du Lokomotiv, le Lokomotiv de Moscou et la Lazio de Rome ont fait match nul un à un (Janashia pour les Russes et Boksic pour les Italiens), devant 23 000 spectateurs.
vendredi 9 avril
Une véritable menace à l’égard de l’Occident est venue de Russie : dans la matinée, le président de la Douma affirmait que le président Eltsine avait donné l’ordre de pointer des missiles sur « les pays en guerre contre la Yougoslavie », ce qui a été démentie rapidement par le chef d’état-major des forces stratégiques russes. Dans l’après-midi, Boris Eltsine a menacé d’intervenir militairement « si les Américains nous y poussent ».
samedi 10 avril
Parallèlement à la poursuite des bombardements de l’OTAN sur la Yougoslavie, les pays occidentaux ont multiplié les contacts destinés à impliquer davantage la Russie dans un règlement du conflit.
dimanche 11 avril
Le Premier ministre Primakov, soutenu par les communistes, a demandé aux députés de renoncer à lancer une procédure de destitution contre Boris Eltsine qui serait « irresponsable et dangereuse ».
Un convoi de 73 camions, venant de Russie et du Bélarus pour gagner la Yougoslavie, a été bloqué à la frontière hungaro-ukrainienne. La situation est suffisamment grave du point de vue de Moscou pour que le ministre des Situations d’urgence, Sergueï Choïgou, soit dépêché sur place.
lundi 12 avril
La Hongrie a finalement laissé passer le convoi russe. Par ailleurs, le parlement yougoslave a demandé l’entrée du pays dans l’Union russo-bélarusse.
mardi 13 avril
Alors que l’OTAN poursuit ses frappes, rien de concret n’est sorti de la première rencontre, depuis le 24 mars, entre l’Américaine Madeleine Albright et le Russe Igor Ivanov : les deux parties campent sur leurs positions.
mercredi 14 avril
Dans une interview publiée par l’Etoile rouge, quotidien de l’armée russe, Milosevic a lancé un appel indirect à l’aide militaire russe. Par ailleurs, Boris Eltsine a nommé Viktor Tchernomyrdine son « représentant spécial » pour la Yougoslavie, et le président bélarusse, Loukachenko, s’est rendu à Belgrade.
jeudi 15 avril
L’aviation de la marine russe a repéré dans la matinée un sous-marin nucléaire étranger, probablement américain, à une centaine de kilomètres de ses côtes pacifiques, au sud-est de Petropavlosk-Kamtchatski. Cette présence est probablement due à l’imminence de manœuvres russes.
vendredi 16 avril
La Russie et le Tadjikistan ont signé un accord de coopération militaire qui prévoit notamment l’installation d’une base militaire russe abritant, en trois sites, 6 500 hommes, pour dix ans. L’Ouzbékistan a aussitôt protesté contre cet accord, s’estimant directement menacé.
lundi 19 avril
Le président américain Clinton et Boris Eltsine se sont livrés à un dialogue de sourds sur l’intervention de l’OTAN en Yougoslavie.
mardi 20 avril
Le gouvernement russe ne pourra pas rembourser le 14 mai une échéance de 1,2 milliard de dollars de dette intérieure, a annoncé le premier vice-ministre des Finances, Mikhaïl Kassianov. Cette dette avait été contractée en 1993 pour dédommager les entreprises russes ayant placés leurs capitaux à la banque d’Etat Vnesheconombank. Ces capitaux, transformés en obligations baptisées MinFin, avaient été gelés par l’incapacité de Moscou à rembourser la dette soviétique en 1991. Beaucoup de MinFins sont la propriété d’opérateurs non russes, ce papier ayant servi d’instruments financiers dans les transactions entre banques russes et étrangères.
mercredi 21 avril
Le Conseil de la Fédération russe (chambre haute du Parlement) a refusé d’entériner la « démission forcée » du procureur général de Russie, Iouri Skouratov, en dépit des appels insistants du président Eltsine. Sur 178 sénateurs, 144 ont pris part au vote, 79 ont voté contre la démission, 61 pour.
mercredi 21 avril
Le Bayern Munich s’est qualifié pour la finale de la Ligue des Champions de football : au Stade olympique, les Bavarois ont battu le Dynamo Kiev un but (Basler) à zéro, devant 60 000 spectateurs.
jeudi 22 avril
A Belgrade, Milosevic a reçu le représentant spécial russe Viktor Tchernomyrdine.
La Lazio de Rome s’est qualifiée pour la finale de la Coupe d’Europe de football des vainqueurs de Coupe grâce au but marqué à l’extérieur. Au match retour, dans le Stade Olympique de Rome, les Italiens et les Russes du Lokomotiv Moscou ont fait match nul zéro à zéro, devant 20 000 spectateurs.
vendredi 23 avril
L’information la plus curieuse de la journée concernant la guerre au Kosovo est venue de Viktor Tchernomyrdine, l’envoyé spécial russe, qui, en annonçant un assouplissement de Milosevic (acceptation d’une force d’interposition étrangère), a semé la plus grande confusion, avec force de démentis venant par la suite à la fois de Moscou et de Belgrade.
Boris Eltsine « est aujourd’hui dans une forme qui lui permet de présenter sa candidature pour l’élection présidentielle de l’an 2000 », a affirmé le Dr Mironov, médecin-chef du Kremlin, qui suit le président russe depuis 15 ans. Et il précise que le président « n’a jamais eu de problème de santé provoqués par l’abus d’alcool ». Il ajoute cependant : « La vodka a toujours été le meilleur remède contre le stress, et puisque le travail du chef de l’Etat est très stressant, alors… »
lundi 26 avril
La Russie a fait savoir qu’elle refuserait d’appliquer l’embargo sur le pétrole à destination de la Yougoslavie.
La forte explosion, qui a fait 11 blessés dans l’hôtel Intourist de Moscou, a été classée par le service fédéral de sécurité russe comme acte « terroriste ». La déflagration a endommagé tout le 20e étage de cet hôtel, à 200 mètres du Kremlin.
mardi 27 avril
Le président Eltsine a limogé le premier vice-Premier ministre, Vadim Goustov, proche des communistes, récemment accusé de corruption. Il l’a remplacé par l’un de ses fidèles, le ministre de l’intérieur Stépachine.
A l’occasion de la fête nationale yougoslave, Boris Eltsine a adressé un télégramme de soutien à Slobodan Milosevic.
mercredi 28 avril
La Chine et la Russie ont achevé de délimiter leur frontière. Les deux pays vont pouvoir signer prochainement un document mettant fin à un conflit vieux de trois siècles. Après sept ans de travail, la pose des jalons est achevée le long de la frontière. Les deux pays se sont partagés, par moitié, les 2 444 îles inhabitées du fleuve Amour et des autres cours d’eau qui séparent les deux territoires.
jeudi 29 avril
Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a été reçu au Kremlin par Boris Eltsine.
en avril ou en mai
Election du président de la République de Karatchaevo-Tcherkessie. Les résultats de cette élection (la victoire du Karatchaï Vladimir Semenov au deuxième tour) ont divisé le pays entre Karatchaïs, Adyghéens, Tcherkesses et Abazines. Le maire de la capitale Tcherkessk, Stanislav Derev, un Tcherkesse, arrivé largement en tête au premier tour, avait appelé au boycott des urnes au second tour.
samedi 1er mai
Une explosion a eu lieu dans la soirée près d’une synagogue, non loin de la Place rouge, en plein centre de Moscou. L’explosion, dont l’origine est inconnue, n’aurait pas fait de victime. La déflagration a brisé les vites du bâtiment sur la rue Arkhipova où se trouve également le Conseil des communautés juives de Russie, dans le quartier Kitaï Gorod. C’est la troisième explosion en moins d’un mois dans la capitale russe.
Entrée en vigueur de la Déclaration d’Istanbul, signée en 1992, qui crée l’Organisation de coopération économique de la mer Noire (OCEMN). Elle compte onze pays membres fondateurs : l’Albanie, la Bulgarie, la Grèce, la Roumanie, la Turquie et six Etats issus de l’ex-URSS (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, Moldavie, Russie et Ukraine).
dimanche 2 mai
Selon le vice-Premier ministre russe, Vladimir Boulgak, la Russie aura besoin de 6 milliards environ pour franchir sans encombre le cap du bug de l’an 2000.
lundi 3 mai
L’émissaire russe Victor Tchernomyrdine est arrivé dans la soirée à Washington pour présenter des « propositions concrètes » du Kremlin pour un règlement de la crise yougoslave.
Le joueur de tennis russe Ievgueni Kafelnikov succède à l’Américain Pete Sampras comme numéro un mondial.
jeudi 6 mai
Réunis à Bonn, les ministres des Affaires étrangères du G8 (dont la Russie) ont trouvé un langage commun et décidé de préparer une résolution concernant la guerre au Kosovo, qui sera soumise au Conseil de sécurité de l’ONU. L’accord prévoit notamment l’arrêt « immédiat et vérifiable » des violences au Kosovo, le retrait des forces serbes, la mise en place d’une administration provisoire « décidée » par l’ONU, le retour des réfugiés et l’accès des humanitaires ainsi que le lancement d’un « processus politique » basé sur les accords de Rambouillet. Au même moment, Milosevic se prononçait lui aussi pour la relance d’un « processus politique » permettant de déboucher sur un « accord équitable » pour le Kosovo.
Lors d’une cérémonie de remise de médailles au Kremlin, Boris Eltsine s’est lancé dans une diatribe passablement incohérente contre les bombardements de l’OTAN. La télévision russe a préféré ne diffuser aucune image de ce monologue comme l’avait d’ailleurs demandé aux journalistes présents le porte-parole du Kremlin.
mardi 11 mai
Sur le front diplomatique yougoslave, la Russie a échoué dans ses efforts pour apaiser la colère de Pékin, qui ne veut pas admettre que son ambassade n’ait été qu’une cible accidentelle.
mercredi 12 mai
Boris Eltsine, menacé de destitution par la Douma, a contre-attaqué en limogeant dans la matinée son Premier ministre Evgueni Primakov, trop populaire et qui était soutenu par la majorité communiste du Parlement. Le ministre de l’Intérieur Serguei Stepachine a été nommé Premier ministre par intérim. La Douma doit encore confirmer cette nomination.
Le stade Loujniki de Moscou accueille la finale de la 28e Coupe UEFA : victoire des Italiens du Parme AC sur les Français de l’Olympique de Marseille trois buts (Crespo, Vanoli, Chiesa) à zéro, devant 61 000 spectateurs. C’est la deuxième fois que les Parmesans remportent ce titre.
jeudi 13 mai
Les députés de la Douma ont engagé le débat sur la destitution du président Eltsine.
Le président français Jacques Chirac, en visite à Moscou, a consacré toute sa journée à rechercher une solution diplomatique au conflit dans les Balkans avec la médiation russe.
L’émissaire russe pour le Kosovo, Victor Tchernomyrdine, est arrivé en Finlande, pays qui serait prêt pour une médiation.
vendredi 14 mai
Au deuxième jour de l’examen du projet de destitution du président Eltsine, la confusion a régné à la Douma. 5 experts seulement, sur 25 annoncés, se sont présentés à la tribune.
samedi 15 mai
La procédure de destitution engagée contre Boris Eltsine a échoué. Aucun des cinq chefs d’accusation n’a réussi à recueillir les 300 voix nécessaires à la poursuite de la procédure. L’accusation d’avoir lancé la guerre de Tchétchénie a tout de même obtenu 283 voix favorables. Selon les résultats officiels, 45 bulletins ont été invalidés. Immédiatement, des députés communistes ont mis en doute cette invalidité. A l’extérieur de la Douma, quelques milliers de manifestants pour la destitution scandaient : « Eltsine démission ».
dimanche 16 mai
Trois bombes ont explosé dans des immeubles de Spoutnik, une ville-garnison d’Ossétie du Nord, faisant 5 morts et 26 blessés. 5 autres bombes ont été retrouvées, avant qu’elles n’explosent.
Clôture du championnat du monde de hockey sur glace, organisé par la Norvège : victoire en finale de la République tchèque sur la Finlande. La Russie est cinquième sur 16.
lundi 17 mai
Après une rude semaine, Boris Eltsine est de nouveau souffrant. Il a dû annuler sa rencontre avec le Premier ministre espagnol José Maria Aznar. Officiellement, le président russe souffre d’une bronchite.
La Cour d’appel d’Helsinki a condamné pour espionnage Olli Mattila à un an et quatre mois de prison, ainsi qu’à son renvoi de l’armée et à la perte de son grade militaire. Il avait fourni des documents secrets aux Russes.
mercredi 19 mai
Par 296 voix contre 55, les députés russes ont confirmé Sergueï Stépachine comme Premier ministre, le quatrième depuis mars 1998. Il entend aller plus loin que son prédécesseur en matière de réformes économiques et sociales. Le Parti communiste n’entrerait pas au gouvernement.
Match amical de football : à Toula, la Russie et la Biélorussie ont fait match nul un à un. C’était la première fois que ces deux équipes se rencontraient.
vendredi 21 mai
Avant de partir en vacances dans la station estivale de Sotchi, sur la mer Noire, le président Eltsine a reconduit la plupart des ministres appartenant au précédent gouvernement. Les postes des ministères économiques n’ont pas été pourvus. Le vice-Premier ministre Aksenenko, ministre des Chemins de fer est confirmé dans ses fonctions. Pour remplacer Stépachine à l’Intérieur, le président a choisi un général de la police, chargé de la lutte anti-mafia, Vladimir Rouchaïlo, qui est aussi un proche de Bérezowski.
dimanche 23 mai
Clôture des championnats d’Europe de judo organisés dans la capitale slovaque, Bratislava. La Russie se classe troisième nation, derrière la France et la Belgique, avec six médailles, dont deux d’or (Tamerlan Tmenov en + 100 kg et Irina Rodina en + 78 kg).
lundi 24 mai
Après une visite à Boris Eltsine en vacances sur la mer Noire, le nouveau Premier ministre Stépachine a pris en main le dossier brûlant du Caucase du Nord en se rendant dans la république de Karatchaïevo-Tcherkessie. L’ensemble de la région est livré aux bandes criminelles. C’est le résultat de l’élection présidentielle dans la petite république qui a mis le feu aux poudres : le général Semenov, d’origine karatchaï (32 % de la population) voit sa victoire écrasante contestée par son rival tcherkesse (10 % de la population) Stanislas Derev. Les deux hommes, concurrents aussi dans la production de vodka, auraient accepté un intérim du président du Parlement.
Le patriarche russe Alexis II souhaite l’enterrement de la dépouille de Lénine. Les communistes sont hostiles à l’inhumation de Lénine.
mardi 25 mai
Le président Eltsine a complété le gouvernement Stépachine en confiant le pôle financier au libéral Mikhaïl Zadornov. Igor Ivanov a été reconduit comme ministre des Affaires étrangères.
mercredi 26 mai
La Russie a demandé à ses créditeurs privés (les banques) réunis au sein du Club de Londres un délai de six mois pour rembourser 1,3 milliard de francs d’intérêts sur la dette de l’ex-Union soviétique. Le remboursement devait intervenir le 2 juin.
vendredi 28 mai
A peine formé, le nouveau gouvernement traverse sa première crise. Eltsine a limogé le vice-Premier ministre Zadornov, nommé trois jours plus tôt. Zadornov, théoriquement chargé de la politique financière, exigeait de cumuler son poste avec celui de ministre des Finances. Ce que ni Stépachine, ni Eltsine ne lui ont concédé.
L’émissaire russe Viktor Tchernomyrdine s’est rendu une fois de plus à Belgrade, où il s’est entretenu avec le président yougoslave, Slobodan Milosevic.
dimanche 30 mai
Pour la première fois, une télévision russe, la NTV (groupe Media Most) critique ouvertement l’entourage présidentiel, détaillant longuement la « Famille ».
lundi 31 mai
L’économiste libéral Viktor Khristenko (40 ans) a été nommé Premier vice-Premier ministre du gouvernement russe. Il devrait s’occuper des questions budgétaires. Mais c’est à Sergueï Aksenenko, l’autre vice-Premier ministre, très proche de Boris Eltsine, qu’ont été confiées les questions économiques.
mercredi 2 juin
Viktor Tchernomyrdine et le président finlandais, Martti Ahtisaari, les émissaires russe et européen, ont présenté à Belgrade une nouvelle approche susceptible de ramener la paix au Kosovo.
jeudi 3 juin
Belgrade n’a rien signé, mais le président yougoslave et le Parlement serbe (136 voix pour et 74 contre) ont manifesté leur acceptation du plan de paix pour le Kosovo, préparé à Bonn et présenté par Tchernomyrdine et Ahtisaari. Ce plan pourrait entrer rapidement en application. L’ONU et l’OTAN vont s’y employer. En attendant, les bombardements se poursuivent.
Boris Eltsine gracie 713 condamnés à mort, supprimant ainsi la peine capitale en Russie.
samedi 5 juin
Qualifications pour le championnat d’Europe de football 2000 : au Stade de France, à Saint-Denis, la France a été battue par la Russie trois buts (Panov 2, Karpin) à deux (Petit, Wiltord), devant 78 788 spectateurs.
dimanche 6 juin
Célébrations du bicentenaire de la naissance du poète Pouchkine, phare de la littérature russe.
Clôture du championnat d’Europe de basket féminin, organisé par la Pologne : en finale, les Polonaises ont battu les Françaises. Dans le match pour la troisième place, les Russes se sont imposées contre les Slovaques 78 à 49.
lundi 7 juin
Retardée depuis deux jours en raison des tractations militaires entre les forces yougoslaves et celles de l’OTAN, la réunion des ministres des Affaires étrangères du G8 a commencé à Bonn (Allemagne). Les ministres travaillent à une résolution concernant le Kosovo destinée au Conseil de sécurité de l’ONU.
mardi 8 juin
A Bonn, les ministres des Affaires étrangères du G8 se sont enfin accordés autour d’un projet de résolution sur le Kosovo, qui doit être soumis, dans la nuit, au Conseil de sécurité des Nations unies. L’OTAN a eu gain de cause face aux exigences russes traduisant les vues de Belgrade : le vote de cette motion et l’arrêt des bombardements n’auront lieu qu’après le début du retrait serbe du Kosovo. La résolution réaffirme l’intégrité territoriale de la Yougoslavie, mais appelle à une « autonomie substantielle » du Kosovo et justifie même le recours à la force, en cas de nécessité, de la part de la « présence internationale de sécurité au Kosovo ». De nouvelles rencontres ont eu lieu, en Macédoine, entre des responsables yougoslaves et des représentants américains et britanniques de l’OTAN.
mercredi 9 juin
Dans la soirée, la Yougoslavie a accepté le plan de paix de l’OTAN.
Eliminatoires de l’Euro de football 2000 : au stade du Dynamo de Moscou, la Russie a battu l’Islande un but (Karpine) à zéro, devant 33 900 spectateurs.
jeudi 10 juin
Après 79 jours et nuits de bombardement, l’OTAN a suspendu vers 15 h 20 ses frappes aériennes contre la Yougoslavie. A 17 h 30, à New York, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni à huis clos et a voté - par 14 voix contre une abstention (la Chine) - une résolution en 21 points, dont la permission donnée à la Kfor pour entrer au Kosovo. L’ONU prend désormais en charge l’administration civile de la province serbe. A Cologne, 40 pays - ceux du G8, ceux de l’Union européenne et ceux du sud-est européen - ont signé le Pacte de stabilité pour les Balkans, sorte de plan Marshall pour la reconstruction de toute cette région allant de la Slovénie à la Turquie.
La visite à Moscou du vice-président de la Commission centrale militaire de Chine, le général Zhang Wannian, reçu par le ministre russe de la Défense Igor Ivanov, tend à renforcer l’axe Pékin-Moscou.
vendredi 11 juin
A la grande surprise générale, quelques centaines de soldats russes, venant de Bosnie, sont entrés en Yougoslavie dès le début de la matinée, alors que ni l’OTAN ni l’ONU ne leur avaient encore assigné de mission. Le convoi russe est passé par Belgrade sous les applaudissements des habitants, puis s’est engage sur l’autoroute qui conduit vers le Kosovo, où il n’a cependant pas pénétré. Les responsables de l’OTAN avouent ne plus rien comprendre à la situation… L’Alliance refuse toujours d’attribuer un secteur russe au Kosovo, afin de ne pas ouvrir la voie à une « partition de fait » de la province. Dans la soirée, aucun détachement français ou britannique n’est encore rentré au Kosovo.
La Douma a voté en première lecture une résolution sur l’amnistie de 94 000 prisonniers russes qui ont commis des délits mineurs. Il s’agit de « manifester de l’humanisme envers des gens qui ne représentent pas de danger » pour la société et, surtout, « de décharger les prisons », a expliqué le vice-ministre de la Justice. La Russie détient le taux de population carcérale le plus élevé du monde : 635 Russes sur 100 000 sont en prison. Les prisonniers sont entassés à raison d’une dizaine par cellule, dans des conditions parfois effrayantes. Le nombre des tuberculeux (environ 90 000) a fortement augmenté ces dernières années.
nuit du vendredi 11 au samedi 12 juin
Des parachutistes russes sont entrés au Kosovo et ont occupés l’aéroport de Pristina, prévue, à l’origine, comme siège du QG des troupes de l’OTAN. Ni l’OTAN, ni même le ministre russe des Affaires étrangères n’avaient été prévenus de cette intervention. Igor Ivanov a d’ailleurs désavoué cette opération.
samedi 12 juin
Dès l’aube, les soldats de l’OTAN ont pénétré au Kosovo. Britanniques et Français sont entrés en premier, suivis plus tard par les Allemands, les Italiens et les Américains. La progression des forces de l’Alliance est ralentie par les champs de mines. Arrivés sur l’aéroport de Pristina, les soldats britanniques se sont retrouvés face à face avec les Russes et les Serbes. Les Anglais ont du se résoudre à n’occuper que la partie sud de l’aéroport, les Russes campant sur leur position. Dans la matinée, Boris Eltsine, prenant son ministre des Affaires étrangères à contre-pied, a accordé une promotion au général Viktor Zavarzine, entré au Kosovo à la tête des parachutistes russes.
lundi 14 juin
Le joueur de tennis américain Pete Sampras redevient numéro un mondial pour la neuvième fois. Il succède à la tête du classement ATP au Russe Ievgueni Kafelnikov.
mardi 15 juin
Finale des championnats du monde de handball masculin, organisés par l’Egypte : c’est la revanche de 1997. Au Caire, la Suède a battu la Russie 25 à 24. Le Russe Andreï Lavrov a été désigné meilleur gardien de la compétition.
jeudi 17 juin
Les députés russes ont défié le gouvernement en rejetant un projet de hausse des taxes sur l’essence, l’une des 30 réformes qu’exige le FMI en échange d’un nouveau prêt à court terme de 4,5 milliards de dollars.
Deux longues journées de discussions à Helsinki n’ont toujours pas réglé la question de la place de la Russie dans la force de paix déployée au Kosovo, de sa zone de responsabilité et de sa forme de commandement. Par ailleurs, les 299 députés présents à la Douma ont adopté une proposition de leur vice-président demandant que le secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana, soit jugé pour les « crimes contre l’humanité perpétrés dans le cadre de l’agression de l’OTAN contre la République de Yougoslavie ».
nuit du jeudi 17 au vendredi 18 juin
Des combats ont opposé des soldats tchétchènes et des militaires russes en plusieurs points de la frontière entre la Russie et la Tchétchénie. Moscou a fait état de 7 morts et 15 blessés dans les rangs de ses troupes, tandis que les Tchétchènes n’ont pas fait connaître leur bilan. A la suite de ces affrontements, les autorités russes ont fermé la plupart des postes de contrôle frontaliers.
vendredi 18 juin
Ouverture à Cologne du sommet du G8, dominé par la question du Kosovo et celle de l’allègement de la dette des pays pauvres. La Russie est représentée par Sergueï Stépachine.
Dans la soirée, Américains et Russes sont parvenus à Helsinki à un accord sur la présence des Russes au Kosovo. Tout en maintenant leur présence sur l’aéroport de Pristina, le contingent russe sera réparti dans trois secteurs, l’américain, le français et l’allemand.
En deuxième lecture et à l’unanimité, la Douma a voté une résolution d’amnistie pour 94 000 prisonniers auteurs de délits mineurs. Ils seront libérés dans les six mois.
samedi 19 juin
Au sommet de Cologne, les pays membres du G7 ont officiellement accueilli la Russie avec Stepachine.
dimanche 20 juin
Clôture du sommet du G8 à Cologne. Durant celui-ci, les huit pays les plus industrialisés ont accepté d’alléger la dette des 41 pays les plus pauvres de 420 milliards de francs.
jeudi 24 juin
La Douma a voté une loi qui supprime les allocations familiales aux familles dont les revenus sont supérieurs au minimum vital de 1 000 roubles (250 francs). Ce texte fait partie d’un ensemble de mesures exigées par le FMI pour débloquer une aide de 28 milliards de francs. Tous les Russes avaient le droit jusqu’à présent à des allocations familiales d’environ 80 roubles (20 francs), mais seules six régions (dont Moscou et Saint-Pétersbourg) les payaient régulièrement.
du jeudi 24 au vendredi 25 juin
Les gouvernements de 55 pays, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et d’autres organisations internationales se sont réunis en congrès à Genève. A l’ordre du jour, le sort des millions de personnes déplacées à la suite de l’effondrement de l’URSS.
mardi 29 juin
L’épave du Vrouw Maria a été retrouvée en mer Baltique, par 41 mètres de fond. Le bâtiment avait disparu en 1771 au large de la Finlande, chargé d’œuvres d’art destinées à l’impératrice de Russie, Catherine II.
mercredi 30 juin
L’écrivain Alexandre Zinoviev, déchu de la citoyenneté soviétique en 1978 et expulsé d’URSS, est rentré en Russie après 21 ans d’exil. Il souhaitait « être parmi les Russes pour lutter contre les ennemis du pays ».
Les exportations d’armes russes ont atteint des records historiques pour les six premiers mois de l’année. L’exportation officielle a triplé ses profits par rapport aux années précédentes.
jeudi 1er juillet
Le Premier ministre français Lionel Jospin, accompagné de deux ministres, a entamé une visite officielle de deux jours à Moscou.
Perquisition à Lausanne (Suisse) au siège de l’entreprise Andava, fondée par le financier russe Boris Berezovski. Cette société écran aurait permis de blanchir de l’argent détourné de la compagnie aérienne Aeroflot, dont Berezovski détient des parts.
vendredi 2 juillet
A la tribune de l’Assemblée parlementaire de l’Union russo-biélorusse, le président Loukachenko s’est déclaré prêt à changer de politique extérieure : puisque la Russie ne veut pas s’unir aujourd’hui à la Biélorussie aux conditions posées par cette dernière, il n’y aura pas d’union du tout.
La canicule record qui sévit en Russie a fait plusieurs dizaines de morts : 140 personnes se sont noyées en recherchant un peu de fraîcheur dans les rivières. D’autres ont été emportées par des crises cardiaques. Moscou n’aurait pas connu une telle vague de chaleur depuis 1895.
samedi 3 juillet
Clôture du championnat d’Europe de basket masculin, organisé par la France : victoire en finale de l’Italie sur l’Espagne. La Russie termine la compétition à la sixième place.
dimanche 4 juillet
A la faveur de la reprise de son déploiement au Kosovo, Moscou s’apprêtait une nouvelle fois à mettre l’OTAN devant le fait accompli. Tirant la leçon de ce qui s’était passé à l’aéroport de Pristina, Washington a fait fermer l’espace aérien de plusieurs pays (Hongrie, Bulgarie, Roumanie) et les avions russes n’ont pu décoller. Moscou hurle à la « provocation ».
lundi 5 juillet
Dans la matinée, la Russie a annoncé une attaque meurtrière contre un groupe armé tchétchène comprenant 150 à 200 hommes.
Le président syrien Hafez al-Assad a entamé une visite de deux jours à Moscou. Le président syrien ne s’était pas rendu en Russie depuis 1991.
Les obstacles au déploiement des Russes au Kosovo semblent avoir été levés à Moscou.
Une fusée Proton qui lançait un satellite a explosé sur le cosmodrome de Baïkonour. Estimant les lancements trop dangereux, les autorités kazakhes ont décidé la fermeture du site, alors que la station spatiale Mir va manquer de ravitaillement, à partir du 20 juillet. Le Kazakhstan exige des compensations de la part de la Russie.
mardi 6 juillet
A Moscou, la session parlementaire a pris fin mais une trentaine de députés russes, majoritairement communistes, occupent toujours la Douma. Simple précaution pour éviter les coups tordus du pouvoir, traditionnels en été…
Le président tchétchène Aslan Maskhadov a mis en garde les autorités russes contre la tentation de lancer une nouvelle guerre contre sa république. « Les négociations sont la seule issue », a ajouté Maskhadov.
Le président syrien serait sur le point de conclure avec le président Boris Eltsine un contrat d’achat d’armes d’un montant évalué à 2 milliards de dollars par un quotidien russe. Au cours d’une rencontre au Kremlin, les deux hommes s’en sont pris aux Etats-Unis et à l’OTAN, en critiquant « tout diktat d’un ou plusieurs pays » dans les affaires internationales.
Les premiers gros porteurs russes sont arrivés à Pristina, au Kosovo.
mercredi 7 juillet
Après avoir vainement négocié pendant quatre mois avec Grozny, l’oléoduc traversant la Tchétchénie reste fermé. La Russie a commencé à faire transiter le pétrole azéri par la voie ferrée qui traverse le Daghestan et contourne la Tchétchénie.
jeudi 8 juillet
Le Parlement letton a adopté une loi qui restreint l’usage de la langue russe en l’interdisant de facto dans les lieux publics et dans les affaires. Cette loi pourrait provoquer des réactions assez vives dans la minorité russe, qui représente plus du tiers des 2,4 millions d’habitants. La nouvelle présidente lettone, Vaira Vike-Freiberga, officiellement investie dans ses fonctions ce jour, a menacé de renvoyer le texte de la nouvelle loi devant les parlementaires s’il pose des problèmes de relations internationales.
samedi 10 juillet
Le dernier des gardes-frontières russes déployés en Géorgie a quitté le pays. Les Russes patrouillaient notamment aux frontières turque et tchétchène et dans les eaux territoriales de la mer Noire. Le président Chevardnaze a salué cet « attribut important pour un Etat indépendant » qu’est la défense de la frontière par ses propres forces ».
dimanche 11 juillet
La justice suisse vient d’ouvrir une enquête criminelle pour blanchiment d’argent contre Pavel Borodine, un très proche conseiller du président Eltsine. Les procureurs suisses ont demandé aux banques helvétiques de geler les avoirs financiers de 24 personnes, dont Borodine, sa femme et 22 autres hauts fonctionnaires du Kremlin. Leurs comptes en Suisse auraient servi au transfert des pots-de-vin provenant de la société Mabetex. Borodine nie tout en bloc.
mardi 13 juillet
Un étudiant russe de 20 ans a poignardé et grièvement blessé le responsable d’un centre culturel juif.
mercredi 14 juillet
Après neuf jours de négociations, le Kazakhstan a accepté de rouvrir le cosmodrome de Baïkonour. Un vaisseau Progress va pouvoir ravitailler la station Mir. La Russie a promis de verser l’équivalent de 300 millions de francs, d’ici à novembre, au titre de loyer pour le cosmodrome.
vendredi 16 juillet
Le ministre tchétchène de la Sécurité, Tourpal-Ali Atguériiev, a été interpellé à Moscou par les autorités judiciaires russes. Selon le parquet de Moscou, cette interpellation concernerait l’enquête sur une prise d’otages par des indépendantistes tchétchènes (20 morts en janvier 1996).
samedi 17 juillet
Le ministre de la Sécurité tchétchène arrêté la veille a été relâché par les autorités russes.
dimanche 18 juillet
Les cosmonautes de la station Mir reçoivent enfin le cargo de ravitaillement Progress, chargé de carburant, de nourriture et d’oxygène.
Le Russe Dimitri Konyshev a gagné la 14e étape du Tour de France cycliste, disputée entre Castres et Saint-Gaudens.
lundi 19 juillet
Une conférence internationale sur l’Afghanistan s’est déroulée à Tachkent, en Ouzbékistan. Elle réunissait les six pays voisins de l’Afghanistan ainsi que la Russie et les Etats-Unis, et les belligérants afghans. Le président ouzbek, Islam Karimov, a exhorté les talibans et leurs opposants à conclure un cessez-le-feu qui « doit être suivi d’une réflexion sur la nature du futur Etat et sur la formation d’un gouvernement de large entente ». A l’issue de cette conférence, les représentants des talibans ont annoncé qu’ils étaient prêts à négocier.
mardi 20 juillet
Le journaliste Grigori Pasko était poursuivi pour « espionnage ». Il travaillait pour l’organe de la flotte russe du Pacifique et avait notamment dénoncé le déversement de déchets radioactifs et chimiques en mer du Japon par la marine russe. Les juges de Vladivostok l’ont condamné à 3 ans de prison, mais il est sorti libre du tribunal en vertu d’une amnistie accordée à ceux qui ont passé le tiers de leur condamnation en détention préventive. Il était emprisonné depuis 19 mois.
La Russie a décidé de conserver les 200 000 œuvres d’art saisies en 1945 à Berlin par l’Armée rouge. Moscou considère ces prises comme propriété russe.
dimanche 25 juillet
Visite à Washington du Premier ministre russe Sergueï Stepachine. Il a rencontré le vice-président américain Al Gore dans le cadre d’une commission informelle sur les problèmes délicats entre Moscou et l’Occident.
lundi 26 juillet
Boris Eltsine a subi une série d’examens médicaux à l’hôpital central de Moscou. Son porte-parole s’est voulu rassurant et a assuré que le président russe honorerait, dès le 28 juillet, toutes les rencontres de travail prévues à son agenda.
mardi 27 juillet
Le ministère russe de l’Intérieur a fait détruire 500 000 disques compacts pirates. Ces disques représentaient une valeur marchande d’un milliard de dollars. Près de 800 % des cassettes vidéo, 60-70 % des cassettes audio et 90-95 % des CD vendus à Moscou sont le résultat de piratage, selon la mairie de Moscou.
mercredi 28 juillet
Le Fonds monétaire international a accordé un nouveau crédit à la Russie, d’un montant de près de 27 milliards de francs, dont une première tranche de quelque 4 milliards est immédiatement disponible. C’est le premier crédit débloqué par le FMI depuis la crise de l’été dernier. En contrepartie, Moscou s’est engagé sur un programme économique qui comporte notamment une augmentation des recettes fiscales, une réduction des dépenses et certaines réformes structurelles.
vendredi 30 juillet
Le Premier ministre russe Sergueï Stepachine a assisté à Sarajevo au sommet international pour la reconstruction des Balkans.
Le vice-président du Fonds monétaire international, Stanley Fisher, admet que, « oui, malheureusement », la Banque centrale russe « a trompé le FMI ».
Le conseil des directeurs de la Banque mondiale a décidé d’attribuer un prêt de 7 milliards de francs à la Russie pour la restructuration de son économie dans les domaines des monopoles d’Etat, du développement du secteur privé, de l’amélioration de la gestion budgétaire et du secteur financier.
dimanche 1er août
Le Club de Paris, qui regroupe des pays créanciers de la Russie, a accepté de rééchelonner une partie de la dette russe héritée de l’URSS, pour un montant d’environ 8 milliards de dollars (50 milliards de francs).
Clôture à Istanbul des 24e championnats d’Europe de natation : l’Allemagne termine première nation (avec 22 médailles dont 10 d’or), devant les Pays-Bas et la Suède. La Russie est douzième avec 8 médailles, mais aucun titre.
lundi 2 août
Voyage officiel en Russie du nouveau Premier ministre israélien, Ehud Barak.
mercredi 4 août
L’influent maire de Moscou, Iouri Loujkov, et une vingtaine de puissants gouverneurs de régions ont créé une coalition de centre-gauche - La Patrie-Toute la Russie - dans la perspective des législatives de décembre. Ils espèrent rallier l’ex-Premier ministre Evgueni Primakov.
samedi 7 août
Des hélicoptères russes ont ouvert le feu sur 2 000 rebelles islamistes venus de Tchétchénie et qui avaient envahi à l’aube trois villages du Daghestan. Les rebelles, équipés d’armes automatiques, de lance-grenades, peut-être d’armes antichars et antiaériennes, vraisemblablement dirigés par l’opposant tchétchène Chamil Bassaïev et par le commandant Khattab, un islamiste jordanien, ont fait fuir les habitants et se sont retranchés. Dans la soirée, 600 militaires fédéraux se sont déployés face à eux.
dimanche 8 août
L’armée russe a bombardé en République autonome du Daghestan les villages conquis par les islamistes tchétchènes, dont les pertes sont peu importantes (une quarantaine d’hommes selon les autorités daghestanaises). Du côté russe, 4 hommes ont été tués et 17 blessés à la suite d’une fausse manœuvre d’un de leurs hélicoptères. Par ailleurs, un poste frontière de la région de Kizlar (nord du Daghestan) a été pris pour cible par des tirs venant du territoire tchétchène, sans faire de victimes. Le Daghestan a décrété l’état d’alerte générale et rappelé tous les officiers en vacances. Le Premier ministre russe Sergueï Stépachine s’est envolé pour le Daghestan sur ordre du président Eltsine. Le président tchétchène, Aslan Maskhadov, a fait savoir que les autorités officielles de Grozny n’avaient « aucun rapport avec les évènements au Daghestan ». Les combattants islamistes seraient selon un responsable daghestanais « des Tadjiks, des Ouzbeks, des Russes, des Arabes et quelques habitants du Daghestan ». Inspirés par l’islam puritain des « wahhabites » saoudiens, leur but serait d’établir la loi islamique (charia) au Daghestan.
Un ingénieur de Daimler-Chrysler Aerospace (Dasa) et un commerçant allemands, récemment arrêtés en Allemagne, sont soupçonnés d’avoir fourni à la Russie des documents sensibles sur un nouveau système de missiles équipant l’avion de combat européen Eurofighter. Ils auraient pu transmettre également d’autres documents, notamment sur les systèmes de défense des chars. Selon le député social-démocrate Wilfried Penner, cette affaire pourrait ne constituer que le sommet de l’iceberg d’une immense organisation d’espionnage industriel.
nuit du dimanche 8 au lundi 9 août
Les rebelles islamistes auraient profité de la nuit pour renforcer leurs positions au Daghestan.
lundi 9 août
Boris Eltsine a provoqué un mini-séisme politique en limogeant son Premier ministre nommé il y a moins de trois mois, Sergueï Stépachine, pour le remplacer par Vladimir Poutine, le chef des services secrets qui a été désigné comme le nouveau dauphin déclaré du président pour l’élection présidentielle de l’an 2000. Poutine a confirmé qu’il sera candidat lors de la cette élection.
Les affrontements entre l’armée russe et les rebelles islamistes se poursuivent dans le sud du Daghestan. Deux hélicoptères russes ont été détruits au sol, dans la matinée, à l’aéroport de Botlikh, par une rafale de tirs visant le général Anataoli Kvachnine, chef d’état-major des forces armées russes, qui était venu suivre l’avancée des opérations militaires. Il est sorti indemne de l’attentat. Mais, malgré leurs batteries d’artillerie longue portée et leurs hélicoptères de combat, les forces russes ne sont pas parvenues à faire reculer les assaillants. Dans la soirée, les rebelles se sont emparés d’un nouveau village, proche de la capitale du Daghestan, Makhatchkala, où les civils se sont réfugiés. Le maire de la ville, Saïd Amirov, a affirmé qu’il mettrait des camions à disposition des volontaires (500 ?) pour les transporter vers la zone des combats. Par ailleurs, le ministre géorgien de la Défense a annoncé qu’un avion russe avait bombardé Omalo, un village du nord de la Géorgie situé près de la zone des combats au Daghestan, blessant deux personnes. La Russie a démenti, indiquant qu’aucun avion de combat russe n’avait été envoyé au Daghestan.
mardi 10 août
Vladimir Poutine a promis de rétablir une situation normale au Daghestan « d’ici une semaine et demie à deux semaines ». Mais sur place, les islamistes ont annoncé la constitution d’un Etat islamique indépendant. Moscou a renforcé les mesures de sécurité dans les principales villes de Russie par crainte d’attentats islamistes. Mais le Kremlin cherche à calmer les esprits contrairement aux autorités daghestanaises. « Il faut utiliser tous les moyens (contre les islamistes) : aviation, artillerie, opération terrestre et faire appel à la population », a déclaré Moukhou Aliev, le président du Parlement daghestanais. Selon ces mêmes autorités daghestanaises, les islamistes utilisent la population masculine comme otages, tandis que femmes, enfants et vieillards fuient vers la capitale Makhatchkala.
mercredi 11 août
Selon le général russe qui commande les forces russes au Daghestan, l’opération menée par les troupes de Moscou contre les groupes islamistes « est presque terminée et devrait prendre fin ces derniers jours ». Les islamistes, « qui sont au moins 1 200, sont presque totalement encerclés ». Cet optimisme semble prématuré. Le célèbre chef de guerre tchétchène Chamil Bassaïev, a été nommé commandant des combattants du Daghestan.
Au Kosovo, une patrouille russe a été attaquée à coups de pierres par 500 manifestants à Dobrocane, et les Américains ont dû venir à sa rescousse.
jeudi 12 août
La Russie s’apprête à lancer « dans les prochains jours » une offensive décisive contre les islamistes qui occupent plusieurs villages du Daghestan. C’est ce qu’a annoncé le vice-ministre de l’Intérieur russe, Igor Zoubov.
vendredi 13 août
Moscou a lancé une offensive majeure pour venir à bout des combattants islamistes au Daghestan. Le Premier ministre Poutine a menacé de frapper les rebelles où qu’ils soient, y compris en Tchétchénie. Selon les islamistes, des forces russes seraient déjà entrées à Icherskaïa, dans le nord de la Tchétchénie.
