vendredi 1er janvier
Radovan Karadzic, l’ancien leader des Serbes de Bosnie recherché pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre, se cache bien si l’on en croit sa femme. Il passe son temps « à lire et à écrire des poèmes ». Alain Richard, le ministre français de la Défense affirme, de son côté, que les recherches se poursuivent pour mettre la main sur Karadzic, mais qu’il faut attendre « les circonstances les plus favorables ».
lundi 4 janvier
L’UCK a annoncé le double lancement d’une agence de presse, Kosova Press, et d’une radio, Kosovo libre, clandestines. Elles seront « la voix authentique du peuple albanais du Kosovo ». La radio devait émettre à partir du territoire sous contrôle des rebelles.
mardi 5 janvier
Les autorités de Tirana et l’UCK sont convenues de « coordonner » leur action politique. Pour le ministre albanais des Affaires étrangères, la crise au Kosovo ne peut être résolue que par la diplomatie. Il y faut, a-t-il ajouté, une « action décidée de la communauté internationale, OTAN comprise ».
mercredi 6 janvier
Un garde serbe de la mine de charbon de Belacevac, à 20 kilomètres au sud de Pristina, a été victime d’une attaque de l’UCK.
jeudi 7 janvier
La Communauté internationale qui tente d’imposer la paix au Kosovo va au-devant d’une vraie guerre ouverte. C’est ce qu’affirme Bronislaw Geremek, président de l’OSCE. Comme pour donner corps à ses inquiétudes, des centaines de Serbes armés ont bloqué les routes d’accès par le sud de Pristina. Ils manifestent leur colère après l’assassinat de la veille.
vendredi 8 janvier
Pour la première fois, un commando de l’UCK a enlevé huit soldats de l’armée fédérale yougoslave. L’OSCE a ouvert des négociations pour les faire libérer. Par ailleurs, trois policiers serbes ont été tués par un tir de roquette des rebelles.
samedi 9 janvier
Dans la matinée, l’armée yougoslave a concentré des troupes dans le nord du Kosovo et menaçait de lancer une opération pour délivrer les huit soldats enlevés la veille. Les autorités militaires ont lancé un ultimatum à l'UCK : des négociations ont eu lieu à 50 kilomètres au sud-ouest de Pristina, dans les locaux du KVM. D’autre part, trois membres de l’UCK ont trouvé la mort et deux policiers serbes blessés dans deux incidents, dans le nord et l’ouest du Kosovo.
Dragan Gagovic, un Serbe de Bosnie inculpé de crimes contre l’humanité par le TPI, a été tué par des soldats français de la Sfor. Les militaires français, qui tentaient de l’arrêter, près de la ville de Foca (est de la Bosnie), ont « agi en situation d’auto-défense ». Ils ont tiré sur le véhicule de Gagovic alors que celui-ci fonçait sur eux. Dans la soirée, une centaine de personnes ont attaqué les locaux de la police de l’ONU (IPTF) à Foca. Cinq policiers onusiens ont été blessés. Les soldats français ont dû intervenir pour les évacuer, avant que le calme ne revienne dans la ville.
dimanche 10 janvier
Knut Vollebaek, ministre norvégien des Affaires étrangères, étrenne ses nouvelles fonctions de président de l’OSCE avec une mission délicate. Il tente de désamorcer la situation redevenue extrêmement dangereuse au Kosovo. L’armée yougoslave a retiré les troupes déployées la veille autour de Stari Trg (nord) où ont été capturés les huit soldats. L’UCK exige, en contrepartie de leur libération, la remise en liberté de neuf de ses membres capturés le 14 décembre par les forces de sécurité serbes.
lundi 11 janvier
Le chef du KIC, le service d’informations kosovar albanophone proche des indépendantistes modérés du Kosovo, Enver Maloku, a été tué dans l’après-midi, par trois inconnus devant son domicile de Pristina. Par ailleurs, toujours à Pristina, quelque 500 Serbes ont manifesté contre les autorités de Belgrade, qu’ils accusent de les avoir trahis. Les manifestants ont notamment prôné le rejet des membres de la mission de vérification de l’OSCE.
mardi 12 janvier
Dans la soirée, le Norvégien Knut Vollebaek a annoncé la conclusion d’ « un accord sur la libération rapide » des huit soldats de Belgrade détenus par l’UCK. De son côté, la radio clandestine de l’UCK a annoncé qu’une « réunion importante » se tiendra le 13 janvier « quelque part dans la Drenica ». Un peu plus tôt, l’armée yougoslave avait fait savoir qi’elle prenait « toutes les mesures » pour libérer ses hommes « au plus tôt ». Par ailleurs, à Bradash, 2 000 personnes ont participé aux funérailles d’Enver Maloku, sous la protection de l’UCK.
mercredi 13 janvier
Les huit soldats yougoslaves détenus par l’UCK ont été libérés à 16 h 15 et ceci « dans le cadre d’un accord honnête et équilibré », a précisé William Walker, chef du KVM. Cet accord prévoit la libération de neuf combattants de l’UCK, dans une dizaine de jours. Ces annonces ont été faites à l’issue d’une rencontre rassemblant à Likovac, à 50 kilomètres à l’ouest de Pristina, l’état-major de l’UCK et une délégation internationale conduite par William Walker.
vendredi 15 janvier
Des chars lourds appartenant aux forces serbes sont intervenus contre les villages de Racak et Petrovo, à une trentaine de kilomètres au sud de Pristina. La police serbe a justifié cette opération par la nécessité de « s’emparer d’un groupe terroriste ». Une quinzaine de membres de l’UCK auraient été tués. Deux vérificateurs de l’OSCE ont par ailleurs été blessés par les forces serbes alors qu’ils circulaient à bord de deux véhicules blindés à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Pristina.
samedi 16 janvier
45 cadavres ont été retrouvés dans le village kosovar de Racak, investi par les policiers serbes la veille. Parmi les victimes : une majorité d’hommes, des jeunes et des vieux, quatre femmes et peut-être un enfant ; parmi lesquels huit combattants de l’UCK. Toutes les autres sont des civils ; la plupart ont été tuées d’une balle dans la tête. La police serbe a reconnu avoir tué « plusieurs dizaines de terroristes » albanais. Les policiers affirment avoir été reçus à Racak par un feu nourri et avoir saisi de nombreuses armes. A l’issue de sa visite sur les lieux, l’Américain William Walker a parlé de « massacre délibéré ». Le TPI a décidé l’ouverture d’une enquête.
dimanche 17 janvier
A partir de la mi-journée, le secteur de Rakac a été le théâtre de nouveaux combats entre les forces serbes et les indépendantistes de l’UCK. Onze blindés sont engagés et l’armée yougoslave, avec d’autres chars, a pris position tout autour de la bourgade, ce qui a été qualifié de « provocation » par l’OSCE. L’équipe du KVM qui s’était rendue sur place pour enquêter, a reçu l’ordre de se retirer. La tuerie de Rakac a provoqué une réaction d’indignation assez générale dans le monde. Depuis Genève, Ibrahim Rugova a demandé une intervention de l’OTAN et une « démilitarisation rapide et conséquente du Kosovo », tandis que l’Albanie a réclamé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour une « intervention sur le terrain ». L’armée albanaise a renforcé « ses capacités dans tout le pays ». L’ancien président albanais Sali Berisha a appelé ses compatriotes à « se préparer à faire la guerre pour la liberté ou la mort » contre les « barbares serbes ». A Belgrade, les autorités serbes ont accusé l’OSCE de « mentir » : les victimes de Racak sont essentiellement des « terroristes », en uniforme, de l’UCK, et non des civils. La présidente du TPI, la Canadienne Louise Arbour, a décidé de « passer à l’action ».
lundi 18 janvier
Le procureur du TPI, Louise Arbour, qui venait de Macédoine, a dû rebrousser chemin avec ses enquêteurs et ses gardes du corps, la police yougoslave des frontières ayant exigé des visas… que Belgrade refuse obstinément d’accorder depuis des mois. Même fin de recevoir opposée par Belgrade à la visite de deux hauts représentants militaires de l’OTAN, les généraux allemand et américain Klaus Naumann et Weysley Clark, dans la capitale yougoslave. Porte close, enfin, pour le chef de l’OSCE au Kosovo, William Walker. Déclaré indésirable, il a reçu l’ordre de quitter la Yougoslavie dans les 48 heures. Dans la soirée, le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé à Belgrade de revenir sur sa décision. Pendant ce temps, la mission de l’OSCE sur place n’a pu que constater la poursuite des opérations militaires des forces serbes et yougoslaves contre plusieurs villages kosovars autour de Racak.
mardi 19 janvier
Les opérations serbes engagées dans la région de Racak semblent avoir pris fin, alors que la Communauté internationale multiplie les démarches diplomatiques auprès de Milosevic. Les deux hauts militaires de l’OTAN éconduits la veille ont enfin été reçus par Milosevic à Belgrade. Ils lui ont transmis un « message fort » (menace d’une intervention armée de l’OTAN ?). Mais un élément nouveau vient renforcer l’intransigeance de Milosevic : l’un de ses adversaires les plus acharnés, vient d’entrer au gouvernement serbe en qualité de vice-Premier ministre. Chef du Mouvement serbe du renouveau (SPO, droite nationaliste), Vuk Draskovic sera chargé des relations internationales.
mercredi 20 janvier
Les circonstances dans lesquelles a été découvert le massacre de Racak, il y a cinq jours jettent le trouble sur sa réalité même. Il pourrait être le résultat d’une mise en scène organisée par les indépendantistes albanais. Pour autant, le secrétaire américaine à la Défense, William Cohen, a fait savoir que les Etats-Unis sont prêts à lancer des frappes aériennes contre les forces serbes si les membres de l’OTAN le décident.
jeudi 21 janvier
Slobodan Milosevic a été soumis à une intense pression diplomatique visant à le faire revenir sur sa décision d’expulser le chef de la mission au Kosovo de l’OSCE, William Walker. Très peu de temps avant l’expiration du délai fixé par Belgrade, le Premier ministre yougoslave, Bulatovic, n’a pas exclu que son gouvernement puisse tenir compte de « nouveaux éléments » pour revoir sa décision. Un représentant spécial du président américain, James Pardew, a été reçu en fin d’après-midi par Milosevic. Ce dernier s’est entretenu plus tard avec le chef de la diplomatie norvégienne, Vollebaek, président en exercice de l’OSCE. De leur côte, les pays de l’Alliance atlantique ont durci le ton à l’égard de Belgrade. Un renforcement du dispositif militaire allié dans le sud de l’Europe est en cours. S’exprimant pour la première fois depuis la découverte du charnier de Racak, William Walker a assuré qu’il « existe des preuves corroborant ce que j’ai vu ». Dans le même temps, les combats continuent au Kosovo : deux Albanais ont été tués dans la soirée.
vendredi 22 janvier
200 avions militaires, bientôt 400… l’OTAN s’est lancée dans une nouvelle démonstration de force pour tenter de fléchir le Milosevic et mettre fin à l’offensive serbe au Kosovo. Mais le secrétaire de l’organisation militaire atlantique, Javier Solana, affirme que cette armada n’aura pas à intervenir. A Londres, les représentants du groupe de contact (Etats-Unis, Russie, Italie, Allemagne, France, Grande-Bretagne) se seraient mis d’accord sur de nouvelles mesures pouvant contraindre les deux parties à cessez-le-feu. Et à accepter les objectifs politiques autour d’une large autonomie de cette région. Les pressions internationales sur Milosevic ont permis un premier succès : le maître de Belgrade a « gelé » sa demande d’expulsion de William Walker. Celui-ci pourra y rester jusqu’à la fin de sa mission, sans condition. Par ailleurs, le rapport rédigé par les observateurs de l’OSCE conclut à la responsabilité des forces de sécurité yougoslaves dans le massacre de Racak et affirme disposer de preuves.
samedi 23 janvier
Neuf séparatistes albanais de l’UCK, détenus depuis plus d’un mois, ont été libérés de la prison de Niš par les autorités de Belgrade.
dimanche 24 janvier
L’UCK a relâché cinq civils serbes qu’elle détenait.
lundi 25 janvier
Les corps de cinq Albanais tués par balles ont été découverts dans une ouverture près de Rakovina, dans l’ouest du Kosovo. Selon le porte-parole de la Mission de vérification de l’OSCE. Pour ce qui le concerne, le Conseil permanent de l’OTAN, réuni à Bruxelles, a écarté l’idée américaine d’un ultimatum lié au massacre de Raçak. L’Europe, de son côté, ne prendra pas de nouvelles sanctions contre Belgrade.
Un Serbe bosniaque a été condamné par un tribunal de Sarajevo à 13 ans de prison pour crimes de guerre. En 1992, Milomir Tepes avait battu à mort des Musulmans bosniaques dans un gymnase de Pale transformé en camp de détention. Le TPI avait donné son feu vert pour qu’il soit jugé en Bosnie.
Trois Serbes de Croatie soupçonnés de crimes de guerre ont été arrêtés à Dalj, à une quinzaine de kilomètres de Vukovar, par la police croate et placés et détention. Vaso Gavrilovic, Vladimir Makivic et Dragoljub Savic, sont poursuivis pour des crimes commis dans la région de la ville-martyre du conflit serbo-croate entre juillet 1991 et avril 1992.
mardi 26 janvier
Le général Klaus Naumann, président du comité militaire de l’OTAN, a menacé de « recourir à l’option militaire » au Kosovo, mais sa menace s’adresse autant au séparatistes albanais de l’UCK qu’à Belgrade. En réponse, l’UCK a annoncé qu’elle engageait des « consultations avec les acteurs politiques » albanais de la province en vue de constituer une assemblée et un gouvernement ». Ces consultations doivent durer jusqu’au 10 février.
mercredi 27 janvier
Les autopsies pratiquées sur 40 victimes albanaises du massacre de Racak ont pris fin. Des examens complémentaires doivent cependant être pratiqués. Par ailleurs, à l’OTAN, Américains et Européens sont restés divisés sur la teneur de la mise en garde à adresser à Belgrade, mais leurs émissaires ont transmis un « message très ferme à l’UCK, sommés de former une équipe homogène pour négocier avec Belgrade un accord intérimaire sur le statut du Kosovo.
jeudi 28 janvier
Alors que les combats au Kosovo ont fait trois morts dans les rangs de l’UCK, son porte-parole, Adem Demaci, s’est empressé d’annoncer que « des négociations ne pourraient démarrer aussi longtemps que le sang albanais coule au Kosovo ». Mais il affirme que « l’UCK n’est pas contre des négociations avec le régime serbe ». De son côté le Parti socialiste de Serbie affirme que le pouvoir à Belgrade « refusera toujours de discuter avec des terroristes albanais ». Toutefois, le vice-Premier ministre serbe Ratko Markovic a exprimé son vœu de voir des négociations s’ouvrir à Pristina, puis que les Kosovars ne veulent pas aller à Belgrade. Dans la soirée, des soldats yougoslaves ont ouvert le feu contre un « important groupe » de séparatistes de l’UCK qui tentait de franchir la frontière en provenance d’Albanie. Un homme de l’UCK a été tué. Le gouvernement albanais a décidé de renforcer les contrôles à sa frontière nord, « afin de défendre l’intégrité de l’Albanie en cas d’aggravation du conflit entre Serbes et Kosovars ».
vendredi 29 janvier
Réunis à Londres, les six pays du Groupe de contact sur l’ex-Yougoslavie ont décidé de convoquer les Serbes et les Albanais du Kosovo à Rambouillet, en France, le 6 février, pour négocier l’avenir de leur province. Convocation en forme d’ultimatum : les belligérants ont trois semaines pour s’entendre. Sur le terrain, 23 séparatistes albanais et un policier serbe ont été tués dans la matinée à Rogovo, non loin de Decani. Dans la soirée, une grenade a été jetée dans un café serbe de Pristina, le Galerija : six jeunes ont été blessés aux jambes. Deux heures après cet attentat, une autre bombe était lancée dans une galerie commerciale fréquentée par des Albanais, ne faisant aucune victime. Une organisation terroriste serbe, la « Main noire », aurait fait son apparition à Pristina et pourrait être à l’origine des récents attentats.
samedi 30 janvier
Le Conseil permanent de l’OTAN a autorisé son secrétaire général Javier Solana à engager si nécessaire des frappes aériennes en Yougoslavie, en fonction des résultats obtenus par le Groupe de contact. Cette menace s’adresse autant à Belgrade qu’à l’UCK. Le ministre des Affaires étrangères britannique, Robin Cook, a rencontré, à Belgrade, le président Milosevic pour lui présenter les objectifs très fermes retenus par le groupe de contact. Le président yougoslave a réservé sa réponse quant à sa participation au sommet de Rambouillet. Le président des Albanais du Kosovo, Ibrahim Rugova, a déjà donné, lui, son accord.
mardi 2 février
Malgré l’opposition personnelle de son représentant politique, Adem Demaci, à la rencontre prévu à Rambouillet, l’UCK a décidé d’envoyer une délégation aux pourparlers de paix, en dépit de leurs « objections au document proposé ». C’est Jakup Krasniqi, le porte-parole de l’UCK qui l’a fait savoir dans une déclaration à la presse, à Pristina.
jeudi 4 février
Après un avis favorable du Parti socialiste de Serbie, le Parlement de Serbie a décidé, à son tour, de répondre positivement à la convocation de la Communauté internationale à Rambouillet. Le Mouvement serbe du renouveau (SPO, de Draskovic), s’est prononcé lui aussi pour une participation serbe aux pourparlers. Cependant, par 227 voix contre 3 et 3 abstentions, les députés serbes ont par avance refusé toute intervention de l’OTAN au Kosovo pour faire appliquer un éventuel accord de paix. Alors que la délégation serbe n’est pas encore constituée, les Albanais du Kosovo ont annoncé la participation de cinq négociateurs représentants l’UCK, de cinq responsables de la Ligue démocratique du Kosovo, de quatre négociateurs représentants le Mouvement démocratique unifié et de trois personnalités albanaises indépendantes. Sur le terrain, les corps de quatre hommes ont été retrouvés dans l’ouest du Kosovo. En outre, un bâtiment du monastère orthodoxe serbe de Devic, dans le centre, a été pillé par des inconnus et des membres de l’UCK sont accusés d’avoir délibérément percuté une voiture à bord de laquelle se trouvaient la supérieure du monastère et deux autres religieuses.
vendredi 5 février
Les autorités serbes multiplient les obstacles à la venue à Rambouillet des membres de l’UCK, refusant de négocier avec « des assassins et des terroristes ». Dans la soirée, la délégation albanaise était bloquée à Pristina.
samedi 6 février
Les négociateurs albanais sont arrivés au château de Rambouillet dans la soirée. Il aura fallu 24 heures de discussions pour convaincre les autorités serbes de laisser partir les délégués de l’UCK. C’est avec plusieurs heures de retard que s’est ouverte une semaine de négociations cruciales pour l’avenir du Kosovo.
dimanche 7 février
Serbes et Albanais, qui refusent toujours de se rencontrer directement, ont commencé à Rambouillet à « travailler sérieusement » sur un projet d’accord sur l’avenir du Kosovo. L’un des porte-parole des médiateurs de la conférence affichait dans la soirée une satisfaction de bon aloi. Dans la soirée, Madeleine Albright, le secrétaire d’Etat américain, a prévenu que si Rambouillet échoue à cause des Serbes, les bombardements envisagés par l’OTAN « ne frapperont pas uniquement au Kosovo mais iront au-delà ».
mardi 9 février
Pour la première fois, depuis l’ouverture de la conférence de Rambouillet, l’une des parties a rendu publiques les difficultés créées par l’autre… L’ambassade de Yougoslavie à Paris révèle que les Kosovars « refusent de signer les dix principes du Groupe de contact » comme « base stable pour trouver une solution politique ».
mercredi 10 février
Qualifications pour l’Euro de football 2004 : au stade Ta’Qali de La Valette, Malte a été battue par la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) trois buts à zéro.
jeudi 11 février
Enfermés depuis cinq jours à Rambouillet, Serbes et Kosovars n’ont toujours pas trouvé le langage de la paix que la Communauté internationale exige d’eux. Les négociations sont tellement difficiles que le président serbe en personne, Milan Milutinovic, a fait une apparition à Paris pour tenter de débloquer la situation, épaulé par le vice-Premier ministre yougoslave, Vuk Draskovic, et le chef de l’Eglise orthodoxe serbe, le patriarche Pavie. Les Serbes, qui viennent de signer les dix principes de bases du projet d’accord, exigent la même démarche des Kosovars, ce qui revient à leur arracher l’engagement de respecter l’intégralité territoriale de la Yougoslavie. Les Kosovars exigent, eux, un engagement écrit des Serbes sur un cessez-le-feu immédiat au Kosovo, aussitôt suivi du déploiement d’une force militaire internationale. La Communauté internationale précise donc un peu plus ses menaces. L’OTAN a pris une décision de principe : renforcer de plusieurs milliers d’hommes sa « force d’extraction » déjà en place en Macédoine. L’organisation atlantique menace en outre de frapper certaines « cibles identifiées » au cas où la Yougoslavie bloquerait un accord de paix sur le Kosovo, une menace jugé « inadmissible » par Moscou.
vendredi 12 février
Dans la soirée, même si les médiateurs faisaient état de « progrès », notamment sur le statut d’autonomie pour le Kosovo, certains parlaient d’une menace de blocage « politique » de la conférence de Rambouillet, dans la mesure où les Serbes demandent toujours aux Albanais de signer les principes de base du projet d’accord de paix.
samedi 13 février
Venus de toute l’Europe, 20 000 partisans de l’indépendance du Kosovo ont manifesté devant le château de Rambouillet. Sous une mer de drapeaux albanais, ils scandaient : « UCK ! UCK ! ». Par ailleurs, 13 personnes ont été blessées dans un attentat à l’explosif à Urosevac, une ville du sud du Kosovo.
dimanche 14 février
Après une semaine de discussions infructueuses à Rambouillet entre les délégations serbes et kosovares, aucun accord n’ayant pu être conclu pour l’avenir du Kosovo, la Communauté internationale a décidé d’accorder une dernière chance aux belligérants, une semaine de sursis, pas plus. Madeleine Albright, le secrétaire d’Etat américain, a presque réussi un exploit en parvenant à réunir, pour la première fois, les adversaires… Mais rien n’indique qu’ils vont désormais poursuivre face à face leurs discussions. S’adressant à la télévision de son pays, depuis Paris, le président serbe Milan Milutinovic a redit son opposition « très résolue » à « l’annexe militaire » du plan de paix, qui prévoit le déploiement d’une force militaire internationale. Il a reçu le soutien d’Igor Ivanov, le ministre russe des Affaires étrangères, lui aussi hostile à toute présence étrangère en Serbie.
lundi 15 février
L’Américain Christopher Hill, l’un des trois médiateurs aux pourparlers de Rambouillet sur le Kosovo, a quitté dans la soirée le château français pour se rendre à Belgrade. Peu avant, Robin Cook avait renouveler ses doutes sur une issue favorable du huis clos de Rambouillet. Quant aux Etats-Unis, ils ont répété leur menace de frappes aériennes contre la Serbie, si Belgrade continue à s’opposer au déploiement d’une force multinationale au Kosovo.
mercredi 17 février
Le président français Jacques Chirac a averti, dans la soirée, Serbes et Kosovars qu’en cas d’échec des négociations de Rambouillet, ceux qui en auraient pris la responsabilité « auraient à en subir toutes les conséquences ». Le président Milosevic a redit son opposition au déploiement d’une force multinationale au Kosovo et l’UCK refuse farouchement d’envisager son désarmement. Pendant ce temps, l’OTAN a validé le « plan d’opération » qui prévoit l’envoi de 6 000 soldats au Kosovo pour assurer les premières missions de maintien de la paix.
jeudi 18 février
La pression est encore montée d’un cran à Rambouillet. Tandis que les Kosovars affirment que les Serbes bloquent tout accord et s’opposent au déploiement d’une force militaire en Serbie, les menaces n’ont pas manqué. La Mission d’observation de l’OSCE a fait savoir qu’elle quitterait la région en cas d’échec des pourparlers. Tandis que le secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana, en visite en Macédoine, agitait la menace de frappes. Aux Etats-Unis, le secrétaire à la Défense, William Cohen, a ordonné le déploiement de plusieurs dizaines d’avions militaires supplémentaires en Europe dans les 48 heures, s’attirant une vive mise en garde du président russe : « Pas touche à la Serbie ». Le président de la Serbie, Milan Milutinovic, est revenu dans la soirée à Rambouillet pour participer aux dernières heures de négociations.
vendredi 19 février
Slobodan Milosevic a déclaré qu’il « ne donnera pas le Kosovo, même au prix de bombardements ». Et pour être mieux compris, il a refusé de recevoir Christopher Hill. Tout au long de la journée, les ambassades des pays de l’OTAN en Serbie ont préparé l’évacuation de leur personnel « non essentiel », cependant que la plupart des capitales européennes appelaient leurs ressortissants à quitter la Yougoslavie « immédiatement ». De nombreuses organisations internationales présentes au Kosovo, humanitaires ou non, ont commencé plus ou moins discrètement à quitter la province.
samedi 20 février
La poursuite des discussions « n’a pas fait disparaître la menace de bombardements contre Belgrade », a indiqué le porte-parole du Département d’Etat américain James Rubin. Les pays du Groupe de contact ont donné un nouveau délai aux Serbes et Kosovars. Ils ont jusqu’au 23 février à 15 heures pour parvenir à un accord. Sur le terrain, les affrontements continuent. Des échanges de tirs ont eu lieu en milieu de journée dans la région de Suva Reka, dans le sud du Kosovo. Les combats ont débuté vers midi lorsque des membres de l’UCK ont attaqué un convoi de la police serbe et de l’armée dans le village de Studencane, dont la population a pris la fuite. Par ailleurs, la police serbe a essuyé un nouvel échec en tentant d’investir le maquis de Podujevo (nord). A Belgrade, les Etats membres de l’Union européenne (UE) ont lancé des mesures pour un retrait « progressif et coordonné » de leurs personnels diplomatiques.
dimanche 21 février
L’aller-retour à Belgrade du président serbe Milutinovic, qui a rencontré Milosevic, lui a permis de souffler le chaud et le froid : oui pour discuter d’une présence internationale en cas de « très bon accord », non à « un accord militaire ». Dans la soirée, des observateurs de l’OSCE ont été frappés et mis en joue par la police serbe à Podujevo.
lundi 22 février
D’un côté, des Kosovars albanais divisés. De l’autre, des Serbes intransigeants. L’avant-dernier jour de négociation n’a pas apporté le rapprochement tant attendu. Les mouvements de troupes et les attaques serbes enregistrés sur le terrain, notamment au nord de Pristina, ont plutôt durci la position des négociateurs de l’UCK. Dans la soirée encore, ils réclamaient un référendum ouvrant la porte à l’indépendance du Kosovo, au terme d’une période de trois à cinq ans de large autonomie. Faute d’accord politique, la négociation sur le volet militaire que le Groupe de contact voulait, à l’exception de la Russie, imposer aux Serbes n’a pu avancer. Dans la soirée, Madeleine Albright, tentait de faire intercéder le gouvernement de l’Albanie. De plus, une rencontre a eu lieu en soirée, à Villacoublay, entre un dirigeant de l’UCK et le commandant suprême de l’OTAN en Europe, le général Wesley Clark. Au Kosovo, les Serbes minent les ponts pour retarder l’éventuelle arrivée des forces de l’OTAN. Sur le terrain donc, les troupes serbes ont attaqué trois villages proches de Vucitrn, sur les contreforts du mont Cicavica. L’offensive a pris fin vers 13 heures. Les habitants des bourgs attaqués qui s’enfuyaient vers Vucitrn ont été arrêtés par la police. Les hommes séparés des femmes. 4 000 personnes sont sur les routes. Un assaut de l’UCK sur le village de Bukos, près de Vucitrn a fait un mort et deux blessés parmi la population serbe. Par ailleurs, la branche militaire de l’UCK s’est donné un nouveau commandement général.
mardi 23 février
Après 18 jours de négociation, proches de l’échec à l’heure de se séparer, à 15 heures, les négociations de Rambouillet se sont trouvé une issue de secours. D’accord sur la définition de l’autonomie, Serbes et Kosovars se reverront le 15 mars, toujours à Rambouillet. Tandis que la guerre continue, les pas diplomatiques vers la paix sont comptés. Des affrontements ont débuté, vers 9 heures du matin, dans le village de Bukos, près de Vucitrn, a indiqué le centre d’information serbe à Pristina. Des policiers serbes ont été attaqués par des membres de l’UCK au mortier et à l’arme automatique, alors qu’ils menaient une enquête dans le village en question, sur une attaque des indépendantistes perpétrée la veille. Les « enquêteurs » et l’armée serbe ont vivement riposté. Après une accalmie en milieu de matinée, les échanges de tirs sporadiques ont repris peu après midi, puis en début d’après-midi, les canons des chars de l’armée yougoslave sont entrés en action. L’UCK a riposté par des rafales d’armes automatiques à partir de tranchées creusées dans les collines. Cinq policiers serbes auraient été touchés, alors que les rebelles affirment ne compter qu’un blessé.
mercredi 24 février
Selon l’agence de presse des indépendantistes kosovars, la délégation albanaise aux négociations de Rambouillet a décidé de créer un « gouvernement provisoire du Kosovo qui fonctionnera jusqu’à la tenue d’élections libres » dans la province. Une personnalité de l’UCK s’est vu confier la formation du gouvernement auquel participeront, à égalité, l’UCK, la Ligue démocratique du Kosovo (LDK) d’Ibrahim Rugova et le Mouvement démocratique unifié (LBD) de Rexhep Qosja. Toutefois, Adam Demaçi, responsable politique de l’UCK, affirmait dans la soirée que l’état-major n’a pas été consulté et que le gouvernement provisoire « n’a aucune légitimité ». Dans la soirée, depuis Berlin, le président du « gouvernement kosovar » en exil », Bujar Bukoshi, s’est dit prêt à « accepter les réalités » et l’autonomie mais a affirmé que la partie albanaise « rejetterait un accord qui ne garantirait pas un référendum sur l’indépendance ».
jeudi 25 février
Le cessez-le-feu ordonné en octobre n’est toujours pas respecté au Kosovo. Les observateurs de l’OSCE ont pu témoigner que des policiers serbes avaient ouvert le feu à 14 h 40 sur des positions tenues par des rebelles de l’UCK. Les tirs ont d’abord visé le village de Bukos. Puis ceux de Osljane, Jezero et Stitarica, tous dans la région de Vucitrn. Après les armes automatiques, les canons des chars serbes ont tiré à la cadence de cinq coups par minute. L’offensive a duré un peu plus d’une heure. Au sud de Pristina, l’UCK a commencé à redéployer des forces afin d’empêcher la police serbe de contrôler la route Orahovac-Suva Reka, normalement ouverte au contrôles. Ce redéploiement est mené parallèlement à une concentration de forces de police serbes à proximité, mais en dehors du Kosovo. Par ailleurs, les Serbes ont commencé à renforcer les forces de police engagées au Kosovo en les dotant de matériels de l’Armée régulière serbe, notamment des doubles canons de 30 mm. La délégation kosovare, qui a participé aux négociations de Rambouillet, est rentrée, vers midi, à Pristina, sans encombre. Il se confirme que de profondes divisions existent désormais au sein de l’UCK.
vendredi 26 février
Tirs d’obus et de missiles dans le nord, combats dans le sud de la province, le Kosovo reste un lieu à hauts risques. Depuis plusieurs jours, des véhicules de la mission d’observation de l’OSCE sont bloqués et retenus par des douaniers agressifs serbes à la frontière entre la Macédoine et le Kosovo, ce qui constitue une violation des engagements pris par Belgrade. Par ailleurs, l’OTAN s’inquiète du redéploiement des forces yougoslaves aux abords du Kosovo (4 500 soldats appuyés par plus de 60 chars, 50 véhicules blindés de transport de troupes et 60 pièces d’artillerie. A l’intérieur de la province, quelque 70 chars et autant de véhicules blindés, ainsi qu’une cinquantaine de pièces d’artillerie ont été sortis des casernes.
samedi 27 février
La concentration de forces militaires occidentales sur le territoire macédonien irrite les nationalistes serbes. Le vice-Premier ministre serbe Vojislav Seselj a menacé la Macédoine de disparition : « Il ne restera rien de l’Etat macédonien, si n’importe quelle armée étrangère attaque la Serbie » depuis son territoire. Il a adressé le même avertissement aux autres pays limitrophes et admis qu’en cas d’attaque occidentale, « il y aurait des victimes parmi les Serbes ». Mais, a-t-il poursuivi, « Il n’y aura plus d’Albanais au Kosovo ». Par ailleurs, deux Serbes ont été enlevés par l’UCK près d’Orahovac.
du samedi 27 au dimanche 28 février
Alors que les Serbes poursuivent leur concentration de troupes à la frontière du Kosovo, en dépit des mises en garde des Etats-Unis et de l’OTAN, les violences dans la province serbe ont fait plusieurs victimes.
lundi 1er mars
L’un des deux Serbes enlevés il y a deux jours par l’UCK a été remis aux vérificateurs de l’OSCE.
mardi 2 mars
Adem Demaci, le représentant politique de l’UCK a annoncé sa démission. Il accuse « quelques individus de l’UCK » d’avoir « abandonné les principes de base du mouvement », mais, en fait, il était de plus en plus marginalisé. L’UCK a déjà nommé son remplaçant, Hashim Thaci, qui a coordonné la délégation des Albanais du Kosovo aux pourparlers sur l’avenir de la province. On le dit « proche des Américains ». Par ailleurs, une opération yougoslave visant à empêcher les Kosovars d’ouvrir un corridor entre la Macédoine et le Kosovo a débuté dans le secteur de Djeneral Jankovic, dans le sud du pays. Les combats ont fait plusieurs morts.
mercredi 3 mars
Les chars yougoslaves ont pilonné le village de Djeneral Jankovic pendant quatre heures. Au cours de l’après-midi, on tirait à la mitrailleuse dans les collines surplombant le village. L’armée yougoslave accuse l’UCK de tenter « de fabriquer une crise de réfugiés en favorisant l’exode des populations » kosovares vers la Macédoine. Au nord du Kosovo, l’armée yougoslave a l’intention de reprendre, dans la Drenica, la seule route goudronnée tenue par l’UCK. Celle-ci est sur le pied de guerre. D’autre part, deux civils serbes ont été tués et un soldat yougoslave enlevé dans le centre de la province.
du mercredi 3 au jeudi 4 mars
Pour le président bélarusse Alexandre Loukachenko, il n’y a pas d’embargo qui tienne. Il a reçu le ministre des Affaires étrangères yougoslave, Jivadine Iovanovitch, avec lequel il a conclu un accord de coopération militaire. L’armée yougoslave étant pour une large part équipée de matériel de fabrication soviétique, Minsk met à sa disposition son usine de réparation de véhicules blindés de Borisov et son académie militaire pour la formation des cadres de la défense antiaérienne.
jeudi 4 mars
La Yougoslavie a décidé de renforcer la protection de « certaines parties » de sa frontière, afin d’empêcher l’infiltration de « groupes terroristes » au Kosovo. Le communiqué ne contient pas d’autre précision, mais la mesure semble toucher tout particulièrement la frontière avec la Macédoine.
vendredi 5 mars
11 policiers serbes ont été blessés, dont 5 grièvement, dans une embuscade tendue par l’UCK à Magura, dans le centre du Kosovo. Par ailleurs, l’UCK a empêché le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés de secourir 200 déplacés bloqués depuis trois nuits à flanc de montagne.
Nikola Poplasen, le président élu de l’entité serbe de Bosnie, a été destitué par le Haut représentant civil en Bosnie, Carlos Westendorp. Selon le communiqué de ce dernier, Poplasen a « abusé de l’autorité de sa fonction, ignoré la volonté du peuple de la Republika Srpska exprimée par ses représentants élus à l’Assemblée nationale », retardé la pleine mise en œuvre des résultats des élections, agi constamment pour provoquer l’instabilité » dans l’entité serbe. Par ailleurs, au terme d’un arbitrage international rendu public, la Communauté internationale a décidé de faire de la ville de Brcko un district neutre sous l’autorité de l’Etat fédéral bosniaque. Les Serbes contrôlaient la ville depuis 1992, après avoir expulsé ou assassiné la majorité de la population musulmane et croate. Brcko commande un corridor de 5 kilomètres de profondeur indispensable aux Serbes pour assurer la continuité de leur territoire entre les moitiés est et ouest de la Republika Srpska. Les réactions bosno-serbes ne se sont pas fait attendre : le Premier ministre de la Republika Srpska, Milorad Dodik, pourtant principal allié des Occidentaux, a annoncé sa démission.
samedi 6 mars
Selon l’ancien sénateur américain Bob Dole, qui effectuait une mission spéciale dans les Balkans, les Albanais du Kosovo ont promis de signer l’accord de paix le 7 mars. Par ailleurs, à Upr Prekaz, l’UCK a commémoré la mort, il y a un an, du commandant Adem Jashari, tué par les Serbes.
dimanche 7 mars
A une semaine de la reprise à Paris des pourparlers de paix sur le Kosovo, Belgrade a remis en cause certains acquis - du moins, les croyait-on - de la première phase des négociations, celle de « Rambouillet ». Ainsi Belgrade a clairement annoncé qu’elle rejette toute une série de dispositions du projet d’accord : la présidence kosovare, une Constitution, une assemblée législative, un système judiciaire autonome, etc. Les Serbes refusent, surtout, toute modification de la Constitution de la Fédération yougoslave. Par ailleurs, alors que l’état-major de l’UCK devait se réunir quelque part dans la Drenica, Hashim Thaçi, haut responsable de l’UCK et l’un des négociateurs de Rambouillet, qui se trouvait à Tirana, politiques et militaires auraient décidé de signer l’accord de paix… « au moment opportun ».
