mardi 1er janvier
Publication du premier numéro du quotidien des armées soviétiques, Krasnaïa Zvezda (« Etoile rouge »).
dimanche 6 janvier
Les Ballets russes de Serge de Diaghilev créent au Théâtre de Monte-Carlo Les Biches, un ballet de la Russe Bronislava Nijinska, sur une musique de Francis Poulenc. Les décors et costumes sont de Marie Laurencin. Les principaux interprètes sont Br. Nijinska, Vera Nemtchinova, Alexandra Danilova et Lubov Tchernitcheva.
mardi 8 janvier
La Pravda affirme que Léon Trotski est malade. Pour nombre d’observateurs cette information serait surtout synonyme d’un prochain limogeage.
vendredi 18 janvier
Dans un discours prononcé devant le Congrès des Soviets, Staline accuse Trotski de semer la dissension. Des rumeurs inquiétantes circulent à propos de la situation de Léon Trotski. Selon certains, il aurait été arrêté (en fait il se remet d’une maladie sur les bords de la mer Noire).
samedi 19 janvier
Staline fait adopter par le Congrès des Soviets une résolution dénonçant chez Trotski une « tentative directe de discréditer l’appareil du Parti », qui ne peut, « objectivement parlant, conduire à rien d’autre qu’à soustraire l’appareil de l’Etat à l’influence du Parti ».
lundi 21 janvier
Lénine (Vladimir Illitch Oulianov) est décédé à Gorki, à 18 h 50 (heure de Moscou). Il avait 53 ans. L’information est rapidement transmise par téléphone aux responsables soviétiques, réunis au théâtre du Bolchoï pour le Congrès des Soviets. Très nombreux sont ceux qui ne peuvent retenir leurs larmes. A peine la nouvelle digérée, Staline entreprend de s’assurer le pouvoir par des purges.
mardi 22 janvier
L’autopsie de Lénine révèle que l’obstruction des artères par des dépôts gras a entraîné une hémorragie cérébrale.
mercredi 23 janvier
Annonce officielle au peuple soviétique de la mort de Lénine. La dépouille du leader révolutionnaire est transférée à Moscou dans le Palais des Unions, au milieu du Hall des Colonnes. Une garde d’honneur est mise en place. Les portes du bâtiment ouvrent au public à 19 heures.
Le gouvernement soviétique charge l’architecte Alexeï Chtchoussev d’établir les plans du mausolée de Lénine.
jeudi 24 janvier
Le gouvernement soviétique annonce que Petrograd change de nom : la ville est rebaptisée Leningrad [Saint-Pétersbourg à partir de 1991].
dimanche 27 janvier
Des funérailles d’Etat sont organisées pour Lénine sur la place Rouge. Par un froid glacial (- 37° C), le dirigeant soviétique est inhumé dans un mausolée provisoire en bois, le temps qu’un plus grand monument soit construit. Des Russes viennent de tout le pays à Moscou pour lui rendre hommage.
jeudi 31 janvier
A Moscou, le Congrès des soviets ratifie la Constitution de l’Union soviétique de 1923, qui entre en vigueur. Officiellement les diverses Républiques qui composent l’URSS sont souveraines et égales en droit, mais le gouvernement central conserve le contrôle des questions de défense, des Affaires étrangères et de planification économique.
en janvier
Le général Vassili Blioukher est nommé à la tête de la mission militaire soviétique auprès du Guomindang (parti nationaliste chinois).
vendredi 1er février
Le nouveau gouvernement britannique reconnaît officiellement l’URSS : établissement de relations diplomatiques avec Moscou (d’autres pays suivront l’exemple de Londres : l’Italie, l’Autriche, la Finlande, la Norvège, la Suède, la Chine, le Danemark, le Mexique).
samedi 2 février
Le communiste modéré Alekseï Rykov remplace Lénine au poste de président du Conseil des commissaires.
Félix Dzerjinski est nommé à la tête du Conseil suprême de l’économie nationale ou Vesenkha (Vysschi soviet narodnogo khoziaïstva, VSNKh).
dimanche 3 février
Le gouvernement soviétique qualifie la décision britannique de « pas historique ». Moscou promet de tout ce qui est en son pouvoir afin de « régler les malentendus et de développer et consolider les relations économiques entre les deux pays.
lundi 4 février
Trois jours après le Royaume-Uni, l’Autriche reconnaît à son tour l’Union soviétique.
jeudi 7 février
L’Italie reconnaît l’URSS. Les deux pays vont échanger des diplomates.
samedi 9 février
Formation de République socialiste soviétique autonome du Nakhitchevan, au sein de République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan.
lundi 17 mars
La Suède et l’URSS échangent des ambassadeurs.
Les Pays-Bas entament des négociations pour une reconnaissance officielle de l’Union soviétique.
mercredi 26 mars
Début de la réforme pénale en URSS. L’appartenance à une classe sociale sera désormais utilisée comme critère de jugement.
jeudi 27 mars
Le Canada reconnaît officiellement l’URSS.
Ouverture à Vienne de négociations pour le rétablissement des relations entre l’URSS et la Roumanie. La délégation soviétique est conduite par N.N. Krestinsky tandis que les Roumains sont menés par C.Langa-Răşcanu. La question de la Bessarabie pose problème : Litvinov souhaite l’organisation dans la région d’un plébiscite, rejeté par Bucarest.
vendredi 28 mars
Le directeur de l’Agence télégraphique russe (agence Tass à partir de 1925), Jacques Doletzky, signe avec les représentants de Havas et de Reuter réunis à Paris un accord de coopération.
mardi 1er avril
A Moscou, le réalisateur Eisenstein propose au Proletkult de réaliser un cycle de huit films : « Vers la dictature du prolétariat ». Le cinquième épisode s’appelle les Grèves.
mercredi 2 avril
A Vienne, la délégation roumaine rejette les propositions soviétiques sur la Bessarabie et rompt les négociations.
lundi 14 avril
Ouverture à Londres de la conférence soviéto-britannique sur le rétablissement des relations entre les deux pays. La question des propriétés privées saisies après la Révolution bolchevique est au cœur des débats.
dimanche 20 avril
Publication dans un magazine soviétique de la nouvelle La Vengeance, écrite par Vladimir Nabokov.
dimanche 27 avril
Première du film Les Aventures extraordinaires de Mr West au pays des bolcheviks, réalisé par Lev Koulechov, avec Porfirl Podobed, Vsevolod Poudvokine, Boris Barnet. Il s’agit d’une satire de l’ignorance américaine concernant l’Union soviétique.
lundi 28 avril
A Berlin, la revue Roul publie la nouvelle Bonté, de Vladimir Nabokov.
vendredi 2 mai
Après un mois et demi de négociations, les Pays-Bas refusent de reconnaître l’URSS.
L’artiste abstrait soviétique Kasimir Malevitch publie le Manifeste suprématiste.
samedi 3 mai
« Incident Bozenhardt » : à la recherche de Johannes Bozenhardt, un prisonnier communiste allemand qui s’est évadé, la police allemande mène un raid contre la délégation commerciale soviétique de Berlin, près de l’ambassade. 700 personnes sont arrêtées. Des documents saisis prouvent que l’URSS soutient activement, notamment financièrement, le Parti communiste allemand (KPD) et ses agitateurs. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Gustav Stresemann, doit cependant reconnaître que la délégation se trouvait sous immunité diplomatique.
dimanche 4 mai
Le gouvernement soviétique avertit que l’ « incident Bozenhardt » aura de graves conséquences à moins que l’Allemagne ne paie des réparations et ne présente des excuses officielles.
mardi 6 mai
L’Union soviétique suspend ses relations commerciales avec l’Allemagne.
lundi 12 mai
Suite à l’ « incident Bozenhardt », l’URSS lance une campagne de boycott économique de l’Allemagne
mardi 13 mai
Une manifestation de protestation contre l’ « incident Bozenhardt » est organisée à Moscou : des effigies représentant le ministre allemand des Affaires étrangères (Gustav Stresemann) et le président du Conseil français (Raymond Poincaré) ont été pendues.
samedi 17 mai
Poursuivant leur tentative de premier tour du monde aérien avec escales, les trois avions Douglas World Cruisers de l’US Army ont d’ores et déjà réussi la première traversée de l’océan Pacifique en avion (avec escales), en reliant l’île Attu, en Alaska, à Paramashiru, dans les Kouriles, au nord du Japon [aujourd’hui Paramouchir, en Russie].
lundi 19 mai
Le chef du Kominform, Gregori Zinoviev, décide de « financer le mouvement révolutionnaire indien, ainsi que toutes les actions qu’il engagera ».
jeudi 22 mai
Serge Koussevitzky a dirigé à l’Opéra de Paris la création du Concerto pour piano et instruments à vent d’Igor Strasvinsky. Le compositeur était au piano.
vendredi 23 mai
Ouverture à Moscou du 13e Congrès du Parti communiste russe.
dimanche 25 mai
Joseph Staline, secrétaire général du Parti communiste soviétique, émerge comme le nouvel homme fort du pays.
lundi 26 mai
Andreï Tupolev fait voler son premier avion, l’ANT-2, un monoplan expérimental entièrement métallique.
samedi 31 mai
Clôture à Moscou du 13e congrès du Parti communiste. Staline est le grand vainqueur : les thèses de Léon Trotski et l’opposition de gauche sont condamnées par les délégués.