Un soldat russe a été blessé par balles dans le sud-est du Kosovo. Il a été la cible d’un tireur embusqué et touché à l’épaule, alors qu’il était de garde à son camp. Un autre soldat russe avait été blessé à la jambe, la semaine dernière, dans des circonstances similaires. Chaque jour, la tension s’accroît un peu plus entre les Albanais et les Russes, accusés de protéger les Serbes.
nuit du vendredi 13 au samedi 14 août
Quatre soldats russes et trois islamistes ont été tués lors de combats qui sont concentrés dans le district de Botlikh (sud-ouest du Daguestan), d’après le ministère de l’Intérieur russe. Treize autres parachutistes russes, ainsi qu’un volontaire daghestanais ont été également blessés. Il ne reste que des groupes dispersés de combattants dans le district voisin de Tsoumada. Les islamistes auraient subi des pertes importantes. Le ministre russe des Affaires étrangères a souligné qu’il considérait comme de « l’ingérence » tout soutien aux rebelles. Les opérations militaires russes semblent bénéficier d’un soutien important au sein de la classe politique.
samedi 14 août
Les rebelles islamistes ont été mis en cause par les imams du Daghestan, lesquels sont « unanimes à réprouver l’apparition de sectes et des courants fondamentalistes ». Pour les religieux, « ceux qui combattent aujourd’hui sous le drapeau de l’islam font honte aux musulmans ». Les combats au Daghestan se sont fortement intensifiés, dans la soirée, dans la région de Botlikh.
nuit du samedi 14 au dimanche 15 août
Selon le ministère russe de l’Intérieur, 80 islamistes auraient été tués : une soixantaine ensevelis sous des pierres lors d’une embuscade, et une vingtaine surpris alors qu’ils venaient de Tchétchénie prêter main-forte aux rebelles. De leur côté, les Russes affirment avoir perdu au total 17 hommes.
dimanche 15 août
Le service des migrations du Daghestan évalue à au moins 8 000 le nombre des civils qui ont fui la zone des combats bombardée par les Russes. Les récentes déclarations offensives de Poutine, ont fortement déplu au président tchétchène, Aslan Maskhadov. Ce dernier affirme que ces déclarations témoignent de la volonté russe de faire échouer « les accords obtenus entre la Fédération de Russie et la république tchétchène » en août 1996. Il a donc décrété, pour un mois, l’état d’urgence en Tchétchénie, avec couvre-feu toutes les nuits et mise en état d’alerte des troupes.
lundi 16 août
Une semaine après sa désignation à la tête du gouvernement, Vladimir Poutine a obtenu de justesse la confiance de la Douma. Il a reçu 233 voix, soit 7 de plus que la majorité absolue, dès le premier tour (ses deux prédécesseurs avaient passé la barre des 300 voix). Même les partis les plus hostiles à Boris Eltsine avaient annoncé à l’avance leur intention de ne pas faire obstacle à la nomination de Poutine. Les députés ont surtout voulu éviter de remettre en cause le calendrier électoral. Dans son discours d’investiture, Vladimir Poutine s’est donné pour principal objectif « d’établir le calme et la sécurité dans le pays ». Il a affiché sa ferme volonté de ne pas céder aux séparatistes islamistes au Daghestan, affirmant que « l’intégrité territoriale de la Russie ne pouvait être mise en question ». Il a reconnu que la situation « a empiré » dans le Caucase du Nord (Tchétchénie, Ossétie du Nord, Ingouchie, Katachaïevo-Tcherkessie). Par ailleurs, le Premier ministre a confirmé son intention de garder le cap des réformes économiques. Il s’est aussi prononcé pour une diplomatie « plus offensive » dans la défense des minorités russes à l’étranger.
Au deuxième jour de la contre-offensive engagée par les forces russes contre les islamistes au Daghestan, leur commandant, le général Viktor Kazantzev, a affirmé qu’au moins 600 rebelles avaient été tués depuis le début des combats, il y a une dizaine de jours. Selon lui, la situation est à un tournant et la libération des localités occupées par la guérilla n’est « l’affaire que de quelques jours ». De son côté, Chamil Bassaïev s’est déclaré confiant dans une victoire contre les Russes, affirmant que ses troupes maîtrisent 14 villages. Les rebelles ont d’ores et déjà annoncé qu’ils avaient chargé un Daghestanais d’origine avare (la plus importante ethnie du pays) de former le gouvernement de « l’Etat islamique du Daghestan ». Ils ont menacé d’exécuter Vladimir Poutine, considéré comme principal responsable de l’opération menée contre eux. Fuyant les combats, 10 000 civils environ ont déjà afflué vers Makhatchkala et vers les rives de la Caspienne.
mardi 17 août
Boris Eltsine a conservé les principaux ministres du gouvernement précédent : à la Défense, aux Affaires étrangères, à l’Intérieur et à la tête des services secrets.
Les affrontements se poursuivent au Daghestan entre l’armée russe et les islamistes venus de Tchétchénie, mais les informations distillées par les deux camps ne peuvent être vérifiés. Les responsables tchétchènes ont accusé les troupes russes d’avoir fait une incursion sur leur territoire. Les islamistes annoncent, par ailleurs, qu’ils se préparaient à lancer une offensive et démentent les communiqués russes sur l’importance de leurs pertes. De leurs côtés, les Russes ont annoncé qu’ils détenaient dorénavant toutes les hauteurs et notamment le point stratégique de Kharani (à 2 177 mètres d’altitude) qui contrôle une route menant à la Tchétchénie. A Moscou, Boris Eltsine a annoncé qu’il n’abandonnera jamais le Caucase du Nord.
L’ex-Premier ministre russe Evgueni Primakov a annoncé qu’il prendrait la tête d’une liste constituée autour du parti de centre gauche du maire de Moscou Iouri Loujkov, en vue des législatives du 19 décembre. Primakov et Loujkov sont, d’après les sondages, les personnages les plus populaires de Russie. Par ailleurs, l’ex-Premier ministre Stepachine a décidé de présenter sa candidature aux législatives, à Saint-Pétersbourg.
Reprise à Moscou des négociations sur le désarmement nucléaire entre les Etats-Unis et la Russie (Start III). Au programme des discussions, également, la modification du traité sur les missiles anti-missiles (ABM).
mercredi 18 août
Match amical de football : à Minsk, la Biélorussie a été battue par la Russie deux buts à zéro. C’était la première fois que ces deux sélections s’affrontaient.
jeudi 19 août
L’armée russe a reconnu avoir perdu 18 hommes en 24 heures au Daghestan, ce qui porte à 40 ses pertes depuis le 7 août. La presse russe, qui considère ce chiffre comme fantaisiste (elle évoque 300 morts), affirme que les représentants de l’état-major « reconnaissent à mi-voix qu’il faudra six mois pour anéantir tous les groupes wahhabites (islamistes radicaux) à la frontière tchétchéno-daghestanaise ». Selon elle, l’envoi quotidien de forces spéciales russes en renfort montrerait que le nombre des insurgés a été sous-estimé.
Réunion entre le directeur de l’agence japonaise de défense (équivalent du ministère) et le commandant en chef de la flotte russe du Pacifique, à Vladivostok. La situation en Corée du Nord est au centre de la discussion.
Une mission du FMI s’est rendue à Moscou pour examiner la situation budgétaire et monétaire du pays. Cette délégation doit déterminer si un deuxième prêt de 640 millions de dollars est justifié.
Le New York Times révèle que la Bank of New York aurait blanchi 15 milliards de dollars provenant du crime organisé russe. Les comptes étaient ouverts au nom de la société Benex, fondée par le « parrain » Semion Moguilevitch.
vendredi 20 août
La guerre menée par l’armée russe contre les rebelles islamistes au Daghestan pourrait s’étendre à tout le Caucase du Nord, selon l’avis de Roustan Aouchev, le président de la république autonome d’Ingouchie. Sur le terrain, la guerre des communiqués fait rage. Moscou évalue à 600 le nombre d’islamistes tués depuis le début des troubles, alors que ceux-ci ne reconnaissent que 15 morts. A l’inverse, les combattants islamistes ont affirmé avoir tué 80 soldats russes dans cette seule journée, et avoir pris possession de cinq nouveaux villages au sud-ouest du Daghestan. Les Russes ont décidé de privilégier les bombardements. Ils ont ainsi pilonné des villages frontaliers entre le Daghestan et la Tchétchénie. Celle-ci a mobilisé ses réservistes pour creuser des tranchées à la frontière daghestanaise, afin d’éviter les incursions russes.
Au Kosovo, les Russes, mécontents de l’attitude occidentale, menacent de retirer leurs troupes de la province.
samedi 21 août
Le Premier ministre russe a reçu la bénédiction du chef spirituel des musulmans de Russie, le grand mufti cheikh Ravil Gaïnoutdin. Ce dernier a déclaré que « les gens armés qui sont arrivés dans la république du Daghestan n’ont rien à voir avec l’idée de la défense des principes islamiques ». Il a même assuré que « les imams de Russie vont apporter leur soutien aux musulmans du Daghestan qui mène la lutte contre les agresseurs » venus de la Tchétchénie voisine. Poutine doit rencontrer prochainement le Conseil des muftis de Russie. Sur le terrain, des milliers de volontaires daghestanais sont armés par les forces russes. L’aviation russe a procédé à 16 bombardements aériens au cours des dernières 24 heures. Moscou reconnaît 44 morts, 183 blessés et 8 disparus. Chamil Bassaïev a ordonné à ses troupes de quitter la zone de combats.
lundi 23 août
Les séparatistes islamistes du Daghestan auraient quitté les zones de combat des districts de Botlikh et Tsoumada pour d’autres positions, non précisées. La nouvelle a été diffusée par leur centre de presse de Grozny. Les Russes ont mis en doute cette information et poursuivi leur offensive. Le président de l’Ingouchie, Rouslan Aouchev, a proposé aux autres responsables du Caucase du Nord de se rencontrer le 25 août.
Devant Orahovac, où ils devaient prendre position, les premiers éléments de la force russe de la Kfor ont rebroussé chemin. Les habitants albanophones de cette ville du sud du Kosovo leur ont bloqué le passage par des « bouchons » de véhicules sur les trois routes d’accès à cette localité. La population refuse absolument la présence des soldats de Moscou. Elle a lancé un appel dans ce sens aux instances internationales et envoyé une délégation à Pristina pour faire entériner « la volonté du peuple ». Encadrés par l’UCK, les Albanais craignent que les Russes laissent échapper les criminels de guerre présumés appartenant à la minorité serbe (2 000 personnes). La population kosovare accuse même des mercenaires russes d’avoir participé aux atrocités commises dans la région par les Serbes. Les Russes ont assuré qu’ils différaient leur arrivée d’une journée.
mardi 24 août
Les Russes ont annoncé avoir repris le contrôle des deux dernières villes - Chodroda et Ansalta - encore tenues par la rébellion islamiste, dans le sud-ouest du Daghestan. De nombreuses maisons sont en flammes. Dans la soirée, des hélicoptères russes survolaient les montagnes à la recherche des combattants islamistes fuyant la zone. Le général Kazantsev affirme que toutes les localités reprises aux islamistes « repasseront sous contrôle des autorités civiles » le 31 août. Selon les Russes, les affrontements ont fait au total plus de 1000 morts dans les rangs rebelles et, officiellement, 59 morts et 210 blessés côtés russe. Plusieurs mois devraient être encore nécessaires pour « nettoyer » la zone de montagne frontalière de la Tchétchénie. Déjà, « entre 300 et 400 islamistes ont réussi à s’enfuir en Tchétchénie », indique le général Chamanov, l’un des commandants de l’opération russe.
mercredi 25 août
Le Corriere della Serra annonce que la Suisse détient des documents prouvant que Boris Eltsine et ses deux filles possèdent des comptes en Suisse, alimentés par la société Mabetex.
jeudi 26 août
Des crédits attribués à la Russie par le FMI auraient été blanchis après avoir transité par des banques new-yorkaises. Cette affaire porterait, suivant les sources, sur une somme comprise entre 200 millions et 10 milliards de dollars. L’enquête met en cause des responsables « anciens et actuels » du gouvernement russe et des membres de la famille du président Eltsine. La justice suisse, de son côté, a saisi trois cartes de crédit aux noms d’Eltsine et de ses deux filles, dont les comptes correspondants étaient alimentés par un entrepreneur albanais, Bexhet Pacolli, soupçonné de corruption. Selon le Kremlin, la famille Eltsine n’a pourtant « jamais ouvert de comptes bancaires à l’étranger ». Le procureur général de Russie, Iouri Skouratov, suspendu de ses fonctions par Eltsine depuis le 2 avril (il attend une décision du Conseil fédéral à ce sujet), a accusé « l’administration présidentielle » d’entraver son enquête sur la corruption au sommet du pouvoir.
vendredi 27 août
Le nouveau Premier ministre russe, Vladimir Poutine, en visite au Daghestan, s’est félicité de la rapidité de la victoire contre les rebelles islamistes. Moscou, a annoncé Poutine, « utilisera tous les moyens nécessaires pour lutter » contre ce qui reste des forces rebelles.
nuit du vendredi 27 au samedi 28 août
Après 13 ans de services spatiaux, la station Mir est vide. Ses derniers habitants, le Français Haigneré et deux spationautes russes, ont atterri dans les steppes du Kazakhstan, à bord d’un Soyouz. La station, laissée en configuration de vol, accueillera en février 2000 un ultime équipage russe. Il préparera sa « désorbitation », juste avant sa désintégration dans l’atmosphère, au-dessus de l’océan Pacifique.
samedi 28 août
L’enquête sur le blanchiment de l’argent russe par l’intermédiaire de banques occidentales a pris de l’ampleur avec la démission de Lucy Edwards, la directrice de la branche londonienne de la banque américaine Bank of New York. Par ailleurs, Mikhaïl Khodorovski, président de la compagnie pétrolière Ioukos, ex-dirigeant de la banque russe Menatep, a affirmé au New York Times que les mouvements sur les comptes de la Bank of New York étaient contrôlés par des responsables politiques russes.
dimanche 29 août
Une opération des forces fédérales russes a été lancée afin de reprendre plusieurs villages passés depuis un an sous le contrôle des extrémistes islamistes wahhabites au Daghestan, dans le district de Bouïanskak, à 50 kilomètres de la capitale.
La région de Sverdslovsk élit son gouverneur. Edouard Rossel, le gouverneur sortant, et Arcadi Tchernetski, le maire d'Iekaterinbourg, sont les deux favoris. Parmi les autres candidats, Andreï Brejnev, petit-fils de Leonid, et un certain Tornike Staline, retraité, qui n’a pas de lien de parenté avec Joseph.
Célébration dans la ville de Sarov, près de Nijni Novgorod, des 50 ans de la première explosion atomique soviétique. Le président de la Douma Guennadi Selezniov s’est adressé à un parterre de scientifiques, l’élite de la recherche atomique venue de toute la Russie.
Clôture des septièmes championnats du monde d’athlétisme à Séville. Les Etats-Unis se classent à la première place des nations avec 17 médailles, dont 10 en or, devant la Russie et l’Allemagne. Les Russes ont gagné 12 médailles, dont 5 en or : Viatcheslav Voronine (saut en hauteur), Maksim Tarasov (perche), Ilya Markov (20 km marche), Svetlana Masterkova (1 500 m F) et le relais 4 x 400 m F (Tatyana Chebykina, Svetlana Goncharenko, Olga Kotlyarova et Natalya Nazarova).
mardi 31 août
Une bombe a explosé vers 20 h dans un centre commercial de Moscou, proche de la place Rouge et du Kremlin. Une personne a été tuée et 40 autres blessées, dont 8 gravement. Quelqu’un aurait déposé une mallette avant de s’enfuir. Un tract a été retrouvé sur place. Signé par une « Union des écrivains révolutionnaires », il dénonce la société de consommation, annonce « une guérilla urbaine » aux fins de créer « une situation révolutionnaire ». Inconnue du grand public, cette organisation diffuse depuis quelques semaines sur Internet des appels à la violence et des déclarations teintées d’anarchisme et d’antisémitisme. Le ministre de l’Intérieur Vladimir Rouchaïlo, lui, a évoqué la piste daghestanaise. Le Premier ministre Poutine est plus prudent.
Les principaux suspects du Kremlingate, un Russe et un Kosovar albanais, nient en bloc être impliqués dans l’affaire de blanchiment de milliards de dollars qui éclabousse le président Eltsine et complique sérieusement les relations entre le FMI et la Russie. Considéré par les Américains comme le principal suspect dans le blanchiment de 15 milliards de dollars, l’homme d’affaires russe Semione Moguilevotch a qualifié de « clowneries » les accusations portées contre lui. Cet homme, considéré comme l’un des parrains de la pègre russe serait à la tête d’une fortune de 100 millions de dollars. Quant à l’homme d’affaires albanais Bexhet Pacolli, qui dirige une firme en Suisse, il dément lui aussi dans un quotidien hongrois avoir versé un million de dollars dans une banque de Budapest sur un compte appartenant à Eltsine.
début septembre
Le gouvernement russe a nommé discrètement un nouveau ministre des Sports, Boris Ivanioujenkov (33 ans), ancien champion de lutte et chef de gang de Podolsk, près de Moscou.
mercredi 1er septembre
Au Daghestan, un seul des trois villages de montagne conquis par les extrémistes wahhabites résiste encore aux forces russes. Celles-ci ont repris Kadar et Karamakhi. Deux leaders islamistes ont été arrêtés dans une région voisine ainsi qu’une vingtaine de leurs partisans.
Un ancien chef de la garde de Boris Eltsine, le général Alexandre Korjakov, a accusé, dans le journal italien Corriere della Sera, l’homme d’affaires Berezovski, proche du président russe et de sa famille, de lui avoir demandé de « tuer Loujkov ».
jeudi 2 septembre
Des islamistes du Daghestan ont revendiqué à Grozny l’attentat du 31 août qui a fait 41 blessés dans un centre commercial proche du Kremlin. Selon l’Armée de libération du Daghestan, « des actes terroristes auront lieu sur le territoire de la Russie tant que toutes les troupes russes n’auront pas quitté le Daghestan ». De son côté, le leader des Ecrivains révolutionnaires, auquel un tract a d’abord attribué l’attentat, a démenti toute implication.
Les forces russes sont entrées en milieu de journée dans le dernier fief des islamistes daghestanais, le village Tchabanmakhi.
Mikhaïl Zadornov, représentant russe auprès des institutions financières internationales, a annoncé sa démission.
du jeudi 2 au vendredi 3 septembre
Visite à Séoul du ministre russe de la Défense, Igor Sergueïev.
samedi 4 septembre
L’armée fédérale russe a bombardé intensivement Tchabanmakhi et ses alentours, dans le centre du Daghestan, pour en finir avec la dernière poche de résistance des islamistes. De source russe, depuis la reprise des opérations il y a une semaine, les forces fédérales auraient perdu 26 hommes et les islamistes une centaine. Dans la soirée, une puissante bombe a explosé dans un immeuble abritant quelque 70 familles de militaires à Bouïnaksk, à 50 kilomètres de Makhatchkala. Bilan : 64 morts et 102 blessés. Dans un autre quartier de Bouïnaksk, une autre bombe, de près d’une tonne, a été découverte cachée dans un camion près d’immeubles de l’armée.
Qualifications pour le championnat d’Europe de football 2000 : au stade Loujniki de Moscou, la Russie a battu l’Arménie deux buts (Bestchastnykh sur pénalty et Karpine) à zéro, devant 36 000 spectateurs.
nuit du samedi 4 au dimanche 5 septembre
2 000 combattants tchétchènes ont ouvert un nouveau front au Daghestan en s’emparant de huit villages du nord-ouest : Novolakskoïe, Chomïïa, Gamïïakh et Akhar, etc. Ces islamistes, menés par le Tchétchène Chamil Bassaïev, se sont affrontés aux garde-frontières et à la police. Des renforts russes ont été dépêchés sur place.
dimanche 5 septembre
Organe dirigeant du Daghestan, le Conseil d’Etat de Makhatchkala a voté une résolution demandant « au président Eltsine de prendre des mesures d’urgence pour garantir l’ordre constitutionnel dans la république ». La mobilisation générale a été décrétée, les réservistes rappelés et les administrations régionales chargées de mettre sur pied des unités d’autodéfense, pour défendre les points stratégiques comme les usines. Le Conseil d’Etat a appelé la population « à défendre le Daghestan y compris les armes à la main ». A l’appel du maire de la capitale, Saïd Amirov, les hommes commençaient à se rassembler dans l’après-midi sur la place centrale de Makhatchkala. Sur le terrain, des frappes aériennes ont eu lieu sur le nouveau front ouvert dans la nuit au nord-ouest du Daghestan. Les villageois se sont réfugiés à Makhatchkala, s’ajoutant aux vagues précédentes. Selon l’agence Interfax, il y a environ 10 000 réfugiés dans la capitale. Sur le front de Tchabanmakhi et de Karamakhi, dans le district de Bouïnaksk, les forces russes rencontrent une résistance acharnée des islamistes. Les bombardements ont repris. Le chef islamiste Khattab a menacé la Russie d’une guerre longue au Daghestan, affirmant pouvoir « combattre trente ans s’il le faut » pour créer, dans le Caucase, un « Etat unique, comme ce fut le cas sous l’imam Chamil » (au XIXe s.).
lundi 6 septembre
Les combats se poursuivent au Daghestan. A Novolaksoïe, une centaine de policiers, encerclés par les rebelles, ont dû faire appel à des commandos daghestanais et russes pour les libérer. Bilan : 14 morts dans les rangs des forces régulières, portant à plus de 60 le nombre des victimes de combats en 48 heures. Les Russes poursuivent leur pilonnage avec de l’artillerie lourde, notamment des « orgues de Staline », mais aussi avec des hélicoptères lance-missiles et des avions de chasse. Insuffisant pour stopper l’avancée des islamistes qui sont désormais aux portes de Khassaviourt, la deuxième ville du pays. Plus au sud, d’intenses combats se déroulent dans les fiefs islamistes de Kharamakhi et Tchabanmakhi. L’aviation russe a aussi bombardé cinq villages tchétchènes, situés dans la zone frontalière d’où venaient les islamistes. 45 personnes, dont une quinzaine d’enfants, y auraient été tuées, selon les autorités tchétchènes.
Trois Serbes du Kosovo ont été tués dans la matinée à Korminjane (dans le secteur de Gnjilane) par les forces russes chargées de ce secteur, lors d’affrontements entre Serbes et Albanais qui ont également coûté la vie à un Albanais.
L’attentat du 31 août pourrait être lié à huit autres explosions criminelles commises à Moscou depuis six mois. Telle est la thèse des services secrets russes, dont le champ d’investigation semble s’élargir de jour en jour.
mardi 7 septembre
Boris Eltsine a piqué une grosse colère contre les militaires, accusés de « négligences » dans la lutte contre les islamistes au Daghestan. Le président russe les a sommés de frapper « vite et fort » pour mettre fin à la rébellion qui secoue le Caucase depuis un mois. Il y a effectivement urgence : les islamistes sont entrés dans les faubourgs de Khassaviourt, la deuxième ville de la province.
mercredi 8 septembre
Des combats acharnés ont opposé les forces russes aux rebelles islamistes au Daghestan, faisant plusieurs dizaines de morts. A Karamakhi, notamment, où les forces fédérales tentent depuis plus de deux semaines de réduire les positions tenues par les wahhabites. Dans la matinée, les Russes annonçaient avoir repris une « hauteur stratégique », mais Chamil Bassaïev a démenti. Moscou a décidé d’envoyer de nouveaux renforts, alors que de nouvelles forces séparatistes sont massées à la frontière tchétchène.
Eliminatoires de l’Euro de football 2000 : au Stade comunal d’Aiwovall, Andorre a été battue par la Russie deux buts (Onopko deux fois) à un (Justo Ruiz sur pénalty), devant 1 000 spectateurs.
nuit du mercredi 8 au jeudi 9 septembre
Peu après minuit, un immeuble de huit étages a été soufflé par une explosion dans le quartier ouvrier de Petchatniki, au sud-est de Moscou. 93 personnes ont été tuées. Les enquêteurs privilégient la piste terroriste.
jeudi 9 septembre
Dans la matinée, l’agence de presse russe Interfax a reçu un appel anonyme. Un homme parlant avec un fort accent caucasien a revendiqué l’explosion de la nuit, affirmant qu’il s’agissait d’une réponse aux opérations militaires menées par les forces russes en Tchétchénie et au Daghestan.
Alexandre Lebed, gouverneur d’une province de Sibérie, a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de juillet 2000.
Au plus fort de la campagne électorale abkhaze, le Premier ministre russe a signé la levée du blocus sur la frontière entre l’Abkhazie et la Géorgie. Tbilissi avait pourtant menacé, en cas d’abandon des sanctions contre l’Abkhazie, d’adopter « les mesures qui s’imposent sur sa frontière avec la Tchétchénie ».
vendredi 10 septembre
A propos de l’attentat d’il y a deux jours à Moscou, deux suspects, qui pourraient être liés aux commerces du rez-de-chaussée, ont été arrêtés.
samedi 11 septembre
Le président tchétchène Aslan Maskhadov a décrété la mobilisation générale. « On peut dire que la guerre a déjà commencé en Tchétchénie », a-t-il ajouté. Le président tchétchène a appelé « tous ceux qui le peuvent à prendre les armes » et à transformer « chaque village en forteresse ». Les avions russes bombardaient depuis quelques jours des villages tchétchènes proches de la frontière, faisant 150 morts. Maskhadov a affirmé avoir demandé au général Lebed d’intervenir dans la crise. Pendant ce temps, les combats se poursuivent au Daghestan. Plus de 40 soldats russes auraient été tués en 24 heures.
dimanche 12 septembre
Les Russes auraient repris deux villages islamistes au Daghestan, Karamakhi et Tchabanmakhi. Depuis un an, ces deux bourgs, qui ne reconnaissaient plus l’autorité centrale daghestanaise, avaient adopté la charia (loi de l’islam). Dans l’ouest du pays, chacun semble regrouper ses forces après de lourds combats. En Tchétchénie, l’aviation russe a bombardé plusieurs villages frontaliers.
Hospitalisée en juillet pour une leucémie aiguë à Münster, en Allemagne, Raïssa Gorbatchev a été victime d’un accident circulatoire.
lundi 13 septembre
Un nouvel attentat à l’explosif a frappé Moscou à l’aube, faisant 70 morts et plusieurs dizaines de blessés. Après s’être rendu sur les lieux de l’attentat, le maire de Moscou Iouri Loujkov a été reçu par un président Eltsine à l’élocution difficile. Des mesures spéciales de surveillance des grandes villes devraient être mises en place à travers le pays. Les points stratégiques vont faire l’objet d’une attention particulière, et notamment les aéroports, les gares, le métro, les centrales nucléaires. De Nouvelle-Zélande, où il se trouve en visite, le Premier ministre Poutine a affirmé qu’ « à Moscou, il y a 30 000 habitations et elles seront toutes sous contrôle ». Poursuivant la « piste tchétchène », l’enquête dresse un parallèle entre les deux dernières explosions. Les responsables de la guérilla islamiste du Daghestan ont démenti toute implication. Dans la soirée, le maire de Moscou a annoncé l’arrestation de deux suspects. Le ministre de l'Intérieur a fait appel à la coopération de pays ayant l’expérience du terrorisme, et notamment Israël, les Etats-Unis et la France.
mardi 14 septembre
Trois suspects ont été arrêtés à Moscou dans le cadre de l’enquête sur les attentats qui ont fait plus de 210 morts dans la capitale russe. Non loin du dernier attentat, la police a découvert « juste à temps », selon le ministère de l’Intérieur, une nouvelle charge prête à exploser dans un immeuble. De nombreux témoignages ont permis aux forces de sécurité de saisir un stock de près de 3 800 kg d’explosifs dans une cache. Faisant état de « plusieurs sources », le ministre de l’Intérieur, qui privilégie la piste du terroriste islamiste, craint maintenant des attentats « dans plusieurs villes de Russie ».
mercredi 15 septembre
Jamais encore la police russe n’avait déployé un tel zèle à Moscou. Les récents attentats meurtriers ont mobilisé 24 000 hommes qui procèdent sans relâche à de multiples contrôles. Depuis le 9 septembre, plus de 18 000 perquisitions ont été effectués, permettant l’arrestation de 134 personnes recherchées et la découverte de plus de 16 000 en situation irrégulière. La police a pu confisquer 289 armes à feu et près de 4 000 cartouches. La police a aussi la main sur 1,8 tonne d’explosifs. De nouvelles menaces ont été lancées par l’ « Armée de libération du Daghestan », qui, en revendiquant une nouvelle fois les attentats précédents, a annoncé que « des actes terroristes auront lieu sur le territoire de la Russie tant que toutes les troupes russes n’auront pas quitté le Daghestan. La police de Saint-Pétersbourg a décidé, elle, de prendre des mesures préventives. Des lignes téléphoniques spéciales ont été ouvertes pour permettre aux habitants de signaler tout ce qui leur paraît suspect. De son côté, Chamil Bassaïev dément être lié à ces attentats.
jeudi 16 septembre
Une explosion, la cinquième en 15 jours, a tué 17 personnes à Volgodonsk, une ville de 200 000 habitants située dans le sud-est de la Russie. 330 personnes ont été blessées, dont 70 hospitalisées. C’est un camion piégée qui a sauté peu avant 6 h du matin. 43 autres maisons ont été endommagées. Selon le Premier ministre Poutine, les responsables de tous ces attentats se sont retranchés dans la république tchétchène. Et Boris Eltsine a ordonné un renforcement de la frontière avec la Tchétchénie. Le Premier ministre russe a signé un décret pour renforcer encore, d’ici à trois jours », la surveillance des lieux publics et stratégiques. Il demande aux administrations locales de former des groupes de protection. Les milliers de contrôles qui se poursuivent ont permis des coups de filet inespérés. 3,5 tonnes d’explosifs ont été découverts entreposés au milieu de sacs de sucre dans un entrepôt du sud de Moscou. Selon la police, six attentats à la bombe ont été évités de justesse. Les deux principaux suspects, dont les portraits robots ont été largement diffusés, sont toujours introuvables.
Sans préciser davantage ses intentions, Boris Eltsine a donné l’ordre de renforcer la frontière avec la Tchétchénie. Par ailleurs, il a signé un oukase interdisant l’envoi des conscrits ayant moins d’un an de service militaire dans les zones de combat ; mais l’armée passe outre.
Le Parlement du Daghestan a voté une loi interdisant « toute organisation se réclamant du wahhabisme et tout autre organisation extrémiste ».
Les députés tcherkesses de la république caucasienne de Karatchaevo-Tcherkessie ont décrété que la Tcherkessie devenait territoire autonome au sein de la Russie. Cette république est en proie à des troubles depuis l’élection à la présidence, à la mi-mai, du général Séménov, un Karatchaï contesté par la minorité tcherkesse.
Des chasseurs américains ont intercepté deux bombardiers russes qui s’étaient approchés des côtes de l’Alaska. Ils en étaient tout de même encore à 320 kilomètres…
vendredi 17 septembre
La police russe affirme avoir identifié le cerveau des attentats qui ont fait 210 morts à Moscou, les 9 et 13 septembre. Il s’agirait d’un Caucasien, Atchémez Gotchaïev, originaire de Karatchaïevo-Tcherkessie, adepte du wahabbisme. Agé de 29 ans, il circulerait avec le passeport d’un homme décédé depuis plusieurs mois. C’est lui qui aurait loué des locaux commerciaux au rez-de-chaussée des immeubles détruits par les attentats. Ces attentats, tout comme ceux de Volgodonsk et de Bouïnask, ont été préparés suivant des plans très professionnels. Leurs auteurs auraient été formés à l’école islamique de Naberejnie Tcheini, dans la république russe du Tatarstan, puis dans le camp du commandant Khattab en Tchétchénie. Une trentaine d’arrestations ont été opérées à Moscou et plusieurs tonnes d’explosifs saisis lors des opérations de surveillance. La piste islamiste est désormais la seule suivie par les enquêteurs.
samedi 18 septembre
Des unités motoristes de l’armée russe ont pénétré en Tchétchénie pour la première fois depuis la guerre de 1996. L’aviation russe a aussi bombardé le pays, des villages selon Grozny, des bases de combattants selon Moscou. Par ailleurs, deux bataillons supplémentaires russes sont arrivés en Ingouchie.
nuit du samedi 18 au dimanche 19 septembre
Les avions russes ont effectué 50 sorties sur la Tchétchénie : 20 morts et 50 blessés.
dimanche 19 septembre
L’armée russe a encore intensifié le bouclage du territoire tchétchène, en concentrant quelque 30 000 hommes à sa frontière avec le Daghestan. Un troisième bataillon russe est arrivé en Ingouchie, venu d’une base militaire d’Ossétie du Nord. L’aviation russe, quant à elle, poursuit ses bombardements intensifs sur ce qu’elle appelle « des concentrations de troupes et des bases de combattants » islamistes en Tchétchénie. Elle affirme avoir ainsi tué 140 islamistes lors des derniers raids. Selon le gouvernement de Grozny, ces frappes visent avant tout, sinon exclusivement, des villages de civils qui n’ont rien à voir avec le terrorisme. Depuis le début des bombardements russes, le 5 septembre, ils sont plus de 200 à avoir payé de leur vie cette répression aveugle. Le gouvernement tchétchène, qui nie toujours pouvoir contrôler les rebelles islamistes installés chez elles, a ordonné la préparation de tous les abris antiaérien de la capitale et des principales agglomérations (Chali, Goudermès, Ourous-Martan…). Des combattants tchétchènes creuseraient même déjà des tranchées le long de la frontière russe, dans la région de Stavropol, afin de préparer une ligne de défense.
lundi 20 septembre
L’aviation russe a poursuivi ses bombardements sur des villages tchétchènes considérés comme bases des rebelles islamistes responsables des attentats terroristes qui ont frappé Moscou. Selon Grozny, ces derniers bombardements ont fait 3 morts, portant à 250 le bilan des victimes civiles. Chamil Bassaïev a réaffirmé qu’il n’était pour rien dans les attentats qui ont secoué la Russie, mais qu’il n’avait pas l’intention de rester les bras croisés plus longtemps : « le bataillon des Martyrs de la foi va faire parler de lui… ». L’état-major des forces armées russes a réagi en annonçant qu’une intervention terrestre en Tchétchénie n’était désormais plus à exclure. La nouvelle de cette intervention russe sur ses frontières accentue singulièrement le climat de fin de règne qui s’est installé à Moscou avec la multiplication des attentats. Depuis une bonne semaine, tous les médias de la capitale russe brassent la rumeur d’une démission « imminente » de Boris Eltsine au plus bas dans les sondages. L’administration présidentielle se contente de parler de « délire ». Le président tchétchène, Aslan Maskkadov, a été reçu dans la soirée par ses homologues d’Ossétie du Nord et d’Ingouchie ; qui l’ont pressé de rencontrer Boris Eltsine pour l’entretenir de la situation dans le Caucase.
Exercices conjoints des forces navales russes et japonaises, au large des côtes nippones, dans le cadre de la coopération en cas d’incidents maritimes et de catastrophe naturelle.
Raïssa Gorbatchev, l’épouse de l’ancien chef de l’Etat soviétique, est morte dans la matinée dans une clinique de Münster, en Allemagne, où elle était traitée depuis la fin de juillet pour une leucémie. Elle était âgée de 67 ans.
La 15e étape du Tour d’Espagne cycliste (La Sénia-Valence) a été gagnée par le Russe Viatcheslav Ekimov.
mardi 21 septembre
Le gouvernement russe a entièrement payé les arriérés de retraites conformément aux instructions du président Eltsine. Le montant minimal des retraites, 120 francs, est inférieur au minimum vital, 240 francs. Le Premier ministre Poutine a assuré que l’augmentation des retraites et leur indexation sur l’inflation constituaient l’un de ses objectifs majeurs.
Dans la soirée, la Russie a mis en place le « cordon sanitaire » pour isoler la Tchétchénie. Les 540 kilomètres de la frontière commune sont contrôlés par d’importants effectifs militaires.
Quatre Iraniens, quatre Pakistanais et deux Turcs, accusés de propager des « idées islamistes extrémistes », ont été expulsés du Daghestan et du Tatarstan. Ils avaient été interpellés lors des opérations de police lancées dans toute la Russie après les récents attentats.
mercredi 22 septembre
La presse russe estime à 50 000 l’effectif des hommes mobilisés dans le cadre du blocus de la Tchétchénie. Toutefois, l’envoyé du Kremlin en Ossétie du Nord et en Ingouchie, a expliqué qu’on ne « peut promettre que la frontière sera imperméable à 100 % ». Pas question pour autant, officiellement du moins, de faire intervenir les troupes fédérales sur le sol tchétchène, comme la rumeur en cour avec insistance à Moscou. Pour l’armée russe, une nouvelle confrontation en Tchétchénie ferait ressurgir ce qu’elle appelle pudiquement « le facteur musulman » : ses recrues musulmanes refusent de se battre contre leurs coreligionnaires. Pour autant, la presse russe fait état d’un projet d’incursion imminente de l’armée sur le territoire tchétchène, mais le Premier ministre Poutine a démenti ses rumeurs.
La Russie n’accepte pas la création, le 20 septembre, du Corps de protection du Kosovo, issu de la démilitarisation de la guérilla indépendantistes kosovare UCK. Elle refuse d’assumer les « conséquences négatives » de cet « acte politique irréfléchi ».
jeudi 23 septembre
L’armée russe a fait un pas supplémentaire dans son offensive contre la Tchétchénie. Son aviation a bombardé Grozny, la capitale, pour la première fois depuis la fin de la guerre. Cette attaque aérienne a été menée en deux temps : d’abord sur l’aéroport, située à 5 kilomètres du centre-ville, causant la mort d’une personne. Puis une dizaine de missiles ont été tirés dans le quartier de Zolotskoi, au sud-ouest de Grozny, qui regroupe une raffinerie et des stockages de pétrole. Cinq ouvriers travaillant sur les lieux ont été tués et plusieurs maisons proches ont brûlé dans l’incendie qui s’est propagé au-delà des installations. Selon l’état-major des forces fédérales russes, les frappes contre l’aéroport de Grozny visaient des entrepôts d’armes et une station-radar. L’aviation russe a aussi poursuivi ses bombardements de villages. Trois d’entre eux ont été touchés dans l’est du pays, la région de Vedeno. Au total huit morts sont annoncés par les autorités tchétchènes. Le porte-parole des services secrets russes a confirmé que la piste tchétchène était privilégiée pour retrouver les auteurs des récents attentats en Russie.
Les obsèques religieuses de Raïssa Gorbatchev ont eu lieu au monastère de Novodietvitchie, à Moscou.
vendredi 24 septembre
La Russie a poursuivi ses vagues de bombardement aérien contre la zone industrielle de Grozny, faisant 23 victimes au moins. Dans la soirée, lors de la troisième vague de bombardements, deux entrepôts de pétrole ont été touchés. Selon la présidence tchétchène, la campagne de bombardements russes lancée le 5 septembre a déjà fait plus de 300 morts et 15 000 réfugiés. De son côté, la presse russe continue à s’interroger sur une possible intervention terrestre. Moscou laisse entendre que ses troupes sont prêtes à entrer en Tchétchénie.
Dans une déclaration commune aux Nations unies, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité estiment qu’ « il est vital de renforcer la coopération internationale pour lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes ». La Chine, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et la Russie appellent donc tous les pays membres de l’ONU à « refuser le droit d’asile aux terroristes » qui ont préparé, financé ou exécuté des attentats.
samedi 25 septembre
La Russie a poursuivi ses bombardements sur la Tchétchénie pour la troisième journée consécutive. Des raids aériens sur Grozny et ses environs ont fait au moins 10 morts et détruit des infrastructures stratégiques de communication. Les installations de la télévision tchétchène « ont cessé d’exister », s’est réjoui un commandant de l’armée de l’air russe.
Les ministres des Finances du G7, réunis à Washington, ont décidé de conditionner les prochains versements des crédits du FMI à la Russie à l’amélioration des contrôles internes de la banque centrale russe et à un audit externe sur la gestion de ses réserves. Ceci afin de lutter contre la corruption et le blanchiment d’argent, qui détournent les aides de leur objectif.
dimanche 26 septembre
Le ministre russe de la Défense a réaffirmé que l’objectif premier des Russes est « d’anéantir les bandits. Nous avons plusieurs versions d’un plan d’opération terrestre qui seront appliquées en fonction de la situation ». De son côté, le commandant en chef de l’armée de l’air assure que les bombardements, notamment sur Grozny, « peuvent se poursuivre encore un mois ».
Le commandant en chef de l’armée de l’air russe accuse les avions de l’OTAN de s’approcher de l’espace aérien russe « bien plus près que la limite de 50 kilomètres prévue par les conventions internationales ». Moscou estime que l’Alliance atlantique commet ainsi 15 à 25 infractions quotidiennes.
lundi 27 septembre
Les bombardements russes sur Grozny et la zone frontalière avec le Daghestan ont fait 50 morts et plus de 200 blessés. Un conteneur de 60 tonnes avec des déchets radioactifs a été détruit dans une usine de Grozny, contaminant « plusieurs personnes ». Les avions russes ont également partiellement détruit une raffinerie de pétrole qui a pris feu. Le gouvernement tchétchène parle d’une vraie « catastrophe écologique ». Les bombardements russes ont endommagé ces derniers jours cinq sites pétroliers et gaziers et plus de 11 000 tonnes de pétrole brut et 1,5 million de mètres cubes de gaz brûlent chaque jour. Malgré les bombardements, des centaines de Tchétchènes se tenant par la main ont défilé à Grozny « contre les bombardements et l’extermination de populations civiles ».
mardi 28 septembre
Grozny est bombardé pour le sixième jour consécutif. Une école et 15 maisons ont été détruites dans la banlieue de la capitale tchétchène. Des dizaines de milliers de civils fuient la Tchétchénie pour se réfugier en Ingouchie. Les Russes, qui contrôlent la frontière, laissent passer les femmes et les enfants, à pied, mais pas les hommes. L’Ingouchie a demandé l’aide du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
mercredi 29 septembre
L’aviation continue ses bombardements sur la Tchétchénie. Le Premier ministre russe a dit à quelles conditions il serait prêt à engager le dialogue avec Grozny : condamnation du terrorisme, livraison des criminels islamistes, volonté de libérer la Tchétchénie des bandes organisées. En réponse, le président tchétchène, Aslian Maskhadov a confié la défense du front est (frontalier avec le Daghestan) à Chamil Bassaïev, l'ennemi juré de Moscou., alors que jusqu’à présent, Maskhadov prétendait n’avoir rien à voir avec les agissements de son ex-Premier ministre. Les Tchétchènes veulent surtout montrer qu’ils préparent la défense de leur territoire pour le cas où Moscou enverrait ses troupes.
jeudi 30 septembre
Selon les services de presse de la présidence tchétchène, à Grozny, des blindés russes ont pénétré à deux reprises en Tchétchénie et se sont retirés peu après sans avoir affronté les forces gouvernementales. L’aviation russe, elle, a poursuivi ses bombardements, faisant 14 morts, toujours selon la présidence tchétchène. A Kiev, en Ukraine, dix ministres de l’Intérieur des pays de la CEI se sont réunis pour mettre au point une stratégie antiterroriste contre les « rebelles islamistes ».
en septembre
Elu en avril (ou mai) dernier président de la République de Karatchaevo-Tcherkessie, Vladimir Semenov, un Karatchaï, ne fait que s’installer aujourd’hui à la Maison du gouvernement. La plupart des Adyghéens qui y travaillent, jusqu’aux femmes de ménage, cessent d’y mettre les pieds.
nuit du jeudi 30 septembre au vendredi 1er octobre
Les chars russes sont entrés en Tchétchénie, en provenance du Daghestan et du territoire russe de Stavropol. Progressant lentement, il ne rencontre aucune résistance.
vendredi 1er octobre
A la mi-journée, les blindés russes ont réussi à progresser d’une vingtaine de kilomètres et se sont déployés sur un front d’une centaine de kilomètres, sans aucun affrontement depuis leur entrée dans le pays. En fin de journée, pourtant, un premier accrochage aurait fait dix morts côté russe. Les Tchétchènes ont entrepris de creuser des tranchées. Les Russes font de même. Dans une déclaration à la télévision russe, le Premier ministre Vladimir Poutine a fait savoir qu’il ne reconnaissait plus la légitimité du président tchétchène, Aslan Maskhadov, ni celle de son Parlement. Tous les experts militaires russes s’interrogent pourtant sur le but réel et la portée de cette offensive terrestre qui défie les lois du genre. Par ailleurs, un photographe français de 31 ans a été enlevé en Tchétchénie.
samedi 2 octobre
Dans la matinée, les premiers blindés russes sont effectivement entrés en territoire administratif tchétchène. Les affrontements se sont déroulés dans le nord du pays, près de la frontière du Daghestan, dans les villages de Roubiejnoïe, Ichtcherskaïa, Tchernokosovo, Alpatovo et Savelievskaia. Deux missiles russes ont été tirés vers 18 h sur la place centrale d’Ourous-Martan, la troisième ville de Tchétchénie, tuant cinq personnes. La mosquée et l’Institut islamique ont été endommagés. La banlieue de cette ville a également été touchée.
dimanche 3 octobre
Les forces russes ont poursuivi leur installation en Tchétchénie et les combats avec les forces tchétchènes qui organisent leur résistance. Celles-ci auraient, selon elles, tué une soixantaine de soldats russes et détruit une quinzaine de blindés. Des chars russes basés en Ingouchie ont ouvert le feu sur des positions tchétchènes à Bamut, dans l’ouest du pays. Les bombardements aériens et le début de l’offensive terrestre russe ont déjà tué 600 civils, ont annoncé les autorités tchétchènes. 110 000 habitants ont fui le pays et se sont réfugiés en Ingouchie voisine où les forces spéciales russes ont procédé, selon l’agence France Presse, à des tirs d’artillerie contre des mini-raffineries. Le président tchétchène a mis au défi les Russes de lui montrer les bases de terroristes qu'ils pourchassent. Il s’est dit prêt à accueillir des « forces de maintien de la paix ». Le président Eltsine est rentré dans l’après-midi au Kremlin où il a rencontré les responsables de la Défense.