L’affaire de Brcko est en train de ressouder les Serbes de Bosnie au détriment de la communauté internationale. Modérés et extrémistes ont rejeté d’une même voix, lors d’une session extraordinaire du Parlement, l’arbitrage international qui leur a retiré la juridiction sur la ville. Milorad Dodik a exigé la suspension de l’application de l’arbitrage et l’ouverture de négociations pour sa révision. Et cela sous peine d’une rupture avec la communauté internationale. Le président serbe de la présidence tripartite de Bosnie, le modéré Zivko Radisic, et les 11 élus serbes au parlement fédéral, ultranationalistes et modérés confondus, ont « suspendu » leur participation à ces organes. Quand au président des Serbes bosniaques, qui refusé sa destitution, a assisté aux débats de l’Assemblée nationale.
lundi 8 mars
Belgrade est venu au secours des Serbes de Bosnie, en rejetant les deux déclarations prises par la Communauté internationale : retrait du contrôle serbe sur Brcko et limogeage du président de la Republika Srpska. Le gouvernement yougoslave considère la première comme une « violation grossière » de l’accord de paix de Dayton et juge la seconde « illégitime ». Le parti de Milosevic demande le « limogeage urgent » de Carlos Westendorp, estimant qu’il a « outrepassé son mandat ».
Dans la soirée, le médiateur américain auprès des indépendantistes kosovars affirme que l’UCK a accepté les termes de l’accord de paix négocié à Rambouillet et qu’ils autorisaient la signature du document.
mardi 9 mars
Alors que l’acceptation, la veille, par les membres de l’UCK de l’accord de Rambouillet donnait plein espoir, la police serbe a lancé huit mandats d’arrêt contre des responsables kosovars accusés d’« activités terroristes ». Parmi eux, notamment, trois des négociateurs présents à Rambouillet, membres de l’état-major de l’UCK : Hashim Thaci, Jakup Krasniqi et Ram Buja. Par ailleurs, l’état-major de l’UCK exige toujours « l’arrêt des attaques » des forces serbes. Or, les combats ont été intenses le long de la frontière macédonienne, provoquant la fuite de centaines de villageois. Richard Holbrooke est arrivé à Belgrade pour rencontrer Milosevic.
mercredi 10 mars
Richard Holbrooke a passé trois heures dans le bureau de Slobodan Milosevic sans parvenir à fléchir son opposition farouche à tout déploiement de troupes étrangères au Kosovo. De leur côté, les Kosovars hésitent toujours à signer l’accord de paix : les responsables locaux de l’UCK n’acceptent pas la clause de désarmement prévue.
jeudi 11 mars
Les ministres français et britannique des Affaires étrangères ont lancé un avertissement très ferme à ceux dont l’obstination fait obstacle à la conférence prévue sur le Kosovo : « On n’en finit pas d’attendre l’accord des Kosovars, constamment annoncé mais jamais définitif, tandis que du côté yougoslave c’est un immobilisme arc-bouté ».
vendredi 12 mars
Milosevic a rejeté « résolument et définitivement » le déploiement d’une force étrangère au Kosovo, qu’elle soit militaire ou politique. C’est ce qu’a fait savoir le ministre russe des Affaires étrangères, Ivanov. Réplique de Madeleine Albright : un accord sans force de l’OTAN est inacceptable. L’OTAN continue à acheminer du matériel lourd et des soldats en Macédoine, alors que les accrochages entre l’UCK et les forces serbes ont fait de nouvelles victimes dans le sud : sept membres de l’UCK ont été tués lors d’un ratissage de la police serbe à Prizren. Par ailleurs, le Congrès américain a autorisé le président Bill Clinton à fournir 4 000 soldats à l’OTAN pour être basés au Kosovo, si un accord de paix est conclu à Paris. La délégation kosovare, emmenée par Hashim Thaci et Ibrahim Rugovah a pu quitter Pristina, dans l’après-midi, à bord d’un avion militaire français, pour Paris.
La police tchèque annonce l’arrestation à Prague du Kosovar Princ Dobroshi, considéré comme l’un des plus importants trafiquants de drogue en Europe. Il utilisait le produit de son trafic pour acheter des armes pour l’UCK.
samedi 13 mars
Alors que les chefs de la diplomatie de l’Union européenne, réunis en Allemagne, ont appelé Serbes et Kosovars à signer « immédiatement » la paix, trois attentats à la bombe ont fait au total 6 morts et 58 blessés dans deux villes du nord du Kosovo (sur les marchés de Mitrovica et Podujevo). La guerre est entrée dans les villes. L’agence officielle yougoslave Tanjug a attribué ces attentats à des « terroristes » de l’UCK. La délégation serbe, assistée du président serbe Milutinovic, est arrivée dans l'après-midi à Paris.
dimanche 14 mars
Les Serbes, par la voix du vice-Premier ministre yougoslave Zoran Lilic, continuent à refuser toute présence de forces étrangères au Kosovo, même celles de l’ONU.
lundi 15 mars
Serbes et Kosovars se sont retrouvés à Paris, au Centre de conférences internationales, pour reprendre les pourparlers de paix qu’ils avaient engagés à Rambouillet du 6 au 23 juillet. Les membres de la délégation des Albanais du Kosovo ont donné leur accord au plan de paix sur le Kosovo. Pour Robin Cook, le chef de la diplomatie britannique, « la délégation serbe a ainsi perdu sa première ligne de défense ». Aux 80 pages du texte initial, les Serbes en ont ajouté 20 dans la soirée, à la grande surprise des diplomates du groupe de contact. Alors que les combats se poursuivent entre l’armée yougoslave et l’UCK dans le nord de la province serbe, l’état-major yougoslave a pris la décision de maintenir trente jours de plus sous les drapeaux les appelés qui viennent d’achever leur service militaire. La mesure est justifiée par des « menaces d’intervention armée ». De son côté, un haut responsable militaire serbe a expliqué à des journalistes, sur le terrain : « Nous avons atteint tous nos objectifs en contrôlant la frontière avec la Macédoine et les principaux axes routiers ».
mardi 16 mars
Alors que les Kosovars ont confirmé leur intention de signer les accords de paix, la délégation serbe s’est encore davantage ancrée dans son refus d’accepter ce plan. Les Serbes remettent en cause les termes du volet politique et institutionnel du document. Sur le terrain également, les Serbes affichent leur refus de toute concession. Depuis deux jours, ils ont multiplié les opérations armées dans le nord du Kosovo et en direction de la frontière de la Macédoine. Le HCR estime que les combats sont les plus violents depuis le cessez-le-feu de l’an passé. Pour la première fois depuis l’été dernier, des combats ont éclaté dans la région de Klina, dans le centre, où le HCR a constaté l’incendie de villages désertés par leur population. Il estime à 9 000 au moins le nombre de personnes chassées de chez elles par les combats depuis la reprise des négociations à Paris. Par trains entiers, l’armée yougoslave continue à acheminer des chars et des transports de troupes blindés vers le nord du Kosovo.
mercredi 17 mars
A Paris, la conférence de la paix sur le Kosovo est dans l’impasse, a expliqué dans la soirée James Rubin, le porte-parole du département d’Etat américain, car « les Serbes ne négocient pas sérieusement ». Dans ces conditions, estime le médiateur de l’Union européenne, l’Autrichien Wolfgang Pietrisch, la conclusion de la conférence « n’es plus qu’une question d’heures ». Par ailleurs, les experts finlandais chargés de l’autopsie des Kosovars victimes de l’assaut du village de Racak par la police serbe, le 15 janvier, ont rendu leurs conclusions. Conclusions qui dénoncent implicitement les Serbes : il s’agissait bien de « civils désarmés, tués en dehors d’un contexte de combat ». Le docteur Elena Ranta a parlé à plusieurs reprises de « crime contre l’humanité ».
jeudi 18 mars
A Paris, même l’insistance de la Russie, leur alliée traditionnelle, les pressant de signer l’accord politique sur le Kosovo, n’y a rien fait : les Serbes sont restés murés dans leur refus d’accepter les termes du projet d’accord de paix qui avait été préparé à Rambouillet. Les Kosovars, en revanche, ont signé en fin de journée les 82 pages du document. Un document dont le président serbe, Milan Milutinovic, affirme avec ironie qu’il « n’existe pas ».
vendredi 19 mars
L’ajournement de la conférence de Paris sur le Kosovo, officiellement annoncée, a toutes les apparences de l’échec pour la Communauté internationale qui n’est pas parvenue à faire céder Belgrade. L’évacuation des ambassades occidentales de la capitale serbe a commencé. La France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont demandé à leurs ressortissants de quitter la Yougoslavie. Les 1 400 vérificateurs de l’OSCE ont déjà évacué leur matériel lourd du Kosovo. Pour autant, l’intervention armée de l’OTAN paraît hypothétique. Une réunion « décisive » des 19 alliés de l’organisation atlantique s’est bornée à un échange d’informations. « A la surprise générale, a expliqué l’un des participants, les Etats-Unis ne semblent plus très pressés de passer à l’acte »…
samedi 20 mars
Tôt dans la matinée, les membres de la Mission de vérification au Kosovo de l’OSCE sont partis en convoi en direction de la Macédoine où ils sont tous arrivés dans la journée sans difficulté. Deux responsables de l’UCK ont affirmé que l’organisation séparatiste était décidée à « poursuivre la lutte armée si l’OTAN n’intervenait pas » dans la province. Les forces serbes ont encore intensifié leurs opérations contre les séparatistes albanais, dont sept ont été tués, et un policier serbe grièvement blessé, selon une source serbe. Les combats les plus violents ont eu lieu près de Srbica (centre).
dimanche 21 mars
Il semble que la diplomatie américaine ait accordé une semaine de réflexion à Milosevic. L’OTAN hésite toujours à agir et la guerre s’étend au Kosovo. Les combats entre les forces serbes et l’UCK se sont intensifiés dans la région de la Drenica (Glogvac et Srbica). Des milliers de villageois ont été chassés de leurs foyers. Des sources albanaises font état d’exactions. On parle d’exécutions sommaires. Dans le village de Llausha, bastion de l’UCK assaillis de tous côtés, la résistance des combattants albanais faiblit. Quelques poches tiennent encore : le QG de l’UCK, situé dans le village de Likovsë, et quelques villages proches du sommet de la montagne de Cicavica. Le gouvernement serbe a exclu tout retour rapide de la mission des vérificateurs de l’OSCE. La compagnie aérienne British Airways a suspendu ses vols sur Belgrade.
lundi 22 mars
« L’agression croissante serbe doit être stoppée », a déclaré dans la soirée le président américain Bill Clinton, en lançant un nouvel avertissement au président Milosevic. Il a aussi envoyé un message au président russe, qui reste farouchement opposé à toute action militaire contre la Serbie. « Nous sommes tout près de l’action militaire », a averti l’émissaire américain Richard Holbrooke, qui se trouvait à Belgrade dans la soirée. Le Conseil permanent de l’OTAN a élargi la délégation de pouvoirs autorisant le secrétaire général Javier Solana à engager des bombardements en ex-Yougoslavie. L’ensemble des forces serbes pourrait être visé. Mais les Occidentaux continuent aussi de multiplier les « dernières chances ». Sur le terrain, les villages flambent et des dizaines de milliers de civils continuent à fuir les combats. Un « désastre humanitaire » s’annonce.
mardi 23 mars
Les compagnies aériennes Air France, Swissair, Alitalia et Lufthansa ont suspendu leurs vols sur Belgrade. L’ambassade d’Allemagne a évacué son personnel dans la capitale serbe. La frontière entre Kosovo et Macédoine est fermée. Il n’y a plus d’espoir dans la soirée d’éviter toute intervention armée de l’OTAN. Une nouvelle rencontre de deux heures entre Milosevic et Holbrooke a échoué dans la matinée. Au Kosovo, les combats entre policiers serbes et l’UCK redoublent d’intensité : la ville de Srbica a été pillée et incendiée. Le Conseil de sécurité intérieure de la Macédoine a rappelé à l’OTAN qu’aucune opération militaire ne peut être menée contre un autre pays à partir de son territoire, alors que celui-ci abrite déjà, officiellement, 10 000 soldats de l’organisation.
nuit du mardi 23 au mercredi 24 mars
A 23 h 30, le secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana, a donné son feu vert au bombardement de positions serbes. Dès cette annonce, des chars ont pris position dans les principales artères de Pristina. Par ailleurs, Milosevic a fait fermer la dernière radio indépendante de Belgrade, B-92.
mercredi 24 mars
L’OTAN a déclenché à 20 h une forte offensive contre une quarantaine de sites militaires en Yougoslavie. 70 chasseurs et bombardiers occidentaux (américains, français, allemands, britanniques et de quatre autres pays) ont tiré leurs missiles (en particulier des Tomahawk américains) sur leurs cibles à Pristina, Novi Sad et au Monténégro. Toute la journée avait été celle des derniers préparatifs et des derniers appels à la paix, notamment de la part des Européens et de la Russie. Seule réponse yougoslave ; un nouveau refus de tout déploiement de troupes étrangères au Kosovo, réitéré à la radio par Milosevic. Le président russe Boris Eltsine s’est dit « indigné » par ces premières frappes et prêt à prendre « des mesures militaires ». Dans la matinée, un avis de mobilisation générale avait été lancée au Kosovo, mais seuls les Serbes ont rejoint leurs unités et patrouillé dans toute la province. Des hommes de la milice ultranationaliste serbe du commandant Arkan ont aussi été vus en ville. La Macédoine a rouvert sa frontière pour tous ceux qui peuvent justifier, par une pièce d’identité, qu’ils résident dans une zone touchée par les combats au Kosovo. La Macédoine abrite déjà 10 000 réfugiés. Par ailleurs, le ministère macédonien de la Défense a annoncé que l’armée intensifiait ses préparatifs « afin de préserver l’intégrité territoriale et la souveraineté du pays ».
nuit du mercredi 24 au jeudi 25 mars
Avec l’opération « Force déterminée », l’OTAN a poursuivi ses frappes sur les objectifs militaire serbes. Cette première série d’attaques a été qualifiée de « succès ». 80 % des 40 cibles militaires choisies auraient été touchées, dont cinq aéroports, cinq casernes et des centres de communication. Ces cibles se trouvaient dans les environs de Belgrade et à Danilovgrad, Novi Sad, Pancevo, Kursumlija, Uzice, Pristina (Kosovo) et Podgorica (Monténégro). Tous les avions engagés seraient rentrés. Trois des quinze Mig-29 que possède Belgrade auraient été détruits. Après cette première série de frappes, les responsables de l’OTAB ont clairement indiqué que leur opération graduée visant la destruction de « toutes les forces serbes », sera poursuivie si Belgrade refuse à plier. Les Serbes, eux, affirment avoir abattu deux avions et plusieurs missiles. C’est Moscou qui a donné le premier bilan, côté serbe : plus de 70 morts, dont 50 civils, et plus de 220 blessés. L’armée yougoslave, elle, parle de 10 soldats tués et de 38 autres blessés. Des chiffres invérifiables. Membre de l’OTAN, mais ne participant à l’opération en cours, la Grèce a demandé l’arrêt des frappes et le retour à la négociation. Un village d’Albanie, Vicidol, aurait subi des tirs de mortiers venus du Kosovo.
jeudi 25 mars
Milosevic, fort d’un message de soutien de Boris Eltsine, n’a pas l’intention de céder. Après avoir dénoncé « les frappes criminelles de l’agression », le président yougoslave a dit qu’il attendait « une aide adéquate » de Moscou. La Yougoslavie a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France. Belgrade a aussi décidé l’expulsion immédiate des journalistes des pays « agresseurs » (une décision non valable au Monténégro). A Pristina, une expulsion s’est faite manu militari. Après le départ des journalistes, les Yougoslaves ont intensifié leurs représailles contre la population albanaise du Kosovo. Plusieurs accrochages auraient opposé, au Kosovo, l’armée yougoslave et les séparatistes de l’UCK. Des rumeurs d’arrestations et d’exécutions arbitraires de personnalités et d’intellectuels kosovars circulent (parmi lesquels l’avocat Bajram Kelmendi et ses deux fils). Certains témoins ont fait état de pillages à Pristina. Deux villages proches de la frontière albanaise, Morina et Goden, auraient été bombardés et incendiés. A Goden, 20 personnes auraient été fusillées. 30 morts à Suva Reka, 20 à Orahovac. Une « campagne de nettoyage », a déclaré le commandant suprême de l’OTAN en Europe, le général américain Wesley Clark, qui a accusé les Serbes d’avoir aussi attaqué des villages en Albanie. A Skopje (Macédoine), dans la soirée, 10 000 manifestants ont tenté d’incendier l’ambassade américaine et s’en sont pris aussi aux ambassades allemande et britannique. Deux soldats ont été blessés dans leurs voitures que la foule avait encerclées. Les frappes occidentales ont réveillé les ardeurs sécessionnistes du président monténégrin, Milo Djukanovic. A Belgrade, le vice-Premier ministre serbe, Vojislav Seselj, appelait les Serbes du monde entier à la mobilisation contre les forces de l’OTAN. Dans la soirée toujours, mais à l’ONU, la Russie a fait circuler un projet de résolution par lequel le Conseil de sécurité demanderait l’arrêt immédiat des frappes.
nuit du jeudi 25 au vendredi 26 mars
Après une première phase visant la défense antiaérienne sur toute la Yougoslavie, la phase 2 a été entamée à partir de 20 heures par l’OTAN : attaquer les concentrations de troupes et de matériel au sud du 44e parallèle afin de stopper l’offensive serbe au Kosovo.
vendredi 26 mars
Une troisième vague, associant missiles et bombardiers, a été lancée dans l’après-midi. Avec, aussi, pour objectif de prolonger la phase 1, puisque la périphérie de Belgrade est concernée. Selon la télévision serbe bosniaque, un avion de l’OTAN se serait écrasé à 17 h 20, près de Donja Trnova, dans le nord-est de la Bosnie serbe. Peu après, l’OTAN annonçait que deux MiG-29 serbes venaient d’être abattus et leurs pilotes capturés, près de Teocak, en Bosnie. Premier allié de Belgrade, Moscou a échoué au Conseil de sécurité : sa résolution réclamant « l’arrêt immédiat » des frappes a été repoussée, ne recueillant que 3 voix sur 15. Deux ministres ukrainiens (Affaires étrangères et Défense) se sont rendus à Belgrade pour discuter avec Milosevic d’une issue politique de la crise. En Macédoine, craignant de nouveaux actes de représailles, les Etats-Unis ont décidé de retirer leur personnel diplomatique non essentiel. Un leader syndicaliste kosovar, Agim Ajrizi, président de l’Assemblée des syndicats du Kosovo, aurait été exécuté, avec son fils et sa mère, à Mitrovica.
samedi 27 mars
En fin de journée, l’OTAN, avec l’accord de tous les gouvernements alliés, a décidé de franchir une nouvelle étape dans ses opérations militaires en s’attaquant directement aux forces de l’armée serbe dans le sud du pays. Une escalade motivée par les massacres d’Albanais commis ces jours derniers au Kosovo. 244 Kosovars se sont réfugiés en Albanie. Selon plusieurs ministres occidentaux, les Serbes se livrent réellement à un génocide au Kosovo. Dans la soirée, les frappes ont repris pour la quatrième nuit consécutive. Des milliers d’opposants aux frappes de l’OTAN ont manifesté dans plusieurs villes d’Europe.
nuit du samedi 27 au dimanche 28 mars
Poursuite des frappes aériennes. Depuis le début de l’opération, plus d’une centaines d’objectifs ont été visés. Pour la première fois, un avion de l’OTAN, un chasseur furtif américain F-117A Nighthawk, a été abattu par les Serbes et s’est écrasé à l’ouest de Belgrade. Le pilote a pu être récupéré par les équipes de sauvetage spécialisées.
dimanche 28 mars
Alors que Milosevic reste intraitable, le porte-parole de l’OTAN, Jamie Sheah, a dénoncé le risque d’« une catastrophe humanitaire » au Kosovo. Bien que 500 000 habitants de la province aient été déplacés depuis le début du conflit, les frappes occidentales n’ont pu empêcher un nouvel exode forcé des Albanais. Selon les autorités de Tirana et les responsables du HCR, 50 000 Kosovars ont été repoussés, sous la contrainte, vers la frontière albanaise. Macédoine et Monténégro continuent, eux aussi, de recevoir des réfugiés qui fuient le Kosovo depuis le milieu de la semaine. 30 000 nouveaux réfugiés, encadrés des forces serbes, marchaient dans la soirée vers le Monténégro, fuyant la ville de Pec en feu. En l’absence de témoins, les autorités albanaises de Tirana accusent les Serbes de multiplier les massacres. Ils auraient fait plusieurs dizaines ou centaines de victimes (une unité spéciale de la police serbe a notamment massacré 19 Albanais, dont 7 femmes et 7 enfants, dans le village de Podujevo, tandis qu’au moins 93 autres, en majorité des hommes âgés, ont été tués par la police et les forces spéciales serbes à Izbica). Le leader modéré kosovar Ibrahim Rugova a vu sa maison brûlée et serait contraint de se cacher. Quatre autres personnalités albanaises auraient également été assassinées à Pristina. Tirana et l’UCK réclament un déploiement terrestre de l’OTAN au Kosovo, une idée qui continue d’être officiellement écartée par les Occidentaux. A Belgrade, sous les bombes, 10 000 jeunes se sont rassemblés pour un concert rock anti-américain.
nuit du dimanche 28 au lundi 29 mars
L’OTAN tente de stopper la police, les forces paramilitaires et l’armée serbes qui sont devenues ses cibles privilégiées au Kosovo. Le QG de la police spéciale de Pristina a été détruit par les bombardements. L’OTAN affirme aussi que la moitié des MiG-29 de l’aviation yougoslave sont hors de combat.
lundi 29 mars
Les Serbes poursuivent leur nettoyage ethnique du Kosovo. Le quart des Kosovars aurait déjà fui, malgré les appels de l’UCK : 100 000 vers l’Albanie, 40 000 au Monténégro et 15 000 en Macédoine. A Pec, la police serbe a ordonné aux Albanais de quitter la ville sous peine d’« être massacrés ». Aux frontières, les Serbes confisquent les cartes d'identité et les passeports, ce qui équivaut à rendre très difficile leur retour éventuel en Yougoslavie. Il semble que des combats aient lieu entre l’armée serbe et l’UCK.
mardi 30 mars
Après six heures d’entretien avec Milosevic, à Belgrade, le Premier ministre russe, Evguéni Primakov (accompagné du ministre russe de la Défense, Sergueïev, du chef des renseignements extérieurs et du chef du GRU), n’a pu que présenter des propositions limitées à l’OTAN (reprise des négociations en échange d’un arrêt des bombardements) : l’Organisation atlantique a refusé cette médiation. La mission Primakov n’apporte pas « une base pour une solution politique ». Nouvelle journée de massacres et d’expulsions forcées au Kosovo. L’arrivée massive de réfugiés déstabilise les pays d’accueil (Albanie, Monténégro et Macédoine) qui appellent l’Europe à l’aide. Le porte-parole de l’OTAN, Jamie Shea, affirme que ce « nettoyage ethnique » avait été « planifié à l’avance » par Milosevic. Six localités ont été délibérément incendiées par les forces serbes pour forcer leurs habitants à fuir ou les empêcher d’y revenir : Pristina, Srbica, Dobri Do, Orahovac, Dakovica et Brestovac.
nuit du mardi 30 au mercredi 31 mars
Les bombardements se sont poursuivis pour la septième nuit consécutive, notamment à la périphérie de Belgrade
mercredi 31 mars
Après l’échec de la médiation russe, l’OTAN a décidé de renforcer son armada aérienne qui compte désormais 430 avions de combat. Français et Britanniques ont reconnu les difficultés rencontrées par leurs pilotes à cause du mauvais temps. Des diplomates reconnaissent que le potentiel militaire serbe, très mobile, n’a pas été sérieusement atteint. Une dizaine de chars seulement, sur les 300 engins déployés au Kosovo, auraient été détruits. Les soldats serbes dispersent leurs blindés au milieu des villes ou au sein des convois de réfugiés. Pendant ce temps, le désastre humanitaire se poursuit au Kosovo : les réfugiés continuent à affluer par milliers en Macédoine, au Monténégro et en Albanie. Selon le ministre allemand de la Défense, Rudolf Scharping, il existerait « des camps de concentration dans certains endroits » de la province. L’Alliance accuse également les Serbes de tirer à l’arme lourde sur les réfugiés. Après la Russie, le Vatican tente une démarche auprès de Milosevic : le chef de la diplomatie du pape, Mgr Jean-Louis Tauran, va lui proposer une « trêve pascale ». Washington, déjà, s’y refuse, sauf si Belgrade arrête son « nettoyage ethnique » au Kosovo. L’ancien Premier ministre russe, Igor Gaidar, a été reçu à son tour, à son arrivée de Belgrade. Moscou vient de décider de déployer plusieurs bâtiments de la flotte de la mer Noire dans l’Adriatique, « afin d’évaluer la situation ».
Le chef de guerre serbe Arkan, considéré comme un héros national, a été inculpé de crimes de guerre par le TPI pour ses actions durant la guerre de Bosnie.
nuit du mercredi 31 mars au jeudi 1er avril
Les avions de l’OTAN ont frappé dans l’ouest (Pec) et le centre (Srbica) du Kosovo. En raison de ces bombardements qui durent depuis neuf jours, l’approvisionnement des forces serbes en carburant commence à poser de sérieux problèmes car ses stocks ont été touchés. Elle réquisitionne déjà du gazole. Ajoutée à la détérioration des infrastructures routières et ferroviaires, cette pénurie devrait ralentir sensiblement ses opérations au Kosovo.
jeudi 1er avril
Portés disparus la veille dans la région de Kumanovo, en Macédoine, trois militaires américains sont apparus dans la matinée sur les écrans de la télévision yougoslave, le visage tuméfié. Ils ont été pris par les forces serbes. Belgrade prétend que leur capture a eu lieu sur le territoire yougoslave, ce que démentent les responsables de l’OTAN. La Macédoine et la Serbie n’ont toujours pas décidé le tracé de leur frontière depuis l’indépendance de la Macédoine... Belgrade a annoncé que les trois militaires américains seraient traduits devant une cour militaire, le 2 avril, au Kosovo. Cette capture provoque un certain flottement dans les sphères de l’OTAN. Le général Wesley Clark a ainsi implicitement évoqué la possibilité d’un déploiement de troupes au sol ; mais le secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana, s’y est opposé. Dans la matinée, les avions de l’OTAN ont détruit un pont sur le Danube, à Novi Sad. La ville est privée d’eau, les explosions ayant touché le système d’adduction. Une surprise est venue de Belgrade, où Milosevic a rencontré le « président » des Kosovars Ibrahim Rugova. Les deux hommes ont appelé à l’arrêt des bombardements et se sont mis d’accord sur un règlement politique. L’état-major de l’OTAN doute de la liberté de parole laissée à Rugova, qui ne serait qu’un prisonnier. D’autre part, le président russe Boris Eltsine a appelé les ministres des Affaires étrangères du « G8 » à se réunir d’urgence pour « régler le conflit du Kosovo autour d’une table de négociation ». Milosevic a limogé huit généraux à la tête de la 2e armée (dont le général monténégrin Radosav Martinovic remplacé par un Serbe acquis au régime de Belgrade, le général Obradovic), couvrant le Monténégro. Cette décision, opérée à l’insu du président monténégrin Djukanovic, inquiète les dirigeants réformateurs du pays ; ils craignent la tentative d’un putsch proserbe.
nuit du jeudi 1er au vendredi 2 avril
Poursuite des frappes aériennes
vendredi 2 avril
Selon le HCR, 190 000 Kosovars (un dixième de la population) auraient été pris la fuite depuis le début des bombardements de l’OTAN. L’Albanie et la Macédoine n’arrivent plus à contrôler la masse des réfugiés. Les frappes se sont poursuivies malgré une mauvaise météo. Le président américain a assuré dans la soirée qu’il « croyait encore » à une réussite de l’opération sans intervention terrestre. « Nous sommes désormais confrontés à une crise dans toute la région et plus seulement interne à la Yougoslavie », a déclaré Jamie Shea. Le risque d’escalade a encore augmenté avec la demande de Milosevic d’une aide militaire à la Russie afin « défendre plus facilement » la Yougoslavie contre les attaques de l’OTAN. L’octroi de cette aide « est possible et dépend de la situation », a affirmé le chef d’état-major de l’armée russe, Anatoli Kvachnine. Le départ d’un navire russe pour l’Adriatique a provoqué une mise en garde de l’OTAN. L’Organisation atlantique s’est déclarée « très inquiète » en raison d’un possible mutsch militaire au Monténégro. Selon plusieurs témoignages, l’UCK organise la résistance en enrôlant les hommes qui s’enfuient et en recrutant les jeunes volontaires de la diaspora. Le responsable politique des séparatistes albanais, Hashim Thaci, a annoncé la composition d’un nouveau gouvernement dont les principaux postes ont été attribués à des membres de l’UCK, selon la télévision albanaise. A Belgrade, le tribunal de commerce a ordonné l’arrêt des programmes par satellite de la radio indépendante B92 et fermé ses locaux à Belgrade. Son directeur a été limogé et remplacé par un proche de Milosevic.
nuit du vendredi 2 au samedi 3 avril
Peu avant une heure du matin, l’OTAN a bombardé le centre de Belgrade. Les ministères de l’Intérieur de Yougoslavie et le quartier général de la police de Serbie, situés rue Kneza Milosa, ont été détruits par des missiles. L’aviation de l’OTAN a en outre bombardé peu après minuit trois localités sur les versants du mont Fruska Gora situé à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Belgrade, a rapporté la télévision serbe RTS.
samedi 3 avril
Avec les bombardements de la nuit, la peur s’est emparée des habitants de Belgrade : dès l’aube, des files de plusieurs centaines de mètres se sont formées devant les commissariats de police, qui ont commencé à vendre des bons d’essence, rationnée à 40 litres par mois pour chaque propriétaire de véhicule. Les 19 ambassadeurs de l’OTAN ont affirmé que la Yougoslavie doit « accepter des dispositions » permettant le retour « en sécurité » au Kosovo de « tous les réfugiés », sous « la protection d’une force internationale de sécurité ». Parallèlement à ses frappes, l’Organisation occidentale va mettre en place des opérations d’aide aux réfugiés en Albanie et en Macédoine. Dans la soirée, l’OTAN a détruit deux ponts sur le Danube dans le nord de la Serbie, l’un à Novi Sad, l’autre à Backa Palanka. Selon l’agence Tanjug, ces bombardements auraient fait au moins sept blessés.
nuit du samedi 3 au dimanche 4 avril
Poursuite des frappes aériennes. Des dépôts de carburants ont été détruits, ainsi que le quartier général de la 1re armée yougoslave. Quelques dizaines de personnes auraient été tuées lors de ces nouvelles frappes.
dimanche 4 avril
Selon un nouveau décompte, au moins 350 000 personnes ont fui le Kosovo depuis le 24 mars, dont 204 000 en Albanie et 155 000 en Macédoine. L’OTAN a décidé d’organiser le départ de 100 000 réfugiés kosovars les pays occidentaux tout en augmentant la pression sur le régime serbe. Les Américains envoient de nouveaux bombardiers sur leurs bases en Allemagne et en Italie. Et le président Clinton a donné son feu vert au déploiement d’hélicoptères d’attaque Apache, considérés comme des appareils d’appui de troupes au sol.
nuit du dimanche 4 au lundi 5 avril
Avec une météo enfin favorable, les frappes sur Belgrade se sont poursuivies : le commandement de l’Armée de l’air et de la défense antiaérienne yougoslave et une caserne du faubourg de Zemun ont été visés. Plusieurs autres cibles militaires ont été touchées dans le quartier de Zvesdara, affirment de leur côté, les autorités yougoslaves. Les abords de l’aéroport ont également été visés. 27 cibles, au total, auraient été visées : des dépôts de carburant et de munitions, des ponts, des avions MiG au sol, des sites de défense antiaérienne ; une usine chimique et une mine ont également été touchées. Les régions de Niš et Raska ont été particulièrement visées et les bombardements ont continué à Pristina.
lundi 5 avril
Des trains remplis de réfugiés sont encore arrivés dans la matinée à Blace, à la frontière kosovo-macédonienne. Surveillés étroitement par les forces spéciales macédoniennes, ils luttent pour survivre dans la dignité. Par ailleurs, les premiers réfugiés kosovars ont quitté la Macédoine pour la Turquie et la Norvège. Ces évacuations ont été faites par la force, des familles ont été séparées. Pour la deuxième fois, Ibrahim Rugova est apparu à la télévision : il s’est entretenu, dans sa maison de Pristina et en présence de journalistes, avec l’ambassadeur de Russie à Belgrade, Iouri Kotov, et avec le vice-Premier ministre yougoslave Sainovic. Rugova a demandé de pouvoir partir à l’étranger.
nuit du lundi 5 au mardi 6 avril
Poursuite des frappes aériennes. Pour la première fois, l’OTAN a reconnu une erreur de tir : une bombe aurait raté sa cible et tué une douzaine d’habitants d’Aleksinac (sud de Belgrade).
mardi 6 avril
Un communiqué de la présidence yougoslave a annoncé un « cessez-le-feu unilatéral », pour le soir même, « de toutes les forces serbes engagées contre l’UCK » Les autorités serbes proposent à Rugova de travailler à un « accord provisoire ». Dans la soirée, la Maison-Blanche, aussitôt suivie par Londres, Paris et Bonn, a refusé cette « première offre de paix bidon ». Dans l’après-midi, une première attaque aérienne a été menée au Kosovo par des avions anglais et français contre un convoi de blindés serbes ; elle a été « partiellement réussie ». Jamie Shea, porte-parole de l’OTAN, estime entre 10 000 et 100 000 le nombre de personnes disparues, pour la plupart de jeunes hommes. L’UCK a publié dans la soirée une liste de 178 civils fusillés. Plusieurs milliers de réfugiés kosovars ont été expulsés de force de Macédoine vers la Turquie tandis que les efforts humanitaires se multiplient pour venir en aide aux centaines de milliers de déportés.
nuit du mardi 6 au mercredi 7 avril
L’OTAN a poursuivi ses attaques, en particulier contre des chars. Ces frappes intensives n’ont pas épargné la capitale du Monténégro, Podgorica. De nouveaux bombardements ont touché Pristina. En Macédoine, le camp improvisé de Blace a été entièrement vidés de ses réfugiés, 20 000 déportés transférés « vers des camps de transit établis par l’OTAN à l’intérieur du territoire macédonien ».
mercredi 7 avril
Les Serbes ont fermé tôt dans la matinée la frontière avec l’Albanie. Les derniers déportés ont fait état de dizaines de milliers de personnes attendant de passer la frontière. L’Union européenne a signé un chèque de 1,6 milliard de francs d’aide humanitaire.
nuit du mercredi 7 au jeudi 8 avril
Pristina a été touchée par de nouveaux bombardements aériens.
jeudi 8 avril
« Nous envisageons une opération plus collée au terrain pour affaiblir l’appareil de répression militaire ou policier de Milosevic », a déclaré Javier Solana. La Serbie semble, de son côté, préparer un mauvais coup au Monténégro : le nouveau général de la 2e armée, Milorad Obradovic, a exigé la mobilisation des Monténégrins en âge de combattre et que la police de la province soit placée sous l’autorité de son armée. Non seulement, le président Djukanovic a refusé, mais il a aussitôt procédé à la mobilisation de toutes les forces de police disponibles (environ 15 000 hommes), disposée aux abords des principales institutions et des bâtiments publics. Des unités de l’armée yougoslave se sont déployées un peu partout dans Podgorica, et à la périphérie. Un soldat macédonien a été tué, près de Blace, à la frontière entre la Macédoine et le Kosovo. Dans la soirée, à Belgrade, 5 000 personnes se sont rassemblées sur deux ponts, l’un sur la Save, l’autre sur le Danube, pour servir de bouclier humain.
nuit du jeudi 8 au vendredi 9 avril
Les raids de la nuit ont touché, selon l’Alliance, des dépôts de carburant et l’usine d’automobile Zastava, à Kragujevac : Belgrade a fait état de 124 blessés dans cette ville de la Serbie centrale.
vendredi 9 avril
Au bout de 18 jours de frappes de l’OTAN, l’activité diplomatique s’organise pour trouver une issue à la guerre du Kosovo. De Genève, le secrétaire général de l’ONU a appelé la Serbie au cessez-le-feu immédiat au Kosovo, à un retrait des troupes serbes et au « déploiement d’une force militaire internationale ». Pristina a été touchée par des tirs aériens vers midi. Selon l’OTAN, des renforts serbes sont arrivés dans le nord du Kosovo. Par ailleurs, l’armée yougoslave a accusé l’Albanie d’une « tentative d’agression » : une « attaque d’artillerie » contre ses gardes-frontières, avec une « tentative d’incursion (au Kosovo) d’un important groupe terroriste armé » depuis l’Albanie. Des obus de mortier sont tombés, dans la matinée, du côté albanais. On a aussi tiré à l’arme légère dans le secteur. Une unité spéciale Delta de l’UCK (environ 135 soldats) a réussi à s’emparer de la garnison frontalière yougoslave de Košare (défendue par 200 hommes), établissant des lignes de ravitaillement au Kosovo. Les combats dans les environs de Košare auraient fait 4 morts dans les rangs de l’UCK et 23 du côté yougoslave. Quand à la Macédoine, elle a demandé des garanties à l’OTAN, qui a aussitôt menacé Belgrade de représailles en cas d’attaque contre le territoire macédonien. La véritable menace est venue de Russie : dans la matinée, le président de la Douma affirmait que le président Eltsine avait donné l’ordre de pointer des missiles sur « les pays en guerre contre la Yougoslavie », ce qui a été démentie rapidement par le chef d’état-major des forces stratégiques russes. Dans l’après-midi, Boris Eltsine a menacé d’intervenir militairement « si les Américains nous y poussent ». A Belgrade, le président du Parlement chypriote, Spyros Kaprianou n’a pas obtenu la libération des trois soldats américains prisonniers des Serbes.
