mardi 9 janvier
Sarajevo a connu son incident le plus grave depuis l’entrée en vigueur des accords de Dayton : une roquette tirée depuis un faubourg serbe a frappé le centre ville, faisant un mort et plusieurs blessés. L’Ifor a aussitôt répliqué.
lundi 15 janvier
Entrée en fonction de l'Atnuso, l'administration de l'ONU qui contrôle pour un an la Slavonie orientale, dans l'est de la Croatie.
mercredi 24 janvier
Les Américains vont fournir au Tribunal pénal international (TPI) de La Haye des « éléments importants » recueillis par leurs services de renseignements sur les crimes de guerre dont se seraient rendues coupables les forces bosno-serbes à Srebrenica.
samedi 27 janvier
Musulmans et Croates ont relâché plus de 500 de leurs prisonniers, mais pas les Serbes.
dimanche 28 janvier
Les Musulmans, les Croates et les Serbes de Bosnie ont libéré plus des deux-tiers des prisonniers de guerre qu'ils reconnaissent détenir, mais avec dix jours de retard. Un colonel serbe (se trouvant sous protection occidentale) affirme que les corps de milliers de Bosniaques sont enfouis sous des terrils miniers, dans des ravins et des lacs de montagne près d'Omasica, Vitovlje et Manjaca. Trois soldats britanniques ont été tués dans l'incendie de leur véhicule qui a sauté sur une mine près de Gornji Vakul (centre de la Bosnie).
mardi 30 janvier
Des incidents ont opposé des réfugiés albanais d'origine serbe à des Albanais de souche à Decani (ouest du Kosovo). Un Albanais de souche a été poignardé et trois membres de sa famille ont du être hospitalisés.
Les Bosniaques ont arrêté deux officiers serbes, le général Djordje Djukic et le colonel Aleksa Krsmanovic, accusés de crimes de guerre.
jeudi 1er février
Dès ce matin, les habitants de Sarajevo (Bosniaques ou serbes) peuvent désormais circuler librement : il leur faut juste présenter une carte d'identité pour franchir le « pont de la fraternité et de l'unité » qui relie les deux zones.
mercredi 7 février
Deux attentats à la bombe ont été commis au Kosovo contre des camps de réfugiés serbes bosniaques.
jeudi 8 février
Le général serbe de Bosnie Mladic a donné l'ordre à ses troupes de rompre tout contact avec l'Ifor.
du vendredi 9 au samedi 10 février
Un record de chute de neige a été enregistré à Sremski Mitrovica, en Serbie : 48 cm.
samedi 10 février
Suite à l’arrestation de plusieurs criminels de guerre, les Serbes de Bosnie rompent tous contacts avec le gouvernement bosniaque et avec les représentants de l’Ifor.
dimanche 11 février
Le général Mladic a été désavoué par le président des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic.
lundi 12 février
Karadzic a entamé une visite à Banja Luka où il a affirmé « qu'il n'y a pas eu d'exécutions massives ». 10 000 Serbes ont manifesté leur soutien à Karadzic dans les rues de Sokolac. Les deux officiers serbes arrêtés par les Bosniaques le 30 janvier, le général Djukic et le colonel Ksmanovic, ont été extradés vers La Haye à la demande du Tribunal pénale international (TPI) pour y être entendus ou inculpés.
mardi 13 février
Nikola Koljevic, « vice-président de la République serbe de Bosnie » a menacé l'OTAN en exigeant la libération des deux officiers déférés devant le TPI, dont l'interrogatoire a commencé.
mercredi 14 février
L'amiral Leighton Smith, commandant de la Force multinationale de l'OTAN, a répondu aux menaces lancées la veille par Nikola Koljevic : « Si Nikola Koljevic considérait qu'une attaque constitue une réponse appropriée, il ferait la plus grave erreur de sa vie »... Un officier de l'armée yougoslave accusé de crimes de guerre par le TPI, le lieutenant colonel Veselin Sljivancanin (affecté au Monténégro), vient d'être promu colonel.
samedi 17 février
Ouverture à Rome d'une réunion entre Musulmans, Croates et Serbes de Bosnie. La Force multinationale a contraint les Serbes à la laisser pénétrer dans deux de leurs bases, à 50 kilomètres au nord de Sarajevo.
dimanche 18 février
Présents à Rome au côté de l’Américain Richard Holbrooke, les présidents croates Franjo Tudjman, serbe Slobodan Milosevic et bosniaque Alija Izetbegovic se sont réengagés à respecter l'accord de paix de Dayton (1994). De nouveaux accords ont été acquis afin de lever d’importants obstacles qui entravaient la mise en œuvre de cet accord. Les parties sont également tombées d’accord sur une « libération immédiate et définitive de tous les prisonniers ». Les Musulmans et les Croates ont également décidé de résoudre leur différend concernant la ville de Mostar, divisée entre les deux communautés. Enfin, le président serbe a annoncé qu’un accord sur la suspension des sanctions imposées aux Serbes de Bosnie avait été obtenu au cours des entretiens. Sur le terrain, l'Ifor a obligé les Serbes à retirer dix chars lourds réintroduits discrètement près de l'ancienne ligne de front serbo-musulmane, au nord de la Bosnie.
lundi 19 février
Le général serbe de Bosnie Zdravko Tolimir, commandant adjoint, a refusé de participer à la réunion d'une commission mixte sur le porte-avion américain George Washington, tant que « les deux officiers serbes (incarcérés aux Pays-Bas) ne seront pas libérés ».
mardi 20 février
Les anciens belligérants de Bosnie ont encore fragilisé le processus de paix. Les Serbes ont en effet refusé une nouvelle fois de normaliser leurs relations avec l’Ifor, tandis que des incidents ont été provoqués par les Croates à Mostar. Le général Walker, commandant des forces terrestres de l'Ifor est allé à la rencontre du général serbe Tolimir dans son fief de Pale. Les dirigeants serbes ont ordonné l'évacuation de « leurs » quartiers de Sarajevo devant passer sous l'autorité du gouvernement bosniaque le 19 mars. L’exode des populations serbes de Sarajevo a repris et des embouteillages ont bloqué les rues des secteurs de la capitale qui doivent prochainement passer sous le contrôle des autorités bosniaques. L'Ifor a par ailleurs publié une affiche réunissant dix-sept portraits de suspects recherchés pour crimes de guerre : Radovan Karadzic et Ratko Mladic y figurent. D'autre part, retour de la libre circulation dans Mostar en même temps qu'une force de police unifiée se déployait dans le centre ville.
mercredi 21 février
L'amiral américain Smith, commandant en chef de l'Ifor, a annoncé dans la soirée que les Bosno-Serbes avaient rempli leurs obligations aux termes de l'accord de Dayton et que cela ouvrait la voie à la levée des sanctions contre eux.
vendredi 23 février
La police croato-musulmane (85 hommes) et 150 soldats italiens de l'Ifor ont pris pied dans Vogosca (17 000 habitants), un district sous contrôle serbe de la banlieue de Sarajevo déserté de tous ses habitants. Reprise du dialogue entre les chefs de guerre serbe et l'Ifor. Le général serbe Tomic s'est entretenu avec son homologue britannique Michael Jackson. Le président russe Boris Eltsine, estimant que les Serbes de Bosnie ont satisfait aux obligations du traité de Dayton, a levé les sanctions contre eux.
jeudi 29 février
Débuté le 5 avril 1992, le siège de Sarajevo est enfin levé : l’encerclement de la ville par les Serbes de Bosnie s’est terminé avec la prise de contrôle par la police croato-musulmane du quartier d’Ilijas, situé au nord de la capitale bosniaque. En trois ans, huit mois et neuf jours de siège, les pertes sont de 6 137 morts chez les assiégées et 2 241 tués dans les rangs serbes.
vendredi 1er mars
A La Haye, le général Djordje Dukic est inculpé de crimes contre l'humanité par le TPI. Il est le premier officier serbe de haut rang à devoir répondre de ses méfaits devant la justice internationale.
Célébration à Sarajevo du quatrième anniversaire de l’indépendance de la Bosnie.
du samedi 2 au dimanche 3 mars
Congrès ordinaire du Parti socialiste de Serbie à Belgrade.
dimanche 3 mars
L’ancien évêque catholique de Kotor (Monténégro) Ivo Gujic a été assassiné à Kotor, trois mois seulement après avoir quitté ses fonctions. Il travaillait avec le gouvernement monténégrin au comité de protection des minorités ethniques.
lundi 4 mars
Le New York Times rapporte que le gouvernement bosniaque aurait envoyé des troupes s'entraîner en Iran. Par ailleurs, le général Djukic a plaidé non coupable de crime contre l'humanité au TPI.
samedi 9 mars
Malgré la menace policière, 20 000 opposants à Milosevic ont manifesté à Belgrade à l’appel de trois partis - le Parti démocratique de Zoran Djindjic, le Mouvement serbe du Renouveau de Vuk Draskovic, l’Alliance civique de Vesna Pesic - pour demander la démission du président serbe.
dimanche 10 mars
La banlieue serbe d’Ilidza, à Sarajevo, brûle sur ordre serbe.
mardi 12 mars
A Sarajevo, les autorités bosniaques ont pris le contrôle de l’ex-quartier serbe d’Ilidza, où des maisons brûlent toujours.
La Russie a décidé de lever progressivement, d’ici au 11 juin, l’embargo sur les ventes d’armes à l’ex-Yougoslavie.
vendredi 15 mars
Ouverture à Ankara d’une conférence internationale (29 pays) consacrée à l’éventuel réarmement de la fédération croato-musulmane en Bosnie. Les Etats européens y sont opposés alors que les Etats-Unis y sont favorables.
vendredi 22 mars
Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie a inculpé trois Musulmans et un Croate bosniaques pour crimes commis contre des Serbes.
Les Serbes de Croatie commencent à utiliser les chars et canons qu'ils ont dérobé aux Casques bleus dans des exercices militaires avec des tirs réels à longue distance.
samedi 23 mars
Le « groupe de contact » (Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne), réuni à Mostar, a lancé un appel aux ex-belligérants pour qu'ils respectent tous leurs engagements, notamment la libération des prisonniers qui devrait être achevée depuis le 19 janvier.
nuit du samedi 23 au dimanche 24 mars
Les Bosniaques ont libéré 109 prisonniers serbes détenus à la prison de Tuzla.
dimanche 24 mars
Boutros Boutros-Ghali, secrétaire général de l'ONU, a entériné l'éclatement de la Forpronu en trois forces distinctes en Croatie, Bosnie et Macédoine.
mardi 26 mars
L'ancien maire de Vukovar, Slavko Dokmanovic, réfugié en Serbie, a été inculpé par le TPI pour avoir participé au massacre de 261 civils, en majorité des Croates, à l'hôpital de Vukovar (Slavonie orientale) en novembre 1991.
mercredi 27 mars
Matchs amicaux de football : à Belgrade, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) a battu la Roumanie un but à zéro.
lundi 1er avril
Accusé de crimes de guerre lors de la guerre de Bosnie, le général croate de Bosnie Tihomir Blaskir, ancien commandant de l’état-major général du Conseil de défense croate (HVO), s’est volontairement rendu. Il est transféré le jour même devant le Tribunal pénal international à La Haye (il sera condamné en 2000 à 45 ans de prison puis acquitté en 2004).
mardi 9 avril
L’Union européenne reconnaît officiellement la République fédérale de Yougoslavie.
du vendredi 12 au samedi 13 avril
A Bruxelles, 55 pays et 29 organisations se sont engagés à fournir plus de 6 milliards de francs pour la reconstruction de la Bosnie (1,3 milliard pour l'Union européenne, 1 milliard pour les Etats-Unis). Cette somme s'ajoute aux 3 milliards déjà accordés en décembre. Ces 9 milliards ne constituent qu'un acompte. La Banque mondiale a en effet évalué à quelque 25 milliards de francs sur trois ans la somme nécessaire. L'aide sera équitablement répartie entre la partie serbe et la partie croato-musulmane.
mercredi 24 avril
Début des qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : à Belgrade, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) a battu les îles Féroé trois buts à un.
samedi 27 avril
Un enfant albanais a été tué et trois autres blessés par l’explosion d’une bombe, dans l’après-midi, au Kosovo. Une autre avait explosé, à l’aube, devant la maison du chef serbe de la police de Prizren. Un Albanais et cinq Serbes ont péri lors de récentes violences. La tension est très vive au Kosovo depuis quelques jours.
mercredi 15 mai
Le président des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, a limogé son Premier ministre, Rajko Kasagic, et l’a remplacé par Gojko Klickovic. Kasagic, soutenu par l’étranger, refuse de quitter son poste.
jeudi 16 mai
15 000 ouvriers des usines électroniques, sans salaire depuis un an, ont manifesté dans les rues de Niš.
samedi 18 mai
Radovan Karadzic passe en coulisse : il annoncé que ce serait désormais Biljana Plavsic, sa vice-présidente, qui représentera les intérêts de la « République serbe de Bosnie » dans les contacts avec la communauté internationale. Mais il reste en place et pourrait même consolider son pouvoir. Karadzic a fait entériner par le Parlement de Pale la destitution de son Premier ministre, Rajko Kasagic.
jeudi 23 mai
Coupe Kirin de football, organisé par le Japon : à Shizuoka, le Mexique et la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) ont fait match nul zéro à zéro.
dimanche 26 mai
Coupe Kirin de football : à Tokyo, le Japon a battu la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) un but à zéro.
vendredi 31 mai
Drazen Erdemovic, un Croate de 24 ans, a plaidé coupable devant le TPI. Il a reconnu avoir participé à l’exécution sommaire de centaines de civils musulmans, dans la région de Srebrenica alors qu’il servait dans les forces serbes. Il a expliqué qu’il était forcé de le faire. Il est le premier des 52 inculpés pour crimes contre l’humanité à reconnaître sa responsabilité.
dimanche 2 juin
La communauté internationale, qui a multiplié les pressions sur la Serbie pour obtenir l’élimination politique de Karadzic, vient d’essuyer un nouvel échec.
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : à Belgrade, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) a battu Malte six buts à zéro.
mardi 4 juin
Réunion à Berlin des garants de la paix en Bosnie. Mais pas plus qu’à Genève, le week-end dernier, ils n’ont trouvé le moyen d’écarter le seul obstacle politique aux élections prévues en septembre : Radovan Karadzic.
jeudi 6 juin
Le président du TPI demande à la communauté internationale de rétablir les sanctions contre l’ex-Yougoslavie et les Serbes de Bosnie si Karadzic et Mladic ne sont pas arrêtés.
60 prisonniers serbes amnistiés par le président croate Tudjman ont retrouvé leurs familles réfugiés en Serbie.
mardi 11 juin
Le gouvernement de Sarajevo a bloqué à Oslo un accord sur le désarmement de l'ex-Yougoslavie pour éviter un début de reconnaissance de la soi-disant « République serbe ». Les Occidentaux tentent de lui faire entendre raison.
mardi 25 juin
L'OSCE a fixé au 14 septembre les élections en Bosnie. Sept scrutins sont prévus : deux à l'échelle nationale pour l'élection à la présidence et de la Chambre des représentants de Bosnie Herzégovine, trois à l'échelon des deux entités (président de la Republika Srpska et Chambre des représentants de la fédération croato-musulmane) et enfin deux scrutins locaux (cantonales et municipales).
mercredi 26 juin
Le TPI de La Haye a ouvert les dossiers des leaders serbes de Bosnie Radovan Karadzic et Ratko Mladic. Selon une radio indépendante (B92 à Belgrade), le général Mladic aurait été victime d'une grave attaque cérébrale, mais ses jours ne seraient plus en danger.
jeudi 27 juin
Radovan Karadzic, le dirigeant des Serbes de Bosnie, est mis en accusation par le Tribunal pénal international de La Haye.
vendredi 28 juin
Un porte-parole de Carl Bildt a expliqué que si Karadzic ne se retire pas du pouvoir avant le 1er juillet, ils utiliseraient toutes les armes à leur disposition, y compris les sanctions contre les Serbes de Bosnie, contre Belgrade ou contre les deux. Ces menaces n'ont pas empêché Karadzic, devant la convention de son parti, de se livrer à une diatribe anti-occidentale et de promettre à ses 354 délégués « la liberté dans un Etat libre ». Le Parti démocratique serbe a reconduit Karadzic à sa tête. La mise en accusation de Karadzic et de Mladic par le TPI éclabousse le président de Serbie Slobodan Milosevic qui est, selon le professeur français Paul Garde, « incontestablement le principal responsable » de la guerre en Bosnie.
dimanche 30 juin
Carl Bildt a annoncé dans un communiqué que Karadzic était dument « remplacé » dans ses fonctions par la vice-présidente Biljana Plavsic. Il en avait été informé par une lettre de Karadzic en personne lui annonçant le transfert de pouvoir. Pourtant Plavsic a déclaré que « Radovan Karadzic reste président de la Republika Srpska » et qu'il n'y aura pas de changement sans élections libres. Selon elle, le président des Serbes de Bosnie a juste transféré provisoirement ses fonctions.
lundi 1er juillet
Le parti démocratique serbe a demandé à son chef, Karadzic, de se présenter à l'élection présidentielle de septembre en Bosnie.
mardi 2 juillet
Le transfert de pouvoir de Karadzic à Plavsic « est effectif » selon Carl Bildt qui a rencontré Mme Plavsic. Cette dernière a toutefois refusé de livrer son président au TPI. Pourtant Karadzic semble bien resté en place.
mercredi 3 juillet
Le général Mladic était personnellement présent sur plusieurs lieux d'exécutions massives près de Srebrenica en juillet 1995. C'est ce qu'a affirmé devant le TPI un enquêteur français, qui a interrogé des témoins directs sur place. William Perry, le Secrétaire américain à la Défense, était à Sarajevo pour presser Croates et Musulmans, qui se querellent depuis des semaines, de créer une armée commune. Quand cela sera fait, les Etats-Unis débloqueront une aide de 500 millions de francs pour l'entraînement et l'équipement de cette armée. Par ailleurs, des observateurs ont constaté que des blindés serbes ont quitté leur cantonnement en violation de l'accord à Dayton.
jeudi 4 juillet
Les Serbes ont menacé d'abattre des hélicoptères de l'Ifor qui observaient les mouvements de blindés serbes. L'Ifor a alors mobilisé une force aérienne d'une vingtaine d'avions et d'hélicoptères d'attaque au-dessus de Han Pijesak.