Les huitièmes championnats du monde de semi-marathon sont organisés à Palerme, en Sicile, avec 193 athlètes venus de 48 pays. Nette domination des Kényans qui remportent trois des quatre médailles d’or. La Russie est classé cinquième nation avec une médaille de bronze (course féminine par équipes).
lundi 4 octobre
Boris Eltsine a reçu Vladimir Poutine pour lui dire à quel point il est « préoccupé par le déroulement de l’opération antiterroriste » lancée par la Russie en Tchétchénie. Les combats du jour se déroulent à moins de 20 kilomètres de Grozny, dont les habitants ont dû à réapprendre à vivre sans eau, sans gaz et sans électricité. De son côté, Moscou admet avoir perdu des hommes depuis le début de l’opération, il y a quatre jours.
mardi 5 octobre
Maskhadov a décrété la loi martiale « suite à l’agression russe ». Non content de ce décret qui subordonne toute l’économie de la Tchétchénie aux nécessités de la guerre, le président tchétchène a également demandé aux autorités religieuses d’appeler la population à la guerre sainte. Pour Moscou, qui a reconnu avoir déjà perdu un chasseur et un bombardier, il ne s’agit toujours pas d’une guerre. Pour Vladimir Poutine, il s’agit d’une « affaire exclusivement intérieure » à la Russie. Les députés l’ont suivi sur cette voie en manifestant leur appui au gouvernement dans ses efforts pour « détruire les nids de terrorisme ». Mais ils l’ont mis en garde contre les erreurs de 1995. Le Premier ministre a annoncé que les Tchétchènes qui ont fui les combats (118 110, selon les chiffres officiels) seraient renvoyés, avec la promesse d’une aide financière, « dans les territoires de la république de Tchétchénie revenus sous le contrôle des forces fédérales. Dans ces territoires, les salaires et les retraites seront payés ». Le HCR a fait savoir qu’un premier convoi d’aide était parvenu aux Tchétchènes déplacés en Ingouchie.
mercredi 6 octobre
Les Tchétchènes ont abandonné le tiers de leur territoire aux forces russes. Les derniers bombardements ont fait 48 morts, accélérant l’exode de la population. La république voisine d’Ingouchie s’est déclarée « asphyxiée » par l’afflux de réfugiés. Ils seraient plus de 150 000 à avoir passé la frontière.
Ouverture à Vienne, dans le cadre du CTBT, de la conférence sur le désarmement. Sur les 44 pays concernés, 24 ont signé et ratifié le traité, 21 l’ont signé mais pas ratifié (dont la Chine, les Etats-Unis et la Russie) et 3 ne l’ont pas signé (Corée du Nord, Inde, Pakistan). Sans la signature de ces 6 pays, le traité ne peut pas entrer en vigueur, aussi ont-ils été fermement priés de le ratifier.
jeudi 7 octobre
Un gouvernement tchétchène pro-russe a été formé à Moscou par des « députés » élus en 1996. Ce gouvernement en exil comporte 23 membres dont la plupart sont toujours recherchés par les autorités de Grozny pour « complicité lors de l’occupation russe et aide à l’agression et au génocide ». Le procureur adjoint de Tchétchénie a ajouté que « s’ils reviennent, ils seront arrêtés ». Sur le terrain, Moscou intensifie encore ses opérations militaires aériennes et terrestres. Au cours des dernières 24 heures, plus de 15 000 Tchétchènes ont cherché refuge en Ingouchie. Le président ingouche, Rouslan Aouchev, estime que son pays est « au bord de la catastrophe humanitaire ». D’autre part, le gouvernement russe vient d’octroyer l’équivalent de 965 millions de francs au complexe militaro-industriel pour soutenir son effort de guerre. Par ailleurs, une « troïka » européenne a rencontré le ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, pour lui proposer ses bons offices dans le conflit en cours en Tchétchénie, ce qui a été refusé par Moscou.
vendredi 8 octobre
Les combats se poursuivent en Tchétchénie avec une rare violence. L’armée russe, qui contrôle, le tiers nord du pays, se heurte à une tactique déjà éprouvée par les combattants tchétchènes lors de la guerre d’indépendance (1995-1996). Cette tactique de la « défense active » consiste à porter des coups sévères à l’ennemi puis à se retirer. A l’aube, cette tactique utilisée près d’Ichtcherskaïa auraient fait environ 200 morts, selon les autorités tchétchènes. Officiellement Moscou ne concède que quatre morts. Grozny propose un « plan de règlement en trois points : arrêt immédiat des combats, retrait des troupes russes et ouverture de négociations politiques ». Le Premier ministre russe a répondu qu’il ne négociera que « lorsque les troupes russes auront accompli leur mission ». En attendant, les Tchétchènes continuent à fuir en masse pour chercher refuge dans les républiques voisines.
samedi 9 octobre
En 24 heures, environ 260 militaires russes auraient été tués par les indépendantistes tchétchènes. Le ministère russe de la Défense n’a reconnu que 7 morts et 37 blessés. Dans plusieurs localités, les combats font rage : à Goragorski, notamment, dans le nord-ouest de la Tchétchénie, où les troupes russes sont confrontées à « une armée tchétchène bien équipée et professionnelle ». Les Russes ont l’ordre de prendre la ville pour poursuivre leur avance vers Grozny. Le Premier ministre russe a annoncé l’extension de la « zone de sécurité » à d’autres parties de la Tchétchénie et en qualifiant cette opération de « première étape ». De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, a admis que les bombardements russes avaient fait des victimes.
Boris Eltsine a été hospitalisé dans la matinée pour une grippe accompagnée d’une forte fièvre. La durée de son hospitalisation n’a pas encore été déterminée, mais le Kremlin a démenti les rumeurs d’une prochaine intervention chirurgicale sur le président, ce qu’a affirmé le quotidien Segodnia.
Derniers matchs des qualifications pour le championnat d’Europe de football 2000 : au stade Loujniki de Moscou, la Russie et l’Ukraine ont fait match nul un à un (Karpine pour les Russes, Chevtchenko pour les Ukrainiens), devant 78 600 spectateurs. Troisièmes du 4, les Russes ne sont pas qualifiés pour la phase finale.
dimanche 10 octobre
La Russie a fortement accru sa pression sur la Tchétchénie, le ministre russe de la Défense s’affirmant prêt à reprendre Grozny. Le pays tchétchène a subi les plus violents bombardements depuis un mois. Depuis l’Ossétie du Nord et l’Ingouchie, l’artillerie russe a notamment frappé les abords de Barmout, au sud-ouest de Grozny. De source tchétchène, ces attaques auraient tué 32 civils. Les troupes russes ont tenté une percée dans l’ouest du pays. Mais des groupes tchétchènes continuent de harceler les forces fédérales à l’intérieur même de la zone tampon qui couvre un tiers du territoire de la république, au nord du fleuve Terek. Grozny annonce que 475 soldats russes ont été tués depuis plus d’une semaine.
Une fusée ukrainienne Zenit, lancée de la plate-forme flottante Sea Launch, a réussi son premier tir commercial dans le Pacifique. Succès pour le consortium regroupant des sociétés américaine, norvégienne, russe et ukrainienne.
L’Irak aurait acheté à la Russie environ 70 photos satellite de plusieurs pays voisins, dont l’Iran, l’Arabie Saoudite, la Syrie et la Turquie, selon le Sunday Telegraph. Elles permettraient à Bagdad d’orienter ses missiles. Ces vues, affirme le journal britannique, auraient été livrées le mois dernier, sur CD-Rom, dans le cadre d’un accord conclu lors de la visite d’une délégation irakienne à Moscou.
Clôture des championnats du monde de cyclisme sur route, organisées par l’Italie à Trévise et à Vérone. L’Italie se classe meilleure nation, devant le Canada et l’Espagne. La Russie est neuvième avec deux médailles d’argent et une de bronze.
lundi 11 octobre
Vladimir Poutine a déclaré que Moscou était prêt à négocier avec le président tchétchène, Aslan Maskhadov, à condition que celui-ci livre d’abord « les terroristes » dont la présence en Tchétchénie justifie l’intervention russe. Pour sa part, le chef de guerre Chamil Bassaïev menace de passer à « l’action ».
mercredi 13 octobre
Chamil Bassaïev a déclaré que le président Maskhadov l’a « nommé commandant en chef du front est ». Il « collabore donc avec les troupes régulières de la présidence tchétchène ». Il a dit aussi combattre en Tchétchénie « pour la libération de la République du joug impérialiste russe » avec des mercenaires étrangers dont le nombre exact demeure inconnu.
jeudi 14 octobre
De violents combats d’artillerie se poursuivent à une cinquantaine de kilomètres de Grozny où l’aviation russe est de nouveau intervenue. Un bilan officiel tchétchène estime à 2 000 le nombre des victimes civiles depuis le début de l’opération russe. Grozny demande l’aide de l’ONU et de l’Europe.
vendredi 15 octobre
Les troupes russes sont entrées dans Goragorski, une ville clé de l’ouest de la Tchétchénie située sur la route menant à Grozny. Les militaires ont reçu l’ordre de « nettoyer » cette ville (5 000 habitants avant les hostilités) et de poursuivre leur route vers Grozny. Ce nettoyage se fait à coups de grenades lancées dans chaque maison suspecte. Le président tchétchène, Aslan Maskhadov, a demandé, sans trop d’espoir cependant, au président géorgien, Edouard Chevardnadze, d’accepter une mission de médiation avec Moscou.
samedi 16 octobre
Les troupes russes ont progressé vers Grozny et se trouvent désormais à moins de 20 kilomètres de la capitale tchétchène. « Nous ne savons pas encore si nous entrerons à Grozny, a déclaré le général Kazantsev, le chef de l’armée russe dans le Caucase du Nord, tout dépendra du comportement de la partie tchétchène ». Les nouveaux bombardements russes ont fait une cinquantaine de morts en 24 heures, d’après les Tchétchènes. Moscou a démenti les frappes contre un convoi de réfugiés. L’Ingouchie doit faire face à un nouvel afflux de réfugiés, après les bombardements russes sur deux localités tchétchènes où se trouvait un camp abritant 5 000 personnes ayant fui les combats. Dix personnes ont été tuées.
nuit du samedi 16 au dimanche 17 octobre
Les bombardements russes se sont multipliés sur des localités à l’ouest et au nord de Grozny.
dimanche 17 octobre
Les forces russes n’ont jamais été aussi proches de Grozny. Dans le même temps, aucun affrontement important n’ayant été enregistré, les forces fédérales ont mis ce calme relatif à profit pour consolider leurs positions le long du fleuve Terek. Il délimite le tiers nord de la Tchétchénie dont Moscou a repris récemment le contrôle afin d’établir un « cordon sanitaire » empêchant l’intrusion des « terroristes » en Russie. Vladimir Poutine a indiqué que l’armée russe s’abstiendrait d’attaquer les villes. Le président tchétchène a répondu au général Kazantsev lors d’une conférence de presse : « Les Russes peuvent bombarder encore pendant deux ans, ça ne changera rien. S’ils avancent, nous les détruirons. Nous n’avons rien à perdre. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous battre ».
Un mammouth vieux de 20 000 ans, retrouvé intact avec sa peau, sa chair et ses poils en 1997, est extrait des glaces de Sibérie par une équipe internationale.
lundi 18 octobre
Les soldats russes ont atteint les faubourgs de Grozny sans rencontrer de résistance. Plusieurs centaines d’hommes, des chars et des blindés légers se sont installés sur les collines d’où ils dominent la ville. Si l’on en croit les sources militaires russes elle-même, il y a bien eu des combats meurtriers, mais dans le nord. Un détachement qui s’était approché des positions tchétchènes a été attaqué et a perdu un engin blindé. Un général russe parle de 178 morts dans les rangs de l’armée de Moscou depuis le début des opérations.
mardi 19 octobre
L’aviation et l’artillerie russe se sont acharnées contre un des faubourgs de Grozny, Pervomaïskaïa, détruisant 30 % des habitations et provoquant l’exode massif des habitants. Les forces tchétchènes affirment avoir abattu un avion russe au-dessus de la ville, un Sukhoï-25, ce que dément le commandement russe. Les Tchétchènes affirment également avoir lancé une contre-offensive appuyée par des lance-roquettes multiples et des canons, qui aurait provoqué un repli de plusieurs kilomètres des forces fédérales. Les combats, toujours selon les Tchétchènes, auraient fait une soixantaine de morts dans les rangs russes. Le commandement russe dément aussi la réalité de cette contre-offensive. Ce qui est sûr, c’est que des affrontements ont bien eu lieu dans les faubourgs de Grozny et que Moscou achemine des renforts. Par ailleurs, les Russes ont organisé à Mozdok les premiers retours des réfugiés tchétchènes (plusieurs centaines de volontaires) vers leurs villages du nord, maintenant sous le contrôle de Moscou.
La lutte contre les mafias, le blanchiment d’argent sale et le terrorisme, ont été au cœur de la rencontre, à Moscou, des ministres de l’Intérieur et de la Justice des pays membres du G8.
nuit du mardi 19 au mercredi 20 octobre
Le service de presse des forces tchétchènes assure que les bombardements russes de la nuit ont fait 61 morts.
mercredi 20 octobre
Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a rendu visite à ses troupes sur le front tchétchène. Il a même effectué un vol à bord d’un Sukhoï-25. Lors de sa visite d’où décollent les appareils qui bombardent chaque jour la république indépendantiste, il a décoré plusieurs équipages. Quelques accrochages au sol ont été signalés, mais le front n’a pas bougé. Le président tchétchène appelle l’Occident à suspendre son aide financière à la Russie tant que durera la guerre.
Viktor Novosselov, président de l’antenne locale du parti Démocratie sociale, député régional et vice-président de l’Assemblée locale de Saint-Pétersbourg, a été tué dans un attentat, dans la matinée. Sa voiture a explosé et son chauffeur a été grièvement blessé. Le député avait déjà été la cible d’un premier attentat, en 1993, dans lequel il avait perdu les deux jambes. Sa réputation étant très controversée, ses collègues estiment qu’ « il est encore trop tôt pour savoir s’il a été assassiné pour des raisons politiques ou économiques ». 17 députés russes ont été assassinés en cinq ans.
nuit du mercredi 20 au jeudi 21 octobre
Les bombardements de l’aviation et de l’artillerie russe ont tué 61 personnes dans 26 localités dispersées aux quatre coins du pays. 200 blindés russes ont pris position sur les flancs nord et ouest de Sernovodsk, à une quarantaine de kilomètres de Grozny, provoquant la fuite de 80 % de la population. Dans Grozny, de violents combats se sont déroulés dans le faubourg de Piervomaïaskaïa. Des batteries antiaériennes tchétchènes auraient été détruites.
jeudi 21 octobre
Nouvelle escalade dans la guerre de Tchétchénie. L’armée russe, qui se tient toujours à quelques kilomètres du centre de Grozny, a bombardé les alentours du palais présidentiel. En l’absence du président Maskhadov, plus de 137 morts et 260 blessés ont été dénombrées. 27 personnes, des mères et leurs bébés, sont mortes dans une maternité voisine. Cinq missiles ont été tirés depuis la frontière daghestanaise, dont un sur le marché où se trouvaient alors environ 200 personnes : 68 ont été tuées. Le ministère russe de la Défense dément avoir procédé à ces bombardements.
Le dernier bastion de l’armée russe dans les pays Baltes, qui ont retrouvé leur indépendance en 1991, est tombé. Moscou a officiellement transféré à la Lettonie le territoire d’une ancienne base de radars située à Skrunda, à une centaine de kilomètres de Riga. La présence militaire russe dans les pays Baltes aura duré un peu plus de 50 ans.
vendredi 22 octobre
Suite aux explosions de la veille à Grozny, Moscou dément toujours tout bombardement. Un porte-parole russe reconnaît néanmoins qu’une « opération spéciale » a été menée, par des unités non militaires, contre un « marché d’armes au centre de Grozny ». Une version reprise à Helsinki par Vladimir Poutine, qui participe au sommet Union européenne-Russie, à Helsinki (Finlande). Face aux responsables européens qui « n’acceptent pas la solution militaire » et le pressent « d’entamer un dialogue », le chef du gouvernement russe a esquivé, en affirmant qu’il n’y a « actuellement personne à qui parler ».
La Douma s’est prononcée sur l’affaire du combinat-cellulose de Vyborg, où les ouvriers refusent de laisser entrer les propriétaires légitimes (des affrontements sanglants ont eu lieu mi-octobre).
Boris Eltsine est retourné à son bureau du Kremlin pour la première fois depuis son hospitalisation pour une grippe. Il se sentait « bien ».
samedi 23 octobre
Les militaires russes ont poursuivi leurs frappes sur la Tchétchénie, notamment sur l’aéroport de Grozny. Ils ont aussi bouclé les frontières de la Tchétchénie pour « empêcher les infiltrations de terroristes », sans tenir compte de la pression internationale qui s’est accrue. La secrétaire d’Etat américaine, Madeleine Albright, a notamment condamné les « actions regrettables et de mauvais augure » menées par les Russes.
dimanche 24 octobre
Les combats entre l’armée russe et les indépendantistes tchétchènes se sont poursuivis, l’explosion d’une roquette russe tuant, selon les séparatistes, 23 personnes dans le centre de la ville de Vedeno (est). Les Tchétchènes affirment avoir abattu deux avions d’attaque de type Sukhoï-25 et un appareil de reconnaissance. Les militaires russes ont refusé de commenter l’information.
mardi 26 octobre
Les troupes russes sont aux portes de Grozny. Après la mise à prix du chef de guerre islamiste Chamil Bassaïev (un million de dollars), l’armée fédérale a pénétré dans les localités périphériques de Pobedinskoïe et Pervomaïaskaïa. La présidence de la république indépendantiste n'a pas confirmé cette information, diffusée par la chaîne moscovite NTV. Elle annonce, en revanche, avoir bombardé un camp militaire russe situé de l’autre côté de la frontière avec l’Ingouchie - ce que confirment les autorités ingouches - faisant 38 morts et une centaine de blessés.
mercredi 27 octobre
Toujours soumise à des bombardements aériens et à des tirs intensifs d’artillerie, qui rendent pratiquement impossible toute circulation dans la ville, Grozny a été touchée par des missiles tirés à partir d’une base proche de la capitale de l’Ossétie du Nord, Vladikavkaz. Selon un responsable des forces armées tchétchènes, ils auraient fait 112 morts et 220 blessés. L’un de ces missiles est tombé non loin de la maison de Chamil Bassaïev. Ni lui ni sa famille ne se trouvait sur place. Un autre s’est écrasé près du domicile de la veuve de l’ancien président indépendantiste Djokhar Doudaïev. Les troupes russes se trouvent à moins de 10 kilomètres au nord-ouest de Grozny et à une quinzaine de kilomètres à l’est. Le président Maskhadov reconnaît lui-même que les forces fédérales progressent vers la capitale, mais aussi vers la deuxième ville tchétchène, Goudermès, dans l’est, qui constitue une importante position stratégique. Le flot des réfugiés s’est accru ; Moscou l’évalue à 190 000. Les Etats-Unis, qui se disent « profondément inquiets » de la situation, ont une nouvelle fois engagé Moscou au dialogue. La diplomatie allemande dénonce une catastrophe humanitaire.
Dans la soirée, une fusée Proton chargée d’un satellite russe de communications est tombée dans le nord-est du Kazakhstan, quatre minutes après son lancement depuis Baïkonour. Du coup, le Kazakhstan a interdit tout lancement de fusées russes depuis le cosmodrome jusqu’à l’éclaircissement des causes de l’incident. Des experts estiment que les retombées sur terre de l’engin ont provoqué des dommages économiques.
jeudi 28 octobre
Le président tchétchène a adressé une lettre ouverte au pape et « au monde chrétien », leur demandant de « protéger le peuple tchétchène d’une menace de génocide ». De son côté, le ministre russe de la Défense, Igor Sergueïev, affirme que ses troupes doivent s’installer en Tchétchénie « sérieusement et pour longtemps » et il ajoute : « Nous sommes venus pour ne jamais partir ».
Le procureur général américain de Manhattan a lancé des mandats d’arrêt contre trois personnes soupçonnées d’implication dans un scandale de blanchiment d’argent en provenance de Russie : une ancienne vice-présidente de la Bank of New York renvoyée en août, son mari, dirigeant de deux sociétés écrans et le président d’une troisième société. Tous trois, Russes ou d’origine russe, ont été inculpés pour des opérations de virement d’argent vers et depuis les Etats-Unis, d’un montant de 7 milliards de dollars, illégales au regard de la législation bancaire américaine.
vendredi 29 octobre
Le CICR se dit « extrêmement préoccupé » par la situation des populations civiles « prises au piège de la violence » en Tchétchénie. Dans un communiqué, il insiste pour que les combattants soient identifiables comme tels sur le terrain et qu’ils « laissent les civils quitter les zones de conflit ». Or, les frontières de la Tchétchénie sont bouclées depuis six jours. Pourtant, à la suite d’une rumeur affirmant que la frontière était rouverte, des milliers de véhicules, des milliers de personnes à pied se sont présentés au poste ingouche de Kavkaze. Mais la situation reste bloquée. Une colonne de véhicules a été prise pour cible par l’aviation russe au moment où elle franchissait un pont près de Chaami-lourt. Le bombardement aurait tué 25 personnes, dont deux employés de la Croix-Rouge, et blessé 70 autres.
samedi 30 octobre
Le président tchétchène s’est dit prêt à engager des « pourparlers constructifs » avec la Russie, sans pour autant renoncer à l’indépendance. Cependant, dans une lettre adressée aux « peuples frères » du Caucase russe, il les a exhortés à faire cesser l’offensive menée par les forces russes depuis leurs territoires. L’artillerie russe, soutenue par des raids aériens, a continué à pilonner sans interruption les quartiers nord et nord-ouest de Grozny. Des combats ont eu lieu dans la périphérie ouest, ainsi que dans le nord de la ville. L’armée russe a également continué à progresser dans les régions ouest et est de la république indépendantiste.
dimanche 31 octobre
L’aviation russe a bombardé les zones industrielles de Grozny.
lundi 1er novembre
Dès l’aube, la foule s’est amassée sur la route reliant Nazran, la capitale de l’Ingouchie, à Grozny. En majorité des femmes, venues dans l’espoir de l’ouverture de la frontière. Mais, les autorités russes n’ont pas tenu leur promesse : les soldats postés à la frontière Kavkaz n’ont laissé passer qu’une poignée de personnes, au compte-gouttes. Les trois autobus qui avaient reçu, miraculeusement, l’autorisation de passer le premier poste de la route, ont tous rebroussé chemin quelques heures plus tard. Quelques dizaines de personnes, en revanche, ont réussi à pénétrer en Ingouchie depuis la Tchétchénie. Uniquement des femmes avec des enfants et des vieillards. Aucun homme. Plusieurs personnes sont mortes d’épuisement ou étouffées par la foule. Mais environ 15 000 réfugiés attendent sous la pluie, de l’autre côté, parfois depuis cinq jours. La file d’attente atteindrait 15 kilomètres.
mardi 2 novembre
« Affaire intérieure », a dit Vladimir Poutine au président américain Bill Clinton. En Tchétchénie, Moscou poursuit son avance dans l’ouest. Des milliers de civils restent bloqués à la frontière de l’Ingouchie. Celle-ci essaye de soigner les blessés civils.
mercredi 3 novembre
Le ministre russe de la Défense Igor Sergueïev a révélé avoir reçu l’ordre de prendre toute la Tchétchénie pour mettre fin à une indépendance que Moscou n’a jamais acceptée.
La commission électorale russe a définitivement admis la liste du « bloc Jirinovski » pour les élections législatives du 19 décembre. L’ultranationaliste conduira une équipe de 80 candidats. La commission a également validé une coalition peu connue, « Spas », dirigée par le président du mouvement néonazi « Unité nationale russe », Alexandre Barkachov. Cette liste est composée de 94 membres.
jeudi 4 novembre
Des centaines de civils fuyant la guerre - environ 1 300 selon une estimation de l’ONU - ont franchi la frontière entre la Tchétchénie et l’Ingouchie, dans la matinée, au poste de Kavkaz, « grâce » au bon vouloir de l’armée russe. La situation humanitaire est très grave : plus de 195 000 Tchétchènes ont fui leur pays, et 178 000 d’entre eux se trouvent dans l’Ingouchie voisine. S’étant rendu à Kavkaz, le ministre russe des Situations d’urgence, Sergueï Choïgou, a estimé très placidement que la situation humanitaire des réfugiés entassés en Tchétchénie est « quasiment normale ». Il a néanmoins annoncé la probable décision de Moscou d’ouvrir deux postes frontières. Sur le plan militaire, les forces fédérales ont bombardé les abords de Grozny et se encore rapprochées de la capitale tchétchène, coupant une route menant à la localité voisine d’Alkhan-Kala. L’armée a poursuivi l’encerclement de nouvelles positions au sud-ouest de Grozny.
vendredi 5 novembre
A Ankara, après trois jours de discussions, Turcs, Azéris et Géorgiens ont finalisé un accord avec l’Azerbaïdjan International operating company (AIOC), le consortium dirigé par BP-Amoco, qui a obtenu la concession du pétrole de la Caspienne. La construction d’un nouveau pipeline devrait suivre le tracé sud (Bakou-Tbilissi-Ceyhan/Turquie), alors que la Russie souhaitait un tracé nord (Tengiz-Novorossisk). L’accord doit être signé les 18 et 19 novembre à Istanbul.
samedi 6 novembre
Malgré les bruits de divergences entre le gouvernement et l’armée parus dans la presse moscovite, les bombardements ont continué sur la Tchétchénie en général et sur Grozny en particulier. Ils auraient fait onze morts civils.
dimanche 7 novembre
Au moins dix civils tchétchènes ont été tués dans la matinée par le bombardement aérien d’un quartier de Grozny, alors que le pilonnage des villages par l’armée russe se poursuit. Le président tchétchène Maskhadov a envoyé un message au président américain Bill Clinton lui demandant de faire pression sur Boris Eltsine pour qu’il accepte un dialogue. La presse russe fait état de rumeurs de désaveu du Premier ministre Vladimir Poutine par le président russe.
lundi 8 novembre
Les Etats-Unis ont accusé la Russie de violer en Tchétchénie les lois internationales sur la guerre, notamment les conventions de Genève qui ont pour objectif de protéger les populations civiles en cas de conflit. Le porte-parole du département d’Etat américain, James Rubin, s’inquiète du « recours aveugle à la force et des conséquences de cette escalade ». Lancée début septembre par Moscou, la guerre a déjà fait 3 200 morts civils, selon Grozny.
mardi 9 novembre
Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement tchétchène, Ilias Akhmadov, a été reçu en France. Il a plaidé pour l’intervention d’ « un tiers » dans le conflit. Pour que cesse, a-t-il dit, cette « tentative de génocide ». Il a également appelé les Occidentaux à cesser leur aide financière à la Russie. Cette visite en France a été aussitôt condamnée par un porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, au prétexte qu’une telle visite ne respecte pas « le principe de l’intégrité territoriale de la Russie ». C’est la même objection qu’oppose la Russie à la perspective d’une mise en accusation devant l’OSCE. Pourtant les Russes se disent prêts, maintenant, à « informer » leurs partenaires « sur l’opération en cours ».
mercredi 10 novembre
Après avoir visité plusieurs camps de réfugiés tchétchènes en Ingouchie, le Norvégien Kim Traavik, chef d’une délégation de l’OSCE a déclaré que « l’envergure de la catastrophe humanitaire est plus importante que l'on ne pensait ». Les réfugiés vivent « dans des conditions très difficiles ». Du point de vue militaire, le général Viktor Kazantsev, commandant des forces russes dans le Caucase du Nord, a réaffirmé que son armée, ira « jusqu’au bout en Tchétchénie ». Mais, a-t-il reconnu, l’opération en cours pourrait prendre jusqu’à trois ans…
L’organisation Human Right Watch a rendu publics 50 témoignages de victimes de tortures en Russie. La torture, accuse l’organisation humanitaire qui parle d’une véritable « épidémie », est « systématiquement » utilisée dans les lieux de détention russes. Ces témoignages sont accompagnés de récits de dizaines d’avocats, ex-policiers et anciens juges.
jeudi 11 novembre
Selon un sondage réalisé du 5 au 7 novembre dans 52 régions de Russie, 62 % des Russes partagent l’avis de leur armée : « On ne doit pas négocier avec les leaders tchétchènes ». L’Eglise orthodoxe elle-même justifie l’opération armée « du point de vue du bon sens et de l’éthique chrétienne », puisqu’il s’agit de « lutter contre le terrorisme ». La presse moscovite parle d’une nouvelle « guerre froide » concoctée au ministère de la Défense, pour contrer les condamnations occidentales reçues comme autant de « provocations ». La pression militaire sur la Tchétchénie ne connaît pas de répit. Les forces russes se préparent à investir Goudermes, la deuxième ville tchétchène. Le général Guennadi Trochev, qui commande le front est, aurait conclu un accord avec le conseil des anciens de la ville pour commencer le « nettoyage » de la cité. De leur côté, les autorités tchétchènes affirme toutefois qu’il reste encore un bon millier de combattants dans la ville.
vendredi 12 novembre
A l’aube, les troupes fédérales russes ont pénétré à Goudermès, la deuxième ville de Tchétchénie. Une opération de « nettoyage » a commencé aussitôt après, afin de déloger les combattants indépendantistes. Dans le même temps, l’encerclement de Grozny se poursuit. Alors que des bombardements d’une rare intensité s’abattaient sur la capitale, y faisant une vingtaine de morts, des unités spéciales du ministère russe de l’Intérieur ont pris position autour de Chaami-Iourt (à 10 kilomètres au sud-ouest de Grozny). Selon Aslan Maskhadov, qui parle de « génocide », l’offensive russe a fait 4 125 morts et 8 500 blessés. Le président tchétchène en a, une nouvelle fois, appelé à l’OSCE. Le gouvernement russe a réitéré son refus d’une médiation de l’OSCE. Il consent juste à une aide strictement humanitaire en territoire ingouche. A Moscou, le plus grand flou semble régner quant à une hypothétique sortie de crise. Le gouvernement Poutine se déclare prêt au « dialogue politique ». Mais avec qui ? Bislan Gantamirov a subitement remplacé Malik Saïdoullaev, nommé il y a un mois, à la tête du « gouvernement » tchétchène en exil. Condamné pour détournements de fonds quand il était maire (pro-russe) de Grozny, le nouvel interlocuteur de Moscou a été tiré de prison par une grâce présidentielle. Le Kremlin a ajouté un peu plus à la confusion. Igor Chabdourassoulov, numéro deux de l’administration présidentielle affirme qu’Aslan Maskhadov est « légitiment élu » et dit « être prêt à mener un dialogue avec toutes les forces politiques ». Le propos ressemble à un désaveu pour le Premier ministre Poutine qui récuse catégoriquement le président tchétchène.
nuit du vendredi 12 au samedi 13 novembre
L’aviation russe a effectué 180 raids aériens sur la Tchétchénie, provoquant un nouvel exode. Ce nombre record de bombardements aurait tué 200 combattants tchétchènes selon l’état-major russe.
samedi 13 novembre
Les forces russes ont marqué un nouveau point en Tchétchénie en entrant dans la partie basse de Bamout, au sud-ouest de Grozny, soumise depuis des semaines aux bombardements de leur artillerie et de leur aviation.
nuit du samedi 13 au dimanche 14 novembre
L’artillerie et l’aviation russe se sont acharnées sur Grozny, toujours privée d’eau, de gaz et d’électricité.
dimanche 14 novembre
Les Russes n’ont pas encore le contrôle complet de Bamout. Les bombardements, d’une violence et d’une intensité sans précédent, sont concentrés sur la partie haute de la ville, en proie à un déluge de missiles, mais qui a résisté à trois assauts russes. Bamout demeurait le symbole de la résistance des indépendantistes tchétchènes lors du premier conflit russo-tchétchène. Par ailleurs, l’étau russe s’est encore resserré autour de Grozny, puisque les troupes fédérales sont arrivées à deux kilomètres à peine de l’aéroport Cheikh Mansour, au nord de la ville, et aux abords d’Alkan-Kala, à 15 kilomètres au sud-ouest.
lundi 15 novembre
Tandis que les combats se poursuivent en Tchétchénie, le président russe Boris Eltsine, malade et quasi absent de la politique depuis plusieurs mois, a annoncé sa participation, les 18 et 19 novembre, à Istanbul, au sommet de l’OSCE. Pour Moscou, les Occidentaux « n’ont pas le droit d’accuser la Russie » de faire la guerre dans la République caucasienne. L’OSCE veut demander à Moscou « un calendrier précis de retrait » de ses troupes en Tchétchénie.
mardi 16 novembre
Alors que les forces russes continuent de pilonner impitoyablement la Tchétchénie, un groupe de combattants tchétchènes a fait une incursion en Ingouchie, attaquant des positions russes dans le sud. Selon la chaîne de télévision russe NTV, cette opération, sans précédent depuis le début de l’intervention russe, a fait un mort et deux blessés dans les rangs de l’armée fédérale.
mercredi 17 novembre
La ville de Bamout est enfin tombée aux mains des troupes russes. Dans le même temps, le pilonnage russe - lance-roquettes et canons - s’est intensifié sur Grozny et sur Argoun. L’aviation russe, soutenue par l’artillerie, a bombardé plusieurs localités dont Serjenlourt (à 30 kilomètres au sud-est de Grozny), Ourous-Martan, Atchkhoï-Martan et Ghekhi (ouest), ainsi que les districts de Chatoï et Itoum-Kalinski (sud). Les frappes russes en Tchétchénie ont fait 54 morts au cours des dernières 48 heures, selon des sources tchétchènes. Toutefois, une unité de renseignement de parachutistes russes a été attaquée près de Karatchoi, à une cinquantaine de kilomètres de Grozny. Une erreur de localisation a empêché les renforts héliportés de venir à leur secours : 12 Russes ont été tués (une information divulgué le 28 novembre).
Boris Eltsine est arrivé à Istanbul. Il a reconnu que sa mission ne sera « pas facile ». En aucun cas la Russie n’acceptera qu’on lui donne des leçons sur « l‘opération antiterroriste » qu’elle est en train de mener en Tchétchénie.
jeudi 18 novembre
A la conférence de l’OSCE à Istanbul, Moscou a accepté dans la soirée le principe d’une solution politique en Tchétchénie : relance du dialogue politique et réaffirmation de la validité du mandat de l’OSCE de 1995 pour la Tchétchénie. Le président de l’OSCE va se rendre sur place. Une aide humanitaire est prévue pour les réfugiés tchétchènes en Ingouchie. Pourtant, à son ouverture dans la matinée, le sommet a été quelque peu orageux. D’entrée de jeu, Boris Eltsine avait rejeté les critiques occidentales, en affirmant vertement : « Vous n’avez pas le droit de critiquer la Russie sur la Tchétchénie ». Dans l’après-midi, le président russe avait coupé court à un entretien avec le chancelier allemand et le président français.
Selon le centre de presse tchétchène, des missiles sol-sol tirés sur Grozny et sur Ourous-Martan ont fait 170 morts. Les Russes, eux, ont fait état de 80 frappes aériennes en Tchétchénie et de la destruction de huit bases, de deux ponts, d’un réémetteur de télévision et d’une station radio. Moscou a annoncé la mise en place d’une force de police dans les zones « libérées » de la république rebelle. Les troupes fédérales ont pris le contrôle d’Atchkhoï-Martan, à 30 kilomètres au sud-ouest de Grozny. De son côté, la Géorgie tient ses troupes mobilisées pour faire face à toute « provocation russe ».
Turquie, Azerbaïdjan, Géorgie et Turkménistan se sont mis d’accord à Istanbul sur le tracé d’un oléoduc et d’un gazoduc pour transporter les ressources de la mer Caspienne en contournant la Russie. Une victoire stratégique pour les Etats-Unis, qui poussent ces projets. Sur le papier, ces travaux doivent prendre fin en 2004.
vendredi 19 novembre
L’optimisme affiché au sommet de l’OSCE n’aura vécu que quelques heures. Boris Eltsine était à peine rentré à Moscou que son porte-parole réaffirmait la position jusqu’alors affichée par le Kremlin : la Tchétchénie reste « une affaire intérieure » russe. Rajoutant que, « oui, nous nous prononçons pour une solution politique, mais quand les bandits auront été éliminés ». Pas question d’ingérence étrangère, pas même de médiation… Sur le terrain, l’offensive russe s’est poursuivie de plus belle. Grozny et les environs de la capitale ont de nouveau subi d’intenses bombardements, l’objectif immédiat des troupes fédérales étant de s’emparer d’Ourous-Martan et d’Alkan-Kala, aux abords de la capitale. L’aviation russe a également concentré ses frappes plus au sud, dans les gorges d’Argoun, près de la frontière avec la Géorgie. Moscou a souvent accusé la Géorgie d’accueillir dans cette région les rebelles chassés des zones que son armée contrôle désormais en Tchétchénie et de laisser passer des combattants et des armes en Tchétchénie. Les forces russes sont entrées sans combattre dans deux nouvelles localités : Valerik et Katyr-lourt. Les « anciens » ont appelé les troupes fédérales à y pénétrer pour en finir avec les bombardements.
Un nouveau traité limitant les forces conventionnelles en Europe (CFE) a été signé à Istanbul. Il actualise le précédent, signé entre l’OTAN et le Pacte de Varsovie à la fin de la guerre froide Réétudié en fonction de réalités politique européennes actualisées, ce traité concerne notamment les nouveaux venus que sont l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Belarus, la Géorgie, le Kazakhstan, la Moldavie, la Slovaquie et l’Ukraine, chacun ayant négocié de nouveaux plafonds nationaux et territoriaux. Deux annexes concernant la Russie ont été associées au traité. La première prévoit un désengagement des forces russes de Géorgie : Moscou devra y fermer deux de ses quatre bases d’ici le 1er juillet 2001. La seconde stipule le retrait de toutes les forces russes et des équipements russes de Moldavie avant la fin de 2002.
samedi 20 novembre
Les troupes russes sont arrivées à deux kilomètres des faubourgs de Grozny, après une semaine marquée par plusieurs victoires stratégiques dans la république indépendantiste. Les quartiers Zadodskoï et Andreïevskaïa ont été, toute la journée, la cible des bombardements russes. Selon l’état-major russe, la capitale tchétchène serait encerclée à 80 %. L’armée russe s’est aussi emparée d’une nouvelle localité dans l’ouest, Samachki, après plusieurs semaines de bombardements. Selon l’agence Iter-Tass, l’alimentation en gaz a été rétablie à Goudermès, où Moscou envisage de créer la nouvelle capitale pro-russe de Tchétchénie. Face à cette situation critique, le vice-Premier ministre tchétchène Kazbek Makhachev a de nouveau affirmé être prêt à « des discussions constructives » avec les Russes « sur un large éventail de sujets ». Le général Vladimir Chamanov, chef des troupes fédérales sur le front ouest de Tchétchénie, a réaffirmé qu’il démissionnerait si Moscou décidait d’un arrêt de l’offensive.
lundi 22 novembre
L’armée russe a poursuivi sa manœuvre d’encerclement de Grozny, sans renoncer pour autant aux bombardements de son artillerie et de son aviation. Des missiles sol-sol sont notamment tombés sur Avtouri, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Grozny, faisant une dizaine de morts. Les Tchétchènes affirment avoir lancé une contre-attaque, mais sans fournir de précision sur le résultat de cette opération. Les troupes russes s’acharnent aussi contre Ourous-Martan, à une vingtaine de kilomètres, considérée comme l’un des principaux centres de l’islam fondamentaliste, où 600 combattants tchétchènes sont toujours retranchés.
mardi 23 novembre
Les Russes, qui contrôlent 80 % des environs de Grozny, ont accentué le pilonnage, par leur artillerie, de Chali et Ourous-Martan. Ourous-Martan est considéré comme le principal centre du mouvement wahhabite (islam fondamentaliste) dans le Caucase. L’offensive a fait de nombreuses victimes. L’armée russe a coupé toutes les liaisons par téléphone portable. Le ministre des Affaires étrangères russe a envoyé à plus tard une médiation de l'OSCE et une visite de son président Knut Vollebaek. « Il faut prendre le temps de les préparer », a déclaré Sergueï Ivanov.
mercredi 24 novembre
Les bombardements russes sur la Tchétchénie se poursuivent dans les villes autour de Grozny et sur la capitale même. Devant les députés, le Premier ministre Poutine a défendu sa conduite de la guerre. Il a laissé espérer un retour à la mi-2000 à la situation d’avant la crise d’août 1998. Cette guerre sert ses ambitions présidentielles. Quasi inconnu lors de sa nomination, il dépasse aujourd’hui 70 % d’opinions favorables ; à six mois du scrutin présidentiel, il réunit 42 % des intentions de vote, laissant loin derrière lui les autres candidats.
jeudi 25 novembre
L’ONG Human Right Watch a appelé la Russie à ouvrir des « couloirs » sécurisés afin de permettre aux réfugiés de quitter le pays. A Goïty, une ville au sud de Grozny, 10 000 civils sont pris au piège par les forces russes qui bombardent la principale route conduisant vers l’Ingouchie, où la plupart des réfugiés tchétchènes sont concentrés.