samedi 10 avril
Les raids aériens se sont poursuivis toute la journée, malgré la mauvaise météo. Dans l’après-midi, l’aéroport de Slatina, près de Pristina, a été touché par plusieurs missiles, selon des sources militaires yougoslaves Un émetteur de la télévision serbe a également été détruit. Au total, environ 150 objectifs ont été atteints depuis le début de la guerre le 24 mars, a précisé un porte-parole de l’OTAN. Les Etats-Unis ont annoncé le déploiement de 82 avions supplémentaires. Parallèlement, les pays occidentaux ont multiplié les contacts destinés à impliquer davantage la Russie dans un règlement du conflit. Les réfugiés kosovars sont moins nombreux à franchir la frontière yougoslave, mais le sort des personnes (200 000 ?) se terrant dans la province, privées de tout, est de plus en plus inquiétant.
nuit du samedi 10 au dimanche 11 avril
L’OTAN a poursuivi ses frappes ; il y a eu une quarantaine d’explosions dans la région de Pristina. Les Serbes font état de six morts. Alors qu’aucune activité militaire n’a été signalée à Belgrade, quelque 2,5 millions de tracts ont par contre été largués sur la capitale yougoslave : ils présentent les conditions de l’OTAN pour un cessez-le-feu.
dimanche 11 avril
Alors que l’Alliance atlantique poursuit des frappes, Londres a évoqué la présence d’un commando de 80 hommes au Kosovo. Le Conseil permanent de l’OTAN a approuvé l’envoi en Albanie de 8 000 militaires chargés d’une mission humanitaire. Par ailleurs, Slavko Curuvija, propriétaire du quotidien indépendant Dnevni Telegraf, a été tué par balles devant chez lui à Belgrade. Sa femme a été blessée.
lundi 12 avril
Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’OTAN réunis à Bruxelles ont adopté une déclaration des plus fermes à l’égard du président yougoslave Milosevic. Mais, après trois semaines de frappes, le refus de Belgrade de reconnaître son isolement n’a pas faibli. Les frappes continuent donc : 6 000 sorties depuis le 24 mars. Les dernières ont visé une raffinerie, à Pancevo, une usine automobile à Kragujevac, et Pristina. A 11 h 40, un train de voyageurs a été pris dans le bombardement d’un pont franchissant la rivière Juzna Moravan (gorge de Grdelica), à 300 kilomètres au sud de Belgrade : 14 passagers, dont des enfants et une femme enceinte, ont été tués, et 16 civils blessés. Les combats, eux, ne cessent pas au Kosovo. Les Serbes affirment avoir « liquidé » 150 soldats de l’UCK près de la frontière albanaise. De nombreux témoignages font état de 700 000 Kosovars albanais en danger de mort et de famine à l’intérieur du pays. Par ailleurs, selon le témoignage d’une journaliste allemande, Rugova est effectivement l’otage de Belgrade, qui multiplie les intimidations. D’autre part, le Parlement yougoslave a demandé l’entrée du pays dans l’Union entre la Russie et le Bélarus.
mardi 13 avril
L’état-major de l’OTAN a annoncé le renforcement de la flotte aérienne de l’Alliance. Les frappes ont continué à viser raffineries, dépôts de carburants, ponts. Les abords de Pristina ont subi une grande partie des assauts aériens. L’OTAN affirme avoir anéanti la totalité des capacités des raffineries yougoslaves. D’autre part, les forces yougoslaves ont, pour la première fois, fait une incursion en Albanie, occupant le village de Kameniça une partie de la journée et faisant deux victimes, et alors que l’OTAN a commencé l’installation en Albanie des 8 000 hommes de l’opération « Havre allié » destiné à sécuriser les réfugiés et les humanitaires. Les Serbes ont repris leurs expulsions de population : quelques milliers de Kosovars sont arrivés en Albanie, Monténégro et Macédoine depuis deux jours. Par ailleurs, rien de concret n’est sorti de la première rencontre, depuis le 24 mars, entre l’Américaine Madeleine Albright et le Russe Igor Ivanov : les deux parties campent sur leurs positions.
mercredi 14 avril
Croyant bombarder un convoi militaire, des F16 américains ont visé une colonne de réfugiés, faisant près de 75 morts et 26 blessés graves, à Meha (à 5 kilomètres de la frontière albanaise). Par ailleurs, un avion sans pilote de reconnaissance allemand a été abattu. D’autre part, la venue de Kofi Annan à Bruxelles, où il a participé au sommet des Quinze chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, a marqué le retour de l’ONU dans la guerre du Kosovo. Les Allemands ont présenté un plan de paix en 6 points : retrait des forces serbes du Kosovo, arrêt des combats de l’UCK, mise sur pied d’une force internationale de maintien de la paix ; mise en place au Kosovo d’organisations d’aides, retour des expulsés et réfugiés, mise en place, avec l’autorisation de l’ONU, d’une administration transitoire du Kosovo. Le président américain Clinton a demande des crédits (24 milliards de francs) au Congrès pour renouveler les munitions de l’OTAN. Sur le terrain, l’armée yougoslave a tiré deux obus sur un village albanais proche de la frontière, Vlahem. Dans une interview publiée par l’Etoile rouge, le quotidien de l’armée russe, Milosevic a lancé un appel indirect à l’aide militaire russe. D’autre part, le président bélarusse, Alexandre Loukachenko est arrivé à Belgrade.
nuit du mercredi 14 au jeudi 15 avril
Un officier serbe a été arrêté par l’UCK. Il a été remis aux autorités américaines en Albanie.
jeudi 15 avril
La frontière entre l’Albanie et le Kosovo est devenue le théâtre quotidien d’accrochages entre unités serbes ou yougoslaves et les éléments de l’UCK. Des obus de mortier sont tombés près du poste frontière de Morina. Des échanges de tir entre soldats serbes et gardes-frontières albanais ont également eu lieu à Debruna. Deux autres villages, Kolded et Derzhngev, proches de la ville de Tropoja, ont été touchés par des tirs à l’arme lourde. La peur chasse la population de cette région, dont l’UCK a fait peu à peu sa base arrière. Les autorités de Tirana ont annoncé le renforcement de leur présence militaire sur la frontière. Le ministre albanais des Affaires étrangères, Paskal Milo, estime que « l’élargissement du conflit est une tactique de Milosevic ». Le déploiement sur le sol albanais des premiers hélicoptères américains Apache a commencé. Selon le HCR, 10 000 Albanais du Kosovo se seraient présentés ce jour à trois points de passage de la frontière macédonienne. Les problèmes d’hygiène se font gravement sentir : au choléra, au typhus et à la gale déjà signalés s’ajoute maintenant une épidémie de rougeole. Par ailleurs, selon les autorités britanniques, le général Ratko Mladic, ancien responsable militaire des Serbes de Bosnie, recherché pour crimes de guerre par le TPI, a repris du service au Kosovo. Un autre criminel de guerre, « Arkan » fait la tournée des prisons serbes afin d’y recruter des « criminels durs » qui reçoivent pour mission d’aller « terroriser les gens du Kosovo ».
vendredi 16 avril
Selon le HCR, les Serbes ont rouvert les « corridors de l’horreur » : 6 000 réfugiés kosovars sont arrivés en Macédoine, dont la moitié ont été emmenés jusqu’au no man’s land par un train d’une douzaine de wagons. Le dernier recensement fiable estime à 659 000 le nombre de Kosovars contraints à l’exil depuis un an. Ces chiffres ne tiennent pas compte de ceux qui ont cherché refuge au Monténégro, ou ceux déplacés vers la Serbie. Ce qui semble pousser l’OTAN à renforcer sa mobilisation.
nuit du vendredi 16 au samedi 17 avril
Le mauvais temps a contraint l’OTAN à diminuer l’intensité de ses raids.
samedi 17 avril
Nous allons « détruire tout ce à quoi Milosevic attache du prix » s’il ne change pas de politique, a menacé le général Wesley Clark, le commandant suprême de l’OTAN en Europe, venu en Macédoine puis en Albanie pour une visite éclair. « Les bombardements aériens vont être accrus et intensifiés ». Il a aussi déclaré que l’Alliance avait des « preuves grandissantes » de l’existence de charniers au Kosovo. La présidence américaine a annoncé la décision de mobiliser 33 000 réservistes. La télévision officielle serbe a annoncé qu’un avion de l’OTAN aurait été touché au sud de Pristina et se serait écrasé près de la frontière avec la Macédoine, une information non confirmée par l’état-major de l’OTAN. A Tirana, le ministre albanais des Affaires étrangères a accusé Milosevic d’avoir « franchi une nouvelle étape du plan serbe de nettoyage ethnique » en précipitant un nouveau flot de 100 000 réfugiés kosovars vers l’Albanie. Après les villages, les Serbes vident des villes entières.
dimanche 18 avril
Sans l’avouer officiellement, l’OTAN se prépare bel et bien à la guerre terrestre contre les hommes de Milosevic, sur leur terrain, au Kosovo, et dans le reste de la Yougoslavie. Citant des sources britanniques, le journal Sunday Observer estime que cette nouvelle phase de l’intervention interviendra dans un délai de six à huit semaines. Par ailleurs, Belgrade a rompu toute relation diplomatique avec l’Albanie. Après avoir laissé le passage à 40 000 réfugiés en deux jours, les autorités yougoslaves ont de nouveau fermé les postes-frontières : des bus bondés et des trains auraient fait demi-tour pour aller on ne sait où. Nouvelle péripétie au Monténégro : les autorités militaires yougoslaves ont lancé un mandat d’amener contre le vice-Premier ministre monténégrin, Novak Kilibarda, recherché pour avoir « sapé la capacité de défense militaire de la République fédérale de Yougoslavie ». Kilibarda a refusé de répondre aux convocations. Par ailleurs, huit personnes ont trouvé la mort dans un attentat près de la ville de Rozaje (Monténégro). Plusieurs responsables monténégrins accusent les unités de l’armée yougoslave.
lundi 19 avril
Le président Bill Clinton a demandé au Congrès américain une rallonge de 37 milliards de francs afin de poursuivre l’opération au Kosovo. Alors que les frontières du Kosovo sont toujours fermées, le gouvernement allemand fait état de la disparition de 3 000 personnes dans un quartier de Pristina. Au Monténégro, l’armée yougoslave a investi trois villages au peuplement majoritairement albanais de la commune de Rozaje, sur la route qui mène à Pec, au Kosovo. L’armée et des réservistes ont chassé l’ensemble de la population civile de ces villages et six personnes au moins ont été exécutées. En réponse, le gouvernement monténégrin a immédiatement envoyé 200 hommes de la police spéciale en renfort à Rozaje.
mardi 20 avril
L’exode des Kosovars reste considérablement réduit. Un responsable de l’UCK affirme que 40 000 réfugiés dans les monts Berisha (au centre de la province) sont sous le feu de l’artillerie serbe, qui les bombarde depuis plusieurs jours. La police secrète serbe a arrêté Flora Brovina, président de la Ligue de la femme albanaise au Kosovo. Au Monténégro, la police militaire yougoslave a investi le poste frontière de Debeli Brijeg, seul point de passage entre le Monténégro et la Yougoslavie. Des pourparlers se sont engagés dans la soirée entre le président Djukanovic et le commandement de la 2e armée yougoslave. Par ailleurs, le patriarche russe, Alexis II, est arrivé à Belgrade, où il a rencontré Milosevic et apporté le soutien des Eglises orthodoxes aux Serbes Dans un discours devant plus de 10 000 fidèles, il a dénoncé « le diktat de la force brutale ».
mercredi 21 avril
L’OTAN a attaqué une cible politique symbole du régime de Milosevic en tirant des missiles contre le siège du Parti socialiste serbe (SPS) au pouvoir, Un immeuble de 23 étages qui abritait aussi, en plein Belgrade, plusieurs chaînes de radios très populaires, dont la radiotélévision Kosava, appartenant à la fille du président, Marija. L’alliance a aussi concentré ses bombardements sur le chef-lieu de la Voïvodine, Novi Sad, où le dernier pont reliant la rive droite du Danube a été détruit. La raffinerie de la ville est en feu. Belgrade accuse l’OTAN d’avoir fait de nouvelles victimes civiles. Par ailleurs, les premiers hélicoptères de combat américains « Apache » sont arrivés en Albanie. La crise se poursuit au Monténégro, où des forces yougoslaves ont même pénétré dans la péninsule de Plevlaka, zone théoriquement démilitarisée et contestée entre la Croatie et le Monténégro, une incursion énergiquement dénoncée par le gouvernement croate. La panique commence à gagner la population monténégrine qui fait massivement des réserves d’essence et de nourriture.
nuit du mercredi 21 au jeudi 22 avril
L’OTAN a touché et détruit la résidence belgradoise de Milosevic, qui aurait disposé de « capacités de commandement et de contrôle ». Ni lui ni sa famille n’étaient là. D’autres frappes aériennes ont également touché des cibles à Belgrade, à Valjvevo et à Pristina.
jeudi 22 avril
Le secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana, a autorisé le commandement militaire « à mettre à jour » ses plans pour y inclure une possible intervention terrestre, reconnaissant implicitement que les frappes aériennes ne sont pas suffisantes. L’aviation de l’OTAN est pourtant intervenue à Novi Sad (un pont sur le Danube), Kraljevo, Kursumlija et, surtout, la région de Pristina, visant notamment l’aéroport et la mine de charbon de Belacevac. 2 000 réfugiés sont encore arrivés en Macédoine ; de plus, la minorité albanaise du Monténégro a commencé, à son tour, à s’exiler vers l’Albanie, dans la crainte de possibles opérations d’élimination ethnique. Les Etats-Unis ont indiqué que 150 000 à 200 000 réfugiés devraient fuir le Kosovo « dans les prochaines semaines ». Les Parlements roumain et tchèque ont décidé de mettre l’espace aérien du pays à la disposition de l’OTAN. A Belgrade, Milosevic a reçu le représentant spécial russe, Viktor Tchernomyrdine. Le porte-parole du président yougoslave a fait savoir que la Serbie acceptait l’idée de « représentants civils de la communauté internationale », au Kosovo sous l’égide de l’ONU. Mais pas de militaires. Dans la capitale du Monténégro, Podgorica, 7 000 partisans de Milosevic ont manifesté contre l’OTAN et contre le président Djukanovic.
nuit du jeudi 22 au vendredi 23 avril
A Belgrade, l’immeuble principal de la télévision serbe RTS a été la cible des frappes aériennes de l’OTAN. Le bilan provisoire est d’au moins 15 morts, 18 blessés et une vingtaine de disparus. Dans la soirée qui avait précédé, l’OTAN avait aussi frappé trois émetteurs de la RTS sur les monts Kopaonik, Ovcar et Crni. L’aviation occidentale a aussi « entièrement détruit » le pont qui, enjambant la rivière Rasina, reliait Krusevac à l’autoroute Belgrade-Niš. Des transformateurs électriques à Belgrade ont aussi été touchés.
vendredi 23 avril
Prévu à l’origine pour fêter les 50 ans de l’organisation, le sommet de l’OTAN s’est ouvert à Washington en se focalisant sur la guerre au Kosovo. Les alliés occidentaux ont annoncé la poursuite de la campagne aérienne « aussi longtemps qu’il faudra ». Les Dix-Neuf ont décidé, par ailleurs, d’imposer un embargo pétrolier à la Yougoslavie et d’étudier la possibilité d’un blocus maritime. L’information la plus curieuse de la journée est venue de Viktor Tchernomyrdine, l’envoyé spécial russe, qui, en annonçant un assouplissement de Milosevic (acceptation d’une force d’interposition étrangère), a semé la plus grande confusion, avec force de démentis venant à la fois de Moscou et de Belgrade. Par ailleurs, l’armée serbe vient d’être accusée de crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Kosovo par la Commission des droits de l’homme de l’ONU. L’OSCE parle d’atrocités d’une ampleur inimaginable. A Skopje, capitale de la Macédoine, 3 500 Macédoniens d’origine serbe ont manifesté contre l’OTAN.
nuit du vendredi 23 au samedi 24 avril
L’OTAN a poursuivi ses frappes, avec une violente attaque contre Niš, siège de l’état-major des forces armées yougoslaves couvrant le Kosovo. L’aviation de l’OTAN a largué une vingtaine de projectiles dans le nord-ouest de la ville sur plusieurs bâtiments civils, a affirmé l’agence officielle Tanjug. Novi sad et Pristina ont également été bombardées.
samedi 24 avril
L’OTAN a frappé trois aéroports, dont celui de Niš, ainsi qu’une raffinerie à Novi Sad et des relais radio. Selon l’agence yougoslave Tanjug, un avion de l’OTAN a été abattu par la DCA serbe au nord-ouest de Pristina. Le Pentagone américain a annoncé un déploiement de chars, de véhicules blindés et de nouvelles pièces d’artillerie en Albanie. Plus de 5 000 personnes, parmi lesquels des pacifistes allemands et grecs, ont manifesté à Belgrade autour du bâtiment de la télévision serbe RTS.
dimanche 25 avril
Le sommet du cinquantenaire de l’OTAN s’est terminé dans la soirée par une démonstration d’unité des alliées dans la guerre pour le respect des droits de l’homme au Kosovo. Les bombardiers de l’Alliance atlantique ont visé une compagnie d’électricité alimentant le principal émetteur de la radiotélévision serbe, à 15 kilomètres de Belgrade. L’usine chimique de Lucani et la zone industrielle de Niš auraient subi d’importants dégâts. Mais le vent tourne-t-il à Belgrade : le vice-Premier ministre yougoslave chargé des relations internationales, Vuk Draskovic, affirmant parler « au nom du gouvernement », a appelé Milosevic à faire cesser les bombardements de l’OTAN en acceptant de coopérer avec la Communauté internationale. Par ailleurs, l’armée yougoslave a engagé une offensive contre la presse monténégrine, dont certains titres, comme le Monitor, ont dénoncé les exactions de l’armée au Kosovo. Le secrétaire à l’Information de la République, Bozidar Jaredic, a exprimé son soutien au titre menacé.
lundi 26 avril
Vuk Draskovic a repris ses déclarations de la veille, estimant que Belgrade doit faire preuve de courage et « aller vers un compromis ; nous ne pouvons défaire l’OTAN… ». Il a aussi accusé la télévision serbe de « cacher la vérité » et insisté sur la nécessité d’enquêter, dès la fin de la guerre, sur les crimes qui ont pu être commis au Kosovo… autant de propos en décalage avec l’attitude et le discours officiels. Pourtant, à la veille de sa fête nationale, l’armée yougoslave a transmis un message à Milosevic, l’assurant de sa détermination à poursuivre la guerre contre l’OTAN « jusqu’à la victoire finale ». L’armée yougoslave a envoyé, sans y être invitée, le « secours » de la Serbie au Monténégro. Le HCR affirme que des femmes et des enfants sont retenus sur un site stratégique à Prizren afin de dissuader l’OTAN d’attaquer cette cible. Réunis à Luxembourg, les ministres Affaires étrangères de l’Union européenne ont renforcé une série de sanctions prises contre Belgrade l’an passé : interdiction de visas pour tous les membres du gouvernement serbe et leur famille, ainsi que pour les hommes d’affaires yougoslaves. La Russie a fait savoir qu’elle refuserait d’appliquer l’embargo sur le pétrole à destination de la Yougoslavie. D’autre part, la Macédoine a accueilli son plus important flot de réfugiés depuis une semaine (3 500) ; selon le HCR, les camps actuels sont bondés. Un incident s’est produit dans la soirée en Macédoine : deux grenades ont été lancées contre un poste militaire français. Par ailleurs, le grand quotidien des Albanais du Kosovo, Koha Ditore, est reparu en Macédoine ; il restera gratuit pendant deux mois et sera financé par la France à 60 %.
nuit du lundi 26 au mardi 27 avril
Poursuite des frappes aériennes de l’OTAN.
mardi 27 avril
A l’occasion de la fête nationale yougoslave, Boris Eltsine a adressé un télégramme de soutien à Slobodan Milosevic. Dans la soirée, lors du bombardement d’une caserne à Surdulica, un missile de l’OTAN a raté sa cible et touché une zone résidentielle, faisant 20 morts selon la télévision serbe.
nuit du mardi 27 au mercredi 28 avril
L’OTAN a poursuivi ses frappes : Belgrade a été touchée.
mercredi 28 avril
Le président du gouvernement fédéral, Momir Bulatovic, a démis Vuk Draskovic de ses fonctions, « en raison de ses interventions publiques contraires aux positions du gouvernement et pour atteinte au prestige du gouvernement ». Les trois ministres du cabinet Bulatovic appartenant au parti de Draskovic, le SPO, ont aussitôt remis leur démission. Draskovic, qui contrôle la chaîne de télévision Studio B, craint que Milosevic cherche à museler celle-ci. Dans cette éventualité, il a déjà prévenu qu’il appellera les siens à manifester contre le président yougoslave qui « ment au peuple ». Au sud de Belgrade, la tour de télévision du mont Avala a été détruite par un bombardement. Pour la cinquième fois depuis le début des opérations aériennes, l’OTAN a admis avoir tué des civils par erreur la veille. Par ailleurs, un missile de l’OTAN a raté sa cible en Serbie et est tombé sur une maison de Sofia, en Bulgarie, sans faire de victime.
jeudi 29 avril
Le chef d’état-major des armées françaises, le général Kelche, a annoncé que l’OTAN allait « mettre le couvercle » sur la Yougoslavie afin que les forces serbes « ne puissent plus bouger ». C’est-à-dire que la nouvelle méthode de l’alliance va se traduire par une permanence de ses appareils, 24 heures sur 24, au-dessus de la Yougoslavie, empêchant ainsi les avions et les hélicoptères serbes de décoller, même pour des « sauts de puce » comme c’est encore le cas. Washington a aussi annoncé peu après l’envoi de dix « Stratofortress » supplémentaires en Europe pour intensifier les bombardements. Par ailleurs, le volet diplomatique russe de Tchernomyrdine a repris sur de nouvelles bases. De son côté Kofi Annan s’est rendu à Moscou, prouvant ainsi que la diplomatie redouble d’intensité.
vendredi 30 avril
Le Pentagone a indiqué que pour la première fois depuis le début de la campagne une bombe de 2 500 kilos a été larguée lors d’un raid sur l’aéroport de Slatina, près de Pristina. Cette bombe a permis de détruire ce qui restait d’avions ou de munitions à l’intérieur. En fin d’après-midi, le village monténégrin de Murino a été touché par des bombes : quatre civils ont été tués. A Belgrade, les raids de l’OTAN ont frappé l’état-major de l’armée yougoslave et le ministère fédéral de l’Intérieur.
nuit du vendredi 30 avril au samedi 1er mai
L’OTAN a mené des frappes dans les environs de Belgrade ainsi que sur cinq autres villes de Serbie, sans faire de blessé selon les agences yougoslaves.
samedi 1er mai
Plus de 40 personnes auraient trouvé la mort dans le bombardement qui a touché un bus traversant un pont à Luzane, au nord de Pristina. 5 civils ont également été tués et 23 autres blessés par l’explosion de quatre missiles de l’OTAN sur la banlieue de Prizren, selon une source de la police serbe. Par ailleurs, en milieu de journée, l’aviation de l’OTAN avait mené un nouveau raid sur l’aéroport de Slatina, près de Pristina. Dans la soirée, le président Milosevic a promis au révérend américain Jesse Jackson de libérer les trois soldats américains capturés par les Serbes le 31 mars. A Washington, le président Clinton a décrété l’embargo commercial contre la Serbie.
dimanche 2 mai
Les trois soldats américains ont été libérés par les Serbes. Ils ont quitté Belgrade pour la Croatie, puis l’Allemagne. Le pasteur Jesse Jackson a quitté la Yougoslavie avec, en poche, une lettre de Milosevic destinée à Bill Clinton. Le président yougoslave y formule quatre propositions. Pour l’OTAN, cette libération ne change pas la détermination des Occidentaux de poursuivre l’opération. Quatre ou cinq projectiles de l’OTAN se sont abattus à l’aube sur le siège de la police serbe à Kosovska Mitrovica, au Kosovo. Par ailleurs, l’Alliance a perdu un nouvel appareil, un F-16, victime d’une panne selon l’OTAN, qui s’est écrasé dans l’ouest de la Serbie. Le pilote a pu être récupéré.
nuit du dimanche 2 au lundi 3 mai
L’OTAN a intensifié la guerre « psychologique » contre la population yougoslave en larguant, pour la première fois, des projectiles d’un genre particulier. Des bombes au graphite qui provoquent des courts-circuits généralisés, sans détruire les installations. Toute la Serbie a été privée de courant dès 21 h 45.
lundi 3 mai
Une nouvelle fois, les Serbes ont accusé les bombardements de l’OTAN d’avoir fait des victimes civiles : il y aurait eu au moins 17 morts et une vingtaine de blessés dans la destruction d’un autobus et de deux voitures aux environs de Pec, au Kosovo. L’émissaire russe, Victor Tchernomyrdine, est arrivé dans la soirée à Washington pour présenter des « propositions concrètes » du Kremlin pour un règlement de la crise yougoslave.
mardi 4 mai
Le gouvernement croate a refusé de répondre à une « demande urgente d’approvisionnement électrique » qui lui était présentée par le gouvernement yougoslave. Par ailleurs, la Bulgarie est le dernier pays voisin de la Yougoslavie à ouvrir son espace aérien à l’OTAN. Mais, pour la première fois, le président américain Clinton a admis le principe d’une pause dans les bombardements.
nuit du mardi 4 au mercredi 5 mai
Les frappes de l’OTAN ont touché le centre de la Serbie.
mercredi 5 mai
En visite aux soldats américains, en Allemagne, le président Bill Clinton a redit la détermination de Washington à aller jusqu’au bout pour faire céder Milosevic : « pas de quartier ». L’OTAN a singulièrement intensifié sa présence autour de la Yougoslavie ces jours-ci. Du point de vue humanitaire, la Macédoine a décidé de fermer ses frontières avec le Kosovo. Les Alliés ont perdu leurs premiers hommes : deux pilotes américains d’un hélicoptère Apache, qui s’est écrasé accidentellement en Albanie.
jeudi 6 mai
Réunis à Bonn, les ministres des Affaires étrangères du G8 (dont la Russie) ont trouvé un langage commun et décidé de préparer une résolution concernant la guerre au Kosovo, qui sera soumise au Conseil de sécurité de l’ONU. L’accord prévoit notamment l’arrêt « immédiat et vérifiable » des violences au Kosovo, le retrait des forces serbes, la mise en place d’une administration provisoire « décidée » par l’ONU, le retour des réfugiés et l’accès des humanitaires ainsi que le lancement d’un « processus politique » basé sur les accords de Rambouillet. Au même moment, Milosevic se prononçait lui aussi pour la relance d’un « processus politique » permettant de déboucher sur un « accord équitable » pour le Kosovo De son côté, Ibrahim Rugova, présent à Rome depuis la veille, a expliqué qu’il venait rencontrer ses collaborateurs pour reconstruire l’avenir du Kosovo ; il a également été reçu par plusieurs personnalités politiques italiennes. Fehmi Agani, proche conseiller de Rugova, est mort alors qu’il se trouvait en garde-à-vue dans un poste de police serbe. Dans la soirée, la destruction d’un pont près de la frontière roumaine a coupé la liaison ferroviaire Belgrade-Bucarest, selon l’agence Tanjung.
vendredi 7 mai
Le représentant yougoslave à l’ONU, Vladislav Jovanovic, a affirmé que son pays était toujours « opposé à toute présence militaire étrangère au Kosovo ». L’OTAN ne relâche pas sa pression militaire. Les avions de l’Alliance ont bombardé en fin de matinée le centre de Niš (15 morts et 70 blessés). Par ailleurs, l’ancien Premier ministre suédois Carl Bildt et le ministre slovaque des Affaires étrangères Eduard Kukan ont été nommés émissaires de l’ONU dans les Balkans.
nuit du vendredi 7 au samedi 8 mai
Peu avant minuit, l’ambassade de Chine a été touchée par les bombardements qui ont frappé Belgrade. Trois personnes ont été tuées et une vingtaine blessées. L’hôtel Jugoslavija, tout proche, est également en feu. L’OTAN a aussi frappé une résidence de Milosevic.
samedi 8 mai
Pékin et Moscou ont lancé éclaté leur colère et demandé « l’arrêt immédiat des frappes de l’OTAN ». L’Alliance « poursuivra » néanmoins ses opérations, a assuré le porte-parole de l’OTAN, qui a parlé d’une « très regrettable erreur ». Les bombardements se sont poursuivis, notamment sur Niš, où un immeuble abritant le consulat de Grèce aurait été touché selon l’agence officielle yougoslave. Sur le front humanitaire, plus de 8 000 réfugiés kosovars sont arrivés en Albanie.
dimanche 9 mai
5 000 réfugiés kosovars ont encore afflué dans le nord de l’Albanie. En Macédoine, le flot s’est tari depuis la fermeture de la frontière par les autorités locales. A Belgrade, Serbes et Chinois ont protesté ensemble contre le bombardement de l’ambassade de Chine par l’OTAN.
lundi 10 mai
Le commandement suprême yougoslave a publié un communiqué affirmant qu’ « une partie des unités de l’armée et de la police » ont commencé à quitter le Kosovo » la veille au soir, « étant donné que les opérations contre la prétendue Armée de libération du Kosovo sont terminées ». Washington a déclaré qu’un retrait partiel n’est qu’une « demi-mesure » qui ne satisfait pas aux cinq conditions posées par l’OTAN. A Genève, le HCR a fait une nouvelle fois ses comptes : la moitié de la population albanaise du Kosovo a été contrainte à l’exil. Il y a désormais 900 000 Kosovars réfugiés hors des frontières de la province serbe. Par ailleurs, les premiers transferts de réfugiés de Macédoine (une centaine à peine, faute de volontaires) vers l’Albanie ont eu lieu.
nuit du lundi 10 au mardi 11 mai
Les sorties aériennes de l’OTAN ont doublé par rapport à la veille (623 contre un peu plus de 300). Les avions ont frappé des aéroports à Sjenica et à Ponikve, des casernes à Pancevo et près de Belgrade, le siège de la police spéciale à Valjevo, des relais de radio et de télévision à Sabac, Sjenica, Ivanjicka, Urosevac, Subotica, des ponts autoroutiers et de chemin de fer, des dépôts de munitions et de carburant… Des raids ont également été menés contre des troupes au sol au Kosovo.
mardi 11 mai
Le retrait de quelques chars n’a pas assez convaincu l’OTAN de la réalité de la manœuvre pour mettre un terme aux frappes aériennes. L’OSCE témoigne, au contraire, de la poursuite du « nettoyage ethnique » dans la région de Pec et affirme que les forces spéciales de l’armée yougoslave mènent toujours des « opérations très intenses » à la frontière albanaise. Sur le front diplomatique, la Russie a échoué dans ses efforts pour apaiser la colère de Pékin, qui ne veut pas admettre que son ambassade n’ait été qu’une cible accidentelle. Par ailleurs, le président monténégrin, Milo Djukanovic, a été reçu à Bonn par le chancelier allemand Schröder. Il s’est également entretenu avec l’opposant serbe Zoran Djindjic. Le pape Jean-Paul II a reçu Ibrahim Rugova. De son côté, la Hongrie a décidé d’appliquer les sanctions économiques et politiques adoptées par l’Union européenne. Budapest souhaite aussi l’autonomie de la Voïvodine.
mercredi 12 mai
L’horizon diplomatique s’est un peu plus obscurci dans la matinée avec un accès de colère de Boris Eltsine. La Russie menace de se retirer du processus de négociations sur le Kosovo, si ses efforts ne sont pas pris en considération. Le HCR vient d’arrêter le chiffre de 905 000 réfugiés kosovars, soit un habitant sur deux. De son côté, la Serbie affirme avoir recueilli 60 000 réfugiés serbes fuyant les bombardements. Le général allemand Jertz, porte-parole militaire de l’OTAN, a déclaré que les raids des dernières 24 heures ont été « les plus efficaces » depuis le début de la campagne (20 000 sorties aériennes depuis le 24 mars). Ce jour, cinq MiG-21 serbes ont été abattus. L’un venait de blesser une trentaine de combattants de l’UCK. Plusieurs accrochages ont été signalés à la frontière avec l’Albanie. La Turquie a annoncé qu’elle met une base aérienne à disposition des avions de l’OTAN.
jeudi 13 mai
L’émissaire russe pour le Kosovo, Victor Tchernomyrdine, est arrivé en Finlande, pays qui serait prêt pour une médiation. Sur le terrain, l’OTAN poursuit ses frappes, touchant notamment le siège de la télévision serbe à Novi Sad. Au Monténégro, les adversaires du président monténégrin, ont engagé une procédure de destitution contre le chef de l’Etat.
nuit du jeudi 13 au vendredi 14 mai
Les bombardements de l’OTAN ont de nouveau fait des dizaines de victimes civiles. Au moins 87 Kosovars ont été tués et 78 autres blessés à Korisa, un village du sud de la province situé à 5 kilomètres au nord de Pritzren. Près de 60 % des tués seraient des enfants. L’OTAN accuse les Serbes d’avoir utilisé des boucliers humains pour protéger un « site militaire légitime ». Une information démentie par les Serbes.
vendredi 14 mai
Belgrade desserre l’étau imposé au Kosovo : Milosevic a accordé des sauf-conduits à une première équipe du CICR (Croix-Rouge). A Paris, le président monténégrin a été reçu par son homologue français Jacques Chirac. Après cinq missiles de l’OTAN, c’est au tour d’un missile serbe de s’abattre en territoire bulgare.
samedi 15 mai
Neuf pays d’Europe centrale et oriental (dont la Slovénie), réunis en sommet en Ukraine, ont appelé Belgrade à plier devant l’Alliance atlantique. De son côté, l’OTAN a indiqué avoir mené 300 bombardements sur la Yougoslavie au cours des dernières 24 heures. Un nuage noir se déplace de la Bulgarie vers la Roumanie à la suite des frappes effectuées par l’OTAN sur le port de Prachovo et la mine Bor en Yougoslavie.
dimanche 16 mai
Le commandement de la 2e armée yougoslave, basée au Monténégro, a déclaré qu’il ne laissera plus aucun homme âgé de 16 à 60 ans quitter le Monténégro pour l’Albanie. Ceux qui tentent de le faire sont emmenés au secret. Avec des barrages placés sur la frontière avec la Bosnie, l’armée yougoslave bloque à nouveau, totalement, le Monténégro. De son côté, le président albanais a affirmé que son armée ripostera désormais aux agressions serbes.
lundi 17 mai
Le Royaume-Uni a pris la tête de ceux qui pressent l’OTAN de lancer une offensive terrestre au Kosovo, afin de « tirer profit » de l’impact de sa campagne aérienne sur les troupes yougoslaves. Mais la réticence demeure à Washington, malgré des voix discordantes. Rugova, qui vient de s’installer en Allemagne, affirme qu’il était traité en prisonnier à Belgrade et que ce qu’il a signé là-bas n’a « aucune valeur ». A Belgrade, le ministre de la Santé, Leposava Milicevic, affirme qu’un « compromis » est possible, à condition que l’OTAN « change certaines de ses positions ». Selon le Pentagone, deux chasseurs yougoslaves (un MiG-21 et un MiG-29) ont été abattus par la chasse de l’OTAN. L’armée de l’air yougoslave aurait perdu douze MiG-29 depuis le début des frappes et il ne lui resterait plus que deux ou trois appareils.
mardi 18 mai
Le pouvoir à Belgrade ouvre-t-il une porte de sortie. Le porte-parole du ministère yougoslave des Affaires étrangères a déclaré que « la déclaration du G8 constitue un élément du processus de paix et nous y sommets ouverts malgré certaines réserves. Au même moment, le président serbe, Milan Milutinovic, a fait savoir qu’il juge « acceptables » les propositions du G8. Pendant ce temps, l’OTAN poursuit ses frappes. Il faut dire que le régime de Milosevic est confronté, depuis quelques jours, à des manifestations exigeant la fin de la guerre et le retour des soldats, notamment à Krusevac. A Aleksandrovac, le maire socialiste a été violemment pris à partie par un millier de ses concitoyens. Les médias font le silence sur ces évènements. Selon l’ambassadeur américain David Scheffer, 225 000 hommes ont disparu au Kosovo (« des exécutions collectives ont été observées dans 75 villes et villages du Kosovo »). Par ailleurs, les deux soldats serbes que l’UCK avait remis aux Américains ont été libérés et ont pu regagner Belgrade.
mercredi 19 mai
L’émissaire russe Victor Tchernomyrdine est arrivé à Belgrade pour négocier avec Milosevic. Une manifestation a eu lieu à Belgrade contre le siège du Parti démocratique de Serbie. Outre la contestation populaire qui enfle à Serbie, les cas de désertion dans l’armée yougoslave se font de plus en plus nombreux. Par ailleurs, le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a fait sa première visite dans les camps de réfugiés en Macédoine. A Rome, le Parlement italien a voté pour la suspension des attaques de l’OTAN contre les Serbes.
nuit du mercredi 19 au jeudi 20 mai
Nouvelle bavure de l’OTAN, la neuvième : son aviation, bombardant une nouvelle fois Belgrade, a provoqué la mort de quatre patients à l’hôpital Dragisa Misovic. Trois résidences diplomatiques ont été également touchées par les bombardements sur la capitale yougoslave : l’ambassade de Suède, l’ambassade de Norvège et la résidence de l’ambassadeur d’Espagne.
jeudi 20 mai
La visite à Belgrade de l’émissaire russe Tchernomyrdine a débouché sur des « progrès », estiment les Occidentaux. A l’issue de sept heures de négociations, le médiateur russe aurait obtenu confirmation que Belgrade accepterait bien les principes définis par le G8 et l’autorité de l’ONU. Mais la rencontre n’aurait permis aucune « percée » significative sur des « questions clés » - commandement et composition de la force internationale -.
vendredi 21 mai
La diplomatie piétine et les hésitations qui se font jour chez certains membres de l’OTAN (l’Italie, la Grèce et, depuis peu, les Pays-Bas) servent les intérêts de Belgrade, qui durcit sa position : « la condition préalable à un accord politique est l’arrêt immédiat de la campagne de bombardements et des crimes contre l’humanité et contre des civils ». Ce que refusent Washington, Londres et Paris, malgré les pressions de Moscou et de Pékin. Sur le plan militaire, deux ponts situés au sud de Belgrade ont été touchés par des missiles de l’OTAN. Un dépôt de carburant a également été atteint. Par ailleurs, plusieurs dizaines de détenus et un administrateur ont été tués dans le bombardement d’une prison à Istok, au Kosovo. L’exode des Albanais kosovars se poursuit avec l’arrivée de plus de 2 500 personnes en Albanie et de 600 en Macédoine. Dans la matinée, des milliers de citoyens de Cetinje se sont retrouvés devant la mairie de la capitale historique du Monténégro pour protester contre la présence de l’armée yougoslave (les soldats ont investi la ville depuis cinq jours). Bastion indépendantiste, Cetinje a vu naître l’Armée de libération du Monténégro (3 000 à 4 000 combattants potentiels), dont plusieurs centaines d’hommes sont en position dans la montagne Lovcen. Cetinje est aussi un refuge de réfractaires et déserteurs yougoslaves.
nuit du vendredi 21 au samedi 22 mai
Raids aériens contre les centrales thermiques serbes. Belgrade et la plupart des grandes villes du pays ont été privés d’électricité.
samedi 22 mai
L’amélioration des conditions météorologiques a permis à l’OTAN d’intensifier ses raids et de comptabiliser 684 sorties en 24 heures, un nombre jamais atteint depuis le début des hostilités. L’OTAN a reconnu avoir bombardé par erreur une position de l’UCK au sud-ouest du Kosovo. Les alliés pensaient que cet objectif était toujours aux mains de l’armée yougoslave. Ce bombardement aurait fait sept morts. Par ailleurs, plusieurs centaines d’Albanais qui étaient retenus par les forces serbes dans la prison de Mitrovica ont commencé à affluer au poste frontière de Morina. D’autres suivront dans les jours suivant. Ils ont confirmé les humiliations et les brimades subies.
dimanche 23 mai
Une fois de plus l’option terrestre est revenue sur le devant de la scène. Selon le Sunday Times, 18 000 soldats supplémentaires devraient être envoyés dans la région. Les Britanniques sont les plus intransigeants et poussent à cette intervention au sol. Autre indice de la nouvelle volonté de l’OTAN : l’évacuation des réfugiés albanais du nord de l’Albanie vers le sud. D’autre part, le président américain a donné son accord à un plan autorisant la CIA à former des rebelles kosovars au sabotage et au piratage des comptes bancaires de Milosevic à l’étranger, selon Newsweek. Par ailleurs, le président monténégrin a franchi un nouveau pas dans la contestation en revendiquant une plus grande autonomie. En deux jours, 15 000 réfugiés kosovars sont arrivés en Macédoine.
lundi 24 mai
Avec la poursuite des frappes, les Serbes sont de plus en plus privés d’eau et d’électricité. Par ailleurs, les manifestations sont toujours quotidiennes dans les villes serbes de Krusevac et d’Aleksandrovac, où les mères des soldats réclament le retour de leurs fils. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblés pour la première fois à Raska, dans la région du Sandjak. Bill Clinton aurait donné son accord à un plan ultrasecret visant à déstabiliser Milosevic, a révélé Newsweek. Par ailleurs, le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie de La Haye a inculpé Milosevic et quatre autres personnes pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis au Kosovo.
mardi 25 mai
L’OTAN a décidé de réviser à la hausse l’effectif de la future force de paix (Kfor) qui veillera au retour des réfugiés au Kosovo après la signature d’un accord avec Belgrade. Cette force passe de 28 000 à 45 000 hommes.