Radovan Karadzic a décliné l'invitation pressante du SDS de se porter candidat à la présidence collégiale de la Bosnie lors des élections générales prévues le 14 septembre. Le SDS présentera donc Biljana Plavsic, la vice-présidente, aussi extrémiste que Karadzic mais plus présentable.
vendredi 5 juillet
250 soldats américains envoyés à Han Pijesak pour obtenir le retour des blindés serbes dans leur cantonnement se sont heurtés à des manifestations très nettes d'hostilité : des centaines de civils leur ont barré la route avec leurs véhicules, pour les empêcher d'accéder au QG de l'armée serbe de Bosnie. Les soldats américains ont pu repartir. Les blindés litigieux ont quitté eux aussi la ville pour regagner leur cantonnement.
dimanche 7 juillet
Une équipe d'experts des Nations unies a entrepris la première exhumation d'un charnier près de Srebrenica.
lundi 8 juillet
La presse révèle que les massacres de Srebrenica, en juillet 1995, ont été photographiés par des satellites espions américains. Mais personne n'a réagi.
mardi 9 juillet
L'amiral Leighton Smith, commandant l'Ifor en Bosnie, estime que Karadzic et Mladic tiennent toujours « à 100 % » les rênes du pouvoir chez les Serbes de Bosnie.
mercredi 10 juillet
Les autorités serbes de Bosnie multiplient les obstacles à la poursuite des travaux engagées par les experts finlandais en médecine légale à Srebrenica. Ceux-ci ont donc décidé d'abandonner la recherche des dépouilles de musulmans exécutés en juillet 1995.
jeudi 11 juillet
Le Tribunal pénal international de La Haye a lancé un mandat d'arrêt contre les leaders des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic. A Tuzla, 7 000 femmes de Srebrenica se sont réunis pour évoquer le martyr de leur ville, il y a exactement un an.
vendredi 12 juillet
Les Serbes de Bosnie menacent de rompre la paix si les poursuites contre Karadzic et Mladic continuent à La Haye.
dimanche 14 juillet
Les victimes du charnier de Cerska (est de la Bosnie) ont été exécutées d'une balle dans la tête. C'est ce que viennent de révéler les enquêteurs du TPI qui ont entrepris, depuis huit jours, des fouilles près de ce village proche de Srebrenica.
lundi 15 juillet
La Yougoslavie (Serbie-Monténégro) enverra des observateurs aux élections en Bosnie, le 14 septembre. L'OSCE a décidé de retarder de quelques jours le début de la campagne électorale en Bosnie, dans l'espoir que Radovan Karadzic démissionnera de la présidence du Parti démocrate serbe.
mardi 16 juillet
Craignant que les forces occidentales en Bosnie ne viennent arrêter leurs chefs Karadzic et Mladic, les Serbes de Bosnie menacent de prendre en otages les membres de la force de police internationale (1 700 policiers), très vulnérables. Ils ont ainsi été menacés à Pale et Doboj.
mercredi 17 juillet
Radovan Karadzic a été refoulé à plusieurs reprises ces temps-ci aux frontières du Monténégro. Né aux environs de Niksic, dans cette république, il a tenté en vain, plusieurs fois depuis six semaines, de rendre visite à sa mère, mais les autorités l'ont officiellement interdit de séjour pour n'avoir pas à l'arrêter comme criminel de guerre. Par ailleurs, selon un responsable des Nations Unies, des Musulmans de Bosnie Orientale (sous contrôle serbe) ont fortifié leur village, comme s'ils se préparaient à un affrontement armé.
vendredi 19 juillet
Après dix heures d'entretiens nocturnes avec le président de Serbie Slobodan Milosevic, le négociateur américain Richard Holbrooke a annoncé, dans la matinée, que Radovan Karadzic se retirait de la vie politique de Republika Srpska (il est exclu des élections du 14 septembre).
samedi 20 juillet
Un appareil américain de l'Ifor a largué une bombe « par erreur » au cours d'un exercice d'entraînement. L'engin de 250 kilos a explosé en bordure d'une base de l'Ifor, près de Brcko, sous contrôle serbe, heureusement sans faire de victime.
lundi 22 juillet
Les enquêteurs de l'ONU ont mis au jour les premiers cadavres d'un nouveau charnier situé à Nova Kasaba, non loin de Srebrenica. Selon les Américains, il pourrait contenir les corps de 1 500 à 2 700 hommes tués par les Serbes après la prise de l'enclave musulmane, en juillet 1995.
nuit du vendredi 2 au samedi 3 août
Des bombes ont été lancées contre quatre postes de la police serbe au Kosovo.
dimanche 4 août
De nouveaux affrontements au Kosovo ont causé d'importants dégâts matériels, et ont été suivis de dizaines d'interpellations. Ces violences font suite à l'assassinat d'un jeune Albanais la semaine dernière.
Clôture des Jeux olympiques d’Atlanta (Etats-Unis). La Yougoslavie a remporté une médaille d’or : carabine 3 positions féminin (Ivosev).
lundi 5 août
L’Ifor a découvert à Markovici (à 40 kilomètres au nord-est de Sarajevo) un dépôt d'armes serbe abritant 2 000 tonnes de mines, de roquettes et de munitions que les Serbes avaient « omis » de déclarer. 4 000 villageois serbes s'opposent, dans la soirée, à la restitution de ces armes.
mercredi 7 août
Rencontre entre les présidents croate et serbe, Tudjman et Milosevic, à Athènes pour envisager la normalisation de leurs relations. Les deux présidents ont annoncé une reprise prochaine de leurs relations diplomatiques.
vendredi 9 août
L’OSCE qui organise les élections générales du 14 septembre en Bosnie, a dénoncé des « fraudes de la part de toutes les parties » dans l'inscription des électeurs (réfugiés, électeurs déplacés,...).
L’Ifor a décidé de détruire les 300 tonnes d'armes découvertes le 5 août à Markovici.
mardi 13 août
Les présidents serbe Milosevic et croate Tudjman ont décidé, lors d'un sommet à Vouliagmeni, près d'Athènes (Grèce), le prochain rétablissement de relations diplomatiques entre la Yougoslavie et la Croatie.
Le général britannique Michael Walker, commandant les troupes terrestres de l'Ifor, a pu inspecter lui-même le camp militaire de Han Pijesak (nord-est de la Bosnie), qui appartient aux Serbes de Bosnie. Ces derniers avaient refusé depuis le 10 août de laisser inspecter la base, où un bunker sert de refuge au général Mladic qui n'est pas apparu durant l'inspection.
mercredi 14 août
Les présidents serbe, croate et bosniaque se sont engagés à Genève à soutenir pleinement le travail de la communauté internationale dans la conduite des élections en Bosnie.
dimanche 18 août
Quelque 1 500 soldats français et italiens de l'Ifor ont mis en place le dispositif nécessaire pour détruire les 300 tonnes d'armes que les Serbes avaient dissimulées.
lundi 19 août
La destruction des 300 tonnes d'armes a commencé.
mardi 27 août
L’OSCE, qui avait fixé au 14 septembre les élections municipales, les a ajournées en raison du caractère injurieux des affiches électorales serbes. Les dirigeants de la Republika Srpska ont annoncé qu’ils maintenaient au 14 septembre la date de leurs élections.
mercredi 28 août
Les dirigeants de la Republika Srpska de Bosnie ont laissé entendre qu’ils pourraient renoncer à organiser le 14 septembre ses propres élections municipales.
jeudi 29 août
Les Etats-Unis ont envoyé leur première livraison officielle d’armes à la fédération croato-musulmane de Bosnie. Essentiellement des fusils, des munitions de petit calibre et du matériel radio. Dans les derniers mois de la guerre, l’US Air Force ravitaillait régulièrement les Bosniaques en armes et en munitions, via l’aéroport de Tuzla.
La police internationale de l’ONU a dû quitter son bureau de Zvornik, dans la soirée, car il était assiégé par 600 Serbes armés protestant contre l’arrestation de 65 des leurs. Les Serbes appréhendés avaient attaqué des Musulmans revenus dans le village dont ils avaient été chassés pendant la guerre.
dimanche 1er septembre
Début en Slavonie orientale, dans le bois d’Ovcara, des exhumations des victimes du massacre de Vukovar, commis par les Serbes sur des Croates le 21 novembre 1991 (200 corps seront retrouvés pendant 40 jours).
mardi 3 septembre
29 partis politiques sont en lice pour les élections du 14 septembre en Bosnie : 12 pour la Republika Srpska, l'entité serbe, et 17 pour la Fédération croato-musulmane.
mercredi 4 septembre
A Banja Luka, des policiers et des civils serbes ont attaqué une patrouille britannique de l'Ifor qui venait de confisquer des armes lourdes dans un poste de police.
jeudi 5 septembre
L'OTAN a averti les Serbes que l'Ifor n'hésiterait pas désormais à tirer s'ils essayaient de s'opposer aux saisies d'armes opérées par ses patrouilles.
mercredi 11 septembre
Les Serbes de Bosnie ont inculpé de « crimes de guerre » le président musulman Alija Izetbegovic.
samedi 14 septembre
Elections générales en Bosnie. De 60 à 70 % de participation. Pas d'incidents majeurs (huit bureaux ont du être fermés à Sarajevo : des électeurs mécontents de ne pas trouver leur nom sur les listes avaient entrepris de régler le litige à coups de pierre ; à Faletici, près de Sarajevo, plusieurs coups de feu ont été tirés contre un bureau de vote par des Serbes, pas de blessé ; les Serbes ont également bloqué un pont sur la Sava, entre Croatie et Bosnie dans la région de Brcko, pour empêcher le passage des réfugiés venant voter de Croatie ; dans la région de Mostar, plusieurs bus transportant des électeurs musulmans inscrits en zone croate ont été lapidés). De nombreux réfugiés musulmans ont eu peur de se rendre en territoire serbe pour voter : à peine 20 000 sur quelque 150 000 ont fait la démarche. Les résultats de ce vote ne sera connu que le 18 septembre.
dimanche 15 septembre
Les Serbes de Pale ont manifesté à leur tour leur mécontentement en suspendant le dépouillement des votes venus de l'étranger où 640 000 réfugiés étaient inscrits pour un scrutin anticipé. Ils se sont plaints de l'absence de la « documentation réglementaire » dans les sacs contenant les bulletins de vote, rendant impossible la vérification des bulletins. L'OSCE a pu les convaincre de reprendre les opérations dans la soirée.
lundi 16 septembre
Un groupe d'observateurs étrangers indépendants présidé par l'ancien sénateur américain George Mitchell considèrent que « ces élections n'ont été ni libres, ni équitables, ni démocratiques ». Un communiqué relève notamment de « sérieuses erreurs techniques dans l'inscription des électeurs » qui ont écarté des bureaux de vote « jusqu'à 200 000 réfugiés à l'étranger et un nombre considérable » de déplacés à l'intérieur du pays, en majorité musulmans.
mercredi 18 septembre
La communication des résultats des élections générales de Bosnie a confirmé la victoire des nationalistes dans chacune des trois zones, serbe, croate et musulmane. Alija Izetbegovic reste représentant suprême de l’Etat. Son avance en voix lui donne prédominance, au sein de l'exécutif à trois têtes, sur ses deux coprésidents, le Serbe ultranationaliste, Momcilo Krajisnik et le Croate Kresimir Zubak. Score élevé de l'opposition coté serbe : 20 % réalisés par Mladen Ivanic, soutenu par Belgrade. Pour n'avoir pas su se démarquer vraiment d'Izetbegovic, l'ancien Premier ministre Haris Siladzic est, avec 15 % des suffrages, le grand perdant du camp musulman.
jeudi 19 septembre
La « troïka » des ministres des Affaires étrangères de l'OSCE estime que les élections en Bosnie ont été « conduites d'une manière techniquement correcte ». Néanmoins, son communiqué remarque que les conditions d'élections « libres, justes et démocratiques » voulues par l'accord de Dayton « n'ont pas été satisfaites ».
vendredi 20 septembre
L'OSCE prend « très au sérieux » les taux de participation aux élections bosniaques avancés par un organisme de surveillance indépendant (l'ICG). Ils seraient de... 103,1 % chez les Musulmans et de 98,5 % chez les Serbes, traduisant à l'évidence le bourrage des urnes. Seul le taux de participation ces Croates semble plausible : 79,3 %.
Le gouvernement français vient d'annoncer que le président Serbe Milosevic et son homologue Bosniaque Izetbegovic se rencontreront à Paris le 3 octobre. Sarajevo a exprimé l'espoir de voir s'établir à cette occasion des relations diplomatiques avec Belgrade.
samedi 21 septembre
L'OSCE a admis de graves erreurs dans le dépouillement des élections en Bosnie.
dimanche 22 septembre
L'OSCE a assuré qu'Alija Izetbegovic est le vainqueur des élections de Bosnie, avec cette fois un écart de voix avec Krajisnik de 40 894 (au lieu de 23 000) : 731 024 pour Izetbegovic, 690 130 pour Krajisnik et 329 891 pour Zubak.
mardi 24 septembre
Ed Van Thijin, chef des 900 observateurs de l'OSCE, souhaite le report des élections municipales de Bosnie (22-24 novembre) afin de « réévaluer » le nombre des électeurs inscrits et restaurer un climat de confiance « minimum » pour que chacun puisse aller voter en toute sécurité. Le ministre des « Affaires étrangères » de l'entité serbe de Bosnie a fait savoir, dans la soirée, que la « Republika Srpska » déclarerait « non valides » les résultats des élections du 14 septembre si l'OSCE ne corrigeait pas les erreurs relatives aux bulletins parvenus de l'étranger.
dimanche 29 septembre
Les principaux partis d'opposition yougoslave ont décidé de former une coalition pour les élections législatives, le 3 novembre. Leur tête de liste sera l'ancien gouverneur de la Banque nationale, Dragoslav Avramovic. La « coalition démocratique des ouvriers et des paysans » ambitionne de barrer la route au parti socialiste du président serbe, Slobodan Milosevic... qui appelle lui même à la coalition de la gauche.
lundi 30 septembre
La présidence collégiale bosniaque, issue des élections du 14 septembre, s'est réunie, pour la première fois, dans l'hôtel Saraj (à la sortie de Sarajevo, sur la route menant à Pale) et a fixé au 5 octobre la cérémonie inaugurale pour les nouvelles institutions communes. 400 soldats italiens assuraient la sécurité du lieu.
mardi 1er octobre
L'ONU a levé dans la soirée les sanctions internationales qui frappaient la Yougoslavie depuis 52 mois.
jeudi 3 octobre
La Bosnie et la Yougoslavie ont décidé de normaliser totalement leurs relations diplomatiques : des ambassades seront établies dans les deux capitales. Les deux prévoient la liberté totale de circulation sans visa.
vendredi 4 octobre
Robert Frowick, chef de la mission en Bosnie de l'OSCE a annoncé que les élections municipales se dérouleraient dans cette république entre le 22 et le 24 novembre.
samedi 5 octobre
Cérémonie solennelle, au théâtre de Sarajevo, marquant l'inauguration des nouvelles institutions bosniaques. L'évènement historique a tourné à la farce : l'entité serbe ayant boudé cet évènement. La chaise de son représentant, Momcilo Krajisnik, est restée vide (Il a invoqué, malgré l'énorme déploiement de sécurité, les risques qu'il courait pour justifier son absence).
dimanche 6 octobre
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : à Toftir, les îles Féroé ont été battues par la Yougoslavie (Serbie-Monténégro).
mardi 8 octobre
Les experts du Tribunal pénal international ont exhumé plus de 200 corps du charnier d'Ovcara, près de Vukovar (Croatie). Les indices découverts font penser qu'il s'agit de malades de l'hôpital de Vukovar assassinés en 1991 par les Serbes.
jeudi 10 octobre
L'Allemagne et la Yougoslavie viennent de signer un accord qui prévoit le rapatriement de 135 000 réfugiés. Il s'agit essentiellement de Serbes et de Monténégrins originaires du Kosovo qui ont fui à cause des discriminations que leur font subir Belgrade. L'accord est applicable à partir du 1er décembre.
samedi 12 octobre
Momcilo Krajisnik, l'élu serbe de la présidence collégiale bosniaque s'est rendu à Sarajevo mais a refusé de rencontrer ses deux collègues musulman et croate. Il a surtout refusé de signer la déclaration solennelle engageant les Serbes de Bosnie à défendre la constitution de Bosnie-Herzégovine.
lundi 14 octobre
Le premier autobus circulant entre Belgrade et Sarajevo depuis quatre ans et demi a quitté la capitale serbe dans la matinée pour la capitale bosniaque, où il est arrivé neuf heures plus tard. Ce voyage inaugural, pour une quarantaine d'invités, passait par Bijeljina (en Republika Srpska) et Tuzla (en Fédération croato-musulmane).
mercredi 16 octobre
Le Parlement de la Republika Srpska tiendra sa session constitutive le 19 octobre à Banja Luka et non à Pale. Une vieille rivalité oppose Pale, le fief des « durs » de la direction serbe, à Banja Luka où siègent les principaux partis d'opposition. Le nouveau parlement décidera justement du transfert des institutions du pouvoir à Banja Luka ou de leur maintien à Pale.