La signature du nouveau traité d’union entre la Russie et le Bélarus qui devait avoir lieu au Kremlin, a dû être reportée : Boris Eltsine est de nouveau malade et un communiqué du Kremlin précise que son hospitalisation n’est pas exclue. Le président russe souffre, cette fois, d’une infection virale accompagnée d’une bronchite aiguë.
vendredi 26 novembre
Les chasseurs russes ont effectué 42 sorties dans la matinée et pris pour cible, dans Grozny, les bastions des séparatistes et des entrepôts. Ils ont été appuyés dans leurs opérations par l’artillerie. Celle-ci a ouvert le feu depuis les hauteurs environnant la ville. Une quinzaine de personnes ont été tuées et la population est restée terrée dans les caves. Des centaines de personnes ont néanmoins tenté de fuir la capitale tchétchène. La Russie s’apprête, par ailleurs, à lancer une nouvelle phase de son offensive en Tchétchénie. Elle ambitionne de reconquérir les montagnes du Sud, a annoncé, dans la matinée, le numéro deux de l’état-major russe, le général Valéry Manilov. Cette offensive, si elle se solde par une victoire, aboutirait au contrôle total de la Tchétchénie par l’armée russe. Selon Manilov, cette nouvelle phase devrait s’achever avant la fin de l’année. Les dirigeants tchétchènes croient toujours que la partie n’est pas perdue pour eux et pensent encore pouvoir répliquer aux attaques russes. De violents combats ont ainsi opposé les forces russes et tchétchènes près d’Alkhan-Iourt, à une quinzaine de kilomètres au sud de Grozny. Quant au président Eltsine, il souhaite, dès à présent, que soit préparée une loi d’amnistie pour certains combattants tchétchènes : « ceux qui n’ont pas commis de crimes gravissimes ».
samedi 27 novembre
L’armée russe a encore resserré son étau sur Grozny où des bombardements auraient fait au moins 260 morts au cours des dernières 48 heures. Moscou espère que Grozny se rendre à l’armée russe. La frontière entre la Tchétchénie et la Géorgie sera fermée d’ici un mois et demi pour que « les rebelles n’aient pas de soutien extérieur ».
dimanche 28 novembre
Les Russes poursuivent leurs bombardements sur la Tchétchénie, poursuivant leur encerclement de Grozny. Aux alentours, les villes tombent les unes après les autres. Toutefois, les Russes ont dû reconnaître, à la fois, la perte d’une deuxième ville tchétchène, Novogroznenski, immédiatement reprise selon eux, et celle de douze parachutistes, il y a onze jours.
lundi 29 novembre
La poursuite de l’offensive russe ne facilite pas la tâche du médiateur de l’OSCE : Knut Vollebaek a rencontré à Moscou son homologue russe Igor Ivanov en vue de préparer la visite en Tchétchénie souhaitée par les pays membres de l’OSCE. Mais Moscou continue de récuser toute médiation dans une affaire qu’elle considère comme intérieure. Sous la menace d’une suspension des aides du FMI, indispensables au budget de l’an prochain, Moscou accuse l’organisation internationale de « faire de la politique ». A la frontière ingouche, des centaines de Tchétchènes fuyant les bombardements sont totalement bloqués : l’Ingouchie a fermé sa frontière pour des raisons techniques d’enregistrement, affirme le ministère de l’Intérieur ingouche. Les files s’allongent donc et les candidats au départ vivent dans des conditions de plus en plus précaires, attendant l’hypothétique passage.
Dans la soirée, une diplomate de l’ambassade des Etats-Unis a été interpellée à Moscou par le FSB (ex-KGB) « en flagrant délit d’espionnage ». Cheri Leberknhight (33 ans), tient le poste de deuxième secrétaire au département politique et militaire de la mission américaine. Les Russes n’avaient pas dénoncé pareil gros poisson depuis 1991. Remise en liberté presque aussitôt, elle devrait être expulsée. Pour Washington, cette interpellation est tout simplement une réponse à la mise en accusation, la veille, aux Etats-Unis, d’un sous-officier de l’US Navy. Daniel King est accusé d’avoir communiqué des informations secrètes à la Russie en 1994. Il y a une douzaine de jours, c’est un chercheur de l’Institut russe USA-Canada qui avait été inculpé de haute trahison par le FSB.
mardi 30 novembre
Ancien maire de Grozny et chef du « gouvernement » tchétchène en exil, Bislan Gantamirov a annoncé qu’il avait commencé à former une armée favorable à la Russie en Tchétchénie. L’état-major de cette nouvelle armée est installé à Atchkoï-Martan, localité sous contrôle russe à une trentaine de kilomètres de Grozny. De son côté, le président tchétchène Aslan Maskhadov a appelé les militaires russes à déserter et leur a promis la vie sauve. Depuis plusieurs jours, les forces russes sont confrontées à une contre-attaque d’envergure dans la région de Goudermès ou deux localités leur ont déjà été reprises.
Visite officielle à Moscou du vice-Premier ministre irakien Tarek Aziz.
mercredi 1er décembre
Des combats meurtriers ont eu lieu à Argoun et à Alkhan-Iourt. Selon un responsable militaire tchétchène, ils ont fait « des centaines de morts du côté russe ». Les forces fédérales auraient en outre perdu une soixantaine de blindés. Sans formellement accréditer l’information, des sources russes ont cependant reconnu que de « violents combats » se déroulaient autour de ces deux localités. En outre, le leader tchétchène pro-russe Bislan Gantamirov est encerclé à Guekhi, dans l’Ouest, par des unités spéciales tchétchènes fidèles au président Maskhadov.
Les députés russes ont décidé que le premier tour de l’élection présidentielle aurait lieu le 4 juin 2000. Le second tour se déroulera trois semaines plus tard. Les candidats doivent non seulement déclarer leurs revenus et ceux des membres de leur famille au cours des deux années écoulées, mais il leur faut aussi mentionner leurs numéros de comptes bancaires et le solde de leurs dépôts. Les députés n’ont pas fixé d’âge limite pour les candidatures.
Les autorités australiennes demandent à leurs ressortissants de ne pas s’aventurer en Russie au moment du nouvel an. Mieux : le personnel diplomatique australien en poste en Russie et dont la présence sur place n’est pas indispensable à cette époque sera temporairement rapatrié. Motif : le bug de l’an 2000 risque de faire de la Russie l’un des points les plus noirs de la planète. Les programmes informatiques étant réputés obsolètes, la Russie pourrait être privée d’électricité, d’eau, de transports routiers, ferroviaires et aériens.
jeudi 2 décembre
Les pertes russes en Tchétchénie semblent s’alourdir. Le bilan de la prise d’Argoun, qui vient d’avoir lieu, est élevé : officiellement, entre 35 et 50 morts et plus de 100 blessés du côté russe. Les forces de Moscou semblent avoir été prises au piège par les indépendantistes. Ceux-ci ont affirmé, pour leur part, avoir tué « des centaines » d’adversaires à Argoun et à Alkhan-Iourt. Selon des sources russes, dix puits de pétrole seraient en flammes dans les zones « libérées ». Les Russes accusent les combattants tchétchènes. Sur le plan diplomatique, la Russie a clairement fait savoir qu’elle « seule » pouvait décider des dates de la visite du président de l’OSCE. Pour sa part, le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Albaro Gil-Robles, a dénoncé, au terme d’une visite dans la région, les violations de ces droits en Tchétchénie. Selon lui, plus de 4 500 civils ont été tués depuis le début de l’offensive russe. Et on compte plus de 230 000 réfugiés. De son côté, l’Organisation de la conférence islamique (OCI) a annoncé l’envoi, le 6 décembre, d’une mission d’information à Moscou, pour « convaincre » la Russie que sa guerre est « nuisible » et pour essayer de proposer une solution que ne peut être que « bilatérale », c’est-à-dire « russo-tchétchène ».
vendredi 3 décembre
Les forces russes ont avancé dans les faubourgs de Grozny, encerclant « à 90 % » la capitale tchétchène. L’agence officielle russe Itar-Tass a annoncé la mort de 40 à 50 réfugiés mitraillés par l’armée russe. Les Tchétchènes ont confirmé leur évacuation d’Argoun et d’AlkhanIourt. Sur le plan diplomatique, Moscou s’est opposé à une rencontre entre le président tchétchène Aslan Maskhadov et le président en exercice de l’OSCE. Maskhadov, lui, a proposé un plan de paix à la Russie, tout en la menaçant, en cas de refus, d’en appeler à l’aide militaire étrangère. Les députés russes ont voté en première lecture un projet de loi d’amnistie pour les tchétchènes qui déposeraient les armes avant le 30 décembre.
samedi 4 décembre
Les Russes affirment bloquer entièrement Grozny. Par ailleurs, le ministre de la défense a nié toute responsabilité dans le mitraillage d’une colonne de réfugiés la veille.
Boris Eltsine a limogé le chef de la police de Moscou, Nikolaï Koulikov, selon l’agence Interfax. Il lui est reproché des défaillances dans ses tâches concernant la lutte contre la criminalité et la drogue. Cette décision apparaît comme visant le maire de Moscou, Iouri Loujkov, à deux semaines des élections législatives et des élections dans la capitale.
dimanche 5 décembre
Le président de l’OSCE, Vollebaek, pourra se rendre les 14 et 15 décembre dans le nord du Caucase, lui a fait savoir le ministre russe des Affaires étrangères. Mais Moscou refuse toujours toute médiation. Sur place, les bombardements de Grozny par l’armée russe continuent : les Russes affirment contrôler 97 des 119 villages tchétchènes mais ils ne sont pas entrés dans les montagnes du Sud.
lundi 6 décembre
L’aviation russe a largué des tracts incitant la population de Grozny à quitter la capitale tchétchène avant le 11 décembre. Un corridor est ouvert à Piervomaïskaïa, au nord-ouest de la ville, et le commandant russe promet la vie sauve, nourriture et hébergement à ceux qui se seront rendus avant cette date. « Vous êtes cernés. Vous avez perdu », énonce un autre tract. Il y aurait encore entre 40 000 et 50 000 personnes à Grozny. Washington a fait part à Moscou de sa « profonde préoccupation ».
Après huit jours d’hospitalisation, Boris Eltsine est rentré au Kremlin. Il a reçu le président ukrainien Koutchma.
mardi 7 décembre
A la veille du voyage de Boris Eltsine à Pékin, la Chine est le seul pays à avoir apporté un soutien franc et sans réserve à la nouvelle escalade dans la guerre totale que les Russes mènent en Tchétchénie. Par contre, plusieurs chefs d’Etat européens sont intervenus pour juger « inacceptable » l’ultimatum des Russes et leurs menaces sur la population civile de Grozny. Le président américain Bill Clinton affirme que « les Russes paieront cher la poursuite d’une politique qui les isole sur la scène internationale » ; Washington a débloqué une aide humanitaire pour le nord du Caucase. Le FMI, qui a repoussé un prêt de 640 millions de dollars à Moscou (sans lier cette décision à la guerre en Tchétchénie), n’évoque que des critères économiques. Ces pressions occidentales ont donné l’occasion à Vladimir Poutine de hausser le ton. Sur le terrain, l’armée russe a poursuivi ses bombardements. Le corridor ouvert à la population civile est restée vide. Terrés dans leurs abris, les habitants de Grozny semblent ignorer l’ultimatum lancé la veille. Une colonne de réfugiés a été mitraillée par l’aviation alors qu’elle tentait de fuir Progorodnoïe, un faubourg de la capitale.
mercredi 8 décembre
Le ministre britannique des Affaires étrangères, Robin Cook, a fait état d’assurances données par le ministre russe de l’Intérieur : le 11 décembre, date de l’ultimatum russe, les couloirs humanitaires ne seront pas fermés… Vladimir Poutine a d’ailleurs nié qu’il s’agisse d’un ultimatum : « C’est une déclaration des militaires inquiets pour le destin des civils ». Quelques 40 000 habitants se trouvent toujours à Grozny. Aussi, le gouvernement indépendantiste tchétchène s’est-il déclaré prêt à examiner « toutes les propositions d’Etats étrangers » pour aider à l’évacuation de ces civils. Il a également appelé les organisations internationales et les pays tiers à envoyer leurs représentants à Grozny. Sur le terrain, l’offensive militaire s’est poursuivie sans fléchir. L’armée fédérale, soutenue par des Tchétchènes pro-russes, a pris Ourous-Martan, l’ancien fief des wahhabites, malgré une forte résistance (80 morts parmi les combattants tchétchènes). Les bombardements (90 sorties aériennes en deux jours) se sont poursuivis sur Grozny, Vedeno et les gorges de l’Argoun. Ils ont fait au moins cinq morts à Chali, à 20 kilomètres au sud-est de la capitale, où des forces tchétchènes se regrouperaient.
Boris Eltsine et Alexandre Loukachenko ont signé un nouvel accord d’union entre leurs deux pays. La Confédération aura en commun les frontières et la citoyenneté. Elle sera chapeauté par un Conseil suprême (composée des chefs d’Etat, de gouvernements et des Parlements), un Parlement, un Conseil des ministres et un tribunal, mais les Etats garderont leur souveraineté nationale et leur monnaie (au moins jusqu’en 2005).
nuit du mercredi 8 au jeudi 9 décembre
Un diplomate russe a été arrêté aux Etats-Unis alors qu’il tentait d’installer du matériel d’écoutes dans les locaux du département d’Etat. En poste à l’ambassade russe à Washington, Stanislav Goussev était surveillé par le FBI et « d’autres services ». Washington a cru devoir préciser qu’il ne s’agissait pas là d’une mesure de représailles à l’arrestation d’un diplomate américain à Moscou, il y a huit jours.
jeudi 9 décembre
Les Russes continuent à durcir le ton vis-à-vis de l’Occident. Boris Eltsine a profité de sa visite à Pékin pour retrouver des accents de la guerre froide. Répondant aux conseils de modération de Bill Clinton, le président russe a déclaré : « Le président américain a oublié que la Russie dispose d’un arsenal complet d’armes nucléaires ». Des menaces aussitôt relativisées par Bill Clinton. Sur le terrain tchétchène, de nouveaux renforts de blindés sont arrivés à proximité de Grozny, ce qui indique que les bombardements de la capitale vont continuer de s’intensifier. Le corridor ouvert pour permettre aux civils de fuir la ville n’a vu passer que quelques dizaines de personnes. A Istanbul, le porte-parole du président Maskhadov a déclaré que les combattants tchétchènes sont décidés à se battre à Grozny. De son côté, le vice-ministre de l’Intérieur russe n’a pas exclu l’envoi de forces spéciales sur la capitale tchétchène. Les forces fédérales s’apprêteraient à entrer dans Chali. Des voix commencent toutefois à s’élever en Russie même contre les opérations militaires
A Pékin, Boris Eltsine et le président chinois Jiang Zemin ont signé un accord définitif sur le tracé de la frontière sino-russe.
Le Parlement de Lettonie s’est prononcé sur la loi décrétant le letton seule langue officielle.
vendredi 10 décembre
En Tchétchénie, l’armée russe n’a pas ralenti ses opérations. Elle encercle la ville de Chali, dernière localité tchétchène importante, avec Grozny, à n’être pas encore passée sous son contrôle. L’ultimatum du 11 décembre, unanimement dénoncé par les Occidentaux, a été repoussé par les Russes tandis que l’état-major fédéral a annoncé la suspension, jusqu’au 12 décembre, minuit, des bombardements aériens sur Grozny. Diverses sources indiquent par ailleurs que le président Maskhadov, traqué par les troupes russes ces derniers temps, a quitté la capitale pour un lieu gardé secret, dans les montagnes du sud de la république. Il en serait de même pour le chef de guerre Chamil Bassaïev. C’est sur cette zone que se concentrent désormais les bombardements russes. Plus de huit cents habitants de la capitale auraient emprunté le corridor ouvert au nord-ouest de Grozny.
Ouverture du sommet des Quinze à Helsinki. Les pays de l’Union européenne se sont mis d’accord sur une condamnation vigoureuse des bombardements massifs sur les villes tchétchènes et de l’ultimatum visant au départ précipité des habitants de la capitale. Aucune mesure concrète de rétorsion n’a été décidée.
Dernier jour de la visite de Boris Eltsine à Pékin. Le président russe a affirmé à son homologue chinois que le gouvernement russe soutient la cause de la réunification chinoise et n’accepte pas « l’absurdité » du concept de relations « d’Etat à Etat » entre Pékin et Taïpei mis en avant par le président taïwanais.
samedi 11 décembre
Les pressions européennes sur la Russie ont apparemment porté leurs fruits. Moscou a annoncé une trêve de six heures par jour pour permettre à la population civile de Grozny de quitter la capitale assiégée via deux corridors. Même si on fait état de tirs d’artillerie sur l’est de Grozny, la capitale tchétchène n’est pas bombardée. Le ministre russe des Situations d’urgence, Sergueï Choïgou, se trouvait à la sortie du second corridor qui vient d’être ouvert au sud de Grozny, en direction de l’ouest. Si le corridor du nord reste emprunté par les habitants fuyant la capitale tchétchène, le nouveau est totalement désert. Nikolaï Kochman, le représentant du gouvernement russe en Tchétchénie, affirme que la question de Grozny devait « être réglée dans la semaine ».
dimanche 12 décembre
Les Russes ont pris le contrôle de Khankala, l’aéroport militaire de Grozny, à l’est de la capitale tchétchène. La ville assiégée, qui ne recevait déjà plus ni produits alimentaires ni médicaments, est désormais aussi privée de tout approvisionnement en armes et en munitions. Dans la journée, Grozny a été relativement épargnée par les bombardements. Des avions et des hélicoptères ont lâché des tracts exhortant la population à sortir de la ville par deux corridors sécurisés. L’organisation humanitaire Human Right Watch, qui a pu interroger des réfugiés à leur arrivée en Ingouchie, a accusé les forces russes de bombarder les civils fuyant la capitale.
Plusieurs cardinaux, dont le numéro deux du Vatican, le secrétaire d’Etat Angelo Sodano, et les archevêques de Detroit (Etats-Unis) et de Cracovie (Pologne), une trentaine d’évêques et une centaine de prêtres originaires de 13 pays ont participé, à Moscou, à la réouverture de l’église catholique de l’Immaculée Conception, fermée au culte pendant l’époque soviétique.
Finale du championnat du monde de handball féminin : à Lillehammer, la Norvège a battu la France 25 à 24, après deux prolongations. La Russie se classe 12e.
lundi 13 décembre
Les combats ont été violents aux abords de Grozny dont les Russes ont réussi à prendre le contrôle d’un faubourg, à l’ouest, près du corridor ouvert pour permettre l’évacuation des civils. Selon les Tchétchènes, ces combats ont fait « plusieurs dizaines de morts » du côté russe. Au sud, dans le district de Chatoï, les forces tchétchènes ont abattu un avion d’assaut dont le pilote a été fait prisonnier. Les Russes ont confirmé la perte de l’appareil. Ils ont démenti, en revanche, que deux hélicoptères participant aux opérations de recherche du pilote aient été également abattus.
La Douma a ratifié le traité d’union russo-biélorusse signé le 8 décembre dernier.
mardi 14 décembre
Pour la première fois, des combats ont mis aux prises Russes et Tchétchènes à l’intérieur même de Grozny. Aucun affrontement de grande ampleur n’a été signalé, mais plusieurs accrochages ont eu lieu en divers points de la ville ou certaines unités russes sont établies. Le ministre russe des Situations d’urgence affirme que 2 200 personnes ont quitté Grozny par les corridors mis en place le 6 décembre. Dans la matinée, les forces russes sont aussi entrées dans Chali.
mercredi 15 décembre
Russes et Tchétchènes se disent prêts à engager des négociations, au moins pour permettre l’évacuation des civils de Grozny, mais les propos des uns comme des autres restent ambigus. Dans la matinée, le président Maskhadov s’est dit prêt, pour mettre fin à la guerre, à « un important compromis qui prendrait en considération les intérêts » de la Russie. Quelques heures plus tard, son porte-parole insistait sur le fait que l’indépendance de la Tchétchénie « ne pouvait faire l’objet d’aucun marchandage ». Le ministre russe Sergueï Choïgou a bien fait savoir qu’il était prêt à rencontrer Maskhadov, mais uniquement pour évoquer le sort des 40 000 civils prisonniers de la capitale tchétchène assiégée. La visite dans le Caucase du président de l’OSCE, Knut Vollebaek, a dû être reportée en raison des mauvaises conditions météorologiques. Les combats à la périphérie de Grozny, et notamment dans la zone de l’aéroport militaire, se poursuivent. Selon le général Valéry Manilov, numéro deux de l’état-major russe, « il n’y aura aucune frappe, aucun assaut, aucune opération massive sur Grozny tant qu’un seul habitant restera là-bas ». Le même général a révélé que les forces fédérales ont perdu 400 hommes depuis août.
jeudi 16 décembre
Les violents combats qui opposent les soldats russes et leurs colonnes de blindés aux combattants tchétchènes retranchés dans Grozny auraient causé la mort de plusieurs dizaines de soldats russes, place Minoutka, affirme le commandement tchétchène. Un bilan qualifié de « mensonge » par le chef-adjoint de l’état-major russe, le général Manilov qui fait état de la mort de « 30 rebelles ». Ce qui est sûr, c’est que de très violents combats se déroulent au milieu des ruines de Grozny, où plusieurs dizaines de femmes et d’enfants se terrent toujours dans les caves. Le comité de défense tchétchène, la plus haute instance militaire du pays, affirme que l’acharnement des combats interdits de compter les morts. Les Russes ont annoncé la prise du camp Kavkhaz, du « commandant Khattab, à 30 kilomètres de Grozny. De plus, le corridor de sortie de Grozny, qui devait être protégé par une trêve des combats plusieurs heures par jour, continue d’être la cible d’attaques russes pendant le passage des civils. « C’est une situation terrible », a déclaré le président de l’OSCE à l’issue de sa visite dans le Nord-Caucase. Les Russes refusent toujours toute ingérence sur « leur » territoire. Ils ont aussi empêché toute médiation et toute rencontre de M. Vollebaek avec le président tchétchène Maskhadov.
du jeudi 16 au vendredi 17 décembre
Réunion à Berlin des ministres des Affaires étrangères du G8 : la Tchétchénie est au centre des discussions. La demande de cessez-le-feu des Occidentaux a essuyé une nouvelle fin de non-recevoir.
vendredi 17 décembre
Tandis que les bombardements de Grozny se poursuivent, appuyés par des hélicoptères de combat, on n’exclut pas à Moscou, que les violents accrochages, au cours desquels au moins plusieurs dizaines de soldats russes ont trouvé la mort ces deux derniers jours à Grozny, se soit produits lors d’une incursion décidée par les militaires les plus durs en vue de faire capoter tout contact et toute négociation de paix avec Maskhadov. Le commandement tchétchène a affirmé avoir repris le camp Kavkhaz. En revanche, Vladimir Poutine a annoncé que les parachutistes russes ont pris le contrôle de la route qui relie la Tchétchénie à la Géorgie. « Cela peut changer le cours de la guerre », a déclaré le Premier ministre russe qui accuse la Géorgie de laisser passer le ravitaillement en armes des « rebelles » tchétchènes.
L’ancien Premier ministre, qui emmène le parti OVR aux législatives, a annoncé qu’il se porterait candidat à l’élection présidentielle de juin.
samedi 18 décembre
Des hélicoptères du HCR ont évacué les 1 200 Tchétchènes d’un village dans les montagnes du sud de la Tchétchénie.
nuit du samedi 18 au dimanche 19 décembre
Au moins 12 personnes sont mortes et 15 autres ont été blessées à Moscou dans l’incendie d’une résidence universitaire de 13 étages. Au cours des dix derniers mois, près de 11 000 personnes ont péri dans des incendies en Russie, soit cinq à dix fois plus que dans les autres pays développés.
dimanche 19 décembre
Elections législatives en Russie : 55 % de participation. Parti communiste de Russie 24,22 % des voix (111 élus) ; L’Unité (parti de la présidence dirigé par Sergueï Choïgou et soutenu par Vladimir Poutine) 23,37 % (89 sièges) ; La Patrie - Toute la Russie (formation de centre gauche codirigée par Primakov et Loujkov) 12,64 % (87 s.) ; Union des forces de droite (alliance de formation libérales emmenés par Tchoubaïs, Kirienko, Khakamada) (29 s.) ; Iaboloko (parti démocratique de Iavlinski) 6,13 % (22 s.) ; Bloc de Jirinovski (extrême droite) 6,08 % (17 s.). Les indépendants sont au nombre de 95. Les autres formations politiques (18,84 %) n’ont pas obtenu les 5 % des voix nécessaires pour siéger à la Douma. Par ailleurs, Iouri Loujkov a été réélu maire de Moscou avec plus de 70 % des voix.
Les troupes russes ont continué de bombarder Grozny et les zones montagneuses du sud de la Tchétchénie, d’où les réfugiés tentent de gagner la Géorgie malgré le bouclage de la frontière. Parlant de « catastrophe humanitaire », le président géorgien, Edouard Chevardnadze, a lancé un cri d’alarme à l’ONU.
nuit du mardi 21 au mercredi 22 décembre
30 combattants tchétchènes, pris au piège russe, auraient trouvé la mort en tentant de quitter Grozny.
samedi 25 décembre
Cette fois, les Russes ont donné l’assaut à Grozny. L’assaut final assurent-ils. Soutenus par des tirs d’artillerie massifs et des blindés, des éclaireurs russes ont pénétré dans Grozny venant des quatre points cardinaux. Selon Moumadi Saïdaïev, le numéro deux de l’état-major tchétchène, « de violents combats » se sont déroulés non loin du centre. Des affrontements acharnés ont également eut lieu dans les faubourgs situés au sud-ouest de la capitale tchétchène. Plus de 300 soldats russes auraient été tués au cours de la journée assure le commandement tchétchène. Ce que démentent les Russes. Dès que la nuit est tombée, les Russes ont arrêté leur offensive. Les Russes avancent avec prudence : partout où les assaillants ont rencontré une résistance, ils ont reculé pour tirer à l’artillerie sur les positions adverses.
du samedi 25 au dimanche 26 décembre
Sept personnes sont mortes de froid à Moscou, 118 ont été hospitalisées pour hypothermie, quatre autres pour des engelures. Depuis le début de l’hiver, 109 Moscovites sont décédés à la suite d’hypothermie.
dimanche 26 décembre
Des milliers de soldats russes fortement armés ont poursuivi, avec prudence, leur entrée dans Grozny, se repliant dès qu’ils se retrouvent pris sous le feu des quelque 2 000 rebelles présents dans la capitale tchétchène. Des éléments russes avancés se seraient approchés de la place Minoutka, non loin du centre-ville. Des combats particulièrement violents se sont déroulés à Tchernoretchié, quartier sud où une forêt laisse aux Tchétchènes une chance de fuir la ville. Cet assaut s’est accompagné d’intenses bombardements aériens sur le centre de la ville. Le commandement russe a procédé à la distribution de masques à gaz parmi les troupes, craignant que les Tchétchènes ne fassent exploser des bombes sur des sites bourrés de chlore.
lundi 27 décembre
L’agence de presse russe Interfax, citant le quartier général des forces russes dans le Caucase, affirme que l’aviation russe a commencé à larguer des bombes incendiaires sur le sud de la Tchétchénie. Ces bombes, du même type que celles qu’ont utilisé les Etats-Unis pendant la guerre du Viêtnam, sont larguées sur des « régions peu peuplées », contre « les places fortes rebelles et sur les grottes où ils se cachent ». Un protocole international sur l’utilisation d’engins incendiaires, signé en 1980 dans le cadre des conventions de Genève, interdit pourtant l’usage de ces bombes à proximité de zones habitées par des civils ou sur des forêts.
Les Allemands les avaient cachés pendant la Seconde Guerre mondiale. Près de 1 500 objets d’art viennent d’être retrouvés dans la forteresse de Kaliningrad (ouest de la Russie). Ancienne Königsberg, cette ville de l’ancienne Prusse orientale avait été prise par les Soviétiques en 1945. Les pièces faisaient partie de la collection du musée de Prusse, installé dans ce fort. Leur valeur a été estimée à environ 22 millions de francs.
mardi 28 décembre
Les communiqués diffusés à Grozny laissent à penser que les troupes russes piétinent davantage qu’elles ne progressent dans la capitale tchétchène. La résistance qu’elles rencontrent est véritablement acharnée, ce que l’état-major russe reconnaît à mots couverts. Le général russe Valeri Manilov affirme que la prise de la ville est « une question de jours, peut-être deux ou trois, peut-être sept ou dix » et ajoute que les forces fédérales auront « encore besoin de deux à trois mois pour achever les bandes dispersées ». Pour sa part, la présidence tchétchène dément toute avancée russe dans Grozny, bien que les frappes d’artillerie et les bombardements aériens n’aient pas cessé de la journée. Quelques réfugiés ont réussi à atteindre la frontière ingouche, expliquant que, la veille, les victimes civiles ont été très nombreuses. Le ministre russe des Situations d’urgence affirme avoir rencontré « des représentants tchétchènes », le 24 décembre, avec lesquels il a « défini trois lieux à Grozny où il serait possible de rassembler les gens » pour les évacuer.
mercredi 29 décembre
Les Tchétchènes ont légèrement reculé, au nord et à l’ouest de Grozny, face aux Russes, mais ces derniers critiquent ouvertement le manque de coordination de l’opération et l’incapacité de leur artillerie à soutenir efficacement les fantassins. Car le commandement russe n’a toujours pas engagé de blindés dans l’assaut et les forces fédérales sont bloquées dans l’est de Grozny où les combattants tchétchènes ont établi des positions fortifiées. L’intensification des combats s’est accompagnée d’un nouvel afflux de réfugiés dans les républiques voisines. Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés estime cependant qu’il y a toujours 10 000 à 50 000 civils dans la ville et que la plupart sont dans l’incapacité de fuir.
Le tribunal militaire de Saint-Pétersbourg, qui le jugeait pour haute trahison, a acquitté Alexandre Nikitine, contre lequel procureur général avait requis 12 ans d’emprisonnement. Ecologiste et ancien officier, il était accusé par le Service fédéral de sécurité (ex-KGB) d’avoir divulgué des informations sur la flotte nucléaire russe dans un rapport rédigé pour une organisation écologique norvégienne.
Un pétrolier russe, le Volganev 248, s’est échoué dans la mer de Marmara, au large d’Istanbul, avant de se briser en deux.
vendredi 31 décembre
A la télévision, Boris Eltsine a annoncé sa démission et nommé le Premier ministre Vladimir Poutine pour assurer l’intérim.
Les Russes poursuivent le siège de Grozny, qui résiste encore.
Aucun journal moscovite de paraîtra avant la mi-janvier 2000. Non en raison d’une quelconque censure, mais pour cause de trêve des confiseurs.
Quatre policiers russes ont été tués en Ingouchie dans la ville-frontière d’Aki-Yourt par des coups de feu tirés depuis la Tchétchénie. Plusieurs autres policiers ont été blessés.
mardi 12 janvier
Fruit de 12 ans de recherche, le premier avion furtif russe, capable d’échapper aux radars, a été présenté au ministre de la Défense Igor Serguéïev par la firme MiG. Il n’a pas encore de nom et, pour le moment, deux exemplaires seulement de cet appareil élaboré à l’époque soviétique ont volé.
Les Etats-Unis ont annoncé des sanctions économiques contre trois instituts russes accusés d’aider l’Iran à produire des missiles ou de lui fournir une aide en matière nucléaire. Moscou se plaint de voir les questions relatives au contrôle des exportations de technologie prendre « une ampleur maladive dans les relations entre la Russie et certains Etats ».
dimanche 17 janvier
Le président Eltsine a été de nouveau hospitalisé, cette fois pour un ulcère à l’estomac « aigu et sanglant ».
mardi 19 janvier
Une délégation du Fonds monétaire international est arrivée à Moscou pour reprendre les négociations sur l’aide financière. Mais il y a très peu de chances que le FMI débloque des fonds. La Russie est jugée trop imprévisible et bien peu docile.
mercredi 20 janvier
Boris Eltsine ne sera pas opéré, en tout cas dans l’immédiat, de l’ulcère à l’estomac qui a nécessité son hospitalisation. Les médecins du président russe estiment que l’intervention, sous anesthésie générale, serait « dangereuse » pour ce malade cardiaque.
jeudi 21 janvier
L’hospitalisation de Boris Eltsine ranime le débat sur sa succession. La proximité des élections législatives, en décembre prochain, suscite déjà des grandes manœuvres au sein du Parti communiste. Guennadi Ziouganov, leader du PC et candidat probable à la présidence, n’a jamais caché son attirance pour le mouvement de Iouri Loujkov, le maire de Moscou, également présidentiable. Mais tous les membres du PC ne sont pas prêts à suivre leur chef dans cette démarche. Alors Ziouganov a quasi ouvertement proposé une division de son parti : « Les communistes purs et durs, à qui notre rapprochement avec Loujkov ne plaît pas, n’ont qu’à faire scission et mener campagne sous leur propre bannière ».
vendredi 22 janvier
Le Premier ministre russe a signé un décret autorisant les exploitants de la station spatiale Mir à prolonger la vie de la station jusqu’à l’an 2002 en finançant son exploitation sur des fonds privés. Son abandon devait avoir lieu pour l’été 1999 (elle sera finalement détruite volontairement en mars 2001).
mardi 26 janvier
Si l’on en croit un sondage, neuf Russes sur dix n’ont plus confiance en Boris Eltsine. Les Russes estiment que la Russie est « un pays de troisième ordre, resté à l’écart des pays développés ».
L’Ecri, la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance, qui examine la situation dans les 40 pays membres du Conseil de l’Europe, a publié des rapports particulièrement critiques concernant les pratiques racistes et antisémites dans cinq pays : le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, le Royaume-Uni et, surtout, la Russie. Dans ce dernier pays, l’Ecri relève l’arbitraire dans tous les domaines et s’inquiète tout particulièrement de la diffusion presque banale des « opinions nationalistes les plus extrêmes, faisant écho aux théories fascistes ».
mercredi 27 janvier
Plus de 200 000 enseignants russes se sont mis en grève pour trois jours pour obtenir le paiement de leurs salaires en retard (entre trois et quatre mois en moyenne). Le gouvernement admet qu’il ne pourra pas éponger ses retards (de près de 4 milliards de francs), malgré ses promesses, avant l’été.
La télévision russe a montré Boris Eltsine, pendant quelques secondes, en compagnie d’Evgueni Primakov, qui lui a rendu visite pour une « rencontre de travail ». Ce sont les premières images du président russe diffusées depuis sa dernière hospitalisation. Le Kremlin affirme qu’il quittera l’hôpital « à la fin de la semaine ».
samedi 30 janvier
Boris Eltsine a quitté l’hôpital central du Kremlin. Il a été transféré vers l’établissement de Barvikha, une maison de santé à l’ouest de Moscou.
La ville russe d’Arkhangelsk accueille les championnats du monde de bandy.
dimanche 31 janvier
Trois colonnes de 200 « combattants » de l’Unité nationale russe (mouvement nationaliste fascisant dirigé par Alexandre Barkachov), portant des brassards ornés de croix gammées, ont défilé en toute liberté à Moscou.
Clôture des championnats d’Europe de patinage artistique à Prague. La compétition a été largement dominée par la Russie, qui repart avec 9 des 12 médailles mises en jeu, dont les 4 titres (Maria Butyrskaya chez les dames, Alexei Yagudin chez les hommes, Maria Petrova et Alexei Tikhonov en couples, Anjelika Krylova et Oleg Ovsiannikov en danse). La France est deuxième, la Pologne troisième.
mardi 2 février
La Cour constitutionnelle russe a décidé de suspendre toutes les condamnations à mort jusqu’à la création de cours d’assise avec un jury dans toutes les régions du pays.
mercredi 3 février
La loi coranique, la charia, est désormais applicable en Tchétchénie. Instaurée par le président Maskhadov, elle touche tous les domaines : l’enseignement comme l’armée, l’idéologie comme l’économie. Les femmes ont deux mois pour cacher leurs bras et leurs jambes et porter un foulard. Il n’y aura plus d’écoles mixtes. Des salles de prière seront aménagées dans toutes les écoles et dans toutes les entreprises. La télévision réduira ses programmes de divertissement au profit du religieux.
Carla del Ponte, procureur général de Suisse, a informé son homologue russe Iouri Skouratov qu’un compte bancaire de la société suisse Mabetex a été utilisé pour de nombreux virements depuis Moscou.
jeudi 4 février
A la suite d’une indiscrétion parue la presse russe, accusant l’influent homme d’affaires Boris Berezovski d’avoir fait écouter la famille et les proches de Boris Eltsine, une enquête avait été ouverte par le parquet général. Boris Berezovski est aujourd’hui secrétaire exécutif de la CEI. Une perquisition a eu lieu dans les locaux de la Sibneft (compagnie pétrolière russe dont Berezovski fut le président) et les enquêteurs ont déclaré : « Nous avons trouvé ce que nous cherchions. Les résultats sont bons… »
L’affaire de l’ancien officier Alexandre Nikitine, accusé d’avoir divulgué des informations sur les sous-marins nucléaires russes, continue d’embarrasser Moscou : sur appel du tribunal de Saint-Pétersbourg, la Cour suprême russe a confirmé la demande d’un supplément d’information. Elle juge le dossier d’accusation « peu convaincant », car il ne permet pas, dit-elle, de savoir si les informations divulguées relevaient ou non du secret.
vendredi 5 février
Le Premier ministre russe Evgueni Primakov a remporté une première victoire politique : il a enfin fait voter son projet de budget 1999. C’est le premier pas avant une négociation avec les autorités monétaires internationales. Le second est la chasse aux fuites de capitaux : 1 000 milliards de francs ont quitté illégalement le territoire de la Russie ces dix dernières années. Il s’agit de recettes d’explorateurs russes versés sur des comptes à l’étranger. Enfin, Boris Eltsine, malade, aurait accepté de rogner certains de ses pouvoirs. Il accepterait un pacte lui interdisant de limoger son Premier ministre sans l’accord du Parlement. Mais, dans la soirée, l’Union européenne a suspendu les procédures en vue de l’aide alimentaire qui devait commencer fin février : les Russes mettent en cause la qualité de la viande provenant des stocks d’intervention européens.
dimanche 7 février
Les Russes et les Chinois ont dénoncé à Munich les velléités d’élargissement de l’OTAN. Pour Moscou, comme pour Pékin, l’élargissement des blocs militaires ne contribue pas au développement de la paix. Pour la Russie, « l’adhésion d’anciennes républiques soviétiques à l’OTAN serait inadmissible ».
L’ancien chef de guerre tchétchène Chamil Bassaïev a dissous son parti politique dans la soirée et appelé les autres partis du pays à faire de même. Avec l’imposition de la charia, Bassaïev estime que l’objectif que s’était fixé son parti est atteint et que dans un état islamique il ne doit pas y avoir d’organisations qui divisent les musulmans.
Clôture à Arkhangelsk des championnats du monde de bandy : en finale, la Russie a battu la Finlande 5 à 0. La Suède est troisième.
lundi 8 février
Malgré l’opposition de ses médecins, le président Eltsine a assisté à Amman aux obsèques du roi Hussein de Jordanie, décédé la veille. Il n’a cependant pas pris part aux autres cérémonies, regagnant rapidement Moscou.
mercredi 10 février
Au moins 67 personnes sont mortes dans l’incendie qui a ravagé le siège de la police à Samara. 121 autres ont été blessées. Le ministre de l’Intérieur n’écarte pas la thèse de l’acte criminel. Les victimes sont essentiellement des enquêteurs et des officiers de police qui travaillaient sur les délits économiques.
jeudi 11 février
Le chef de la commission des grâces auprès du président russe, Anatoli Pristavkine, a annoncé que tous les condamnés à mort (au nombre de 500) allaient être graciés « d’ici le mois de juin ». Leur détention sera commuée « en détention à vie ou à 25 ans d’emprisonnement ».
vendredi 12 février
La commission parlementaire chargée d’instruire la destitution de Boris Eltsine a achevé ses travaux et retenu cinq chefs d’accusation (dont celui de « génocide du peuple russe »), ouvrant la voie à un vote de la Douma, sans doute début mars.
samedi 13 février
70 000 personnes ont assisté à Samara aux obsèques de 20 des victimes de l’incendie du 10 février.
dimanche 14 février
L’hebdomadaire britannique The Sunday Telegraph, citant des sources diplomatiques à Moscou, a révélé que la Russie et l’Irak, pourtant sous embargo international, ont signé des contrats pour près d’un milliard de francs, destinés à renforcer la défense aérienne irakienne. Cette brèche dans l’embargo sur les armes constitue une sérieuse menace pour les chasseurs américains et britanniques qui patrouillent dans les zones d’exclusion aérienne, où ils affrontent quotidiennement la DCA irakienne.
lundi 15 février
Après 24 heures d’un étrange silence, la Russie a catégoriquement démenti l’information parue la veille dans The Sunday Telegraph.
mi-février
Le procureur général de Russie, Iouri Skouratov, envoie un rapport à la Douma. Ce document comprend une série d’accusations, dont le transfert illégal par la Banque centrale de Russie de 5 milliards de dollars, incluant certains crédits du FMI, sur le compte de la Fimako, à Jersey.
jeudi 18 février
Le sommet Russie-Union européenne auquel ont participé, à Moscou, Boris Eltsine, le chancelier allemand Gerhardt Schröder et Jacques Santer, président de la Commission de Bruxelles, semble avoir dégelé la coopération économique et financière. Dans un communiqué commun, la Russie promet de « tenir ses engagements budgétaires, créer une base fiscale sûre, respecter ses engagements financiers extérieurs ». L’Union européenne se dit prête à « réorienter ses aides au profit d’une restructuration des entreprises et d’un renforcement du système bancaire ». Les deux parties ont aussi examiné les moyens d’assurer que les recettes de l’aide alimentaire européenne couvrent les besoins sociaux les plus urgents.
Sergueï Drokhine n’est plus secrétaire général de la Mission de paix russe en Tchétchénie.
Alors que les négociations entre Serbes et Albanais sur le Kosovo sont toujours au point mort depuis bientôt deux semaines au château de Rambouillet, les menaces de l’OTAN se font de plus pressantes à l’égard de la Serbie. Le secrétaire américain à la Défense, William Cohen, a ordonné le déploiement de plusieurs dizaines d’avions militaires supplémentaires en Europe dans les 48 heures, s’attirant une vive mise en garde du président russe : « Pas touche à la Serbie ».
vendredi 19 février
L’aide alimentaire de l’Union européenne à la Russie a été débloquée au cours du sommet Eltsine-Schröder à Moscou. Les livraisons pourront commencer fin mars.