Premier traité signé entre le gouvernement de Pékin et l’URSS. Les Soviétiques renoncent aux privilèges des « contrats disparates » en Chine, Etat avec lequel ils intensifient leurs relations. La Mongolie extérieure est définie comme « partie intégrante de la République de Chine ».
mardi 10 juin
ORAG (Ostmarken Rundfunk Aktien-Gesellschaft) commence à émettre comme la première station de radio de Königsberg, en Allemagne [aujourd’hui Kaliningrad, en Russie].
mercredi 18 juin
Le Danemark reconnaît officiellement l’Union soviétique.
vendredi 20 juin
Les Ballets russes de Diaghilev ont créé au théâtre parisien des Champs-Elysées le Train bleu, un ballet en un acte de Bronislava Nikinska, sur un livret de Jean Cocteau et une musique Darius Milhaud. Les décors sont d’Henri Laurens, les costumes de Coco Chanel et le rideau de scène a été réalisé d’après le tableau de Picasso Deux femmes courant sur la plage. Br. Nijinska, Lydia Sokolova, Anton Dolin et Léon Wojcikowski sont les principaux acteurs.
dimanche 22 juin
La nouvelle de Nabokov Jeu de hasard paraît en russe à Riga.
mardi 8 juillet
A Moscou, l’Internationale communiste condamne la sévère loi américaine Immigration Act. Les délégués votent une résolution prônant une liberté totale de l’immigration à travers le monde.
nuit du vendredi 18 au samedi 19 juillet
30 agents soviétiques ont franchi la frontière polonaise pour attaquer le village de Wisniew, dans le comté de Wolozyn (voïvodie de Nowogrodek [aujourd’hui Navahroudak, en Biélorussie]) : le commissaire de police polonais a été tué dans un échange de tirs. Les agresseurs sont rentrés chez eux après avoir saisi divers objets de valeur (environ 200 actions identiques auront lieu au cours de l’année 1924 en divers points de la frontière polono-soviétique.
dimanche 20 juillet
Dans un message adressé aux partis communistes polonais, lituaniens, estoniens, roumains, tchécoslovaques et yougoslaves, le comité exécutif du Komintern affirme que « le peuple russe est menacé de guerre par la Roumanie ».
Création à Moscou de la première revue sportive d’URSS, Sovetskiy Sport.
La Tchécoslovaquie remporte le tournoi d’échecs de Paris (par équipe de quatre joueurs), organisé en marge des Jeux olympiques. Deux joueurs lettons, Matisons et Apsenicks, se sont classés premiers en individuel mais la Lettonie n’a pu remporter le tournoi car seulement trois joueurs de ce pays ont participé.
vendredi 25 juillet
Le Guépéou a arrêté l’un des responsables de l’opposition sociale-démocrate géorgienne, l’ancien maire de Tiflis [Tbilissi] Bénia Tchkhikvichvili, avec un groupe de conjurés locaux (Vasso Nodia, Goguita Parava et Guiorgui Tsinamrvrichvili). Il est transféré à la prison de Souzdal (il sera exécuté à une date inconnue dans les mois qui suivent).
mardi 29 juillet
L’Union soviétique et l’Allemagne ont signé un accord commercial mettant fin à la crise née de l’ « incident Bozenhardt », deux mois plus tôt.
nuit du dimanche 3 au lundi 4 août
Divisé en quatre unités, un groupe de 150 agents soviétiques du Zakordot, commandé par le lieutenant Borichkevitch a mené un raid méticuleusement planifié sur la ville polonaise de Stołpce [aujourd’hui Stoubcy, en Biélorussie] afin d’obtenir la libération de deux militants communistes emprisonnés : le commissariat, la gare, la Poste et plusieurs maisons sont détruits et plusieurs habitants enlevés. Certains agents ont été capturés par les Polonais : ils affirment avoir été entraînés par des officiers soviétiques à Minsk.
lundi 4 août
L’Union soviétique et le Mexique établissent des relations diplomatiques.
La tentative des Britanniques MacLaren, Plenderleith et Andrew de réaliser le premier tour du monde aérien s’est achevée dans la mer de Béring, où leur Vickers Vulture a été contraint d’amerrir. Trop abîmé, l’appareil ne pourra repartir. Partis le 25 mars d’Angleterre, ils avaient jusque-là parcouru 21 095 kilomètres en 130 jours. Les trois hommes parviendront à rejoindre l’île Béring, dans l’archipel Commander.
mercredi 6 août
Nouvelle arrestation dans les milieux de la résistance géorgienne : chargé de préparer un soulèvement, l’ancien commandant de la Garde populaire Valiko Djoughéli a été interpellé par le Guépéou (il sera sommairement exécuté au mois d’août).
jeudi 7 août
Début des négociations nippo-soviétiques sur la normalisation des relations entre les deux pays.
vendredi 8 août
Signature d’un traité commercial entre la Grande-Bretagne et l’URSS : en échange d’un prêt accordé au gouvernement soviétique, Moscou accorde aux produits britanniques le statut de « nation la plus favorisée ».
La Fédération communiste balkanique, présidée par Vasili Petrov Kolarov, rédige un plan d’action à mener contre la Roumanie. Les dispositions doivent être mises en place à la mi-septembre.
dimanche 10 août
La police autrichienne affirme avoir découvert une caisse noire servant aux soviétiques à financer des mouvements d’agitation et des soulèvements dans les Balkans.
mardi 12 août
Le quotidien français Le Journal assure détenir des preuves de la constitution par les Soviétiques d’un tribunal secret chargé de propager la révolution dans les colonies européennes.
dimanche 17 août
Le jeune mathématicien russe Paul Urysohn (26 ans) s’est noyé en se baignant sur la plage Saint-Michel, à Batz-sur-Mer (France).
mardi 19 août
Neuf jours après avoir franchi le détroit de Béring, le brise-glace soviétique Krasny Oktyabr atteint l’île Wrangel, dans la mer des Tchouktches, bordant l’océan Arctique, avec pour mission d’en revendiquer la possession au nom de l’URSS et d’en expulser les étrangers qui avaient profité de la Révolution russe pour s’y installer (dont des Inuits installés par les Etats-Unis en 1923). Le navire était parti de Vladivostok le 27 juillet.
samedi 23 août
Ouverture à Moscou de la troisième édition du championnat d’échecs d’URSS.
jeudi 28 août
Début raté du « soulèvement d’août » en Géorgie : alors qu’une insurrection générale était prévue pour la nuit suivante la ville minière de Chiatura se révolte avec quelques heures d’avance à la suite de malentendus. Malgré l’arrestation récente de plusieurs de leurs chefs (notamment Djoughéli), les autres régions de la Géorgie occidentale vont suivre sous la direction du Comité pour l’indépendance de la Géorgie (DAMKOM) et du Parti ouvrier social-démocratie géorgien (issu des mencheviques). Ses responsables espèrent inspirer les autres peuples du Caucase et obtenir l’aide des puissances occidentales mais les services de renseignement étaient informés d’une révolte imminente (que le Guépéou a peut être même provoqué pour faciliter l’élimination de toute opposition).
vendredi 29 août
Le soulèvement géorgien connaît de premiers succès et se répand rapidement dans l’ouest de la province. Mais l’Abkhazie et plusieurs grandes villes (Tiflis [Tbilissi], Batoumi) ne bougent pas. Un gouvernement intérimaire de Géorgie est mis en place sous la présidence du prince Guiorgui Tsrétéli. D’abord surpris par l’ampleur du mouvement qu’ils avaient prévu, les autorités soviétiques réagissent rapidement et envoient des troupes en renfort sous les ordres du général Semion Pougatchev : l’Armée rouge et le Guépéou attaquent les localités insurgées d’Abacha, Senaki et Chiatura en utilisant l’artillerie et l’aviation. Au sud-ouest de Tiflis, le colonel Kakoutsa Tcholkhachvili est repoussée lors d’une attaque contre la base fortifiée de Manglissi ; il bat en retraite vers l’Est. Afin d’empêcher toute intervention extérieures, un blocus des côtes géorgiennes est mis en place. Début des exécutions de masse de Géorgiens par les Soviétiques
samedi 30 août
Sur la défensive, les rebelles géorgiens sont contraints de se retirer vers des zones montagneuses et forestières.
lundi 1er septembre
Afin de maintenir actives les relations entre les militaires russes blancs contraints à l’émigration, le général Wrangel fonde en Yougoslavie une organisation anticommuniste, l’Union générale des combattants russes (ROVS). Les renseignements soviétiques la combattront au moyen d’agents doubles et de faux groupes.