Ouverture de la ligne régulière de bus reliant Belgrade à Sarajevo.
jeudi 17 octobre
Les autorités serbes de Banja Luka ont commencé à raser au bulldozer les édifices islamiques entourant les ruines de la mosquée Ferhadija, datant du XVIe siècle et détruite à l'explosif il y a trois ans. Carl Bildt, le haut représentant civil, a dénoncé « ce nouvel acte barbare odieux, outrageant et de très mauvais augure ».
samedi 19 octobre
Le Parlement multiethnique de la Republika Srpska (RS) a élu des « durs » à ses principaux postes : Gojko Klickovic, ancien Premier ministre de Karadzic, comme chef du gouvernement de la RS et Dragan Kalinic, un autre fidèle de Karadzic, à la présidence du Parlement. Cette assemblée comprend 83 députés : 45 SDS, 18 non-serbes (17 Musulmans et 1 Croate), 10 SMP (Alliance pour la paix et le progrès, opposition) et encore 10 élus serbes alliés au SDS.
lundi 21 octobre
Selon le responsable de la commission croate pour les prisonniers et les personnes disparues, plus de 700 dépouilles de Croates ont été exhumées en Slavonie occidentale et en Krajina, régions de Croatie qui furent sous le contrôle des sécessionnistes serbes. 90 % d'entre elles ont été jusqu'ici identifiées. Huit sur dix seraient des civils (dont six enfants).
mardi 22 octobre
Les élections municipales en Bosnie prévues pour les 22 et 23 novembre, sont reportées au printemps prochain. L'OSCE, chargé de superviser le scrutin, estime ne pouvoir bénéficier à la date prévue du soutien et de la coopération de toutes les parties. Mais elle n'est pas sûre non plus que toutes les parties accepteront de prolonger son mandat jusqu'au printemps.
vendredi 25 octobre
Opposés au retour des Musulmans dans les régions passées sous leur contrôle, les Serbes de Bosnie multiplient les attaques contre leurs biens depuis plusieurs semaines. Ainsi dans la matinée, une cinquantaine de maisons appartenant à des Musulmans ont ainsi été détruites à l'explosif dans la région de Prijedor. En représailles, une trentaine de maisons appartenant à des Serbes ont été incendiées dans des villages que contrôlent les autorités bosniaques.
mercredi 30 octobre
Les Etats-Unis ont une nouvelle fois invité l'Europe à participer à l'entraînement et à l'armement de la Fédération croato-musulmane pour équilibrer les forces en présence en Bosnie, si elle désire vraiment éviter une reprise de la guerre.
vendredi 1er novembre
Des moines orthodoxes serbes du Mont Athos (en Grèce) affirment avoir « tout préparé » pour accueillir Radovan Karadzic et Ratko Mladic. Le gouvernement grec déclare, lui, « ne rien savoir de cette affaire ».
dimanche 3 novembre
Elections législatives en Serbie-Monténégro. Elles ont redessiné le paysage politique en dégageant trois forces dominantes : la coalition de gauche qui a remporté ces élections, le bloc de droite (nationalistes et libéraux) et l'extrême-droite. La victoire de la gauche cautionne la politique du président Milosevic. Beaucoup s'inquiètent, cependant, de l'entrée de la Gauche yougoslave (JUL), dirigée par l'épouse du président serbe, dans la vie politique du pays, car ce mouvement se réclame ouvertement de l'idéologie communiste.
mercredi 6 novembre
Le représentant serbe de la présidence collégiale bosniaque, Krajisnik, n'est pas content de certains ambassadeurs de son pays qui « se comportent comme des représentants du seul peuple musulman ». Il préconise de « bâtir la confiance » en choisissant des ambassadeurs « qui représenteront la Bosnie-Herzégovine toute entière », ou bien, « nous aurons un tiers d'ambassadeurs qui représenteront les Serbes et autant qui représenteront les Croates et nous les verrons confronter leurs positions ».
vendredi 8 novembre
Les trois membres de la présidence collégiale bosniaque se sont réunis une nouvelle fois à Sarajevo pour tenter de donner forme au gouvernement central du pays. Mais ils n'arrivent pas à s'entendre sur les ministères autres que ceux des Affaires étrangères et du commerce extérieur.
samedi 9 novembre
Sous la pression de la communauté internationale, la présidente de l'entité serbe de Bosnie, Biljana Plavsic, a limogé le général Mladic et 80 autres officiers. La présidente de la Republika Srpska remercie le général pour tout ce qu'il a fait pour les Serbes de Bosnie durant les trois ans et demi de guerre, mais annonce qu'il doit quitter son poste et qu'il sera remplacé par le général Pero Colic, jugé plus souple (il est proche du gouvernement et du parti, le SDS, de Mme Plavsic). Mladic est jugé trop inféodé à Belgrade et Plavsic ne pardonne pas au président serbe Milosevic d'avoir soutenu l'opposition serbe en Bosnie durant la campagne électorale.
dimanche 10 novembre
Le général Mladic, « retranché » dans son quartier général de Han Pisejak (est de la Bosnie), refuse sa destitution et prétend commander « totalement » l'armée des Serbes de Bosnie.
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : à Belgrade, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) a battu la République tchèque un but à zéro.
lundi 11 novembre
Le général Mladic a reçu le soutien d'une centaine d'officiers de la région de Banja Luka : dans un télégramme, ils l'assurent de leur « entière loyauté » et de leur désir de continuer à commander la « VRS » (l'armée serbe de Bosnie) sous ses ordres.
mardi 12 novembre
Le fossé s'est encore creuse entre le pouvoir civil et les militaires serbes de Bosnie. Une centaine de militaires fidèles à Mladic ont accusé l'ex-président Karadzic d'avoir dirigé le « coup » parce qu'il a une « peur bleue d'une armée qui a montré son efficacité durant la guerre et qui coopère avec l'ONU pour le rétablissement de la Paix ». Devant la mauvaise tournure prise par cette affaire, Belgrade a dépêché un émissaire à Pale pour essayer de calmer le jeu.
Une personne a été tuée et plusieurs autres ont été blessées par des policiers serbes bosniaques à Gagevi, un petit village du nord-est du pays. Les policiers voulaient déloger plusieurs centaines de réfugiés musulmans qui ont repris possession de leur village. Appelés au secours, des soldats de l'Ifor sont intervenus et ont désarmé les policiers serbes.
jeudi 14 novembre
Réunis à Paris, les trois membres de la présidence collégiale bosniaque ont approuvé les termes du « contrat moral » (en 13 points) imposé à leur pays par la communauté internationale en échange de son aide.
vendredi 15 novembre
Les Serbes de Bosnie ont transmis l'acte d'accusation de « crimes de guerre » portée contre le président musulman Izetbegovic (depuis le 11 septembre) à la force multinationale. Le procès s'ouvrira le 24 décembre, à Banja Luka.
dimanche 17 novembre
Deuxième tour des élections municipales en Serbie : l'opposition au Parti socialiste (SPS) du président Milosevic a remporté ces élections ; la coalition de l'opposition Ensemble (Mouvement serbe de renouveau, Parti démocratique et Alliance civique) a gagné 60 des 110 sièges de l'assemblée municipale. Le SPS obtient 23 sièges.
nuit du dimanche 17 au lundi 18 novembre
A Belgrade, plus de 10 000 manifestants ont célébré la victoire de l'opposition serbe.
mardi 19 novembre
Le chef de l'administration des Nations unies en Slavonie orientale a réaffirmé que des élections s'y dérouleraient « en principe » au printemps prochain. La Slavonie orientale est la dernière région de Croatie encore partiellement contrôlée par les séparatistes Serbes.
jeudi 21 novembre
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Belgrade contre l'annulation des élections municipales dans plusieurs communes où l'opposition estime avoir triomphé. Danica Draskovic, épouse de Vuk Draskovic, président du Mouvement serbe de renouveau (SPO), a été enlevée à Belgrade par des membres de la sécurité d'Etat (DB).
vendredi 22 novembre
Danica Draskovic a été libérée en fin de matinée. Elle affirme que la DB l'aurait menacée de mort si elle ne renonçait pas à ses activités contre le pouvoir.
Au quatrième jour de manifestations, près de 30 000 personnes ont protesté dans les rues de Belgrade contre l'annulation des élections municipales dans plusieurs communes. Le président serbe est accusé de vouloir priver l'opposition serbe de sa victoire. Pour la première fois, des intellectuels, des étudiants (qui ont lancé un appel à la grève générale à l'université) et des ouvriers ont marché ensemble. Des dirigeants de l'opposition ont également entamé une grève de la faim à l'intérieur du Parlement serbe. D'autres rassemblements ont eu lieu dans le pays, comme à Nis (principal centre industriel).
Les trois membres de la présidence collégiale bosniaque se sont une nouvelle fois séparés dans un faubourg de Sarajevo sans s'être mis d'accord sur un gouvernement. Ils ont jusqu'au 4 décembre (réunion à Londres de la conférence internationale sur la Bosnie) pour trouver une solution.
samedi 23 novembre
L'opposition a de nouveau organisé des manifestations en Serbie contre le président Milosevic, pour « protester contre la falsification des résultats électoraux ». Vuk Draskovic appelle « l'Europe et les Etats-Unis à envoyer des experts pour enquêter sur les fraudes ».
dimanche 24 novembre
Dans la soirée, Vuk Draskovic, chef du SPO, a exhorté, devant 10 000 personnes rassemblées sur une place glaciale de Belgrade, ses compatriotes à descendre dans la rue pour « manifester leur colère et défendre leur victoire électorale ».
lundi 25 novembre
Une foule considérable a manifesté à Belgrade contre le « terrorisme d'Etat » de Milosevic, à l'appel de l'opposition serbe. C'est l'annulation des élections municipales de Belgrade dans plus de 20 % des bureaux de vote qui soulève cette révolte. C'est un tribunal de la capitale qui a pris cette décision après avoir reçu plus de 300 plaintes pour « irrégularités » déposées par le parti de Milosevic. Pourtant, un juge de la Cour suprême de Serbie n'a pas hésité à accuser publiquement les socialistes d'être les responsables de la fraude. On revotera donc dans deux jours, pour un troisième tour exceptionnel, mais l'opposition appelle au boycottage en dénonçant les « manipulations » du président serbe. Les étudiants se sont mis en grève et sont descendus, au nombre de 20 000, dans les rues de Belgrade aux cris de « bandits rouges ». Un peu plus tard, 50 000 personnes défilaient devant l'Assemblée nationale en lançant des œufs et des tomates sur le bâtiment. La même scène s'est répétée contre le siège de la présidence serbe.
mardi 26 novembre
Malgré une pluie battante, c'est par dizaines de milliers (50 000 ? 100 000 ?) que les manifestants se sont fait entendre un peu partout en Serbie, et même, pour la première fois, à Podgorica, la capitale du Monténégro.
mercredi 27 novembre
Alors qu'ils étaient appelés à repasser aux urnes pour un troisième tour de scrutin municipal, les habitants de Belgrade ont préféré manifester (peut-être 40 000) une fois de plus (pour la neuvième journée consécutive) leur colère en défilant dans les rues. Ils se sont attaqués au bâtiment de la télévision, lançant des œufs et brisant des vitres, car les médias officiels ont choisi d'ignorer ces mécontents. Les 15 000 étudiants qui ont organisé leur propre cortège ont été empêchés par un maigre barrage des forces de l'ordre d'atteindre la résidence de Milosevic. Ces étudiants ont déjà reçu le soutien de 150 autres étudiants de Pristina (Kosovo), et celui de deux leaders de l'opposition du Monténégro. Très faible participation à l'élection, les bureaux de vote ont été boudés pour respecter les consignes de l'opposition. Dans la soirée, pour la première fois, l'opposition a réclamé la démission de Milosevic. Après l'annulation de résultats des élections du 17 novembre et le troisième tour organisé aujourd'hui, l'opposition a conservé 7 grandes villes sur les 18 que compte la Serbie. Elle en avait remporté 15 aux deux premiers tours.
Le Parlement de la Republika Srpska (Bosnie) a, dans la soirée, entériné, par 55 voix pour et 7 abstentions, la destitution du général Mladic et de son état-major, le 9 novembre par la présidente Plavsic.
jeudi 28 novembre
Lâché par les députés serbes de Bosnie, le général Mladic a fini par donner sa démission dans la matinée. C'est le général Pero Colic qui a officiellement pris sa succession à la tête de l'état-major de l'armée des serbes de Bosnie. Mladic n'a pas assisté à la cérémonie officielle de passation de pouvoirs. En revanche, le général Manojlo Milovanovic, qu'il avait voulu désigner pour lui succéder, était présent pour signer l'ordre de transfert des fonctions.
Pour la première fois depuis le début des manifestations contre le Parti socialiste au pouvoir à Belgrade, l'Eglise orthodoxe a pris position : « La libre volonté des citoyens doit être respectée », a-t-elle déclarée, apportant ainsi son soutien à l'opposition. Pour la dixième journée consécutive, des dizaines de milliers de manifestants (plus de 100 000) sont descendus dans les rues de Belgrade, alors que la télévision d'Etat donnait le parti du président Milosevic vainqueur du troisième tour des municipales boycottées par une grande partie de l'électorat.
vendredi 29 novembre
L'opposition serbe a encore manifesté dans les rues de Belgrade. La foule, évaluée à 100 000 personnes, n'a été découragée ni par le froid ni par la pluie. Aucune violence, les manifestants se contentant de jeter des œufs contre les bâtiments publics.
Drazen Erdemovic a été condamné à 10 ans de prison par le TPI pour sa participation à un peloton d'exécution à Srebrenica. Ce Croate de Bosnie a décidé de faire appel.
samedi 30 novembre
La présidence collégiale bosniaque est parvenue à se mettre d'accord sur la composition du futur gouvernement central bosniaque. Le Conseil des ministres comprendra six membres (deux de chaque communauté) et sera dirigé alternativement, une semaine sur deux, par un Serbe et par un Musulman. Le vice-président sera croate, tout comme le ministre des Affaires étrangères. Le ministre des Affaires civiles et de la Communication sera serbe et le ministre des Relations commerciales et des Affaires économiques sera musulman.
150 000 personnes ont une nouvelle fois manifesté dans les rues de Belgrade. La coalition d'opposition Ensemble (DS et SPO) a présenté un programme de gouvernement axé principalement sur la lutte anti-corruption. Dans le même temps, les leaders des deux formations (Zoran Djindjic pour le DS et Kraskovic pour le SPO) ont annoncé que l'opposition allait prendre en main la gestion des villes qu'elle a gagnées.
dimanche 1er décembre
Le pouvoir du président serbe Milosevic a lancé un premier avertissement à l'opposition en faisant savoir que la police ne tolérerait plus aucun « élément de violence » lors des manifestations antigouvernementales quotidiennes, qui ont rassemblé aujourd'hui encore 50 000 personnes. Plusieurs milliers de manifestants également à Kragujevac (à 70 kilomètres au sud de Belgrade) et 20 000 autres à Niš (à 220 kilomètres au sud de la capitale).
lundi 2 décembre
L'opposition serbe a de nouveau manifesté (40 000 à 50 000 personnes) dans les rues de Belgrade et d'autres villes de province. Deux blindés légers de la police ont fait leur apparition à Belgrade, pour la première fois. Autre nouveauté, des cars de la police anti-émeute et des jeeps de la police ont été déployés aux abords du siège de la télévision, mais ce dispositif est resté à bonne distance des manifestants qui n'ont eu aucun geste provocants (même pas de jets d’œufs). D'autre part, la justice serbe a fait ses premières victimes dans les rangs de l'opposition, dont cinq militants ont été condamnés à des peines de prison ferme par le juge des flagrants délits pour avoir jeté... chacun un, voire deux œufs contre la façade d'un quotidien gouvernemental. Les accusés n'ont pas eu droit à des avocats et ne savent pas la durée de leur peine.
mardi 3 décembre
Slobodan Milosevic a coupé les émetteurs des deux radios indépendantes (Radio Index, la radio des étudiants, et Radio B-92) donnant parole à l'opposition serbe, mais les Etats-Unis le mettent en garde contre tout recours à la violence. A Belgrade, les étudiants constituent le fer de lance du combat de l'opposition : ils étaient 20 000 à défiler dans la matinée. Des policiers qui tentaient de se saisir de manifestants, qui écrivaient « Dératisation du pouvoir » à la poudre blanche sur les murs du Parlement (fermé pour cause officielle de « désinfection, dératisation et désinsectisation »), en ont été empêchés par les camarades de ceux-ci. Dans l'après-midi, les Belgradois ont pris la relève : la foule était évaluée à 100 000 personnes. Mais un fait nouveau a retenu l'attention : la présence dans la foule de cinq membres du Congrès américain.
mercredi 4 décembre
A Belgrade, le nombre des manifestants a atteint des records. Dans la matinée, comme de coutume, les étudiants en grève avaient organisé leur propre cortège : 30 000 participants (sur 70 000 inscrits à l'université) ont fait halte devant la résidence présidentielle. Dans l'après-midi, c'est la population de Belgrade qui a pris le relais : plus de 200 000 personnes dans les rues. Conduits par les trois leaders de l'opposition (Vuk Draskovic, Zoran Djindjic et Vesna Pesic), les manifestants ont ostensiblement montré leur volonté d'éviter la violence. Ce mouvement d'hostilité au pouvoir en place est largement relayé en province, et notamment dans les grandes villes que sont Niš (20 000 personnes manifestent chaque jour), Kraljevo (5 000 à 10 000 par jour), Novi Sad, Kragujevac (20 000). Un député de Niš, Branislav Jovanovic, affirme avoir la preuve que le pouvoir y a falsifié les résultats électoraux. Le responsable local du Parti socialiste, Mile Ilic, a démissionné dans la soirée. Quelque 7 000 ouvriers de l'industrie électronique locale se sont mis en grève pour se joindre aux manifestants.
Une nouvelle conférence internationale sur la Bosnie s'est ouverte à Londres pour décider « d'actions concrètes » pour consolider la paix dans le pays en échange d'un engagement formel des autorités bosniaques à la respecter.
jeudi 5 décembre
Encore 150 000 manifestants dans les rues de Belgrade. Malgré quelques mesures prises par le pouvoir pour détendre l'atmosphère : c'est d'abord l'autorisation donnée à deux radios indépendantes d'émettre, deux jours après avoir été interdites (Radio Index, la station des étudiants, et Radio B92 qui étaient les seules à rendre compte des manifestations). C'est aussi la décision de verser d'un seul coup les retraites d'octobre alors qu'elles sont généralement réglées en deux tranches. Celle, enfin, de réduire le coût de l'électricité et de supprimer les dispositifs installés dans les appartements pour en limiter la consommation.