181 mines russes seront fermées d’ici à 2001. Il s’agit de mines jugées non rentables. L’an dernier, Moscou a déjà fermé 40 mines, mettant 420 000 mineurs au chômage.
samedi 20 février
Sortie du film Le Barbier de Sibérie (Sibirskiy tsiryulnik), drame de Nikita Mikhalkov, avec Julia Ormond, Richard Harris, Oleg Menchikov, Alexeï Petrenko et Marina Neïeolova.
samedi 27 février
Boris Eltsine a été de nouveau hospitalisé pour soigner son ulcère à l’estomac. Les médecins du Kremlin ont précisé que « la vie du président n’était pas en danger ».
dimanche 28 février
Clôture des championnats du monde de ski nordique à Ramsau : la Norvège termine meilleure nation avec neuf médailles, dont quatre en or. Suivent la Finlande (six médailles, dont quatre en or) et la Russie (sept médailles, dont deux en or : Lariza Lazutina au 30 km classique F, Olga Danilova, L. Lazutina, Anfisa Reztsova et Nina Gawriljuk au relais 4 x 5 km F).
jeudi 4 mars
L’un des hommes les plus puissants de Russie a essuyé l’un de ses plus gros échecs. Boris Berezovski, en guerre ouverte contre le Premier ministre Primakov, a été limogé par Boris Eltsine de son poste de secrétaire exécutif de la CEI, pour avoir « outrepassé les limites de son autorité ».
Match aller des quarts de finale de la Coupe d’Europe de football des vainqueurs de Coupe : à domicile, les Russes du Lokomotiv Moscou ont battu les Israéliens du Maccabi Haïfa trois buts (Janashia les trois) à zéro, devant 22 000 spectateurs.
vendredi 5 mars
Le général Guennadi Chpigoun, représentant du ministère de l’Intérieur russe en Tchétchénie, a été enlevé dans l’après-midi sur l’aéroport de la capitale tchétchène, Grozny. Plusieurs hommes armés et masqués se sont introduits dans son avion qui allait s’envoler pour Moscou. Le ministre russe de l’Intérieur, Serguei Stepachine, a promis de prendre les « mesures adéquates », menaçant de « punir » la région.
mardi 9 mars
Le ministre de l’Intérieur russe, Stepachine, a changé de ton vis-à-vis de la Tchétchénie ; il a réaffirmé le soutient total du gouvernement au président Maskhadov. Celui-ci a demandé à rencontrer le président Eltsine : « Nous devons commencer à négocier », a-t-il demandé.
vendredi 12 mars
Trois anciens partenaires du défunt Pacte de Varsovie - la Pologne, la Hongrie et la République tchèque - sont devenus membres à part entière de l’OTAN. Une cérémonie relativement discrète a eu lieu à Independance (Missouri, aux Etats-Unis). C’est la première fois que d’anciens Etats du Bloc de l’Est adhèrent à cette organisation, autrefois leur ennemie.
jeudi 18 mars
Quelque 10 000 personnes se sont rassemblées à Nazran, capitale de l’Ingouchie, pour réclamer le maintien dans leur république de la région de Progorodny, contestée et revendiquée par l’Ossétie du Nord.
Dans la soirée, un bâtiment en bois d’un hôpital de la région de Vologda (nord-est de Moscou) a été détruit par un incendie : 23 patients sont morts.
Les footballeurs russes du Lokomotiv Moscou se sont qualifiés pour les demi-finales de la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe en allant s’imposer au match retour un but (Chugainov sur penalty) à zéro sur le terrain des Israéliens du Maccabi Haïfa, devant 18 500 spectateurs.
vendredi 19 mars
A 11 h 40, un attentat à la bombe a fait 53 morts et 104 blessés sur le marché central de Vladikavkaz, la capitale de l’Ossétie du Nord, dans le Caucase.
dimanche 21 mars
Le président tchétchène Aslan Maskhadov a échappé à un attentat à la bombe qui a fait quelques blessés. L’engin a explosé juste avant le passage du cortège présidentiel dans le centre de Grozny. Le président a accusé « des forces » qui, en Russie, « visent à déstabiliser le Caucase du nord pour déclencher l’état d’urgence et annuler les élections ».
mardi 23 mars
Selon le Comité d’Etat pour les statistiques de Moscou, le nombre officiel de chômeurs en Russie s’établit à 8,98 millions, en augmentation de 6,5 % par rapport à l’an passé. Pendant la même période, les revenus des Russes ont baissé de 27,3 %.
nuit du mardi 23 au mercredi 24 mars
Le secrétaire général de l’OTAN Javier Solana a donné, son feu vert au bombardement de positions serbes. Cette décision a provoqué la colère russe. Le Premier ministre russe, Evgueni Primakov, qui se rendait aux Etats-Unis a fait demi-tour en apprenant la nouvelle.
mercredi 24 mars
Humiliation pour Moscou : l’OTAN (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne et quatre autres pays) a déclenché à 20 heures une forte offensive contre la Yougoslavie. Eltsine s’est dit « indigné » par ces premières frappes et prêt à prendre « des mesures militaires ».
nuit du mercredi 24 au jeudi 25 mars
Avec l’opération « Force déterminée », l’OTAN a poursuivi ses frappes sur les objectifs militaire serbes. C’est Moscou qui a donné le premier bilan, côté serbe : plus de 70 morts, dont 50 civils, et plus de 220 blessés. L’armée yougoslave, elle, parle de 10 soldats tués et de 38 autres blessés. Des chiffres invérifiables.
jeudi 25 mars
Slobodan Milosevic, fort d’un message de soutien de Boris Eltsine, n’a pas l’intention de céder. Après avoir dénoncé « les frappes criminelles de l’agression », le président yougoslave a dit qu’il attendait « une aide adéquate » de Moscou. Boris Eltsine ne décolère pas : il jure de prendre « des mesures appropriées » si le conflit venait à s’amplifier, y compris dans le domaine militaire. Et de fournir des armes aux Serbes, malgré l’embargo décidé par l’ONU. Plus réaliste, le Premier ministre Evgueni Primakov a tempéré les propos présidentiels. Il a affirmé que la Russie n’adopterait pas une politique isolationniste envers les Occidentaux. Dans la soirée, à l’ONU, la Russie a fait circuler un projet de résolution par lequel le Conseil de sécurité demanderait l’arrêt immédiat des frappes.
vendredi 26 mars
Moscou a échoué au Conseil de sécurité : sa résolution réclamant « l’arrêt immédiat » des frappes sur la Yougoslavie a été repoussée, ne recueillant que 3 voix sur 15.
samedi 27 mars
La Douma a fermement condamné « l’agression » de l’OTAN en Yougoslavie avec une résolution votée à la quasi-unanimité.
Selon l’Académie russe des sciences, la nuit qui vient est la plus propice pour concevoir un bébé qui naîtra à minuit le 1er janvier 2000. Un concours est lancé : les parents gagnants recevront une voiture.
Qualifications pour le championnat d’Europe de football 2000 : au stade Hrazdan, l’Arménie a été battue par la Russie trois buts (Karpine deux fois, dont une sur pénalty, Bestchastykh) à zéro, devant 10 000 spectateurs. C’était la première fois que ces deux équipes se rencontraient.
dimanche 28 mars
Alors que quelques centaines de Russes manifestaient devant l’ambassade des Etats-Unis, un homme a tiré à l’arme automatique sur la façade du bâtiment avant de s’enfuir dans un véhicule volé à la police. Deux suspects ont été arrêtés. Les réformateurs russes, rassemblés derrière l’ancien Premier ministre Egor Gaïdar, ont condamné l’intervention de l’OTAN qui « usurpe le droit d’intervention dans le monde », mais appelé les Russes à résister à « l’hystérie » anti-OTAN.
Une association d’entreprises russes (Energia), ukrainienne (Yuzhnoye), américaine (Boeing) et norvégienne (Kvaerner) a testé avec succès le lancement d’une fusée de type Zénit à partir de la plate-forme Sea Launch, située dans l’océan Pacifique, au niveau de l’Equateur. Le premier tir commercial aura lieu dans deux mois.
Clôture des championnats du monde de patinage artistique d’Helsinki. La Russie est nettement la meilleure nation de la compétition avec six médailles, dont les quatre titres mis en jeu (Maria Butyrskaïa chez les dames, AlexeI Yagudin chez les hommes, Yelena Berezhnaya et Anton Sikharulidze en couples, Anjelika Krylova et Oleg Ovsiannikov en danse). Les Etats-Unis sont deuxièmes, la France troisième.
lundi 29 mars
Le Premier ministre Primakov a reçu à Moscou le patron du FMI, Michel Camdessus. Les deux parties (et les communistes) se entendues sur le niveau d’équilibre du budget. La Russie va enfin obtenir des fonds.
mardi 30 mars
Après six heures d’entretien avec le président yougoslave Milosevic, à Belgrade, le Premier ministre russe, Evgueni Primakov (accompagné du ministre russe de la Défense, Sergueïev, du chef des renseignements extérieurs et du chef du GRU), n’a pu que présenter des propositions limitées au chancelier allemand Schröder (réduction de présence serbe au Kosovo, reprise des négociations en échange d’un arrêt des bombardements) : l’OTAN a refusé cette médiation. La mission Primakov n’apporte pas « une base pour une solution politique ».
La Tchétchénie a fermé unilatéralement les vannes de l’oléoduc « nord », au prétexte que Moscou lui doit 100 millions de roubles.
mercredi 31 mars
Après la mission Primakov, l’ancien Premier ministre russe, Igor Gaidar, a été reçu à son tour, à son arrivée de Belgrade. Moscou vient de décider de déployer plusieurs bâtiments de la flotte de la mer Noire dans l’Adriatique, « afin d’évaluer la situation ».
Eliminatoires de l’Euro de football 2000 : au stade Central Lokomotiv de Moscou, la Russie a battu Andorre six buts (Titov, Bestchastnykh 2, Onopko, Tsymbalar, Alenitchev) à un (Juli Sanchez), devant 10 333 spectateurs. C’était la première fois que ces deux équipes se rencontraient.
en mars
Le gouvernement turkmène a annoncé qu’à partir du 9 juin l’obtention de visas serait obligatoire pour les ressortissants russes et pour ceux de la plupart des autres pays de la CEI.
jeudi 1er avril
Le président Boris Eltsine a appelé les ministres des Affaires étrangères du « G8 » à se réunir d’urgence pour « régler le conflit du Kosovo autour d’une table de négociation ».
du jeudi 1er au vendredi 2 avril
Réunion à Tokyo de deux commissions clés sur la définition de frontière et sur la coopération économique.
vendredi 2 avril
Boris Eltsine a décidé de limoger le procureur général de Russie, Iouri Skouratov, qui venait d’affirmer détenir des informations sur des personnalités russes « connues » alimentant des comptes en suisse avec de l’argent sale. La Douma s’est mobilisée pour soutenir le procureur. Inconnu il y a trois mois, Skouratov est devenu pour l’opposition russe le symbole de la lutte contre la corruption du pouvoir.
Le risque d’escalade dans les Balkans a encore augmenté avec la demande de Milosevic d’une aide militaire à la Russie afin « défendre plus facilement » la Yougoslavie contre les attaques de l’OTAN. L’octroi de cette aide « est possible et dépend de la situation », a affirmé le chef d’état-major de l’armée russe, Anatoli Kvachnine. Le départ d’un navire russe pour l’Adriatique a provoqué une mise en garde de l’OTAN.
Sommet de la CEI à Moscou, en remplacement du sommet du 26 février annulé. A l’ordre du jour, le limogeage, décidé sans consultation par Eltsine, du secrétaire exécutif de l’organisation, Boris Berezovski.
dimanche 4 avril
Dans une lettre envoyée à la radio Ekho Moskvy (« Echo de Moscou »), une organisation anarchiste clandestine, la Nouvelle alternative révolutionnaire (NAR), a revendiqué l’attentat perpétré devant le bâtiment du FSB (ex-KGB), au centre de Moscou. Ce mouvement s’est déjà fait connaître dans les années 1996-1997 en posant des bombes ou en provoquant des incendies dans plusieurs bureaux de recrutement de l’armée, à Moscou.
Clôture à Hong Kong des championnats du monde de natation en petit bassin : l’Australie termine meilleure nation avec 27 médailles dont 9 d’or, devant le Japon et le Royaume-Uni. La Russie est douzième avec quatre médailles dont une d’or (Nadejda Chemezova au 400 m nage libre).
lundi 5 avril
Fondation à Ekaterinbourg d’un nouveau groupe politique, « FCP Ouralmach ». Plusieurs de ses dirigeants (Grigori Tsyganov, Alexandre Krouk) sont des mafieux notoires.
mardi 6 avril
Le parquet général de Moscou a lancé un mandat d’arrêt contre Boris Berezovski. Il est poursuivi pour commerce illégal et blanchiment d’argent. Nikolaï Glouchov, l’ex-bras droit du directeur général de l’Aéroflot est lui aussi poursuivi, pour les mêmes raisons.
jeudi 8 avril
Match aller des demi-finales de la Coupe d’Europe de football des vainqueurs de Coupe : au stade moscovite du Lokomotiv, le Lokomotiv de Moscou et la Lazio de Rome ont fait match nul un à un (Janashia pour les Russes et Boksic pour les Italiens), devant 23 000 spectateurs.
vendredi 9 avril
Une véritable menace à l’égard de l’Occident est venue de Russie : dans la matinée, le président de la Douma affirmait que le président Eltsine avait donné l’ordre de pointer des missiles sur « les pays en guerre contre la Yougoslavie », ce qui a été démentie rapidement par le chef d’état-major des forces stratégiques russes. Dans l’après-midi, Boris Eltsine a menacé d’intervenir militairement « si les Américains nous y poussent ».
samedi 10 avril
Parallèlement à la poursuite des bombardements de l’OTAN sur la Yougoslavie, les pays occidentaux ont multiplié les contacts destinés à impliquer davantage la Russie dans un règlement du conflit.
dimanche 11 avril
Le Premier ministre Primakov, soutenu par les communistes, a demandé aux députés de renoncer à lancer une procédure de destitution contre Boris Eltsine qui serait « irresponsable et dangereuse ».
Un convoi de 73 camions, venant de Russie et du Bélarus pour gagner la Yougoslavie, a été bloqué à la frontière hungaro-ukrainienne. La situation est suffisamment grave du point de vue de Moscou pour que le ministre des Situations d’urgence, Sergueï Choïgou, soit dépêché sur place.
lundi 12 avril
La Hongrie a finalement laissé passer le convoi russe. Par ailleurs, le parlement yougoslave a demandé l’entrée du pays dans l’Union russo-bélarusse.
mardi 13 avril
Alors que l’OTAN poursuit ses frappes, rien de concret n’est sorti de la première rencontre, depuis le 24 mars, entre l’Américaine Madeleine Albright et le Russe Igor Ivanov : les deux parties campent sur leurs positions.
mercredi 14 avril
Dans une interview publiée par l’Etoile rouge, quotidien de l’armée russe, Milosevic a lancé un appel indirect à l’aide militaire russe. Par ailleurs, Boris Eltsine a nommé Viktor Tchernomyrdine son « représentant spécial » pour la Yougoslavie, et le président bélarusse, Loukachenko, s’est rendu à Belgrade.
jeudi 15 avril
L’aviation de la marine russe a repéré dans la matinée un sous-marin nucléaire étranger, probablement américain, à une centaine de kilomètres de ses côtes pacifiques, au sud-est de Petropavlosk-Kamtchatski. Cette présence est probablement due à l’imminence de manœuvres russes.
vendredi 16 avril
La Russie et le Tadjikistan ont signé un accord de coopération militaire qui prévoit notamment l’installation d’une base militaire russe abritant, en trois sites, 6 500 hommes, pour dix ans. L’Ouzbékistan a aussitôt protesté contre cet accord, s’estimant directement menacé.
lundi 19 avril
Le président américain Clinton et Boris Eltsine se sont livrés à un dialogue de sourds sur l’intervention de l’OTAN en Yougoslavie.
mardi 20 avril
Le gouvernement russe ne pourra pas rembourser le 14 mai une échéance de 1,2 milliard de dollars de dette intérieure, a annoncé le premier vice-ministre des Finances, Mikhaïl Kassianov. Cette dette avait été contractée en 1993 pour dédommager les entreprises russes ayant placés leurs capitaux à la banque d’Etat Vnesheconombank. Ces capitaux, transformés en obligations baptisées MinFin, avaient été gelés par l’incapacité de Moscou à rembourser la dette soviétique en 1991. Beaucoup de MinFins sont la propriété d’opérateurs non russes, ce papier ayant servi d’instruments financiers dans les transactions entre banques russes et étrangères.
mercredi 21 avril
Le Conseil de la Fédération russe (chambre haute du Parlement) a refusé d’entériner la « démission forcée » du procureur général de Russie, Iouri Skouratov, en dépit des appels insistants du président Eltsine. Sur 178 sénateurs, 144 ont pris part au vote, 79 ont voté contre la démission, 61 pour.
mercredi 21 avril
Le Bayern Munich s’est qualifié pour la finale de la Ligue des Champions de football : au Stade olympique, les Bavarois ont battu le Dynamo Kiev un but (Basler) à zéro, devant 60 000 spectateurs.
jeudi 22 avril
A Belgrade, Milosevic a reçu le représentant spécial russe Viktor Tchernomyrdine.
La Lazio de Rome s’est qualifiée pour la finale de la Coupe d’Europe de football des vainqueurs de Coupe grâce au but marqué à l’extérieur. Au match retour, dans le Stade Olympique de Rome, les Italiens et les Russes du Lokomotiv Moscou ont fait match nul zéro à zéro, devant 20 000 spectateurs.
vendredi 23 avril
L’information la plus curieuse de la journée concernant la guerre au Kosovo est venue de Viktor Tchernomyrdine, l’envoyé spécial russe, qui, en annonçant un assouplissement de Milosevic (acceptation d’une force d’interposition étrangère), a semé la plus grande confusion, avec force de démentis venant par la suite à la fois de Moscou et de Belgrade.
Boris Eltsine « est aujourd’hui dans une forme qui lui permet de présenter sa candidature pour l’élection présidentielle de l’an 2000 », a affirmé le Dr Mironov, médecin-chef du Kremlin, qui suit le président russe depuis 15 ans. Et il précise que le président « n’a jamais eu de problème de santé provoqués par l’abus d’alcool ». Il ajoute cependant : « La vodka a toujours été le meilleur remède contre le stress, et puisque le travail du chef de l’Etat est très stressant, alors… »
lundi 26 avril
La Russie a fait savoir qu’elle refuserait d’appliquer l’embargo sur le pétrole à destination de la Yougoslavie.
La forte explosion, qui a fait 11 blessés dans l’hôtel Intourist de Moscou, a été classée par le service fédéral de sécurité russe comme acte « terroriste ». La déflagration a endommagé tout le 20e étage de cet hôtel, à 200 mètres du Kremlin.
mardi 27 avril
Le président Eltsine a limogé le premier vice-Premier ministre, Vadim Goustov, proche des communistes, récemment accusé de corruption. Il l’a remplacé par l’un de ses fidèles, le ministre de l’intérieur Stépachine.
A l’occasion de la fête nationale yougoslave, Boris Eltsine a adressé un télégramme de soutien à Slobodan Milosevic.
mercredi 28 avril
La Chine et la Russie ont achevé de délimiter leur frontière. Les deux pays vont pouvoir signer prochainement un document mettant fin à un conflit vieux de trois siècles. Après sept ans de travail, la pose des jalons est achevée le long de la frontière. Les deux pays se sont partagés, par moitié, les 2 444 îles inhabitées du fleuve Amour et des autres cours d’eau qui séparent les deux territoires.
jeudi 29 avril
Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a été reçu au Kremlin par Boris Eltsine.
en avril ou en mai
Election du président de la République de Karatchaevo-Tcherkessie. Les résultats de cette élection (la victoire du Karatchaï Vladimir Semenov au deuxième tour) ont divisé le pays entre Karatchaïs, Adyghéens, Tcherkesses et Abazines. Le maire de la capitale Tcherkessk, Stanislav Derev, un Tcherkesse, arrivé largement en tête au premier tour, avait appelé au boycott des urnes au second tour.
samedi 1er mai
Une explosion a eu lieu dans la soirée près d’une synagogue, non loin de la Place rouge, en plein centre de Moscou. L’explosion, dont l’origine est inconnue, n’aurait pas fait de victime. La déflagration a brisé les vites du bâtiment sur la rue Arkhipova où se trouve également le Conseil des communautés juives de Russie, dans le quartier Kitaï Gorod. C’est la troisième explosion en moins d’un mois dans la capitale russe.
Entrée en vigueur de la Déclaration d’Istanbul, signée en 1992, qui crée l’Organisation de coopération économique de la mer Noire (OCEMN). Elle compte onze pays membres fondateurs : l’Albanie, la Bulgarie, la Grèce, la Roumanie, la Turquie et six Etats issus de l’ex-URSS (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, Moldavie, Russie et Ukraine).
dimanche 2 mai
Selon le vice-Premier ministre russe, Vladimir Boulgak, la Russie aura besoin de 6 milliards environ pour franchir sans encombre le cap du bug de l’an 2000.
lundi 3 mai
L’émissaire russe Victor Tchernomyrdine est arrivé dans la soirée à Washington pour présenter des « propositions concrètes » du Kremlin pour un règlement de la crise yougoslave.
Le joueur de tennis russe Ievgueni Kafelnikov succède à l’Américain Pete Sampras comme numéro un mondial.
jeudi 6 mai
Réunis à Bonn, les ministres des Affaires étrangères du G8 (dont la Russie) ont trouvé un langage commun et décidé de préparer une résolution concernant la guerre au Kosovo, qui sera soumise au Conseil de sécurité de l’ONU. L’accord prévoit notamment l’arrêt « immédiat et vérifiable » des violences au Kosovo, le retrait des forces serbes, la mise en place d’une administration provisoire « décidée » par l’ONU, le retour des réfugiés et l’accès des humanitaires ainsi que le lancement d’un « processus politique » basé sur les accords de Rambouillet. Au même moment, Milosevic se prononçait lui aussi pour la relance d’un « processus politique » permettant de déboucher sur un « accord équitable » pour le Kosovo.
Lors d’une cérémonie de remise de médailles au Kremlin, Boris Eltsine s’est lancé dans une diatribe passablement incohérente contre les bombardements de l’OTAN. La télévision russe a préféré ne diffuser aucune image de ce monologue comme l’avait d’ailleurs demandé aux journalistes présents le porte-parole du Kremlin.
mardi 11 mai
Sur le front diplomatique yougoslave, la Russie a échoué dans ses efforts pour apaiser la colère de Pékin, qui ne veut pas admettre que son ambassade n’ait été qu’une cible accidentelle.
mercredi 12 mai
Boris Eltsine, menacé de destitution par la Douma, a contre-attaqué en limogeant dans la matinée son Premier ministre Evgueni Primakov, trop populaire et qui était soutenu par la majorité communiste du Parlement. Le ministre de l’Intérieur Serguei Stepachine a été nommé Premier ministre par intérim. La Douma doit encore confirmer cette nomination.
Le stade Loujniki de Moscou accueille la finale de la 28e Coupe UEFA : victoire des Italiens du Parme AC sur les Français de l’Olympique de Marseille trois buts (Crespo, Vanoli, Chiesa) à zéro, devant 61 000 spectateurs. C’est la deuxième fois que les Parmesans remportent ce titre.
jeudi 13 mai
Les députés de la Douma ont engagé le débat sur la destitution du président Eltsine.
Le président français Jacques Chirac, en visite à Moscou, a consacré toute sa journée à rechercher une solution diplomatique au conflit dans les Balkans avec la médiation russe.
L’émissaire russe pour le Kosovo, Victor Tchernomyrdine, est arrivé en Finlande, pays qui serait prêt pour une médiation.
vendredi 14 mai
Au deuxième jour de l’examen du projet de destitution du président Eltsine, la confusion a régné à la Douma. 5 experts seulement, sur 25 annoncés, se sont présentés à la tribune.
samedi 15 mai
La procédure de destitution engagée contre Boris Eltsine a échoué. Aucun des cinq chefs d’accusation n’a réussi à recueillir les 300 voix nécessaires à la poursuite de la procédure. L’accusation d’avoir lancé la guerre de Tchétchénie a tout de même obtenu 283 voix favorables. Selon les résultats officiels, 45 bulletins ont été invalidés. Immédiatement, des députés communistes ont mis en doute cette invalidité. A l’extérieur de la Douma, quelques milliers de manifestants pour la destitution scandaient : « Eltsine démission ».
dimanche 16 mai
Trois bombes ont explosé dans des immeubles de Spoutnik, une ville-garnison d’Ossétie du Nord, faisant 5 morts et 26 blessés. 5 autres bombes ont été retrouvées, avant qu’elles n’explosent.
Clôture du championnat du monde de hockey sur glace, organisé par la Norvège : victoire en finale de la République tchèque sur la Finlande. La Russie est cinquième sur 16.
lundi 17 mai
Après une rude semaine, Boris Eltsine est de nouveau souffrant. Il a dû annuler sa rencontre avec le Premier ministre espagnol José Maria Aznar. Officiellement, le président russe souffre d’une bronchite.
La Cour d’appel d’Helsinki a condamné pour espionnage Olli Mattila à un an et quatre mois de prison, ainsi qu’à son renvoi de l’armée et à la perte de son grade militaire. Il avait fourni des documents secrets aux Russes.
mercredi 19 mai
Par 296 voix contre 55, les députés russes ont confirmé Sergueï Stépachine comme Premier ministre, le quatrième depuis mars 1998. Il entend aller plus loin que son prédécesseur en matière de réformes économiques et sociales. Le Parti communiste n’entrerait pas au gouvernement.
Match amical de football : à Toula, la Russie et la Biélorussie ont fait match nul un à un. C’était la première fois que ces deux équipes se rencontraient.
vendredi 21 mai
Avant de partir en vacances dans la station estivale de Sotchi, sur la mer Noire, le président Eltsine a reconduit la plupart des ministres appartenant au précédent gouvernement. Les postes des ministères économiques n’ont pas été pourvus. Le vice-Premier ministre Aksenenko, ministre des Chemins de fer est confirmé dans ses fonctions. Pour remplacer Stépachine à l’Intérieur, le président a choisi un général de la police, chargé de la lutte anti-mafia, Vladimir Rouchaïlo, qui est aussi un proche de Bérezowski.
dimanche 23 mai
Clôture des championnats d’Europe de judo organisés dans la capitale slovaque, Bratislava. La Russie se classe troisième nation, derrière la France et la Belgique, avec six médailles, dont deux d’or (Tamerlan Tmenov en + 100 kg et Irina Rodina en + 78 kg).
lundi 24 mai
Après une visite à Boris Eltsine en vacances sur la mer Noire, le nouveau Premier ministre Stépachine a pris en main le dossier brûlant du Caucase du Nord en se rendant dans la république de Karatchaïevo-Tcherkessie. L’ensemble de la région est livré aux bandes criminelles. C’est le résultat de l’élection présidentielle dans la petite république qui a mis le feu aux poudres : le général Semenov, d’origine karatchaï (32 % de la population) voit sa victoire écrasante contestée par son rival tcherkesse (10 % de la population) Stanislas Derev. Les deux hommes, concurrents aussi dans la production de vodka, auraient accepté un intérim du président du Parlement.
Le patriarche russe Alexis II souhaite l’enterrement de la dépouille de Lénine. Les communistes sont hostiles à l’inhumation de Lénine.
mardi 25 mai
Le président Eltsine a complété le gouvernement Stépachine en confiant le pôle financier au libéral Mikhaïl Zadornov. Igor Ivanov a été reconduit comme ministre des Affaires étrangères.
mercredi 26 mai
La Russie a demandé à ses créditeurs privés (les banques) réunis au sein du Club de Londres un délai de six mois pour rembourser 1,3 milliard de francs d’intérêts sur la dette de l’ex-Union soviétique. Le remboursement devait intervenir le 2 juin.
vendredi 28 mai
A peine formé, le nouveau gouvernement traverse sa première crise. Eltsine a limogé le vice-Premier ministre Zadornov, nommé trois jours plus tôt. Zadornov, théoriquement chargé de la politique financière, exigeait de cumuler son poste avec celui de ministre des Finances. Ce que ni Stépachine, ni Eltsine ne lui ont concédé.
L’émissaire russe Viktor Tchernomyrdine s’est rendu une fois de plus à Belgrade, où il s’est entretenu avec le président yougoslave, Slobodan Milosevic.
dimanche 30 mai
Pour la première fois, une télévision russe, la NTV (groupe Media Most) critique ouvertement l’entourage présidentiel, détaillant longuement la « Famille ».
lundi 31 mai
L’économiste libéral Viktor Khristenko (40 ans) a été nommé Premier vice-Premier ministre du gouvernement russe. Il devrait s’occuper des questions budgétaires. Mais c’est à Sergueï Aksenenko, l’autre vice-Premier ministre, très proche de Boris Eltsine, qu’ont été confiées les questions économiques.
mercredi 2 juin
Viktor Tchernomyrdine et le président finlandais, Martti Ahtisaari, les émissaires russe et européen, ont présenté à Belgrade une nouvelle approche susceptible de ramener la paix au Kosovo.
jeudi 3 juin
Belgrade n’a rien signé, mais le président yougoslave et le Parlement serbe (136 voix pour et 74 contre) ont manifesté leur acceptation du plan de paix pour le Kosovo, préparé à Bonn et présenté par Tchernomyrdine et Ahtisaari. Ce plan pourrait entrer rapidement en application. L’ONU et l’OTAN vont s’y employer. En attendant, les bombardements se poursuivent.
Boris Eltsine gracie 713 condamnés à mort, supprimant ainsi la peine capitale en Russie.
samedi 5 juin
Qualifications pour le championnat d’Europe de football 2000 : au Stade de France, à Saint-Denis, la France a été battue par la Russie trois buts (Panov 2, Karpin) à deux (Petit, Wiltord), devant 78 788 spectateurs.
dimanche 6 juin
Célébrations du bicentenaire de la naissance du poète Pouchkine, phare de la littérature russe.
Clôture du championnat d’Europe de basket féminin, organisé par la Pologne : en finale, les Polonaises ont battu les Françaises. Dans le match pour la troisième place, les Russes se sont imposées contre les Slovaques 78 à 49.
lundi 7 juin
Retardée depuis deux jours en raison des tractations militaires entre les forces yougoslaves et celles de l’OTAN, la réunion des ministres des Affaires étrangères du G8 a commencé à Bonn (Allemagne). Les ministres travaillent à une résolution concernant le Kosovo destinée au Conseil de sécurité de l’ONU.
mardi 8 juin
A Bonn, les ministres des Affaires étrangères du G8 se sont enfin accordés autour d’un projet de résolution sur le Kosovo, qui doit être soumis, dans la nuit, au Conseil de sécurité des Nations unies. L’OTAN a eu gain de cause face aux exigences russes traduisant les vues de Belgrade : le vote de cette motion et l’arrêt des bombardements n’auront lieu qu’après le début du retrait serbe du Kosovo. La résolution réaffirme l’intégrité territoriale de la Yougoslavie, mais appelle à une « autonomie substantielle » du Kosovo et justifie même le recours à la force, en cas de nécessité, de la part de la « présence internationale de sécurité au Kosovo ». De nouvelles rencontres ont eu lieu, en Macédoine, entre des responsables yougoslaves et des représentants américains et britanniques de l’OTAN.
mercredi 9 juin
Dans la soirée, la Yougoslavie a accepté le plan de paix de l’OTAN.
Eliminatoires de l’Euro de football 2000 : au stade du Dynamo de Moscou, la Russie a battu l’Islande un but (Karpine) à zéro, devant 33 900 spectateurs.
jeudi 10 juin
Après 79 jours et nuits de bombardement, l’OTAN a suspendu vers 15 h 20 ses frappes aériennes contre la Yougoslavie. A 17 h 30, à New York, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni à huis clos et a voté - par 14 voix contre une abstention (la Chine) - une résolution en 21 points, dont la permission donnée à la Kfor pour entrer au Kosovo. L’ONU prend désormais en charge l’administration civile de la province serbe. A Cologne, 40 pays - ceux du G8, ceux de l’Union européenne et ceux du sud-est européen - ont signé le Pacte de stabilité pour les Balkans, sorte de plan Marshall pour la reconstruction de toute cette région allant de la Slovénie à la Turquie.
La visite à Moscou du vice-président de la Commission centrale militaire de Chine, le général Zhang Wannian, reçu par le ministre russe de la Défense Igor Ivanov, tend à renforcer l’axe Pékin-Moscou.
vendredi 11 juin
A la grande surprise générale, quelques centaines de soldats russes, venant de Bosnie, sont entrés en Yougoslavie dès le début de la matinée, alors que ni l’OTAN ni l’ONU ne leur avaient encore assigné de mission. Le convoi russe est passé par Belgrade sous les applaudissements des habitants, puis s’est engage sur l’autoroute qui conduit vers le Kosovo, où il n’a cependant pas pénétré. Les responsables de l’OTAN avouent ne plus rien comprendre à la situation… L’Alliance refuse toujours d’attribuer un secteur russe au Kosovo, afin de ne pas ouvrir la voie à une « partition de fait » de la province. Dans la soirée, aucun détachement français ou britannique n’est encore rentré au Kosovo.
La Douma a voté en première lecture une résolution sur l’amnistie de 94 000 prisonniers russes qui ont commis des délits mineurs. Il s’agit de « manifester de l’humanisme envers des gens qui ne représentent pas de danger » pour la société et, surtout, « de décharger les prisons », a expliqué le vice-ministre de la Justice. La Russie détient le taux de population carcérale le plus élevé du monde : 635 Russes sur 100 000 sont en prison. Les prisonniers sont entassés à raison d’une dizaine par cellule, dans des conditions parfois effrayantes. Le nombre des tuberculeux (environ 90 000) a fortement augmenté ces dernières années.
nuit du vendredi 11 au samedi 12 juin
Des parachutistes russes sont entrés au Kosovo et ont occupés l’aéroport de Pristina, prévue, à l’origine, comme siège du QG des troupes de l’OTAN. Ni l’OTAN, ni même le ministre russe des Affaires étrangères n’avaient été prévenus de cette intervention. Igor Ivanov a d’ailleurs désavoué cette opération.
samedi 12 juin
Dès l’aube, les soldats de l’OTAN ont pénétré au Kosovo. Britanniques et Français sont entrés en premier, suivis plus tard par les Allemands, les Italiens et les Américains. La progression des forces de l’Alliance est ralentie par les champs de mines. Arrivés sur l’aéroport de Pristina, les soldats britanniques se sont retrouvés face à face avec les Russes et les Serbes. Les Anglais ont du se résoudre à n’occuper que la partie sud de l’aéroport, les Russes campant sur leur position. Dans la matinée, Boris Eltsine, prenant son ministre des Affaires étrangères à contre-pied, a accordé une promotion au général Viktor Zavarzine, entré au Kosovo à la tête des parachutistes russes.
lundi 14 juin
Le joueur de tennis américain Pete Sampras redevient numéro un mondial pour la neuvième fois. Il succède à la tête du classement ATP au Russe Ievgueni Kafelnikov.
mardi 15 juin
Finale des championnats du monde de handball masculin, organisés par l’Egypte : c’est la revanche de 1997. Au Caire, la Suède a battu la Russie 25 à 24. Le Russe Andreï Lavrov a été désigné meilleur gardien de la compétition.
jeudi 17 juin
Les députés russes ont défié le gouvernement en rejetant un projet de hausse des taxes sur l’essence, l’une des 30 réformes qu’exige le FMI en échange d’un nouveau prêt à court terme de 4,5 milliards de dollars.
Deux longues journées de discussions à Helsinki n’ont toujours pas réglé la question de la place de la Russie dans la force de paix déployée au Kosovo, de sa zone de responsabilité et de sa forme de commandement. Par ailleurs, les 299 députés présents à la Douma ont adopté une proposition de leur vice-président demandant que le secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana, soit jugé pour les « crimes contre l’humanité perpétrés dans le cadre de l’agression de l’OTAN contre la République de Yougoslavie ».
nuit du jeudi 17 au vendredi 18 juin
Des combats ont opposé des soldats tchétchènes et des militaires russes en plusieurs points de la frontière entre la Russie et la Tchétchénie. Moscou a fait état de 7 morts et 15 blessés dans les rangs de ses troupes, tandis que les Tchétchènes n’ont pas fait connaître leur bilan. A la suite de ces affrontements, les autorités russes ont fermé la plupart des postes de contrôle frontaliers.
vendredi 18 juin
Ouverture à Cologne du sommet du G8, dominé par la question du Kosovo et celle de l’allègement de la dette des pays pauvres. La Russie est représentée par Sergueï Stépachine.
Dans la soirée, Américains et Russes sont parvenus à Helsinki à un accord sur la présence des Russes au Kosovo. Tout en maintenant leur présence sur l’aéroport de Pristina, le contingent russe sera réparti dans trois secteurs, l’américain, le français et l’allemand.
En deuxième lecture et à l’unanimité, la Douma a voté une résolution d’amnistie pour 94 000 prisonniers auteurs de délits mineurs. Ils seront libérés dans les six mois.
samedi 19 juin
Au sommet de Cologne, les pays membres du G7 ont officiellement accueilli la Russie avec Stepachine.
dimanche 20 juin
Clôture du sommet du G8 à Cologne. Durant celui-ci, les huit pays les plus industrialisés ont accepté d’alléger la dette des 41 pays les plus pauvres de 420 milliards de francs.
jeudi 24 juin
La Douma a voté une loi qui supprime les allocations familiales aux familles dont les revenus sont supérieurs au minimum vital de 1 000 roubles (250 francs). Ce texte fait partie d’un ensemble de mesures exigées par le FMI pour débloquer une aide de 28 milliards de francs. Tous les Russes avaient le droit jusqu’à présent à des allocations familiales d’environ 80 roubles (20 francs), mais seules six régions (dont Moscou et Saint-Pétersbourg) les payaient régulièrement.
du jeudi 24 au vendredi 25 juin
Les gouvernements de 55 pays, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et d’autres organisations internationales se sont réunis en congrès à Genève. A l’ordre du jour, le sort des millions de personnes déplacées à la suite de l’effondrement de l’URSS.
mardi 29 juin
L’épave du Vrouw Maria a été retrouvée en mer Baltique, par 41 mètres de fond. Le bâtiment avait disparu en 1771 au large de la Finlande, chargé d’œuvres d’art destinées à l’impératrice de Russie, Catherine II.
mercredi 30 juin
L’écrivain Alexandre Zinoviev, déchu de la citoyenneté soviétique en 1978 et expulsé d’URSS, est rentré en Russie après 21 ans d’exil. Il souhaitait « être parmi les Russes pour lutter contre les ennemis du pays ».
Les exportations d’armes russes ont atteint des records historiques pour les six premiers mois de l’année. L’exportation officielle a triplé ses profits par rapport aux années précédentes.
jeudi 1er juillet
Le Premier ministre français Lionel Jospin, accompagné de deux ministres, a entamé une visite officielle de deux jours à Moscou.
Perquisition à Lausanne (Suisse) au siège de l’entreprise Andava, fondée par le financier russe Boris Berezovski. Cette société écran aurait permis de blanchir de l’argent détourné de la compagnie aérienne Aeroflot, dont Berezovski détient des parts.
vendredi 2 juillet
A la tribune de l’Assemblée parlementaire de l’Union russo-biélorusse, le président Loukachenko s’est déclaré prêt à changer de politique extérieure : puisque la Russie ne veut pas s’unir aujourd’hui à la Biélorussie aux conditions posées par cette dernière, il n’y aura pas d’union du tout.
La canicule record qui sévit en Russie a fait plusieurs dizaines de morts : 140 personnes se sont noyées en recherchant un peu de fraîcheur dans les rivières. D’autres ont été emportées par des crises cardiaques. Moscou n’aurait pas connu une telle vague de chaleur depuis 1895.
samedi 3 juillet
Clôture du championnat d’Europe de basket masculin, organisé par la France : victoire en finale de l’Italie sur l’Espagne. La Russie termine la compétition à la sixième place.
dimanche 4 juillet
A la faveur de la reprise de son déploiement au Kosovo, Moscou s’apprêtait une nouvelle fois à mettre l’OTAN devant le fait accompli. Tirant la leçon de ce qui s’était passé à l’aéroport de Pristina, Washington a fait fermer l’espace aérien de plusieurs pays (Hongrie, Bulgarie, Roumanie) et les avions russes n’ont pu décoller. Moscou hurle à la « provocation ».
lundi 5 juillet
Dans la matinée, la Russie a annoncé une attaque meurtrière contre un groupe armé tchétchène comprenant 150 à 200 hommes.
Le président syrien Hafez al-Assad a entamé une visite de deux jours à Moscou. Le président syrien ne s’était pas rendu en Russie depuis 1991.
Les obstacles au déploiement des Russes au Kosovo semblent avoir été levés à Moscou.
Une fusée Proton qui lançait un satellite a explosé sur le cosmodrome de Baïkonour. Estimant les lancements trop dangereux, les autorités kazakhes ont décidé la fermeture du site, alors que la station spatiale Mir va manquer de ravitaillement, à partir du 20 juillet. Le Kazakhstan exige des compensations de la part de la Russie.
mardi 6 juillet
A Moscou, la session parlementaire a pris fin mais une trentaine de députés russes, majoritairement communistes, occupent toujours la Douma. Simple précaution pour éviter les coups tordus du pouvoir, traditionnels en été…
Le président tchétchène Aslan Maskhadov a mis en garde les autorités russes contre la tentation de lancer une nouvelle guerre contre sa république. « Les négociations sont la seule issue », a ajouté Maskhadov.
Le président syrien serait sur le point de conclure avec le président Boris Eltsine un contrat d’achat d’armes d’un montant évalué à 2 milliards de dollars par un quotidien russe. Au cours d’une rencontre au Kremlin, les deux hommes s’en sont pris aux Etats-Unis et à l’OTAN, en critiquant « tout diktat d’un ou plusieurs pays » dans les affaires internationales.
Les premiers gros porteurs russes sont arrivés à Pristina, au Kosovo.
mercredi 7 juillet
Après avoir vainement négocié pendant quatre mois avec Grozny, l’oléoduc traversant la Tchétchénie reste fermé. La Russie a commencé à faire transiter le pétrole azéri par la voie ferrée qui traverse le Daghestan et contourne la Tchétchénie.
jeudi 8 juillet
Le Parlement letton a adopté une loi qui restreint l’usage de la langue russe en l’interdisant de facto dans les lieux publics et dans les affaires. Cette loi pourrait provoquer des réactions assez vives dans la minorité russe, qui représente plus du tiers des 2,4 millions d’habitants. La nouvelle présidente lettone, Vaira Vike-Freiberga, officiellement investie dans ses fonctions ce jour, a menacé de renvoyer le texte de la nouvelle loi devant les parlementaires s’il pose des problèmes de relations internationales.
samedi 10 juillet
Le dernier des gardes-frontières russes déployés en Géorgie a quitté le pays. Les Russes patrouillaient notamment aux frontières turque et tchétchène et dans les eaux territoriales de la mer Noire. Le président Chevardnaze a salué cet « attribut important pour un Etat indépendant » qu’est la défense de la frontière par ses propres forces ».
dimanche 11 juillet
La justice suisse vient d’ouvrir une enquête criminelle pour blanchiment d’argent contre Pavel Borodine, un très proche conseiller du président Eltsine. Les procureurs suisses ont demandé aux banques helvétiques de geler les avoirs financiers de 24 personnes, dont Borodine, sa femme et 22 autres hauts fonctionnaires du Kremlin. Leurs comptes en Suisse auraient servi au transfert des pots-de-vin provenant de la société Mabetex. Borodine nie tout en bloc.
mardi 13 juillet
Un étudiant russe de 20 ans a poignardé et grièvement blessé le responsable d’un centre culturel juif.
mercredi 14 juillet
Après neuf jours de négociations, le Kazakhstan a accepté de rouvrir le cosmodrome de Baïkonour. Un vaisseau Progress va pouvoir ravitailler la station Mir. La Russie a promis de verser l’équivalent de 300 millions de francs, d’ici à novembre, au titre de loyer pour le cosmodrome.
vendredi 16 juillet
Le ministre tchétchène de la Sécurité, Tourpal-Ali Atguériiev, a été interpellé à Moscou par les autorités judiciaires russes. Selon le parquet de Moscou, cette interpellation concernerait l’enquête sur une prise d’otages par des indépendantistes tchétchènes (20 morts en janvier 1996).
samedi 17 juillet
Le ministre de la Sécurité tchétchène arrêté la veille a été relâché par les autorités russes.
dimanche 18 juillet
Les cosmonautes de la station Mir reçoivent enfin le cargo de ravitaillement Progress, chargé de carburant, de nourriture et d’oxygène.