21 corps ont été exhumés de deux charniers dans la banlieue serbe de Sarajevo, a révélé le chef de la commission gouvernementale bosniaque pour les personnes disparues, Amor Masovic. Il s’agirait de Croates et de musulmans qui vivaient à Grbavica, un quartier de Sarajevo, dont les Serbes de Bosnie avaient pris le contrôle au début de la guerre en Bosnie. Après la signature de l’accord de paix de Dayton, Grbavica a été réintégrée dans la Fédération croato-musulmane en mars 1996.
mercredi 26 mai
Record pour l’OTAN : 650 sorties aériennes en 24 heures contre la Yougoslavie. Avec pour cibles, notamment, des positions de défense antiaérienne, des relais et des émetteurs télé et radio, des casernes, des sites de stockage de munitions, des dépôts de carburant, des postes de commande, un tunnel ferroviaire et la villa présidentielle de Dobanovci. Par ailleurs, les rebelles kosovars ont lancé une grande offensive, avec le soutien de l’artillerie de l’armée albanaise, pour ouvrir une voie de ravitaillement dans la province. Des combats au sol se sont déroulés, dans la matinée, de l’autre côté du poste frontière albanais de Morina. Par ailleurs, l’Alliance a choisi d’organiser, sans doute la semaine prochaine, un contrôle naval pour empêcher l’approvisionnement de la Yougoslavie en armes et en pétrole. Dans la soirée, un mandat d’arrêt international a été délivré à l’encontre du plus haut responsable yougoslave désormais inculpé par le TPI pour l’ex-Yougoslavie. Ibrahim Rugova s’est rendu, pour la première fois, dans deux camps de réfugiés en Macédoine.
Six soldats d’une patrouille de reconnaissance de la Sfor ont été capturés à Rudo par des soldats yougoslaves entrés illégalement sur le territoire bosniaque. Ils ont été libérés après six heures de détention en Yougoslavie.
jeudi 27 mai
L’inculpation du président Milosevic pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Kosovo est officiellement tombée. Le TPI a également lancé un mandat d’arrêt contre le président serbe Milutinovic, le vice-Premier ministre yougoslave Sainovic, le chef d’état-major général de l’armée yougoslave Ojdanic et le ministre serbe de l’Intérieur Stojiljkovic. Les enquêteurs poursuivent leur travail et Milosevic pourrait bien avoir à répondre aussi d’atrocités commises par les Serbes pendant les quatre ans de guerre dans l’ex-Yougoslavie.
vendredi 28 mai
Après avoir accueilli l’émissaire russe Tchernomyrdine, Milosevic a déclaré « accepter les principes généraux du G8 » pour un règlement politique du conflit. Le président yougoslave cherche à « transférer l’ensemble du problème aux Nations unies et au Conseil de sécurité ». L’OTAN, les Etats-Unis et la France ont accueilli cette nouvelle déclaration avec « beaucoup de précaution » et de « prudence ». Le Washington Post a révélé que les pilotes de l’OTAN ont été autorisés à frapper les réseaux civils de télécommunications en Yougoslavie. De son côté, l’UCK souhaite se réconcilier avec Ibrahim Rugova.
samedi 29 mai
L’OTAN a annoncé qu’elle n’a pas l’intention d’arrêter ses bombardements sur la Yougoslavie tant qu’elle n’aura pas « plus de détails » sur l’annonce de Belgrade de la veille. Sur le terrain, les bombardements ont continué sur le même rythme. A Belgrade, le président Milosevic a limogé le chef d’état-major de la marine de guerre yougoslave, un Monténégrin jugé trop coopératif avec les autorités civiles du Monténégro. Il a été remplacé par un officier réputé pour sa fidélité au chef de l’Etat. D’autre part, deux Australiens membres de l’organisation humanitaire CARE ont été condamnés à 12 et 4 ans de prison pour espionnage. Les deux hommes, arrêtés fin mars, comparaissaient devant une Cour militaire yougoslave.
dimanche 30 mai
La destruction par l’OTAN d’un pont à Varvarin (sud de la Serbie) aurait fait 11 morts et 40 blessés dans la matinée.
lundi 31 mai
Les frappes de l’OTAN ont été, en 24 heures, parmi les plus durs et les plus efficaces depuis le début de la guerre au Kosovo : 772 sorties ont visé une installation électrique à Belgrade, des casernes… 12 chars, 7 canons, 2 positions de mortier et 7 véhicules blindés ont été mis hors d’Etat au Kosovo. Un général yougoslave, Ljubisa Velickovic, n°2 de l’aviation et de la DCA, aurait été tué dans un bombardement dans la soirée lors d’une tournée d’inspection. 20 personnes, selon Belgrade, auraient été tuées dans un sanatorium à Surdulica. L’OTAN a aussi bombardé la frontière albanaise où de violents tirs d’artillerie serbes sont dirigés contre les membres de l’UCK. La direction yougoslave, autour de Milosevic a confirmé que Belgrade est prêt à se soumettre aux conditions des pays occidentaux, de la Russie et du Japon pour faire cesser les frappes de l’OTAN. Ce regain d’optimisme intervient alors que le HCR chiffre à 976 000 le nombre de réfugiés kosovars. Toutefois, les organisations humanitaires continuent de recueillir des témoignages sur les violences commises au Kosovo. Amnesty International a fait état de viols collectifs dans la région de Suva Reka, au sud de la province serbe.
mardi 1er juin
L’OTAN a reconnu que l’une des six bombes lancées le midi même sur une caserne et des installations de Novi Pazar avait dévié de sa trajectoire et explosé sur un immeuble à 500 mètres de sa cible. Selon Belgrade, 23 personnes ont été tuées. Une centaine de maisons ont subi des dégâts aux alentours. De leur côté, les diplomates tentent toujours de trouver les conditions acceptables d’un retrait des troupes serbes et d’un arrêt des frappes de l’OTAN.
mercredi 2 juin
Viktor Tchernomyrdine et le président finlandais, Martti Ahtisaari, les émissaires russe et européen, ont présenté à Belgrade une nouvelle approche susceptible de ramener la paix au Kosovo. De son côté, l’OTAN œuvre sans relâche à la mise sur pied de la Kfor, qui pourrait être envoyée très rapidement au Kosovo. L’Alliance a révélé que ses 19 pays membres et 12 de ses partenaires neutres lui avaient proposé au total « 47 868 militaires ».
nuit du mercredi 2 au jeudi 3 juin
Les frappes de l’OTAN ont évité Belgrade, visant surtout des cibles près de la frontière albanaise.
jeudi 3 juin
Belgrade n’a rien signé, mais le président yougoslave et le Parlement serbe (136 pour et 74 contre) ont manifesté leur acceptation du plan de paix pour le Kosovo, préparé à Bonn et présenté par Tchernomyrdine et Ahtisaari. Les ultranationalistes serbes du SRS de Seselj assimilent ce plan à une capitulation et menacent de quitter le gouvernement Ce plan pourrait entrer rapidement en application : Milosevic a sept jours pour évacuer le Kosovo. L’ONU et l’OTAN vont s’y employer. En attendant, les bombardements se poursuivent.
vendredi 4 juin
Avec l’accord de Belgrade, les bombardements de l’OTAN sont désormais limités « à des objectifs strictement militaires ». Outre le retour de la paix au Kosovo, les chefs d’Etat européen souhaitent aussi le départ du pouvoir de Milosevic.
samedi 5 juin
Les discussions préalables au retrait serbe entre les autorités militaires yougoslaves (le ministre adjoint de l’Intérieur de Serbie, le général de police Obrad Stevanovic) et celles de l’OTAN (le général britannique Michael Jackson entouré d’officiers alliés) ont eu lieu dans un restaurant de Blace (Blatsé), une localité macédonienne située près de la frontière avec le Kosovo. Après cinq heures de conversations, les deux parties n’ont toutefois pas conclu d’accord et doivent se revoir le lendemain. Pendant ce temps, l’OTAN poursuit ses bombardements, même s’ils se sont un peu ralentis : 536 sorties en 24 heures, contre 610 la veille. Les objectifs visés se situent pour l’essentiel au Kosovo. Les Serbes ne sont pas en reste. Ils ont tiré des obus sur des villages du nord de l’Albanie, où, dans la matinée, 300 combattants de l’UCK sont montés renforcer la ligne de front.
nuit du samedi 5 au dimanche 6 juin
Une pluie d’obus serbes s’est abattue sur la petite ville albanaise de Kruma et sur ses environs, sanctuaire de l’UCK. Certains experts occidentaux y voient un « baroud d’honneur » d’une partie de l’armée qui n’admet pas la « trahison de Milosevic ».
dimanche 6 juin
Les négociations se sont poursuivies sous une tente gigantesque à Kumanovo, dans le nord de la Macédoine, mais l’accord militaire sur le retrait yougoslave du Kosovo tarde à venir. En fin d’après-midi, un émissaire russe a rejoint les autres négociateurs.
Clôture du championnat d’Europe de basket féminin, organisé par la Pologne : en finale, les Polonaises ont battu les Françaises. La Yougoslavie termine la compétition à la septième place.
nuit du dimanche 6 au lundi 7 juin
Les responsables militaires yougoslaves ont quitté les représentants de l’OTAN sur la base de Kumanovo sans avoir apposé leur signature sur le document qui leur était présenté. Les frappes de l’OTAN ont alors repris de la vigueur.
lundi 7 juin
Dans la soirée, deux bombardiers B-52 se sont rués à la rescousse de 250 soldats de l’UCK, encerclés sur le mont Pastrik par plus de 700 soldats yougoslaves. De leur côté, les diplomates ont repris le dossier du Kosovo, après l’échec des tractations militaires. A Bonn, les ministres des Affaires étrangères du G8 travaillent à une résolution destinée au Conseil de sécurité de l’ONU. Par ailleurs, selon l’hebdomadaire britannique The Observer, les forces serbes ont brûlé de nombreux corps de leurs victimes, pour éliminer les preuves d’atrocité, dans l’éventualité d’une enquête internationale sur les crimes de guerre au Kosovo.
Deux Serbes bosniaques inculpés par le TPI pour l’ex-Yougoslavie ont été interpellés à Prijedor par des membres britanniques de la Sfor. Il s’agirait de Dragan Kulundzija (30 ans), accusé de tortures et traitements inhumains alors qu’il était chef d’équipe au camp de concentration de Keraterm (1992-1995). Le second interpellé serait Mladen Madzar. Ces arrestations porteraient à 31 (sur 66) le nombre d’inculpés du TPI actuellement aux mains de la justice.
nuit du lundi 7 au mardi 8 juin
Les bombardements de l’OTAN ont de nouveau visé Belgrade, après plusieurs jours de calme relatif. La raffinerie a aussi été touchée de nouveau.
mardi 8 juin
A Bonn, les ministres des Affaires étrangères du G8 se sont enfin accordés autour d’un projet de résolution sur le Kosovo, qui doit être soumis, dans la nuit, au Conseil de sécurité des Nations unies. L’OTAN a eu gain de cause face aux exigences russes traduisant les vues de Belgrade : le vote de cette motion et l’arrêt des bombardements n’auront lieu qu’après le début du retrait serbe du Kosovo. La résolution réaffirme l’intégrité territoriale de la Yougoslavie, mais appelle à une « autonomie substantielle » du Kosovo et justifie même le recours à la force, en cas de nécessité, de la part de la « présence internationale de sécurité au Kosovo ». De nouvelles rencontres ont eu lieu, en Macédoine, entre des responsables yougoslaves et des représentants américains et britanniques de l’OTAN.
Qualifications pour l’Euro de football 2000 : au stade du PAOK Thessalonique, en Grèce, la Serbie-Monténégro a battu Malte quatre buts à un.
nuit du mardi 8 au mercredi 9 juin
Seul le sud du Kosovo a été touché par les frappes de l’OTAN.
mercredi 9 juin
Les militaires de Belgrade et de l’OTAN ont travaillé toute la journée à Kumanovo à la mise au point pratique du retrait serbe du Kosovo et de l’entrée de la Kfor dans la province. Pour ne pas laisser le champ libre aux extrémistes kosovars. L’annonce d’un accord technique a été faite à 21 h 40. Les Serbes disposent de 11 jours pour se retirer. De son côté, le Monténégro a proposé à la Kfor d’utiliser le port de Bar pour son déploiement au Kosovo.
nuit du mercredi 9 au jeudi 10 juin
Des tirs serbes contre des éléments de l’UCK et sur deux villages frontaliers du nord de l’Albanie, au pied du mont Pastrik, ont été signalés vers minuit.
jeudi 10 juin
Après 79 jours et nuits de bombardements, l’OTAN a suspendu vers 15 h 20 ses frappes aériennes contre la Yougoslavie. A 12 h 15, une dizaine de véhicules militaires yougoslaves avaient franchi la frontière du Kosovo, à Merdare. Peu après, un autre convoi d’une centaine de véhicules, transportant au moins 2 000 soldats, quittaient la province au même passage. Vers 15 h 40, le président Milosevic est apparu à la télévision serbe pour annoncer la fin de « l’agression de l’OTAN » et la victoire de ce qu’il affirme être sa politique de paix : le Kosovo reste dans la cadre fédéral yougoslave et la seule issue possible, explique-t-il, est désormais « l’autonomie » de la province. Il a fait état de ses pertes militaires : 576 soldats et policiers. Une autre voix s’est fait entendre à Belgrade, celle de l’opposant Vuk Draskovic qui appelle les Serbes à collaborer avec les forces de maintien de la paix pour préparer l’entrer de la Serbie dans l’Europe. A 17 h 30, à New York, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni à huis clos et a voté - par 14 voix et 1 abstention (la Chine) - une résolution en 21 points, dont la permission donnée à la Kfor pour entrer au Kosovo. L’ONU prend désormais en charge l’administration civile de la province serbe. A Cologne, 40 pays - ceux du G8, ceux de l’Union européenne et ceux du sud-est européen - ont signé le Pacte de stabilité pour les Balkans, sorte de plan Marshall pour la reconstruction de toute cette région allant de la Slovénie à la Turquie.
nuit du jeudi 10 au vendredi 11 juin
Des « tirs de nature et d’origine non précisées » dans la zone frontière entre la Macédoine et le Kosovo ont retardé l’entrée des détachements précurseurs britanniques et français dans la province serbe, comme il était initialement prévu.
vendredi 11 juin
A la grande surprise générale, quelques centaines de soldats russes, venant de Bosnie, sont entrés en Yougoslavie dès le début de la matinée, alors que ni l’OTAN ni l’ONU ne leur avaient encore assigné de mission. Le convoi russe est passé par Belgrade sous les applaudissements des habitants, puis s’est engagé sur l’autoroute qui conduit vers le Kosovo, où il n’a cependant pas pénétré. Les responsables de l’OTAN avouent ne plus rien comprendre à la situation… L’Alliance refuse toujours d’attribuer un secteur russe au Kosovo, afin de ne pas ouvrir la voie à une « partition de fait » de la province. Dans la soirée, aucun détachement français ou britannique n’est encore rentré au Kosovo. Dans la matinée, le gouvernement yougoslave avait annoncé la création d’un comité pour la coopération avec la force de paix internationale. Il sera dirigé par Nebojsa Vujovic, le vice-ministre des Affaires étrangères.
nuit du vendredi 11 au samedi 12 juin
Des parachutistes russes sont entrés au Kosovo et ont occupés l’aéroport de Pristina, prévue, à l’origine, comme siège du QG des troupes de l’OTAN. Ni l’OTAN, ni même le ministre russe des Affaires étrangères n’avaient été prévenus de cette intervention. Igor Ivanov a d’ailleurs désavoué cette opération.
samedi 12 juin
Dès l’aube, les soldats de l’OTAN ont pénétré au Kosovo. Britanniques et Français sont entrés en premier, suivis plus tard par les Allemands, les Italiens et les Américains. La progression des forces de l’Alliance est ralentie par les champs de mines. Arrivés sur l’aéroport de Pristina, les soldats britanniques se sont retrouvés face à face avec les Russes et les Serbes. Les Anglais ont du se résoudre à n’occuper que la partie sud de l’aéroport, les Russes campant sur leur position. De leur côté, les Serbes poursuivent leur retrait : 10 000 auraient déjà regagné la Serbie et 11 MiG-21 ont été ramenés de Pristina à Belgrade.
Deux journalistes allemands du magazine Stern ont été tués par des Serbes au Kosovo.
dimanche 13 juin
Les forces de l’OTAN poursuivent leur progression au Kosovo. Dans la soirée, 8 000 à 10 000 soldats de l’OTAN sont déjà rentrés dans la province serbe. Au retrait des militaires serbes s’ajoutent désormais la fuite des civils qui, craignant une réaction de colère des Albanais, rejoignent la Yougoslavie. Un policier yougoslave a été abattu par des parachutistes britanniques sur lesquels il avait tiré. Trois journalistes allemands été tués par des tirs près de Stimlje, dans le sud du Kosovo. A Prizren, dans la soirée, des soldats de l’OTAN ont riposté à des tirs serbes contre la foule. L’un des tireurs a été tué, un autre blessé ainsi qu’un soldat allemand et une femme albanaise. A Pristina, l’armée yougoslave a fait état de la mort d’un policier serbe, d’un civil et de deux membres de l’armée yougoslave, tués par des « terroristes albanais ». Les autorités yougoslaves ont aussi annoncé la mort de trois combattants de l’UCK tués par des hommes de la Kfor.
lundi 14 juin
Alors que les forces de l’OTAN poursuivent leur progression, la tension est de plus en plus perceptible au Kosovo, notamment dans le sud entre Allemands et forces serbes. 300 combattants de l’UCK ont aussi investi plusieurs quartiers de Prizren, que les civils serbes quittent en masse. Près de Prizren toujours, les Britanniques ont découverts quatre charniers.
A Beska, à une cinquantaine de kilomètres de Belgrade, le président Milosevic a fait sa première apparition en public depuis le début de la guerre. Il a promis une reconstruction rapide des quatre ponts détruits sur le Danube.
mardi 15 juin
L’opposant Vuk Draskovic n’est plus le seul à vouloir un changement à la tête de l’Etat yougoslave. Le gouvernement dans son ensemble et le président Milosevic lui-même ont été invités à démissionner par le synode de la très influente Eglise orthodoxe serbe. Le communiqué de l’Eglise réclame « de nouveaux dirigeants acceptables à l’intérieur comme à l’extérieur, qui soient en mesure de prendre en main l’avenir du peuple en tant que gouvernement de salut national ». L’Eglise orthodoxe exhorte aussi les Serbes du Kosovo à ne pas fuir et aux forces de l’OTAN de les protéger. Milosevic, lui, a promu ou décoré, à l’occasion de la journée de l’armée yougoslave, environ 3 000 militaires ou unités pour leurs « exploits héroïques. Au premier rang, le général Dragoljub Ojdanic, chef de l’état-major, qui reçoit sa quatrième étoile, un grade auquel aucun général n’avait encore été promu au sein de la République fédérale de Yougoslavie.
La Kfor poursuit son déploiement au Kosovo, avec notamment l’installation des premiers éléments de l’état-major américain à Gnjilane. Restent deux zones de tension : le sud, avec la présence importante de l’UCK, et l’aéroport de Pristina, toujours tenu par les soldats russes.
Clôture des championnats du monde de handball organisés en Egypte : victoire de la Suède sur la Russie en finale. Dans le match pour la troisième place, la Yougoslavie a battu l’Espagne 27 à 24 au Caire.
mercredi 16 juin
Tout en se déployant au Kosovo, les forces de l’OTAN découvrent de plus en plus de charniers. Des fosses communes ont déjà été trouvées à Pec, Djakovica, Prizren, Kacanik et Gnjilane. Par ailleurs, selon les évaluations du Comité international de la Croix-Rouge, 30 000 Serbes ont déjà quitté le Kosovo en direction de la Serbie et 10 000 au moins sont partis vers le Monténégro. Dans la soirée, Mgr Artemije, l’évêque orthodoxe du Kosovo, a fui Prizren pour Pristina. Il a affirmé que deux monastères médiévaux de la région ont été incendiés par l’UCK.
jeudi 17 juin
Deux longues journées de discussions à Helsinki n’ont toujours pas réglé la question de la place de la Russie dans la force de paix déployée au Kosovo, de sa zone de responsabilité et de sa forme de commandement. A Paris, les présidents américains et français ont refusé toute aide, sauf l’aide humanitaire, à la Yougoslavie tant que Belgrade continuera d’ignorer les règles de la démocratie. Lors du point de presse quotidien du gouvernement britannique, le Foreign Office a déclaré que « quelque 10 000 civils innocents ont été tués au Kosovo lors de plus d’une centaines de massacres ». Par ailleurs, les troupes britanniques ont découvert un centre de torture au quartier général de la police serbe à Pristina, où des experts du TPI ont aussitôt commencé à enquêter. Un convoi de Serbes réfugiés au Monténégro et qui regagnaient le Kosovo a été attaqué par l’UCK. Un adolescent serbe a été tué.
Record de précipitation enregistré dans l’ouest de la Serbie, avec 66,4 mm de pluie tombée en une journée sur Prijepolje.
vendredi 18 juin
A Helsinki, dans la soirée, Américains et Russes sont parvenus à un accord sur la présence des Russes au Kosovo. Tout en maintenant leur présence sur l’aéroport de Pristina, le contingent russe sera réparti dans trois secteurs, l’américain, le français et l’allemand.
samedi 19 juin
Le retrait total des forces serbes du Kosovo semble en bonne voie. Par ailleurs, les dirigeants de l’UCK ont demandé à leurs hommes de ne plus porter d’armes dans les villes du Kosovo. L’UCK a également accepté que ses hommes ne portent pas d’uniforme dans la partie sud du Kosovo, sous contrôle des troupes allemandes de la Kfor. Un nouveau charnier a été découvert dans le village de Velika Krusa, au sud-ouest de la province.
nuit du samedi 19 au dimanche 20 juin
Les derniers convois militaires serbes ont quitté le Kosovo à minuit.
dimanche 20 juin
Suspendues depuis le 10 juin, les frappes de l’OTAN en Yougoslavie ont été officiellement arrêtées, après le constat du retrait total des forces serbes du Kosovo. Ce retrait s’est accompagné de l’accélération du retour des réfugiés kosovars. 100 000 d’entre eux, sur le million déplacé, ont déjà repris le chemin de leur province.
nuit du dimanche 20 au lundi 21 juin
Un quart d’heure après l’échéance accordée à l’armée yougoslave pour quitter le Kosovo, l’UCK s’est engagée à respecter la résolution 1244 de l’ONU et à démilitariser ses 15 000. La scène s’est déroulée sous une petite tente du QG de la Kfor, en périphérie de Pristina. Hashem Thaci, chef politique de l’UCK, a remis au général Jackson un « plan » aussitôt accepté par le commandement de la Kfor.
lundi 21 juin
Les hommes de l’UCK ne portent plus leurs armes dans leur fief sudiste de Malisevo. Mais à Vucitrn, dans le nord-ouest, les maquisards affirment tout ignorer de l’accord de la nuit. Les réfugiés albanais continuent de rentrer au Kosovo, tandis que les Serbes poursuivent leur fuite. Toutefois, 1 200 Serbes du Kosovo, poussés par Belgrade, sont retournés dans la province serbe, tandis que la police serbe empêchait une cinquantaine d’entre eux de manifester à Belgrade.
En visite en Slovénie, le président américain Bill Clinton a appelé les Serbes à « rejeter le pouvoir meurtrier de Milosevic et à suivre la voie tracée par la Slovénie ».
mercredi 23 juin
Le ministre britannique des Affaires étrangères, Robin Cook, s’est rendu au Kosovo sur le site d’un massacre perpétré par les troupes serbes, à Vielika Krusa, près de Prizren. Dix jours après l’entrée de la Kfor au Kosovo, plus d’un cinquième du million de Kosovars exilés sont rentrés dans leur province.
Accédant à une demande d’entraide judiciaire du TPI, l’Office fédéral de la police suisse a ordonné, « à titre provisionnel », le gel des avoirs de Slobodan Milosevic et de quatre autres dirigeants yougoslaves dans les banques du pays.
jeudi 24 juin
La Kfor a beaucoup de mal à s’interposer entre les Albanais du Kosovo et les Serbes qui s’ont rester : dans un village proche de Gnjilane, des marines ont été pris sous le feu de tireurs qu’ils n’ont pu identifier. Ils ont riposté, faisant un mort et deux blessés.
vendredi 25 juin
Plus de 300 000 Albanais sur le million expulsé ou ayant fui le Kosovo sont rentrés dans leur pays en dix jours, tandis que 75 000 Serbes ont, eux, quitté le Kosovo. Au cours de cette seule journée, près de 50 000 réfugiés albanais ont quitté leurs camps ou leurs familles d’accueil en Albanie, en Macédoine et au Monténégro pour regagner leurs villages souvent détruits. La sécurité reste le problème numéro un de la Kfor : à Pristina, 14 civils ont été tués au cours de règlements de comptes ou de tirs de snipers, parmi lesquels trois Serbes. Un soldat italien est mort à Pec.
Les Etats-Unis ont mis à prix (30 millions de francs) la capture de Slobodan Milosevic et des autres personnes inculpées pour crimes de guerre. Premier président de la République fédérale yougoslave, l’écrivain Dobrica Cosic a lancé un appel « à la conscience patriotique pour que Milosevic démissionne et permette d’entamer les changements nécessaires ». Tandis que le Parlement yougoslave levait l’état de guerre, près de 200 réservistes serbes bloquaient la ville de Kraljevo pour réclamer leur solde.
En Bosnie, une centaines de Serbes armés de bâtons ont attaqué un groupe d’une soixantaine de réfugiés musulmans. Les musulmans souhaitaient se réinstaller dans leurs maisons de Tarovici (à 120 kilomètres au nord de Sarajevo), en Republika Srpska, l’entité serbe de la Bosnie.
samedi 26 juin
L’avant garde russe - 18 experts militaires - sont arrivés au Kosovo. Ils sont chargés de préparer l’arrivée des troupes russes dans une province où les incidents violents se multiplient. Ainsi à Kosovska Mitrovica, où se trouvent les soldats français, Serbes et Albanais se font face de plus en plus violemment pour avoir, notamment accès à l’hôpital de la ville interdit aux Albanais. Les soldats français, qui escortaient le chef de l’UCK Hashim Thaci, ont dû s’interposer avec des chars Leclerc, entre manifestants des deux bords. A Pristina, les soldats britanniques et canadiens qui patrouillent pourtant en permanence ont aussi du mal à maintenir l’ordre. Les soldats américains ont raconté, eux, qu’une fusillade généralisée s’était produite à Gnjilane, où un Serbe a été tué par un marine, après que les GI eurent repoussé 200 Albanais qui tentaient de détruire la statue du roi Knez Lazar, un héros serbe des guerres contre les Turcs.
dimanche 27 juin
Devant la multiplication des incidents, l’OTAN appelle ses partenaires à déployer rapidement au Kosovo la totalité des effectifs qu’ils ont promis, et notamment des effectifs policiers. A Prizren, les débordements sont tels que l’officier allemand commandant ce secteur a décidé d’instaurer un couvre-feu.
lundi 28 juin
En Serbie, 50 intellectuels, qui s’insurgent contre la présentation des événements du Kosovo comme une victoire serbe, demandent la démission de Milosevic et la constitution d’un gouvernement de salut public « qui devra enquêter pour découvrir et punir les vrais coupables et commanditaires » des crimes commis dans la province.
Selon le HCR, presque un Albanais sur deux est rentré au Kosovo. C’est dans la soirée que l’UCK a commencé sa démilitarisation. 3 700 membres de l’armée kosovare de libération (sur près de 8 000) ont commencé à rendre leurs insignes, leurs uniformes et leurs fusils d’assaut dans des points de collecte sous contrôle de la Kfor. Avant le 22 juillet, l’UCK doit déposer au moins 30 % de son arsenal, puis sa totalité, avant deux mois.
mardi 29 juin
En Serbie, pour la première fois depuis la fin de la guerre, 10 000 Serbes ont manifesté, à Cacak, contre Milosevic, à l’appel de six partis d’opposition réunis dans l’Alliance pour des changements. La manifestation avait été interdite. Réfugié au Monténégro, le maire de la ville, Velimir Ilic, un opposant au président yougoslave, avait rejoint ses compatriotes pour cette manifestation. Un message de soutien est venu du Monténégro. La police a bloqué des cars d’autres villes dans lesquels avaient pris place des manifestants. Dans la soirée, Milosevic a promis « des réformes ».
Uniformes et insignes de l’UCK sont devenus interdits dans les villes du Kosovo. Seuls les chefs de l’UCK conservent le droit de disposer d’une arme en agglomération.
mercredi 30 juin
A Belgrade, le Premier ministre yougoslave Momir Bulatovic a invité les chefs des partis parlementaires à des consultations, le 1er juillet, en vue d’un éventuel remaniement ministériel. L’opposition serbe a reçu le double soutien du patriarche orthodoxe Pavle et du prince Alexandre, héritier du trône de Yougoslavie.
L’activité criminelle de bandes de pillards venues d’Albanie s’ajoute aux actions de représailles des Kosovars albanophones contre les Serbes et les Tziganes. A New York, le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a réuni les représentants de 18 pays pour accélérer la mise en place de l’administration civile au Kosovo.
jeudi 1er juillet
Le chef de l’Eglise orthodoxe serbe, le patriarche Pavle, a confié à un journal espagnol qu’il refuse d’appartenir à « une grande Serbie construite sur des crimes ».
nuit du jeudi 1er au vendredi 2 juillet
Officiellement l’armée yougoslave s’est retirée du Kosovo. Pourtant, il semble bien qu’elle mène encore des opérations de diversion dans la province : des soldats allemands ont arrêtés six soldats yougoslaves en civil à Orahovac. A l’aide d’un émetteur de radio, ils diffusaient de fausses informations destinées à semer le trouble dans la population.
vendredi 2 juillet
Le secrétaire d’Etat français à la Santé Bernard Kouchner a été nommé administrateur provisoire de l’ONU pour le Kosovo. Un chef de miliciens serbes a été arrêté à Kosovska Mitrovica. Dans l’est de la province, les Américains de la Kfor ont arrêté des soldats yougoslaves en uniforme et en armes. Dans la soirée, trois soldats britanniques de la Kfor ont ouvert le feu sur une voiture dont les occupants venaient de tirer à l’arme automatique. Bilan : deux morts et deux blessés. Cet incident s’est produit lors d’une manifestation de milliers d’Albanais réclamant l’indépendance de la province. Selon des témoins, les occupants de la voiture n’avaient fait que tirer en l’air. Selon la Kfor, les soldats ont ouvert le feu car ils « craignaient pour leur vie ».
Dans la soirée, plus de 5 000 habitants de la Voïvodine se sont rassemblés dans le centre de Novi Sad, à l’appel de deux partis qui militent pour une plus large autonomie de cette province serbe.
Le général Clark, commandant suprême de l’OTAN, affirme que Milosevic a envoyé des renforts militaires au Monténégro et qu’il y a placé des proches aux postes clés, en vue d’une éventuelle action.
La Croatie a porté plainte contre la Yougoslavie devant la Cour internationale de justice. Zagreb accuse Belgrade d’avoir commis un génocide pendant les conflits qui ont opposé Serbes et Croates entre 1991 et 1995. La Croatie exige également réparation, de la part de Belgrade, pour les dégâts qui ont alors causés en Croatie.
du vendredi 2 au samedi 3 juillet
Plusieurs dizaines de réservistes de l’armée yougoslave ont bloqué la circulation sur les routes du sud de la Serbie, à l’aide de blindés, afin d’obtenir le paiement de leur solde pour leur mobilisation au Kosovo.
samedi 3 juillet
Des tensions ont eut lieu entre Serbes et Albanais dans la zone française de Kosovska Mitrovica, sur le pont principal de la ville, bloqué par un barrage de chars français. Par ailleurs, une organisation allemande de défense des droits de l’homme a publié une liste de 65 charniers localisés au Kosovo.
Clôture du championnat d’Europe de basket masculin, organisé par la France : victoire en finale de l’Italie sur l’Espagne. Dans le match pour la troisième place, la France a été vaincue par la Yougoslavie 74 à 62 au palais omnisports de Paris-Bercy.
dimanche 4 juillet
A la faveur de la reprise de son déploiement au Kosovo, Moscou s’apprêtait une nouvelle fois à mettre l’OTAN devant le fait accompli. Tirant la leçon de ce qui s’était passé à l’aéroport de Pristina, Washington a fait fermer l’espace aérien de plusieurs pays (Hongrie, Bulgarie, Roumanie) et les avions russes n’ont pu décoller. Moscou hurle à la « provocation ». A Prizren, un bon millier de personnes ont fêté le passage des éléments turcs de la Kfor qui doivent se déployer à la pointe de Dragash, dans l’extrême sud-ouest du Kosovo.