La conférence de Londres sur la Bosnie a approuvé un plan en 17 points pour consolider la paix, insistant sur le respect des droits de l'homme et la recherche des criminels de guerre, mais aussi sur le retour des réfugiés et des personnes déplacées, sur la tenue d'élections municipales d'ici l'été, sur la mission de la police internationale de l'ONU qui est désormais chargée d'enquêter sur les « mauvais comportements » des polices locales...
vendredi 6 décembre
Le ministre serbe de l'Information a démissionné, refusant l'attitude du pouvoir dans les récents évènements. Un pouvoir qui tente d'ailleurs, depuis quelques jours de trouver un compromis pour sortir de la crise. Pourtant l'opposition a réaffirmé qu'elle ne négocierait pas. Elle maintient notamment deux conditions pour mettre un terme à son mouvement : « Milosevic doit reconnaître la victoire électorale de ce peuple et débloquer les médias ». Elle a en outre préparé son propre gouvernement, « prêt à remplacer Milosevic et à convoquer de nouvelles élections ». Pour la 18e journée consécutive, les étudiants étaient toujours aussi nombreux (30 000) à défiler dans les rues de Belgrade, acclamés par la population. Un peu plus tard, 100 000 personnes leur ont emboîté le pas.
Croates et Serbes de Bosnie poursuivent « l'épuration ethnique » des zones passées sous leur contrôle. Ces jours-ci, les policiers de l'ONU en poste à Mostar ont acquis la preuve de l'implication du HVO (l'armée des serbes de Bosnie) dans des opérations d'expulsion, mais la force multinationale refuse de s'y intéresser.
samedi 7 décembre
Un manifestant de l'opposition serbe, qui promenait l'effigie de Milosevic habillé en bagnard, a été arrêté et sévèrement battu par les forces de l'ordre. Dejan Bulatovic (21 ans) est dans un état préoccupant. Dans la soirée, les magistrats de la Cour suprême ont rejeté les cinq premiers recours de l'opposition concernant les élections municipales « volées ».
dimanche 8 décembre
L'opposition serbe ne désarme pas : elle a encore rassemblé plus de 50 000 personnes à Belgrade. Mais les étudiants étaient nettement moins nombreux (3 000 ou 4 000). 30 000 manifestants à Niš. Le Monténégro est intervenu aussi contre le pouvoir de Belgrade : elle a accusé le pouvoir serbe de porter préjudice à ses intérêts économiques. Podgorica a lancé un appel aux « puissants du monde » pour l'aider. Slobodan Milosevic a assuré Kati Marton qu'il « autoriserait les manifestations à se poursuivre pacifiquement et sans intervention de la police et de l'armée ». Dans la soirée, la Cour suprême a confirmé la victoire des représentants du pouvoir dans les 46 districts municipaux que l'opposition estime avoir conquis à Belgrade.
lundi 9 décembre
L'opposition serbe attend un soutien ouvrier à son mouvement de contestation, mais les ouvriers hésitent encore. Pourtant on note un léger frémissement dans ce sens. Une centaine de salariés des transports en commun de la capitale se sont associés aux 30 000 étudiants et aux 50 000 habitants de Belgrade. Les métallurgistes du syndicat indépendant Nezavisnost ont annoncé pour le 11 décembre le début d'une grève qui touchera aussi bien Niš et Kragujevac que Belgrade. Les transports de Belgrade ont lancé un préavis de grève, mais la loi ne leur permet de se croiser les bras que dix jours après le préavis.
Le Conseil de l'OTAN a approuvé le plan d'opération de la Force de stabilisation (Sfor) qui remplacera l'Ifor en Bosnie le 20 décembre. La Sfor comptera 31 000 hommes. Quant à l'arbitrage international sur la ville de Brcko, il a été reporté au 15 février 1997.
mardi 10 décembre
Comme la veille, quelque 120 000 manifestants ont occupé les rues de Belgrade. La Cour fédérale yougoslave, elle, a confirmé l'invalidation d'une partie des élections municipales du 17 novembre. L'opposition au président Milosevic a boycotté la séance inaugurale du nouveau Parlement yougoslave qui, d'ailleurs, a refusé d'ouvrir un débat sur la contestation actuelle. L’OTAN est intervenue auprès de Milosevic pour lui demander de « revenir sur sa décision » d'invalider ces municipales et les Etats-Unis ont annulé la visité de leur secrétaire d'Etat adjoint, John Kornblum, à Belgrade.
mercredi 11 décembre
Au 23e jour des manifestations organisées contre le président, l'opposition serbe a reçu, pour la première fois, un soutien ouvrier. Même timide, c'est un symbole. Le défilé quotidien a rassemblé 50 000 personnes. Comme chaque jour, les étudiants avaient organisé un peu plus tôt, leur propre manifestation : ils étaient plus de 30 000. Le syndicat indépendant Nezavisnost, qui revendique 400 000 adhérents, a annoncé des grèves dans huit usines des principaux centres industriels du pays (notamment à Belgrade, Niš et Mladenovac). Au nombre des appuis manifestés à l'opposition serbe, il en est un qu'elle n'attendait guère : celui de la présidente de la Republika Srpska, Biljana Plavsic. A Belgrade, la coalition gouvernementale se fissure : comme il l'avait fait la veille, Dusan Mihajlovic, le leader de la Nouvelle démocratie, a publiquement critiqué l'annulation des élections par la justice.
Radovan Karadzic, l’homme le plus recherché de Bosnie, circule à sa guise au cœur du dispositif de la force multinationale de paix et personne ne fait rien pour l'en empêcher. C'est ce que révèle des soldats de l'Ifor et des policiers de l'ONU, qui l'ont reconnu alors qu'il se déplaçait dans une jeep escortée par deux véhicules de police de la Republika Srpska et cinq hommes de ses « forces spéciales » armés. Un officier commente : « Personne ne veut prendre le risque de lancer une opération pour arrêter les criminels de guerre dans ce pays ».
jeudi 12 décembre
L'Allemagne et l'Italie ont fait directement pression sur Milosevic pour qu'il ouvre le dialogue avec l'opposition serbe. Mais le Monténégro interpelle à son tour le président serbe. Bien qu'il appartienne à la même sensibilité politique que Milosevic, Momir Bulatovic, le président du Monténégro n'apprécie pas le silence obstiné opposé par le président serbe aux revendications des manifestants de Belgrade. « Celui qui détient le pouvoir doit savoir qu'il n'est pas éternel », avait-il lancé, comme une menace, la semaine dernière. La situation qui prévaut en Serbie risque d'avoir des « répercussions imprévisibles » au Monténégro. A Belgrade, 20 000 à 30 000 étudiants ont défilé dans les rues, suivis par 50 000 à 60 000 partisans de l'opposition.
vendredi 13 décembre
Le Parti socialiste de Milosevic a proposé d'engager une discussion avec l'opposition serbe, au Parlement de Belgrade, sur les élections controversées et le rôle des médias. L'opposition, de son côté, est disposée à abandonner ses exigences, à condition que de nouvelles élections générales (législatives et municipales) soient organisées sous contrôle international.
samedi 14 décembre
L'opposition serbe a réussi, pour la seconde fois en 26 jours, à mettre plus de 200 000 personnes dans les rues de Belgrade. Milosevic a accepté une mission de l'Organisation sur la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui souhaite enquêter sur les élections municipales. L'opposition a clairement réaffirmé qu'elle était prête au dialogue avec le pouvoir à condition que celui-ci reconnaisse les résultats électoraux du 17 novembre. Le syndicat Nezavisnost a appelé à manifester le 17 décembre devant le Parlement serbe pour protester contre une loi sur l'emploi qui transforme des licenciements en « congés » indemnisés (avec 20 % du salaire). La Serbie compte quelque 700 000 chômeurs.
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : à Valence, l’Espagne a battu la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) deux buts à zéro.
dimanche 15 décembre
Premier recul de Slobodan Milosevic : les élections municipales de Niš devront être revues. Le tribunal de la deuxième ville de Serbie a demandé à la commission électorale locale de revoir les résultats de 26 des 70 sièges municipaux, attribuées au Parti socialiste, privant ainsi l'opposition de la majorité absolue (46 sièges). Le leader du Mouvement serbe du renouveau (SPO), Vuk Draskovic, s'est rendu à Genève pour rencontrer le secrétaire d'Etat adjoint américain Jorn Kornblum, chargé des Affaires européennes. A Belgrade, plus de 100 000 personnes étaient de nouveau dans les rues. Et, dans la soirée, les étudiants organisaient leur première marche nocturne : ils étaient plus de 50 000, leur nombre le plus important depuis le 18 novembre.
lundi 16 décembre
La justice yougoslave a donné droit aux revendications de l'opposition en annulant la victoire du Parti au pouvoir aux municipales de Smederevska Palanka (25 000 habitants), près de Belgrade. Les opposants ont de nouveau rempli les rues de Belgrade pour manifester leur détermination.
mardi 17 décembre
Slobodan Milosevic a reçu, à Belgrade, 3 des 17 étudiants protestataires venus à pied de Niš, à 240 kilomètres de la capitale serbe. C'est la première fois que le président s'entretient directement avec des contestataires depuis le début de la crise. Il a assuré que les litiges des municipales doivent « être tirés au clair » et promis d'enquêter sur les « éventuelles fraudes » et de « punir ceux qui ont entravé la loi ». Mais ses interlocuteurs ont cru comprendre que ses promesses ne concernent que leur ville. A Belgrade, les manifestants se comptent toujours par dizaines de milliers. De son côté, la justice a concédé une nouvelle victoire (la troisième) à l'opposition, dans une des 16 mairies de la capitale où plusieurs centaines d'ouvriers ont manifesté devant le Parlement contre un projet de loi sur l'emploi qu'ils jugent « injuste ». Une première manifestation de soutien au président Milosevic a eu lieu à Majdanpek.
mercredi 18 décembre
Les Etats-Unis et leurs alliés « atlantiques » sont tombés d'accord sur la nécessité de créer en Bosnie une « police internationale spéciale ». Elle ne relèverait pas de l’OTAN et aurait pour objectif de pourchasser et d'arrêter les criminels de guerre, afin de les livrer au TPI de La Haye.
jeudi 19 décembre
Les étudiants qui manifestent quotidiennement depuis 32 jours à Belgrade ont décidé de bloquer la circulation dans la capitale serbe, le 20 décembre, pendant une demi-heure. Le ministre yougoslave des Affaires étrangères affirme de son côté que les autorités serbes n'excluent pas de nouvelles élections municipales si une proposition de l'OSCE en ce sens est jugée acceptable par les « institutions serbes ».
vendredi 20 décembre
L'arrivée d'une mission de l'OSCE, conduite par l'ancien Premier ministre espagnol Felipe Gonzalez, à Belgrade semblait amorcer une détente en Serbie. Pourtant le pouvoir durcit le ton (les conclusions de l'OSCE « ne seront pas contraignantes ») face à une opposition qui ne désarme pas. Plus de 100 000 manifestants ont de nouveau manifesté dans les rues. Les 20 000 étudiants ont, pour la première fois, bloqué les ponts permettant de passer de la vieille ville aux nouveaux quartiers. Ou plutôt - mais le résultat aura bien été celui qu'ils cherchaient - ils les ont fait bloquer par les forces de police qui voulaient leur en interdire l'accès.
vendredi 20 ou samedi 21 décembre
La Sfor, nouvel outil de la communauté internationale en Bosnie, a pris le relais de l'Ifor. La Force de stabilisation a pour mission de consolider le fragile succès de l'Ifor et de conduire le pays vers la paix.
samedi 21 décembre
Après 24 heures à Belgrade, la mission de l'OSCE a conclu non seulement au rétablissement de l'opposition serbe dans ses droits électoraux mais également à la démocratisation du régime sous des auspices extérieurs, l'OSCE en l'occurrence.
dimanche 22 décembre
Dans l'après-midi, quelque 100 000 opposants ont encore manifesté dans Belgrade et, dans la soirée, environ 30 000 étudiants. L'opposition a annoncé la formation de contre-conseils municipaux dans les villes où ses victoires ont été annulées.
lundi 23 décembre
80 000 manifestants ont encore défilé contre le pouvoir à Belgrade.
mardi 24 décembre
Milosevic n'y a pas été de main morte. Après avoir emmené en autobus à Belgrade ses partisans vivant dans les coins les plus reculés de la Serbie, de la Voïvodine et du Kosovo, il les a harangués à l'endroit même où, depuis 37 jours, l'opposition dénonce le truquage des élections du 17 novembre. Est arrivé ce qui devait arriver : des empoignades violentes entre opposants et « milosevistes » épaulés par la police anti-émeute. Bilan : 92 blessés dont l'un à la tête par la balle d'un partisan du président serbe. Aucun yougoslave n'a pu voir ces images censurées. En revanche, les médias aux ordres du pouvoir, ont multiplié par dix - de 50 000 à 500 000 - le nombre des partisans de Milosevic présents à la contre-manifestation. Du coup, l'opposition, que soutiennent les grandes capitales, a rejeté l'appel à la « discussion » que vient de lui lancer le pouvoir. Selon des proches de Milosevic, la contre-manifestation a révélé au monde entier sa faiblesse et son impopularité. Et galvanisé l'opposition au régime.
mercredi 25 décembre
100 000 opposants ont de nouveau rejoint les étudiants, qui nettoyaient la place « contaminée » la veille par les partisans de Milosevic. Ils ont dénoncé « l'appel au lynchage » lancé par le président serbe contre les « ennemis de la Yougoslavie ». L'homme blessé par balle lors des affrontements de la veille est mort de ses blessures.
jeudi 26 décembre
La police anti-émeutes a refoulé des rues de Belgrade les dizaines de milliers de partisans de l'opposition qui s'apprêtaient à défiler de nouveau. Le ministère serbe de l'Intérieur avait prévenu que tout défilé de nature à perturber la circulation serait dorénavant interdit. Des milliers de policiers armés de canons à eau avaient pris position dans le centre-ville. Les manifestants repoussés d'une des rues principales vers une zone piétonne, près de la place de la République ont été refoulés à coups de bouclier et de matraque mais sans violence excessive. De son côté, le vice-premier ministre Nilola Sainovic a de nouveau affirmé son intention de ne tenir aucun compte de l'avis de l'OSCE.
vendredi 27 décembre
Coup de théâtre dans la soirée à Belgrade : Milosevic a fait annoncer par son ministre des Affaires étrangères, Milan Mulitinovic, que les conclusions de l'OSCE sur les résultats des municipales étaient « bien intentionnées et constructives ». Dans les conclusions du rapport de la mission conduite par Gonzalez figurent 14 des 15 villes que l'opposition affirme avoir gagnées : Pirot, Kraljevo, Uzice, Smeredevska, Palanka, Vrasac, Soko Banja, Kragujevac, Pancevo, Jagodina, Niš, Zrenjanin, Lapovo, Sabac, ainsi que neuf circonscriptions de Belgrade. La 15e, Pozega (centre), reste donc aux mains du Parti socialiste. Apprenant ces conclusions, rendues publiques à Genève (Suisse), l'opposition a aussitôt laissé éclater sa joie. Oubliant toute prudence, elle s'est répandue dans les rues où les étudiants ont nargué la police. C'en était trop pour cette dernière : elle a aussitôt chargé et dispersé les manifestants, cependant que des policiers en civil se lançaient à leur poursuite, matraquant indistinctement toute personnes à portée de ses coups, femmes et enfants. Au cours de ces charges un homme a été blessé à la jambe et évacué en ambulance. Un journaliste, responsable du syndicat Nezavimost, a aussi été blessé à la tête et un caméraman de la télévision indépendante B-92 sévèrement battu. Puis, comme par enchantement, les policiers sont montés dans leurs camions et ont disparu. Ces charges ont fait au moins 33 blessés. Dans la soirée, l'Union européenne a emboîté le pas à l'OSCE. Elle appelle Belgrade à respecter ses conclusions.
Le Monténégro refuse de payer les frais de la crise serbe. Depuis quelques jours, son président, Momir Bulatovic, le dit avec tant d'insistance que ses protestations commencent à inquiéter sérieusement le pouvoir serbe et aussi l'opposition. Ils craignent qu'il ne claque la porte de la fédération yougoslave.
samedi 28 décembre
Enterrement devant 10 000 personnes du manifestant serbe Predrag Starcevic (un enseignant de 39 ans), tué par la « police » il y a quatre jours.
Match amical de football : au stade José Maria Minella de Mar del Plata, l’Argentine a été battue par la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) trois buts à deux.
dimanche 29 décembre
Une dizaine d'unités de l'armée serbe, dont la 63e brigade de parachutistes (unité d'élite), a adressé une lettre à Milosevic, au chef d'Etat-major et aux étudiants : elles menacent d'intervenir pour empêcher « la ruine de la Serbie. S'il le faut, nous nous mettrons à la tête du peuple serbe pour faire triompher la vérité, la justice, la dignité humaine et l'honneur ». De même, l'Eglise orthodoxe, traditionnellement favorable à Milosevic, commence à soutenir l'opposition. Mais Milosevic parle encore de répression : ainsi, la seule radio indépendante du Monténégro, Antena M, vient d'être interdite d'émission ; et la commission électorale de Niš refuse de valider la victoire électorale de l'opposition. A Belgrade, 2 000 policiers anti-émeutes ont empêché les manifestants de défiler. Pourtant, l'opposition ne baisse pas les bras : « Belgrade est devenue une prison, la Serbie est devenue une prison », a lancé Draskovic devant 50 000 personnes. Quant aux étudiants, ils ont créé un comité pour coordonner l'action des six universités serbes.
lundi 30 décembre
L'état-major yougoslave s'est clairement placé du côté du pouvoir. En revanche, il n'a pas nié l'existence d'une contestation au sein de l'armée - soutien traditionnel du régime - au 42e jour consécutif de manifestation à Belgrade et dans de nombreuses autres villes. L'opposition a reçu le soutien du cinéaste Emir Kusturica.
Les deux co-Premiers ministres bosniaques ont signé un protocole d'accord sur la structure du Conseil des ministres. Le nouveau gouvernement central prendra ses fonctions après confirmation de la chambre des représentants du Parlement, qui doit siéger le 3 janvier à Sarajevo.
mardi 31 décembre
L'opposition serbe a bravé avec panache l'interdiction de manifester : dans la soirée, elle n'a pas appelé ses partisans à manifester dans les rues de Belgrade, elle les a invités au bal. Plus de 200 000 personnes se sont retrouvées sur la place de la République et dans les rues voisines. Le bal des étudiants avait lieu à quelques centaines de mètres, devant la faculté de philosophie.