Capturé l’année précédente, l’ancien ministre menchevique géorgien Noé Khomériki est exécuté par le Guépéou dans un lieu inconnu de la région de Rostov. Il avait 41 ans (date supposée).
mardi 2 septembre
Une bombe est découverte dans le tombeau de Lénine à Moscou.
mercredi 3 septembre
Soulèvement géorgien. Le colonel Tcholokhachvili s’empare par surprise de la ville de Douchétie, dans le Nord-Est. Mais la contre-attaque soviétique le contraint à se retirer avec ses hommes dans les montagnes.
Contrat entre l’Allemagne et l’URSS pour l’achat de pétrole russe.
jeudi 4 septembre
Installé dans le monastère de Chio-Mgvime, près de Mtskhéta, le quartier-général des rebelles géorgiens est découvert par le Guépéou, qui procède à l’arrestation des principaux chefs : le prince Andronikachvili (président du Damkom), Djavakhichvili, Ichkhnéli, Djinoria et Botchorichvili. A Tiflis, Lavrenti Béria parvient à convaincre les révoltés arrêtés de signer une déclaration appelant à déposer les armes, en échange de la fin des mises à mort (une promesse qui ne sera pas respectée). En neuf jours, entre 3 000 et 3 500 Géorgiens ont été tués au combat, mais le pire est à venir. Les pertes de l’Armée rouge et de la Tchéka sont inconnues, mais probablement très lourdes.
du vendredi 5 au samedi 6 septembre
La victoire assurée, l’Armée rouge et le Guépéou violent la promesse faite par Béria et se lancent dans une terrible répression du soulèvement géorgien avec le soutien de Staline et d’Ordjonikidzé : les exécutions sommaires et massives se suivent. Des familles entières sont massacrées, femmes et enfants compris. L’officier de la Tchéka Talakhadzé met au point une nouvelle tactique d’exécution : des centaines de prisonniers sont directement abattus dans des coffres de wagons. On estime le nombre de personnes exécutées depuis le 29 août entre 10 000 et 12 000. 20 000 autres sont déportées en Asie centrale et en Sibérie. Devant l’indignation à l’étranger, et notamment dans les rangs des partis socialistes, le gouvernement central soviétique charge une commission présidée par Ordjonikidze d’enquêter sur les actions de la Tchéka.
lundi 8 septembre
La diplomate russe Alexandra Kollontai devient la première femme ambassadrice au monde.
mercredi 10 septembre
L’Armée rouge, dirigée par Grigori Ordjonikidze, écrase dans le sang l’insurrection populaire à Tiflis [Tbilissi]. Les dirigeants du Parti social-démocrate sont systématiquement exécutés.
jeudi 11 septembre
Venu par bateau, un groupe armé de 30 hommes commandé par Ivan Bejanovici a attaqué vers midi le village de Nikolaïevca, situé dans le Boudjak roumain [aujourd’hui Mykolaivka, dans l’oblast ukrainien d’Odessa], près de la frontière. Le maire et deux gendarmes ont été tués, plusieurs bâtiments incendiés (dont l’hôtel de ville) et les lignes de téléphone et de télégraphe coupées. Une foire paysanne a été pillée. Avant de fuir devant l’intervention des gendarmes roumains, les agents soviétiques ont laissé derrière eux des tracts signés par le voleur Terente appelant la population à se rebeller.
mi-septembre
La majorité des derniers groupes rebelles géorgiens ont été détruits. Ceux qui le peuvent rejoignent la Turquie.
lundi 15 septembre
Efim Bogoljubov est sacré champion d’échecs d’URSS, devant Grigory Levenfisch (deuxième année consécutive que celui-ci termine second).
nuit du lundi 15 au mardi 16 septembre
Début du soulèvement paysan de Tatarbunary dans le Boudjak roumain (Bessarabie, aujourd’hui dans l’oblast ukrainien d’Odessa). Des milliers d’habitants de la ville et des environs se soulèvent contre l’ « occupation » roumaine à l’appel d’un comité révolutionnaire pro-soviétique dirigé par Iustin Batischcev, Nechita Lisovoi, Kolţov, Leonte Ţurcan et Alexei Pavlenco, sous la conduite de l’agent Andrei Kliushnikov (dit Nenin). Les insurgés occupent l’hôtel de ville, d’où est proclamée la République soviétique de Moldavie. Un secrétaire de mairie, le chef de la gendarmerie locale, deux soldats et plusieurs employés sont tués. Le drapeau rouge est érigé sur tous les bâtiments publics. Au même moment, un détachement d’artillerie soviétique entame des manœuvres à Ovidiopol, sur la rive droite du Dniestr.
mardi 16 septembre
Le gouvernement roumain envoie le troisième corps d’armée, de l’artillerie et une unité de marine pour réprimer la révolte de Tatarbunary. Les premiers soldats roumains arrivent dans la soirée à Cetatea Albă et engagent aussitôt le combat avec les rebelles sur le pont reliant Tatarbunary et Bîlolîssia.
mercredi 17 septembre
A l’aube, l’armée roumaine entre dans Strumok : les troupes menées par Nenin se retirent vers Tatarbunary.
jeudi 18 septembre
Aux premières heures du jour, les troupes roumaines bombardent Tatarbunary puis entrent dans la ville. Nenin ordonne un repli vers Desantne. Le soulèvement de est réprimé dans le sang : 3 000 personnes sont tuées et 1 600 autres arrêtées, dont les principaux meneurs. Ceux qui le peuvent tentent de rejoindre l’Union soviétique par terre ou par mer. Nenin lui-même est mortellement blessé en tentant de fuir.
mercredi 24 septembre
Nouvelle opération soviétique en territoire polonais : un groupe d’agents commandés par Trofim Kalinienko se sont emparés d’un train circulant entre Pinsk et Luniniec [aujourd’hui Louninets, en Biélorussie]. Plusieurs personnalités figuraient parmi les passagers : le voïvode de Polésie Stanislas Downarowicz, l’évêque catholique de Minsk et Pinsk Mgr Zygmunt Łoziński et le sénateur Boleslaw Wyslouch. Après avoir récupéré tout ce qui a de la valeur, le commando est retourné en territoire soviétique.
jeudi 25 septembre
Sortie du film soviétique de science-fiction Aelita, réalisé par Yakov Protazanov d’après un roman d’Alexei Tolstoï, avec Ioulia Solntseva, Igor Ilynski, Nikolaï Tsereteli et Nikolaï Batalov.
vendredi 26 septembre
Leningrad et sa région sont frappées par de graves inondations. On déplore une trentaine de morts.
mardi 7 octobre
Le Conseil des commissaires du peuple de Géorgie proclame une amnistie pour tous les rebelles qui se rendraient volontairement.
mercredi 8 octobre
En Chine, un cargo soviétique atteint Huangpu (Canton) où il décharge 8 000 fusils pour les troupes de Sun Yat-sen.
samedi 11 octobre
Un mois après le soulèvement de Tatarbunary, des gendarmes roumains de Cetatea Albă informent leurs supérieurs qu’un groupe de 45 hommes est arrivé en bateau à mort pour tenter de libérer les prisonniers détenus au village de Tuzly.
dimanche 12 octobre
La parution des Leçons d’Octobre est annoncée par la Pravda. Dans cette description des événements d’Octobre et de ses conséquences, Trotski accuse Grigori Zinoviev et Lev Kamenev d’avoir trahi la révolution.