A Belgrade, l’opposition démocratique à Milosevic a vu réapparaître l’un de ses leaders : Zoran Djindjic, le président du Parti démocratique (DS) et ancien maire de la capitale serbe, est rentré du Monténégro où il avait trouvé refuge afin d’échapper aux poursuites de la justice militaire yougoslave pour insoumission. Djindjic n’a nullement été inquiété par la police à son arrivée à l’aéroport où l’attendaient plus de 200 militants de son parti. Il a appelé Vuk Draskovic à rejoindre l’Alliance pour les changements.
lundi 5 juillet
Les obstacles au déploiement des Russes au Kosovo semblent avoir été levés à Moscou.
Dans la soirée, en Serbie, plus de 20 000 personnes ont manifesté, pour la première fois, à Leskovac, le fief traditionnel du Parti socialiste (SPS) de Milosevic, pour réclamer la démission du président yougoslave. Des réservistes de l’armée mobilisés au Kosovo s’étaient joints aux manifestants.
Un député de la Republika Srpska a été arrêté à Banja Luka par les soldats de la Sfor. Radoslav Brdjanin figurait sur une liste confidentielle de suspects diffusée par le TPI, qui l’a inculpé pour crimes contre l’humanité. Le TPI lui reproche entre autres d’avoir « conduit des opérations de nettoyage ethnique d’envergure dans les régions de Snaski Most et Prijedor en 1992 ».
mardi 6 juillet
De jour en jour, les forces d’opposition s’affirment en Yougoslavie : dans la soirée, une manifestation d’ampleur a réuni 50 000 personnes, malgré son interdiction officielle, à Uzice, une ville contrôlée par l’opposition depuis 1997. A Belgrade, Vuk Draskovic a réclamé la démission du Premier ministre yougoslave, Momir Bulatovic. Draskovic exige que ce poste soit confié à un membre du parti au pouvoir au Monténégro, un parti hostile à Bulatovic et au président Milosevic. Draskovic exige aussi un nouveau cadre constitutionnel pour la Yougoslavie et des élections « selon les critères de l’OSCE ». Un technicien de la télévision locale de la ville serbe de Leskovac, Ivan Novkovic, qui avait interrompu les émissions pour appeler la population à manifester contre Milosevic, a été arrêté et condamné à 30 jours de prison.
Au Kosovo, les premiers gros porteurs russes sont arrivés à Pristina. Cette journée a également été marquée par l’arrivée du premier avion civil sur l’aéroport depuis que la Kfor en a pris le contrôle.
mercredi 7 juillet
Au Kosovo, des maisons appartenant à des Serbes ont encore été incendiées, à Orahovac et à Prizren. A Orahovac, en outre, 3 000 Albanais environ ont manifesté contre l’arrivée des troupes russes de la Kfor dans leur secteur. A Mitrovica, après plusieurs jours de fermeture, les soldats français ont accepté de rouvrir le pont qui sépare les communautés serbes et albanaises : dans la matinée, sous bonne escorte, 5 000 Albanais sont passés sans incident du côté serbe. Mais, en fin de matinée, des échauffourées se sont produites et le pont a du être refermé.
En Serbie, même si les mouvements d’opposition à Milosevic ne faiblissent pas, la manifestation organisée par Draskovic à Leskovac, fief du président yougoslave, n’a rassemblé que peu de personnes.
jeudi 8 juillet
Pour tenter d’enrayer la montée de la contestation à Milosevic, le parti du président avait d’abord appelé ses sympathisants à manifester au même endroit et à la même heure que l’opposition conduite par Zoran Djindjic, dans la soirée, à Prokuplje, dans le sud de la Serbie. Il y a eu ensuite renoncé, mais des petits groupes de militants sont intervenus contre les opposants et un responsable local du Parti socialiste a même vidé le chargeur de son pistolet du haut d’un balcon. Personne n’a été touché. Dans la rue, il y avait 4 000 manifestants.
Les leaders du rassemblement de l’opposition serbe, l’Alliance pour le changement (SZP), se sont rendus au Kosovo, au monastère de Gracanica, où ils ont rencontré l’évêque Artemije et le leader du Mouvement de résistance serbe, M. Trajkovic. Une cinquantaine de Serbes ont attaqué les leaders de la SZP, les qualifiant de traîtres. A Pristina, ils ont vu l’administrateur provisoire de l’ONU, Sergio Vieira de Melo, et le président de l’OSCE, Knut Vollebaek.
vendredi 9 juillet
L’opposition serbe à Milosevic a pris une forme nouvelle : des motions votées par les assemblées municipales réclament la démission du président yougoslave. Après Novi Sad, dans le nord, et Pirot, dans le sud, c’est la municipalité de Niš qui a demandé à Milosevic de se démettre. Les élus de la troisième ville de Serbie réclament la mise en place d’un gouvernement fédéral de transition démocratique, chargé de préparer des élections générales dans les plus brefs délais. Dragan Tomic, président du Parlement serbe et l’un des principaux alliés de Milosevic, met l’opposition en garde.
La lutte d’influence paraît engagée au Kosovo entre le chef politique de l’UCK, Hashim Thaci, et le « président élu » du Kosovo, Ibrahim Rugova. Rugova vient d’assurer qu’il « rentrerait au pays la semaine prochaine ».
samedi 10 juillet
Le chef de l’Eglise orthodoxe serbe, le patriarche Pavle, estim, dans un entretien au quotidien allemand Die Welt que le président Milosevic devra rendre des comptes pour les massacres commis au Kosovo. Le chef de l’Eglise serbe a également émis l’espoir que les Serbes et les Albanais puissent un jour se réconcilier.
Record de précipitations sur la ville serbe de Kragujevac : 87,6 mm de pluie sont tombées en une seule journée.
dimanche 11 juillet
Zoran Djindjic, le leader de l’opposition démocratique serbe, craint que l’extension des manifestations réclamant la démission de Milosevic ne tourne à la guerre civile. Selon lui, le président yougoslave est assis sur un volcan et « il prendra vraisemblablement le risque d’une guerre civile ». Dans ce cas, l’opposition devra « soutenir la résistance » sans se laisser arrêter par le parti de Milosevic, même s’il marche contre elle « les armes à la main ».
lundi 12 juillet
Dans l’ouest de la Serbie, une manifestation de protestation organisée à Valjevo a tourné en une tentative de prise de la mairie de la ville ; cinq policiers ont été blessés.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a jugé « légitime et raisonnable » la demande d’autonomie de la minorité hongroise de la province serbe de Voïvodine.
mardi 13 juillet
Le Parti démocratique (DS) de Djindjic a demandé à la Cour constitutionnelle yougoslave de « constater que le président Milosevic n’est pas en mesure d’accomplir ses tâches constitutionnelles ». Le DS fait allusion à l’inculpation de Milosevic pour crimes de guerre par le TPI et à la perte d’autorité de la Yougoslavie sur le Kosovo. Zoran Djindjic a également annoncé l’organisation « dans une quinzaine de jours, d’une marche sur Belgrade » pour renverser le régime de Milosevic.
Les corps de 13 enfants et adolescents ont été trouvés par des soldats anglais dans une fosse commune à Celina, dans le sud-ouest du Kosovo. Dans la soirée, quatre Albanais ont été tués par des Serbes à Mucipapa, dans l’est de la province.
mercredi 14 juillet
En huit jours, plus de 200 000 Serbes ont signé une pétition demandant le départ de Milosevic. Ambassadeur à Moscou, le frère du président yougoslave a fait savoir que celui-ci ne cédera pas à la pression de la rue : pour lui, pas de changement en dehors de la légalité.
jeudi 15 juillet
Le Français Bernard Kouchner, administrateur de l’ONU au Kosovo, est arrivé à Pristina. Il a appelé la population à travailler avec lui afin d’instaurer la démocratie dans cette région ravagée par la guerre. Ibrahim Rugova, leader historique des Albanais du Kosovo, l’avait précédé de quelques heures à Pristina, avant de repartir dans la soirée.
Des milliers de manifestants serbes ont réclamé le départ de Milosevic. Ils étaient notamment 10 000 à Kragujevac. Finissant de solder l’état de guerre, le Parlement yougoslave a de nouveau autorisé les rassemblements.
Le TPI pour l’ex-Yougoslavie a rejeté le pourvoi du Serbe de Bosnie Dusan Tadic, dit « Dusko », contre sa condamnation à 20 ans de prison pour - entre autres - le meurtre de deux policiers musulmans bosniaques. C’est la première décision de la chambre d’appel du TPI. La peine de Tadic, incarcéré depuis 1994, sera aggravée à l’issue de la procédure de réexamen des charges.
vendredi 16 juillet
Pour la première fois, les deux camps en conflit au Kosovo se sont réunis autour d’une même table : Bernard Kouchner a réuni le conseil consultatif qui représente les différentes parties kosovares, serbes et albanaises, et qui doit mettre en place les institutions qui mèneront à un gouvernement autonome du Kosovo. Seule la Ligue démocratique d’Ibrahim Rugova manquait à l’appel. La LDK estime trop importante la part accordée à l’UCK.
Dans la soirée, à Kraljevo (centre de la Serbie), plus de 10 000 manifestants ont répondu à l’appel de la coalition d’opposition dominée par Zoran Djindjic.
samedi 17 juillet
En Serbie, plus de 15 000 personnes ont été mobilisées à Kragujevac par Vuk Draskovic. C’est la première fois, depuis le début des manifestations anti-Milosevic, que le leader du SPO tient un meeting. Il a publiquement demandé à son tour la démission du président yougoslave.
dimanche 18 juillet
La ville serbe de Kikinda (50 000 habitants, à 120 kilomètres au nord-est de Belgrade) est la onzième municipalité à réclamer le départ de Milosevic. Les rassemblements populaires se font de plus en plus pressants.
lundi 19 juillet
Zoran Djindjic a été convoqué devant un juge d’instruction militaire, à Belgrade. Le leader de l’opposition serbe, est accusé d’insoumission pendant la campagne aérienne de l’OTAN.
mardi 20 juillet
Le gouvernement yougoslave, qui ne s’en était guère préoccupé auparavant, insiste aujourd’hui auprès de l’ONU pour que soit sauvegardé « le caractère pluriethnique, pluriconfessionnel et pluriculturel » du Kosovo. Belgrade accuse en outre la Minuk, la mission de l’ONU au Kosovo, d’outrepasser son mandat et de porter atteinte à la souveraineté de la Yougoslavie.
mercredi 21 juillet
La première phase de la démilitarisation des indépendantistes albanais du Kosovo s’est achevée avec le stockage de leurs armes lourdes et de leurs munitions, ainsi que 30 % de ses armes de petit calibre, dans une vingtaine de sites de stockage répartis à travers la province.
jeudi 22 juillet
La tragédie qui a frappé les Albanais du Kosovo touche maintenant les albanophones de Serbie. Les premiers témoignages affluent, ils sont la preuve que le « nettoyage ethnique » de l’espace serbe se poursuit. Par ailleurs, le pont de Mitrovica ne sera plus celui de la discorde : Serbes et Albanais ont signé un accord garantissant la libre circulation des personnes et la protection des biens. D’autre part, une réunion des responsables de la Kfor et de ceux de l’UCK qui devait avoir lieu pour faire le point sur la première phase du désarmement des indépendantistes albanais a été reportée au 24 juillet, à la demande de l’UCK. Plusieurs groupes de cette organisation ont été surpris en possession d’armes lourdes… qu’ils auraient déjà rendre la veille.
Un des principaux généraux serbes, Momcilo Perisic, chef d’état-major jusqu’en novembre 1998, s’est dit prêt à se mettre « au service de toutes les forces démocratiques » contre le régime de Belgrade. Vuk Draskovic l’a aussitôt appelé à rejoindre son mouvement.
Bien que l’OTAN considère déjà l’effectif des troupes yougoslaves au Monténégro « quatre fois supérieur à la normale », Belgrade continue d’y transférer des recrues.
vendredi 23 juillet
Le chancelier allemand est le premier chef de gouvernement étranger à se rendre au Kosovo depuis la fin du conflit. Arrivée en fin de matinée à Prizren, il a déjeuné avec les soldats du contingent allemand de la Kfor, avant de s’entretenir avec Bernard Kouchner, puis avec divers représentants des communautés serbe et albanaise. De son côté, l’armée yougoslave a menacé d’envoyer « à tout moment » des troupes au Kosovo, pour « assurer un fonctionnement normal de l’Etat ».
Ouverture à Vienne de la Conférence sur la reconstruction des Balkans, organisée par les sociaux-démocrates européens.
nuit du vendredi 23 au samedi 24 juillet
Dans le village de Gracko (à 20 kilomètres au sud de Pristina), 14 paysans serbes ont été exécutés peu avant l’arrivée de soldats britanniques de la Kfor. Les habitants serbes accusent les Albanais et l’UCK. Cette dernière nie et condamne cet acte. Ce massacre a suscité de nombreuses réactions indignées et relancé les interrogations sur la capacité de la communauté internationale et de la Kfor à protéger les Serbes des représailles albanaises.
samedi 24 juillet
Milosevic a accusé la Kfor et la Minuk de porter « la responsabilité pleine et entière de la tuerie » de la nuit précédente. A Pristina, Nebojsa Vujoviv, le représentant au Kosovo des autorités de Belgrade, a précisé qu’il remettait « en question la coopération de la Yougoslavie avec la Kfor ». Le procureur du TPI pour l’ex-Yougoslavie, Louise Arbour, a annoncé l’ouverture d’une enquête sur le massacre.
dimanche 25 juillet
Slobodan Milosevic a exigé que soit convoqué le Conseil de sécurité de l’ONU pour aborder la question des Serbes du Kosovo, une demande appuyée par le ministre russe des Affaires étrangères. Dans la soirée, une église orthodoxe, qui avait déjà été incendiée, à Grmovo (près d’Urosevac), a été complètement détruite par une explosion. Un Albanais a été arrêté. Toujours dans la soirée, une patrouille italienne a été la cible de tireurs circulant en voiture, à Pec. Ils ont riposté, blessant un de leurs assaillants. Ils ont procédé à trois arrestations. Dans la même région, à Ostok, un autre échange de tir a opposé une patrouille de la Kfor à une dizaine d’hommes armés qui ont pu prendre la fuite.
lundi 26 juillet
Les autopsies des 14 Serbes assassinés à Gracko ont retardé les cérémonies qui devaient avoir lieu ce jour à Pristina, et qui ont été reportées. Depuis cette tuerie, les forces de l’ONU ont renforcé leurs contrôles sur les routes de la province où les incidents semblent s’être multipliés depuis quelques jours. A Pristina, des soldats britanniques ont arrêté huit Albanais ; quatre pour intimidation de familles serbes, quatre pour un comportement du même ordre à l’égard de familles albanaises. En plein centre de Gnjilane, en secteur américain, c’est un attentat audacieux qui a permis la destruction d’une statue du prince, un héros des Serbes. Un Kosovar a été arrêté.
mardi 27 juillet
En visite au Kosovo, le ministre français de la Coopération, Charles Josselin, a été pris à partie à Kosovska Mitrovica, sur le pont qui sépare quartiers albanais et serbes, par une dizaine de Serbes qui lui ont reproché un manque de protection. Le ministre a par ailleurs promis que la France allait mettre 30 millions de francs au Fonds de l’ONU créé pour payer les salaires au Kosovo. D’autre part, des armes lourdes non rendues par l’UCK ont été retrouvées dans une cache en secteur allemand : 2 mitrailleuses lourdes et 500 rangs de munitions, 900 obus de mortier, 150 000 munitions de fusils-mitrailleurs…
mercredi 28 juillet
Des centaines de Serbes ont fait des obsèques dignes aux 14 victimes du massacre du 23 juillet, à Gracko. Les patriarches orthodoxes de Serbie, du Monténégro, de Bosnie-Herzégovine et du Kosovo, ainsi que Bernard Kouchner, assistaient à la cérémonie. Une centaine de soldats de la Kfor avait été déployée. L’administrateur de l’ONU a confirmé l’arrestation de quatre suspects albanais. L’après-midi, il a ouvert Radio Pristina, l’ex-radio d’Etat dont les programmes étaient suspendus depuis un mois. Par ailleurs, une réunion des pays donateurs du Kosovo s’est tenue à Bruxelles.
L’opposant serbe Zoran Djindjic est sorti libre de son audition par le juge d’instruction militaire à Belgrade. Installé au Monténégro pendant les frappes de l’OTAN, Djindjic a expliqué au juge qu’il n’avait pu être informé de son ordre de mobilisation.
vendredi 30 juillet
Le sommet de Sarajevo pour la reconstruction des Balkans a réuni les membres du Pacte de stabilité pour la région. Le président finlandais, Martti Ahtisaari, a ouvert la réunion, en présence de plusieurs chefs d’Etat, dont les présidents français et américain, Jacques Chirac et Bill Clinton, les Premiers ministres britannique et russe, Tony Blair et Sergueï Stepachine, le chancelier allemand, Gerhardt Schröder, et les délégués de tous les pays concernés, à l’exception, forcée, du président de la Yougoslavie, Milosevic. Les débats n’ont duré que deux heures et demie. Les pays occidentaux ont promis d’aider financièrement les pays de la région, sauf la Serbie tant que Milosevic sera en place. Le Monténégro et le Kosovo seront, eux, aidés, ainsi que l’opposition serbe. Les pays de la région ont pris des engagements concernant leur « démocratisation » et la « coopération mutuelle », leurs efforts pour intégrer les « structures euro-atlantiques », le droit au retour des réfugiés et l’ouverture économique.
Les manifestations se sont multipliées en Serbie pour exiger la démission de Milosevic. A Uzice, 2 000 partisans de Djindjic ont exigé « des changements maintenant ou jamais ». Un millier de personnes exigeaient la même chose pour la douzième journée consécutive à Kragujevac, 4 000 à Leskovac pour la 25e journée consécutive.
Le président monténégrin Milo Djukanovic a annoncé qu’il y aurait un référendum sur l’indépendance de sa république si la Serbie n’accepter pas son programme de réforme de la fédération.
Un Parlement national serbe du Kosovo, dont la création a été décidée par Belgrade, a tenu sa session constitutive à Zvecan, près de Kosovska Mitrovica, qui a reçu la visite du ministre français de la Coopération, Charles Josselin. Par ailleurs, Ibrahim Rugova est rentré « pour de bon » au Kosovo.
samedi 31 juillet
La contestation grandit en Serbie à l’égard de Milosevic : les représentants de 24 villes (dont Niš et Novi Sad), et de 8 des 16 municipalités de Belgrade, contrôlées par l’opposition ont adopté, à l’unanimité, une déclaration demandant la démission du président yougoslave, à l’issue d’une réunion de l’Association des villes et municipalités libres (fondée en 1996). Le général Pavkovic, commandant de la troisième armée serbe a déclaré qu’il n’était pas question d’envoyer des chars contre des manifestants qui demanderaient des élections.
Des soldats russes de la Kfor ont brièvement interpellé le chef militaire de l’UCK, Aghim Ceku, sur une route à l’ouest de Pristina. Il a été relâché après des négociations entre le général Jackson et les militaires russes. Par ailleurs, quatre Albanais ont été arrêtés par la Kfor dans le centre du Kosovo, à la suite de violences antiserbes. A Pristina, devant une foule de 4 000 Albanais, le Premier ministre britannique Tony Blair a appelé les habitants du Kosovo à construire une société fondée sur la tolérance et leurs dirigeants politiques à abandonner leurs rivalités pour gouverner ensemble. Enfin, 1 017 tziganes originaires du Kosovo ont été récupérés sur un bateau qui avait été arraisonné dans l’Adriatique au large de l’Italie. Les réfugiés ont été conduits dans un camp de transit sur l’aéroport militaire de Bari, en attendant d’être expulsés.
Dans la soirée, la police serbe a tiré en l’air à Cacak pour séparer des supporters qui s’affrontaient lors d’un match de football opposant l’équipe locale Borac à l’Etoile Rouge de Belgrade. La police a aussi utilisé un canon à eau et des gaz lacrymogènes. Selon la chaîne de télévision privée SOS Kanal, des dizaines de supporters ont été blessés.
dimanche 1er août
Dans la matinée, une violente explosion a endommagé une église orthodoxe serbe en construction dans le centre de Pristina. L’attentat n’a fait aucune victime et les dégâts sont minimes. Après plusieurs semaines d’intimidations et de violences, tous les habitants serbes de la localité de Zitinje (sud-est du Kosovo) ont plié bagage pour rejoindre la Serbie, escortés par des Américains. Il ne reste plus que 30 000 Serbes dans la province, contre 150 000 avant la guerre. Par ailleurs, selon l’église orthodoxe, 200 Serbes ont été tués par vengeance depuis le retrait des forces militaires serbes. Par ailleurs, les forces françaises ont démantelé un émetteur de télévision serbe près de Zubin Potok. L’installation, touchée par les bombes de l’OTAN, était devenue dangereuse.
lundi 2 août
Les Belgradois ont retrouvé leur radio préférée, B-92, unique station indépendante de la capitale qui avait été fermée le 24 mars par le régime yougoslave. Rebaptisée B2-92, la radio dirigée par Sasa Mirkovic a affiché d’emblée son autonomie en diffusant des informations occultées par les médias et la propagande officielle. Radio B2-92 a bénéficié de la complicité de Studio-B, une radio contrôlée par le parti de Vuk Draskovic qui leur a mis un studio à disposition. Cette initiative vient au moment où la campagne pour la démission de Milosevic s’essouffle. Ces manifestations quotidiennes rassemblent de moins en moins de monde. Par ailleurs, des agriculteurs de Voïvodine (principale région céréalière yougoslave) ont bloqué, à l’aide de dizaines de tracteurs, la route reliant Belgrade à Zrenjanin. Ils réclament un relèvement du prix du blé. La police est intervenue pour lever le barrage et les a interpellée.
Les Kosovars albanais réfugiés dans les pays d’Europe occidentale commencent à rentrer au pays : deux avions ont débarqué 260 réfugiés à Pristina. Par ailleurs, quatre Albanais du Kosovo accusés d’appartenir à l’UCK ont été condamnés par un tribunal militaire yougoslave à des peines de 1 à 13 ans de prison.
Le Bosniaque serbe Radomir Kovac, inculpé par le TPI de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, a été arrêté à Foca (sud-est de la Bosnie, secteur français) par la Sfor. Il est notamment accusé d’avoir enfermé, puis « vendu » ou violé des femmes que sa milice avait capturées en 1992. Son arrestation porte à 32 le nombre d’inculpés livrés au TPI sur un total de 66 officiellement poursuivis.
nuit du lundi 2 au mardi 3 août
Les vengeances continuent au Kosovo : un homme et une femme âgée ont été tués à Pristina.
mardi 3 août
L’affirmation de Bernard Kouchner selon laquelle il y aurait 11 000 morts dans les fosses communes du Kosovo a été qualifiée « d’énorme bourde » et « de faute politique » chez certains officiers de la Kfor. L’administrateur de l’ONU au Kosovo a d’ailleurs fait machine arrière en affirmant que le chiffre qu’il avait avancé était « le nombre potentiel de victimes » basé sur des informations de toutes sources. Par ailleurs, les séparatistes albanais mettent en avant « leurs 15 000 martyrs » pour justifier à la fois leurs vengeances et leurs revendications politiques. D’autre part, les droits d’inspection, très lourds, imposés par la Macédoine aux convois humanitaires, ne sont pas du goût du HCR. Des dizaines de camions restent ainsi bloqués à Skopje.
Le Parti radical serbe (ultranationalistes) estime qu’un changement de pouvoir exécutif en Serbie et en Yougoslavie est « indispensable ». Par ailleurs, des rassemblements d’opposants à Milosevic ont de nouveau eu lieu dans une demi-douzaine de villes de Serbie, et Vuk Draskovic est arrivé à Rome pour des entretiens.
Le président monténégrin Djukanovic, en visite à Moscou, affirme que la Russie reconnaît la responsabilité de Milosevic dans la tragédie yougoslave.
mercredi 4 août
Sur le site du charnier de Suvi Do, Bernard Kouchner a reconnu avoir « fait une énorme erreur ». Par ailleurs, Bernard Kouchner a obtenu qu’Ibrahim Rugova et Hashim Thaçi se mettent d’accord sur la composition du Conseil de transition. Ce conseil devrait se tenir dans le courant du mois d’août.
jeudi 5 août
Pour faire taire la contestation qui monte dans le pays, le Premier ministre yougoslave, Momir Bulatovic, a proposé aux partis de l’opposition de participer à un gouvernement remanié. Les deux principaux partis ont refusé et Vuk Draskovic a même demandé la démission de Bulatovic et la nomination d’un proche du président monténégrin Djukanovic. Justement, le gouvernement du Monténégro demande ni plus ni moins le remplacement de la République fédérale de Yougoslavie par une « Communauté du Monténégro et de la Serbie » où les responsabilités seraient partagées paritairement par les deux Etats. Si les Serbes font la sourde oreille, le gouvernement menace d’organiser un référendum sur l’indépendance du Monténégro.
samedi 7 août
Des échauffourées ont éclaté entre des soldats français de la Kfor et des manifestants kosovars albanais qui tentaient de pénétrer dans la partie serbe de Kosovska Mitrovica. Les soldats français ont bloqué un cortège d’environ 450 personnes qui voulaient franchir le pont séparant les quartiers albanais et serbes de la ville. Quatre manifestants « assez violents » ont été interpellés puis relâchés lorsque les « esprits se sont calmés ».
dimanche 8 août
Les premières équipes de la police internationale de l’ONU ont commencé leurs patrouilles à Pristina.
lundi 9 août
Un nouveau parti d’opposition est né en Serbie : le Mouvement pour une Serbie démocratique, créé par le général Momcilo Perisic, ancien chef de l’état-major de l’armée yougoslave limogé en novembre par Milosevic. Mgr Pavle, le patriarche de l’Eglise orthodoxe est parvenu à réunir tous les chefs de l’opposition et à les mettre d’accord sur la nécessité d’obtenir le départ du président yougoslave. Mgr Pavle a obtenu que toutes les composantes de l’opposition participent à un rassemblement pour la démission de Milosevic, le 19 août à Belgrade. L’initiative en revient au G-17, un groupe d’économistes serbes indépendants qui a élaboré un Pacte pour la stabilité de la Serbie et un projet de gouvernement formé d’experts qu’il a soumis à tous les partis. Mais Vuk Draskovic (SPO) et Zoran Djindjic (DS) ne sont d’accord que pour chasser Milosevic. Le pouvoir en place en Serbie s’en est pris sévèrement à l’Eglise orthodoxe. Le quotidien gouvernemental Borba accuse l’Eglise d’être complice des partisans de la « guerre civile ». Le pouvoir serbe, par l’intermédiaire de sa télévision, s’en également pris à « l’Alliance pour des changements », la coalition d’opposants.
Pour la troisième journée consécutive, des manifestations ont opposé les forces françaises stationnées à Mitrovica à 150 Albanais, aux abords du pont qui relie les quartiers serbes et albanais. Les Français sont accusés d’être proserbes. Un soldat français a été grièvement blessé. Il a fallu l’intervention d’un commandant local de l’UCK pour que la tension s’apaise. L’UCK semble jouer double jeu. Le général Jackson, chef de la Kfor, a estimé que l’UCK « perd le contrôle » de ses éléments les plus radicaux. Une réunion entre la Kfor et l’UCK a d’ailleurs eu lieu à Pristina pour mettre les choses au point. Dans la soirée, deux femmes serbes de 70 et 79 ans ont été abattues à travers la porte de leur appartement de Pristina.
mardi 10 août
Une relative accalmie a régné à Kosovska Mitrovica, après trois jours de tensions entre soldats français et manifestants albanais désireux de passer en secteur serbe. Dans la matinée, une centaine de jeunes gens s’étaient rassemblés devant le pont de la discorde aux cris de « UCK, UCK ». C’est dans ce contexte que le ministre français de la Défense, Alain Richard, a rendu visite aux soldats français de la Kfor de la ville. De son côté, le commandant de la force de paix au Kosovo a lancé un sévère avertissement à l’UCK, dont il est apparu qu’elle avait mis sur pied une police parallèle. Le général Jackson a demandé que des mesures soient prises à l’encontre de Rexhep Selimi, « ministre de l’Intérieur » du gouvernement autoproclamé de l’UCK.
Le général Moncilo Perisic, ancien chef d’état-major de l’armée yougoslave, qui vient de créer son parti, le PDS, a déclaré qu’il se mettait au service du peuple et de la démocratie.
mercredi 11 août
L’Eglise orthodoxe serbe a appelé à la tenue d’élections anticipées en Serbie et renouvelé son appel à la démission du président Milosevic. Néanmoins, le patriarche Mgr Pavle ne participera pas au rassemblement de l’opposition le 19 août à Belgrade, estimant qu’un meeting n’est pas l’endroit où un chef spirituel doit exprimer ses positions.
Le HCR dénonce la montée de la violence contre les 2 000 Serbes qui ont décidé de rester à Pristina. On a dénombré au moins neuf morts en une semaine, tandis que les attaques à l’explosif contre des maisons, églises ou magasins serbes sont monnaie courante. Par ailleurs, une patrouille russe a été attaquée à coups de pierres par 500 manifestants à Dobrocane, et les Américains ont dû venir à la rescousse.
jeudi 12 août
Chaque jour, les contingents de la Kfor font face à la violence, les Russes en premier. Pratiquement chaque soir, les Russes sont la cible de tirs. Tous les jours, des centaines de Kosovars défilent devant leur quartier général en leur criant de partir. Dans le secteur de Pristina, deux patrouilles britanniques sont intervenues pour faire échouer une attaque menée à l’arme automatique, peu avant l’aube, contre un village peuplé en majorité de Serbes. Les soldats ont livré une course-poursuite contre les agresseurs, qui fuyaient en voiture et n’ont pas hésité à répliquer avec leurs armes. Quatre Albanais sur cinq ont été arrêtés.
Les ultranationalistes du Parti radical serbe sont entrés au gouvernement fédéral yougoslave, renforçant ainsi le pouvoir de Milosevic.
vendredi 13 août
Un soldat russe a été blessé par balles dans le sud-est du Kosovo. Il a été la cible d’un tireur embusqué et touché à l’épaule alors qu’il était de garde à son camp. Un autre soldat russe avait été blessé à la jambe, la semaine dernière, dans des circonstances similaires. Chaque jour, la tension s’accroît un peu plus entre les Albanais et les Russes, accusés de protéger les Serbes. Par ailleurs, des experts légistes des Nations unies ont exhumé les quatre premiers corps de Kosovars albanais d’un site de 97 fosses près de Rakos dans l’ouest de la province. Ces fosses renferment probablement les corps de détenus de la prison de Dubrava.
Les leaders des six partis d’opposition serbe ont demandé à l’Union européenne « la levée de toutes les sanctions en vigueur contre la Serbie et la Yougoslavie ».
samedi 14 août
Bernard Kouchner a fait comprendre à Hashim Thaçi, chef politique de l’UCK, que sa « patience était au bout ». « Il n’est pas question dans l’avenir que je permette qu’on brûle 10-15 maisons de Serbes même si j’entre en conflit avec l’UCK », a-t-il précisé. Un soldat allemand a été sauvé par son gilet pare-balle : alors qu’il participait, avec sa patrouille, à la protection d’une fête catholique à Zjum (près de Pristina), il s’est retrouvé face à trois assaillants armés qui ont fait feu.
du samedi 14 au dimanche 15 août
La multiplication des incidents au Kosovo, qu’ils soient antiserbes ou purement criminels, inquiète les responsables de la Kfor : une femme a été poignardée à Prizren, un vieillard serbe tué par balle à Pozaranje, quatre Kosovars albanais arrêtés dans le Sud-Est pour le meurtre d’un autre albanophone…
dimanche 15 août
Selon l’organisation humanitaire Focus, la Yougoslavie serait sous la menace d’une catastrophe écologique, conséquence des bombardements de l’OTAN sur les sites industriels. La pollution menacerait de s’étendre à d’autres pays.
6 000 manifestants se sont rassemblés à Krusevac, au centre de la Serbie, pour réclamer le départ de Milosevic.
nuit du dimanche 15 au lundi 16 août
Une vieille femme Serbe de 78 ans a été battue à mort dans son appartement de Pristina.
lundi 16 août
A quatre jours du meeting de l’opposition à Belgrade, le ministre yougoslave de la Justice, Petar Jojic, un ultranationaliste, a averti que « toutes les mesures légales » seront prises « si le moindre incident se produit »…
Bernard Kouchner a annoncé un réexamen global de la législation en vigueur dans la province, en vue d’éliminer toute discrimination ethnique. Il prévoit une démarche similaire pour la santé et l’éducation. Milosevic a réclamé un « respect strict » des engagements pris par la Kfor et par la mission de l’ONU sur le retrait serbe. Le chef de la Troisième armée yougoslave, le général Pavkovic, a, lui, demandé le départ de la Kfor.
mardi 17 août
Vuk Draskovic, en désaccord avec d’autres opposants serbes « irresponsables », a annoncé que, contrairement à ce qu’il avait d’abord annoncé, il ne fera pas de discours le 19 août, à Belgrade, devant le Parlement fédéral. C’est là que doit se tenir la grande manifestation de l’opposition. Draskovic veut un accord entre l’opposition et certains secteurs actuellement au pouvoir, de manière à investir valablement un gouvernement de transition. Zoran Djindjic ne croit pas à un tel accord. Par ailleurs, le général Perisic a annoncé qu’il ne participerait pas au meeting du 19 août. Son parti souhaite que le Parlement relève Milosevic de ses fonctions. De son côté, le patriarche Pavle, absent lui aussi, sera représenté par l’archevêque Atanasije Rakita. Pour sa part, le pouvoir a fait adopter par le Parlement, réuni en session extraordinaire, quatre projets économiques présentés comme libéraux.
Des tirs de mortier ont tué deux adolescents de 14 et 16 ans et fait cinq blessés en secteur américain, dans l’est du Kosovo. La vie reprend cependant, peu à peu, à Pristina où Bernard Kouchner a lancé une opération « ville propre ». La ville croule en effet sous des monceaux d’ordures.
Selon le New York Times, des dirigeants croates, serbes et musulmans de Bosnie ont détourné jusqu’à un milliard de dollars de fonds publics internationaux. Un rapport émanant d’un service américain estime que la corruption est si importante que les ambassades et les organisations humanitaires hésitent à publier les chiffres de crainte de faire fuir les donneurs internationaux. Depuis la fin de la guerre civile, la Bosnie a reçu une aide financière de 5,1 milliards de dollars. Exemple de gabegie : dans la ville de Sansky, une des plus touchées pendant la guerre, les fonds municipaux ont été utilisés pour construire un hippodrome. Le maire de la ville fait l’objet de 358 inculpations pour corruption. A Tuzla, il manque 200 millions de dollars dans le budget, auxquels viennent s’ajouter 300 millions disparus au cours des deux dernières années.
mercredi 18 août
Le Conseil permanent de l’OTAN a renoncé, sous la pression des Américains et des Britanniques, à lancer une mise en garde publique contre l’attitude de l’UCK. Celle-ci souhaite, à l’avenir, se transformer en garde nationale armée, ce que la Kfor refuse, préfèrent l’idée d’une force de sécurité civile non armée qui aiderait la police. Par ailleurs, la police internationale de l’ONU (200 hommes) prend le relais de la police militaire de la Kfor à Pristina, cadre de 60 % des crimes commis dans la province.
Qualifications pour l’Euro de football 2000 : au stade Crvena Zvezda de Belgrade, la Serbie-Monténégro et la Croatie ont fait match nul zéro à zéro.
jeudi 19 août
Dans la soirée, plus de 150 000 opposants au pouvoir yougoslave se sont rassemblés devant le Parlement de Belgrade. Cette manifestation, à l’initiative d’un groupe d’économistes indépendants, est la première dans la capitale depuis le début de la campagne contre le régime. « Nous donnons 15 jours à Milosevic pour qu’il disparaisse de notre vue. Si dans 15 jours, il est encore là, la Serbie sortira dans la rue. Nous resterons là tant que tu ne quitteras pas le pouvoir », a déclaré Zoran Djindjic. Le parti de Milosevic, le SPS a annoncé qu’il n’avait « pas peur d’élections anticipées ». Le président du Parti radical serbe (au pouvoir) a déclaré à son tour que son parti « est favorable à la tenue d’élections à tous les niveaux » en septembre et qu’il « ne sera pas un frein à leur organisation ». Il a même invité l’opposition à proposer elle-même la date de la consultation.
vendredi 20 août
Zoran Djindjic a annoncé qu’à partir du 21 septembre l’opposition serbe organisera chaque jour des meetings dans la capitale, si Milosevic ne démissionne pas d’ici là. Des meetings auront lieu en province dès début septembre. La pression de la rue se doublerait d’appels à la grève générale.
Alors que les Russes, mécontents de l’attitude occidentale, menacent de retirer leurs troupes du Kosovo, le leader kosovar modéré Ibrahim Rugova qualifie de « test » l’attitude des siens face aux Serbes, et leur demande d’ « arrêter » les exactions. Par ailleurs, trois Serbes ont été arrêtés par la Brigade multinationale sud, sous commandement allemand, de la Kfor. Ils sont soupçonnés d’avoir participé, au printemps, à des meurtres de Kosovars albanophones, des pillages et des incendies criminels.
samedi 21 août
Les représentants de toutes les communautés et forces politiques au Kosovo se sont réunis pour la première fois autour d’une table au sein du deuxième Conseil de transition, marqué toutefois par l’absence du leader politique de l’UCK, Hashim Thaçi. Le premier conseil, le 16 juillet, avait été boycotté par la LDK de Rugova. Le Conseil est saisi d’un projet de cantonisation de la province présenté par Momcilo Trajkovic, chef du Mouvement serbe de résistance : il s’agirait de regrouper les Serbes dans cinq cantons (couvrant un tiers du terrain) pour mieux les protéger. Le projet prévoit une auto-administration, une police propre et une assemblée. Les Kosovars albanais et Bernard Kouchner sont réticents.
dimanche 22 août
Pour le vice-Premier ministre monténégrin, Dragisa Burzan, il n’y a pas d’alternative à l’indépendance du Monténégro, aucun changement suffisant ne pouvant être attendu de la part de l’opposition quand elle sera au pouvoir en Serbie. Selon les derniers sondages, 40 % de la population désire que le pays devienne indépendant.