Le Russe Dimitri Konyshev a gagné la 14e étape du Tour de France cycliste, disputée entre Castres et Saint-Gaudens.
lundi 19 juillet
Une conférence internationale sur l’Afghanistan s’est déroulée à Tachkent, en Ouzbékistan. Elle réunissait les six pays voisins de l’Afghanistan ainsi que la Russie et les Etats-Unis, et les belligérants afghans. Le président ouzbek, Islam Karimov, a exhorté les talibans et leurs opposants à conclure un cessez-le-feu qui « doit être suivi d’une réflexion sur la nature du futur Etat et sur la formation d’un gouvernement de large entente ». A l’issue de cette conférence, les représentants des talibans ont annoncé qu’ils étaient prêts à négocier.
mardi 20 juillet
Le journaliste Grigori Pasko était poursuivi pour « espionnage ». Il travaillait pour l’organe de la flotte russe du Pacifique et avait notamment dénoncé le déversement de déchets radioactifs et chimiques en mer du Japon par la marine russe. Les juges de Vladivostok l’ont condamné à 3 ans de prison, mais il est sorti libre du tribunal en vertu d’une amnistie accordée à ceux qui ont passé le tiers de leur condamnation en détention préventive. Il était emprisonné depuis 19 mois.
La Russie a décidé de conserver les 200 000 œuvres d’art saisies en 1945 à Berlin par l’Armée rouge. Moscou considère ces prises comme propriété russe.
dimanche 25 juillet
Visite à Washington du Premier ministre russe Sergueï Stepachine. Il a rencontré le vice-président américain Al Gore dans le cadre d’une commission informelle sur les problèmes délicats entre Moscou et l’Occident.
lundi 26 juillet
Boris Eltsine a subi une série d’examens médicaux à l’hôpital central de Moscou. Son porte-parole s’est voulu rassurant et a assuré que le président russe honorerait, dès le 28 juillet, toutes les rencontres de travail prévues à son agenda.
mardi 27 juillet
Le ministère russe de l’Intérieur a fait détruire 500 000 disques compacts pirates. Ces disques représentaient une valeur marchande d’un milliard de dollars. Près de 800 % des cassettes vidéo, 60-70 % des cassettes audio et 90-95 % des CD vendus à Moscou sont le résultat de piratage, selon la mairie de Moscou.
mercredi 28 juillet
Le Fonds monétaire international a accordé un nouveau crédit à la Russie, d’un montant de près de 27 milliards de francs, dont une première tranche de quelque 4 milliards est immédiatement disponible. C’est le premier crédit débloqué par le FMI depuis la crise de l’été dernier. En contrepartie, Moscou s’est engagé sur un programme économique qui comporte notamment une augmentation des recettes fiscales, une réduction des dépenses et certaines réformes structurelles.
vendredi 30 juillet
Le Premier ministre russe Sergueï Stepachine a assisté à Sarajevo au sommet international pour la reconstruction des Balkans.
Le vice-président du Fonds monétaire international, Stanley Fisher, admet que, « oui, malheureusement », la Banque centrale russe « a trompé le FMI ».
Le conseil des directeurs de la Banque mondiale a décidé d’attribuer un prêt de 7 milliards de francs à la Russie pour la restructuration de son économie dans les domaines des monopoles d’Etat, du développement du secteur privé, de l’amélioration de la gestion budgétaire et du secteur financier.
dimanche 1er août
Le Club de Paris, qui regroupe des pays créanciers de la Russie, a accepté de rééchelonner une partie de la dette russe héritée de l’URSS, pour un montant d’environ 8 milliards de dollars (50 milliards de francs).
Clôture à Istanbul des 24e championnats d’Europe de natation : l’Allemagne termine première nation (avec 22 médailles dont 10 d’or), devant les Pays-Bas et la Suède. La Russie est douzième avec 8 médailles, mais aucun titre.
lundi 2 août
Voyage officiel en Russie du nouveau Premier ministre israélien, Ehud Barak.
mercredi 4 août
L’influent maire de Moscou, Iouri Loujkov, et une vingtaine de puissants gouverneurs de régions ont créé une coalition de centre-gauche - La Patrie-Toute la Russie - dans la perspective des législatives de décembre. Ils espèrent rallier l’ex-Premier ministre Evgueni Primakov.
samedi 7 août
Des hélicoptères russes ont ouvert le feu sur 2 000 rebelles islamistes venus de Tchétchénie et qui avaient envahi à l’aube trois villages du Daghestan. Les rebelles, équipés d’armes automatiques, de lance-grenades, peut-être d’armes antichars et antiaériennes, vraisemblablement dirigés par l’opposant tchétchène Chamil Bassaïev et par le commandant Khattab, un islamiste jordanien, ont fait fuir les habitants et se sont retranchés. Dans la soirée, 600 militaires fédéraux se sont déployés face à eux.
dimanche 8 août
L’armée russe a bombardé en République autonome du Daghestan les villages conquis par les islamistes tchétchènes, dont les pertes sont peu importantes (une quarantaine d’hommes selon les autorités daghestanaises). Du côté russe, 4 hommes ont été tués et 17 blessés à la suite d’une fausse manœuvre d’un de leurs hélicoptères. Par ailleurs, un poste frontière de la région de Kizlar (nord du Daghestan) a été pris pour cible par des tirs venant du territoire tchétchène, sans faire de victimes. Le Daghestan a décrété l’état d’alerte générale et rappelé tous les officiers en vacances. Le Premier ministre russe Sergueï Stépachine s’est envolé pour le Daghestan sur ordre du président Eltsine. Le président tchétchène, Aslan Maskhadov, a fait savoir que les autorités officielles de Grozny n’avaient « aucun rapport avec les évènements au Daghestan ». Les combattants islamistes seraient selon un responsable daghestanais « des Tadjiks, des Ouzbeks, des Russes, des Arabes et quelques habitants du Daghestan ». Inspirés par l’islam puritain des « wahhabites » saoudiens, leur but serait d’établir la loi islamique (charia) au Daghestan.
Un ingénieur de Daimler-Chrysler Aerospace (Dasa) et un commerçant allemands, récemment arrêtés en Allemagne, sont soupçonnés d’avoir fourni à la Russie des documents sensibles sur un nouveau système de missiles équipant l’avion de combat européen Eurofighter. Ils auraient pu transmettre également d’autres documents, notamment sur les systèmes de défense des chars. Selon le député social-démocrate Wilfried Penner, cette affaire pourrait ne constituer que le sommet de l’iceberg d’une immense organisation d’espionnage industriel.
nuit du dimanche 8 au lundi 9 août
Les rebelles islamistes auraient profité de la nuit pour renforcer leurs positions au Daghestan.
lundi 9 août
Boris Eltsine a provoqué un mini-séisme politique en limogeant son Premier ministre nommé il y a moins de trois mois, Sergueï Stépachine, pour le remplacer par Vladimir Poutine, le chef des services secrets qui a été désigné comme le nouveau dauphin déclaré du président pour l’élection présidentielle de l’an 2000. Poutine a confirmé qu’il sera candidat lors de la cette élection.
Les affrontements entre l’armée russe et les rebelles islamistes se poursuivent dans le sud du Daghestan. Deux hélicoptères russes ont été détruits au sol, dans la matinée, à l’aéroport de Botlikh, par une rafale de tirs visant le général Anataoli Kvachnine, chef d’état-major des forces armées russes, qui était venu suivre l’avancée des opérations militaires. Il est sorti indemne de l’attentat. Mais, malgré leurs batteries d’artillerie longue portée et leurs hélicoptères de combat, les forces russes ne sont pas parvenues à faire reculer les assaillants. Dans la soirée, les rebelles se sont emparés d’un nouveau village, proche de la capitale du Daghestan, Makhatchkala, où les civils se sont réfugiés. Le maire de la ville, Saïd Amirov, a affirmé qu’il mettrait des camions à disposition des volontaires (500 ?) pour les transporter vers la zone des combats. Par ailleurs, le ministre géorgien de la Défense a annoncé qu’un avion russe avait bombardé Omalo, un village du nord de la Géorgie situé près de la zone des combats au Daghestan, blessant deux personnes. La Russie a démenti, indiquant qu’aucun avion de combat russe n’avait été envoyé au Daghestan.
mardi 10 août
Vladimir Poutine a promis de rétablir une situation normale au Daghestan « d’ici une semaine et demie à deux semaines ». Mais sur place, les islamistes ont annoncé la constitution d’un Etat islamique indépendant. Moscou a renforcé les mesures de sécurité dans les principales villes de Russie par crainte d’attentats islamistes. Mais le Kremlin cherche à calmer les esprits contrairement aux autorités daghestanaises. « Il faut utiliser tous les moyens (contre les islamistes) : aviation, artillerie, opération terrestre et faire appel à la population », a déclaré Moukhou Aliev, le président du Parlement daghestanais. Selon ces mêmes autorités daghestanaises, les islamistes utilisent la population masculine comme otages, tandis que femmes, enfants et vieillards fuient vers la capitale Makhatchkala.
mercredi 11 août
Selon le général russe qui commande les forces russes au Daghestan, l’opération menée par les troupes de Moscou contre les groupes islamistes « est presque terminée et devrait prendre fin ces derniers jours ». Les islamistes, « qui sont au moins 1 200, sont presque totalement encerclés ». Cet optimisme semble prématuré. Le célèbre chef de guerre tchétchène Chamil Bassaïev, a été nommé commandant des combattants du Daghestan.
Au Kosovo, une patrouille russe a été attaquée à coups de pierres par 500 manifestants à Dobrocane, et les Américains ont dû venir à sa rescousse.
jeudi 12 août
La Russie s’apprête à lancer « dans les prochains jours » une offensive décisive contre les islamistes qui occupent plusieurs villages du Daghestan. C’est ce qu’a annoncé le vice-ministre de l’Intérieur russe, Igor Zoubov.
vendredi 13 août
Moscou a lancé une offensive majeure pour venir à bout des combattants islamistes au Daghestan. Le Premier ministre Poutine a menacé de frapper les rebelles où qu’ils soient, y compris en Tchétchénie. Selon les islamistes, des forces russes seraient déjà entrées à Icherskaïa, dans le nord de la Tchétchénie.
Un soldat russe a été blessé par balles dans le sud-est du Kosovo. Il a été la cible d’un tireur embusqué et touché à l’épaule, alors qu’il était de garde à son camp. Un autre soldat russe avait été blessé à la jambe, la semaine dernière, dans des circonstances similaires. Chaque jour, la tension s’accroît un peu plus entre les Albanais et les Russes, accusés de protéger les Serbes.
nuit du vendredi 13 au samedi 14 août
Quatre soldats russes et trois islamistes ont été tués lors de combats qui sont concentrés dans le district de Botlikh (sud-ouest du Daguestan), d’après le ministère de l’Intérieur russe. Treize autres parachutistes russes, ainsi qu’un volontaire daghestanais ont été également blessés. Il ne reste que des groupes dispersés de combattants dans le district voisin de Tsoumada. Les islamistes auraient subi des pertes importantes. Le ministre russe des Affaires étrangères a souligné qu’il considérait comme de « l’ingérence » tout soutien aux rebelles. Les opérations militaires russes semblent bénéficier d’un soutien important au sein de la classe politique.
samedi 14 août
Les rebelles islamistes ont été mis en cause par les imams du Daghestan, lesquels sont « unanimes à réprouver l’apparition de sectes et des courants fondamentalistes ». Pour les religieux, « ceux qui combattent aujourd’hui sous le drapeau de l’islam font honte aux musulmans ». Les combats au Daghestan se sont fortement intensifiés, dans la soirée, dans la région de Botlikh.
nuit du samedi 14 au dimanche 15 août
Selon le ministère russe de l’Intérieur, 80 islamistes auraient été tués : une soixantaine ensevelis sous des pierres lors d’une embuscade, et une vingtaine surpris alors qu’ils venaient de Tchétchénie prêter main-forte aux rebelles. De leur côté, les Russes affirment avoir perdu au total 17 hommes.
dimanche 15 août
Le service des migrations du Daghestan évalue à au moins 8 000 le nombre des civils qui ont fui la zone des combats bombardée par les Russes. Les récentes déclarations offensives de Poutine, ont fortement déplu au président tchétchène, Aslan Maskhadov. Ce dernier affirme que ces déclarations témoignent de la volonté russe de faire échouer « les accords obtenus entre la Fédération de Russie et la république tchétchène » en août 1996. Il a donc décrété, pour un mois, l’état d’urgence en Tchétchénie, avec couvre-feu toutes les nuits et mise en état d’alerte des troupes.
lundi 16 août
Une semaine après sa désignation à la tête du gouvernement, Vladimir Poutine a obtenu de justesse la confiance de la Douma. Il a reçu 233 voix, soit 7 de plus que la majorité absolue, dès le premier tour (ses deux prédécesseurs avaient passé la barre des 300 voix). Même les partis les plus hostiles à Boris Eltsine avaient annoncé à l’avance leur intention de ne pas faire obstacle à la nomination de Poutine. Les députés ont surtout voulu éviter de remettre en cause le calendrier électoral. Dans son discours d’investiture, Vladimir Poutine s’est donné pour principal objectif « d’établir le calme et la sécurité dans le pays ». Il a affiché sa ferme volonté de ne pas céder aux séparatistes islamistes au Daghestan, affirmant que « l’intégrité territoriale de la Russie ne pouvait être mise en question ». Il a reconnu que la situation « a empiré » dans le Caucase du Nord (Tchétchénie, Ossétie du Nord, Ingouchie, Katachaïevo-Tcherkessie). Par ailleurs, le Premier ministre a confirmé son intention de garder le cap des réformes économiques. Il s’est aussi prononcé pour une diplomatie « plus offensive » dans la défense des minorités russes à l’étranger.
Au deuxième jour de la contre-offensive engagée par les forces russes contre les islamistes au Daghestan, leur commandant, le général Viktor Kazantzev, a affirmé qu’au moins 600 rebelles avaient été tués depuis le début des combats, il y a une dizaine de jours. Selon lui, la situation est à un tournant et la libération des localités occupées par la guérilla n’est « l’affaire que de quelques jours ». De son côté, Chamil Bassaïev s’est déclaré confiant dans une victoire contre les Russes, affirmant que ses troupes maîtrisent 14 villages. Les rebelles ont d’ores et déjà annoncé qu’ils avaient chargé un Daghestanais d’origine avare (la plus importante ethnie du pays) de former le gouvernement de « l’Etat islamique du Daghestan ». Ils ont menacé d’exécuter Vladimir Poutine, considéré comme principal responsable de l’opération menée contre eux. Fuyant les combats, 10 000 civils environ ont déjà afflué vers Makhatchkala et vers les rives de la Caspienne.
mardi 17 août
Boris Eltsine a conservé les principaux ministres du gouvernement précédent : à la Défense, aux Affaires étrangères, à l’Intérieur et à la tête des services secrets.
Les affrontements se poursuivent au Daghestan entre l’armée russe et les islamistes venus de Tchétchénie, mais les informations distillées par les deux camps ne peuvent être vérifiés. Les responsables tchétchènes ont accusé les troupes russes d’avoir fait une incursion sur leur territoire. Les islamistes annoncent, par ailleurs, qu’ils se préparaient à lancer une offensive et démentent les communiqués russes sur l’importance de leurs pertes. De leurs côtés, les Russes ont annoncé qu’ils détenaient dorénavant toutes les hauteurs et notamment le point stratégique de Kharani (à 2 177 mètres d’altitude) qui contrôle une route menant à la Tchétchénie. A Moscou, Boris Eltsine a annoncé qu’il n’abandonnera jamais le Caucase du Nord.
L’ex-Premier ministre russe Evgueni Primakov a annoncé qu’il prendrait la tête d’une liste constituée autour du parti de centre gauche du maire de Moscou Iouri Loujkov, en vue des législatives du 19 décembre. Primakov et Loujkov sont, d’après les sondages, les personnages les plus populaires de Russie. Par ailleurs, l’ex-Premier ministre Stepachine a décidé de présenter sa candidature aux législatives, à Saint-Pétersbourg.
Reprise à Moscou des négociations sur le désarmement nucléaire entre les Etats-Unis et la Russie (Start III). Au programme des discussions, également, la modification du traité sur les missiles anti-missiles (ABM).
mercredi 18 août
Match amical de football : à Minsk, la Biélorussie a été battue par la Russie deux buts à zéro. C’était la première fois que ces deux sélections s’affrontaient.
jeudi 19 août
L’armée russe a reconnu avoir perdu 18 hommes en 24 heures au Daghestan, ce qui porte à 40 ses pertes depuis le 7 août. La presse russe, qui considère ce chiffre comme fantaisiste (elle évoque 300 morts), affirme que les représentants de l’état-major « reconnaissent à mi-voix qu’il faudra six mois pour anéantir tous les groupes wahhabites (islamistes radicaux) à la frontière tchétchéno-daghestanaise ». Selon elle, l’envoi quotidien de forces spéciales russes en renfort montrerait que le nombre des insurgés a été sous-estimé.
Réunion entre le directeur de l’agence japonaise de défense (équivalent du ministère) et le commandant en chef de la flotte russe du Pacifique, à Vladivostok. La situation en Corée du Nord est au centre de la discussion.
Une mission du FMI s’est rendue à Moscou pour examiner la situation budgétaire et monétaire du pays. Cette délégation doit déterminer si un deuxième prêt de 640 millions de dollars est justifié.
Le New York Times révèle que la Bank of New York aurait blanchi 15 milliards de dollars provenant du crime organisé russe. Les comptes étaient ouverts au nom de la société Benex, fondée par le « parrain » Semion Moguilevitch.
vendredi 20 août
La guerre menée par l’armée russe contre les rebelles islamistes au Daghestan pourrait s’étendre à tout le Caucase du Nord, selon l’avis de Roustan Aouchev, le président de la république autonome d’Ingouchie. Sur le terrain, la guerre des communiqués fait rage. Moscou évalue à 600 le nombre d’islamistes tués depuis le début des troubles, alors que ceux-ci ne reconnaissent que 15 morts. A l’inverse, les combattants islamistes ont affirmé avoir tué 80 soldats russes dans cette seule journée, et avoir pris possession de cinq nouveaux villages au sud-ouest du Daghestan. Les Russes ont décidé de privilégier les bombardements. Ils ont ainsi pilonné des villages frontaliers entre le Daghestan et la Tchétchénie. Celle-ci a mobilisé ses réservistes pour creuser des tranchées à la frontière daghestanaise, afin d’éviter les incursions russes.
Au Kosovo, les Russes, mécontents de l’attitude occidentale, menacent de retirer leurs troupes de la province.
samedi 21 août
Le Premier ministre russe a reçu la bénédiction du chef spirituel des musulmans de Russie, le grand mufti cheikh Ravil Gaïnoutdin. Ce dernier a déclaré que « les gens armés qui sont arrivés dans la république du Daghestan n’ont rien à voir avec l’idée de la défense des principes islamiques ». Il a même assuré que « les imams de Russie vont apporter leur soutien aux musulmans du Daghestan qui mène la lutte contre les agresseurs » venus de la Tchétchénie voisine. Poutine doit rencontrer prochainement le Conseil des muftis de Russie. Sur le terrain, des milliers de volontaires daghestanais sont armés par les forces russes. L’aviation russe a procédé à 16 bombardements aériens au cours des dernières 24 heures. Moscou reconnaît 44 morts, 183 blessés et 8 disparus. Chamil Bassaïev a ordonné à ses troupes de quitter la zone de combats.
lundi 23 août
Les séparatistes islamistes du Daghestan auraient quitté les zones de combat des districts de Botlikh et Tsoumada pour d’autres positions, non précisées. La nouvelle a été diffusée par leur centre de presse de Grozny. Les Russes ont mis en doute cette information et poursuivi leur offensive. Le président de l’Ingouchie, Rouslan Aouchev, a proposé aux autres responsables du Caucase du Nord de se rencontrer le 25 août.
Devant Orahovac, où ils devaient prendre position, les premiers éléments de la force russe de la Kfor ont rebroussé chemin. Les habitants albanophones de cette ville du sud du Kosovo leur ont bloqué le passage par des « bouchons » de véhicules sur les trois routes d’accès à cette localité. La population refuse absolument la présence des soldats de Moscou. Elle a lancé un appel dans ce sens aux instances internationales et envoyé une délégation à Pristina pour faire entériner « la volonté du peuple ». Encadrés par l’UCK, les Albanais craignent que les Russes laissent échapper les criminels de guerre présumés appartenant à la minorité serbe (2 000 personnes). La population kosovare accuse même des mercenaires russes d’avoir participé aux atrocités commises dans la région par les Serbes. Les Russes ont assuré qu’ils différaient leur arrivée d’une journée.
mardi 24 août
Les Russes ont annoncé avoir repris le contrôle des deux dernières villes - Chodroda et Ansalta - encore tenues par la rébellion islamiste, dans le sud-ouest du Daghestan. De nombreuses maisons sont en flammes. Dans la soirée, des hélicoptères russes survolaient les montagnes à la recherche des combattants islamistes fuyant la zone. Le général Kazantsev affirme que toutes les localités reprises aux islamistes « repasseront sous contrôle des autorités civiles » le 31 août. Selon les Russes, les affrontements ont fait au total plus de 1000 morts dans les rangs rebelles et, officiellement, 59 morts et 210 blessés côtés russe. Plusieurs mois devraient être encore nécessaires pour « nettoyer » la zone de montagne frontalière de la Tchétchénie. Déjà, « entre 300 et 400 islamistes ont réussi à s’enfuir en Tchétchénie », indique le général Chamanov, l’un des commandants de l’opération russe.
mercredi 25 août
Le Corriere della Serra annonce que la Suisse détient des documents prouvant que Boris Eltsine et ses deux filles possèdent des comptes en Suisse, alimentés par la société Mabetex.
jeudi 26 août
Des crédits attribués à la Russie par le FMI auraient été blanchis après avoir transité par des banques new-yorkaises. Cette affaire porterait, suivant les sources, sur une somme comprise entre 200 millions et 10 milliards de dollars. L’enquête met en cause des responsables « anciens et actuels » du gouvernement russe et des membres de la famille du président Eltsine. La justice suisse, de son côté, a saisi trois cartes de crédit aux noms d’Eltsine et de ses deux filles, dont les comptes correspondants étaient alimentés par un entrepreneur albanais, Bexhet Pacolli, soupçonné de corruption. Selon le Kremlin, la famille Eltsine n’a pourtant « jamais ouvert de comptes bancaires à l’étranger ». Le procureur général de Russie, Iouri Skouratov, suspendu de ses fonctions par Eltsine depuis le 2 avril (il attend une décision du Conseil fédéral à ce sujet), a accusé « l’administration présidentielle » d’entraver son enquête sur la corruption au sommet du pouvoir.
vendredi 27 août
Le nouveau Premier ministre russe, Vladimir Poutine, en visite au Daghestan, s’est félicité de la rapidité de la victoire contre les rebelles islamistes. Moscou, a annoncé Poutine, « utilisera tous les moyens nécessaires pour lutter » contre ce qui reste des forces rebelles.
nuit du vendredi 27 au samedi 28 août
Après 13 ans de services spatiaux, la station Mir est vide. Ses derniers habitants, le Français Haigneré et deux spationautes russes, ont atterri dans les steppes du Kazakhstan, à bord d’un Soyouz. La station, laissée en configuration de vol, accueillera en février 2000 un ultime équipage russe. Il préparera sa « désorbitation », juste avant sa désintégration dans l’atmosphère, au-dessus de l’océan Pacifique.
samedi 28 août
L’enquête sur le blanchiment de l’argent russe par l’intermédiaire de banques occidentales a pris de l’ampleur avec la démission de Lucy Edwards, la directrice de la branche londonienne de la banque américaine Bank of New York. Par ailleurs, Mikhaïl Khodorovski, président de la compagnie pétrolière Ioukos, ex-dirigeant de la banque russe Menatep, a affirmé au New York Times que les mouvements sur les comptes de la Bank of New York étaient contrôlés par des responsables politiques russes.
dimanche 29 août
Une opération des forces fédérales russes a été lancée afin de reprendre plusieurs villages passés depuis un an sous le contrôle des extrémistes islamistes wahhabites au Daghestan, dans le district de Bouïanskak, à 50 kilomètres de la capitale.
La région de Sverdslovsk élit son gouverneur. Edouard Rossel, le gouverneur sortant, et Arcadi Tchernetski, le maire d'Iekaterinbourg, sont les deux favoris. Parmi les autres candidats, Andreï Brejnev, petit-fils de Leonid, et un certain Tornike Staline, retraité, qui n’a pas de lien de parenté avec Joseph.
Célébration dans la ville de Sarov, près de Nijni Novgorod, des 50 ans de la première explosion atomique soviétique. Le président de la Douma Guennadi Selezniov s’est adressé à un parterre de scientifiques, l’élite de la recherche atomique venue de toute la Russie.
Clôture des septièmes championnats du monde d’athlétisme à Séville. Les Etats-Unis se classent à la première place des nations avec 17 médailles, dont 10 en or, devant la Russie et l’Allemagne. Les Russes ont gagné 12 médailles, dont 5 en or : Viatcheslav Voronine (saut en hauteur), Maksim Tarasov (perche), Ilya Markov (20 km marche), Svetlana Masterkova (1 500 m F) et le relais 4 x 400 m F (Tatyana Chebykina, Svetlana Goncharenko, Olga Kotlyarova et Natalya Nazarova).
mardi 31 août
Une bombe a explosé vers 20 h dans un centre commercial de Moscou, proche de la place Rouge et du Kremlin. Une personne a été tuée et 40 autres blessées, dont 8 gravement. Quelqu’un aurait déposé une mallette avant de s’enfuir. Un tract a été retrouvé sur place. Signé par une « Union des écrivains révolutionnaires », il dénonce la société de consommation, annonce « une guérilla urbaine » aux fins de créer « une situation révolutionnaire ». Inconnue du grand public, cette organisation diffuse depuis quelques semaines sur Internet des appels à la violence et des déclarations teintées d’anarchisme et d’antisémitisme. Le ministre de l’Intérieur Vladimir Rouchaïlo, lui, a évoqué la piste daghestanaise. Le Premier ministre Poutine est plus prudent.
Les principaux suspects du Kremlingate, un Russe et un Kosovar albanais, nient en bloc être impliqués dans l’affaire de blanchiment de milliards de dollars qui éclabousse le président Eltsine et complique sérieusement les relations entre le FMI et la Russie. Considéré par les Américains comme le principal suspect dans le blanchiment de 15 milliards de dollars, l’homme d’affaires russe Semione Moguilevotch a qualifié de « clowneries » les accusations portées contre lui. Cet homme, considéré comme l’un des parrains de la pègre russe serait à la tête d’une fortune de 100 millions de dollars. Quant à l’homme d’affaires albanais Bexhet Pacolli, qui dirige une firme en Suisse, il dément lui aussi dans un quotidien hongrois avoir versé un million de dollars dans une banque de Budapest sur un compte appartenant à Eltsine.
début septembre
Le gouvernement russe a nommé discrètement un nouveau ministre des Sports, Boris Ivanioujenkov (33 ans), ancien champion de lutte et chef de gang de Podolsk, près de Moscou.
mercredi 1er septembre
Au Daghestan, un seul des trois villages de montagne conquis par les extrémistes wahhabites résiste encore aux forces russes. Celles-ci ont repris Kadar et Karamakhi. Deux leaders islamistes ont été arrêtés dans une région voisine ainsi qu’une vingtaine de leurs partisans.
Un ancien chef de la garde de Boris Eltsine, le général Alexandre Korjakov, a accusé, dans le journal italien Corriere della Sera, l’homme d’affaires Berezovski, proche du président russe et de sa famille, de lui avoir demandé de « tuer Loujkov ».
jeudi 2 septembre
Des islamistes du Daghestan ont revendiqué à Grozny l’attentat du 31 août qui a fait 41 blessés dans un centre commercial proche du Kremlin. Selon l’Armée de libération du Daghestan, « des actes terroristes auront lieu sur le territoire de la Russie tant que toutes les troupes russes n’auront pas quitté le Daghestan ». De son côté, le leader des Ecrivains révolutionnaires, auquel un tract a d’abord attribué l’attentat, a démenti toute implication.
Les forces russes sont entrées en milieu de journée dans le dernier fief des islamistes daghestanais, le village Tchabanmakhi.
Mikhaïl Zadornov, représentant russe auprès des institutions financières internationales, a annoncé sa démission.
du jeudi 2 au vendredi 3 septembre
Visite à Séoul du ministre russe de la Défense, Igor Sergueïev.
samedi 4 septembre
L’armée fédérale russe a bombardé intensivement Tchabanmakhi et ses alentours, dans le centre du Daghestan, pour en finir avec la dernière poche de résistance des islamistes. De source russe, depuis la reprise des opérations il y a une semaine, les forces fédérales auraient perdu 26 hommes et les islamistes une centaine. Dans la soirée, une puissante bombe a explosé dans un immeuble abritant quelque 70 familles de militaires à Bouïnaksk, à 50 kilomètres de Makhatchkala. Bilan : 64 morts et 102 blessés. Dans un autre quartier de Bouïnaksk, une autre bombe, de près d’une tonne, a été découverte cachée dans un camion près d’immeubles de l’armée.
Qualifications pour le championnat d’Europe de football 2000 : au stade Loujniki de Moscou, la Russie a battu l’Arménie deux buts (Bestchastnykh sur pénalty et Karpine) à zéro, devant 36 000 spectateurs.
nuit du samedi 4 au dimanche 5 septembre
2 000 combattants tchétchènes ont ouvert un nouveau front au Daghestan en s’emparant de huit villages du nord-ouest : Novolakskoïe, Chomïïa, Gamïïakh et Akhar, etc. Ces islamistes, menés par le Tchétchène Chamil Bassaïev, se sont affrontés aux garde-frontières et à la police. Des renforts russes ont été dépêchés sur place.
dimanche 5 septembre
Organe dirigeant du Daghestan, le Conseil d’Etat de Makhatchkala a voté une résolution demandant « au président Eltsine de prendre des mesures d’urgence pour garantir l’ordre constitutionnel dans la république ». La mobilisation générale a été décrétée, les réservistes rappelés et les administrations régionales chargées de mettre sur pied des unités d’autodéfense, pour défendre les points stratégiques comme les usines. Le Conseil d’Etat a appelé la population « à défendre le Daghestan y compris les armes à la main ». A l’appel du maire de la capitale, Saïd Amirov, les hommes commençaient à se rassembler dans l’après-midi sur la place centrale de Makhatchkala. Sur le terrain, des frappes aériennes ont eu lieu sur le nouveau front ouvert dans la nuit au nord-ouest du Daghestan. Les villageois se sont réfugiés à Makhatchkala, s’ajoutant aux vagues précédentes. Selon l’agence Interfax, il y a environ 10 000 réfugiés dans la capitale. Sur le front de Tchabanmakhi et de Karamakhi, dans le district de Bouïnaksk, les forces russes rencontrent une résistance acharnée des islamistes. Les bombardements ont repris. Le chef islamiste Khattab a menacé la Russie d’une guerre longue au Daghestan, affirmant pouvoir « combattre trente ans s’il le faut » pour créer, dans le Caucase, un « Etat unique, comme ce fut le cas sous l’imam Chamil » (au XIXe s.).
lundi 6 septembre
Les combats se poursuivent au Daghestan. A Novolaksoïe, une centaine de policiers, encerclés par les rebelles, ont dû faire appel à des commandos daghestanais et russes pour les libérer. Bilan : 14 morts dans les rangs des forces régulières, portant à plus de 60 le nombre des victimes de combats en 48 heures. Les Russes poursuivent leur pilonnage avec de l’artillerie lourde, notamment des « orgues de Staline », mais aussi avec des hélicoptères lance-missiles et des avions de chasse. Insuffisant pour stopper l’avancée des islamistes qui sont désormais aux portes de Khassaviourt, la deuxième ville du pays. Plus au sud, d’intenses combats se déroulent dans les fiefs islamistes de Kharamakhi et Tchabanmakhi. L’aviation russe a aussi bombardé cinq villages tchétchènes, situés dans la zone frontalière d’où venaient les islamistes. 45 personnes, dont une quinzaine d’enfants, y auraient été tuées, selon les autorités tchétchènes.
Trois Serbes du Kosovo ont été tués dans la matinée à Korminjane (dans le secteur de Gnjilane) par les forces russes chargées de ce secteur, lors d’affrontements entre Serbes et Albanais qui ont également coûté la vie à un Albanais.
L’attentat du 31 août pourrait être lié à huit autres explosions criminelles commises à Moscou depuis six mois. Telle est la thèse des services secrets russes, dont le champ d’investigation semble s’élargir de jour en jour.
mardi 7 septembre
Boris Eltsine a piqué une grosse colère contre les militaires, accusés de « négligences » dans la lutte contre les islamistes au Daghestan. Le président russe les a sommés de frapper « vite et fort » pour mettre fin à la rébellion qui secoue le Caucase depuis un mois. Il y a effectivement urgence : les islamistes sont entrés dans les faubourgs de Khassaviourt, la deuxième ville de la province.
mercredi 8 septembre
Des combats acharnés ont opposé les forces russes aux rebelles islamistes au Daghestan, faisant plusieurs dizaines de morts. A Karamakhi, notamment, où les forces fédérales tentent depuis plus de deux semaines de réduire les positions tenues par les wahhabites. Dans la matinée, les Russes annonçaient avoir repris une « hauteur stratégique », mais Chamil Bassaïev a démenti. Moscou a décidé d’envoyer de nouveaux renforts, alors que de nouvelles forces séparatistes sont massées à la frontière tchétchène.
Eliminatoires de l’Euro de football 2000 : au Stade comunal d’Aiwovall, Andorre a été battue par la Russie deux buts (Onopko deux fois) à un (Justo Ruiz sur pénalty), devant 1 000 spectateurs.
nuit du mercredi 8 au jeudi 9 septembre
Peu après minuit, un immeuble de huit étages a été soufflé par une explosion dans le quartier ouvrier de Petchatniki, au sud-est de Moscou. 93 personnes ont été tuées. Les enquêteurs privilégient la piste terroriste.
jeudi 9 septembre
Dans la matinée, l’agence de presse russe Interfax a reçu un appel anonyme. Un homme parlant avec un fort accent caucasien a revendiqué l’explosion de la nuit, affirmant qu’il s’agissait d’une réponse aux opérations militaires menées par les forces russes en Tchétchénie et au Daghestan.
Alexandre Lebed, gouverneur d’une province de Sibérie, a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de juillet 2000.
Au plus fort de la campagne électorale abkhaze, le Premier ministre russe a signé la levée du blocus sur la frontière entre l’Abkhazie et la Géorgie. Tbilissi avait pourtant menacé, en cas d’abandon des sanctions contre l’Abkhazie, d’adopter « les mesures qui s’imposent sur sa frontière avec la Tchétchénie ».
vendredi 10 septembre
A propos de l’attentat d’il y a deux jours à Moscou, deux suspects, qui pourraient être liés aux commerces du rez-de-chaussée, ont été arrêtés.
samedi 11 septembre
Le président tchétchène Aslan Maskhadov a décrété la mobilisation générale. « On peut dire que la guerre a déjà commencé en Tchétchénie », a-t-il ajouté. Le président tchétchène a appelé « tous ceux qui le peuvent à prendre les armes » et à transformer « chaque village en forteresse ». Les avions russes bombardaient depuis quelques jours des villages tchétchènes proches de la frontière, faisant 150 morts. Maskhadov a affirmé avoir demandé au général Lebed d’intervenir dans la crise. Pendant ce temps, les combats se poursuivent au Daghestan. Plus de 40 soldats russes auraient été tués en 24 heures.
dimanche 12 septembre
Les Russes auraient repris deux villages islamistes au Daghestan, Karamakhi et Tchabanmakhi. Depuis un an, ces deux bourgs, qui ne reconnaissaient plus l’autorité centrale daghestanaise, avaient adopté la charia (loi de l’islam). Dans l’ouest du pays, chacun semble regrouper ses forces après de lourds combats. En Tchétchénie, l’aviation russe a bombardé plusieurs villages frontaliers.
Hospitalisée en juillet pour une leucémie aiguë à Münster, en Allemagne, Raïssa Gorbatchev a été victime d’un accident circulatoire.
lundi 13 septembre
Un nouvel attentat à l’explosif a frappé Moscou à l’aube, faisant 70 morts et plusieurs dizaines de blessés. Après s’être rendu sur les lieux de l’attentat, le maire de Moscou Iouri Loujkov a été reçu par un président Eltsine à l’élocution difficile. Des mesures spéciales de surveillance des grandes villes devraient être mises en place à travers le pays. Les points stratégiques vont faire l’objet d’une attention particulière, et notamment les aéroports, les gares, le métro, les centrales nucléaires. De Nouvelle-Zélande, où il se trouve en visite, le Premier ministre Poutine a affirmé qu’ « à Moscou, il y a 30 000 habitations et elles seront toutes sous contrôle ». Poursuivant la « piste tchétchène », l’enquête dresse un parallèle entre les deux dernières explosions. Les responsables de la guérilla islamiste du Daghestan ont démenti toute implication. Dans la soirée, le maire de Moscou a annoncé l’arrestation de deux suspects. Le ministre de l'Intérieur a fait appel à la coopération de pays ayant l’expérience du terrorisme, et notamment Israël, les Etats-Unis et la France.
mardi 14 septembre
Trois suspects ont été arrêtés à Moscou dans le cadre de l’enquête sur les attentats qui ont fait plus de 210 morts dans la capitale russe. Non loin du dernier attentat, la police a découvert « juste à temps », selon le ministère de l’Intérieur, une nouvelle charge prête à exploser dans un immeuble. De nombreux témoignages ont permis aux forces de sécurité de saisir un stock de près de 3 800 kg d’explosifs dans une cache. Faisant état de « plusieurs sources », le ministre de l’Intérieur, qui privilégie la piste du terroriste islamiste, craint maintenant des attentats « dans plusieurs villes de Russie ».
mercredi 15 septembre
Jamais encore la police russe n’avait déployé un tel zèle à Moscou. Les récents attentats meurtriers ont mobilisé 24 000 hommes qui procèdent sans relâche à de multiples contrôles. Depuis le 9 septembre, plus de 18 000 perquisitions ont été effectués, permettant l’arrestation de 134 personnes recherchées et la découverte de plus de 16 000 en situation irrégulière. La police a pu confisquer 289 armes à feu et près de 4 000 cartouches. La police a aussi la main sur 1,8 tonne d’explosifs. De nouvelles menaces ont été lancées par l’ « Armée de libération du Daghestan », qui, en revendiquant une nouvelle fois les attentats précédents, a annoncé que « des actes terroristes auront lieu sur le territoire de la Russie tant que toutes les troupes russes n’auront pas quitté le Daghestan. La police de Saint-Pétersbourg a décidé, elle, de prendre des mesures préventives. Des lignes téléphoniques spéciales ont été ouvertes pour permettre aux habitants de signaler tout ce qui leur paraît suspect. De son côté, Chamil Bassaïev dément être lié à ces attentats.
jeudi 16 septembre
Une explosion, la cinquième en 15 jours, a tué 17 personnes à Volgodonsk, une ville de 200 000 habitants située dans le sud-est de la Russie. 330 personnes ont été blessées, dont 70 hospitalisées. C’est un camion piégée qui a sauté peu avant 6 h du matin. 43 autres maisons ont été endommagées. Selon le Premier ministre Poutine, les responsables de tous ces attentats se sont retranchés dans la république tchétchène. Et Boris Eltsine a ordonné un renforcement de la frontière avec la Tchétchénie. Le Premier ministre russe a signé un décret pour renforcer encore, d’ici à trois jours », la surveillance des lieux publics et stratégiques. Il demande aux administrations locales de former des groupes de protection. Les milliers de contrôles qui se poursuivent ont permis des coups de filet inespérés. 3,5 tonnes d’explosifs ont été découverts entreposés au milieu de sacs de sucre dans un entrepôt du sud de Moscou. Selon la police, six attentats à la bombe ont été évités de justesse. Les deux principaux suspects, dont les portraits robots ont été largement diffusés, sont toujours introuvables.
Sans préciser davantage ses intentions, Boris Eltsine a donné l’ordre de renforcer la frontière avec la Tchétchénie. Par ailleurs, il a signé un oukase interdisant l’envoi des conscrits ayant moins d’un an de service militaire dans les zones de combat ; mais l’armée passe outre.
Le Parlement du Daghestan a voté une loi interdisant « toute organisation se réclamant du wahhabisme et tout autre organisation extrémiste ».
Les députés tcherkesses de la république caucasienne de Karatchaevo-Tcherkessie ont décrété que la Tcherkessie devenait territoire autonome au sein de la Russie. Cette république est en proie à des troubles depuis l’élection à la présidence, à la mi-mai, du général Séménov, un Karatchaï contesté par la minorité tcherkesse.