Création à la frontière roumaine, au sein de la République d’Ukraine, de la République socialiste soviétique autonome de Moldavie, avec pour capitale Balta [aujourd’hui en Ukraine].
Début des émissions de Radio Sokolnicheskaïa à Moscou.
mardi 14 octobre
Etablissement de la Région autonome des Kara-Kirghiz au sein de la République socialiste fédérative soviétique de Russie (Kirghizistan à partir de 1925).
vendredi 17 octobre
Nouvelle tentative d’agents soviétiques pour libérer dans le Boudjak des insurgés ayant participé au soulèvement de Tatarbunary.
mercredi 22 octobre
Installation du chauffage dans le tombeau de Lénine : celui-ci devient ainsi le premier mausolée de l’Histoire équipé d’un chauffage central.
vendredi 24 octobre
Le ministère britannique des Affaires étrangères présente la « lettre de Zinoviev ». Dans ce message, daté du 15 septembre et intercepté par les services secrets anglais, le dirigeant soviétique, président du Komintern, donne l’instruction au Parti communiste britannique de déclencher la révolution au Royaume-Uni. Londres adresse une protestation officielle à Moscou (la lettre est en fait un faux ; toutefois, cette publication contribuera à la défaite des travaillistes aux élections et pèsera lourdement sur les relations diplomatiques que viennent juste d'établir l'Angleterre et l'Union soviétique).
En Asie centrale, la région autonome du Turkménistan est érigée en République socialiste soviétique autonome.
samedi 25 octobre
Le Daily Mail publie la « lettre de Zinoviev ». A quatre jours des élections générales, ce document devient la principale information des journaux britanniques. Inquiet, le Premier ministre MacDonald demande aux candidats travaillistes de ne plus soutenir l’accord commercial anglo-soviétique. Pour sa part, le Parti communiste de Grande-Bretagne publie une déclaration affirmant n’avoir jamais reçu cette lettre, qualifiée de faux.
A Moscou, le film Aelita, de Yakov Protazanov, tiré du roman d’Alexis Tolstoï, surprend beaucoup par l’extravagance de ses décors.
dimanche 26 octobre
Le gouvernement soviétique dénonce la « lettre de Zinoviev » comme un faux fabriqué pour nuire à l’URSS. Moscou réclame à Londres des excuses.
lundi 27 octobre
Le Premier ministre britannique Ramsay MacDonald affirme croire en l’authenticité de la « lettre de Zinoviev ».
L’ancienne république socialiste soviétique autonome du Turkestan s’unit aux républiques de Khiva et de Boukhara pour former la République socialiste soviétique d’Ouzbékistan. En son sein est formée la République autonome du Tadjikistan.
mardi 28 octobre
Etablissement de relations diplomatiques avec la France qui reconnaît l'URSS. L’ambassadeur de Moscou, Krassine, est attendu à Paris, où il occupera l’hôtel de la rue de Grenelle, fermé depuis 1917. M. Herbette ira représenter la France à Moscou.
en octobre
Publication du rapport d’enquête sur la répression du soulèvement géorgien : choisissant des boucs-émissaires, les autorités purgent certains éléments du Guépéou géorgien.
vendredi 7 novembre
Conçue par Ya. M. Hakkel, la locomotive expérimentale diesel-électrique à triple-bogie Ys. n°002 effectue son premier voyage sur la ligne de chemin de fer d’Oktiabrskaïa (« Octobre »), la plus vieille du pays, entre Moscou et Leningrad.
dimanche 9 novembre
Afin d’intimider le gouvernement estonien à la veille de l’ouverture du « procès des 149 », l’Union soviétique masse des troupes à la frontière.
lundi 10 novembre
Ouverture en Estonie du « procès des 149 » : ces membres du Parti communiste, dont plusieurs sont élus au Parlement (Eliise Priks, Eduard Luts, Aleksander Rimmel, etc.) sont poursuivis pour haute-trahison. L’acte d’accusation fait 150 pages. La majorité des accusés nie les faits qui leur sont reprochés, certains reconnaissant juste avoir eu besoin de l’argent offert par des agents soviétiques. Les personnes jugées ont été arrêtées lors de différentes opérations de police menées au cours de l’année, notamment le 21 janvier dernier.
vendredi 14 novembre
Leonid Krassine devient le premier ambassadeur d’URSS en France.
Alors même que le « procès des 149 » n’est pas achevé, le député communiste estonien Jaan Tomp est informé de sa peine avant les autres : unique condamné à mort, il est exécuté à Tallinn. Il avait 30 ans.
dimanche 16 novembre
Premier match de football opposant les équipes soviétiques et turques. Au stade de Vorovskogo, à Moscou, l’URSS s’est imposée trois buts à zéro.
vendredi 21 novembre
Le nouveau Premier ministre britannique, le conservateur Baldwin, annule les contrats commerciaux conclus avec l’URSS par son prédécesseur travailliste.
mercredi 26 novembre
Mettant à profit le décès de Bogdo Khan en mai dernier, le gouvernement provisoire mongol proclame la République populaire de Mongolie, qui s’aligne ouvertement sur la ligne de l’Union soviétique. La capitale, Ourga, est rebaptisée Oulan-Bator (« Héros rouge »).
jeudi 27 novembre
Verdict dans le « procès des 149 » en Estonie : 39 accusés sont condamnés aux travaux forcés à perpétuité, 28 à 15 ans, 6 à 12 ans, 19 à 10 ans, 6 à 8 ans, 15 à 6 ans, 5 à 4 ans et 11 à 3 ans. 7 sont acquittés.
lundi 1er décembre
Echec d’une tentative de coup d’Etat communiste en Estonie. Soutenus et dirigés par 56 agents des Renseignements soviétiques (GRU) présents à Tallinn depuis le printemps, 279 militants communistes armés déclenchent à 5 h 15 un soulèvement contre le gouvernement selon un plan mis au point par Jaan Anvelt et Karl Rimm. Les principales cibles sont le Collège militaire national de Tondi, le château de Toompea, la gare de Tallinn-Väike (où le ministre des Routes Karl Kark est mortellement blessé), le bataillon d’ingénieurs de Nõmme ainsi que l’aérodrome militaire de Lasnamäe. Mais l’opération tourne rapidement court, en du fait des arrestations massives de ces derniers mois et du manque du soutien de la population et des travailleurs. Vers 10 heures du matin, les forces gouvernementales ont repris tous les bâtiments de la capitale capturés par les communistes : 125 insurgés ont été tués (certains sommairement exécutés après leur reddition) tandis que plus de 500 personnes sont arrêtées. 26 soldats et cadets ont perdu la vie dans les combats. La chasse aux rebelles se poursuivra dans les jours suivant (Jaan Anvelt et Rudolf Valmann parviendront à rejoindre l’URSS).
vendredi 5 décembre
Une fusillade se déroule à Iru, près de Tallinn : les policiers estoniens ont abattu trois importants responsables communistes (Arnold Sommerling, Evald Ambos et Osvald Piiri).
dimanche 7 décembre
La police estonienne a mené un raid dans une maison de Tallinn, au 50 de la rue Vilmsi. Trois militants communistes ont été tués.
mardi 9 décembre
Viatchesla I. Zof devient le nouveau commandant en chef de la flotte de guerre soviétique. Il succède à Eduard S. Pantserzhanski.
jeudi 18 décembre
Première déclaration du pape contre le communisme, suite à l’échec d’une mission pontificale en URSS. Pie XI assure que le Vatican pour fera tout ce qui est en son pouvoir pour aider les Russes mais qu’en aucune façon celle-ci doit être considérée comme un soutien au système politique soviétique.
samedi 20 décembre
En lançant le slogan de la mise en place du socialisme dans un seul pays, Staline dénonce ouverte la révolution permanente prônée par Trotski.
vendredi 26 décembre
L’ambassadeur soviétique en France Leonid Krassine a déclaré que l’URSS ne remboursera pas les emprunts réalisés par son pays du temps du tsar.
dans l’année
Kliment Vorochilov devient commandant militaire de la région de Moscou.
Le Guépéou est intégrée au ministère de l’Intérieur.