Le général Perisic s’est prononcé pour des élections anticipées en Yougoslavie, « seul moyen, selon lui, de sortir le pays de la crise ». Celles-ci, dit-il, devraient suivre la destitution du président par le Parlement. Perisic est hostile à tout gouvernement de transition tant que Milosevic restera au pouvoir.
lundi 23 août
Bernard Kouchner a mis en place au Kosovo, dans un climat qualifié de « tendu et chargé d’émotion », des groupes de travail sur la réforme de la santé. Ce secteur est l’un des plus touchés par les divisions ethniques. Par ailleurs, selon l’hebdomadaire britannique Jane’s Defence Weekly, des gaz chimiques auraient été utilisés par les forces serbes contre les Kosovars albanais depuis le début des années 1990 et jusqu’au déploiement de la Kfor, en juin 1999.
mardi 24 août
Les corps de 13 musulmans bosniaques, pour la plupart originaires de la région de Srebrenica, ont été exhumés de deux charniers situés à Motovo, près de Zvornik, en zone serbe dans l’est de la Bosnie. Les experts ont aussi découverts dix autres corps, dont ceux de 6 Musulmans tués en 1992 près de leurs maisons dans des villages proches de Zvornik. Au total, selon des estimations du CICR, 7 000 à 8 000 musulmans ont été portés disparus dans cette région de Srebrenica.
Une équipe de neuf experts de l’ONU a commencé à enquêter à Belgrade sur la pollution du Danube, provoquée par les bombardements de l’OTAN en Yougoslavie.
mercredi 25 août
Des mesures spécifiques pour « la protection des Serbes » seront présentées dans une semaine. Bernard Kouchner l’a annoncé au Conseil de transition, auquel participent les chefs des divers partis et communautés ethniques de la province. Le représentant de l’ONU n’entend pas créer des zones séparées pour les Serbes et les Albanais, comme le souhaite le leader serbe Momcilo Trajkovic. Le HCR a admis avoir évacué vers le Serbie 28 Serbes de Prizren « en danger de mort » ou souhaitant un regroupement familial. Les habitants de cette ville du sud-est du Kosovo s’opposent toujours à l’entrée des soldats russes de la Kfor.
Le général Momir Talic, chef d’état-major de l’armée serbe bosniaque, a été arrêté à Vienne (Autriche) et extradé vers La Haye où le TPI l’avait inculpé, le 12 mars 1999, de crimes contre l’humanité pour son action en Krajina en 1992 (déportation de plus de 100 000 civils). Le général Talic suivait, en Autriche, un séminaire de l’OSCE. La délégation serbo-bosniaque (six personnes) a décidé de quitter Vienne. Talic sera le plus haut gradé du conflit en ex-Yougoslavie à comparaître devant le TPI.
Président du Conseil de l’Europe, Lord Russel-Johnston a exclu l’envoi d’observateurs en Serbie si le président Milosevic convoquait des élections anticipées à l’automne. « Le Conseil de l’Europe ne pourrait accepter d’observer des élections convoquées par un criminel de guerre », a-t-il déclaré au retour d’une visite de trois jours au Kosovo. Pour lui, Milosevic doit partir et se rendre « sans escale » à La Haye, au siège du TPI.
jeudi 26 août
Depuis quatre jours, les albanophones d’Urahovac barrent la route aux troupes russes censées s’y déployer. Pour la première fois, les représentants serbes et albanais se sont parlé. Mais les négociations sont restées vaines.
vendredi 27 août
Plus de 2 000 Kosovars ont marché en silence à Pristina pour demander aux autorités yougoslaves de libérer leurs proches, prisonniers ou portés disparus en Serbie. Selon les organisateurs, ils sont 5 000 à 7 000 dans ce cas. La majorité ont été fait prisonniers entre le 24 mars et le 12 juin, pendant que Serbie et Kosovo étaient sous les bombes de l’OTAN.
Les opérations de reconquêtes menées par l’armée croate en 1995 contre les sécessionnistes serbes ne sont pas du ressort du TPI. C’est l’avis du gouvernement croate, pour lequel les opérations « Tempête » et « Eclair » ont été menées « conformément au droit international », et leur légitimité « ne peut pas être remise en question ». Cette déclaration fait suite à une lettre adressée par le TPI au Conseil de sécurité de l’ONU demandant des sanctions contre la Croatie, accusée de non-coopération. Le TPI fait notamment pression sur la Croatie pour qu’elle lui livre Mladen Naletilic, ancien parrain de la mafia de Mostar (sud de la Bosnie) et inculpé de crime contre l’humanité dans le conflit croato-musulman de 1993-1994.
samedi 28 août
Le leader serbe Vuk Draskovic a demandé à l’ONU de « relever immédiatement Bernard Kouchner de ses fonctions » de chef de la mission civile des Nations unies au Kosovo. Il l’accuse d’avoir « conduit des manifestations antiserbes » (pour la libération de détenus kosovars), d’avoir « déclaré que des terroristes albanais (de l’UCK) méritent le prix Nobel pour la liberté ». Zoran Djindjic déclare pour sa part « soutenir » le projet de « cantonisation » du Kosovo rejeté par Kouchner.
lundi 30 août
La formation des futurs policiers de la police kosovare a débuté pour 200 recrues. La Mission de l’ONU au Kosovo met également en place un système de licences pour les entreprises d’import-export afin de mettre fin aux trafics en tous genres. A Mitrovica, les forces françaises prévoient le retour de reloger, cette semaine, 136 familles albanaises dans le quartier serbe.
La liste des inculpés secrets du TPI aurait fait l’objet de fuites en Republika Srpska, selon le quotidien néerlandais Volskrant. Le journal attribue l’origine de la fuite à « un fonctionnaire serbe bosniaque ».
mardi 31 août
Formé en 1998 lors d’élections non reconnues par Belgrade et la communauté internationale, le Parlement kosovar s’est réuni à Pristina, en présence de son président, Ibrahim Rugova. Pour la première fois, ce dernier a siégé aux côtés d’Hashim Thaçi, le patron de l’UCK. L’un et l’autre se disputent la suprématie politique dans le Kosovo d’après-guerre. Hashim Thaçi a d’ailleurs annoncé son intention de former un nouveau parti politique, dans la perspective des élections que l’OSCE prévoit d’organiser l’année prochaine.
en août
Le ministre de la Justice de Serbie Milan Trbojevic a évoqué l’existence d’une liste d’une dizaine de hauts fonctionnaires de la Republika Srpska faisant l’objet d’un acte d’accusation secret du TPI ? Parmi les premiers sur cette liste, selon Trbojevic : Momcilo Krajisnik, Nikola Koljevic et Biljana Plavsic.
mercredi 1er septembre
Bernard Kouchner a annoncé qu’il avait pris la décision d’envoyer la police des Nations unies à Orahovac, avec mission d’y déployer la situation créée par les barrages de la population albanaise qui empêche, depuis dix jours, les troupes russes de remplacer un contingent néerlandais. Hashim Thaçi, qui a largement alimenté l’opposition albanaise au déploiement russe, a promis de se rendre prochainement à Orahovac car la situation y est « très sérieuse ».
Ouverture de la 56e Mostra de Venise. Le jury est présidé par le cinéaste serbe Emir Kusturica.
Qualifications pour l’Euro 2000 de football : au stade dublinois de Lansdowne Road, l’Irlande a battu la Yougoslavie deux buts (Robbie Keane, Kennedy) à un.
vendredi 3 septembre
Bernard Kouchner a promulgué une loi faisant du mark allemand la monnaie officielle du Kosovo. Les administrateurs de l’ONU ne font que légaliser une situation qui existait déjà. La monnaie allemande était largement utilisée au Kosovo comme dans le reste de l’ancienne Yougoslavie.
dimanche 5 septembre
Eliminatoires du championnat d’Europe de football 2000 : au stade du Partizan de Belgrade, la Serbie-Monténégro a battu la Macédoine trois buts à un.
lundi 6 septembre
Trois Serbes du Kosovo ont été tués dans la matinée à Korminjane (dans le secteur de Gnjilane) par les forces russes chargées de ce secteur, lors d’affrontements entre Serbes et Albanais qui ont également coûté la vile à un Albanais. Par ailleurs, l’Union européenne a formellement levé les sanctions pesant sur le Kosovo et le Monténégro en tant que parties de la Yougoslavie. Mais le règlement d’application, qui permettra la levée effective des sanctions, n’est toujours pas rédigé.
nuit du lundi 6 au mardi 7 septembre
Un soldat français de la Kfor a été blessé par balle lors d’attaques contre les Serbes au Kosovo.
mardi 7 septembre
Les futurs policiers kosovars sont désormais formés dans l’ancienne école de police serbe de Vushtrri. 175 hommes et femmes ont été sélectionnés parmi 19 000 candidats. Cette première promotion compte 7 Serbes, 1 Turc, 1 Tzigane, et 38 femmes.
mercredi 8 septembre
Eliminatoires de l’Euro de football 2000 : au stade Gradski de Skopje, la Macédoine a été battue par la Serbie-Monténégro quatre buts à deux.
jeudi 9 septembre
Bernard Kouchner a proposé de transformer l’UCK en une « force civile à vocation humanitaire ». Cette nouvelle force disposerait de « 200 armes de poing destinées à la protection immédiate et à l’autodéfense des autorités et chefs de détachement de cette force ». Les Russes sont opposés à ce projet. Dans la soirée, 100 personnes ont été blessés à Kosovska Mitrovica : 35 Serbes, 15 soldats et gendarmes français de la Kfor et plusieurs Albanais, essentiellement par des jets de pierres et l’explosion de deux grenades.
A l’appel d’un groupe d’économistes indépendants, plus de 2 000 manifestants serbes ont réclamé le départ du président Milosevic, dans la soirée, à la Maison des syndicats à Belgrade. « Nous sommes prêts à aider une partie de l’opposition démocratique si elle veut vraiment des changements, a expliqué le coordinateur du mouvement. Autrement, nous de l’attendrons pas et nous prendrons nous-mêmes les choses en mains ». L’opposition serbe a annoncé, de son côté, qu’elle engageait la « bataille finale » pour la démission de Milosevic à partir du 21 septembre : « Cette fois-ci, pas de compromis, nous irons jusqu’au bout ».
vendredi 10 septembre
Le calme est revenu dans la soirée à Kosovska Mitrovica où de violents affrontements ont opposé des manifestants albanais et des soldats français de la Kfor pendant quatre heures. Il aura fallu l’intervention d’un chef de l’UCK, le commandant Raman Rama, responsable de l’ancienne guérilla pour la région, pour ramener à la raison les manifestants. Ces Albanais, en grande majorité des jeunes de 14 à 25 ans, étaient parvenus à se rendre sous le pont qui sépara les quartiers serbes des quartiers albanais, pour jeter divers projectiles à l’aide de frondes sur les Serbes rassemblés derrière les troupes de la Kfor. Les soldats français et italiens, en faction sur le pont, ont dû recourir à des gaz lacrymogènes pour les disperser. Une dizaine de personnes ont été blessées. L’une d’entre elles a été grièvement touchée à la gorge par un jet de grenade offensive.
lundi 13 septembre
Le général Jackson, qui commande la force de paix de l’OTAN au Kosovo, estime que ses soldats ont atteint leur limite dans l’action qui est la leur et qu’il faut maintenant mettre en place des institutions civiles.
mercredi 15 septembre
A quatre jours de la date marquant la fin de la démilitarisation de l’UCK, la Kfor a mis en garde l’UCK contre « toute tentative de former une Force de Défense du Kosovo ou tout autre groupe militaire ou paramilitaire ». A Moscou, Bernard Kouchner a convaincu les Russes de faire participer l’UCK à un corps de sécurité civile. Ce « Kosovo Corps » serait chargé de combattre les incendies et les catastrophes naturelles, mais aussi de neutraliser les mines et explosifs. Les leaders de l’UCK voudraient le transformer en embryon d’armée en vue d’une future indépendance.
jeudi 16 septembre
Agim Ceku, le chef d’état-major de l’UCK, affirme que son organisation a « achevé sa démilitarisation » et « rendu toutes ses armes », trois jours avant l’échéance prévue par l’accord du 21 juin. Il a précisé que l’arsenal dont ses hommes se sont séparés « représente environ 10 000 armes ». Sous réserve d’un inventaire plus précis, la Commission d’application de l’accord de démilitarisation semble effectivement satisfaite. Tout n’est pourtant pas encore joué. Certains officiers de l’OTAN sont persuadés que de nouvelles armes arrivent clandestinement d’Albanie pour remplacer celles qui ont été déposées. Par ailleurs, le général Wesley Clark a annoncé le dernier bilan des pertes subies par l’armée yougoslave pendant les 79 de frappes aériennes au Kosovo : destruction de 93 chars, 141 véhicules blindés et 381 pièces d’artillerie et de mortiers. Des chiffres peu crédibles d’après certains journaux.
Dans la soirée, les composantes de l’opposition serbe (SZP) ont tenu leur première convention au Palais des sports de Novi Sad. Ils y ont présenté leur programme d’action : « assignation en responsabilité » du président fédéral et sa démission ; convocation, à terme, d’élections « libres, démocratiques et équitables sous contrôles de l’OSCE » ; « ouverture de la Serbie à tous les Etats et organisations internationales, mise en place d’institutions démocratiques dans un Kosovo doté du plus haut degré d’autonomie, redéfinition des relations entre la Serbie et le Monténégro, refonte du système politique, protection des droits de l’homme et des droits des minorités ». 5 000 personnes ont fait un triomphe à l’économiste Dragoslav Avramovic (82 ans). Mais Vuk Draskovic n’était pas présent. Son mouvement ne fait pas partie du SZP. De son côté, Zoran Djindjic, présent à Novi Sad, a confirmé l’appel à manifester à Belgrade le 21 septembre. Nenad Canak, président des sociaux-démocrates de Voïvodine, a annoncé que ce jour ses sympathisants prendraient d’assaut l’assemblée provinciale pour en « expulser les occupants illégaux ».
samedi 18 septembre
Plus de 100 000 Kosovars ont assisté à Pristina à la première et dernière grande parade de combattants désarmés de l’UCK. Les dirigeants ont lancé un appel à l’indépendance de la province. Pour cette « parade de la victoire », les manifestants ont rendu hommage aux combattants kosovars. Dans la soirée, les négociations étaient toujours en cours entre les représentants de l’OTAN, de l’ONU et de l’UCK sur les conditions de la transformation de l’UCK en une « force civile ».
lundi 20 septembre
L’OTAN a fini par remporter une victoire à l’arraché sur l’UCK. Dans la soirée, avec une journée de retard, l’UCK a fini par concrétiser sa démilitarisation en signant le texte qui transforme l’UCK en TKM, « Corps de protection du Kosovo ». Le TKM disposera de sa propre organisation, identifiée par un écusson orange, avec un effectif de 5 000 hommes (3 000 actifs et 2 000 réservistes). 10 % de ses membres doivent venir des minorités ethniques.
mardi 21 septembre
Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de plusieurs villes de Serbie (20 000 personnes à Belgrade…), dans la soirée, à l’appel de l’Alliance pour le changement (SZP), pour demander le départ de Milosevic. Pour l’opposition, la « lutte finale » vient de commencer. Velimir Ilic, le maire de Cacak, ville des premiers rassemblements contre la guerre au Kosovo, en mai, a appelé à l’unité. L’Alliance promet des rassemblements quotidiens et l’Union des syndicats indépendants appelle à la grève générale.
mercredi 22 septembre
« Les citoyens sont déçus par la susceptibilité et l’impuissance des leaders de l’opposition », a expliqué Milan Ilic en présentant le Mouvement populaire général (ONP) que 17 formations civiques d’une douzaine de villes de Serbie ont décidé de créer. Objectif de l’ONP : « le départ de Milosevic et de ses valets ainsi que le changement du système ». L’ONP renvoie dos à dos le SZP de Djindjic et le SPO de Draskovic, jugés non crédibles. La deuxième manifestation organisée, dans la soirée, à Belgrade, par le SZP n’a réuni que 5 000 personnes.
jeudi 23 septembre
Les manifestations anti-Milosevic ne font pas recette. 20 000 il y a deux jours, les participants n’étaient plus que 3 000 à Belgrade. Ils étaient encore 6 000 à Novi Sad, et 2 000 à Niš.
vendredi 24 septembre
Le gouvernement du Monténégro ne supporte plus le renforcement des contrôles décidé à sa frontière par les autorités serbes et l’embargo décrété par Belgrade sur les livraisons de viande et de céréales. Podgorica a donc décidé de mener sa propre politique de commerce extérieur « jusqu’à la création de conditions normales dans ce domaine en Yougoslavie ». Le Monténégro a en outre proposé à la Serbie de transformer en une communauté d’Etats indépendants la fédération yougoslave que les deux pays forment depuis 1992.
Le général serbe Momcilo Perisic, ancien chef d’état-major de l’armée yougoslave, a choisi la petite ville de Gornji Milanovac (à 150 kilomètres de Belgrade) pour faire son entrée en politique. Pour son premier meeting, dans la soirée, il a réuni 500 à 600 partisans - des popes, des paysans, des retraités - de son mouvement, le Mouvement pour une Serbie démocratique. Ce parti vient de s’adresser au Parlement fédéral yougoslave pour lui demander de destitution du président Milosevic.
samedi 25 septembre
40 000 opposants serbes ont manifesté dans la soirée à Belgrade.
dimanche 26 septembre
Dans la soirée, 50 000 manifestants ont défilé à Belgrade pour réclamer la démission de Milosevic.
lundi 27 septembre
Au Kosovo, un Serbe ayant été blessé au ventre à Ugljare, un village proche de Pristina, une manifestation a réuni une centaines de Serbes en colère. Au cours de cette manifestation, un Albanais a été brutalement sorti de sa voiture et violemment frappé.
mardi 28 septembre
Dans la matinée, deux grenades à fusil ont été tirées contre un marché essentiellement fréquenté par des Serbes du Kosovo, à Bresje, un village contigu à celui de Kosovo Polje, à 3 kilomètres à l’ouest de Pristina. L’attentat a fait au moins deux morts et une trentaine de blessés. La Kfor a immédiatement bouclé le secteur. Quatre personnes ont été arrêtés, dont deux ont été remises à la police de l’ONU. Les Serbes, de leur côté, ont coupé la circulation entre Pristina et l’aéroport. Depuis plusieurs jours, les incidents se sont multipliés dans ce secteur, à tel point que les Britanniques ont été contraints de renforcer leur dispositif de sécurité et de multiplier les barrages de contrôle.
Plusieurs ponts sur le Danube ont été détruits par les bombardements de l’OTAN contre la Yougoslavie, au printemps, et ne sont toujours pas déblayés, ce qui rend toute navigation impossible. La Commission du Danube, à laquelle appartiennent onze pays, s’est réunie à Budapest. Elle estime qu’il faudra trois à quatre mois pour débloquer la navigation.
mercredi 29 septembre
La manifestation anti-Milosevic de Belgrade s’est, pour la première fois, mal passée. Plusieurs centaines de policiers anti-émeute ont violemment chargé les 20 000 manifestants qui voulaient marcher vers Dedinje, le quartier où se trouve la résidence du président yougoslave. Au moins 45 personnes ont été blessées. Cinq policiers ont été blessés, dont trois grièvement. 14 manifestants ont été interpellés.
Le TPI annonce qu’il ne poursuivra pas tous les criminels ayant opéré au Kosovo. Il se concentrera sur les inculpations du président yougoslave et de ses collaborateurs.
jeudi 30 septembre
Les principaux partis de l’opposition serbe se sont retrouvés dans l’après-midi autour d’une table ronde. Une occasion de rapprochement entre les deux formations rivales : le SZP et le SPO. Au centre des discussions, le projet élaboré par le Centre pour des élections libres et la démocratie (CESID) prévoit un contrôle plus strict du processus électoral, pour empêcher les fraudes coutumières du Parti socialiste de Serbie de Milosevic. Dans la soirée, plus de 30 000 opposants ont manifesté dans la rue ; la police anti-émeute a chargé de nouveau. 23 personnes ont été blessées dans l’assaut, une vingtaine d’autres arrêtées. Zoran Djindjic a estimé que, désormais, « aucun compromis n’est possible ; s’il le faut, il y aura des victimes, mais ce pays survivra ». Des manifestations ont eu lieu dans une dizaine de villes serbes, réunissant plus de 50 000 opposants au régime.
vendredi 1er octobre
Dans la soirée, la police anti-émeute serbe est de nouveau intervenue à Belgrade, pour empêcher les manifestants de gagner la résidence de Milosevic.
samedi 2 octobre
50 000 Serbes ont manifesté dans la soirée dans diverses villes du pays pour réclamer la démission de Milosevic. A Belgrade, la police anti-émeute a repoussé 10 000 manifestants qui marchaient vers le principal hôpital de Belgrade. Ils voulaient exprimer leur solidarité avec les 60 personnes blessées ces derniers jours par la police. La foule a d’abord reflué dans la panique, puis la manifestation a rebroussé chemin vers la place de la République, d’où elle était venue.
dimanche 3 octobre
Vuk Draskovic, président du SPO, et son épouse Danica ont été blessés dans un accident de la route, au sud de Belgrade, en voulant éviter un camion fou. Trois gardes du corps et le beau-frère de Draskovic, Veselin Boskovic, qui se trouvaient dans une seconde voiture, ont été tués. Le chauffeur du camion a disparu.
lundi 4 octobre
Dans la soirée, la police a encore bloqué 25 000 manifestants demandant la démission de Milosevic, à Belgrade.
Vuk Draskovic affirme que l’accident dont il a été victime la veille est, en fait, un attentat. Le chauffeur du camion qui a heurté la voiture de son service de sécurité, qui avait disparu, aurait retrouvé par le juge chargé de l’enquête.
mardi 5 octobre
Des affrontements ont opposé Serbes et Albanais du Kosovo près du cimetière de Supkovac, à deux kilomètres au sud de Mitrovica. L’inhumation de 28 victimes albanaises des forces paramilitaires serbes découvertes dans un charnier, la semaine dernière, avait réuni près de 2 500 personnes. A l’issue de la cérémonie, qui s’était déroulée dans le calme et la dignité, la foule est remontée sur la route toute proche, qui relie Pristina à Mitrovica, lorsque plusieurs voitures serbes sont passées, sous la protection d’un véhicule blindé russe. Des « éléments extrémistes incontrôlés » ont alors pris les automobilistes à partie. Les soldats russes ont rapidement été débordés. Il leur a fallu appeler une centaine d’hommes en renfort. Ces affrontements ont fait un mort 10 blessés serbes mais il y a également eu 13 blessés dans les rangs des gendarmes français, 4 parmi les soldats russes et un policier américain, tous atteints par des jets de pierre.
Un millier de personnes ont participé aux obsèques de Veselin Boskovic, beau-frère de Vuk Draskovic, à Belgrade.
samedi 9 octobre
Derniers matchs des qualifications pour le championnat d’Europe de football 2000 : à Zagreb, la Croatie et la Serbie-Monténégro ont fait match nul deux à deux.
lundi 11 octobre
Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne présents à Luxembourg s’étaient réunis dans la matinée pour étudier les moyens d’aider l’opposition serbe à se débarrasser de Milosevic et à installer la démocratie dans le pays ; mais les ténors de l’opposition de Belgrade ont refusé de venir, en précisant bien qu’ils n’avaient cédé à « aucune pression du pouvoir ». L’opposition serbe a reçu cette invitation comme un ultimatum. Les ministres européens ont maintenu leur réunion et résolu d’approvisionner en produits pétroliers deux villes de l’opposition, Niš et Pirot.
Ces temps-ci, Milosevic a multiplié les inaugurations et les bains de foule qui vont de pair. A Velika Plana, où il inaugurait un tronçon rénové de l’autoroute Belgrade-Niš endommagée par les bombardements de l’OTAN, il a expliqué sa méthode. Le président yougoslave a inauguré cinq ponts dans la journée.
Dans la soirée, un employé de la Minuk, la Mission civile de l’ONU au Kosovo, a été tué. Alors qu’il se promenait sur la principale artère de Pristina, Valentin Krumov, un Bulgare, a été agressé par des Albanais qui l’ont frappé, jeté à terre et achevé d’une balle dans la tête avant de se fondre dans la foule. Il avait commis le crime de répondre en serbe à de jeunes gens qui lui demandaient l’heure.
vendredi 15 octobre
Des soldats de l’OTAN se sont interposés, dans la matinée, dans le centre de Kosovska Mitrovica pour éviter des affrontements entre plusieurs milliers de manifestants serbes et albanais. Les soldats et gendarmes français ont été pris à partie à coups de pierre par les Albanais, qui réclament d’accéder à l’université située en quartier serbe. Selon une source proche de la Kfor, plusieurs gendarmes auraient été légèrement blessés.
lundi 18 octobre
Washington a toujours prétendu que le bombardement de l’ambassade de Chine à Belgrade était dû à une erreur de carte. Mais, l’hebdomadaire britannique The Observer cite trois officiers de l’OTAN qui s’inscrivent en faux contre cette explication officielle. Selon eux, l’ambassade servait d’émetteur relais à l’armée yougoslave dont les installations avaient été détruites et que c’est pour cette raison qu’elle a été frappée.
mardi 19 octobre
A La Haye, Goran Jelisic (31 ans) a été reconnu coupable de crimes de guerre et crimes contre l’humanité par le TPI. L’ancien ouvrier agricole, qui se faisait appeler l’ « Adolf serbe de Bosnie », avait reconnu le meurtre d’au moins 12 Bosniaques musulmans et croates, exécutés en 1992 dans le camp serbe de Luka (nord de la Bosnie). Selon les procureurs du TPI, le nombre de ses victimes « dépasse certainement de beaucoup la centaine ». Le tribunal, qui rendra sa sentence ultérieurement, l’a néanmoins acquitté de l’inculpation de génocide.
mercredi 20 octobre
Estimant que l’UCK n’a pas vraiment été démilitarisée et que sa transformation en corps de défense civile n’est qu’un leurre, les Serbes du Kosovo ont décidé de créer leur propre force de protection. Par référence au « Corps de protection du Kosovo », essentiellement albanais, ils appelleront le leur « Corps de protection serbe » et ses missions seront les mêmes.
vendredi 22 octobre
Quelques milliers de personnes seulement ont manifesté dans la soirée à Belgrade, à l’appel de l’Alliance pour les changements. Malgré l’essoufflement de la mobilisation anti-Milosevic, les dirigeants des partis d’opposition ont décidé de transformer leur Alliance en coalition électorale, avec le concours de Dragoslav Avramovic, ancien gouverneur de la Banque centrale de Yougoslavie pressenti pour diriger un éventuel gouvernement de transition. Premier effet de cette métamorphose : le Parti de la social-démocratie quitte l’Alliance, jugeant que l’accord de coalition le prive de son autonomie.
Un attentat à la bombe a visé un journaliste serbe de Bosnie. Grièvement blessé, Željko Kopanja a perdu ses deux jambes.
samedi 30 octobre
A Belgrade, le match de football opposant les équipes du Partizan et de l’Etoile Rouge a tourné au drame. Un supporteur a été tué et la police a procédé à 146 interpellations. Ce qui n’a pas empêché le match de continuer, Partizan l’emportant sur le score de deux buts à zéro.
mardi 2 novembre
Nouveau pas vers l’autonomie monténégrine par rapport à la Serbie de Milosevic. Le Monténégro a choisi la devise allemande, le mark, comme monnaie parallèle au dinar yougoslave. Pour défendre, est-il dit, les intérêts économiques du pays contre la politique monétaire « irresponsable » de Belgrade. Le dinar a perdu un tiers de sa valeur en trois semaines et 100 % depuis le début de 1999. Belgrade a réagi mollement, le vice-Premier ministre yougoslave Javan Zebic estimant que « cela n’entraînera pas de problèmes significatifs ». Le cours sera de 17 dinars pour 1 mark.
jeudi 4 novembre
Une délégation de l’opposition serbe a été reçue, ces jours-ci, à Washington où elle a présenté sa « stratégie pour battre le régime du président Milosevic ». Les sept représentants de l’Alliance pour le changement (SZP) ont rencontré des membres du Congrès, des milieux d’affaires et de l’administration américaine. Leur tournée s’est achevée aujourd’hui à New York où ils ont plaidé en faveur d’ « un engagement accru des Etats-Unis pour la protection de la minorité serbe au Kosovo. Par ailleurs, la France a proposé à ses partenaires européens une « levée par étapes des sanctions qui pénalisent le peuple serbe » (tout en maintenant celles qui « touchent directement les dirigeants du régime »). Les Etats-Unis font la même analyse : ils se déclarent prêts à lever les sanctions économiques. A une condition : que des élections libres soient organisées. Il y a quelques mois, ils exigeaient comme préalable le départ du président Milosevic.
mercredi 10 novembre
Le TPI pour l’ex-Yougoslavie a rendu public le premier bilan de ses enquêteurs au Kosovo : ceux-ci ont exhumé jusqu’ici 2 108 corps de charniers ou de sites de crimes. La recherche est terminée sur 195 des 529 sites signalés à l’intention des enquêteurs. Le procureur du TPI a prévenu que les chiffres sont sans doute inférieurs à la réalité : il y a eu en effet des tentatives pour effacer les traces des meurtres.
jeudi 11 novembre
Le plus ancien prisonnier du TPI, le Serbe de Bosnie Dusan Tadic, a vu sa peine aggravée à 25 ans de détention. Il avait été condamné en 1997 à 20 ans de prison par une chambre de première instance du TPI. Celle-ci l’a poursuivi pour neuf chefs d’inculpation supplémentaires.
lundi 15 novembre
Un opposant au régime de Milosevic, Bogoljub Arsenijevic, dit Maki, a été condamné à 3 ans de prison pour avoir organisé une manifestation de protestation le 12 juillet à Valjevo (ouest de la Serbie). Selon le tribunal, Arsenijevic aurait été à l’origine d’une « tentative de prise de force » de la mairie de cette ville au cours de laquelle cinq policiers ont été blessés. L’avocat de la défense a l’intention de faire appel.
mardi 16 novembre
Dans un rapport qui devrait être soumis ces jours-ci au Conseil de sécurité de l’ONU, Kofi Annan admet que les Nations unies ont une part de responsabilité dans la tragédie de Srebrenica : 8 000 civils musulmans assassinés par les Serbes de Bosnie en juillet 1995. Bien que décrétée « zone de sécurité » par l’ONU, qui avait l’autorisation de recourir à la force pour s’imposer, Srebrenica a été livrée pendant cinq jours aux forces serbes qui n’ont rencontré aucune résistance des Casques bleus. Les responsables serbes de ce « nettoyage ethnique », Radovan Karadzic et Ratko Mladic, inculpés par le TPI, sont toujours libres. « Cette tragédie nous hantera à jamais », écrit Kofi Annan, alors secrétaire-général adjoint de l’ONU, en dénonçant le manque de volonté politique des grandes puissances.
mercredi 17 novembre
La coalition d’opposition serbe SZP arrêtera le 20 novembre ses manifestations quotidiennes à Belgrade comme dans le reste de la Serbie. La participation à ces meetings avait atteint, ces derniers temps, un niveau très bas.
jeudi 18 novembre
Ouverture à Istanbul du sommet réunissant les 55 membres de l’OSCE. Seule la Yougoslavie n’a pas été conviée.
dimanche 21 novembre
Deux policiers serbes ont été tués et six autres gravement blessés à proximité du Kosovo. Selon la police serbe, leur véhicule a sauté sur une mine antichar posée par des « terroristes albanais » sur la route reliant Prepolac, sur la frontière administrative du Kosovo, au reste de la Serbie.
jeudi 25 novembre
Un « groupe de cinq agents locaux » qui projetaient d’assassiner Slobodan Milosevic ont été arrêtés à Belgrade il y a une dizaine de jours. Selon le ministre de l’Information, Goran Matic, le complot avait été organisé « par des membres des services secrets français ». Le chef de ces « terroristes » se nommerait « Jugoslav Petrusic » se serait un officier ayant la double nationalité française et yougoslave. Lors de ses interrogatoires, il aurait avoué avoir tué une cinquantaine de personnes « à la demande des services secrets français ». Le ministre l’accuse en outre d’avoir participé au massacre de Srebrenica, en 1995, lors du conflit bosniaque.
Reprise à Niš du procès de Flora Brovina, fondatrice de la Ligue des femmes albanaises du Kosovo, accusée d’avoir fourni de l’aide à l’UCK. Elle risque 15 ans de prison.
vendredi 26 novembre
Paris a démenti toute implication dans un quelconque projet d’attentat contre Milosevic : « De telles allégations sont sans fondement ». La section d’intérêts français à Belgrade, qui travaille dans le cadre de l’ambassade suisse, a été chargée de demander des éclaircissements aux autorités yougoslaves.
dimanche 28 novembre
Se référant à la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU, le ministre yougoslave des Affaires étrangères, Zivadin Jovonovic, a revendiqué le retour d’une partie de la police et de l’armée yougoslave au Kosovo et sur les frontières avec l’Albanie et la Macédoine. Il est vrai que sur 6 000 policiers internationaux prévus, l’administration onusienne ne dispose que de 1 700 hommes. D’où de graves débordements.
nuit du dimanche 28 au lundi 29 novembre
De jeunes Kosovars albanais, qui célébraient leur « fête du drapeau » à Pristina ont lynché un Serbe de 62 ans et battu sa femme et sa belle-mère qui ont dû être hospitalisées.
lundi 29 novembre
22 élus municipaux de Bosnie-Herzégovine, serbes, musulmans et croates, ont été limogés pour obstruction à l'accord de paix, ont annoncé, à Sarajevo, le Haut représentant civil Wolfgang Petritsch et le chef de la mission de l’OSCE Robert Barry. Ces élus ont soit refusé de mettre en place les organismes destinés à aider le retour des réfugiés, soit bloqués les efforts pour instaurer les droits élémentaires à l’enseignement. Il leur est de plus interdit de se présenter aux élections municipales d’avril 2000. Parmi eux, le maire nationaliste serbe de Banja Luka, Dordje Umicevic, a annoncé qu’il refusait cette mesure.
mercredi 1er décembre
Belgrade continue d’affirmer que les services de renseignement français sont impliqués dans la formation du groupe « Araignée » : cinq Serbes récemment arrêtés, dont l’une des missions était d’assassiner Milosevic. Le quotidien pro-gouvernemental Politika affirme qu’ « Araignée » a été formée à la veille des bombardements de l’OTAN contre la Yougoslavie pour « mener des actions de subversion au Kosovo », financées par la DST française. L’une de ces actions consistait à liquider le chef de l’UCK de la région de Podujevo, mais il n’a pu être localisé. Le TPI confirme de son côté qu’il « connaît » certains membres du groupe « Araignée » depuis la guerre en Bosnie. Cependant, le TPI ne veut pas intervenir pour le moment.
vendredi 3 décembre
L’Union européenne a été contrainte de renvoyer en Macédoine 14 camions-citernes qui devaient livrer du fuel de chauffage aux villes serbes de Niš et de Pirot, toutes deux dirigées par l’opposition à Milosevic. Ces camions étaient bloqués depuis neuf jours à la frontière par Belgrade qui a multiplié les tracasseries administratives. Néanmoins, le programme « Energie pour la démocratie » va se poursuivre et de nouvelles livraisons « sont en préparation ». Dans le même temps, les autorités de Belgrade ont décidé de livrer du mazout à la ville de Niš.