Des chasseurs américains ont intercepté deux bombardiers russes qui s’étaient approchés des côtes de l’Alaska. Ils en étaient tout de même encore à 320 kilomètres…
vendredi 17 septembre
La police russe affirme avoir identifié le cerveau des attentats qui ont fait 210 morts à Moscou, les 9 et 13 septembre. Il s’agirait d’un Caucasien, Atchémez Gotchaïev, originaire de Karatchaïevo-Tcherkessie, adepte du wahabbisme. Agé de 29 ans, il circulerait avec le passeport d’un homme décédé depuis plusieurs mois. C’est lui qui aurait loué des locaux commerciaux au rez-de-chaussée des immeubles détruits par les attentats. Ces attentats, tout comme ceux de Volgodonsk et de Bouïnask, ont été préparés suivant des plans très professionnels. Leurs auteurs auraient été formés à l’école islamique de Naberejnie Tcheini, dans la république russe du Tatarstan, puis dans le camp du commandant Khattab en Tchétchénie. Une trentaine d’arrestations ont été opérées à Moscou et plusieurs tonnes d’explosifs saisis lors des opérations de surveillance. La piste islamiste est désormais la seule suivie par les enquêteurs.
samedi 18 septembre
Des unités motoristes de l’armée russe ont pénétré en Tchétchénie pour la première fois depuis la guerre de 1996. L’aviation russe a aussi bombardé le pays, des villages selon Grozny, des bases de combattants selon Moscou. Par ailleurs, deux bataillons supplémentaires russes sont arrivés en Ingouchie.
nuit du samedi 18 au dimanche 19 septembre
Les avions russes ont effectué 50 sorties sur la Tchétchénie : 20 morts et 50 blessés.
dimanche 19 septembre
L’armée russe a encore intensifié le bouclage du territoire tchétchène, en concentrant quelque 30 000 hommes à sa frontière avec le Daghestan. Un troisième bataillon russe est arrivé en Ingouchie, venu d’une base militaire d’Ossétie du Nord. L’aviation russe, quant à elle, poursuit ses bombardements intensifs sur ce qu’elle appelle « des concentrations de troupes et des bases de combattants » islamistes en Tchétchénie. Elle affirme avoir ainsi tué 140 islamistes lors des derniers raids. Selon le gouvernement de Grozny, ces frappes visent avant tout, sinon exclusivement, des villages de civils qui n’ont rien à voir avec le terrorisme. Depuis le début des bombardements russes, le 5 septembre, ils sont plus de 200 à avoir payé de leur vie cette répression aveugle. Le gouvernement tchétchène, qui nie toujours pouvoir contrôler les rebelles islamistes installés chez elles, a ordonné la préparation de tous les abris antiaérien de la capitale et des principales agglomérations (Chali, Goudermès, Ourous-Martan…). Des combattants tchétchènes creuseraient même déjà des tranchées le long de la frontière russe, dans la région de Stavropol, afin de préparer une ligne de défense.
lundi 20 septembre
L’aviation russe a poursuivi ses bombardements sur des villages tchétchènes considérés comme bases des rebelles islamistes responsables des attentats terroristes qui ont frappé Moscou. Selon Grozny, ces derniers bombardements ont fait 3 morts, portant à 250 le bilan des victimes civiles. Chamil Bassaïev a réaffirmé qu’il n’était pour rien dans les attentats qui ont secoué la Russie, mais qu’il n’avait pas l’intention de rester les bras croisés plus longtemps : « le bataillon des Martyrs de la foi va faire parler de lui… ». L’état-major des forces armées russes a réagi en annonçant qu’une intervention terrestre en Tchétchénie n’était désormais plus à exclure. La nouvelle de cette intervention russe sur ses frontières accentue singulièrement le climat de fin de règne qui s’est installé à Moscou avec la multiplication des attentats. Depuis une bonne semaine, tous les médias de la capitale russe brassent la rumeur d’une démission « imminente » de Boris Eltsine au plus bas dans les sondages. L’administration présidentielle se contente de parler de « délire ». Le président tchétchène, Aslan Maskkadov, a été reçu dans la soirée par ses homologues d’Ossétie du Nord et d’Ingouchie ; qui l’ont pressé de rencontrer Boris Eltsine pour l’entretenir de la situation dans le Caucase.
Exercices conjoints des forces navales russes et japonaises, au large des côtes nippones, dans le cadre de la coopération en cas d’incidents maritimes et de catastrophe naturelle.
Raïssa Gorbatchev, l’épouse de l’ancien chef de l’Etat soviétique, est morte dans la matinée dans une clinique de Münster, en Allemagne, où elle était traitée depuis la fin de juillet pour une leucémie. Elle était âgée de 67 ans.
La 15e étape du Tour d’Espagne cycliste (La Sénia-Valence) a été gagnée par le Russe Viatcheslav Ekimov.
mardi 21 septembre
Le gouvernement russe a entièrement payé les arriérés de retraites conformément aux instructions du président Eltsine. Le montant minimal des retraites, 120 francs, est inférieur au minimum vital, 240 francs. Le Premier ministre Poutine a assuré que l’augmentation des retraites et leur indexation sur l’inflation constituaient l’un de ses objectifs majeurs.
Dans la soirée, la Russie a mis en place le « cordon sanitaire » pour isoler la Tchétchénie. Les 540 kilomètres de la frontière commune sont contrôlés par d’importants effectifs militaires.
Quatre Iraniens, quatre Pakistanais et deux Turcs, accusés de propager des « idées islamistes extrémistes », ont été expulsés du Daghestan et du Tatarstan. Ils avaient été interpellés lors des opérations de police lancées dans toute la Russie après les récents attentats.
mercredi 22 septembre
La presse russe estime à 50 000 l’effectif des hommes mobilisés dans le cadre du blocus de la Tchétchénie. Toutefois, l’envoyé du Kremlin en Ossétie du Nord et en Ingouchie, a expliqué qu’on ne « peut promettre que la frontière sera imperméable à 100 % ». Pas question pour autant, officiellement du moins, de faire intervenir les troupes fédérales sur le sol tchétchène, comme la rumeur en cour avec insistance à Moscou. Pour l’armée russe, une nouvelle confrontation en Tchétchénie ferait ressurgir ce qu’elle appelle pudiquement « le facteur musulman » : ses recrues musulmanes refusent de se battre contre leurs coreligionnaires. Pour autant, la presse russe fait état d’un projet d’incursion imminente de l’armée sur le territoire tchétchène, mais le Premier ministre Poutine a démenti ses rumeurs.
La Russie n’accepte pas la création, le 20 septembre, du Corps de protection du Kosovo, issu de la démilitarisation de la guérilla indépendantistes kosovare UCK. Elle refuse d’assumer les « conséquences négatives » de cet « acte politique irréfléchi ».
jeudi 23 septembre
L’armée russe a fait un pas supplémentaire dans son offensive contre la Tchétchénie. Son aviation a bombardé Grozny, la capitale, pour la première fois depuis la fin de la guerre. Cette attaque aérienne a été menée en deux temps : d’abord sur l’aéroport, située à 5 kilomètres du centre-ville, causant la mort d’une personne. Puis une dizaine de missiles ont été tirés dans le quartier de Zolotskoi, au sud-ouest de Grozny, qui regroupe une raffinerie et des stockages de pétrole. Cinq ouvriers travaillant sur les lieux ont été tués et plusieurs maisons proches ont brûlé dans l’incendie qui s’est propagé au-delà des installations. Selon l’état-major des forces fédérales russes, les frappes contre l’aéroport de Grozny visaient des entrepôts d’armes et une station-radar. L’aviation russe a aussi poursuivi ses bombardements de villages. Trois d’entre eux ont été touchés dans l’est du pays, la région de Vedeno. Au total huit morts sont annoncés par les autorités tchétchènes. Le porte-parole des services secrets russes a confirmé que la piste tchétchène était privilégiée pour retrouver les auteurs des récents attentats en Russie.
Les obsèques religieuses de Raïssa Gorbatchev ont eu lieu au monastère de Novodietvitchie, à Moscou.
vendredi 24 septembre
La Russie a poursuivi ses vagues de bombardement aérien contre la zone industrielle de Grozny, faisant 23 victimes au moins. Dans la soirée, lors de la troisième vague de bombardements, deux entrepôts de pétrole ont été touchés. Selon la présidence tchétchène, la campagne de bombardements russes lancée le 5 septembre a déjà fait plus de 300 morts et 15 000 réfugiés. De son côté, la presse russe continue à s’interroger sur une possible intervention terrestre. Moscou laisse entendre que ses troupes sont prêtes à entrer en Tchétchénie.
Dans une déclaration commune aux Nations unies, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité estiment qu’ « il est vital de renforcer la coopération internationale pour lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes ». La Chine, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et la Russie appellent donc tous les pays membres de l’ONU à « refuser le droit d’asile aux terroristes » qui ont préparé, financé ou exécuté des attentats.
samedi 25 septembre
La Russie a poursuivi ses bombardements sur la Tchétchénie pour la troisième journée consécutive. Des raids aériens sur Grozny et ses environs ont fait au moins 10 morts et détruit des infrastructures stratégiques de communication. Les installations de la télévision tchétchène « ont cessé d’exister », s’est réjoui un commandant de l’armée de l’air russe.
Les ministres des Finances du G7, réunis à Washington, ont décidé de conditionner les prochains versements des crédits du FMI à la Russie à l’amélioration des contrôles internes de la banque centrale russe et à un audit externe sur la gestion de ses réserves. Ceci afin de lutter contre la corruption et le blanchiment d’argent, qui détournent les aides de leur objectif.
dimanche 26 septembre
Le ministre russe de la Défense a réaffirmé que l’objectif premier des Russes est « d’anéantir les bandits. Nous avons plusieurs versions d’un plan d’opération terrestre qui seront appliquées en fonction de la situation ». De son côté, le commandant en chef de l’armée de l’air assure que les bombardements, notamment sur Grozny, « peuvent se poursuivre encore un mois ».
Le commandant en chef de l’armée de l’air russe accuse les avions de l’OTAN de s’approcher de l’espace aérien russe « bien plus près que la limite de 50 kilomètres prévue par les conventions internationales ». Moscou estime que l’Alliance atlantique commet ainsi 15 à 25 infractions quotidiennes.
lundi 27 septembre
Les bombardements russes sur Grozny et la zone frontalière avec le Daghestan ont fait 50 morts et plus de 200 blessés. Un conteneur de 60 tonnes avec des déchets radioactifs a été détruit dans une usine de Grozny, contaminant « plusieurs personnes ». Les avions russes ont également partiellement détruit une raffinerie de pétrole qui a pris feu. Le gouvernement tchétchène parle d’une vraie « catastrophe écologique ». Les bombardements russes ont endommagé ces derniers jours cinq sites pétroliers et gaziers et plus de 11 000 tonnes de pétrole brut et 1,5 million de mètres cubes de gaz brûlent chaque jour. Malgré les bombardements, des centaines de Tchétchènes se tenant par la main ont défilé à Grozny « contre les bombardements et l’extermination de populations civiles ».
mardi 28 septembre
Grozny est bombardé pour le sixième jour consécutif. Une école et 15 maisons ont été détruites dans la banlieue de la capitale tchétchène. Des dizaines de milliers de civils fuient la Tchétchénie pour se réfugier en Ingouchie. Les Russes, qui contrôlent la frontière, laissent passer les femmes et les enfants, à pied, mais pas les hommes. L’Ingouchie a demandé l’aide du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
mercredi 29 septembre
L’aviation continue ses bombardements sur la Tchétchénie. Le Premier ministre russe a dit à quelles conditions il serait prêt à engager le dialogue avec Grozny : condamnation du terrorisme, livraison des criminels islamistes, volonté de libérer la Tchétchénie des bandes organisées. En réponse, le président tchétchène, Aslian Maskhadov a confié la défense du front est (frontalier avec le Daghestan) à Chamil Bassaïev, l'ennemi juré de Moscou., alors que jusqu’à présent, Maskhadov prétendait n’avoir rien à voir avec les agissements de son ex-Premier ministre. Les Tchétchènes veulent surtout montrer qu’ils préparent la défense de leur territoire pour le cas où Moscou enverrait ses troupes.
jeudi 30 septembre
Selon les services de presse de la présidence tchétchène, à Grozny, des blindés russes ont pénétré à deux reprises en Tchétchénie et se sont retirés peu après sans avoir affronté les forces gouvernementales. L’aviation russe, elle, a poursuivi ses bombardements, faisant 14 morts, toujours selon la présidence tchétchène. A Kiev, en Ukraine, dix ministres de l’Intérieur des pays de la CEI se sont réunis pour mettre au point une stratégie antiterroriste contre les « rebelles islamistes ».
en septembre
Elu en avril (ou mai) dernier président de la République de Karatchaevo-Tcherkessie, Vladimir Semenov, un Karatchaï, ne fait que s’installer aujourd’hui à la Maison du gouvernement. La plupart des Adyghéens qui y travaillent, jusqu’aux femmes de ménage, cessent d’y mettre les pieds.
nuit du jeudi 30 septembre au vendredi 1er octobre
Les chars russes sont entrés en Tchétchénie, en provenance du Daghestan et du territoire russe de Stavropol. Progressant lentement, il ne rencontre aucune résistance.
vendredi 1er octobre
A la mi-journée, les blindés russes ont réussi à progresser d’une vingtaine de kilomètres et se sont déployés sur un front d’une centaine de kilomètres, sans aucun affrontement depuis leur entrée dans le pays. En fin de journée, pourtant, un premier accrochage aurait fait dix morts côté russe. Les Tchétchènes ont entrepris de creuser des tranchées. Les Russes font de même. Dans une déclaration à la télévision russe, le Premier ministre Vladimir Poutine a fait savoir qu’il ne reconnaissait plus la légitimité du président tchétchène, Aslan Maskhadov, ni celle de son Parlement. Tous les experts militaires russes s’interrogent pourtant sur le but réel et la portée de cette offensive terrestre qui défie les lois du genre. Par ailleurs, un photographe français de 31 ans a été enlevé en Tchétchénie.
samedi 2 octobre
Dans la matinée, les premiers blindés russes sont effectivement entrés en territoire administratif tchétchène. Les affrontements se sont déroulés dans le nord du pays, près de la frontière du Daghestan, dans les villages de Roubiejnoïe, Ichtcherskaïa, Tchernokosovo, Alpatovo et Savelievskaia. Deux missiles russes ont été tirés vers 18 h sur la place centrale d’Ourous-Martan, la troisième ville de Tchétchénie, tuant cinq personnes. La mosquée et l’Institut islamique ont été endommagés. La banlieue de cette ville a également été touchée.
dimanche 3 octobre
Les forces russes ont poursuivi leur installation en Tchétchénie et les combats avec les forces tchétchènes qui organisent leur résistance. Celles-ci auraient, selon elles, tué une soixantaine de soldats russes et détruit une quinzaine de blindés. Des chars russes basés en Ingouchie ont ouvert le feu sur des positions tchétchènes à Bamut, dans l’ouest du pays. Les bombardements aériens et le début de l’offensive terrestre russe ont déjà tué 600 civils, ont annoncé les autorités tchétchènes. 110 000 habitants ont fui le pays et se sont réfugiés en Ingouchie voisine où les forces spéciales russes ont procédé, selon l’agence France Presse, à des tirs d’artillerie contre des mini-raffineries. Le président tchétchène a mis au défi les Russes de lui montrer les bases de terroristes qu'ils pourchassent. Il s’est dit prêt à accueillir des « forces de maintien de la paix ». Le président Eltsine est rentré dans l’après-midi au Kremlin où il a rencontré les responsables de la Défense.
Les huitièmes championnats du monde de semi-marathon sont organisés à Palerme, en Sicile, avec 193 athlètes venus de 48 pays. Nette domination des Kényans qui remportent trois des quatre médailles d’or. La Russie est classé cinquième nation avec une médaille de bronze (course féminine par équipes).
lundi 4 octobre
Boris Eltsine a reçu Vladimir Poutine pour lui dire à quel point il est « préoccupé par le déroulement de l’opération antiterroriste » lancée par la Russie en Tchétchénie. Les combats du jour se déroulent à moins de 20 kilomètres de Grozny, dont les habitants ont dû à réapprendre à vivre sans eau, sans gaz et sans électricité. De son côté, Moscou admet avoir perdu des hommes depuis le début de l’opération, il y a quatre jours.
mardi 5 octobre
Maskhadov a décrété la loi martiale « suite à l’agression russe ». Non content de ce décret qui subordonne toute l’économie de la Tchétchénie aux nécessités de la guerre, le président tchétchène a également demandé aux autorités religieuses d’appeler la population à la guerre sainte. Pour Moscou, qui a reconnu avoir déjà perdu un chasseur et un bombardier, il ne s’agit toujours pas d’une guerre. Pour Vladimir Poutine, il s’agit d’une « affaire exclusivement intérieure » à la Russie. Les députés l’ont suivi sur cette voie en manifestant leur appui au gouvernement dans ses efforts pour « détruire les nids de terrorisme ». Mais ils l’ont mis en garde contre les erreurs de 1995. Le Premier ministre a annoncé que les Tchétchènes qui ont fui les combats (118 110, selon les chiffres officiels) seraient renvoyés, avec la promesse d’une aide financière, « dans les territoires de la république de Tchétchénie revenus sous le contrôle des forces fédérales. Dans ces territoires, les salaires et les retraites seront payés ». Le HCR a fait savoir qu’un premier convoi d’aide était parvenu aux Tchétchènes déplacés en Ingouchie.
mercredi 6 octobre
Les Tchétchènes ont abandonné le tiers de leur territoire aux forces russes. Les derniers bombardements ont fait 48 morts, accélérant l’exode de la population. La république voisine d’Ingouchie s’est déclarée « asphyxiée » par l’afflux de réfugiés. Ils seraient plus de 150 000 à avoir passé la frontière.
Ouverture à Vienne, dans le cadre du CTBT, de la conférence sur le désarmement. Sur les 44 pays concernés, 24 ont signé et ratifié le traité, 21 l’ont signé mais pas ratifié (dont la Chine, les Etats-Unis et la Russie) et 3 ne l’ont pas signé (Corée du Nord, Inde, Pakistan). Sans la signature de ces 6 pays, le traité ne peut pas entrer en vigueur, aussi ont-ils été fermement priés de le ratifier.
jeudi 7 octobre
Un gouvernement tchétchène pro-russe a été formé à Moscou par des « députés » élus en 1996. Ce gouvernement en exil comporte 23 membres dont la plupart sont toujours recherchés par les autorités de Grozny pour « complicité lors de l’occupation russe et aide à l’agression et au génocide ». Le procureur adjoint de Tchétchénie a ajouté que « s’ils reviennent, ils seront arrêtés ». Sur le terrain, Moscou intensifie encore ses opérations militaires aériennes et terrestres. Au cours des dernières 24 heures, plus de 15 000 Tchétchènes ont cherché refuge en Ingouchie. Le président ingouche, Rouslan Aouchev, estime que son pays est « au bord de la catastrophe humanitaire ». D’autre part, le gouvernement russe vient d’octroyer l’équivalent de 965 millions de francs au complexe militaro-industriel pour soutenir son effort de guerre. Par ailleurs, une « troïka » européenne a rencontré le ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, pour lui proposer ses bons offices dans le conflit en cours en Tchétchénie, ce qui a été refusé par Moscou.
vendredi 8 octobre
Les combats se poursuivent en Tchétchénie avec une rare violence. L’armée russe, qui contrôle, le tiers nord du pays, se heurte à une tactique déjà éprouvée par les combattants tchétchènes lors de la guerre d’indépendance (1995-1996). Cette tactique de la « défense active » consiste à porter des coups sévères à l’ennemi puis à se retirer. A l’aube, cette tactique utilisée près d’Ichtcherskaïa auraient fait environ 200 morts, selon les autorités tchétchènes. Officiellement Moscou ne concède que quatre morts. Grozny propose un « plan de règlement en trois points : arrêt immédiat des combats, retrait des troupes russes et ouverture de négociations politiques ». Le Premier ministre russe a répondu qu’il ne négociera que « lorsque les troupes russes auront accompli leur mission ». En attendant, les Tchétchènes continuent à fuir en masse pour chercher refuge dans les républiques voisines.
samedi 9 octobre
En 24 heures, environ 260 militaires russes auraient été tués par les indépendantistes tchétchènes. Le ministère russe de la Défense n’a reconnu que 7 morts et 37 blessés. Dans plusieurs localités, les combats font rage : à Goragorski, notamment, dans le nord-ouest de la Tchétchénie, où les troupes russes sont confrontées à « une armée tchétchène bien équipée et professionnelle ». Les Russes ont l’ordre de prendre la ville pour poursuivre leur avance vers Grozny. Le Premier ministre russe a annoncé l’extension de la « zone de sécurité » à d’autres parties de la Tchétchénie et en qualifiant cette opération de « première étape ». De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, a admis que les bombardements russes avaient fait des victimes.
Boris Eltsine a été hospitalisé dans la matinée pour une grippe accompagnée d’une forte fièvre. La durée de son hospitalisation n’a pas encore été déterminée, mais le Kremlin a démenti les rumeurs d’une prochaine intervention chirurgicale sur le président, ce qu’a affirmé le quotidien Segodnia.
Derniers matchs des qualifications pour le championnat d’Europe de football 2000 : au stade Loujniki de Moscou, la Russie et l’Ukraine ont fait match nul un à un (Karpine pour les Russes, Chevtchenko pour les Ukrainiens), devant 78 600 spectateurs. Troisièmes du 4, les Russes ne sont pas qualifiés pour la phase finale.
dimanche 10 octobre
La Russie a fortement accru sa pression sur la Tchétchénie, le ministre russe de la Défense s’affirmant prêt à reprendre Grozny. Le pays tchétchène a subi les plus violents bombardements depuis un mois. Depuis l’Ossétie du Nord et l’Ingouchie, l’artillerie russe a notamment frappé les abords de Barmout, au sud-ouest de Grozny. De source tchétchène, ces attaques auraient tué 32 civils. Les troupes russes ont tenté une percée dans l’ouest du pays. Mais des groupes tchétchènes continuent de harceler les forces fédérales à l’intérieur même de la zone tampon qui couvre un tiers du territoire de la république, au nord du fleuve Terek. Grozny annonce que 475 soldats russes ont été tués depuis plus d’une semaine.
Une fusée ukrainienne Zenit, lancée de la plate-forme flottante Sea Launch, a réussi son premier tir commercial dans le Pacifique. Succès pour le consortium regroupant des sociétés américaine, norvégienne, russe et ukrainienne.
L’Irak aurait acheté à la Russie environ 70 photos satellite de plusieurs pays voisins, dont l’Iran, l’Arabie Saoudite, la Syrie et la Turquie, selon le Sunday Telegraph. Elles permettraient à Bagdad d’orienter ses missiles. Ces vues, affirme le journal britannique, auraient été livrées le mois dernier, sur CD-Rom, dans le cadre d’un accord conclu lors de la visite d’une délégation irakienne à Moscou.
Clôture des championnats du monde de cyclisme sur route, organisées par l’Italie à Trévise et à Vérone. L’Italie se classe meilleure nation, devant le Canada et l’Espagne. La Russie est neuvième avec deux médailles d’argent et une de bronze.
lundi 11 octobre
Vladimir Poutine a déclaré que Moscou était prêt à négocier avec le président tchétchène, Aslan Maskhadov, à condition que celui-ci livre d’abord « les terroristes » dont la présence en Tchétchénie justifie l’intervention russe. Pour sa part, le chef de guerre Chamil Bassaïev menace de passer à « l’action ».
mercredi 13 octobre
Chamil Bassaïev a déclaré que le président Maskhadov l’a « nommé commandant en chef du front est ». Il « collabore donc avec les troupes régulières de la présidence tchétchène ». Il a dit aussi combattre en Tchétchénie « pour la libération de la République du joug impérialiste russe » avec des mercenaires étrangers dont le nombre exact demeure inconnu.
jeudi 14 octobre
De violents combats d’artillerie se poursuivent à une cinquantaine de kilomètres de Grozny où l’aviation russe est de nouveau intervenue. Un bilan officiel tchétchène estime à 2 000 le nombre des victimes civiles depuis le début de l’opération russe. Grozny demande l’aide de l’ONU et de l’Europe.
vendredi 15 octobre
Les troupes russes sont entrées dans Goragorski, une ville clé de l’ouest de la Tchétchénie située sur la route menant à Grozny. Les militaires ont reçu l’ordre de « nettoyer » cette ville (5 000 habitants avant les hostilités) et de poursuivre leur route vers Grozny. Ce nettoyage se fait à coups de grenades lancées dans chaque maison suspecte. Le président tchétchène, Aslan Maskhadov, a demandé, sans trop d’espoir cependant, au président géorgien, Edouard Chevardnadze, d’accepter une mission de médiation avec Moscou.
samedi 16 octobre
Les troupes russes ont progressé vers Grozny et se trouvent désormais à moins de 20 kilomètres de la capitale tchétchène. « Nous ne savons pas encore si nous entrerons à Grozny, a déclaré le général Kazantsev, le chef de l’armée russe dans le Caucase du Nord, tout dépendra du comportement de la partie tchétchène ». Les nouveaux bombardements russes ont fait une cinquantaine de morts en 24 heures, d’après les Tchétchènes. Moscou a démenti les frappes contre un convoi de réfugiés. L’Ingouchie doit faire face à un nouvel afflux de réfugiés, après les bombardements russes sur deux localités tchétchènes où se trouvait un camp abritant 5 000 personnes ayant fui les combats. Dix personnes ont été tuées.
nuit du samedi 16 au dimanche 17 octobre
Les bombardements russes se sont multipliés sur des localités à l’ouest et au nord de Grozny.
dimanche 17 octobre
Les forces russes n’ont jamais été aussi proches de Grozny. Dans le même temps, aucun affrontement important n’ayant été enregistré, les forces fédérales ont mis ce calme relatif à profit pour consolider leurs positions le long du fleuve Terek. Il délimite le tiers nord de la Tchétchénie dont Moscou a repris récemment le contrôle afin d’établir un « cordon sanitaire » empêchant l’intrusion des « terroristes » en Russie. Vladimir Poutine a indiqué que l’armée russe s’abstiendrait d’attaquer les villes. Le président tchétchène a répondu au général Kazantsev lors d’une conférence de presse : « Les Russes peuvent bombarder encore pendant deux ans, ça ne changera rien. S’ils avancent, nous les détruirons. Nous n’avons rien à perdre. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous battre ».
Un mammouth vieux de 20 000 ans, retrouvé intact avec sa peau, sa chair et ses poils en 1997, est extrait des glaces de Sibérie par une équipe internationale.
lundi 18 octobre
Les soldats russes ont atteint les faubourgs de Grozny sans rencontrer de résistance. Plusieurs centaines d’hommes, des chars et des blindés légers se sont installés sur les collines d’où ils dominent la ville. Si l’on en croit les sources militaires russes elle-même, il y a bien eu des combats meurtriers, mais dans le nord. Un détachement qui s’était approché des positions tchétchènes a été attaqué et a perdu un engin blindé. Un général russe parle de 178 morts dans les rangs de l’armée de Moscou depuis le début des opérations.
mardi 19 octobre
L’aviation et l’artillerie russe se sont acharnées contre un des faubourgs de Grozny, Pervomaïskaïa, détruisant 30 % des habitations et provoquant l’exode massif des habitants. Les forces tchétchènes affirment avoir abattu un avion russe au-dessus de la ville, un Sukhoï-25, ce que dément le commandement russe. Les Tchétchènes affirment également avoir lancé une contre-offensive appuyée par des lance-roquettes multiples et des canons, qui aurait provoqué un repli de plusieurs kilomètres des forces fédérales. Les combats, toujours selon les Tchétchènes, auraient fait une soixantaine de morts dans les rangs russes. Le commandement russe dément aussi la réalité de cette contre-offensive. Ce qui est sûr, c’est que des affrontements ont bien eu lieu dans les faubourgs de Grozny et que Moscou achemine des renforts. Par ailleurs, les Russes ont organisé à Mozdok les premiers retours des réfugiés tchétchènes (plusieurs centaines de volontaires) vers leurs villages du nord, maintenant sous le contrôle de Moscou.
La lutte contre les mafias, le blanchiment d’argent sale et le terrorisme, ont été au cœur de la rencontre, à Moscou, des ministres de l’Intérieur et de la Justice des pays membres du G8.
nuit du mardi 19 au mercredi 20 octobre
Le service de presse des forces tchétchènes assure que les bombardements russes de la nuit ont fait 61 morts.
mercredi 20 octobre
Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a rendu visite à ses troupes sur le front tchétchène. Il a même effectué un vol à bord d’un Sukhoï-25. Lors de sa visite d’où décollent les appareils qui bombardent chaque jour la république indépendantiste, il a décoré plusieurs équipages. Quelques accrochages au sol ont été signalés, mais le front n’a pas bougé. Le président tchétchène appelle l’Occident à suspendre son aide financière à la Russie tant que durera la guerre.
Viktor Novosselov, président de l’antenne locale du parti Démocratie sociale, député régional et vice-président de l’Assemblée locale de Saint-Pétersbourg, a été tué dans un attentat, dans la matinée. Sa voiture a explosé et son chauffeur a été grièvement blessé. Le député avait déjà été la cible d’un premier attentat, en 1993, dans lequel il avait perdu les deux jambes. Sa réputation étant très controversée, ses collègues estiment qu’ « il est encore trop tôt pour savoir s’il a été assassiné pour des raisons politiques ou économiques ». 17 députés russes ont été assassinés en cinq ans.
nuit du mercredi 20 au jeudi 21 octobre
Les bombardements de l’aviation et de l’artillerie russe ont tué 61 personnes dans 26 localités dispersées aux quatre coins du pays. 200 blindés russes ont pris position sur les flancs nord et ouest de Sernovodsk, à une quarantaine de kilomètres de Grozny, provoquant la fuite de 80 % de la population. Dans Grozny, de violents combats se sont déroulés dans le faubourg de Piervomaïaskaïa. Des batteries antiaériennes tchétchènes auraient été détruites.
jeudi 21 octobre
Nouvelle escalade dans la guerre de Tchétchénie. L’armée russe, qui se tient toujours à quelques kilomètres du centre de Grozny, a bombardé les alentours du palais présidentiel. En l’absence du président Maskhadov, plus de 137 morts et 260 blessés ont été dénombrées. 27 personnes, des mères et leurs bébés, sont mortes dans une maternité voisine. Cinq missiles ont été tirés depuis la frontière daghestanaise, dont un sur le marché où se trouvaient alors environ 200 personnes : 68 ont été tuées. Le ministère russe de la Défense dément avoir procédé à ces bombardements.
Le dernier bastion de l’armée russe dans les pays Baltes, qui ont retrouvé leur indépendance en 1991, est tombé. Moscou a officiellement transféré à la Lettonie le territoire d’une ancienne base de radars située à Skrunda, à une centaine de kilomètres de Riga. La présence militaire russe dans les pays Baltes aura duré un peu plus de 50 ans.
vendredi 22 octobre
Suite aux explosions de la veille à Grozny, Moscou dément toujours tout bombardement. Un porte-parole russe reconnaît néanmoins qu’une « opération spéciale » a été menée, par des unités non militaires, contre un « marché d’armes au centre de Grozny ». Une version reprise à Helsinki par Vladimir Poutine, qui participe au sommet Union européenne-Russie, à Helsinki (Finlande). Face aux responsables européens qui « n’acceptent pas la solution militaire » et le pressent « d’entamer un dialogue », le chef du gouvernement russe a esquivé, en affirmant qu’il n’y a « actuellement personne à qui parler ».
La Douma s’est prononcée sur l’affaire du combinat-cellulose de Vyborg, où les ouvriers refusent de laisser entrer les propriétaires légitimes (des affrontements sanglants ont eu lieu mi-octobre).
Boris Eltsine est retourné à son bureau du Kremlin pour la première fois depuis son hospitalisation pour une grippe. Il se sentait « bien ».
samedi 23 octobre
Les militaires russes ont poursuivi leurs frappes sur la Tchétchénie, notamment sur l’aéroport de Grozny. Ils ont aussi bouclé les frontières de la Tchétchénie pour « empêcher les infiltrations de terroristes », sans tenir compte de la pression internationale qui s’est accrue. La secrétaire d’Etat américaine, Madeleine Albright, a notamment condamné les « actions regrettables et de mauvais augure » menées par les Russes.
dimanche 24 octobre
Les combats entre l’armée russe et les indépendantistes tchétchènes se sont poursuivis, l’explosion d’une roquette russe tuant, selon les séparatistes, 23 personnes dans le centre de la ville de Vedeno (est). Les Tchétchènes affirment avoir abattu deux avions d’attaque de type Sukhoï-25 et un appareil de reconnaissance. Les militaires russes ont refusé de commenter l’information.
mardi 26 octobre
Les troupes russes sont aux portes de Grozny. Après la mise à prix du chef de guerre islamiste Chamil Bassaïev (un million de dollars), l’armée fédérale a pénétré dans les localités périphériques de Pobedinskoïe et Pervomaïaskaïa. La présidence de la république indépendantiste n'a pas confirmé cette information, diffusée par la chaîne moscovite NTV. Elle annonce, en revanche, avoir bombardé un camp militaire russe situé de l’autre côté de la frontière avec l’Ingouchie - ce que confirment les autorités ingouches - faisant 38 morts et une centaine de blessés.
mercredi 27 octobre
Toujours soumise à des bombardements aériens et à des tirs intensifs d’artillerie, qui rendent pratiquement impossible toute circulation dans la ville, Grozny a été touchée par des missiles tirés à partir d’une base proche de la capitale de l’Ossétie du Nord, Vladikavkaz. Selon un responsable des forces armées tchétchènes, ils auraient fait 112 morts et 220 blessés. L’un de ces missiles est tombé non loin de la maison de Chamil Bassaïev. Ni lui ni sa famille ne se trouvait sur place. Un autre s’est écrasé près du domicile de la veuve de l’ancien président indépendantiste Djokhar Doudaïev. Les troupes russes se trouvent à moins de 10 kilomètres au nord-ouest de Grozny et à une quinzaine de kilomètres à l’est. Le président Maskhadov reconnaît lui-même que les forces fédérales progressent vers la capitale, mais aussi vers la deuxième ville tchétchène, Goudermès, dans l’est, qui constitue une importante position stratégique. Le flot des réfugiés s’est accru ; Moscou l’évalue à 190 000. Les Etats-Unis, qui se disent « profondément inquiets » de la situation, ont une nouvelle fois engagé Moscou au dialogue. La diplomatie allemande dénonce une catastrophe humanitaire.
Dans la soirée, une fusée Proton chargée d’un satellite russe de communications est tombée dans le nord-est du Kazakhstan, quatre minutes après son lancement depuis Baïkonour. Du coup, le Kazakhstan a interdit tout lancement de fusées russes depuis le cosmodrome jusqu’à l’éclaircissement des causes de l’incident. Des experts estiment que les retombées sur terre de l’engin ont provoqué des dommages économiques.
jeudi 28 octobre
Le président tchétchène a adressé une lettre ouverte au pape et « au monde chrétien », leur demandant de « protéger le peuple tchétchène d’une menace de génocide ». De son côté, le ministre russe de la Défense, Igor Sergueïev, affirme que ses troupes doivent s’installer en Tchétchénie « sérieusement et pour longtemps » et il ajoute : « Nous sommes venus pour ne jamais partir ».
Le procureur général américain de Manhattan a lancé des mandats d’arrêt contre trois personnes soupçonnées d’implication dans un scandale de blanchiment d’argent en provenance de Russie : une ancienne vice-présidente de la Bank of New York renvoyée en août, son mari, dirigeant de deux sociétés écrans et le président d’une troisième société. Tous trois, Russes ou d’origine russe, ont été inculpés pour des opérations de virement d’argent vers et depuis les Etats-Unis, d’un montant de 7 milliards de dollars, illégales au regard de la législation bancaire américaine.
vendredi 29 octobre
Le CICR se dit « extrêmement préoccupé » par la situation des populations civiles « prises au piège de la violence » en Tchétchénie. Dans un communiqué, il insiste pour que les combattants soient identifiables comme tels sur le terrain et qu’ils « laissent les civils quitter les zones de conflit ». Or, les frontières de la Tchétchénie sont bouclées depuis six jours. Pourtant, à la suite d’une rumeur affirmant que la frontière était rouverte, des milliers de véhicules, des milliers de personnes à pied se sont présentés au poste ingouche de Kavkaze. Mais la situation reste bloquée. Une colonne de véhicules a été prise pour cible par l’aviation russe au moment où elle franchissait un pont près de Chaami-lourt. Le bombardement aurait tué 25 personnes, dont deux employés de la Croix-Rouge, et blessé 70 autres.
samedi 30 octobre
Le président tchétchène s’est dit prêt à engager des « pourparlers constructifs » avec la Russie, sans pour autant renoncer à l’indépendance. Cependant, dans une lettre adressée aux « peuples frères » du Caucase russe, il les a exhortés à faire cesser l’offensive menée par les forces russes depuis leurs territoires. L’artillerie russe, soutenue par des raids aériens, a continué à pilonner sans interruption les quartiers nord et nord-ouest de Grozny. Des combats ont eu lieu dans la périphérie ouest, ainsi que dans le nord de la ville. L’armée russe a également continué à progresser dans les régions ouest et est de la république indépendantiste.
dimanche 31 octobre
L’aviation russe a bombardé les zones industrielles de Grozny.
lundi 1er novembre
Dès l’aube, la foule s’est amassée sur la route reliant Nazran, la capitale de l’Ingouchie, à Grozny. En majorité des femmes, venues dans l’espoir de l’ouverture de la frontière. Mais, les autorités russes n’ont pas tenu leur promesse : les soldats postés à la frontière Kavkaz n’ont laissé passer qu’une poignée de personnes, au compte-gouttes. Les trois autobus qui avaient reçu, miraculeusement, l’autorisation de passer le premier poste de la route, ont tous rebroussé chemin quelques heures plus tard. Quelques dizaines de personnes, en revanche, ont réussi à pénétrer en Ingouchie depuis la Tchétchénie. Uniquement des femmes avec des enfants et des vieillards. Aucun homme. Plusieurs personnes sont mortes d’épuisement ou étouffées par la foule. Mais environ 15 000 réfugiés attendent sous la pluie, de l’autre côté, parfois depuis cinq jours. La file d’attente atteindrait 15 kilomètres.
mardi 2 novembre
« Affaire intérieure », a dit Vladimir Poutine au président américain Bill Clinton. En Tchétchénie, Moscou poursuit son avance dans l’ouest. Des milliers de civils restent bloqués à la frontière de l’Ingouchie. Celle-ci essaye de soigner les blessés civils.
mercredi 3 novembre
Le ministre russe de la Défense Igor Sergueïev a révélé avoir reçu l’ordre de prendre toute la Tchétchénie pour mettre fin à une indépendance que Moscou n’a jamais acceptée.
La commission électorale russe a définitivement admis la liste du « bloc Jirinovski » pour les élections législatives du 19 décembre. L’ultranationaliste conduira une équipe de 80 candidats. La commission a également validé une coalition peu connue, « Spas », dirigée par le président du mouvement néonazi « Unité nationale russe », Alexandre Barkachov. Cette liste est composée de 94 membres.
jeudi 4 novembre
Des centaines de civils fuyant la guerre - environ 1 300 selon une estimation de l’ONU - ont franchi la frontière entre la Tchétchénie et l’Ingouchie, dans la matinée, au poste de Kavkaz, « grâce » au bon vouloir de l’armée russe. La situation humanitaire est très grave : plus de 195 000 Tchétchènes ont fui leur pays, et 178 000 d’entre eux se trouvent dans l’Ingouchie voisine. S’étant rendu à Kavkaz, le ministre russe des Situations d’urgence, Sergueï Choïgou, a estimé très placidement que la situation humanitaire des réfugiés entassés en Tchétchénie est « quasiment normale ». Il a néanmoins annoncé la probable décision de Moscou d’ouvrir deux postes frontières. Sur le plan militaire, les forces fédérales ont bombardé les abords de Grozny et se encore rapprochées de la capitale tchétchène, coupant une route menant à la localité voisine d’Alkhan-Kala. L’armée a poursuivi l’encerclement de nouvelles positions au sud-ouest de Grozny.
vendredi 5 novembre
A Ankara, après trois jours de discussions, Turcs, Azéris et Géorgiens ont finalisé un accord avec l’Azerbaïdjan International operating company (AIOC), le consortium dirigé par BP-Amoco, qui a obtenu la concession du pétrole de la Caspienne. La construction d’un nouveau pipeline devrait suivre le tracé sud (Bakou-Tbilissi-Ceyhan/Turquie), alors que la Russie souhaitait un tracé nord (Tengiz-Novorossisk). L’accord doit être signé les 18 et 19 novembre à Istanbul.
samedi 6 novembre
Malgré les bruits de divergences entre le gouvernement et l’armée parus dans la presse moscovite, les bombardements ont continué sur la Tchétchénie en général et sur Grozny en particulier. Ils auraient fait onze morts civils.
dimanche 7 novembre
Au moins dix civils tchétchènes ont été tués dans la matinée par le bombardement aérien d’un quartier de Grozny, alors que le pilonnage des villages par l’armée russe se poursuit. Le président tchétchène Maskhadov a envoyé un message au président américain Bill Clinton lui demandant de faire pression sur Boris Eltsine pour qu’il accepte un dialogue. La presse russe fait état de rumeurs de désaveu du Premier ministre Vladimir Poutine par le président russe.
lundi 8 novembre
Les Etats-Unis ont accusé la Russie de violer en Tchétchénie les lois internationales sur la guerre, notamment les conventions de Genève qui ont pour objectif de protéger les populations civiles en cas de conflit. Le porte-parole du département d’Etat américain, James Rubin, s’inquiète du « recours aveugle à la force et des conséquences de cette escalade ». Lancée début septembre par Moscou, la guerre a déjà fait 3 200 morts civils, selon Grozny.
mardi 9 novembre
Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement tchétchène, Ilias Akhmadov, a été reçu en France. Il a plaidé pour l’intervention d’ « un tiers » dans le conflit. Pour que cesse, a-t-il dit, cette « tentative de génocide ». Il a également appelé les Occidentaux à cesser leur aide financière à la Russie. Cette visite en France a été aussitôt condamnée par un porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, au prétexte qu’une telle visite ne respecte pas « le principe de l’intégrité territoriale de la Russie ». C’est la même objection qu’oppose la Russie à la perspective d’une mise en accusation devant l’OSCE. Pourtant les Russes se disent prêts, maintenant, à « informer » leurs partenaires « sur l’opération en cours ».
mercredi 10 novembre
Après avoir visité plusieurs camps de réfugiés tchétchènes en Ingouchie, le Norvégien Kim Traavik, chef d’une délégation de l’OSCE a déclaré que « l’envergure de la catastrophe humanitaire est plus importante que l'on ne pensait ». Les réfugiés vivent « dans des conditions très difficiles ». Du point de vue militaire, le général Viktor Kazantsev, commandant des forces russes dans le Caucase du Nord, a réaffirmé que son armée, ira « jusqu’au bout en Tchétchénie ». Mais, a-t-il reconnu, l’opération en cours pourrait prendre jusqu’à trois ans…
L’organisation Human Right Watch a rendu publics 50 témoignages de victimes de tortures en Russie. La torture, accuse l’organisation humanitaire qui parle d’une véritable « épidémie », est « systématiquement » utilisée dans les lieux de détention russes. Ces témoignages sont accompagnés de récits de dizaines d’avocats, ex-policiers et anciens juges.
jeudi 11 novembre
Selon un sondage réalisé du 5 au 7 novembre dans 52 régions de Russie, 62 % des Russes partagent l’avis de leur armée : « On ne doit pas négocier avec les leaders tchétchènes ». L’Eglise orthodoxe elle-même justifie l’opération armée « du point de vue du bon sens et de l’éthique chrétienne », puisqu’il s’agit de « lutter contre le terrorisme ». La presse moscovite parle d’une nouvelle « guerre froide » concoctée au ministère de la Défense, pour contrer les condamnations occidentales reçues comme autant de « provocations ». La pression militaire sur la Tchétchénie ne connaît pas de répit. Les forces russes se préparent à investir Goudermes, la deuxième ville tchétchène. Le général Guennadi Trochev, qui commande le front est, aurait conclu un accord avec le conseil des anciens de la ville pour commencer le « nettoyage » de la cité. De leur côté, les autorités tchétchènes affirme toutefois qu’il reste encore un bon millier de combattants dans la ville.
vendredi 12 novembre
A l’aube, les troupes fédérales russes ont pénétré à Goudermès, la deuxième ville de Tchétchénie. Une opération de « nettoyage » a commencé aussitôt après, afin de déloger les combattants indépendantistes. Dans le même temps, l’encerclement de Grozny se poursuit. Alors que des bombardements d’une rare intensité s’abattaient sur la capitale, y faisant une vingtaine de morts, des unités spéciales du ministère russe de l’Intérieur ont pris position autour de Chaami-Iourt (à 10 kilomètres au sud-ouest de Grozny). Selon Aslan Maskhadov, qui parle de « génocide », l’offensive russe a fait 4 125 morts et 8 500 blessés. Le président tchétchène en a, une nouvelle fois, appelé à l’OSCE. Le gouvernement russe a réitéré son refus d’une médiation de l’OSCE. Il consent juste à une aide strictement humanitaire en territoire ingouche. A Moscou, le plus grand flou semble régner quant à une hypothétique sortie de crise. Le gouvernement Poutine se déclare prêt au « dialogue politique ». Mais avec qui ? Bislan Gantamirov a subitement remplacé Malik Saïdoullaev, nommé il y a un mois, à la tête du « gouvernement » tchétchène en exil. Condamné pour détournements de fonds quand il était maire (pro-russe) de Grozny, le nouvel interlocuteur de Moscou a été tiré de prison par une grâce présidentielle. Le Kremlin a ajouté un peu plus à la confusion. Igor Chabdourassoulov, numéro deux de l’administration présidentielle affirme qu’Aslan Maskhadov est « légitiment élu » et dit « être prêt à mener un dialogue avec toutes les forces politiques ». Le propos ressemble à un désaveu pour le Premier ministre Poutine qui récuse catégoriquement le président tchétchène.
nuit du vendredi 12 au samedi 13 novembre
L’aviation russe a effectué 180 raids aériens sur la Tchétchénie, provoquant un nouvel exode. Ce nombre record de bombardements aurait tué 200 combattants tchétchènes selon l’état-major russe.
samedi 13 novembre
Les forces russes ont marqué un nouveau point en Tchétchénie en entrant dans la partie basse de Bamout, au sud-ouest de Grozny, soumise depuis des semaines aux bombardements de leur artillerie et de leur aviation.
nuit du samedi 13 au dimanche 14 novembre
L’artillerie et l’aviation russe se sont acharnées sur Grozny, toujours privée d’eau, de gaz et d’électricité.
dimanche 14 novembre
Les Russes n’ont pas encore le contrôle complet de Bamout. Les bombardements, d’une violence et d’une intensité sans précédent, sont concentrés sur la partie haute de la ville, en proie à un déluge de missiles, mais qui a résisté à trois assauts russes. Bamout demeurait le symbole de la résistance des indépendantistes tchétchènes lors du premier conflit russo-tchétchène. Par ailleurs, l’étau russe s’est encore resserré autour de Grozny, puisque les troupes fédérales sont arrivées à deux kilomètres à peine de l’aéroport Cheikh Mansour, au nord de la ville, et aux abords d’Alkan-Kala, à 15 kilomètres au sud-ouest.
lundi 15 novembre
Tandis que les combats se poursuivent en Tchétchénie, le président russe Boris Eltsine, malade et quasi absent de la politique depuis plusieurs mois, a annoncé sa participation, les 18 et 19 novembre, à Istanbul, au sommet de l’OSCE. Pour Moscou, les Occidentaux « n’ont pas le droit d’accuser la Russie » de faire la guerre dans la République caucasienne. L’OSCE veut demander à Moscou « un calendrier précis de retrait » de ses troupes en Tchétchénie.
mardi 16 novembre
Alors que les forces russes continuent de pilonner impitoyablement la Tchétchénie, un groupe de combattants tchétchènes a fait une incursion en Ingouchie, attaquant des positions russes dans le sud. Selon la chaîne de télévision russe NTV, cette opération, sans précédent depuis le début de l’intervention russe, a fait un mort et deux blessés dans les rangs de l’armée fédérale.
mercredi 17 novembre
La ville de Bamout est enfin tombée aux mains des troupes russes. Dans le même temps, le pilonnage russe - lance-roquettes et canons - s’est intensifié sur Grozny et sur Argoun. L’aviation russe, soutenue par l’artillerie, a bombardé plusieurs localités dont Serjenlourt (à 30 kilomètres au sud-est de Grozny), Ourous-Martan, Atchkhoï-Martan et Ghekhi (ouest), ainsi que les districts de Chatoï et Itoum-Kalinski (sud). Les frappes russes en Tchétchénie ont fait 54 morts au cours des dernières 48 heures, selon des sources tchétchènes. Toutefois, une unité de renseignement de parachutistes russes a été attaquée près de Karatchoi, à une cinquantaine de kilomètres de Grozny. Une erreur de localisation a empêché les renforts héliportés de venir à leur secours : 12 Russes ont été tués (une information divulgué le 28 novembre).