Publication du premier numéro du quotidien des armées soviétiques, Krasnaïa Zvezda (« Etoile rouge »).
dimanche 6 janvier
Les Ballets russes de Serge de Diaghilev créent au Théâtre de Monte-Carlo Les Biches, un ballet de la Russe Bronislava Nijinska, sur une musique de Francis Poulenc. Les décors et costumes sont de Marie Laurencin. Les principaux interprètes sont Br. Nijinska, Vera Nemtchinova, Alexandra Danilova et Lubov Tchernitcheva.
mardi 8 janvier
La Pravda affirme que Léon Trotski est malade. Pour nombre d’observateurs cette information serait surtout synonyme d’un prochain limogeage.
vendredi 18 janvier
Dans un discours prononcé devant le Congrès des Soviets, Staline accuse Trotski de semer la dissension. Des rumeurs inquiétantes circulent à propos de la situation de Léon Trotski. Selon certains, il aurait été arrêté (en fait il se remet d’une maladie sur les bords de la mer Noire).
samedi 19 janvier
Staline fait adopter par le Congrès des Soviets une résolution dénonçant chez Trotski une « tentative directe de discréditer l’appareil du Parti », qui ne peut, « objectivement parlant, conduire à rien d’autre qu’à soustraire l’appareil de l’Etat à l’influence du Parti ».
lundi 21 janvier
Lénine (Vladimir Illitch Oulianov) est décédé à Gorki, à 18 h 50 (heure de Moscou). Il avait 53 ans. L’information est rapidement transmise par téléphone aux responsables soviétiques, réunis au théâtre du Bolchoï pour le Congrès des Soviets. Très nombreux sont ceux qui ne peuvent retenir leurs larmes. A peine la nouvelle digérée, Staline entreprend de s’assurer le pouvoir par des purges.
mardi 22 janvier
L’autopsie de Lénine révèle que l’obstruction des artères par des dépôts gras a entraîné une hémorragie cérébrale.
mercredi 23 janvier
Annonce officielle au peuple soviétique de la mort de Lénine. La dépouille du leader révolutionnaire est transférée à Moscou dans le Palais des Unions, au milieu du Hall des Colonnes. Une garde d’honneur est mise en place. Les portes du bâtiment ouvrent au public à 19 heures.
Le gouvernement soviétique charge l’architecte Alexeï Chtchoussev d’établir les plans du mausolée de Lénine.
jeudi 24 janvier
Le gouvernement soviétique annonce que Petrograd change de nom : la ville est rebaptisée Leningrad [Saint-Pétersbourg à partir de 1991].
dimanche 27 janvier
Des funérailles d’Etat sont organisées pour Lénine sur la place Rouge. Par un froid glacial (- 37° C), le dirigeant soviétique est inhumé dans un mausolée provisoire en bois, le temps qu’un plus grand monument soit construit. Des Russes viennent de tout le pays à Moscou pour lui rendre hommage.
jeudi 31 janvier
A Moscou, le Congrès des soviets ratifie la Constitution de l’Union soviétique de 1923, qui entre en vigueur. Officiellement les diverses Républiques qui composent l’URSS sont souveraines et égales en droit, mais le gouvernement central conserve le contrôle des questions de défense, des Affaires étrangères et de planification économique.
en janvier
Le général Vassili Blioukher est nommé à la tête de la mission militaire soviétique auprès du Guomindang (parti nationaliste chinois).
vendredi 1er février
Le nouveau gouvernement britannique reconnaît officiellement l’URSS : établissement de relations diplomatiques avec Moscou (d’autres pays suivront l’exemple de Londres : l’Italie, l’Autriche, la Finlande, la Norvège, la Suède, la Chine, le Danemark, le Mexique).
samedi 2 février
Le communiste modéré Alekseï Rykov remplace Lénine au poste de président du Conseil des commissaires.
Félix Dzerjinski est nommé à la tête du Conseil suprême de l’économie nationale ou Vesenkha (Vysschi soviet narodnogo khoziaïstva, VSNKh).
dimanche 3 février
Le gouvernement soviétique qualifie la décision britannique de « pas historique ». Moscou promet de tout ce qui est en son pouvoir afin de « régler les malentendus et de développer et consolider les relations économiques entre les deux pays.
lundi 4 février
Trois jours après le Royaume-Uni, l’Autriche reconnaît à son tour l’Union soviétique.
jeudi 7 février
L’Italie reconnaît l’URSS. Les deux pays vont échanger des diplomates.
samedi 9 février
Formation de République socialiste soviétique autonome du Nakhitchevan, au sein de République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan.
lundi 17 mars
La Suède et l’URSS échangent des ambassadeurs.
Les Pays-Bas entament des négociations pour une reconnaissance officielle de l’Union soviétique.
mercredi 26 mars
Début de la réforme pénale en URSS. L’appartenance à une classe sociale sera désormais utilisée comme critère de jugement.
jeudi 27 mars
Le Canada reconnaît officiellement l’URSS.
Ouverture à Vienne de négociations pour le rétablissement des relations entre l’URSS et la Roumanie. La délégation soviétique est conduite par N.N. Krestinsky tandis que les Roumains sont menés par C.Langa-Răşcanu. La question de la Bessarabie pose problème : Litvinov souhaite l’organisation dans la région d’un plébiscite, rejeté par Bucarest.
vendredi 28 mars
Le directeur de l’Agence télégraphique russe (agence Tass à partir de 1925), Jacques Doletzky, signe avec les représentants de Havas et de Reuter réunis à Paris un accord de coopération.
mardi 1er avril
A Moscou, le réalisateur Eisenstein propose au Proletkult de réaliser un cycle de huit films : « Vers la dictature du prolétariat ». Le cinquième épisode s’appelle les Grèves.
mercredi 2 avril
A Vienne, la délégation roumaine rejette les propositions soviétiques sur la Bessarabie et rompt les négociations.
lundi 14 avril
Ouverture à Londres de la conférence soviéto-britannique sur le rétablissement des relations entre les deux pays. La question des propriétés privées saisies après la Révolution bolchevique est au cœur des débats.
dimanche 20 avril
Publication dans un magazine soviétique de la nouvelle La Vengeance, écrite par Vladimir Nabokov.
dimanche 27 avril
Première du film Les Aventures extraordinaires de Mr West au pays des bolcheviks, réalisé par Lev Koulechov, avec Porfirl Podobed, Vsevolod Poudvokine, Boris Barnet. Il s’agit d’une satire de l’ignorance américaine concernant l’Union soviétique.
lundi 28 avril
A Berlin, la revue Roul publie la nouvelle Bonté, de Vladimir Nabokov.
vendredi 2 mai
Après un mois et demi de négociations, les Pays-Bas refusent de reconnaître l’URSS.
L’artiste abstrait soviétique Kasimir Malevitch publie le Manifeste suprématiste.
samedi 3 mai
« Incident Bozenhardt » : à la recherche de Johannes Bozenhardt, un prisonnier communiste allemand qui s’est évadé, la police allemande mène un raid contre la délégation commerciale soviétique de Berlin, près de l’ambassade. 700 personnes sont arrêtées. Des documents saisis prouvent que l’URSS soutient activement, notamment financièrement, le Parti communiste allemand (KPD) et ses agitateurs. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Gustav Stresemann, doit cependant reconnaître que la délégation se trouvait sous immunité diplomatique.
dimanche 4 mai
Le gouvernement soviétique avertit que l’ « incident Bozenhardt » aura de graves conséquences à moins que l’Allemagne ne paie des réparations et ne présente des excuses officielles.
mardi 6 mai
L’Union soviétique suspend ses relations commerciales avec l’Allemagne.
lundi 12 mai
Suite à l’ « incident Bozenhardt », l’URSS lance une campagne de boycott économique de l’Allemagne
mardi 13 mai
Une manifestation de protestation contre l’ « incident Bozenhardt » est organisée à Moscou : des effigies représentant le ministre allemand des Affaires étrangères (Gustav Stresemann) et le président du Conseil français (Raymond Poincaré) ont été pendues.
samedi 17 mai
Poursuivant leur tentative de premier tour du monde aérien avec escales, les trois avions Douglas World Cruisers de l’US Army ont d’ores et déjà réussi la première traversée de l’océan Pacifique en avion (avec escales), en reliant l’île Attu, en Alaska, à Paramashiru, dans les Kouriles, au nord du Japon [aujourd’hui Paramouchir, en Russie].
lundi 19 mai
Le chef du Kominform, Gregori Zinoviev, décide de « financer le mouvement révolutionnaire indien, ainsi que toutes les actions qu’il engagera ».
jeudi 22 mai
Serge Koussevitzky a dirigé à l’Opéra de Paris la création du Concerto pour piano et instruments à vent d’Igor Strasvinsky. Le compositeur était au piano.
vendredi 23 mai
Ouverture à Moscou du 13e Congrès du Parti communiste russe.
dimanche 25 mai
Joseph Staline, secrétaire général du Parti communiste soviétique, émerge comme le nouvel homme fort du pays.
lundi 26 mai
Andreï Tupolev fait voler son premier avion, l’ANT-2, un monoplan expérimental entièrement métallique.
samedi 31 mai
Clôture à Moscou du 13e congrès du Parti communiste. Staline est le grand vainqueur : les thèses de Léon Trotski et l’opposition de gauche sont condamnées par les délégués.