Sarajevo a connu son incident le plus grave depuis l’entrée en vigueur des accords de Dayton : une roquette tirée depuis un faubourg serbe a frappé le centre ville, faisant un mort et plusieurs blessés. L’Ifor a aussitôt répliqué.
lundi 15 janvier
Entrée en fonction de l'Atnuso, l'administration de l'ONU qui contrôle pour un an la Slavonie orientale, dans l'est de la Croatie.
mercredi 24 janvier
Les Américains vont fournir au Tribunal pénal international (TPI) de La Haye des « éléments importants » recueillis par leurs services de renseignements sur les crimes de guerre dont se seraient rendues coupables les forces bosno-serbes à Srebrenica.
samedi 27 janvier
Musulmans et Croates ont relâché plus de 500 de leurs prisonniers, mais pas les Serbes.
dimanche 28 janvier
Les Musulmans, les Croates et les Serbes de Bosnie ont libéré plus des deux-tiers des prisonniers de guerre qu'ils reconnaissent détenir, mais avec dix jours de retard. Un colonel serbe (se trouvant sous protection occidentale) affirme que les corps de milliers de Bosniaques sont enfouis sous des terrils miniers, dans des ravins et des lacs de montagne près d'Omasica, Vitovlje et Manjaca. Trois soldats britanniques ont été tués dans l'incendie de leur véhicule qui a sauté sur une mine près de Gornji Vakul (centre de la Bosnie).
mardi 30 janvier
Des incidents ont opposé des réfugiés albanais d'origine serbe à des Albanais de souche à Decani (ouest du Kosovo). Un Albanais de souche a été poignardé et trois membres de sa famille ont du être hospitalisés.
Les Bosniaques ont arrêté deux officiers serbes, le général Djordje Djukic et le colonel Aleksa Krsmanovic, accusés de crimes de guerre.
jeudi 1er février
Dès ce matin, les habitants de Sarajevo (Bosniaques ou serbes) peuvent désormais circuler librement : il leur faut juste présenter une carte d'identité pour franchir le « pont de la fraternité et de l'unité » qui relie les deux zones.
mercredi 7 février
Deux attentats à la bombe ont été commis au Kosovo contre des camps de réfugiés serbes bosniaques.
jeudi 8 février
Le général serbe de Bosnie Mladic a donné l'ordre à ses troupes de rompre tout contact avec l'Ifor.
du vendredi 9 au samedi 10 février
Un record de chute de neige a été enregistré à Sremski Mitrovica, en Serbie : 48 cm.
samedi 10 février
Suite à l’arrestation de plusieurs criminels de guerre, les Serbes de Bosnie rompent tous contacts avec le gouvernement bosniaque et avec les représentants de l’Ifor.
dimanche 11 février
Le général Mladic a été désavoué par le président des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic.
lundi 12 février
Karadzic a entamé une visite à Banja Luka où il a affirmé « qu'il n'y a pas eu d'exécutions massives ». 10 000 Serbes ont manifesté leur soutien à Karadzic dans les rues de Sokolac. Les deux officiers serbes arrêtés par les Bosniaques le 30 janvier, le général Djukic et le colonel Ksmanovic, ont été extradés vers La Haye à la demande du Tribunal pénale international (TPI) pour y être entendus ou inculpés.
mardi 13 février
Nikola Koljevic, « vice-président de la République serbe de Bosnie » a menacé l'OTAN en exigeant la libération des deux officiers déférés devant le TPI, dont l'interrogatoire a commencé.
mercredi 14 février
L'amiral Leighton Smith, commandant de la Force multinationale de l'OTAN, a répondu aux menaces lancées la veille par Nikola Koljevic : « Si Nikola Koljevic considérait qu'une attaque constitue une réponse appropriée, il ferait la plus grave erreur de sa vie »... Un officier de l'armée yougoslave accusé de crimes de guerre par le TPI, le lieutenant colonel Veselin Sljivancanin (affecté au Monténégro), vient d'être promu colonel.
samedi 17 février
Ouverture à Rome d'une réunion entre Musulmans, Croates et Serbes de Bosnie. La Force multinationale a contraint les Serbes à la laisser pénétrer dans deux de leurs bases, à 50 kilomètres au nord de Sarajevo.
dimanche 18 février
Présents à Rome au côté de l’Américain Richard Holbrooke, les présidents croates Franjo Tudjman, serbe Slobodan Milosevic et bosniaque Alija Izetbegovic se sont réengagés à respecter l'accord de paix de Dayton (1994). De nouveaux accords ont été acquis afin de lever d’importants obstacles qui entravaient la mise en œuvre de cet accord. Les parties sont également tombées d’accord sur une « libération immédiate et définitive de tous les prisonniers ». Les Musulmans et les Croates ont également décidé de résoudre leur différend concernant la ville de Mostar, divisée entre les deux communautés. Enfin, le président serbe a annoncé qu’un accord sur la suspension des sanctions imposées aux Serbes de Bosnie avait été obtenu au cours des entretiens. Sur le terrain, l'Ifor a obligé les Serbes à retirer dix chars lourds réintroduits discrètement près de l'ancienne ligne de front serbo-musulmane, au nord de la Bosnie.
lundi 19 février
Le général serbe de Bosnie Zdravko Tolimir, commandant adjoint, a refusé de participer à la réunion d'une commission mixte sur le porte-avion américain George Washington, tant que « les deux officiers serbes (incarcérés aux Pays-Bas) ne seront pas libérés ».
mardi 20 février
Les anciens belligérants de Bosnie ont encore fragilisé le processus de paix. Les Serbes ont en effet refusé une nouvelle fois de normaliser leurs relations avec l’Ifor, tandis que des incidents ont été provoqués par les Croates à Mostar. Le général Walker, commandant des forces terrestres de l'Ifor est allé à la rencontre du général serbe Tolimir dans son fief de Pale. Les dirigeants serbes ont ordonné l'évacuation de « leurs » quartiers de Sarajevo devant passer sous l'autorité du gouvernement bosniaque le 19 mars. L’exode des populations serbes de Sarajevo a repris et des embouteillages ont bloqué les rues des secteurs de la capitale qui doivent prochainement passer sous le contrôle des autorités bosniaques. L'Ifor a par ailleurs publié une affiche réunissant dix-sept portraits de suspects recherchés pour crimes de guerre : Radovan Karadzic et Ratko Mladic y figurent. D'autre part, retour de la libre circulation dans Mostar en même temps qu'une force de police unifiée se déployait dans le centre ville.
mercredi 21 février
L'amiral américain Smith, commandant en chef de l'Ifor, a annoncé dans la soirée que les Bosno-Serbes avaient rempli leurs obligations aux termes de l'accord de Dayton et que cela ouvrait la voie à la levée des sanctions contre eux.
vendredi 23 février
La police croato-musulmane (85 hommes) et 150 soldats italiens de l'Ifor ont pris pied dans Vogosca (17 000 habitants), un district sous contrôle serbe de la banlieue de Sarajevo déserté de tous ses habitants. Reprise du dialogue entre les chefs de guerre serbe et l'Ifor. Le général serbe Tomic s'est entretenu avec son homologue britannique Michael Jackson. Le président russe Boris Eltsine, estimant que les Serbes de Bosnie ont satisfait aux obligations du traité de Dayton, a levé les sanctions contre eux.
jeudi 29 février
Débuté le 5 avril 1992, le siège de Sarajevo est enfin levé : l’encerclement de la ville par les Serbes de Bosnie s’est terminé avec la prise de contrôle par la police croato-musulmane du quartier d’Ilijas, situé au nord de la capitale bosniaque. En trois ans, huit mois et neuf jours de siège, les pertes sont de 6 137 morts chez les assiégées et 2 241 tués dans les rangs serbes.
vendredi 1er mars
A La Haye, le général Djordje Dukic est inculpé de crimes contre l'humanité par le TPI. Il est le premier officier serbe de haut rang à devoir répondre de ses méfaits devant la justice internationale.
Célébration à Sarajevo du quatrième anniversaire de l’indépendance de la Bosnie.
du samedi 2 au dimanche 3 mars
Congrès ordinaire du Parti socialiste de Serbie à Belgrade.
dimanche 3 mars
L’ancien évêque catholique de Kotor (Monténégro) Ivo Gujic a été assassiné à Kotor, trois mois seulement après avoir quitté ses fonctions. Il travaillait avec le gouvernement monténégrin au comité de protection des minorités ethniques.
lundi 4 mars
Le New York Times rapporte que le gouvernement bosniaque aurait envoyé des troupes s'entraîner en Iran. Par ailleurs, le général Djukic a plaidé non coupable de crime contre l'humanité au TPI.
samedi 9 mars
Malgré la menace policière, 20 000 opposants à Milosevic ont manifesté à Belgrade à l’appel de trois partis - le Parti démocratique de Zoran Djindjic, le Mouvement serbe du Renouveau de Vuk Draskovic, l’Alliance civique de Vesna Pesic - pour demander la démission du président serbe.
dimanche 10 mars
La banlieue serbe d’Ilidza, à Sarajevo, brûle sur ordre serbe.
mardi 12 mars
A Sarajevo, les autorités bosniaques ont pris le contrôle de l’ex-quartier serbe d’Ilidza, où des maisons brûlent toujours.
La Russie a décidé de lever progressivement, d’ici au 11 juin, l’embargo sur les ventes d’armes à l’ex-Yougoslavie.
vendredi 15 mars
Ouverture à Ankara d’une conférence internationale (29 pays) consacrée à l’éventuel réarmement de la fédération croato-musulmane en Bosnie. Les Etats européens y sont opposés alors que les Etats-Unis y sont favorables.
vendredi 22 mars
Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie a inculpé trois Musulmans et un Croate bosniaques pour crimes commis contre des Serbes.
Les Serbes de Croatie commencent à utiliser les chars et canons qu'ils ont dérobé aux Casques bleus dans des exercices militaires avec des tirs réels à longue distance.
samedi 23 mars
Le « groupe de contact » (Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne), réuni à Mostar, a lancé un appel aux ex-belligérants pour qu'ils respectent tous leurs engagements, notamment la libération des prisonniers qui devrait être achevée depuis le 19 janvier.
nuit du samedi 23 au dimanche 24 mars
Les Bosniaques ont libéré 109 prisonniers serbes détenus à la prison de Tuzla.
dimanche 24 mars
Boutros Boutros-Ghali, secrétaire général de l'ONU, a entériné l'éclatement de la Forpronu en trois forces distinctes en Croatie, Bosnie et Macédoine.
mardi 26 mars
L'ancien maire de Vukovar, Slavko Dokmanovic, réfugié en Serbie, a été inculpé par le TPI pour avoir participé au massacre de 261 civils, en majorité des Croates, à l'hôpital de Vukovar (Slavonie orientale) en novembre 1991.
mercredi 27 mars
Matchs amicaux de football : à Belgrade, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) a battu la Roumanie un but à zéro.
lundi 1er avril
Accusé de crimes de guerre lors de la guerre de Bosnie, le général croate de Bosnie Tihomir Blaskir, ancien commandant de l’état-major général du Conseil de défense croate (HVO), s’est volontairement rendu. Il est transféré le jour même devant le Tribunal pénal international à La Haye (il sera condamné en 2000 à 45 ans de prison puis acquitté en 2004).
mardi 9 avril
L’Union européenne reconnaît officiellement la République fédérale de Yougoslavie.
du vendredi 12 au samedi 13 avril
A Bruxelles, 55 pays et 29 organisations se sont engagés à fournir plus de 6 milliards de francs pour la reconstruction de la Bosnie (1,3 milliard pour l'Union européenne, 1 milliard pour les Etats-Unis). Cette somme s'ajoute aux 3 milliards déjà accordés en décembre. Ces 9 milliards ne constituent qu'un acompte. La Banque mondiale a en effet évalué à quelque 25 milliards de francs sur trois ans la somme nécessaire. L'aide sera équitablement répartie entre la partie serbe et la partie croato-musulmane.
mercredi 24 avril
Début des qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : à Belgrade, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) a battu les îles Féroé trois buts à un.
samedi 27 avril
Un enfant albanais a été tué et trois autres blessés par l’explosion d’une bombe, dans l’après-midi, au Kosovo. Une autre avait explosé, à l’aube, devant la maison du chef serbe de la police de Prizren. Un Albanais et cinq Serbes ont péri lors de récentes violences. La tension est très vive au Kosovo depuis quelques jours.
mercredi 15 mai
Le président des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, a limogé son Premier ministre, Rajko Kasagic, et l’a remplacé par Gojko Klickovic. Kasagic, soutenu par l’étranger, refuse de quitter son poste.
jeudi 16 mai
15 000 ouvriers des usines électroniques, sans salaire depuis un an, ont manifesté dans les rues de Niš.
samedi 18 mai
Radovan Karadzic passe en coulisse : il annoncé que ce serait désormais Biljana Plavsic, sa vice-présidente, qui représentera les intérêts de la « République serbe de Bosnie » dans les contacts avec la communauté internationale. Mais il reste en place et pourrait même consolider son pouvoir. Karadzic a fait entériner par le Parlement de Pale la destitution de son Premier ministre, Rajko Kasagic.
jeudi 23 mai
Coupe Kirin de football, organisé par le Japon : à Shizuoka, le Mexique et la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) ont fait match nul zéro à zéro.
dimanche 26 mai
Coupe Kirin de football : à Tokyo, le Japon a battu la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) un but à zéro.
vendredi 31 mai
Drazen Erdemovic, un Croate de 24 ans, a plaidé coupable devant le TPI. Il a reconnu avoir participé à l’exécution sommaire de centaines de civils musulmans, dans la région de Srebrenica alors qu’il servait dans les forces serbes. Il a expliqué qu’il était forcé de le faire. Il est le premier des 52 inculpés pour crimes contre l’humanité à reconnaître sa responsabilité.
dimanche 2 juin
La communauté internationale, qui a multiplié les pressions sur la Serbie pour obtenir l’élimination politique de Karadzic, vient d’essuyer un nouvel échec.
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : à Belgrade, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) a battu Malte six buts à zéro.
mardi 4 juin
Réunion à Berlin des garants de la paix en Bosnie. Mais pas plus qu’à Genève, le week-end dernier, ils n’ont trouvé le moyen d’écarter le seul obstacle politique aux élections prévues en septembre : Radovan Karadzic.
jeudi 6 juin
Le président du TPI demande à la communauté internationale de rétablir les sanctions contre l’ex-Yougoslavie et les Serbes de Bosnie si Karadzic et Mladic ne sont pas arrêtés.
60 prisonniers serbes amnistiés par le président croate Tudjman ont retrouvé leurs familles réfugiés en Serbie.
mardi 11 juin
Le gouvernement de Sarajevo a bloqué à Oslo un accord sur le désarmement de l'ex-Yougoslavie pour éviter un début de reconnaissance de la soi-disant « République serbe ». Les Occidentaux tentent de lui faire entendre raison.
mardi 25 juin
L'OSCE a fixé au 14 septembre les élections en Bosnie. Sept scrutins sont prévus : deux à l'échelle nationale pour l'élection à la présidence et de la Chambre des représentants de Bosnie Herzégovine, trois à l'échelon des deux entités (président de la Republika Srpska et Chambre des représentants de la fédération croato-musulmane) et enfin deux scrutins locaux (cantonales et municipales).
mercredi 26 juin
Le TPI de La Haye a ouvert les dossiers des leaders serbes de Bosnie Radovan Karadzic et Ratko Mladic. Selon une radio indépendante (B92 à Belgrade), le général Mladic aurait été victime d'une grave attaque cérébrale, mais ses jours ne seraient plus en danger.
jeudi 27 juin
Radovan Karadzic, le dirigeant des Serbes de Bosnie, est mis en accusation par le Tribunal pénal international de La Haye.
vendredi 28 juin
Un porte-parole de Carl Bildt a expliqué que si Karadzic ne se retire pas du pouvoir avant le 1er juillet, ils utiliseraient toutes les armes à leur disposition, y compris les sanctions contre les Serbes de Bosnie, contre Belgrade ou contre les deux. Ces menaces n'ont pas empêché Karadzic, devant la convention de son parti, de se livrer à une diatribe anti-occidentale et de promettre à ses 354 délégués « la liberté dans un Etat libre ». Le Parti démocratique serbe a reconduit Karadzic à sa tête. La mise en accusation de Karadzic et de Mladic par le TPI éclabousse le président de Serbie Slobodan Milosevic qui est, selon le professeur français Paul Garde, « incontestablement le principal responsable » de la guerre en Bosnie.
dimanche 30 juin
Carl Bildt a annoncé dans un communiqué que Karadzic était dument « remplacé » dans ses fonctions par la vice-présidente Biljana Plavsic. Il en avait été informé par une lettre de Karadzic en personne lui annonçant le transfert de pouvoir. Pourtant Plavsic a déclaré que « Radovan Karadzic reste président de la Republika Srpska » et qu'il n'y aura pas de changement sans élections libres. Selon elle, le président des Serbes de Bosnie a juste transféré provisoirement ses fonctions.
lundi 1er juillet
Le parti démocratique serbe a demandé à son chef, Karadzic, de se présenter à l'élection présidentielle de septembre en Bosnie.
mardi 2 juillet
Le transfert de pouvoir de Karadzic à Plavsic « est effectif » selon Carl Bildt qui a rencontré Mme Plavsic. Cette dernière a toutefois refusé de livrer son président au TPI. Pourtant Karadzic semble bien resté en place.
mercredi 3 juillet
Le général Mladic était personnellement présent sur plusieurs lieux d'exécutions massives près de Srebrenica en juillet 1995. C'est ce qu'a affirmé devant le TPI un enquêteur français, qui a interrogé des témoins directs sur place. William Perry, le Secrétaire américain à la Défense, était à Sarajevo pour presser Croates et Musulmans, qui se querellent depuis des semaines, de créer une armée commune. Quand cela sera fait, les Etats-Unis débloqueront une aide de 500 millions de francs pour l'entraînement et l'équipement de cette armée. Par ailleurs, des observateurs ont constaté que des blindés serbes ont quitté leur cantonnement en violation de l'accord à Dayton.
jeudi 4 juillet
Les Serbes ont menacé d'abattre des hélicoptères de l'Ifor qui observaient les mouvements de blindés serbes. L'Ifor a alors mobilisé une force aérienne d'une vingtaine d'avions et d'hélicoptères d'attaque au-dessus de Han Pijesak.