Boris Eltsine est arrivé à Istanbul. Il a reconnu que sa mission ne sera « pas facile ». En aucun cas la Russie n’acceptera qu’on lui donne des leçons sur « l‘opération antiterroriste » qu’elle est en train de mener en Tchétchénie.
jeudi 18 novembre
A la conférence de l’OSCE à Istanbul, Moscou a accepté dans la soirée le principe d’une solution politique en Tchétchénie : relance du dialogue politique et réaffirmation de la validité du mandat de l’OSCE de 1995 pour la Tchétchénie. Le président de l’OSCE va se rendre sur place. Une aide humanitaire est prévue pour les réfugiés tchétchènes en Ingouchie. Pourtant, à son ouverture dans la matinée, le sommet a été quelque peu orageux. D’entrée de jeu, Boris Eltsine avait rejeté les critiques occidentales, en affirmant vertement : « Vous n’avez pas le droit de critiquer la Russie sur la Tchétchénie ». Dans l’après-midi, le président russe avait coupé court à un entretien avec le chancelier allemand et le président français.
Selon le centre de presse tchétchène, des missiles sol-sol tirés sur Grozny et sur Ourous-Martan ont fait 170 morts. Les Russes, eux, ont fait état de 80 frappes aériennes en Tchétchénie et de la destruction de huit bases, de deux ponts, d’un réémetteur de télévision et d’une station radio. Moscou a annoncé la mise en place d’une force de police dans les zones « libérées » de la république rebelle. Les troupes fédérales ont pris le contrôle d’Atchkhoï-Martan, à 30 kilomètres au sud-ouest de Grozny. De son côté, la Géorgie tient ses troupes mobilisées pour faire face à toute « provocation russe ».
Turquie, Azerbaïdjan, Géorgie et Turkménistan se sont mis d’accord à Istanbul sur le tracé d’un oléoduc et d’un gazoduc pour transporter les ressources de la mer Caspienne en contournant la Russie. Une victoire stratégique pour les Etats-Unis, qui poussent ces projets. Sur le papier, ces travaux doivent prendre fin en 2004.
vendredi 19 novembre
L’optimisme affiché au sommet de l’OSCE n’aura vécu que quelques heures. Boris Eltsine était à peine rentré à Moscou que son porte-parole réaffirmait la position jusqu’alors affichée par le Kremlin : la Tchétchénie reste « une affaire intérieure » russe. Rajoutant que, « oui, nous nous prononçons pour une solution politique, mais quand les bandits auront été éliminés ». Pas question d’ingérence étrangère, pas même de médiation… Sur le terrain, l’offensive russe s’est poursuivie de plus belle. Grozny et les environs de la capitale ont de nouveau subi d’intenses bombardements, l’objectif immédiat des troupes fédérales étant de s’emparer d’Ourous-Martan et d’Alkan-Kala, aux abords de la capitale. L’aviation russe a également concentré ses frappes plus au sud, dans les gorges d’Argoun, près de la frontière avec la Géorgie. Moscou a souvent accusé la Géorgie d’accueillir dans cette région les rebelles chassés des zones que son armée contrôle désormais en Tchétchénie et de laisser passer des combattants et des armes en Tchétchénie. Les forces russes sont entrées sans combattre dans deux nouvelles localités : Valerik et Katyr-lourt. Les « anciens » ont appelé les troupes fédérales à y pénétrer pour en finir avec les bombardements.
Un nouveau traité limitant les forces conventionnelles en Europe (CFE) a été signé à Istanbul. Il actualise le précédent, signé entre l’OTAN et le Pacte de Varsovie à la fin de la guerre froide Réétudié en fonction de réalités politique européennes actualisées, ce traité concerne notamment les nouveaux venus que sont l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Belarus, la Géorgie, le Kazakhstan, la Moldavie, la Slovaquie et l’Ukraine, chacun ayant négocié de nouveaux plafonds nationaux et territoriaux. Deux annexes concernant la Russie ont été associées au traité. La première prévoit un désengagement des forces russes de Géorgie : Moscou devra y fermer deux de ses quatre bases d’ici le 1er juillet 2001. La seconde stipule le retrait de toutes les forces russes et des équipements russes de Moldavie avant la fin de 2002.
samedi 20 novembre
Les troupes russes sont arrivées à deux kilomètres des faubourgs de Grozny, après une semaine marquée par plusieurs victoires stratégiques dans la république indépendantiste. Les quartiers Zadodskoï et Andreïevskaïa ont été, toute la journée, la cible des bombardements russes. Selon l’état-major russe, la capitale tchétchène serait encerclée à 80 %. L’armée russe s’est aussi emparée d’une nouvelle localité dans l’ouest, Samachki, après plusieurs semaines de bombardements. Selon l’agence Iter-Tass, l’alimentation en gaz a été rétablie à Goudermès, où Moscou envisage de créer la nouvelle capitale pro-russe de Tchétchénie. Face à cette situation critique, le vice-Premier ministre tchétchène Kazbek Makhachev a de nouveau affirmé être prêt à « des discussions constructives » avec les Russes « sur un large éventail de sujets ». Le général Vladimir Chamanov, chef des troupes fédérales sur le front ouest de Tchétchénie, a réaffirmé qu’il démissionnerait si Moscou décidait d’un arrêt de l’offensive.
lundi 22 novembre
L’armée russe a poursuivi sa manœuvre d’encerclement de Grozny, sans renoncer pour autant aux bombardements de son artillerie et de son aviation. Des missiles sol-sol sont notamment tombés sur Avtouri, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Grozny, faisant une dizaine de morts. Les Tchétchènes affirment avoir lancé une contre-attaque, mais sans fournir de précision sur le résultat de cette opération. Les troupes russes s’acharnent aussi contre Ourous-Martan, à une vingtaine de kilomètres, considérée comme l’un des principaux centres de l’islam fondamentaliste, où 600 combattants tchétchènes sont toujours retranchés.
mardi 23 novembre
Les Russes, qui contrôlent 80 % des environs de Grozny, ont accentué le pilonnage, par leur artillerie, de Chali et Ourous-Martan. Ourous-Martan est considéré comme le principal centre du mouvement wahhabite (islam fondamentaliste) dans le Caucase. L’offensive a fait de nombreuses victimes. L’armée russe a coupé toutes les liaisons par téléphone portable. Le ministre des Affaires étrangères russe a envoyé à plus tard une médiation de l'OSCE et une visite de son président Knut Vollebaek. « Il faut prendre le temps de les préparer », a déclaré Sergueï Ivanov.
mercredi 24 novembre
Les bombardements russes sur la Tchétchénie se poursuivent dans les villes autour de Grozny et sur la capitale même. Devant les députés, le Premier ministre Poutine a défendu sa conduite de la guerre. Il a laissé espérer un retour à la mi-2000 à la situation d’avant la crise d’août 1998. Cette guerre sert ses ambitions présidentielles. Quasi inconnu lors de sa nomination, il dépasse aujourd’hui 70 % d’opinions favorables ; à six mois du scrutin présidentiel, il réunit 42 % des intentions de vote, laissant loin derrière lui les autres candidats.
jeudi 25 novembre
L’ONG Human Right Watch a appelé la Russie à ouvrir des « couloirs » sécurisés afin de permettre aux réfugiés de quitter le pays. A Goïty, une ville au sud de Grozny, 10 000 civils sont pris au piège par les forces russes qui bombardent la principale route conduisant vers l’Ingouchie, où la plupart des réfugiés tchétchènes sont concentrés.
La signature du nouveau traité d’union entre la Russie et le Bélarus qui devait avoir lieu au Kremlin, a dû être reportée : Boris Eltsine est de nouveau malade et un communiqué du Kremlin précise que son hospitalisation n’est pas exclue. Le président russe souffre, cette fois, d’une infection virale accompagnée d’une bronchite aiguë.
vendredi 26 novembre
Les chasseurs russes ont effectué 42 sorties dans la matinée et pris pour cible, dans Grozny, les bastions des séparatistes et des entrepôts. Ils ont été appuyés dans leurs opérations par l’artillerie. Celle-ci a ouvert le feu depuis les hauteurs environnant la ville. Une quinzaine de personnes ont été tuées et la population est restée terrée dans les caves. Des centaines de personnes ont néanmoins tenté de fuir la capitale tchétchène. La Russie s’apprête, par ailleurs, à lancer une nouvelle phase de son offensive en Tchétchénie. Elle ambitionne de reconquérir les montagnes du Sud, a annoncé, dans la matinée, le numéro deux de l’état-major russe, le général Valéry Manilov. Cette offensive, si elle se solde par une victoire, aboutirait au contrôle total de la Tchétchénie par l’armée russe. Selon Manilov, cette nouvelle phase devrait s’achever avant la fin de l’année. Les dirigeants tchétchènes croient toujours que la partie n’est pas perdue pour eux et pensent encore pouvoir répliquer aux attaques russes. De violents combats ont ainsi opposé les forces russes et tchétchènes près d’Alkhan-Iourt, à une quinzaine de kilomètres au sud de Grozny. Quant au président Eltsine, il souhaite, dès à présent, que soit préparée une loi d’amnistie pour certains combattants tchétchènes : « ceux qui n’ont pas commis de crimes gravissimes ».
samedi 27 novembre
L’armée russe a encore resserré son étau sur Grozny où des bombardements auraient fait au moins 260 morts au cours des dernières 48 heures. Moscou espère que Grozny se rendre à l’armée russe. La frontière entre la Tchétchénie et la Géorgie sera fermée d’ici un mois et demi pour que « les rebelles n’aient pas de soutien extérieur ».
dimanche 28 novembre
Les Russes poursuivent leurs bombardements sur la Tchétchénie, poursuivant leur encerclement de Grozny. Aux alentours, les villes tombent les unes après les autres. Toutefois, les Russes ont dû reconnaître, à la fois, la perte d’une deuxième ville tchétchène, Novogroznenski, immédiatement reprise selon eux, et celle de douze parachutistes, il y a onze jours.
lundi 29 novembre
La poursuite de l’offensive russe ne facilite pas la tâche du médiateur de l’OSCE : Knut Vollebaek a rencontré à Moscou son homologue russe Igor Ivanov en vue de préparer la visite en Tchétchénie souhaitée par les pays membres de l’OSCE. Mais Moscou continue de récuser toute médiation dans une affaire qu’elle considère comme intérieure. Sous la menace d’une suspension des aides du FMI, indispensables au budget de l’an prochain, Moscou accuse l’organisation internationale de « faire de la politique ». A la frontière ingouche, des centaines de Tchétchènes fuyant les bombardements sont totalement bloqués : l’Ingouchie a fermé sa frontière pour des raisons techniques d’enregistrement, affirme le ministère de l’Intérieur ingouche. Les files s’allongent donc et les candidats au départ vivent dans des conditions de plus en plus précaires, attendant l’hypothétique passage.
Dans la soirée, une diplomate de l’ambassade des Etats-Unis a été interpellée à Moscou par le FSB (ex-KGB) « en flagrant délit d’espionnage ». Cheri Leberknhight (33 ans), tient le poste de deuxième secrétaire au département politique et militaire de la mission américaine. Les Russes n’avaient pas dénoncé pareil gros poisson depuis 1991. Remise en liberté presque aussitôt, elle devrait être expulsée. Pour Washington, cette interpellation est tout simplement une réponse à la mise en accusation, la veille, aux Etats-Unis, d’un sous-officier de l’US Navy. Daniel King est accusé d’avoir communiqué des informations secrètes à la Russie en 1994. Il y a une douzaine de jours, c’est un chercheur de l’Institut russe USA-Canada qui avait été inculpé de haute trahison par le FSB.
mardi 30 novembre
Ancien maire de Grozny et chef du « gouvernement » tchétchène en exil, Bislan Gantamirov a annoncé qu’il avait commencé à former une armée favorable à la Russie en Tchétchénie. L’état-major de cette nouvelle armée est installé à Atchkoï-Martan, localité sous contrôle russe à une trentaine de kilomètres de Grozny. De son côté, le président tchétchène Aslan Maskhadov a appelé les militaires russes à déserter et leur a promis la vie sauve. Depuis plusieurs jours, les forces russes sont confrontées à une contre-attaque d’envergure dans la région de Goudermès ou deux localités leur ont déjà été reprises.
Visite officielle à Moscou du vice-Premier ministre irakien Tarek Aziz.
mercredi 1er décembre
Des combats meurtriers ont eu lieu à Argoun et à Alkhan-Iourt. Selon un responsable militaire tchétchène, ils ont fait « des centaines de morts du côté russe ». Les forces fédérales auraient en outre perdu une soixantaine de blindés. Sans formellement accréditer l’information, des sources russes ont cependant reconnu que de « violents combats » se déroulaient autour de ces deux localités. En outre, le leader tchétchène pro-russe Bislan Gantamirov est encerclé à Guekhi, dans l’Ouest, par des unités spéciales tchétchènes fidèles au président Maskhadov.
Les députés russes ont décidé que le premier tour de l’élection présidentielle aurait lieu le 4 juin 2000. Le second tour se déroulera trois semaines plus tard. Les candidats doivent non seulement déclarer leurs revenus et ceux des membres de leur famille au cours des deux années écoulées, mais il leur faut aussi mentionner leurs numéros de comptes bancaires et le solde de leurs dépôts. Les députés n’ont pas fixé d’âge limite pour les candidatures.
Les autorités australiennes demandent à leurs ressortissants de ne pas s’aventurer en Russie au moment du nouvel an. Mieux : le personnel diplomatique australien en poste en Russie et dont la présence sur place n’est pas indispensable à cette époque sera temporairement rapatrié. Motif : le bug de l’an 2000 risque de faire de la Russie l’un des points les plus noirs de la planète. Les programmes informatiques étant réputés obsolètes, la Russie pourrait être privée d’électricité, d’eau, de transports routiers, ferroviaires et aériens.
jeudi 2 décembre
Les pertes russes en Tchétchénie semblent s’alourdir. Le bilan de la prise d’Argoun, qui vient d’avoir lieu, est élevé : officiellement, entre 35 et 50 morts et plus de 100 blessés du côté russe. Les forces de Moscou semblent avoir été prises au piège par les indépendantistes. Ceux-ci ont affirmé, pour leur part, avoir tué « des centaines » d’adversaires à Argoun et à Alkhan-Iourt. Selon des sources russes, dix puits de pétrole seraient en flammes dans les zones « libérées ». Les Russes accusent les combattants tchétchènes. Sur le plan diplomatique, la Russie a clairement fait savoir qu’elle « seule » pouvait décider des dates de la visite du président de l’OSCE. Pour sa part, le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Albaro Gil-Robles, a dénoncé, au terme d’une visite dans la région, les violations de ces droits en Tchétchénie. Selon lui, plus de 4 500 civils ont été tués depuis le début de l’offensive russe. Et on compte plus de 230 000 réfugiés. De son côté, l’Organisation de la conférence islamique (OCI) a annoncé l’envoi, le 6 décembre, d’une mission d’information à Moscou, pour « convaincre » la Russie que sa guerre est « nuisible » et pour essayer de proposer une solution que ne peut être que « bilatérale », c’est-à-dire « russo-tchétchène ».
vendredi 3 décembre
Les forces russes ont avancé dans les faubourgs de Grozny, encerclant « à 90 % » la capitale tchétchène. L’agence officielle russe Itar-Tass a annoncé la mort de 40 à 50 réfugiés mitraillés par l’armée russe. Les Tchétchènes ont confirmé leur évacuation d’Argoun et d’AlkhanIourt. Sur le plan diplomatique, Moscou s’est opposé à une rencontre entre le président tchétchène Aslan Maskhadov et le président en exercice de l’OSCE. Maskhadov, lui, a proposé un plan de paix à la Russie, tout en la menaçant, en cas de refus, d’en appeler à l’aide militaire étrangère. Les députés russes ont voté en première lecture un projet de loi d’amnistie pour les tchétchènes qui déposeraient les armes avant le 30 décembre.
samedi 4 décembre
Les Russes affirment bloquer entièrement Grozny. Par ailleurs, le ministre de la défense a nié toute responsabilité dans le mitraillage d’une colonne de réfugiés la veille.
Boris Eltsine a limogé le chef de la police de Moscou, Nikolaï Koulikov, selon l’agence Interfax. Il lui est reproché des défaillances dans ses tâches concernant la lutte contre la criminalité et la drogue. Cette décision apparaît comme visant le maire de Moscou, Iouri Loujkov, à deux semaines des élections législatives et des élections dans la capitale.
dimanche 5 décembre
Le président de l’OSCE, Vollebaek, pourra se rendre les 14 et 15 décembre dans le nord du Caucase, lui a fait savoir le ministre russe des Affaires étrangères. Mais Moscou refuse toujours toute médiation. Sur place, les bombardements de Grozny par l’armée russe continuent : les Russes affirment contrôler 97 des 119 villages tchétchènes mais ils ne sont pas entrés dans les montagnes du Sud.
lundi 6 décembre
L’aviation russe a largué des tracts incitant la population de Grozny à quitter la capitale tchétchène avant le 11 décembre. Un corridor est ouvert à Piervomaïskaïa, au nord-ouest de la ville, et le commandant russe promet la vie sauve, nourriture et hébergement à ceux qui se seront rendus avant cette date. « Vous êtes cernés. Vous avez perdu », énonce un autre tract. Il y aurait encore entre 40 000 et 50 000 personnes à Grozny. Washington a fait part à Moscou de sa « profonde préoccupation ».
Après huit jours d’hospitalisation, Boris Eltsine est rentré au Kremlin. Il a reçu le président ukrainien Koutchma.
mardi 7 décembre
A la veille du voyage de Boris Eltsine à Pékin, la Chine est le seul pays à avoir apporté un soutien franc et sans réserve à la nouvelle escalade dans la guerre totale que les Russes mènent en Tchétchénie. Par contre, plusieurs chefs d’Etat européens sont intervenus pour juger « inacceptable » l’ultimatum des Russes et leurs menaces sur la population civile de Grozny. Le président américain Bill Clinton affirme que « les Russes paieront cher la poursuite d’une politique qui les isole sur la scène internationale » ; Washington a débloqué une aide humanitaire pour le nord du Caucase. Le FMI, qui a repoussé un prêt de 640 millions de dollars à Moscou (sans lier cette décision à la guerre en Tchétchénie), n’évoque que des critères économiques. Ces pressions occidentales ont donné l’occasion à Vladimir Poutine de hausser le ton. Sur le terrain, l’armée russe a poursuivi ses bombardements. Le corridor ouvert à la population civile est restée vide. Terrés dans leurs abris, les habitants de Grozny semblent ignorer l’ultimatum lancé la veille. Une colonne de réfugiés a été mitraillée par l’aviation alors qu’elle tentait de fuir Progorodnoïe, un faubourg de la capitale.
mercredi 8 décembre
Le ministre britannique des Affaires étrangères, Robin Cook, a fait état d’assurances données par le ministre russe de l’Intérieur : le 11 décembre, date de l’ultimatum russe, les couloirs humanitaires ne seront pas fermés… Vladimir Poutine a d’ailleurs nié qu’il s’agisse d’un ultimatum : « C’est une déclaration des militaires inquiets pour le destin des civils ». Quelques 40 000 habitants se trouvent toujours à Grozny. Aussi, le gouvernement indépendantiste tchétchène s’est-il déclaré prêt à examiner « toutes les propositions d’Etats étrangers » pour aider à l’évacuation de ces civils. Il a également appelé les organisations internationales et les pays tiers à envoyer leurs représentants à Grozny. Sur le terrain, l’offensive militaire s’est poursuivie sans fléchir. L’armée fédérale, soutenue par des Tchétchènes pro-russes, a pris Ourous-Martan, l’ancien fief des wahhabites, malgré une forte résistance (80 morts parmi les combattants tchétchènes). Les bombardements (90 sorties aériennes en deux jours) se sont poursuivis sur Grozny, Vedeno et les gorges de l’Argoun. Ils ont fait au moins cinq morts à Chali, à 20 kilomètres au sud-est de la capitale, où des forces tchétchènes se regrouperaient.
Boris Eltsine et Alexandre Loukachenko ont signé un nouvel accord d’union entre leurs deux pays. La Confédération aura en commun les frontières et la citoyenneté. Elle sera chapeauté par un Conseil suprême (composée des chefs d’Etat, de gouvernements et des Parlements), un Parlement, un Conseil des ministres et un tribunal, mais les Etats garderont leur souveraineté nationale et leur monnaie (au moins jusqu’en 2005).
nuit du mercredi 8 au jeudi 9 décembre
Un diplomate russe a été arrêté aux Etats-Unis alors qu’il tentait d’installer du matériel d’écoutes dans les locaux du département d’Etat. En poste à l’ambassade russe à Washington, Stanislav Goussev était surveillé par le FBI et « d’autres services ». Washington a cru devoir préciser qu’il ne s’agissait pas là d’une mesure de représailles à l’arrestation d’un diplomate américain à Moscou, il y a huit jours.
jeudi 9 décembre
Les Russes continuent à durcir le ton vis-à-vis de l’Occident. Boris Eltsine a profité de sa visite à Pékin pour retrouver des accents de la guerre froide. Répondant aux conseils de modération de Bill Clinton, le président russe a déclaré : « Le président américain a oublié que la Russie dispose d’un arsenal complet d’armes nucléaires ». Des menaces aussitôt relativisées par Bill Clinton. Sur le terrain tchétchène, de nouveaux renforts de blindés sont arrivés à proximité de Grozny, ce qui indique que les bombardements de la capitale vont continuer de s’intensifier. Le corridor ouvert pour permettre aux civils de fuir la ville n’a vu passer que quelques dizaines de personnes. A Istanbul, le porte-parole du président Maskhadov a déclaré que les combattants tchétchènes sont décidés à se battre à Grozny. De son côté, le vice-ministre de l’Intérieur russe n’a pas exclu l’envoi de forces spéciales sur la capitale tchétchène. Les forces fédérales s’apprêteraient à entrer dans Chali. Des voix commencent toutefois à s’élever en Russie même contre les opérations militaires
A Pékin, Boris Eltsine et le président chinois Jiang Zemin ont signé un accord définitif sur le tracé de la frontière sino-russe.
Le Parlement de Lettonie s’est prononcé sur la loi décrétant le letton seule langue officielle.
vendredi 10 décembre
En Tchétchénie, l’armée russe n’a pas ralenti ses opérations. Elle encercle la ville de Chali, dernière localité tchétchène importante, avec Grozny, à n’être pas encore passée sous son contrôle. L’ultimatum du 11 décembre, unanimement dénoncé par les Occidentaux, a été repoussé par les Russes tandis que l’état-major fédéral a annoncé la suspension, jusqu’au 12 décembre, minuit, des bombardements aériens sur Grozny. Diverses sources indiquent par ailleurs que le président Maskhadov, traqué par les troupes russes ces derniers temps, a quitté la capitale pour un lieu gardé secret, dans les montagnes du sud de la république. Il en serait de même pour le chef de guerre Chamil Bassaïev. C’est sur cette zone que se concentrent désormais les bombardements russes. Plus de huit cents habitants de la capitale auraient emprunté le corridor ouvert au nord-ouest de Grozny.
Ouverture du sommet des Quinze à Helsinki. Les pays de l’Union européenne se sont mis d’accord sur une condamnation vigoureuse des bombardements massifs sur les villes tchétchènes et de l’ultimatum visant au départ précipité des habitants de la capitale. Aucune mesure concrète de rétorsion n’a été décidée.
Dernier jour de la visite de Boris Eltsine à Pékin. Le président russe a affirmé à son homologue chinois que le gouvernement russe soutient la cause de la réunification chinoise et n’accepte pas « l’absurdité » du concept de relations « d’Etat à Etat » entre Pékin et Taïpei mis en avant par le président taïwanais.
samedi 11 décembre
Les pressions européennes sur la Russie ont apparemment porté leurs fruits. Moscou a annoncé une trêve de six heures par jour pour permettre à la population civile de Grozny de quitter la capitale assiégée via deux corridors. Même si on fait état de tirs d’artillerie sur l’est de Grozny, la capitale tchétchène n’est pas bombardée. Le ministre russe des Situations d’urgence, Sergueï Choïgou, se trouvait à la sortie du second corridor qui vient d’être ouvert au sud de Grozny, en direction de l’ouest. Si le corridor du nord reste emprunté par les habitants fuyant la capitale tchétchène, le nouveau est totalement désert. Nikolaï Kochman, le représentant du gouvernement russe en Tchétchénie, affirme que la question de Grozny devait « être réglée dans la semaine ».
dimanche 12 décembre
Les Russes ont pris le contrôle de Khankala, l’aéroport militaire de Grozny, à l’est de la capitale tchétchène. La ville assiégée, qui ne recevait déjà plus ni produits alimentaires ni médicaments, est désormais aussi privée de tout approvisionnement en armes et en munitions. Dans la journée, Grozny a été relativement épargnée par les bombardements. Des avions et des hélicoptères ont lâché des tracts exhortant la population à sortir de la ville par deux corridors sécurisés. L’organisation humanitaire Human Right Watch, qui a pu interroger des réfugiés à leur arrivée en Ingouchie, a accusé les forces russes de bombarder les civils fuyant la capitale.
Plusieurs cardinaux, dont le numéro deux du Vatican, le secrétaire d’Etat Angelo Sodano, et les archevêques de Detroit (Etats-Unis) et de Cracovie (Pologne), une trentaine d’évêques et une centaine de prêtres originaires de 13 pays ont participé, à Moscou, à la réouverture de l’église catholique de l’Immaculée Conception, fermée au culte pendant l’époque soviétique.
Finale du championnat du monde de handball féminin : à Lillehammer, la Norvège a battu la France 25 à 24, après deux prolongations. La Russie se classe 12e.
lundi 13 décembre
Les combats ont été violents aux abords de Grozny dont les Russes ont réussi à prendre le contrôle d’un faubourg, à l’ouest, près du corridor ouvert pour permettre l’évacuation des civils. Selon les Tchétchènes, ces combats ont fait « plusieurs dizaines de morts » du côté russe. Au sud, dans le district de Chatoï, les forces tchétchènes ont abattu un avion d’assaut dont le pilote a été fait prisonnier. Les Russes ont confirmé la perte de l’appareil. Ils ont démenti, en revanche, que deux hélicoptères participant aux opérations de recherche du pilote aient été également abattus.
La Douma a ratifié le traité d’union russo-biélorusse signé le 8 décembre dernier.
mardi 14 décembre
Pour la première fois, des combats ont mis aux prises Russes et Tchétchènes à l’intérieur même de Grozny. Aucun affrontement de grande ampleur n’a été signalé, mais plusieurs accrochages ont eu lieu en divers points de la ville ou certaines unités russes sont établies. Le ministre russe des Situations d’urgence affirme que 2 200 personnes ont quitté Grozny par les corridors mis en place le 6 décembre. Dans la matinée, les forces russes sont aussi entrées dans Chali.
mercredi 15 décembre
Russes et Tchétchènes se disent prêts à engager des négociations, au moins pour permettre l’évacuation des civils de Grozny, mais les propos des uns comme des autres restent ambigus. Dans la matinée, le président Maskhadov s’est dit prêt, pour mettre fin à la guerre, à « un important compromis qui prendrait en considération les intérêts » de la Russie. Quelques heures plus tard, son porte-parole insistait sur le fait que l’indépendance de la Tchétchénie « ne pouvait faire l’objet d’aucun marchandage ». Le ministre russe Sergueï Choïgou a bien fait savoir qu’il était prêt à rencontrer Maskhadov, mais uniquement pour évoquer le sort des 40 000 civils prisonniers de la capitale tchétchène assiégée. La visite dans le Caucase du président de l’OSCE, Knut Vollebaek, a dû être reportée en raison des mauvaises conditions météorologiques. Les combats à la périphérie de Grozny, et notamment dans la zone de l’aéroport militaire, se poursuivent. Selon le général Valéry Manilov, numéro deux de l’état-major russe, « il n’y aura aucune frappe, aucun assaut, aucune opération massive sur Grozny tant qu’un seul habitant restera là-bas ». Le même général a révélé que les forces fédérales ont perdu 400 hommes depuis août.
jeudi 16 décembre
Les violents combats qui opposent les soldats russes et leurs colonnes de blindés aux combattants tchétchènes retranchés dans Grozny auraient causé la mort de plusieurs dizaines de soldats russes, place Minoutka, affirme le commandement tchétchène. Un bilan qualifié de « mensonge » par le chef-adjoint de l’état-major russe, le général Manilov qui fait état de la mort de « 30 rebelles ». Ce qui est sûr, c’est que de très violents combats se déroulent au milieu des ruines de Grozny, où plusieurs dizaines de femmes et d’enfants se terrent toujours dans les caves. Le comité de défense tchétchène, la plus haute instance militaire du pays, affirme que l’acharnement des combats interdits de compter les morts. Les Russes ont annoncé la prise du camp Kavkhaz, du « commandant Khattab, à 30 kilomètres de Grozny. De plus, le corridor de sortie de Grozny, qui devait être protégé par une trêve des combats plusieurs heures par jour, continue d’être la cible d’attaques russes pendant le passage des civils. « C’est une situation terrible », a déclaré le président de l’OSCE à l’issue de sa visite dans le Nord-Caucase. Les Russes refusent toujours toute ingérence sur « leur » territoire. Ils ont aussi empêché toute médiation et toute rencontre de M. Vollebaek avec le président tchétchène Maskhadov.
du jeudi 16 au vendredi 17 décembre
Réunion à Berlin des ministres des Affaires étrangères du G8 : la Tchétchénie est au centre des discussions. La demande de cessez-le-feu des Occidentaux a essuyé une nouvelle fin de non-recevoir.
vendredi 17 décembre
Tandis que les bombardements de Grozny se poursuivent, appuyés par des hélicoptères de combat, on n’exclut pas à Moscou, que les violents accrochages, au cours desquels au moins plusieurs dizaines de soldats russes ont trouvé la mort ces deux derniers jours à Grozny, se soit produits lors d’une incursion décidée par les militaires les plus durs en vue de faire capoter tout contact et toute négociation de paix avec Maskhadov. Le commandement tchétchène a affirmé avoir repris le camp Kavkhaz. En revanche, Vladimir Poutine a annoncé que les parachutistes russes ont pris le contrôle de la route qui relie la Tchétchénie à la Géorgie. « Cela peut changer le cours de la guerre », a déclaré le Premier ministre russe qui accuse la Géorgie de laisser passer le ravitaillement en armes des « rebelles » tchétchènes.
L’ancien Premier ministre, qui emmène le parti OVR aux législatives, a annoncé qu’il se porterait candidat à l’élection présidentielle de juin.
samedi 18 décembre
Des hélicoptères du HCR ont évacué les 1 200 Tchétchènes d’un village dans les montagnes du sud de la Tchétchénie.
nuit du samedi 18 au dimanche 19 décembre
Au moins 12 personnes sont mortes et 15 autres ont été blessées à Moscou dans l’incendie d’une résidence universitaire de 13 étages. Au cours des dix derniers mois, près de 11 000 personnes ont péri dans des incendies en Russie, soit cinq à dix fois plus que dans les autres pays développés.
dimanche 19 décembre
Elections législatives en Russie : 55 % de participation. Parti communiste de Russie 24,22 % des voix (111 élus) ; L’Unité (parti de la présidence dirigé par Sergueï Choïgou et soutenu par Vladimir Poutine) 23,37 % (89 sièges) ; La Patrie - Toute la Russie (formation de centre gauche codirigée par Primakov et Loujkov) 12,64 % (87 s.) ; Union des forces de droite (alliance de formation libérales emmenés par Tchoubaïs, Kirienko, Khakamada) (29 s.) ; Iaboloko (parti démocratique de Iavlinski) 6,13 % (22 s.) ; Bloc de Jirinovski (extrême droite) 6,08 % (17 s.). Les indépendants sont au nombre de 95. Les autres formations politiques (18,84 %) n’ont pas obtenu les 5 % des voix nécessaires pour siéger à la Douma. Par ailleurs, Iouri Loujkov a été réélu maire de Moscou avec plus de 70 % des voix.
Les troupes russes ont continué de bombarder Grozny et les zones montagneuses du sud de la Tchétchénie, d’où les réfugiés tentent de gagner la Géorgie malgré le bouclage de la frontière. Parlant de « catastrophe humanitaire », le président géorgien, Edouard Chevardnadze, a lancé un cri d’alarme à l’ONU.
nuit du mardi 21 au mercredi 22 décembre
30 combattants tchétchènes, pris au piège russe, auraient trouvé la mort en tentant de quitter Grozny.
samedi 25 décembre
Cette fois, les Russes ont donné l’assaut à Grozny. L’assaut final assurent-ils. Soutenus par des tirs d’artillerie massifs et des blindés, des éclaireurs russes ont pénétré dans Grozny venant des quatre points cardinaux. Selon Moumadi Saïdaïev, le numéro deux de l’état-major tchétchène, « de violents combats » se sont déroulés non loin du centre. Des affrontements acharnés ont également eut lieu dans les faubourgs situés au sud-ouest de la capitale tchétchène. Plus de 300 soldats russes auraient été tués au cours de la journée assure le commandement tchétchène. Ce que démentent les Russes. Dès que la nuit est tombée, les Russes ont arrêté leur offensive. Les Russes avancent avec prudence : partout où les assaillants ont rencontré une résistance, ils ont reculé pour tirer à l’artillerie sur les positions adverses.
du samedi 25 au dimanche 26 décembre
Sept personnes sont mortes de froid à Moscou, 118 ont été hospitalisées pour hypothermie, quatre autres pour des engelures. Depuis le début de l’hiver, 109 Moscovites sont décédés à la suite d’hypothermie.
dimanche 26 décembre
Des milliers de soldats russes fortement armés ont poursuivi, avec prudence, leur entrée dans Grozny, se repliant dès qu’ils se retrouvent pris sous le feu des quelque 2 000 rebelles présents dans la capitale tchétchène. Des éléments russes avancés se seraient approchés de la place Minoutka, non loin du centre-ville. Des combats particulièrement violents se sont déroulés à Tchernoretchié, quartier sud où une forêt laisse aux Tchétchènes une chance de fuir la ville. Cet assaut s’est accompagné d’intenses bombardements aériens sur le centre de la ville. Le commandement russe a procédé à la distribution de masques à gaz parmi les troupes, craignant que les Tchétchènes ne fassent exploser des bombes sur des sites bourrés de chlore.
lundi 27 décembre
L’agence de presse russe Interfax, citant le quartier général des forces russes dans le Caucase, affirme que l’aviation russe a commencé à larguer des bombes incendiaires sur le sud de la Tchétchénie. Ces bombes, du même type que celles qu’ont utilisé les Etats-Unis pendant la guerre du Viêtnam, sont larguées sur des « régions peu peuplées », contre « les places fortes rebelles et sur les grottes où ils se cachent ». Un protocole international sur l’utilisation d’engins incendiaires, signé en 1980 dans le cadre des conventions de Genève, interdit pourtant l’usage de ces bombes à proximité de zones habitées par des civils ou sur des forêts.
Les Allemands les avaient cachés pendant la Seconde Guerre mondiale. Près de 1 500 objets d’art viennent d’être retrouvés dans la forteresse de Kaliningrad (ouest de la Russie). Ancienne Königsberg, cette ville de l’ancienne Prusse orientale avait été prise par les Soviétiques en 1945. Les pièces faisaient partie de la collection du musée de Prusse, installé dans ce fort. Leur valeur a été estimée à environ 22 millions de francs.
mardi 28 décembre
Les communiqués diffusés à Grozny laissent à penser que les troupes russes piétinent davantage qu’elles ne progressent dans la capitale tchétchène. La résistance qu’elles rencontrent est véritablement acharnée, ce que l’état-major russe reconnaît à mots couverts. Le général russe Valeri Manilov affirme que la prise de la ville est « une question de jours, peut-être deux ou trois, peut-être sept ou dix » et ajoute que les forces fédérales auront « encore besoin de deux à trois mois pour achever les bandes dispersées ». Pour sa part, la présidence tchétchène dément toute avancée russe dans Grozny, bien que les frappes d’artillerie et les bombardements aériens n’aient pas cessé de la journée. Quelques réfugiés ont réussi à atteindre la frontière ingouche, expliquant que, la veille, les victimes civiles ont été très nombreuses. Le ministre russe des Situations d’urgence affirme avoir rencontré « des représentants tchétchènes », le 24 décembre, avec lesquels il a « défini trois lieux à Grozny où il serait possible de rassembler les gens » pour les évacuer.
mercredi 29 décembre
Les Tchétchènes ont légèrement reculé, au nord et à l’ouest de Grozny, face aux Russes, mais ces derniers critiquent ouvertement le manque de coordination de l’opération et l’incapacité de leur artillerie à soutenir efficacement les fantassins. Car le commandement russe n’a toujours pas engagé de blindés dans l’assaut et les forces fédérales sont bloquées dans l’est de Grozny où les combattants tchétchènes ont établi des positions fortifiées. L’intensification des combats s’est accompagnée d’un nouvel afflux de réfugiés dans les républiques voisines. Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés estime cependant qu’il y a toujours 10 000 à 50 000 civils dans la ville et que la plupart sont dans l’incapacité de fuir.
Le tribunal militaire de Saint-Pétersbourg, qui le jugeait pour haute trahison, a acquitté Alexandre Nikitine, contre lequel procureur général avait requis 12 ans d’emprisonnement. Ecologiste et ancien officier, il était accusé par le Service fédéral de sécurité (ex-KGB) d’avoir divulgué des informations sur la flotte nucléaire russe dans un rapport rédigé pour une organisation écologique norvégienne.
Un pétrolier russe, le Volganev 248, s’est échoué dans la mer de Marmara, au large d’Istanbul, avant de se briser en deux.
vendredi 31 décembre
A la télévision, Boris Eltsine a annoncé sa démission et nommé le Premier ministre Vladimir Poutine pour assurer l’intérim.
Les Russes poursuivent le siège de Grozny, qui résiste encore.
Aucun journal moscovite de paraîtra avant la mi-janvier 2000. Non en raison d’une quelconque censure, mais pour cause de trêve des confiseurs.