Premier traité signé entre le gouvernement de Pékin et l’URSS. Les Soviétiques renoncent aux privilèges des « contrats disparates » en Chine, Etat avec lequel ils intensifient leurs relations. La Mongolie extérieure est définie comme « partie intégrante de la République de Chine ».
mardi 10 juin
ORAG (Ostmarken Rundfunk Aktien-Gesellschaft) commence à émettre comme la première station de radio de Königsberg, en Allemagne [aujourd’hui Kaliningrad, en Russie].
mercredi 18 juin
Le Danemark reconnaît officiellement l’Union soviétique.
vendredi 20 juin
Les Ballets russes de Diaghilev ont créé au théâtre parisien des Champs-Elysées le Train bleu, un ballet en un acte de Bronislava Nikinska, sur un livret de Jean Cocteau et une musique Darius Milhaud. Les décors sont d’Henri Laurens, les costumes de Coco Chanel et le rideau de scène a été réalisé d’après le tableau de Picasso Deux femmes courant sur la plage. Br. Nijinska, Lydia Sokolova, Anton Dolin et Léon Wojcikowski sont les principaux acteurs.
dimanche 22 juin
La nouvelle de Nabokov Jeu de hasard paraît en russe à Riga.
mardi 8 juillet
A Moscou, l’Internationale communiste condamne la sévère loi américaine Immigration Act. Les délégués votent une résolution prônant une liberté totale de l’immigration à travers le monde.
nuit du vendredi 18 au samedi 19 juillet
30 agents soviétiques ont franchi la frontière polonaise pour attaquer le village de Wisniew, dans le comté de Wolozyn (voïvodie de Nowogrodek [aujourd’hui Navahroudak, en Biélorussie]) : le commissaire de police polonais a été tué dans un échange de tirs. Les agresseurs sont rentrés chez eux après avoir saisi divers objets de valeur (environ 200 actions identiques auront lieu au cours de l’année 1924 en divers points de la frontière polono-soviétique.
dimanche 20 juillet
Dans un message adressé aux partis communistes polonais, lituaniens, estoniens, roumains, tchécoslovaques et yougoslaves, le comité exécutif du Komintern affirme que « le peuple russe est menacé de guerre par la Roumanie ».
Création à Moscou de la première revue sportive d’URSS, Sovetskiy Sport.
La Tchécoslovaquie remporte le tournoi d’échecs de Paris (par équipe de quatre joueurs), organisé en marge des Jeux olympiques. Deux joueurs lettons, Matisons et Apsenicks, se sont classés premiers en individuel mais la Lettonie n’a pu remporter le tournoi car seulement trois joueurs de ce pays ont participé.
vendredi 25 juillet
Le Guépéou a arrêté l’un des responsables de l’opposition sociale-démocrate géorgienne, l’ancien maire de Tiflis [Tbilissi] Bénia Tchkhikvichvili, avec un groupe de conjurés locaux (Vasso Nodia, Goguita Parava et Guiorgui Tsinamrvrichvili). Il est transféré à la prison de Souzdal (il sera exécuté à une date inconnue dans les mois qui suivent).
mardi 29 juillet
L’Union soviétique et l’Allemagne ont signé un accord commercial mettant fin à la crise née de l’ « incident Bozenhardt », deux mois plus tôt.
nuit du dimanche 3 au lundi 4 août
Divisé en quatre unités, un groupe de 150 agents soviétiques du Zakordot, commandé par le lieutenant Borichkevitch a mené un raid méticuleusement planifié sur la ville polonaise de Stołpce [aujourd’hui Stoubcy, en Biélorussie] afin d’obtenir la libération de deux militants communistes emprisonnés : le commissariat, la gare, la Poste et plusieurs maisons sont détruits et plusieurs habitants enlevés. Certains agents ont été capturés par les Polonais : ils affirment avoir été entraînés par des officiers soviétiques à Minsk.
lundi 4 août
L’Union soviétique et le Mexique établissent des relations diplomatiques.
La tentative des Britanniques MacLaren, Plenderleith et Andrew de réaliser le premier tour du monde aérien s’est achevée dans la mer de Béring, où leur Vickers Vulture a été contraint d’amerrir. Trop abîmé, l’appareil ne pourra repartir. Partis le 25 mars d’Angleterre, ils avaient jusque-là parcouru 21 095 kilomètres en 130 jours. Les trois hommes parviendront à rejoindre l’île Béring, dans l’archipel Commander.
mercredi 6 août
Nouvelle arrestation dans les milieux de la résistance géorgienne : chargé de préparer un soulèvement, l’ancien commandant de la Garde populaire Valiko Djoughéli a été interpellé par le Guépéou (il sera sommairement exécuté au mois d’août).
jeudi 7 août
Début des négociations nippo-soviétiques sur la normalisation des relations entre les deux pays.
vendredi 8 août
Signature d’un traité commercial entre la Grande-Bretagne et l’URSS : en échange d’un prêt accordé au gouvernement soviétique, Moscou accorde aux produits britanniques le statut de « nation la plus favorisée ».
La Fédération communiste balkanique, présidée par Vasili Petrov Kolarov, rédige un plan d’action à mener contre la Roumanie. Les dispositions doivent être mises en place à la mi-septembre.
dimanche 10 août
La police autrichienne affirme avoir découvert une caisse noire servant aux soviétiques à financer des mouvements d’agitation et des soulèvements dans les Balkans.
mardi 12 août
Le quotidien français Le Journal assure détenir des preuves de la constitution par les Soviétiques d’un tribunal secret chargé de propager la révolution dans les colonies européennes.
dimanche 17 août
Le jeune mathématicien russe Paul Urysohn (26 ans) s’est noyé en se baignant sur la plage Saint-Michel, à Batz-sur-Mer (France).
mardi 19 août
Neuf jours après avoir franchi le détroit de Béring, le brise-glace soviétique Krasny Oktyabr atteint l’île Wrangel, dans la mer des Tchouktches, bordant l’océan Arctique, avec pour mission d’en revendiquer la possession au nom de l’URSS et d’en expulser les étrangers qui avaient profité de la Révolution russe pour s’y installer (dont des Inuits installés par les Etats-Unis en 1923). Le navire était parti de Vladivostok le 27 juillet.
samedi 23 août
Ouverture à Moscou de la troisième édition du championnat d’échecs d’URSS.
jeudi 28 août
Début raté du « soulèvement d’août » en Géorgie : alors qu’une insurrection générale était prévue pour la nuit suivante la ville minière de Chiatura se révolte avec quelques heures d’avance à la suite de malentendus. Malgré l’arrestation récente de plusieurs de leurs chefs (notamment Djoughéli), les autres régions de la Géorgie occidentale vont suivre sous la direction du Comité pour l’indépendance de la Géorgie (DAMKOM) et du Parti ouvrier social-démocratie géorgien (issu des mencheviques). Ses responsables espèrent inspirer les autres peuples du Caucase et obtenir l’aide des puissances occidentales mais les services de renseignement étaient informés d’une révolte imminente (que le Guépéou a peut être même provoqué pour faciliter l’élimination de toute opposition).
vendredi 29 août
Le soulèvement géorgien connaît de premiers succès et se répand rapidement dans l’ouest de la province. Mais l’Abkhazie et plusieurs grandes villes (Tiflis [Tbilissi], Batoumi) ne bougent pas. Un gouvernement intérimaire de Géorgie est mis en place sous la présidence du prince Guiorgui Tsrétéli. D’abord surpris par l’ampleur du mouvement qu’ils avaient prévu, les autorités soviétiques réagissent rapidement et envoient des troupes en renfort sous les ordres du général Semion Pougatchev : l’Armée rouge et le Guépéou attaquent les localités insurgées d’Abacha, Senaki et Chiatura en utilisant l’artillerie et l’aviation. Au sud-ouest de Tiflis, le colonel Kakoutsa Tcholkhachvili est repoussée lors d’une attaque contre la base fortifiée de Manglissi ; il bat en retraite vers l’Est. Afin d’empêcher toute intervention extérieures, un blocus des côtes géorgiennes est mis en place. Début des exécutions de masse de Géorgiens par les Soviétiques
samedi 30 août
Sur la défensive, les rebelles géorgiens sont contraints de se retirer vers des zones montagneuses et forestières.
lundi 1er septembre
Afin de maintenir actives les relations entre les militaires russes blancs contraints à l’émigration, le général Wrangel fonde en Yougoslavie une organisation anticommuniste, l’Union générale des combattants russes (ROVS). Les renseignements soviétiques la combattront au moyen d’agents doubles et de faux groupes.