Radovan Karadzic a décliné l'invitation pressante du SDS de se porter candidat à la présidence collégiale de la Bosnie lors des élections générales prévues le 14 septembre. Le SDS présentera donc Biljana Plavsic, la vice-présidente, aussi extrémiste que Karadzic mais plus présentable.
vendredi 5 juillet
250 soldats américains envoyés à Han Pijesak pour obtenir le retour des blindés serbes dans leur cantonnement se sont heurtés à des manifestations très nettes d'hostilité : des centaines de civils leur ont barré la route avec leurs véhicules, pour les empêcher d'accéder au QG de l'armée serbe de Bosnie. Les soldats américains ont pu repartir. Les blindés litigieux ont quitté eux aussi la ville pour regagner leur cantonnement.
dimanche 7 juillet
Une équipe d'experts des Nations unies a entrepris la première exhumation d'un charnier près de Srebrenica.
lundi 8 juillet
La presse révèle que les massacres de Srebrenica, en juillet 1995, ont été photographiés par des satellites espions américains. Mais personne n'a réagi.
mardi 9 juillet
L'amiral Leighton Smith, commandant l'Ifor en Bosnie, estime que Karadzic et Mladic tiennent toujours « à 100 % » les rênes du pouvoir chez les Serbes de Bosnie.
mercredi 10 juillet
Les autorités serbes de Bosnie multiplient les obstacles à la poursuite des travaux engagées par les experts finlandais en médecine légale à Srebrenica. Ceux-ci ont donc décidé d'abandonner la recherche des dépouilles de musulmans exécutés en juillet 1995.
jeudi 11 juillet
Le Tribunal pénal international de La Haye a lancé un mandat d'arrêt contre les leaders des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic. A Tuzla, 7 000 femmes de Srebrenica se sont réunis pour évoquer le martyr de leur ville, il y a exactement un an.
vendredi 12 juillet
Les Serbes de Bosnie menacent de rompre la paix si les poursuites contre Karadzic et Mladic continuent à La Haye.
dimanche 14 juillet
Les victimes du charnier de Cerska (est de la Bosnie) ont été exécutées d'une balle dans la tête. C'est ce que viennent de révéler les enquêteurs du TPI qui ont entrepris, depuis huit jours, des fouilles près de ce village proche de Srebrenica.
lundi 15 juillet
La Yougoslavie (Serbie-Monténégro) enverra des observateurs aux élections en Bosnie, le 14 septembre. L'OSCE a décidé de retarder de quelques jours le début de la campagne électorale en Bosnie, dans l'espoir que Radovan Karadzic démissionnera de la présidence du Parti démocrate serbe.
mardi 16 juillet
Craignant que les forces occidentales en Bosnie ne viennent arrêter leurs chefs Karadzic et Mladic, les Serbes de Bosnie menacent de prendre en otages les membres de la force de police internationale (1 700 policiers), très vulnérables. Ils ont ainsi été menacés à Pale et Doboj.
mercredi 17 juillet
Radovan Karadzic a été refoulé à plusieurs reprises ces temps-ci aux frontières du Monténégro. Né aux environs de Niksic, dans cette république, il a tenté en vain, plusieurs fois depuis six semaines, de rendre visite à sa mère, mais les autorités l'ont officiellement interdit de séjour pour n'avoir pas à l'arrêter comme criminel de guerre. Par ailleurs, selon un responsable des Nations Unies, des Musulmans de Bosnie Orientale (sous contrôle serbe) ont fortifié leur village, comme s'ils se préparaient à un affrontement armé.
vendredi 19 juillet
Après dix heures d'entretiens nocturnes avec le président de Serbie Slobodan Milosevic, le négociateur américain Richard Holbrooke a annoncé, dans la matinée, que Radovan Karadzic se retirait de la vie politique de Republika Srpska (il est exclu des élections du 14 septembre).
samedi 20 juillet
Un appareil américain de l'Ifor a largué une bombe « par erreur » au cours d'un exercice d'entraînement. L'engin de 250 kilos a explosé en bordure d'une base de l'Ifor, près de Brcko, sous contrôle serbe, heureusement sans faire de victime.
lundi 22 juillet
Les enquêteurs de l'ONU ont mis au jour les premiers cadavres d'un nouveau charnier situé à Nova Kasaba, non loin de Srebrenica. Selon les Américains, il pourrait contenir les corps de 1 500 à 2 700 hommes tués par les Serbes après la prise de l'enclave musulmane, en juillet 1995.
nuit du vendredi 2 au samedi 3 août
Des bombes ont été lancées contre quatre postes de la police serbe au Kosovo.
dimanche 4 août
De nouveaux affrontements au Kosovo ont causé d'importants dégâts matériels, et ont été suivis de dizaines d'interpellations. Ces violences font suite à l'assassinat d'un jeune Albanais la semaine dernière.
Clôture des Jeux olympiques d’Atlanta (Etats-Unis). La Yougoslavie a remporté une médaille d’or : carabine 3 positions féminin (Ivosev).
lundi 5 août
L’Ifor a découvert à Markovici (à 40 kilomètres au nord-est de Sarajevo) un dépôt d'armes serbe abritant 2 000 tonnes de mines, de roquettes et de munitions que les Serbes avaient « omis » de déclarer. 4 000 villageois serbes s'opposent, dans la soirée, à la restitution de ces armes.
mercredi 7 août
Rencontre entre les présidents croate et serbe, Tudjman et Milosevic, à Athènes pour envisager la normalisation de leurs relations. Les deux présidents ont annoncé une reprise prochaine de leurs relations diplomatiques.
vendredi 9 août
L’OSCE qui organise les élections générales du 14 septembre en Bosnie, a dénoncé des « fraudes de la part de toutes les parties » dans l'inscription des électeurs (réfugiés, électeurs déplacés,...).
L’Ifor a décidé de détruire les 300 tonnes d'armes découvertes le 5 août à Markovici.
mardi 13 août
Les présidents serbe Milosevic et croate Tudjman ont décidé, lors d'un sommet à Vouliagmeni, près d'Athènes (Grèce), le prochain rétablissement de relations diplomatiques entre la Yougoslavie et la Croatie.
Le général britannique Michael Walker, commandant les troupes terrestres de l'Ifor, a pu inspecter lui-même le camp militaire de Han Pijesak (nord-est de la Bosnie), qui appartient aux Serbes de Bosnie. Ces derniers avaient refusé depuis le 10 août de laisser inspecter la base, où un bunker sert de refuge au général Mladic qui n'est pas apparu durant l'inspection.
mercredi 14 août
Les présidents serbe, croate et bosniaque se sont engagés à Genève à soutenir pleinement le travail de la communauté internationale dans la conduite des élections en Bosnie.
dimanche 18 août
Quelque 1 500 soldats français et italiens de l'Ifor ont mis en place le dispositif nécessaire pour détruire les 300 tonnes d'armes que les Serbes avaient dissimulées.
lundi 19 août
La destruction des 300 tonnes d'armes a commencé.
mardi 27 août
L’OSCE, qui avait fixé au 14 septembre les élections municipales, les a ajournées en raison du caractère injurieux des affiches électorales serbes. Les dirigeants de la Republika Srpska ont annoncé qu’ils maintenaient au 14 septembre la date de leurs élections.
mercredi 28 août
Les dirigeants de la Republika Srpska de Bosnie ont laissé entendre qu’ils pourraient renoncer à organiser le 14 septembre ses propres élections municipales.
jeudi 29 août
Les Etats-Unis ont envoyé leur première livraison officielle d’armes à la fédération croato-musulmane de Bosnie. Essentiellement des fusils, des munitions de petit calibre et du matériel radio. Dans les derniers mois de la guerre, l’US Air Force ravitaillait régulièrement les Bosniaques en armes et en munitions, via l’aéroport de Tuzla.
La police internationale de l’ONU a dû quitter son bureau de Zvornik, dans la soirée, car il était assiégé par 600 Serbes armés protestant contre l’arrestation de 65 des leurs. Les Serbes appréhendés avaient attaqué des Musulmans revenus dans le village dont ils avaient été chassés pendant la guerre.
dimanche 1er septembre
Début en Slavonie orientale, dans le bois d’Ovcara, des exhumations des victimes du massacre de Vukovar, commis par les Serbes sur des Croates le 21 novembre 1991 (200 corps seront retrouvés pendant 40 jours).
mardi 3 septembre
29 partis politiques sont en lice pour les élections du 14 septembre en Bosnie : 12 pour la Republika Srpska, l'entité serbe, et 17 pour la Fédération croato-musulmane.
mercredi 4 septembre
A Banja Luka, des policiers et des civils serbes ont attaqué une patrouille britannique de l'Ifor qui venait de confisquer des armes lourdes dans un poste de police.
jeudi 5 septembre
L'OTAN a averti les Serbes que l'Ifor n'hésiterait pas désormais à tirer s'ils essayaient de s'opposer aux saisies d'armes opérées par ses patrouilles.
mercredi 11 septembre
Les Serbes de Bosnie ont inculpé de « crimes de guerre » le président musulman Alija Izetbegovic.
samedi 14 septembre
Elections générales en Bosnie. De 60 à 70 % de participation. Pas d'incidents majeurs (huit bureaux ont du être fermés à Sarajevo : des électeurs mécontents de ne pas trouver leur nom sur les listes avaient entrepris de régler le litige à coups de pierre ; à Faletici, près de Sarajevo, plusieurs coups de feu ont été tirés contre un bureau de vote par des Serbes, pas de blessé ; les Serbes ont également bloqué un pont sur la Sava, entre Croatie et Bosnie dans la région de Brcko, pour empêcher le passage des réfugiés venant voter de Croatie ; dans la région de Mostar, plusieurs bus transportant des électeurs musulmans inscrits en zone croate ont été lapidés). De nombreux réfugiés musulmans ont eu peur de se rendre en territoire serbe pour voter : à peine 20 000 sur quelque 150 000 ont fait la démarche. Les résultats de ce vote ne sera connu que le 18 septembre.
dimanche 15 septembre
Les Serbes de Pale ont manifesté à leur tour leur mécontentement en suspendant le dépouillement des votes venus de l'étranger où 640 000 réfugiés étaient inscrits pour un scrutin anticipé. Ils se sont plaints de l'absence de la « documentation réglementaire » dans les sacs contenant les bulletins de vote, rendant impossible la vérification des bulletins. L'OSCE a pu les convaincre de reprendre les opérations dans la soirée.
lundi 16 septembre
Un groupe d'observateurs étrangers indépendants présidé par l'ancien sénateur américain George Mitchell considèrent que « ces élections n'ont été ni libres, ni équitables, ni démocratiques ». Un communiqué relève notamment de « sérieuses erreurs techniques dans l'inscription des électeurs » qui ont écarté des bureaux de vote « jusqu'à 200 000 réfugiés à l'étranger et un nombre considérable » de déplacés à l'intérieur du pays, en majorité musulmans.
mercredi 18 septembre
La communication des résultats des élections générales de Bosnie a confirmé la victoire des nationalistes dans chacune des trois zones, serbe, croate et musulmane. Alija Izetbegovic reste représentant suprême de l’Etat. Son avance en voix lui donne prédominance, au sein de l'exécutif à trois têtes, sur ses deux coprésidents, le Serbe ultranationaliste, Momcilo Krajisnik et le Croate Kresimir Zubak. Score élevé de l'opposition coté serbe : 20 % réalisés par Mladen Ivanic, soutenu par Belgrade. Pour n'avoir pas su se démarquer vraiment d'Izetbegovic, l'ancien Premier ministre Haris Siladzic est, avec 15 % des suffrages, le grand perdant du camp musulman.
jeudi 19 septembre
La « troïka » des ministres des Affaires étrangères de l'OSCE estime que les élections en Bosnie ont été « conduites d'une manière techniquement correcte ». Néanmoins, son communiqué remarque que les conditions d'élections « libres, justes et démocratiques » voulues par l'accord de Dayton « n'ont pas été satisfaites ».
vendredi 20 septembre
L'OSCE prend « très au sérieux » les taux de participation aux élections bosniaques avancés par un organisme de surveillance indépendant (l'ICG). Ils seraient de... 103,1 % chez les Musulmans et de 98,5 % chez les Serbes, traduisant à l'évidence le bourrage des urnes. Seul le taux de participation ces Croates semble plausible : 79,3 %.
Le gouvernement français vient d'annoncer que le président Serbe Milosevic et son homologue Bosniaque Izetbegovic se rencontreront à Paris le 3 octobre. Sarajevo a exprimé l'espoir de voir s'établir à cette occasion des relations diplomatiques avec Belgrade.
samedi 21 septembre
L'OSCE a admis de graves erreurs dans le dépouillement des élections en Bosnie.
dimanche 22 septembre
L'OSCE a assuré qu'Alija Izetbegovic est le vainqueur des élections de Bosnie, avec cette fois un écart de voix avec Krajisnik de 40 894 (au lieu de 23 000) : 731 024 pour Izetbegovic, 690 130 pour Krajisnik et 329 891 pour Zubak.
mardi 24 septembre
Ed Van Thijin, chef des 900 observateurs de l'OSCE, souhaite le report des élections municipales de Bosnie (22-24 novembre) afin de « réévaluer » le nombre des électeurs inscrits et restaurer un climat de confiance « minimum » pour que chacun puisse aller voter en toute sécurité. Le ministre des « Affaires étrangères » de l'entité serbe de Bosnie a fait savoir, dans la soirée, que la « Republika Srpska » déclarerait « non valides » les résultats des élections du 14 septembre si l'OSCE ne corrigeait pas les erreurs relatives aux bulletins parvenus de l'étranger.
dimanche 29 septembre
Les principaux partis d'opposition yougoslave ont décidé de former une coalition pour les élections législatives, le 3 novembre. Leur tête de liste sera l'ancien gouverneur de la Banque nationale, Dragoslav Avramovic. La « coalition démocratique des ouvriers et des paysans » ambitionne de barrer la route au parti socialiste du président serbe, Slobodan Milosevic... qui appelle lui même à la coalition de la gauche.
lundi 30 septembre
La présidence collégiale bosniaque, issue des élections du 14 septembre, s'est réunie, pour la première fois, dans l'hôtel Saraj (à la sortie de Sarajevo, sur la route menant à Pale) et a fixé au 5 octobre la cérémonie inaugurale pour les nouvelles institutions communes. 400 soldats italiens assuraient la sécurité du lieu.
mardi 1er octobre
L'ONU a levé dans la soirée les sanctions internationales qui frappaient la Yougoslavie depuis 52 mois.
jeudi 3 octobre
La Bosnie et la Yougoslavie ont décidé de normaliser totalement leurs relations diplomatiques : des ambassades seront établies dans les deux capitales. Les deux prévoient la liberté totale de circulation sans visa.
vendredi 4 octobre
Robert Frowick, chef de la mission en Bosnie de l'OSCE a annoncé que les élections municipales se dérouleraient dans cette république entre le 22 et le 24 novembre.
samedi 5 octobre
Cérémonie solennelle, au théâtre de Sarajevo, marquant l'inauguration des nouvelles institutions bosniaques. L'évènement historique a tourné à la farce : l'entité serbe ayant boudé cet évènement. La chaise de son représentant, Momcilo Krajisnik, est restée vide (Il a invoqué, malgré l'énorme déploiement de sécurité, les risques qu'il courait pour justifier son absence).
dimanche 6 octobre
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : à Toftir, les îles Féroé ont été battues par la Yougoslavie (Serbie-Monténégro).
mardi 8 octobre
Les experts du Tribunal pénal international ont exhumé plus de 200 corps du charnier d'Ovcara, près de Vukovar (Croatie). Les indices découverts font penser qu'il s'agit de malades de l'hôpital de Vukovar assassinés en 1991 par les Serbes.
jeudi 10 octobre
L'Allemagne et la Yougoslavie viennent de signer un accord qui prévoit le rapatriement de 135 000 réfugiés. Il s'agit essentiellement de Serbes et de Monténégrins originaires du Kosovo qui ont fui à cause des discriminations que leur font subir Belgrade. L'accord est applicable à partir du 1er décembre.
samedi 12 octobre
Momcilo Krajisnik, l'élu serbe de la présidence collégiale bosniaque s'est rendu à Sarajevo mais a refusé de rencontrer ses deux collègues musulman et croate. Il a surtout refusé de signer la déclaration solennelle engageant les Serbes de Bosnie à défendre la constitution de Bosnie-Herzégovine.
lundi 14 octobre
Le premier autobus circulant entre Belgrade et Sarajevo depuis quatre ans et demi a quitté la capitale serbe dans la matinée pour la capitale bosniaque, où il est arrivé neuf heures plus tard. Ce voyage inaugural, pour une quarantaine d'invités, passait par Bijeljina (en Republika Srpska) et Tuzla (en Fédération croato-musulmane).
mercredi 16 octobre
Le Parlement de la Republika Srpska tiendra sa session constitutive le 19 octobre à Banja Luka et non à Pale. Une vieille rivalité oppose Pale, le fief des « durs » de la direction serbe, à Banja Luka où siègent les principaux partis d'opposition. Le nouveau parlement décidera justement du transfert des institutions du pouvoir à Banja Luka ou de leur maintien à Pale.