Trois soldats de la Kfor, deux Français et un Belge, ont été arrêtés par les forces serbes, après avoir traversé par erreur la frontière entre le Kosovo et la Serbie.
samedi 4 décembre
Les forces serbes ont relâché les trois soldats de la KFOR arrêtés la veille.
dimanche 5 décembre
Les enquêteurs de l’OSCE sur les atrocités commises par les Serbes durant la guerre du Kosovo ont remis leur rapport. Il dresse une liste des horreurs constatées. Celles-ci touchent les femmes, les enfants et les jeunes Albanais : enfants décapités, seins des femmes coupés, fœtus mutilés, viols multiples. Toutefois, le rapport indique que ces horreurs ne se sont généralisées qu’après le début des frappes de l’OTAN, par « désir de revanche ».
lundi 6 décembre
Après les horreurs serbes, la vengeance albanaise : les crimes ou exactions des Albanais, après l’entrée des troupes de l’OTAN, font également l’objet d’un rapport accablant : églises orthodoxes saccagées, maisons détruites, personnes battues, enlevées ou assassinées ; toutes les minorités ethniques - Serbes, tziganes, Goranci (Slaves musulmans), Croates - sont contraintes à l’exil. Les victimes sont serbes, mais aussi tsiganes ou albanaises (catholiques surtout). La violence frappe de plus en plus les Albanais eux-mêmes : membres de la LDK harcelés par les militants de l’UCK ; ancien collaborateurs du régime serbe. Si la violence continue à se maintenir à un niveau inacceptable au Kosovo, l’ambassadeur Daan Everts, chef de la mission de l’OSCE au Kosovo, met cependant en garde : « Il y a une nette différence qualitative dans la violence » entre les périodes avant et après l’intervention de l’OTAN. Pourtant, la violence au Kosovo a atteint, au cours des derniers jours, des sommets jamais dépassés depuis le début du mois de juin.
nuit du lundi 6 au mardi 7 décembre
Une première citerne transportant du fuel fourni par l’Union européenne est entrée à la centrale de chauffage de Niš, une ville du sud de la Serbie gérée par l’opposition à Milosevic.
vendredi 10 décembre
Selon un hebdomadaire croate, l’ancien leader serbe bosniaque Radovan Karadzic se cacherait dans un bunker à Pale, près de Sarajevo. Recherché par le TPI, l’homme serait caché « dans les profondeurs d’une forêt » et disposerait de nombreux « gardes du corps déguisés en paysans ».
mardi 14 décembre
Le TPI a condamné Goran Jelisic, qui se faisait appeler « l’Adolf serbe de Bosnie » à 40 ans de prison pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre. C’est la plus lourde peine infligée jusqu’à présent par le TPI. Cet ancien ouvrier agricole avait 23 ans au moment des faits qui lui sont reprochés : des crimes commis dans le camp de Brcko, au nord de la Bosnie, en mai 1992. Les trois juges ont rappelé qu’il se vantait alors d’avoir pris l’habitude de « tuer 20 à 30 personnes avant son café du matin ». Les procureurs se sont dit « incapables de fixer le nombre exact de ses victimes », mais ils ont estimé qu’il « dépassait certainement de beaucoup la centaine ». Les juges ont recommandé un « suivi psychologique ou psychiatrique ».
mercredi 15 décembre
Un accord a été signé entre Bernard Kouchner et trois dirigeants kosovars albanais pour la création d’une « administration conjointe » du Kosovo. Il a pour ambition de faire participer les partis politiques et les différentes communautés au fonctionnement du Kosovo. Aucun serbe n’a assisté aux négociations ni à la cérémonie de signature. Un porte-parole de l’ONU assure que les administrateurs internationaux sont toujours à la recherche d’un représentant serbe.
samedi 18 décembre
La dernière manifestation contre le président yougoslave Milosevic a réuni dans la soirée 300 personnes à Belgrade, place de la République. Trois mois de marches et manifestations de moins en moins suivies n’ont pas fait évoluer la situation politique en Yougoslavie, encore moins poussé son président à la démission. La coalition d’opposition Alliance pour des changements, qui a préféré les suspendre, affirme néanmoins vouloir à nouveau recourir à ces marches de protestation, à l’avenir.
dimanche 19 décembre
Au Kosovo, les médecins-chefs de l’hôpital de Kosovska Mitrovica ont refusé le retour des médecins albanais. Ils lient ce retour à celui des réfugiés serbes qui ont quitté le Kosovo depuis juin dernier. L’ONU menace de retirer son drapeau de l’hôpital et d’ouvrir un centre de soins au sud de Mitrovica pour les Albanais.
lundi 20 décembre
Les dirigeants occidentaux demandent à l’opposition serbe, minée par des rivalités entre ses dirigeants, de parvenir, sous deux mois, à une plate-forme politique commune sous peine de perdre leur soutien.
jeudi 23 décembre
Match international de football non officiel : au Stade Olympique de Montjuïc, à Barcelone, l’équipe de Catalogne a battu la Serbie-Monténégro un but à zéro.
lundi 27 décembre
Une grenade lancée dans un bar de Vitina, dans le sud-est du Kosovo, a fait dix blessés, dont deux grièvement atteints. Tous sont des Serbes.
mardi 28 décembre
Vuk Draskovic, le leader serbe du SPO, a proposé à l’ensemble des principes forces d’opposition à Milosevic de se réunir le 10 janvier pour discuter d’une stratégie commune dirigée contre le président yougoslave. Selon la radio indépendante B-92, qui a diffusé cette information, cette réunion sera centrée sur « la lutte de l’opposition démocratique pour des élections anticipées et démocratiques en Serbie à tous les échelons ».
Radovan Karadzic, l’ancien leader des Serbes de Bosnie recherché pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre, se cache bien si l’on en croit sa femme. Il passe son temps « à lire et à écrire des poèmes ». Alain Richard, le ministre français de la Défense affirme, de son côté, que les recherches se poursuivent pour mettre la main sur Karadzic, mais qu’il faut attendre « les circonstances les plus favorables ».
lundi 4 janvier
L’UCK a annoncé le double lancement d’une agence de presse, Kosova Press, et d’une radio, Kosovo libre, clandestines. Elles seront « la voix authentique du peuple albanais du Kosovo ». La radio devait émettre à partir du territoire sous contrôle des rebelles.
mardi 5 janvier
Les autorités de Tirana et l’UCK sont convenues de « coordonner » leur action politique. Pour le ministre albanais des Affaires étrangères, la crise au Kosovo ne peut être résolue que par la diplomatie. Il y faut, a-t-il ajouté, une « action décidée de la communauté internationale, OTAN comprise ».
mercredi 6 janvier
Un garde serbe de la mine de charbon de Belacevac, à 20 kilomètres au sud de Pristina, a été victime d’une attaque de l’UCK.
jeudi 7 janvier
La Communauté internationale qui tente d’imposer la paix au Kosovo va au-devant d’une vraie guerre ouverte. C’est ce qu’affirme Bronislaw Geremek, président de l’OSCE. Comme pour donner corps à ses inquiétudes, des centaines de Serbes armés ont bloqué les routes d’accès par le sud de Pristina. Ils manifestent leur colère après l’assassinat de la veille.
vendredi 8 janvier
Pour la première fois, un commando de l’UCK a enlevé huit soldats de l’armée fédérale yougoslave. L’OSCE a ouvert des négociations pour les faire libérer. Par ailleurs, trois policiers serbes ont été tués par un tir de roquette des rebelles.
samedi 9 janvier
Dans la matinée, l’armée yougoslave a concentré des troupes dans le nord du Kosovo et menaçait de lancer une opération pour délivrer les huit soldats enlevés la veille. Les autorités militaires ont lancé un ultimatum à l'UCK : des négociations ont eu lieu à 50 kilomètres au sud-ouest de Pristina, dans les locaux du KVM. D’autre part, trois membres de l’UCK ont trouvé la mort et deux policiers serbes blessés dans deux incidents, dans le nord et l’ouest du Kosovo.
Dragan Gagovic, un Serbe de Bosnie inculpé de crimes contre l’humanité par le TPI, a été tué par des soldats français de la Sfor. Les militaires français, qui tentaient de l’arrêter, près de la ville de Foca (est de la Bosnie), ont « agi en situation d’auto-défense ». Ils ont tiré sur le véhicule de Gagovic alors que celui-ci fonçait sur eux. Dans la soirée, une centaine de personnes ont attaqué les locaux de la police de l’ONU (IPTF) à Foca. Cinq policiers onusiens ont été blessés. Les soldats français ont dû intervenir pour les évacuer, avant que le calme ne revienne dans la ville.
dimanche 10 janvier
Knut Vollebaek, ministre norvégien des Affaires étrangères, étrenne ses nouvelles fonctions de président de l’OSCE avec une mission délicate. Il tente de désamorcer la situation redevenue extrêmement dangereuse au Kosovo. L’armée yougoslave a retiré les troupes déployées la veille autour de Stari Trg (nord) où ont été capturés les huit soldats. L’UCK exige, en contrepartie de leur libération, la remise en liberté de neuf de ses membres capturés le 14 décembre par les forces de sécurité serbes.
lundi 11 janvier
Le chef du KIC, le service d’informations kosovar albanophone proche des indépendantistes modérés du Kosovo, Enver Maloku, a été tué dans l’après-midi, par trois inconnus devant son domicile de Pristina. Par ailleurs, toujours à Pristina, quelque 500 Serbes ont manifesté contre les autorités de Belgrade, qu’ils accusent de les avoir trahis. Les manifestants ont notamment prôné le rejet des membres de la mission de vérification de l’OSCE.
mardi 12 janvier
Dans la soirée, le Norvégien Knut Vollebaek a annoncé la conclusion d’ « un accord sur la libération rapide » des huit soldats de Belgrade détenus par l’UCK. De son côté, la radio clandestine de l’UCK a annoncé qu’une « réunion importante » se tiendra le 13 janvier « quelque part dans la Drenica ». Un peu plus tôt, l’armée yougoslave avait fait savoir qi’elle prenait « toutes les mesures » pour libérer ses hommes « au plus tôt ». Par ailleurs, à Bradash, 2 000 personnes ont participé aux funérailles d’Enver Maloku, sous la protection de l’UCK.
mercredi 13 janvier
Les huit soldats yougoslaves détenus par l’UCK ont été libérés à 16 h 15 et ceci « dans le cadre d’un accord honnête et équilibré », a précisé William Walker, chef du KVM. Cet accord prévoit la libération de neuf combattants de l’UCK, dans une dizaine de jours. Ces annonces ont été faites à l’issue d’une rencontre rassemblant à Likovac, à 50 kilomètres à l’ouest de Pristina, l’état-major de l’UCK et une délégation internationale conduite par William Walker.
vendredi 15 janvier
Des chars lourds appartenant aux forces serbes sont intervenus contre les villages de Racak et Petrovo, à une trentaine de kilomètres au sud de Pristina. La police serbe a justifié cette opération par la nécessité de « s’emparer d’un groupe terroriste ». Une quinzaine de membres de l’UCK auraient été tués. Deux vérificateurs de l’OSCE ont par ailleurs été blessés par les forces serbes alors qu’ils circulaient à bord de deux véhicules blindés à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Pristina.
samedi 16 janvier
45 cadavres ont été retrouvés dans le village kosovar de Racak, investi par les policiers serbes la veille. Parmi les victimes : une majorité d’hommes, des jeunes et des vieux, quatre femmes et peut-être un enfant ; parmi lesquels huit combattants de l’UCK. Toutes les autres sont des civils ; la plupart ont été tuées d’une balle dans la tête. La police serbe a reconnu avoir tué « plusieurs dizaines de terroristes » albanais. Les policiers affirment avoir été reçus à Racak par un feu nourri et avoir saisi de nombreuses armes. A l’issue de sa visite sur les lieux, l’Américain William Walker a parlé de « massacre délibéré ». Le TPI a décidé l’ouverture d’une enquête.
dimanche 17 janvier
A partir de la mi-journée, le secteur de Rakac a été le théâtre de nouveaux combats entre les forces serbes et les indépendantistes de l’UCK. Onze blindés sont engagés et l’armée yougoslave, avec d’autres chars, a pris position tout autour de la bourgade, ce qui a été qualifié de « provocation » par l’OSCE. L’équipe du KVM qui s’était rendue sur place pour enquêter, a reçu l’ordre de se retirer. La tuerie de Rakac a provoqué une réaction d’indignation assez générale dans le monde. Depuis Genève, Ibrahim Rugova a demandé une intervention de l’OTAN et une « démilitarisation rapide et conséquente du Kosovo », tandis que l’Albanie a réclamé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour une « intervention sur le terrain ». L’armée albanaise a renforcé « ses capacités dans tout le pays ». L’ancien président albanais Sali Berisha a appelé ses compatriotes à « se préparer à faire la guerre pour la liberté ou la mort » contre les « barbares serbes ». A Belgrade, les autorités serbes ont accusé l’OSCE de « mentir » : les victimes de Racak sont essentiellement des « terroristes », en uniforme, de l’UCK, et non des civils. La présidente du TPI, la Canadienne Louise Arbour, a décidé de « passer à l’action ».
lundi 18 janvier
Le procureur du TPI, Louise Arbour, qui venait de Macédoine, a dû rebrousser chemin avec ses enquêteurs et ses gardes du corps, la police yougoslave des frontières ayant exigé des visas… que Belgrade refuse obstinément d’accorder depuis des mois. Même fin de recevoir opposée par Belgrade à la visite de deux hauts représentants militaires de l’OTAN, les généraux allemand et américain Klaus Naumann et Weysley Clark, dans la capitale yougoslave. Porte close, enfin, pour le chef de l’OSCE au Kosovo, William Walker. Déclaré indésirable, il a reçu l’ordre de quitter la Yougoslavie dans les 48 heures. Dans la soirée, le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé à Belgrade de revenir sur sa décision. Pendant ce temps, la mission de l’OSCE sur place n’a pu que constater la poursuite des opérations militaires des forces serbes et yougoslaves contre plusieurs villages kosovars autour de Racak.
mardi 19 janvier
Les opérations serbes engagées dans la région de Racak semblent avoir pris fin, alors que la Communauté internationale multiplie les démarches diplomatiques auprès de Milosevic. Les deux hauts militaires de l’OTAN éconduits la veille ont enfin été reçus par Milosevic à Belgrade. Ils lui ont transmis un « message fort » (menace d’une intervention armée de l’OTAN ?). Mais un élément nouveau vient renforcer l’intransigeance de Milosevic : l’un de ses adversaires les plus acharnés, vient d’entrer au gouvernement serbe en qualité de vice-Premier ministre. Chef du Mouvement serbe du renouveau (SPO, droite nationaliste), Vuk Draskovic sera chargé des relations internationales.
mercredi 20 janvier
Les circonstances dans lesquelles a été découvert le massacre de Racak, il y a cinq jours jettent le trouble sur sa réalité même. Il pourrait être le résultat d’une mise en scène organisée par les indépendantistes albanais. Pour autant, le secrétaire américaine à la Défense, William Cohen, a fait savoir que les Etats-Unis sont prêts à lancer des frappes aériennes contre les forces serbes si les membres de l’OTAN le décident.
jeudi 21 janvier
Slobodan Milosevic a été soumis à une intense pression diplomatique visant à le faire revenir sur sa décision d’expulser le chef de la mission au Kosovo de l’OSCE, William Walker. Très peu de temps avant l’expiration du délai fixé par Belgrade, le Premier ministre yougoslave, Bulatovic, n’a pas exclu que son gouvernement puisse tenir compte de « nouveaux éléments » pour revoir sa décision. Un représentant spécial du président américain, James Pardew, a été reçu en fin d’après-midi par Milosevic. Ce dernier s’est entretenu plus tard avec le chef de la diplomatie norvégienne, Vollebaek, président en exercice de l’OSCE. De leur côte, les pays de l’Alliance atlantique ont durci le ton à l’égard de Belgrade. Un renforcement du dispositif militaire allié dans le sud de l’Europe est en cours. S’exprimant pour la première fois depuis la découverte du charnier de Racak, William Walker a assuré qu’il « existe des preuves corroborant ce que j’ai vu ». Dans le même temps, les combats continuent au Kosovo : deux Albanais ont été tués dans la soirée.
vendredi 22 janvier
200 avions militaires, bientôt 400… l’OTAN s’est lancée dans une nouvelle démonstration de force pour tenter de fléchir le Milosevic et mettre fin à l’offensive serbe au Kosovo. Mais le secrétaire de l’organisation militaire atlantique, Javier Solana, affirme que cette armada n’aura pas à intervenir. A Londres, les représentants du groupe de contact (Etats-Unis, Russie, Italie, Allemagne, France, Grande-Bretagne) se seraient mis d’accord sur de nouvelles mesures pouvant contraindre les deux parties à cessez-le-feu. Et à accepter les objectifs politiques autour d’une large autonomie de cette région. Les pressions internationales sur Milosevic ont permis un premier succès : le maître de Belgrade a « gelé » sa demande d’expulsion de William Walker. Celui-ci pourra y rester jusqu’à la fin de sa mission, sans condition. Par ailleurs, le rapport rédigé par les observateurs de l’OSCE conclut à la responsabilité des forces de sécurité yougoslaves dans le massacre de Racak et affirme disposer de preuves.
samedi 23 janvier
Neuf séparatistes albanais de l’UCK, détenus depuis plus d’un mois, ont été libérés de la prison de Niš par les autorités de Belgrade.
dimanche 24 janvier
L’UCK a relâché cinq civils serbes qu’elle détenait.
lundi 25 janvier
Les corps de cinq Albanais tués par balles ont été découverts dans une ouverture près de Rakovina, dans l’ouest du Kosovo. Selon le porte-parole de la Mission de vérification de l’OSCE. Pour ce qui le concerne, le Conseil permanent de l’OTAN, réuni à Bruxelles, a écarté l’idée américaine d’un ultimatum lié au massacre de Raçak. L’Europe, de son côté, ne prendra pas de nouvelles sanctions contre Belgrade.
Un Serbe bosniaque a été condamné par un tribunal de Sarajevo à 13 ans de prison pour crimes de guerre. En 1992, Milomir Tepes avait battu à mort des Musulmans bosniaques dans un gymnase de Pale transformé en camp de détention. Le TPI avait donné son feu vert pour qu’il soit jugé en Bosnie.
Trois Serbes de Croatie soupçonnés de crimes de guerre ont été arrêtés à Dalj, à une quinzaine de kilomètres de Vukovar, par la police croate et placés et détention. Vaso Gavrilovic, Vladimir Makivic et Dragoljub Savic, sont poursuivis pour des crimes commis dans la région de la ville-martyre du conflit serbo-croate entre juillet 1991 et avril 1992.
mardi 26 janvier
Le général Klaus Naumann, président du comité militaire de l’OTAN, a menacé de « recourir à l’option militaire » au Kosovo, mais sa menace s’adresse autant au séparatistes albanais de l’UCK qu’à Belgrade. En réponse, l’UCK a annoncé qu’elle engageait des « consultations avec les acteurs politiques » albanais de la province en vue de constituer une assemblée et un gouvernement ». Ces consultations doivent durer jusqu’au 10 février.
mercredi 27 janvier
Les autopsies pratiquées sur 40 victimes albanaises du massacre de Racak ont pris fin. Des examens complémentaires doivent cependant être pratiqués. Par ailleurs, à l’OTAN, Américains et Européens sont restés divisés sur la teneur de la mise en garde à adresser à Belgrade, mais leurs émissaires ont transmis un « message très ferme à l’UCK, sommés de former une équipe homogène pour négocier avec Belgrade un accord intérimaire sur le statut du Kosovo.
jeudi 28 janvier
Alors que les combats au Kosovo ont fait trois morts dans les rangs de l’UCK, son porte-parole, Adem Demaci, s’est empressé d’annoncer que « des négociations ne pourraient démarrer aussi longtemps que le sang albanais coule au Kosovo ». Mais il affirme que « l’UCK n’est pas contre des négociations avec le régime serbe ». De son côté le Parti socialiste de Serbie affirme que le pouvoir à Belgrade « refusera toujours de discuter avec des terroristes albanais ». Toutefois, le vice-Premier ministre serbe Ratko Markovic a exprimé son vœu de voir des négociations s’ouvrir à Pristina, puis que les Kosovars ne veulent pas aller à Belgrade. Dans la soirée, des soldats yougoslaves ont ouvert le feu contre un « important groupe » de séparatistes de l’UCK qui tentait de franchir la frontière en provenance d’Albanie. Un homme de l’UCK a été tué. Le gouvernement albanais a décidé de renforcer les contrôles à sa frontière nord, « afin de défendre l’intégrité de l’Albanie en cas d’aggravation du conflit entre Serbes et Kosovars ».
vendredi 29 janvier
Réunis à Londres, les six pays du Groupe de contact sur l’ex-Yougoslavie ont décidé de convoquer les Serbes et les Albanais du Kosovo à Rambouillet, en France, le 6 février, pour négocier l’avenir de leur province. Convocation en forme d’ultimatum : les belligérants ont trois semaines pour s’entendre. Sur le terrain, 23 séparatistes albanais et un policier serbe ont été tués dans la matinée à Rogovo, non loin de Decani. Dans la soirée, une grenade a été jetée dans un café serbe de Pristina, le Galerija : six jeunes ont été blessés aux jambes. Deux heures après cet attentat, une autre bombe était lancée dans une galerie commerciale fréquentée par des Albanais, ne faisant aucune victime. Une organisation terroriste serbe, la « Main noire », aurait fait son apparition à Pristina et pourrait être à l’origine des récents attentats.
samedi 30 janvier
Le Conseil permanent de l’OTAN a autorisé son secrétaire général Javier Solana à engager si nécessaire des frappes aériennes en Yougoslavie, en fonction des résultats obtenus par le Groupe de contact. Cette menace s’adresse autant à Belgrade qu’à l’UCK. Le ministre des Affaires étrangères britannique, Robin Cook, a rencontré, à Belgrade, le président Milosevic pour lui présenter les objectifs très fermes retenus par le groupe de contact. Le président yougoslave a réservé sa réponse quant à sa participation au sommet de Rambouillet. Le président des Albanais du Kosovo, Ibrahim Rugova, a déjà donné, lui, son accord.
mardi 2 février
Malgré l’opposition personnelle de son représentant politique, Adem Demaci, à la rencontre prévu à Rambouillet, l’UCK a décidé d’envoyer une délégation aux pourparlers de paix, en dépit de leurs « objections au document proposé ». C’est Jakup Krasniqi, le porte-parole de l’UCK qui l’a fait savoir dans une déclaration à la presse, à Pristina.
jeudi 4 février
Après un avis favorable du Parti socialiste de Serbie, le Parlement de Serbie a décidé, à son tour, de répondre positivement à la convocation de la Communauté internationale à Rambouillet. Le Mouvement serbe du renouveau (SPO, de Draskovic), s’est prononcé lui aussi pour une participation serbe aux pourparlers. Cependant, par 227 voix contre 3 et 3 abstentions, les députés serbes ont par avance refusé toute intervention de l’OTAN au Kosovo pour faire appliquer un éventuel accord de paix. Alors que la délégation serbe n’est pas encore constituée, les Albanais du Kosovo ont annoncé la participation de cinq négociateurs représentants l’UCK, de cinq responsables de la Ligue démocratique du Kosovo, de quatre négociateurs représentants le Mouvement démocratique unifié et de trois personnalités albanaises indépendantes. Sur le terrain, les corps de quatre hommes ont été retrouvés dans l’ouest du Kosovo. En outre, un bâtiment du monastère orthodoxe serbe de Devic, dans le centre, a été pillé par des inconnus et des membres de l’UCK sont accusés d’avoir délibérément percuté une voiture à bord de laquelle se trouvaient la supérieure du monastère et deux autres religieuses.
vendredi 5 février
Les autorités serbes multiplient les obstacles à la venue à Rambouillet des membres de l’UCK, refusant de négocier avec « des assassins et des terroristes ». Dans la soirée, la délégation albanaise était bloquée à Pristina.
samedi 6 février
Les négociateurs albanais sont arrivés au château de Rambouillet dans la soirée. Il aura fallu 24 heures de discussions pour convaincre les autorités serbes de laisser partir les délégués de l’UCK. C’est avec plusieurs heures de retard que s’est ouverte une semaine de négociations cruciales pour l’avenir du Kosovo.
dimanche 7 février
Serbes et Albanais, qui refusent toujours de se rencontrer directement, ont commencé à Rambouillet à « travailler sérieusement » sur un projet d’accord sur l’avenir du Kosovo. L’un des porte-parole des médiateurs de la conférence affichait dans la soirée une satisfaction de bon aloi. Dans la soirée, Madeleine Albright, le secrétaire d’Etat américain, a prévenu que si Rambouillet échoue à cause des Serbes, les bombardements envisagés par l’OTAN « ne frapperont pas uniquement au Kosovo mais iront au-delà ».
mardi 9 février
Pour la première fois, depuis l’ouverture de la conférence de Rambouillet, l’une des parties a rendu publiques les difficultés créées par l’autre… L’ambassade de Yougoslavie à Paris révèle que les Kosovars « refusent de signer les dix principes du Groupe de contact » comme « base stable pour trouver une solution politique ».
mercredi 10 février
Qualifications pour l’Euro de football 2004 : au stade Ta’Qali de La Valette, Malte a été battue par la Yougoslavie (Serbie-Monténégro) trois buts à zéro.
jeudi 11 février
Enfermés depuis cinq jours à Rambouillet, Serbes et Kosovars n’ont toujours pas trouvé le langage de la paix que la Communauté internationale exige d’eux. Les négociations sont tellement difficiles que le président serbe en personne, Milan Milutinovic, a fait une apparition à Paris pour tenter de débloquer la situation, épaulé par le vice-Premier ministre yougoslave, Vuk Draskovic, et le chef de l’Eglise orthodoxe serbe, le patriarche Pavie. Les Serbes, qui viennent de signer les dix principes de bases du projet d’accord, exigent la même démarche des Kosovars, ce qui revient à leur arracher l’engagement de respecter l’intégralité territoriale de la Yougoslavie. Les Kosovars exigent, eux, un engagement écrit des Serbes sur un cessez-le-feu immédiat au Kosovo, aussitôt suivi du déploiement d’une force militaire internationale. La Communauté internationale précise donc un peu plus ses menaces. L’OTAN a pris une décision de principe : renforcer de plusieurs milliers d’hommes sa « force d’extraction » déjà en place en Macédoine. L’organisation atlantique menace en outre de frapper certaines « cibles identifiées » au cas où la Yougoslavie bloquerait un accord de paix sur le Kosovo, une menace jugé « inadmissible » par Moscou.
vendredi 12 février
Dans la soirée, même si les médiateurs faisaient état de « progrès », notamment sur le statut d’autonomie pour le Kosovo, certains parlaient d’une menace de blocage « politique » de la conférence de Rambouillet, dans la mesure où les Serbes demandent toujours aux Albanais de signer les principes de base du projet d’accord de paix.
samedi 13 février
Venus de toute l’Europe, 20 000 partisans de l’indépendance du Kosovo ont manifesté devant le château de Rambouillet. Sous une mer de drapeaux albanais, ils scandaient : « UCK ! UCK ! ». Par ailleurs, 13 personnes ont été blessées dans un attentat à l’explosif à Urosevac, une ville du sud du Kosovo.
dimanche 14 février
Après une semaine de discussions infructueuses à Rambouillet entre les délégations serbes et kosovares, aucun accord n’ayant pu être conclu pour l’avenir du Kosovo, la Communauté internationale a décidé d’accorder une dernière chance aux belligérants, une semaine de sursis, pas plus. Madeleine Albright, le secrétaire d’Etat américain, a presque réussi un exploit en parvenant à réunir, pour la première fois, les adversaires… Mais rien n’indique qu’ils vont désormais poursuivre face à face leurs discussions. S’adressant à la télévision de son pays, depuis Paris, le président serbe Milan Milutinovic a redit son opposition « très résolue » à « l’annexe militaire » du plan de paix, qui prévoit le déploiement d’une force militaire internationale. Il a reçu le soutien d’Igor Ivanov, le ministre russe des Affaires étrangères, lui aussi hostile à toute présence étrangère en Serbie.
lundi 15 février
L’Américain Christopher Hill, l’un des trois médiateurs aux pourparlers de Rambouillet sur le Kosovo, a quitté dans la soirée le château français pour se rendre à Belgrade. Peu avant, Robin Cook avait renouveler ses doutes sur une issue favorable du huis clos de Rambouillet. Quant aux Etats-Unis, ils ont répété leur menace de frappes aériennes contre la Serbie, si Belgrade continue à s’opposer au déploiement d’une force multinationale au Kosovo.
mercredi 17 février
Le président français Jacques Chirac a averti, dans la soirée, Serbes et Kosovars qu’en cas d’échec des négociations de Rambouillet, ceux qui en auraient pris la responsabilité « auraient à en subir toutes les conséquences ». Le président Milosevic a redit son opposition au déploiement d’une force multinationale au Kosovo et l’UCK refuse farouchement d’envisager son désarmement. Pendant ce temps, l’OTAN a validé le « plan d’opération » qui prévoit l’envoi de 6 000 soldats au Kosovo pour assurer les premières missions de maintien de la paix.
jeudi 18 février
La pression est encore montée d’un cran à Rambouillet. Tandis que les Kosovars affirment que les Serbes bloquent tout accord et s’opposent au déploiement d’une force militaire en Serbie, les menaces n’ont pas manqué. La Mission d’observation de l’OSCE a fait savoir qu’elle quitterait la région en cas d’échec des pourparlers. Tandis que le secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana, en visite en Macédoine, agitait la menace de frappes. Aux Etats-Unis, le secrétaire à la Défense, William Cohen, a ordonné le déploiement de plusieurs dizaines d’avions militaires supplémentaires en Europe dans les 48 heures, s’attirant une vive mise en garde du président russe : « Pas touche à la Serbie ». Le président de la Serbie, Milan Milutinovic, est revenu dans la soirée à Rambouillet pour participer aux dernières heures de négociations.
vendredi 19 février
Slobodan Milosevic a déclaré qu’il « ne donnera pas le Kosovo, même au prix de bombardements ». Et pour être mieux compris, il a refusé de recevoir Christopher Hill. Tout au long de la journée, les ambassades des pays de l’OTAN en Serbie ont préparé l’évacuation de leur personnel « non essentiel », cependant que la plupart des capitales européennes appelaient leurs ressortissants à quitter la Yougoslavie « immédiatement ». De nombreuses organisations internationales présentes au Kosovo, humanitaires ou non, ont commencé plus ou moins discrètement à quitter la province.
samedi 20 février
La poursuite des discussions « n’a pas fait disparaître la menace de bombardements contre Belgrade », a indiqué le porte-parole du Département d’Etat américain James Rubin. Les pays du Groupe de contact ont donné un nouveau délai aux Serbes et Kosovars. Ils ont jusqu’au 23 février à 15 heures pour parvenir à un accord. Sur le terrain, les affrontements continuent. Des échanges de tirs ont eu lieu en milieu de journée dans la région de Suva Reka, dans le sud du Kosovo. Les combats ont débuté vers midi lorsque des membres de l’UCK ont attaqué un convoi de la police serbe et de l’armée dans le village de Studencane, dont la population a pris la fuite. Par ailleurs, la police serbe a essuyé un nouvel échec en tentant d’investir le maquis de Podujevo (nord). A Belgrade, les Etats membres de l’Union européenne (UE) ont lancé des mesures pour un retrait « progressif et coordonné » de leurs personnels diplomatiques.
dimanche 21 février
L’aller-retour à Belgrade du président serbe Milutinovic, qui a rencontré Milosevic, lui a permis de souffler le chaud et le froid : oui pour discuter d’une présence internationale en cas de « très bon accord », non à « un accord militaire ». Dans la soirée, des observateurs de l’OSCE ont été frappés et mis en joue par la police serbe à Podujevo.
lundi 22 février
D’un côté, des Kosovars albanais divisés. De l’autre, des Serbes intransigeants. L’avant-dernier jour de négociation n’a pas apporté le rapprochement tant attendu. Les mouvements de troupes et les attaques serbes enregistrés sur le terrain, notamment au nord de Pristina, ont plutôt durci la position des négociateurs de l’UCK. Dans la soirée encore, ils réclamaient un référendum ouvrant la porte à l’indépendance du Kosovo, au terme d’une période de trois à cinq ans de large autonomie. Faute d’accord politique, la négociation sur le volet militaire que le Groupe de contact voulait, à l’exception de la Russie, imposer aux Serbes n’a pu avancer. Dans la soirée, Madeleine Albright, tentait de faire intercéder le gouvernement de l’Albanie. De plus, une rencontre a eu lieu en soirée, à Villacoublay, entre un dirigeant de l’UCK et le commandant suprême de l’OTAN en Europe, le général Wesley Clark. Au Kosovo, les Serbes minent les ponts pour retarder l’éventuelle arrivée des forces de l’OTAN. Sur le terrain donc, les troupes serbes ont attaqué trois villages proches de Vucitrn, sur les contreforts du mont Cicavica. L’offensive a pris fin vers 13 heures. Les habitants des bourgs attaqués qui s’enfuyaient vers Vucitrn ont été arrêtés par la police. Les hommes séparés des femmes. 4 000 personnes sont sur les routes. Un assaut de l’UCK sur le village de Bukos, près de Vucitrn a fait un mort et deux blessés parmi la population serbe. Par ailleurs, la branche militaire de l’UCK s’est donné un nouveau commandement général.
mardi 23 février
Après 18 jours de négociation, proches de l’échec à l’heure de se séparer, à 15 heures, les négociations de Rambouillet se sont trouvé une issue de secours. D’accord sur la définition de l’autonomie, Serbes et Kosovars se reverront le 15 mars, toujours à Rambouillet. Tandis que la guerre continue, les pas diplomatiques vers la paix sont comptés. Des affrontements ont débuté, vers 9 heures du matin, dans le village de Bukos, près de Vucitrn, a indiqué le centre d’information serbe à Pristina. Des policiers serbes ont été attaqués par des membres de l’UCK au mortier et à l’arme automatique, alors qu’ils menaient une enquête dans le village en question, sur une attaque des indépendantistes perpétrée la veille. Les « enquêteurs » et l’armée serbe ont vivement riposté. Après une accalmie en milieu de matinée, les échanges de tirs sporadiques ont repris peu après midi, puis en début d’après-midi, les canons des chars de l’armée yougoslave sont entrés en action. L’UCK a riposté par des rafales d’armes automatiques à partir de tranchées creusées dans les collines. Cinq policiers serbes auraient été touchés, alors que les rebelles affirment ne compter qu’un blessé.
mercredi 24 février
Selon l’agence de presse des indépendantistes kosovars, la délégation albanaise aux négociations de Rambouillet a décidé de créer un « gouvernement provisoire du Kosovo qui fonctionnera jusqu’à la tenue d’élections libres » dans la province. Une personnalité de l’UCK s’est vu confier la formation du gouvernement auquel participeront, à égalité, l’UCK, la Ligue démocratique du Kosovo (LDK) d’Ibrahim Rugova et le Mouvement démocratique unifié (LBD) de Rexhep Qosja. Toutefois, Adam Demaçi, responsable politique de l’UCK, affirmait dans la soirée que l’état-major n’a pas été consulté et que le gouvernement provisoire « n’a aucune légitimité ». Dans la soirée, depuis Berlin, le président du « gouvernement kosovar » en exil », Bujar Bukoshi, s’est dit prêt à « accepter les réalités » et l’autonomie mais a affirmé que la partie albanaise « rejetterait un accord qui ne garantirait pas un référendum sur l’indépendance ».
jeudi 25 février
Le cessez-le-feu ordonné en octobre n’est toujours pas respecté au Kosovo. Les observateurs de l’OSCE ont pu témoigner que des policiers serbes avaient ouvert le feu à 14 h 40 sur des positions tenues par des rebelles de l’UCK. Les tirs ont d’abord visé le village de Bukos. Puis ceux de Osljane, Jezero et Stitarica, tous dans la région de Vucitrn. Après les armes automatiques, les canons des chars serbes ont tiré à la cadence de cinq coups par minute. L’offensive a duré un peu plus d’une heure. Au sud de Pristina, l’UCK a commencé à redéployer des forces afin d’empêcher la police serbe de contrôler la route Orahovac-Suva Reka, normalement ouverte au contrôles. Ce redéploiement est mené parallèlement à une concentration de forces de police serbes à proximité, mais en dehors du Kosovo. Par ailleurs, les Serbes ont commencé à renforcer les forces de police engagées au Kosovo en les dotant de matériels de l’Armée régulière serbe, notamment des doubles canons de 30 mm. La délégation kosovare, qui a participé aux négociations de Rambouillet, est rentrée, vers midi, à Pristina, sans encombre. Il se confirme que de profondes divisions existent désormais au sein de l’UCK.
vendredi 26 février
Tirs d’obus et de missiles dans le nord, combats dans le sud de la province, le Kosovo reste un lieu à hauts risques. Depuis plusieurs jours, des véhicules de la mission d’observation de l’OSCE sont bloqués et retenus par des douaniers agressifs serbes à la frontière entre la Macédoine et le Kosovo, ce qui constitue une violation des engagements pris par Belgrade. Par ailleurs, l’OTAN s’inquiète du redéploiement des forces yougoslaves aux abords du Kosovo (4 500 soldats appuyés par plus de 60 chars, 50 véhicules blindés de transport de troupes et 60 pièces d’artillerie. A l’intérieur de la province, quelque 70 chars et autant de véhicules blindés, ainsi qu’une cinquantaine de pièces d’artillerie ont été sortis des casernes.
samedi 27 février
La concentration de forces militaires occidentales sur le territoire macédonien irrite les nationalistes serbes. Le vice-Premier ministre serbe Vojislav Seselj a menacé la Macédoine de disparition : « Il ne restera rien de l’Etat macédonien, si n’importe quelle armée étrangère attaque la Serbie » depuis son territoire. Il a adressé le même avertissement aux autres pays limitrophes et admis qu’en cas d’attaque occidentale, « il y aurait des victimes parmi les Serbes ». Mais, a-t-il poursuivi, « Il n’y aura plus d’Albanais au Kosovo ». Par ailleurs, deux Serbes ont été enlevés par l’UCK près d’Orahovac.
du samedi 27 au dimanche 28 février
Alors que les Serbes poursuivent leur concentration de troupes à la frontière du Kosovo, en dépit des mises en garde des Etats-Unis et de l’OTAN, les violences dans la province serbe ont fait plusieurs victimes.
lundi 1er mars
L’un des deux Serbes enlevés il y a deux jours par l’UCK a été remis aux vérificateurs de l’OSCE.
mardi 2 mars
Adem Demaci, le représentant politique de l’UCK a annoncé sa démission. Il accuse « quelques individus de l’UCK » d’avoir « abandonné les principes de base du mouvement », mais, en fait, il était de plus en plus marginalisé. L’UCK a déjà nommé son remplaçant, Hashim Thaci, qui a coordonné la délégation des Albanais du Kosovo aux pourparlers sur l’avenir de la province. On le dit « proche des Américains ». Par ailleurs, une opération yougoslave visant à empêcher les Kosovars d’ouvrir un corridor entre la Macédoine et le Kosovo a débuté dans le secteur de Djeneral Jankovic, dans le sud du pays. Les combats ont fait plusieurs morts.
mercredi 3 mars
Les chars yougoslaves ont pilonné le village de Djeneral Jankovic pendant quatre heures. Au cours de l’après-midi, on tirait à la mitrailleuse dans les collines surplombant le village. L’armée yougoslave accuse l’UCK de tenter « de fabriquer une crise de réfugiés en favorisant l’exode des populations » kosovares vers la Macédoine. Au nord du Kosovo, l’armée yougoslave a l’intention de reprendre, dans la Drenica, la seule route goudronnée tenue par l’UCK. Celle-ci est sur le pied de guerre. D’autre part, deux civils serbes ont été tués et un soldat yougoslave enlevé dans le centre de la province.
du mercredi 3 au jeudi 4 mars
Pour le président bélarusse Alexandre Loukachenko, il n’y a pas d’embargo qui tienne. Il a reçu le ministre des Affaires étrangères yougoslave, Jivadine Iovanovitch, avec lequel il a conclu un accord de coopération militaire. L’armée yougoslave étant pour une large part équipée de matériel de fabrication soviétique, Minsk met à sa disposition son usine de réparation de véhicules blindés de Borisov et son académie militaire pour la formation des cadres de la défense antiaérienne.
jeudi 4 mars
La Yougoslavie a décidé de renforcer la protection de « certaines parties » de sa frontière, afin d’empêcher l’infiltration de « groupes terroristes » au Kosovo. Le communiqué ne contient pas d’autre précision, mais la mesure semble toucher tout particulièrement la frontière avec la Macédoine.
vendredi 5 mars
11 policiers serbes ont été blessés, dont 5 grièvement, dans une embuscade tendue par l’UCK à Magura, dans le centre du Kosovo. Par ailleurs, l’UCK a empêché le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés de secourir 200 déplacés bloqués depuis trois nuits à flanc de montagne.