Capturé l’année précédente, l’ancien ministre menchevique géorgien Noé Khomériki est exécuté par le Guépéou dans un lieu inconnu de la région de Rostov. Il avait 41 ans (date supposée).
mardi 2 septembre
Une bombe est découverte dans le tombeau de Lénine à Moscou.
mercredi 3 septembre
Soulèvement géorgien. Le colonel Tcholokhachvili s’empare par surprise de la ville de Douchétie, dans le Nord-Est. Mais la contre-attaque soviétique le contraint à se retirer avec ses hommes dans les montagnes.
Contrat entre l’Allemagne et l’URSS pour l’achat de pétrole russe.
jeudi 4 septembre
Installé dans le monastère de Chio-Mgvime, près de Mtskhéta, le quartier-général des rebelles géorgiens est découvert par le Guépéou, qui procède à l’arrestation des principaux chefs : le prince Andronikachvili (président du Damkom), Djavakhichvili, Ichkhnéli, Djinoria et Botchorichvili. A Tiflis, Lavrenti Béria parvient à convaincre les révoltés arrêtés de signer une déclaration appelant à déposer les armes, en échange de la fin des mises à mort (une promesse qui ne sera pas respectée). En neuf jours, entre 3 000 et 3 500 Géorgiens ont été tués au combat, mais le pire est à venir. Les pertes de l’Armée rouge et de la Tchéka sont inconnues, mais probablement très lourdes.
du vendredi 5 au samedi 6 septembre
La victoire assurée, l’Armée rouge et le Guépéou violent la promesse faite par Béria et se lancent dans une terrible répression du soulèvement géorgien avec le soutien de Staline et d’Ordjonikidzé : les exécutions sommaires et massives se suivent. Des familles entières sont massacrées, femmes et enfants compris. L’officier de la Tchéka Talakhadzé met au point une nouvelle tactique d’exécution : des centaines de prisonniers sont directement abattus dans des coffres de wagons. On estime le nombre de personnes exécutées depuis le 29 août entre 10 000 et 12 000. 20 000 autres sont déportées en Asie centrale et en Sibérie. Devant l’indignation à l’étranger, et notamment dans les rangs des partis socialistes, le gouvernement central soviétique charge une commission présidée par Ordjonikidze d’enquêter sur les actions de la Tchéka.
lundi 8 septembre
La diplomate russe Alexandra Kollontai devient la première femme ambassadrice au monde.
mercredi 10 septembre
L’Armée rouge, dirigée par Grigori Ordjonikidze, écrase dans le sang l’insurrection populaire à Tiflis [Tbilissi]. Les dirigeants du Parti social-démocrate sont systématiquement exécutés.
jeudi 11 septembre
Venu par bateau, un groupe armé de 30 hommes commandé par Ivan Bejanovici a attaqué vers midi le village de Nikolaïevca, situé dans le Boudjak roumain [aujourd’hui Mykolaivka, dans l’oblast ukrainien d’Odessa], près de la frontière. Le maire et deux gendarmes ont été tués, plusieurs bâtiments incendiés (dont l’hôtel de ville) et les lignes de téléphone et de télégraphe coupées. Une foire paysanne a été pillée. Avant de fuir devant l’intervention des gendarmes roumains, les agents soviétiques ont laissé derrière eux des tracts signés par le voleur Terente appelant la population à se rebeller.
mi-septembre
La majorité des derniers groupes rebelles géorgiens ont été détruits. Ceux qui le peuvent rejoignent la Turquie.
lundi 15 septembre
Efim Bogoljubov est sacré champion d’échecs d’URSS, devant Grigory Levenfisch (deuxième année consécutive que celui-ci termine second).
nuit du lundi 15 au mardi 16 septembre
Début du soulèvement paysan de Tatarbunary dans le Boudjak roumain (Bessarabie, aujourd’hui dans l’oblast ukrainien d’Odessa). Des milliers d’habitants de la ville et des environs se soulèvent contre l’ « occupation » roumaine à l’appel d’un comité révolutionnaire pro-soviétique dirigé par Iustin Batischcev, Nechita Lisovoi, Kolţov, Leonte Ţurcan et Alexei Pavlenco, sous la conduite de l’agent Andrei Kliushnikov (dit Nenin). Les insurgés occupent l’hôtel de ville, d’où est proclamée la République soviétique de Moldavie. Un secrétaire de mairie, le chef de la gendarmerie locale, deux soldats et plusieurs employés sont tués. Le drapeau rouge est érigé sur tous les bâtiments publics. Au même moment, un détachement d’artillerie soviétique entame des manœuvres à Ovidiopol, sur la rive droite du Dniestr.
mardi 16 septembre
Le gouvernement roumain envoie le troisième corps d’armée, de l’artillerie et une unité de marine pour réprimer la révolte de Tatarbunary. Les premiers soldats roumains arrivent dans la soirée à Cetatea Albă et engagent aussitôt le combat avec les rebelles sur le pont reliant Tatarbunary et Bîlolîssia.
mercredi 17 septembre
A l’aube, l’armée roumaine entre dans Strumok : les troupes menées par Nenin se retirent vers Tatarbunary.
jeudi 18 septembre
Aux premières heures du jour, les troupes roumaines bombardent Tatarbunary puis entrent dans la ville. Nenin ordonne un repli vers Desantne. Le soulèvement de est réprimé dans le sang : 3 000 personnes sont tuées et 1 600 autres arrêtées, dont les principaux meneurs. Ceux qui le peuvent tentent de rejoindre l’Union soviétique par terre ou par mer. Nenin lui-même est mortellement blessé en tentant de fuir.
mercredi 24 septembre
Nouvelle opération soviétique en territoire polonais : un groupe d’agents commandés par Trofim Kalinienko se sont emparés d’un train circulant entre Pinsk et Luniniec [aujourd’hui Louninets, en Biélorussie]. Plusieurs personnalités figuraient parmi les passagers : le voïvode de Polésie Stanislas Downarowicz, l’évêque catholique de Minsk et Pinsk Mgr Zygmunt Łoziński et le sénateur Boleslaw Wyslouch. Après avoir récupéré tout ce qui a de la valeur, le commando est retourné en territoire soviétique.
jeudi 25 septembre
Sortie du film soviétique de science-fiction Aelita, réalisé par Yakov Protazanov d’après un roman d’Alexei Tolstoï, avec Ioulia Solntseva, Igor Ilynski, Nikolaï Tsereteli et Nikolaï Batalov.
vendredi 26 septembre
Leningrad et sa région sont frappées par de graves inondations. On déplore une trentaine de morts.
mardi 7 octobre
Le Conseil des commissaires du peuple de Géorgie proclame une amnistie pour tous les rebelles qui se rendraient volontairement.
mercredi 8 octobre
En Chine, un cargo soviétique atteint Huangpu (Canton) où il décharge 8 000 fusils pour les troupes de Sun Yat-sen.
samedi 11 octobre
Un mois après le soulèvement de Tatarbunary, des gendarmes roumains de Cetatea Albă informent leurs supérieurs qu’un groupe de 45 hommes est arrivé en bateau à mort pour tenter de libérer les prisonniers détenus au village de Tuzly.
dimanche 12 octobre
La parution des Leçons d’Octobre est annoncée par la Pravda. Dans cette description des événements d’Octobre et de ses conséquences, Trotski accuse Grigori Zinoviev et Lev Kamenev d’avoir trahi la révolution.