Ouverture de la ligne régulière de bus reliant Belgrade à Sarajevo.
jeudi 17 octobre
Les autorités serbes de Banja Luka ont commencé à raser au bulldozer les édifices islamiques entourant les ruines de la mosquée Ferhadija, datant du XVIe siècle et détruite à l'explosif il y a trois ans. Carl Bildt, le haut représentant civil, a dénoncé « ce nouvel acte barbare odieux, outrageant et de très mauvais augure ».
samedi 19 octobre
Le Parlement multiethnique de la Republika Srpska (RS) a élu des « durs » à ses principaux postes : Gojko Klickovic, ancien Premier ministre de Karadzic, comme chef du gouvernement de la RS et Dragan Kalinic, un autre fidèle de Karadzic, à la présidence du Parlement. Cette assemblée comprend 83 députés : 45 SDS, 18 non-serbes (17 Musulmans et 1 Croate), 10 SMP (Alliance pour la paix et le progrès, opposition) et encore 10 élus serbes alliés au SDS.
lundi 21 octobre
Selon le responsable de la commission croate pour les prisonniers et les personnes disparues, plus de 700 dépouilles de Croates ont été exhumées en Slavonie occidentale et en Krajina, régions de Croatie qui furent sous le contrôle des sécessionnistes serbes. 90 % d'entre elles ont été jusqu'ici identifiées. Huit sur dix seraient des civils (dont six enfants).
mardi 22 octobre
Les élections municipales en Bosnie prévues pour les 22 et 23 novembre, sont reportées au printemps prochain. L'OSCE, chargé de superviser le scrutin, estime ne pouvoir bénéficier à la date prévue du soutien et de la coopération de toutes les parties. Mais elle n'est pas sûre non plus que toutes les parties accepteront de prolonger son mandat jusqu'au printemps.
vendredi 25 octobre
Opposés au retour des Musulmans dans les régions passées sous leur contrôle, les Serbes de Bosnie multiplient les attaques contre leurs biens depuis plusieurs semaines. Ainsi dans la matinée, une cinquantaine de maisons appartenant à des Musulmans ont ainsi été détruites à l'explosif dans la région de Prijedor. En représailles, une trentaine de maisons appartenant à des Serbes ont été incendiées dans des villages que contrôlent les autorités bosniaques.
mercredi 30 octobre
Les Etats-Unis ont une nouvelle fois invité l'Europe à participer à l'entraînement et à l'armement de la Fédération croato-musulmane pour équilibrer les forces en présence en Bosnie, si elle désire vraiment éviter une reprise de la guerre.
vendredi 1er novembre
Des moines orthodoxes serbes du Mont Athos (en Grèce) affirment avoir « tout préparé » pour accueillir Radovan Karadzic et Ratko Mladic. Le gouvernement grec déclare, lui, « ne rien savoir de cette affaire ».
dimanche 3 novembre
Elections législatives en Serbie-Monténégro. Elles ont redessiné le paysage politique en dégageant trois forces dominantes : la coalition de gauche qui a remporté ces élections, le bloc de droite (nationalistes et libéraux) et l'extrême-droite. La victoire de la gauche cautionne la politique du président Milosevic. Beaucoup s'inquiètent, cependant, de l'entrée de la Gauche yougoslave (JUL), dirigée par l'épouse du président serbe, dans la vie politique du pays, car ce mouvement se réclame ouvertement de l'idéologie communiste.
mercredi 6 novembre
Le représentant serbe de la présidence collégiale bosniaque, Krajisnik, n'est pas content de certains ambassadeurs de son pays qui « se comportent comme des représentants du seul peuple musulman ». Il préconise de « bâtir la confiance » en choisissant des ambassadeurs « qui représenteront la Bosnie-Herzégovine toute entière », ou bien, « nous aurons un tiers d'ambassadeurs qui représenteront les Serbes et autant qui représenteront les Croates et nous les verrons confronter leurs positions ».
vendredi 8 novembre
Les trois membres de la présidence collégiale bosniaque se sont réunis une nouvelle fois à Sarajevo pour tenter de donner forme au gouvernement central du pays. Mais ils n'arrivent pas à s'entendre sur les ministères autres que ceux des Affaires étrangères et du commerce extérieur.
samedi 9 novembre
Sous la pression de la communauté internationale, la présidente de l'entité serbe de Bosnie, Biljana Plavsic, a limogé le général Mladic et 80 autres officiers. La présidente de la Republika Srpska remercie le général pour tout ce qu'il a fait pour les Serbes de Bosnie durant les trois ans et demi de guerre, mais annonce qu'il doit quitter son poste et qu'il sera remplacé par le général Pero Colic, jugé plus souple (il est proche du gouvernement et du parti, le SDS, de Mme Plavsic). Mladic est jugé trop inféodé à Belgrade et Plavsic ne pardonne pas au président serbe Milosevic d'avoir soutenu l'opposition serbe en Bosnie durant la campagne électorale.
dimanche 10 novembre
Le général Mladic, « retranché » dans son quartier général de Han Pisejak (est de la Bosnie), refuse sa destitution et prétend commander « totalement » l'armée des Serbes de Bosnie.
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : à Belgrade, la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) a battu la République tchèque un but à zéro.
lundi 11 novembre
Le général Mladic a reçu le soutien d'une centaine d'officiers de la région de Banja Luka : dans un télégramme, ils l'assurent de leur « entière loyauté » et de leur désir de continuer à commander la « VRS » (l'armée serbe de Bosnie) sous ses ordres.
mardi 12 novembre
Le fossé s'est encore creuse entre le pouvoir civil et les militaires serbes de Bosnie. Une centaine de militaires fidèles à Mladic ont accusé l'ex-président Karadzic d'avoir dirigé le « coup » parce qu'il a une « peur bleue d'une armée qui a montré son efficacité durant la guerre et qui coopère avec l'ONU pour le rétablissement de la Paix ». Devant la mauvaise tournure prise par cette affaire, Belgrade a dépêché un émissaire à Pale pour essayer de calmer le jeu.
Une personne a été tuée et plusieurs autres ont été blessées par des policiers serbes bosniaques à Gagevi, un petit village du nord-est du pays. Les policiers voulaient déloger plusieurs centaines de réfugiés musulmans qui ont repris possession de leur village. Appelés au secours, des soldats de l'Ifor sont intervenus et ont désarmé les policiers serbes.
jeudi 14 novembre
Réunis à Paris, les trois membres de la présidence collégiale bosniaque ont approuvé les termes du « contrat moral » (en 13 points) imposé à leur pays par la communauté internationale en échange de son aide.
vendredi 15 novembre
Les Serbes de Bosnie ont transmis l'acte d'accusation de « crimes de guerre » portée contre le président musulman Izetbegovic (depuis le 11 septembre) à la force multinationale. Le procès s'ouvrira le 24 décembre, à Banja Luka.
dimanche 17 novembre
Deuxième tour des élections municipales en Serbie : l'opposition au Parti socialiste (SPS) du président Milosevic a remporté ces élections ; la coalition de l'opposition Ensemble (Mouvement serbe de renouveau, Parti démocratique et Alliance civique) a gagné 60 des 110 sièges de l'assemblée municipale. Le SPS obtient 23 sièges.
nuit du dimanche 17 au lundi 18 novembre
A Belgrade, plus de 10 000 manifestants ont célébré la victoire de l'opposition serbe.
mardi 19 novembre
Le chef de l'administration des Nations unies en Slavonie orientale a réaffirmé que des élections s'y dérouleraient « en principe » au printemps prochain. La Slavonie orientale est la dernière région de Croatie encore partiellement contrôlée par les séparatistes Serbes.
jeudi 21 novembre
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Belgrade contre l'annulation des élections municipales dans plusieurs communes où l'opposition estime avoir triomphé. Danica Draskovic, épouse de Vuk Draskovic, président du Mouvement serbe de renouveau (SPO), a été enlevée à Belgrade par des membres de la sécurité d'Etat (DB).
vendredi 22 novembre
Danica Draskovic a été libérée en fin de matinée. Elle affirme que la DB l'aurait menacée de mort si elle ne renonçait pas à ses activités contre le pouvoir.
Au quatrième jour de manifestations, près de 30 000 personnes ont protesté dans les rues de Belgrade contre l'annulation des élections municipales dans plusieurs communes. Le président serbe est accusé de vouloir priver l'opposition serbe de sa victoire. Pour la première fois, des intellectuels, des étudiants (qui ont lancé un appel à la grève générale à l'université) et des ouvriers ont marché ensemble. Des dirigeants de l'opposition ont également entamé une grève de la faim à l'intérieur du Parlement serbe. D'autres rassemblements ont eu lieu dans le pays, comme à Nis (principal centre industriel).
Les trois membres de la présidence collégiale bosniaque se sont une nouvelle fois séparés dans un faubourg de Sarajevo sans s'être mis d'accord sur un gouvernement. Ils ont jusqu'au 4 décembre (réunion à Londres de la conférence internationale sur la Bosnie) pour trouver une solution.
samedi 23 novembre
L'opposition a de nouveau organisé des manifestations en Serbie contre le président Milosevic, pour « protester contre la falsification des résultats électoraux ». Vuk Draskovic appelle « l'Europe et les Etats-Unis à envoyer des experts pour enquêter sur les fraudes ».
dimanche 24 novembre
Dans la soirée, Vuk Draskovic, chef du SPO, a exhorté, devant 10 000 personnes rassemblées sur une place glaciale de Belgrade, ses compatriotes à descendre dans la rue pour « manifester leur colère et défendre leur victoire électorale ».
lundi 25 novembre
Une foule considérable a manifesté à Belgrade contre le « terrorisme d'Etat » de Milosevic, à l'appel de l'opposition serbe. C'est l'annulation des élections municipales de Belgrade dans plus de 20 % des bureaux de vote qui soulève cette révolte. C'est un tribunal de la capitale qui a pris cette décision après avoir reçu plus de 300 plaintes pour « irrégularités » déposées par le parti de Milosevic. Pourtant, un juge de la Cour suprême de Serbie n'a pas hésité à accuser publiquement les socialistes d'être les responsables de la fraude. On revotera donc dans deux jours, pour un troisième tour exceptionnel, mais l'opposition appelle au boycottage en dénonçant les « manipulations » du président serbe. Les étudiants se sont mis en grève et sont descendus, au nombre de 20 000, dans les rues de Belgrade aux cris de « bandits rouges ». Un peu plus tard, 50 000 personnes défilaient devant l'Assemblée nationale en lançant des œufs et des tomates sur le bâtiment. La même scène s'est répétée contre le siège de la présidence serbe.
mardi 26 novembre
Malgré une pluie battante, c'est par dizaines de milliers (50 000 ? 100 000 ?) que les manifestants se sont fait entendre un peu partout en Serbie, et même, pour la première fois, à Podgorica, la capitale du Monténégro.
mercredi 27 novembre
Alors qu'ils étaient appelés à repasser aux urnes pour un troisième tour de scrutin municipal, les habitants de Belgrade ont préféré manifester (peut-être 40 000) une fois de plus (pour la neuvième journée consécutive) leur colère en défilant dans les rues. Ils se sont attaqués au bâtiment de la télévision, lançant des œufs et brisant des vitres, car les médias officiels ont choisi d'ignorer ces mécontents. Les 15 000 étudiants qui ont organisé leur propre cortège ont été empêchés par un maigre barrage des forces de l'ordre d'atteindre la résidence de Milosevic. Ces étudiants ont déjà reçu le soutien de 150 autres étudiants de Pristina (Kosovo), et celui de deux leaders de l'opposition du Monténégro. Très faible participation à l'élection, les bureaux de vote ont été boudés pour respecter les consignes de l'opposition. Dans la soirée, pour la première fois, l'opposition a réclamé la démission de Milosevic. Après l'annulation de résultats des élections du 17 novembre et le troisième tour organisé aujourd'hui, l'opposition a conservé 7 grandes villes sur les 18 que compte la Serbie. Elle en avait remporté 15 aux deux premiers tours.
Le Parlement de la Republika Srpska (Bosnie) a, dans la soirée, entériné, par 55 voix pour et 7 abstentions, la destitution du général Mladic et de son état-major, le 9 novembre par la présidente Plavsic.
jeudi 28 novembre
Lâché par les députés serbes de Bosnie, le général Mladic a fini par donner sa démission dans la matinée. C'est le général Pero Colic qui a officiellement pris sa succession à la tête de l'état-major de l'armée des serbes de Bosnie. Mladic n'a pas assisté à la cérémonie officielle de passation de pouvoirs. En revanche, le général Manojlo Milovanovic, qu'il avait voulu désigner pour lui succéder, était présent pour signer l'ordre de transfert des fonctions.
Pour la première fois depuis le début des manifestations contre le Parti socialiste au pouvoir à Belgrade, l'Eglise orthodoxe a pris position : « La libre volonté des citoyens doit être respectée », a-t-elle déclarée, apportant ainsi son soutien à l'opposition. Pour la dixième journée consécutive, des dizaines de milliers de manifestants (plus de 100 000) sont descendus dans les rues de Belgrade, alors que la télévision d'Etat donnait le parti du président Milosevic vainqueur du troisième tour des municipales boycottées par une grande partie de l'électorat.
vendredi 29 novembre
L'opposition serbe a encore manifesté dans les rues de Belgrade. La foule, évaluée à 100 000 personnes, n'a été découragée ni par le froid ni par la pluie. Aucune violence, les manifestants se contentant de jeter des œufs contre les bâtiments publics.
Drazen Erdemovic a été condamné à 10 ans de prison par le TPI pour sa participation à un peloton d'exécution à Srebrenica. Ce Croate de Bosnie a décidé de faire appel.
samedi 30 novembre
La présidence collégiale bosniaque est parvenue à se mettre d'accord sur la composition du futur gouvernement central bosniaque. Le Conseil des ministres comprendra six membres (deux de chaque communauté) et sera dirigé alternativement, une semaine sur deux, par un Serbe et par un Musulman. Le vice-président sera croate, tout comme le ministre des Affaires étrangères. Le ministre des Affaires civiles et de la Communication sera serbe et le ministre des Relations commerciales et des Affaires économiques sera musulman.
150 000 personnes ont une nouvelle fois manifesté dans les rues de Belgrade. La coalition d'opposition Ensemble (DS et SPO) a présenté un programme de gouvernement axé principalement sur la lutte anti-corruption. Dans le même temps, les leaders des deux formations (Zoran Djindjic pour le DS et Kraskovic pour le SPO) ont annoncé que l'opposition allait prendre en main la gestion des villes qu'elle a gagnées.
dimanche 1er décembre
Le pouvoir du président serbe Milosevic a lancé un premier avertissement à l'opposition en faisant savoir que la police ne tolérerait plus aucun « élément de violence » lors des manifestations antigouvernementales quotidiennes, qui ont rassemblé aujourd'hui encore 50 000 personnes. Plusieurs milliers de manifestants également à Kragujevac (à 70 kilomètres au sud de Belgrade) et 20 000 autres à Niš (à 220 kilomètres au sud de la capitale).
lundi 2 décembre
L'opposition serbe a de nouveau manifesté (40 000 à 50 000 personnes) dans les rues de Belgrade et d'autres villes de province. Deux blindés légers de la police ont fait leur apparition à Belgrade, pour la première fois. Autre nouveauté, des cars de la police anti-émeute et des jeeps de la police ont été déployés aux abords du siège de la télévision, mais ce dispositif est resté à bonne distance des manifestants qui n'ont eu aucun geste provocants (même pas de jets d’œufs). D'autre part, la justice serbe a fait ses premières victimes dans les rangs de l'opposition, dont cinq militants ont été condamnés à des peines de prison ferme par le juge des flagrants délits pour avoir jeté... chacun un, voire deux œufs contre la façade d'un quotidien gouvernemental. Les accusés n'ont pas eu droit à des avocats et ne savent pas la durée de leur peine.
mardi 3 décembre
Slobodan Milosevic a coupé les émetteurs des deux radios indépendantes (Radio Index, la radio des étudiants, et Radio B-92) donnant parole à l'opposition serbe, mais les Etats-Unis le mettent en garde contre tout recours à la violence. A Belgrade, les étudiants constituent le fer de lance du combat de l'opposition : ils étaient 20 000 à défiler dans la matinée. Des policiers qui tentaient de se saisir de manifestants, qui écrivaient « Dératisation du pouvoir » à la poudre blanche sur les murs du Parlement (fermé pour cause officielle de « désinfection, dératisation et désinsectisation »), en ont été empêchés par les camarades de ceux-ci. Dans l'après-midi, les Belgradois ont pris la relève : la foule était évaluée à 100 000 personnes. Mais un fait nouveau a retenu l'attention : la présence dans la foule de cinq membres du Congrès américain.
mercredi 4 décembre
A Belgrade, le nombre des manifestants a atteint des records. Dans la matinée, comme de coutume, les étudiants en grève avaient organisé leur propre cortège : 30 000 participants (sur 70 000 inscrits à l'université) ont fait halte devant la résidence présidentielle. Dans l'après-midi, c'est la population de Belgrade qui a pris le relais : plus de 200 000 personnes dans les rues. Conduits par les trois leaders de l'opposition (Vuk Draskovic, Zoran Djindjic et Vesna Pesic), les manifestants ont ostensiblement montré leur volonté d'éviter la violence. Ce mouvement d'hostilité au pouvoir en place est largement relayé en province, et notamment dans les grandes villes que sont Niš (20 000 personnes manifestent chaque jour), Kraljevo (5 000 à 10 000 par jour), Novi Sad, Kragujevac (20 000). Un député de Niš, Branislav Jovanovic, affirme avoir la preuve que le pouvoir y a falsifié les résultats électoraux. Le responsable local du Parti socialiste, Mile Ilic, a démissionné dans la soirée. Quelque 7 000 ouvriers de l'industrie électronique locale se sont mis en grève pour se joindre aux manifestants.
Une nouvelle conférence internationale sur la Bosnie s'est ouverte à Londres pour décider « d'actions concrètes » pour consolider la paix dans le pays en échange d'un engagement formel des autorités bosniaques à la respecter.
jeudi 5 décembre
Encore 150 000 manifestants dans les rues de Belgrade. Malgré quelques mesures prises par le pouvoir pour détendre l'atmosphère : c'est d'abord l'autorisation donnée à deux radios indépendantes d'émettre, deux jours après avoir été interdites (Radio Index, la station des étudiants, et Radio B92 qui étaient les seules à rendre compte des manifestations). C'est aussi la décision de verser d'un seul coup les retraites d'octobre alors qu'elles sont généralement réglées en deux tranches. Celle, enfin, de réduire le coût de l'électricité et de supprimer les dispositifs installés dans les appartements pour en limiter la consommation.