Création à la frontière roumaine, au sein de la République d’Ukraine, de la République socialiste soviétique autonome de Moldavie, avec pour capitale Balta [aujourd’hui en Ukraine].
Début des émissions de Radio Sokolnicheskaïa à Moscou.
mardi 14 octobre
Etablissement de la Région autonome des Kara-Kirghiz au sein de la République socialiste fédérative soviétique de Russie (Kirghizistan à partir de 1925).
vendredi 17 octobre
Nouvelle tentative d’agents soviétiques pour libérer dans le Boudjak des insurgés ayant participé au soulèvement de Tatarbunary.
mercredi 22 octobre
Installation du chauffage dans le tombeau de Lénine : celui-ci devient ainsi le premier mausolée de l’Histoire équipé d’un chauffage central.
vendredi 24 octobre
Le ministère britannique des Affaires étrangères présente la « lettre de Zinoviev ». Dans ce message, daté du 15 septembre et intercepté par les services secrets anglais, le dirigeant soviétique, président du Komintern, donne l’instruction au Parti communiste britannique de déclencher la révolution au Royaume-Uni. Londres adresse une protestation officielle à Moscou (la lettre est en fait un faux ; toutefois, cette publication contribuera à la défaite des travaillistes aux élections et pèsera lourdement sur les relations diplomatiques que viennent juste d'établir l'Angleterre et l'Union soviétique).
En Asie centrale, la région autonome du Turkménistan est érigée en République socialiste soviétique autonome.
samedi 25 octobre
Le Daily Mail publie la « lettre de Zinoviev ». A quatre jours des élections générales, ce document devient la principale information des journaux britanniques. Inquiet, le Premier ministre MacDonald demande aux candidats travaillistes de ne plus soutenir l’accord commercial anglo-soviétique. Pour sa part, le Parti communiste de Grande-Bretagne publie une déclaration affirmant n’avoir jamais reçu cette lettre, qualifiée de faux.
A Moscou, le film Aelita, de Yakov Protazanov, tiré du roman d’Alexis Tolstoï, surprend beaucoup par l’extravagance de ses décors.
dimanche 26 octobre
Le gouvernement soviétique dénonce la « lettre de Zinoviev » comme un faux fabriqué pour nuire à l’URSS. Moscou réclame à Londres des excuses.
lundi 27 octobre
Le Premier ministre britannique Ramsay MacDonald affirme croire en l’authenticité de la « lettre de Zinoviev ».
L’ancienne république socialiste soviétique autonome du Turkestan s’unit aux républiques de Khiva et de Boukhara pour former la République socialiste soviétique d’Ouzbékistan. En son sein est formée la République autonome du Tadjikistan.
mardi 28 octobre
Etablissement de relations diplomatiques avec la France qui reconnaît l'URSS. L’ambassadeur de Moscou, Krassine, est attendu à Paris, où il occupera l’hôtel de la rue de Grenelle, fermé depuis 1917. M. Herbette ira représenter la France à Moscou.
en octobre
Publication du rapport d’enquête sur la répression du soulèvement géorgien : choisissant des boucs-émissaires, les autorités purgent certains éléments du Guépéou géorgien.
vendredi 7 novembre
Conçue par Ya. M. Hakkel, la locomotive expérimentale diesel-électrique à triple-bogie Ys. n°002 effectue son premier voyage sur la ligne de chemin de fer d’Oktiabrskaïa (« Octobre »), la plus vieille du pays, entre Moscou et Leningrad.
dimanche 9 novembre
Afin d’intimider le gouvernement estonien à la veille de l’ouverture du « procès des 149 », l’Union soviétique masse des troupes à la frontière.
lundi 10 novembre
Ouverture en Estonie du « procès des 149 » : ces membres du Parti communiste, dont plusieurs sont élus au Parlement (Eliise Priks, Eduard Luts, Aleksander Rimmel, etc.) sont poursuivis pour haute-trahison. L’acte d’accusation fait 150 pages. La majorité des accusés nie les faits qui leur sont reprochés, certains reconnaissant juste avoir eu besoin de l’argent offert par des agents soviétiques. Les personnes jugées ont été arrêtées lors de différentes opérations de police menées au cours de l’année, notamment le 21 janvier dernier.
vendredi 14 novembre
Leonid Krassine devient le premier ambassadeur d’URSS en France.
Alors même que le « procès des 149 » n’est pas achevé, le député communiste estonien Jaan Tomp est informé de sa peine avant les autres : unique condamné à mort, il est exécuté à Tallinn. Il avait 30 ans.
dimanche 16 novembre
Premier match de football opposant les équipes soviétiques et turques. Au stade de Vorovskogo, à Moscou, l’URSS s’est imposée trois buts à zéro.
vendredi 21 novembre
Le nouveau Premier ministre britannique, le conservateur Baldwin, annule les contrats commerciaux conclus avec l’URSS par son prédécesseur travailliste.
mercredi 26 novembre
Mettant à profit le décès de Bogdo Khan en mai dernier, le gouvernement provisoire mongol proclame la République populaire de Mongolie, qui s’aligne ouvertement sur la ligne de l’Union soviétique. La capitale, Ourga, est rebaptisée Oulan-Bator (« Héros rouge »).
jeudi 27 novembre
Verdict dans le « procès des 149 » en Estonie : 39 accusés sont condamnés aux travaux forcés à perpétuité, 28 à 15 ans, 6 à 12 ans, 19 à 10 ans, 6 à 8 ans, 15 à 6 ans, 5 à 4 ans et 11 à 3 ans. 7 sont acquittés.
lundi 1er décembre
Echec d’une tentative de coup d’Etat communiste en Estonie. Soutenus et dirigés par 56 agents des Renseignements soviétiques (GRU) présents à Tallinn depuis le printemps, 279 militants communistes armés déclenchent à 5 h 15 un soulèvement contre le gouvernement selon un plan mis au point par Jaan Anvelt et Karl Rimm. Les principales cibles sont le Collège militaire national de Tondi, le château de Toompea, la gare de Tallinn-Väike (où le ministre des Routes Karl Kark est mortellement blessé), le bataillon d’ingénieurs de Nõmme ainsi que l’aérodrome militaire de Lasnamäe. Mais l’opération tourne rapidement court, en du fait des arrestations massives de ces derniers mois et du manque du soutien de la population et des travailleurs. Vers 10 heures du matin, les forces gouvernementales ont repris tous les bâtiments de la capitale capturés par les communistes : 125 insurgés ont été tués (certains sommairement exécutés après leur reddition) tandis que plus de 500 personnes sont arrêtées. 26 soldats et cadets ont perdu la vie dans les combats. La chasse aux rebelles se poursuivra dans les jours suivant (Jaan Anvelt et Rudolf Valmann parviendront à rejoindre l’URSS).
vendredi 5 décembre
Une fusillade se déroule à Iru, près de Tallinn : les policiers estoniens ont abattu trois importants responsables communistes (Arnold Sommerling, Evald Ambos et Osvald Piiri).
dimanche 7 décembre
La police estonienne a mené un raid dans une maison de Tallinn, au 50 de la rue Vilmsi. Trois militants communistes ont été tués.
mardi 9 décembre
Viatchesla I. Zof devient le nouveau commandant en chef de la flotte de guerre soviétique. Il succède à Eduard S. Pantserzhanski.
jeudi 18 décembre
Première déclaration du pape contre le communisme, suite à l’échec d’une mission pontificale en URSS. Pie XI assure que le Vatican pour fera tout ce qui est en son pouvoir pour aider les Russes mais qu’en aucune façon celle-ci doit être considérée comme un soutien au système politique soviétique.
samedi 20 décembre
En lançant le slogan de la mise en place du socialisme dans un seul pays, Staline dénonce ouverte la révolution permanente prônée par Trotski.
vendredi 26 décembre
L’ambassadeur soviétique en France Leonid Krassine a déclaré que l’URSS ne remboursera pas les emprunts réalisés par son pays du temps du tsar.
dans l’année
Kliment Vorochilov devient commandant militaire de la région de Moscou.
Le Guépéou est intégrée au ministère de l’Intérieur.