La conférence de Londres sur la Bosnie a approuvé un plan en 17 points pour consolider la paix, insistant sur le respect des droits de l'homme et la recherche des criminels de guerre, mais aussi sur le retour des réfugiés et des personnes déplacées, sur la tenue d'élections municipales d'ici l'été, sur la mission de la police internationale de l'ONU qui est désormais chargée d'enquêter sur les « mauvais comportements » des polices locales...
vendredi 6 décembre
Le ministre serbe de l'Information a démissionné, refusant l'attitude du pouvoir dans les récents évènements. Un pouvoir qui tente d'ailleurs, depuis quelques jours de trouver un compromis pour sortir de la crise. Pourtant l'opposition a réaffirmé qu'elle ne négocierait pas. Elle maintient notamment deux conditions pour mettre un terme à son mouvement : « Milosevic doit reconnaître la victoire électorale de ce peuple et débloquer les médias ». Elle a en outre préparé son propre gouvernement, « prêt à remplacer Milosevic et à convoquer de nouvelles élections ». Pour la 18e journée consécutive, les étudiants étaient toujours aussi nombreux (30 000) à défiler dans les rues de Belgrade, acclamés par la population. Un peu plus tard, 100 000 personnes leur ont emboîté le pas.
Croates et Serbes de Bosnie poursuivent « l'épuration ethnique » des zones passées sous leur contrôle. Ces jours-ci, les policiers de l'ONU en poste à Mostar ont acquis la preuve de l'implication du HVO (l'armée des serbes de Bosnie) dans des opérations d'expulsion, mais la force multinationale refuse de s'y intéresser.
samedi 7 décembre
Un manifestant de l'opposition serbe, qui promenait l'effigie de Milosevic habillé en bagnard, a été arrêté et sévèrement battu par les forces de l'ordre. Dejan Bulatovic (21 ans) est dans un état préoccupant. Dans la soirée, les magistrats de la Cour suprême ont rejeté les cinq premiers recours de l'opposition concernant les élections municipales « volées ».
dimanche 8 décembre
L'opposition serbe ne désarme pas : elle a encore rassemblé plus de 50 000 personnes à Belgrade. Mais les étudiants étaient nettement moins nombreux (3 000 ou 4 000). 30 000 manifestants à Niš. Le Monténégro est intervenu aussi contre le pouvoir de Belgrade : elle a accusé le pouvoir serbe de porter préjudice à ses intérêts économiques. Podgorica a lancé un appel aux « puissants du monde » pour l'aider. Slobodan Milosevic a assuré Kati Marton qu'il « autoriserait les manifestations à se poursuivre pacifiquement et sans intervention de la police et de l'armée ». Dans la soirée, la Cour suprême a confirmé la victoire des représentants du pouvoir dans les 46 districts municipaux que l'opposition estime avoir conquis à Belgrade.
lundi 9 décembre
L'opposition serbe attend un soutien ouvrier à son mouvement de contestation, mais les ouvriers hésitent encore. Pourtant on note un léger frémissement dans ce sens. Une centaine de salariés des transports en commun de la capitale se sont associés aux 30 000 étudiants et aux 50 000 habitants de Belgrade. Les métallurgistes du syndicat indépendant Nezavisnost ont annoncé pour le 11 décembre le début d'une grève qui touchera aussi bien Niš et Kragujevac que Belgrade. Les transports de Belgrade ont lancé un préavis de grève, mais la loi ne leur permet de se croiser les bras que dix jours après le préavis.
Le Conseil de l'OTAN a approuvé le plan d'opération de la Force de stabilisation (Sfor) qui remplacera l'Ifor en Bosnie le 20 décembre. La Sfor comptera 31 000 hommes. Quant à l'arbitrage international sur la ville de Brcko, il a été reporté au 15 février 1997.
mardi 10 décembre
Comme la veille, quelque 120 000 manifestants ont occupé les rues de Belgrade. La Cour fédérale yougoslave, elle, a confirmé l'invalidation d'une partie des élections municipales du 17 novembre. L'opposition au président Milosevic a boycotté la séance inaugurale du nouveau Parlement yougoslave qui, d'ailleurs, a refusé d'ouvrir un débat sur la contestation actuelle. L’OTAN est intervenue auprès de Milosevic pour lui demander de « revenir sur sa décision » d'invalider ces municipales et les Etats-Unis ont annulé la visité de leur secrétaire d'Etat adjoint, John Kornblum, à Belgrade.
mercredi 11 décembre
Au 23e jour des manifestations organisées contre le président, l'opposition serbe a reçu, pour la première fois, un soutien ouvrier. Même timide, c'est un symbole. Le défilé quotidien a rassemblé 50 000 personnes. Comme chaque jour, les étudiants avaient organisé un peu plus tôt, leur propre manifestation : ils étaient plus de 30 000. Le syndicat indépendant Nezavisnost, qui revendique 400 000 adhérents, a annoncé des grèves dans huit usines des principaux centres industriels du pays (notamment à Belgrade, Niš et Mladenovac). Au nombre des appuis manifestés à l'opposition serbe, il en est un qu'elle n'attendait guère : celui de la présidente de la Republika Srpska, Biljana Plavsic. A Belgrade, la coalition gouvernementale se fissure : comme il l'avait fait la veille, Dusan Mihajlovic, le leader de la Nouvelle démocratie, a publiquement critiqué l'annulation des élections par la justice.
Radovan Karadzic, l’homme le plus recherché de Bosnie, circule à sa guise au cœur du dispositif de la force multinationale de paix et personne ne fait rien pour l'en empêcher. C'est ce que révèle des soldats de l'Ifor et des policiers de l'ONU, qui l'ont reconnu alors qu'il se déplaçait dans une jeep escortée par deux véhicules de police de la Republika Srpska et cinq hommes de ses « forces spéciales » armés. Un officier commente : « Personne ne veut prendre le risque de lancer une opération pour arrêter les criminels de guerre dans ce pays ».
jeudi 12 décembre
L'Allemagne et l'Italie ont fait directement pression sur Milosevic pour qu'il ouvre le dialogue avec l'opposition serbe. Mais le Monténégro interpelle à son tour le président serbe. Bien qu'il appartienne à la même sensibilité politique que Milosevic, Momir Bulatovic, le président du Monténégro n'apprécie pas le silence obstiné opposé par le président serbe aux revendications des manifestants de Belgrade. « Celui qui détient le pouvoir doit savoir qu'il n'est pas éternel », avait-il lancé, comme une menace, la semaine dernière. La situation qui prévaut en Serbie risque d'avoir des « répercussions imprévisibles » au Monténégro. A Belgrade, 20 000 à 30 000 étudiants ont défilé dans les rues, suivis par 50 000 à 60 000 partisans de l'opposition.
vendredi 13 décembre
Le Parti socialiste de Milosevic a proposé d'engager une discussion avec l'opposition serbe, au Parlement de Belgrade, sur les élections controversées et le rôle des médias. L'opposition, de son côté, est disposée à abandonner ses exigences, à condition que de nouvelles élections générales (législatives et municipales) soient organisées sous contrôle international.
samedi 14 décembre
L'opposition serbe a réussi, pour la seconde fois en 26 jours, à mettre plus de 200 000 personnes dans les rues de Belgrade. Milosevic a accepté une mission de l'Organisation sur la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui souhaite enquêter sur les élections municipales. L'opposition a clairement réaffirmé qu'elle était prête au dialogue avec le pouvoir à condition que celui-ci reconnaisse les résultats électoraux du 17 novembre. Le syndicat Nezavisnost a appelé à manifester le 17 décembre devant le Parlement serbe pour protester contre une loi sur l'emploi qui transforme des licenciements en « congés » indemnisés (avec 20 % du salaire). La Serbie compte quelque 700 000 chômeurs.
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : à Valence, l’Espagne a battu la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) deux buts à zéro.
dimanche 15 décembre
Premier recul de Slobodan Milosevic : les élections municipales de Niš devront être revues. Le tribunal de la deuxième ville de Serbie a demandé à la commission électorale locale de revoir les résultats de 26 des 70 sièges municipaux, attribuées au Parti socialiste, privant ainsi l'opposition de la majorité absolue (46 sièges). Le leader du Mouvement serbe du renouveau (SPO), Vuk Draskovic, s'est rendu à Genève pour rencontrer le secrétaire d'Etat adjoint américain Jorn Kornblum, chargé des Affaires européennes. A Belgrade, plus de 100 000 personnes étaient de nouveau dans les rues. Et, dans la soirée, les étudiants organisaient leur première marche nocturne : ils étaient plus de 50 000, leur nombre le plus important depuis le 18 novembre.
lundi 16 décembre
La justice yougoslave a donné droit aux revendications de l'opposition en annulant la victoire du Parti au pouvoir aux municipales de Smederevska Palanka (25 000 habitants), près de Belgrade. Les opposants ont de nouveau rempli les rues de Belgrade pour manifester leur détermination.
mardi 17 décembre
Slobodan Milosevic a reçu, à Belgrade, 3 des 17 étudiants protestataires venus à pied de Niš, à 240 kilomètres de la capitale serbe. C'est la première fois que le président s'entretient directement avec des contestataires depuis le début de la crise. Il a assuré que les litiges des municipales doivent « être tirés au clair » et promis d'enquêter sur les « éventuelles fraudes » et de « punir ceux qui ont entravé la loi ». Mais ses interlocuteurs ont cru comprendre que ses promesses ne concernent que leur ville. A Belgrade, les manifestants se comptent toujours par dizaines de milliers. De son côté, la justice a concédé une nouvelle victoire (la troisième) à l'opposition, dans une des 16 mairies de la capitale où plusieurs centaines d'ouvriers ont manifesté devant le Parlement contre un projet de loi sur l'emploi qu'ils jugent « injuste ». Une première manifestation de soutien au président Milosevic a eu lieu à Majdanpek.
mercredi 18 décembre
Les Etats-Unis et leurs alliés « atlantiques » sont tombés d'accord sur la nécessité de créer en Bosnie une « police internationale spéciale ». Elle ne relèverait pas de l’OTAN et aurait pour objectif de pourchasser et d'arrêter les criminels de guerre, afin de les livrer au TPI de La Haye.
jeudi 19 décembre
Les étudiants qui manifestent quotidiennement depuis 32 jours à Belgrade ont décidé de bloquer la circulation dans la capitale serbe, le 20 décembre, pendant une demi-heure. Le ministre yougoslave des Affaires étrangères affirme de son côté que les autorités serbes n'excluent pas de nouvelles élections municipales si une proposition de l'OSCE en ce sens est jugée acceptable par les « institutions serbes ».
vendredi 20 décembre
L'arrivée d'une mission de l'OSCE, conduite par l'ancien Premier ministre espagnol Felipe Gonzalez, à Belgrade semblait amorcer une détente en Serbie. Pourtant le pouvoir durcit le ton (les conclusions de l'OSCE « ne seront pas contraignantes ») face à une opposition qui ne désarme pas. Plus de 100 000 manifestants ont de nouveau manifesté dans les rues. Les 20 000 étudiants ont, pour la première fois, bloqué les ponts permettant de passer de la vieille ville aux nouveaux quartiers. Ou plutôt - mais le résultat aura bien été celui qu'ils cherchaient - ils les ont fait bloquer par les forces de police qui voulaient leur en interdire l'accès.
vendredi 20 ou samedi 21 décembre
La Sfor, nouvel outil de la communauté internationale en Bosnie, a pris le relais de l'Ifor. La Force de stabilisation a pour mission de consolider le fragile succès de l'Ifor et de conduire le pays vers la paix.
samedi 21 décembre
Après 24 heures à Belgrade, la mission de l'OSCE a conclu non seulement au rétablissement de l'opposition serbe dans ses droits électoraux mais également à la démocratisation du régime sous des auspices extérieurs, l'OSCE en l'occurrence.
dimanche 22 décembre
Dans l'après-midi, quelque 100 000 opposants ont encore manifesté dans Belgrade et, dans la soirée, environ 30 000 étudiants. L'opposition a annoncé la formation de contre-conseils municipaux dans les villes où ses victoires ont été annulées.
lundi 23 décembre
80 000 manifestants ont encore défilé contre le pouvoir à Belgrade.
mardi 24 décembre
Milosevic n'y a pas été de main morte. Après avoir emmené en autobus à Belgrade ses partisans vivant dans les coins les plus reculés de la Serbie, de la Voïvodine et du Kosovo, il les a harangués à l'endroit même où, depuis 37 jours, l'opposition dénonce le truquage des élections du 17 novembre. Est arrivé ce qui devait arriver : des empoignades violentes entre opposants et « milosevistes » épaulés par la police anti-émeute. Bilan : 92 blessés dont l'un à la tête par la balle d'un partisan du président serbe. Aucun yougoslave n'a pu voir ces images censurées. En revanche, les médias aux ordres du pouvoir, ont multiplié par dix - de 50 000 à 500 000 - le nombre des partisans de Milosevic présents à la contre-manifestation. Du coup, l'opposition, que soutiennent les grandes capitales, a rejeté l'appel à la « discussion » que vient de lui lancer le pouvoir. Selon des proches de Milosevic, la contre-manifestation a révélé au monde entier sa faiblesse et son impopularité. Et galvanisé l'opposition au régime.
mercredi 25 décembre
100 000 opposants ont de nouveau rejoint les étudiants, qui nettoyaient la place « contaminée » la veille par les partisans de Milosevic. Ils ont dénoncé « l'appel au lynchage » lancé par le président serbe contre les « ennemis de la Yougoslavie ». L'homme blessé par balle lors des affrontements de la veille est mort de ses blessures.
jeudi 26 décembre
La police anti-émeutes a refoulé des rues de Belgrade les dizaines de milliers de partisans de l'opposition qui s'apprêtaient à défiler de nouveau. Le ministère serbe de l'Intérieur avait prévenu que tout défilé de nature à perturber la circulation serait dorénavant interdit. Des milliers de policiers armés de canons à eau avaient pris position dans le centre-ville. Les manifestants repoussés d'une des rues principales vers une zone piétonne, près de la place de la République ont été refoulés à coups de bouclier et de matraque mais sans violence excessive. De son côté, le vice-premier ministre Nilola Sainovic a de nouveau affirmé son intention de ne tenir aucun compte de l'avis de l'OSCE.
vendredi 27 décembre
Coup de théâtre dans la soirée à Belgrade : Milosevic a fait annoncer par son ministre des Affaires étrangères, Milan Mulitinovic, que les conclusions de l'OSCE sur les résultats des municipales étaient « bien intentionnées et constructives ». Dans les conclusions du rapport de la mission conduite par Gonzalez figurent 14 des 15 villes que l'opposition affirme avoir gagnées : Pirot, Kraljevo, Uzice, Smeredevska, Palanka, Vrasac, Soko Banja, Kragujevac, Pancevo, Jagodina, Niš, Zrenjanin, Lapovo, Sabac, ainsi que neuf circonscriptions de Belgrade. La 15e, Pozega (centre), reste donc aux mains du Parti socialiste. Apprenant ces conclusions, rendues publiques à Genève (Suisse), l'opposition a aussitôt laissé éclater sa joie. Oubliant toute prudence, elle s'est répandue dans les rues où les étudiants ont nargué la police. C'en était trop pour cette dernière : elle a aussitôt chargé et dispersé les manifestants, cependant que des policiers en civil se lançaient à leur poursuite, matraquant indistinctement toute personnes à portée de ses coups, femmes et enfants. Au cours de ces charges un homme a été blessé à la jambe et évacué en ambulance. Un journaliste, responsable du syndicat Nezavimost, a aussi été blessé à la tête et un caméraman de la télévision indépendante B-92 sévèrement battu. Puis, comme par enchantement, les policiers sont montés dans leurs camions et ont disparu. Ces charges ont fait au moins 33 blessés. Dans la soirée, l'Union européenne a emboîté le pas à l'OSCE. Elle appelle Belgrade à respecter ses conclusions.
Le Monténégro refuse de payer les frais de la crise serbe. Depuis quelques jours, son président, Momir Bulatovic, le dit avec tant d'insistance que ses protestations commencent à inquiéter sérieusement le pouvoir serbe et aussi l'opposition. Ils craignent qu'il ne claque la porte de la fédération yougoslave.
samedi 28 décembre
Enterrement devant 10 000 personnes du manifestant serbe Predrag Starcevic (un enseignant de 39 ans), tué par la « police » il y a quatre jours.
Match amical de football : au stade José Maria Minella de Mar del Plata, l’Argentine a été battue par la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) trois buts à deux.
dimanche 29 décembre
Une dizaine d'unités de l'armée serbe, dont la 63e brigade de parachutistes (unité d'élite), a adressé une lettre à Milosevic, au chef d'Etat-major et aux étudiants : elles menacent d'intervenir pour empêcher « la ruine de la Serbie. S'il le faut, nous nous mettrons à la tête du peuple serbe pour faire triompher la vérité, la justice, la dignité humaine et l'honneur ». De même, l'Eglise orthodoxe, traditionnellement favorable à Milosevic, commence à soutenir l'opposition. Mais Milosevic parle encore de répression : ainsi, la seule radio indépendante du Monténégro, Antena M, vient d'être interdite d'émission ; et la commission électorale de Niš refuse de valider la victoire électorale de l'opposition. A Belgrade, 2 000 policiers anti-émeutes ont empêché les manifestants de défiler. Pourtant, l'opposition ne baisse pas les bras : « Belgrade est devenue une prison, la Serbie est devenue une prison », a lancé Draskovic devant 50 000 personnes. Quant aux étudiants, ils ont créé un comité pour coordonner l'action des six universités serbes.
lundi 30 décembre
L'état-major yougoslave s'est clairement placé du côté du pouvoir. En revanche, il n'a pas nié l'existence d'une contestation au sein de l'armée - soutien traditionnel du régime - au 42e jour consécutif de manifestation à Belgrade et dans de nombreuses autres villes. L'opposition a reçu le soutien du cinéaste Emir Kusturica.
Les deux co-Premiers ministres bosniaques ont signé un protocole d'accord sur la structure du Conseil des ministres. Le nouveau gouvernement central prendra ses fonctions après confirmation de la chambre des représentants du Parlement, qui doit siéger le 3 janvier à Sarajevo.
mardi 31 décembre
L'opposition serbe a bravé avec panache l'interdiction de manifester : dans la soirée, elle n'a pas appelé ses partisans à manifester dans les rues de Belgrade, elle les a invités au bal. Plus de 200 000 personnes se sont retrouvées sur la place de la République et dans les rues voisines. Le bal des étudiants avait lieu à quelques centaines de mètres, devant la faculté de philosophie.