Nikola Poplasen, le président élu de l’entité serbe de Bosnie, a été destitué par le Haut représentant civil en Bosnie, Carlos Westendorp. Selon le communiqué de ce dernier, Poplasen a « abusé de l’autorité de sa fonction, ignoré la volonté du peuple de la Republika Srpska exprimée par ses représentants élus à l’Assemblée nationale », retardé la pleine mise en œuvre des résultats des élections, agi constamment pour provoquer l’instabilité » dans l’entité serbe. Par ailleurs, au terme d’un arbitrage international rendu public, la Communauté internationale a décidé de faire de la ville de Brcko un district neutre sous l’autorité de l’Etat fédéral bosniaque. Les Serbes contrôlaient la ville depuis 1992, après avoir expulsé ou assassiné la majorité de la population musulmane et croate. Brcko commande un corridor de 5 kilomètres de profondeur indispensable aux Serbes pour assurer la continuité de leur territoire entre les moitiés est et ouest de la Republika Srpska. Les réactions bosno-serbes ne se sont pas fait attendre : le Premier ministre de la Republika Srpska, Milorad Dodik, pourtant principal allié des Occidentaux, a annoncé sa démission.
samedi 6 mars
Selon l’ancien sénateur américain Bob Dole, qui effectuait une mission spéciale dans les Balkans, les Albanais du Kosovo ont promis de signer l’accord de paix le 7 mars. Par ailleurs, à Upr Prekaz, l’UCK a commémoré la mort, il y a un an, du commandant Adem Jashari, tué par les Serbes.
dimanche 7 mars
A une semaine de la reprise à Paris des pourparlers de paix sur le Kosovo, Belgrade a remis en cause certains acquis - du moins, les croyait-on - de la première phase des négociations, celle de « Rambouillet ». Ainsi Belgrade a clairement annoncé qu’elle rejette toute une série de dispositions du projet d’accord : la présidence kosovare, une Constitution, une assemblée législative, un système judiciaire autonome, etc. Les Serbes refusent, surtout, toute modification de la Constitution de la Fédération yougoslave. Par ailleurs, alors que l’état-major de l’UCK devait se réunir quelque part dans la Drenica, Hashim Thaçi, haut responsable de l’UCK et l’un des négociateurs de Rambouillet, qui se trouvait à Tirana, politiques et militaires auraient décidé de signer l’accord de paix… « au moment opportun ».
L’affaire de Brcko est en train de ressouder les Serbes de Bosnie au détriment de la communauté internationale. Modérés et extrémistes ont rejeté d’une même voix, lors d’une session extraordinaire du Parlement, l’arbitrage international qui leur a retiré la juridiction sur la ville. Milorad Dodik a exigé la suspension de l’application de l’arbitrage et l’ouverture de négociations pour sa révision. Et cela sous peine d’une rupture avec la communauté internationale. Le président serbe de la présidence tripartite de Bosnie, le modéré Zivko Radisic, et les 11 élus serbes au parlement fédéral, ultranationalistes et modérés confondus, ont « suspendu » leur participation à ces organes. Quand au président des Serbes bosniaques, qui refusé sa destitution, a assisté aux débats de l’Assemblée nationale.
lundi 8 mars
Belgrade est venu au secours des Serbes de Bosnie, en rejetant les deux déclarations prises par la Communauté internationale : retrait du contrôle serbe sur Brcko et limogeage du président de la Republika Srpska. Le gouvernement yougoslave considère la première comme une « violation grossière » de l’accord de paix de Dayton et juge la seconde « illégitime ». Le parti de Milosevic demande le « limogeage urgent » de Carlos Westendorp, estimant qu’il a « outrepassé son mandat ».
Dans la soirée, le médiateur américain auprès des indépendantistes kosovars affirme que l’UCK a accepté les termes de l’accord de paix négocié à Rambouillet et qu’ils autorisaient la signature du document.
mardi 9 mars
Alors que l’acceptation, la veille, par les membres de l’UCK de l’accord de Rambouillet donnait plein espoir, la police serbe a lancé huit mandats d’arrêt contre des responsables kosovars accusés d’« activités terroristes ». Parmi eux, notamment, trois des négociateurs présents à Rambouillet, membres de l’état-major de l’UCK : Hashim Thaci, Jakup Krasniqi et Ram Buja. Par ailleurs, l’état-major de l’UCK exige toujours « l’arrêt des attaques » des forces serbes. Or, les combats ont été intenses le long de la frontière macédonienne, provoquant la fuite de centaines de villageois. Richard Holbrooke est arrivé à Belgrade pour rencontrer Milosevic.
mercredi 10 mars
Richard Holbrooke a passé trois heures dans le bureau de Slobodan Milosevic sans parvenir à fléchir son opposition farouche à tout déploiement de troupes étrangères au Kosovo. De leur côté, les Kosovars hésitent toujours à signer l’accord de paix : les responsables locaux de l’UCK n’acceptent pas la clause de désarmement prévue.
jeudi 11 mars
Les ministres français et britannique des Affaires étrangères ont lancé un avertissement très ferme à ceux dont l’obstination fait obstacle à la conférence prévue sur le Kosovo : « On n’en finit pas d’attendre l’accord des Kosovars, constamment annoncé mais jamais définitif, tandis que du côté yougoslave c’est un immobilisme arc-bouté ».
vendredi 12 mars
Milosevic a rejeté « résolument et définitivement » le déploiement d’une force étrangère au Kosovo, qu’elle soit militaire ou politique. C’est ce qu’a fait savoir le ministre russe des Affaires étrangères, Ivanov. Réplique de Madeleine Albright : un accord sans force de l’OTAN est inacceptable. L’OTAN continue à acheminer du matériel lourd et des soldats en Macédoine, alors que les accrochages entre l’UCK et les forces serbes ont fait de nouvelles victimes dans le sud : sept membres de l’UCK ont été tués lors d’un ratissage de la police serbe à Prizren. Par ailleurs, le Congrès américain a autorisé le président Bill Clinton à fournir 4 000 soldats à l’OTAN pour être basés au Kosovo, si un accord de paix est conclu à Paris. La délégation kosovare, emmenée par Hashim Thaci et Ibrahim Rugovah a pu quitter Pristina, dans l’après-midi, à bord d’un avion militaire français, pour Paris.
La police tchèque annonce l’arrestation à Prague du Kosovar Princ Dobroshi, considéré comme l’un des plus importants trafiquants de drogue en Europe. Il utilisait le produit de son trafic pour acheter des armes pour l’UCK.
samedi 13 mars
Alors que les chefs de la diplomatie de l’Union européenne, réunis en Allemagne, ont appelé Serbes et Kosovars à signer « immédiatement » la paix, trois attentats à la bombe ont fait au total 6 morts et 58 blessés dans deux villes du nord du Kosovo (sur les marchés de Mitrovica et Podujevo). La guerre est entrée dans les villes. L’agence officielle yougoslave Tanjug a attribué ces attentats à des « terroristes » de l’UCK. La délégation serbe, assistée du président serbe Milutinovic, est arrivée dans l'après-midi à Paris.
dimanche 14 mars
Les Serbes, par la voix du vice-Premier ministre yougoslave Zoran Lilic, continuent à refuser toute présence de forces étrangères au Kosovo, même celles de l’ONU.
lundi 15 mars
Serbes et Kosovars se sont retrouvés à Paris, au Centre de conférences internationales, pour reprendre les pourparlers de paix qu’ils avaient engagés à Rambouillet du 6 au 23 juillet. Les membres de la délégation des Albanais du Kosovo ont donné leur accord au plan de paix sur le Kosovo. Pour Robin Cook, le chef de la diplomatie britannique, « la délégation serbe a ainsi perdu sa première ligne de défense ». Aux 80 pages du texte initial, les Serbes en ont ajouté 20 dans la soirée, à la grande surprise des diplomates du groupe de contact. Alors que les combats se poursuivent entre l’armée yougoslave et l’UCK dans le nord de la province serbe, l’état-major yougoslave a pris la décision de maintenir trente jours de plus sous les drapeaux les appelés qui viennent d’achever leur service militaire. La mesure est justifiée par des « menaces d’intervention armée ». De son côté, un haut responsable militaire serbe a expliqué à des journalistes, sur le terrain : « Nous avons atteint tous nos objectifs en contrôlant la frontière avec la Macédoine et les principaux axes routiers ».
mardi 16 mars
Alors que les Kosovars ont confirmé leur intention de signer les accords de paix, la délégation serbe s’est encore davantage ancrée dans son refus d’accepter ce plan. Les Serbes remettent en cause les termes du volet politique et institutionnel du document. Sur le terrain également, les Serbes affichent leur refus de toute concession. Depuis deux jours, ils ont multiplié les opérations armées dans le nord du Kosovo et en direction de la frontière de la Macédoine. Le HCR estime que les combats sont les plus violents depuis le cessez-le-feu de l’an passé. Pour la première fois depuis l’été dernier, des combats ont éclaté dans la région de Klina, dans le centre, où le HCR a constaté l’incendie de villages désertés par leur population. Il estime à 9 000 au moins le nombre de personnes chassées de chez elles par les combats depuis la reprise des négociations à Paris. Par trains entiers, l’armée yougoslave continue à acheminer des chars et des transports de troupes blindés vers le nord du Kosovo.
mercredi 17 mars
A Paris, la conférence de la paix sur le Kosovo est dans l’impasse, a expliqué dans la soirée James Rubin, le porte-parole du département d’Etat américain, car « les Serbes ne négocient pas sérieusement ». Dans ces conditions, estime le médiateur de l’Union européenne, l’Autrichien Wolfgang Pietrisch, la conclusion de la conférence « n’es plus qu’une question d’heures ». Par ailleurs, les experts finlandais chargés de l’autopsie des Kosovars victimes de l’assaut du village de Racak par la police serbe, le 15 janvier, ont rendu leurs conclusions. Conclusions qui dénoncent implicitement les Serbes : il s’agissait bien de « civils désarmés, tués en dehors d’un contexte de combat ». Le docteur Elena Ranta a parlé à plusieurs reprises de « crime contre l’humanité ».
jeudi 18 mars
A Paris, même l’insistance de la Russie, leur alliée traditionnelle, les pressant de signer l’accord politique sur le Kosovo, n’y a rien fait : les Serbes sont restés murés dans leur refus d’accepter les termes du projet d’accord de paix qui avait été préparé à Rambouillet. Les Kosovars, en revanche, ont signé en fin de journée les 82 pages du document. Un document dont le président serbe, Milan Milutinovic, affirme avec ironie qu’il « n’existe pas ».
vendredi 19 mars
L’ajournement de la conférence de Paris sur le Kosovo, officiellement annoncée, a toutes les apparences de l’échec pour la Communauté internationale qui n’est pas parvenue à faire céder Belgrade. L’évacuation des ambassades occidentales de la capitale serbe a commencé. La France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont demandé à leurs ressortissants de quitter la Yougoslavie. Les 1 400 vérificateurs de l’OSCE ont déjà évacué leur matériel lourd du Kosovo. Pour autant, l’intervention armée de l’OTAN paraît hypothétique. Une réunion « décisive » des 19 alliés de l’organisation atlantique s’est bornée à un échange d’informations. « A la surprise générale, a expliqué l’un des participants, les Etats-Unis ne semblent plus très pressés de passer à l’acte »…
samedi 20 mars
Tôt dans la matinée, les membres de la Mission de vérification au Kosovo de l’OSCE sont partis en convoi en direction de la Macédoine où ils sont tous arrivés dans la journée sans difficulté. Deux responsables de l’UCK ont affirmé que l’organisation séparatiste était décidée à « poursuivre la lutte armée si l’OTAN n’intervenait pas » dans la province. Les forces serbes ont encore intensifié leurs opérations contre les séparatistes albanais, dont sept ont été tués, et un policier serbe grièvement blessé, selon une source serbe. Les combats les plus violents ont eu lieu près de Srbica (centre).
dimanche 21 mars
Il semble que la diplomatie américaine ait accordé une semaine de réflexion à Milosevic. L’OTAN hésite toujours à agir et la guerre s’étend au Kosovo. Les combats entre les forces serbes et l’UCK se sont intensifiés dans la région de la Drenica (Glogvac et Srbica). Des milliers de villageois ont été chassés de leurs foyers. Des sources albanaises font état d’exactions. On parle d’exécutions sommaires. Dans le village de Llausha, bastion de l’UCK assaillis de tous côtés, la résistance des combattants albanais faiblit. Quelques poches tiennent encore : le QG de l’UCK, situé dans le village de Likovsë, et quelques villages proches du sommet de la montagne de Cicavica. Le gouvernement serbe a exclu tout retour rapide de la mission des vérificateurs de l’OSCE. La compagnie aérienne British Airways a suspendu ses vols sur Belgrade.
lundi 22 mars
« L’agression croissante serbe doit être stoppée », a déclaré dans la soirée le président américain Bill Clinton, en lançant un nouvel avertissement au président Milosevic. Il a aussi envoyé un message au président russe, qui reste farouchement opposé à toute action militaire contre la Serbie. « Nous sommes tout près de l’action militaire », a averti l’émissaire américain Richard Holbrooke, qui se trouvait à Belgrade dans la soirée. Le Conseil permanent de l’OTAN a élargi la délégation de pouvoirs autorisant le secrétaire général Javier Solana à engager des bombardements en ex-Yougoslavie. L’ensemble des forces serbes pourrait être visé. Mais les Occidentaux continuent aussi de multiplier les « dernières chances ». Sur le terrain, les villages flambent et des dizaines de milliers de civils continuent à fuir les combats. Un « désastre humanitaire » s’annonce.
mardi 23 mars
Les compagnies aériennes Air France, Swissair, Alitalia et Lufthansa ont suspendu leurs vols sur Belgrade. L’ambassade d’Allemagne a évacué son personnel dans la capitale serbe. La frontière entre Kosovo et Macédoine est fermée. Il n’y a plus d’espoir dans la soirée d’éviter toute intervention armée de l’OTAN. Une nouvelle rencontre de deux heures entre Milosevic et Holbrooke a échoué dans la matinée. Au Kosovo, les combats entre policiers serbes et l’UCK redoublent d’intensité : la ville de Srbica a été pillée et incendiée. Le Conseil de sécurité intérieure de la Macédoine a rappelé à l’OTAN qu’aucune opération militaire ne peut être menée contre un autre pays à partir de son territoire, alors que celui-ci abrite déjà, officiellement, 10 000 soldats de l’organisation.
nuit du mardi 23 au mercredi 24 mars
A 23 h 30, le secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana, a donné son feu vert au bombardement de positions serbes. Dès cette annonce, des chars ont pris position dans les principales artères de Pristina. Par ailleurs, Milosevic a fait fermer la dernière radio indépendante de Belgrade, B-92.
mercredi 24 mars
L’OTAN a déclenché à 20 h une forte offensive contre une quarantaine de sites militaires en Yougoslavie. 70 chasseurs et bombardiers occidentaux (américains, français, allemands, britanniques et de quatre autres pays) ont tiré leurs missiles (en particulier des Tomahawk américains) sur leurs cibles à Pristina, Novi Sad et au Monténégro. Toute la journée avait été celle des derniers préparatifs et des derniers appels à la paix, notamment de la part des Européens et de la Russie. Seule réponse yougoslave ; un nouveau refus de tout déploiement de troupes étrangères au Kosovo, réitéré à la radio par Milosevic. Le président russe Boris Eltsine s’est dit « indigné » par ces premières frappes et prêt à prendre « des mesures militaires ». Dans la matinée, un avis de mobilisation générale avait été lancée au Kosovo, mais seuls les Serbes ont rejoint leurs unités et patrouillé dans toute la province. Des hommes de la milice ultranationaliste serbe du commandant Arkan ont aussi été vus en ville. La Macédoine a rouvert sa frontière pour tous ceux qui peuvent justifier, par une pièce d’identité, qu’ils résident dans une zone touchée par les combats au Kosovo. La Macédoine abrite déjà 10 000 réfugiés. Par ailleurs, le ministère macédonien de la Défense a annoncé que l’armée intensifiait ses préparatifs « afin de préserver l’intégrité territoriale et la souveraineté du pays ».
nuit du mercredi 24 au jeudi 25 mars
Avec l’opération « Force déterminée », l’OTAN a poursuivi ses frappes sur les objectifs militaire serbes. Cette première série d’attaques a été qualifiée de « succès ». 80 % des 40 cibles militaires choisies auraient été touchées, dont cinq aéroports, cinq casernes et des centres de communication. Ces cibles se trouvaient dans les environs de Belgrade et à Danilovgrad, Novi Sad, Pancevo, Kursumlija, Uzice, Pristina (Kosovo) et Podgorica (Monténégro). Tous les avions engagés seraient rentrés. Trois des quinze Mig-29 que possède Belgrade auraient été détruits. Après cette première série de frappes, les responsables de l’OTAB ont clairement indiqué que leur opération graduée visant la destruction de « toutes les forces serbes », sera poursuivie si Belgrade refuse à plier. Les Serbes, eux, affirment avoir abattu deux avions et plusieurs missiles. C’est Moscou qui a donné le premier bilan, côté serbe : plus de 70 morts, dont 50 civils, et plus de 220 blessés. L’armée yougoslave, elle, parle de 10 soldats tués et de 38 autres blessés. Des chiffres invérifiables. Membre de l’OTAN, mais ne participant à l’opération en cours, la Grèce a demandé l’arrêt des frappes et le retour à la négociation. Un village d’Albanie, Vicidol, aurait subi des tirs de mortiers venus du Kosovo.
jeudi 25 mars
Milosevic, fort d’un message de soutien de Boris Eltsine, n’a pas l’intention de céder. Après avoir dénoncé « les frappes criminelles de l’agression », le président yougoslave a dit qu’il attendait « une aide adéquate » de Moscou. La Yougoslavie a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France. Belgrade a aussi décidé l’expulsion immédiate des journalistes des pays « agresseurs » (une décision non valable au Monténégro). A Pristina, une expulsion s’est faite manu militari. Après le départ des journalistes, les Yougoslaves ont intensifié leurs représailles contre la population albanaise du Kosovo. Plusieurs accrochages auraient opposé, au Kosovo, l’armée yougoslave et les séparatistes de l’UCK. Des rumeurs d’arrestations et d’exécutions arbitraires de personnalités et d’intellectuels kosovars circulent (parmi lesquels l’avocat Bajram Kelmendi et ses deux fils). Certains témoins ont fait état de pillages à Pristina. Deux villages proches de la frontière albanaise, Morina et Goden, auraient été bombardés et incendiés. A Goden, 20 personnes auraient été fusillées. 30 morts à Suva Reka, 20 à Orahovac. Une « campagne de nettoyage », a déclaré le commandant suprême de l’OTAN en Europe, le général américain Wesley Clark, qui a accusé les Serbes d’avoir aussi attaqué des villages en Albanie. A Skopje (Macédoine), dans la soirée, 10 000 manifestants ont tenté d’incendier l’ambassade américaine et s’en sont pris aussi aux ambassades allemande et britannique. Deux soldats ont été blessés dans leurs voitures que la foule avait encerclées. Les frappes occidentales ont réveillé les ardeurs sécessionnistes du président monténégrin, Milo Djukanovic. A Belgrade, le vice-Premier ministre serbe, Vojislav Seselj, appelait les Serbes du monde entier à la mobilisation contre les forces de l’OTAN. Dans la soirée toujours, mais à l’ONU, la Russie a fait circuler un projet de résolution par lequel le Conseil de sécurité demanderait l’arrêt immédiat des frappes.
nuit du jeudi 25 au vendredi 26 mars
Après une première phase visant la défense antiaérienne sur toute la Yougoslavie, la phase 2 a été entamée à partir de 20 heures par l’OTAN : attaquer les concentrations de troupes et de matériel au sud du 44e parallèle afin de stopper l’offensive serbe au Kosovo.
vendredi 26 mars
Une troisième vague, associant missiles et bombardiers, a été lancée dans l’après-midi. Avec, aussi, pour objectif de prolonger la phase 1, puisque la périphérie de Belgrade est concernée. Selon la télévision serbe bosniaque, un avion de l’OTAN se serait écrasé à 17 h 20, près de Donja Trnova, dans le nord-est de la Bosnie serbe. Peu après, l’OTAN annonçait que deux MiG-29 serbes venaient d’être abattus et leurs pilotes capturés, près de Teocak, en Bosnie. Premier allié de Belgrade, Moscou a échoué au Conseil de sécurité : sa résolution réclamant « l’arrêt immédiat » des frappes a été repoussée, ne recueillant que 3 voix sur 15. Deux ministres ukrainiens (Affaires étrangères et Défense) se sont rendus à Belgrade pour discuter avec Milosevic d’une issue politique de la crise. En Macédoine, craignant de nouveaux actes de représailles, les Etats-Unis ont décidé de retirer leur personnel diplomatique non essentiel. Un leader syndicaliste kosovar, Agim Ajrizi, président de l’Assemblée des syndicats du Kosovo, aurait été exécuté, avec son fils et sa mère, à Mitrovica.
samedi 27 mars
En fin de journée, l’OTAN, avec l’accord de tous les gouvernements alliés, a décidé de franchir une nouvelle étape dans ses opérations militaires en s’attaquant directement aux forces de l’armée serbe dans le sud du pays. Une escalade motivée par les massacres d’Albanais commis ces jours derniers au Kosovo. 244 Kosovars se sont réfugiés en Albanie. Selon plusieurs ministres occidentaux, les Serbes se livrent réellement à un génocide au Kosovo. Dans la soirée, les frappes ont repris pour la quatrième nuit consécutive. Des milliers d’opposants aux frappes de l’OTAN ont manifesté dans plusieurs villes d’Europe.
nuit du samedi 27 au dimanche 28 mars
Poursuite des frappes aériennes. Depuis le début de l’opération, plus d’une centaines d’objectifs ont été visés. Pour la première fois, un avion de l’OTAN, un chasseur furtif américain F-117A Nighthawk, a été abattu par les Serbes et s’est écrasé à l’ouest de Belgrade. Le pilote a pu être récupéré par les équipes de sauvetage spécialisées.
dimanche 28 mars
Alors que Milosevic reste intraitable, le porte-parole de l’OTAN, Jamie Sheah, a dénoncé le risque d’« une catastrophe humanitaire » au Kosovo. Bien que 500 000 habitants de la province aient été déplacés depuis le début du conflit, les frappes occidentales n’ont pu empêcher un nouvel exode forcé des Albanais. Selon les autorités de Tirana et les responsables du HCR, 50 000 Kosovars ont été repoussés, sous la contrainte, vers la frontière albanaise. Macédoine et Monténégro continuent, eux aussi, de recevoir des réfugiés qui fuient le Kosovo depuis le milieu de la semaine. 30 000 nouveaux réfugiés, encadrés des forces serbes, marchaient dans la soirée vers le Monténégro, fuyant la ville de Pec en feu. En l’absence de témoins, les autorités albanaises de Tirana accusent les Serbes de multiplier les massacres. Ils auraient fait plusieurs dizaines ou centaines de victimes (une unité spéciale de la police serbe a notamment massacré 19 Albanais, dont 7 femmes et 7 enfants, dans le village de Podujevo, tandis qu’au moins 93 autres, en majorité des hommes âgés, ont été tués par la police et les forces spéciales serbes à Izbica). Le leader modéré kosovar Ibrahim Rugova a vu sa maison brûlée et serait contraint de se cacher. Quatre autres personnalités albanaises auraient également été assassinées à Pristina. Tirana et l’UCK réclament un déploiement terrestre de l’OTAN au Kosovo, une idée qui continue d’être officiellement écartée par les Occidentaux. A Belgrade, sous les bombes, 10 000 jeunes se sont rassemblés pour un concert rock anti-américain.
nuit du dimanche 28 au lundi 29 mars
L’OTAN tente de stopper la police, les forces paramilitaires et l’armée serbes qui sont devenues ses cibles privilégiées au Kosovo. Le QG de la police spéciale de Pristina a été détruit par les bombardements. L’OTAN affirme aussi que la moitié des MiG-29 de l’aviation yougoslave sont hors de combat.
lundi 29 mars
Les Serbes poursuivent leur nettoyage ethnique du Kosovo. Le quart des Kosovars aurait déjà fui, malgré les appels de l’UCK : 100 000 vers l’Albanie, 40 000 au Monténégro et 15 000 en Macédoine. A Pec, la police serbe a ordonné aux Albanais de quitter la ville sous peine d’« être massacrés ». Aux frontières, les Serbes confisquent les cartes d'identité et les passeports, ce qui équivaut à rendre très difficile leur retour éventuel en Yougoslavie. Il semble que des combats aient lieu entre l’armée serbe et l’UCK.
mardi 30 mars
Après six heures d’entretien avec Milosevic, à Belgrade, le Premier ministre russe, Evguéni Primakov (accompagné du ministre russe de la Défense, Sergueïev, du chef des renseignements extérieurs et du chef du GRU), n’a pu que présenter des propositions limitées à l’OTAN (reprise des négociations en échange d’un arrêt des bombardements) : l’Organisation atlantique a refusé cette médiation. La mission Primakov n’apporte pas « une base pour une solution politique ». Nouvelle journée de massacres et d’expulsions forcées au Kosovo. L’arrivée massive de réfugiés déstabilise les pays d’accueil (Albanie, Monténégro et Macédoine) qui appellent l’Europe à l’aide. Le porte-parole de l’OTAN, Jamie Shea, affirme que ce « nettoyage ethnique » avait été « planifié à l’avance » par Milosevic. Six localités ont été délibérément incendiées par les forces serbes pour forcer leurs habitants à fuir ou les empêcher d’y revenir : Pristina, Srbica, Dobri Do, Orahovac, Dakovica et Brestovac.
nuit du mardi 30 au mercredi 31 mars
Les bombardements se sont poursuivis pour la septième nuit consécutive, notamment à la périphérie de Belgrade
mercredi 31 mars
Après l’échec de la médiation russe, l’OTAN a décidé de renforcer son armada aérienne qui compte désormais 430 avions de combat. Français et Britanniques ont reconnu les difficultés rencontrées par leurs pilotes à cause du mauvais temps. Des diplomates reconnaissent que le potentiel militaire serbe, très mobile, n’a pas été sérieusement atteint. Une dizaine de chars seulement, sur les 300 engins déployés au Kosovo, auraient été détruits. Les soldats serbes dispersent leurs blindés au milieu des villes ou au sein des convois de réfugiés. Pendant ce temps, le désastre humanitaire se poursuit au Kosovo : les réfugiés continuent à affluer par milliers en Macédoine, au Monténégro et en Albanie. Selon le ministre allemand de la Défense, Rudolf Scharping, il existerait « des camps de concentration dans certains endroits » de la province. L’Alliance accuse également les Serbes de tirer à l’arme lourde sur les réfugiés. Après la Russie, le Vatican tente une démarche auprès de Milosevic : le chef de la diplomatie du pape, Mgr Jean-Louis Tauran, va lui proposer une « trêve pascale ». Washington, déjà, s’y refuse, sauf si Belgrade arrête son « nettoyage ethnique » au Kosovo. L’ancien Premier ministre russe, Igor Gaidar, a été reçu à son tour, à son arrivée de Belgrade. Moscou vient de décider de déployer plusieurs bâtiments de la flotte de la mer Noire dans l’Adriatique, « afin d’évaluer la situation ».
Le chef de guerre serbe Arkan, considéré comme un héros national, a été inculpé de crimes de guerre par le TPI pour ses actions durant la guerre de Bosnie.
nuit du mercredi 31 mars au jeudi 1er avril
Les avions de l’OTAN ont frappé dans l’ouest (Pec) et le centre (Srbica) du Kosovo. En raison de ces bombardements qui durent depuis neuf jours, l’approvisionnement des forces serbes en carburant commence à poser de sérieux problèmes car ses stocks ont été touchés. Elle réquisitionne déjà du gazole. Ajoutée à la détérioration des infrastructures routières et ferroviaires, cette pénurie devrait ralentir sensiblement ses opérations au Kosovo.
jeudi 1er avril
Portés disparus la veille dans la région de Kumanovo, en Macédoine, trois militaires américains sont apparus dans la matinée sur les écrans de la télévision yougoslave, le visage tuméfié. Ils ont été pris par les forces serbes. Belgrade prétend que leur capture a eu lieu sur le territoire yougoslave, ce que démentent les responsables de l’OTAN. La Macédoine et la Serbie n’ont toujours pas décidé le tracé de leur frontière depuis l’indépendance de la Macédoine... Belgrade a annoncé que les trois militaires américains seraient traduits devant une cour militaire, le 2 avril, au Kosovo. Cette capture provoque un certain flottement dans les sphères de l’OTAN. Le général Wesley Clark a ainsi implicitement évoqué la possibilité d’un déploiement de troupes au sol ; mais le secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana, s’y est opposé. Dans la matinée, les avions de l’OTAN ont détruit un pont sur le Danube, à Novi Sad. La ville est privée d’eau, les explosions ayant touché le système d’adduction. Une surprise est venue de Belgrade, où Milosevic a rencontré le « président » des Kosovars Ibrahim Rugova. Les deux hommes ont appelé à l’arrêt des bombardements et se sont mis d’accord sur un règlement politique. L’état-major de l’OTAN doute de la liberté de parole laissée à Rugova, qui ne serait qu’un prisonnier. D’autre part, le président russe Boris Eltsine a appelé les ministres des Affaires étrangères du « G8 » à se réunir d’urgence pour « régler le conflit du Kosovo autour d’une table de négociation ». Milosevic a limogé huit généraux à la tête de la 2e armée (dont le général monténégrin Radosav Martinovic remplacé par un Serbe acquis au régime de Belgrade, le général Obradovic), couvrant le Monténégro. Cette décision, opérée à l’insu du président monténégrin Djukanovic, inquiète les dirigeants réformateurs du pays ; ils craignent la tentative d’un putsch proserbe.
nuit du jeudi 1er au vendredi 2 avril
Poursuite des frappes aériennes
vendredi 2 avril
Selon le HCR, 190 000 Kosovars (un dixième de la population) auraient été pris la fuite depuis le début des bombardements de l’OTAN. L’Albanie et la Macédoine n’arrivent plus à contrôler la masse des réfugiés. Les frappes se sont poursuivies malgré une mauvaise météo. Le président américain a assuré dans la soirée qu’il « croyait encore » à une réussite de l’opération sans intervention terrestre. « Nous sommes désormais confrontés à une crise dans toute la région et plus seulement interne à la Yougoslavie », a déclaré Jamie Shea. Le risque d’escalade a encore augmenté avec la demande de Milosevic d’une aide militaire à la Russie afin « défendre plus facilement » la Yougoslavie contre les attaques de l’OTAN. L’octroi de cette aide « est possible et dépend de la situation », a affirmé le chef d’état-major de l’armée russe, Anatoli Kvachnine. Le départ d’un navire russe pour l’Adriatique a provoqué une mise en garde de l’OTAN. L’Organisation atlantique s’est déclarée « très inquiète » en raison d’un possible mutsch militaire au Monténégro. Selon plusieurs témoignages, l’UCK organise la résistance en enrôlant les hommes qui s’enfuient et en recrutant les jeunes volontaires de la diaspora. Le responsable politique des séparatistes albanais, Hashim Thaci, a annoncé la composition d’un nouveau gouvernement dont les principaux postes ont été attribués à des membres de l’UCK, selon la télévision albanaise. A Belgrade, le tribunal de commerce a ordonné l’arrêt des programmes par satellite de la radio indépendante B92 et fermé ses locaux à Belgrade. Son directeur a été limogé et remplacé par un proche de Milosevic.
nuit du vendredi 2 au samedi 3 avril
Peu avant une heure du matin, l’OTAN a bombardé le centre de Belgrade. Les ministères de l’Intérieur de Yougoslavie et le quartier général de la police de Serbie, situés rue Kneza Milosa, ont été détruits par des missiles. L’aviation de l’OTAN a en outre bombardé peu après minuit trois localités sur les versants du mont Fruska Gora situé à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Belgrade, a rapporté la télévision serbe RTS.
samedi 3 avril
Avec les bombardements de la nuit, la peur s’est emparée des habitants de Belgrade : dès l’aube, des files de plusieurs centaines de mètres se sont formées devant les commissariats de police, qui ont commencé à vendre des bons d’essence, rationnée à 40 litres par mois pour chaque propriétaire de véhicule. Les 19 ambassadeurs de l’OTAN ont affirmé que la Yougoslavie doit « accepter des dispositions » permettant le retour « en sécurité » au Kosovo de « tous les réfugiés », sous « la protection d’une force internationale de sécurité ». Parallèlement à ses frappes, l’Organisation occidentale va mettre en place des opérations d’aide aux réfugiés en Albanie et en Macédoine. Dans la soirée, l’OTAN a détruit deux ponts sur le Danube dans le nord de la Serbie, l’un à Novi Sad, l’autre à Backa Palanka. Selon l’agence Tanjug, ces bombardements auraient fait au moins sept blessés.
nuit du samedi 3 au dimanche 4 avril
Poursuite des frappes aériennes. Des dépôts de carburants ont été détruits, ainsi que le quartier général de la 1re armée yougoslave. Quelques dizaines de personnes auraient été tuées lors de ces nouvelles frappes.
dimanche 4 avril
Selon un nouveau décompte, au moins 350 000 personnes ont fui le Kosovo depuis le 24 mars, dont 204 000 en Albanie et 155 000 en Macédoine. L’OTAN a décidé d’organiser le départ de 100 000 réfugiés kosovars les pays occidentaux tout en augmentant la pression sur le régime serbe. Les Américains envoient de nouveaux bombardiers sur leurs bases en Allemagne et en Italie. Et le président Clinton a donné son feu vert au déploiement d’hélicoptères d’attaque Apache, considérés comme des appareils d’appui de troupes au sol.
nuit du dimanche 4 au lundi 5 avril
Avec une météo enfin favorable, les frappes sur Belgrade se sont poursuivies : le commandement de l’Armée de l’air et de la défense antiaérienne yougoslave et une caserne du faubourg de Zemun ont été visés. Plusieurs autres cibles militaires ont été touchées dans le quartier de Zvesdara, affirment de leur côté, les autorités yougoslaves. Les abords de l’aéroport ont également été visés. 27 cibles, au total, auraient été visées : des dépôts de carburant et de munitions, des ponts, des avions MiG au sol, des sites de défense antiaérienne ; une usine chimique et une mine ont également été touchées. Les régions de Niš et Raska ont été particulièrement visées et les bombardements ont continué à Pristina.
lundi 5 avril
Des trains remplis de réfugiés sont encore arrivés dans la matinée à Blace, à la frontière kosovo-macédonienne. Surveillés étroitement par les forces spéciales macédoniennes, ils luttent pour survivre dans la dignité. Par ailleurs, les premiers réfugiés kosovars ont quitté la Macédoine pour la Turquie et la Norvège. Ces évacuations ont été faites par la force, des familles ont été séparées. Pour la deuxième fois, Ibrahim Rugova est apparu à la télévision : il s’est entretenu, dans sa maison de Pristina et en présence de journalistes, avec l’ambassadeur de Russie à Belgrade, Iouri Kotov, et avec le vice-Premier ministre yougoslave Sainovic. Rugova a demandé de pouvoir partir à l’étranger.
nuit du lundi 5 au mardi 6 avril
Poursuite des frappes aériennes. Pour la première fois, l’OTAN a reconnu une erreur de tir : une bombe aurait raté sa cible et tué une douzaine d’habitants d’Aleksinac (sud de Belgrade).
mardi 6 avril
Un communiqué de la présidence yougoslave a annoncé un « cessez-le-feu unilatéral », pour le soir même, « de toutes les forces serbes engagées contre l’UCK » Les autorités serbes proposent à Rugova de travailler à un « accord provisoire ». Dans la soirée, la Maison-Blanche, aussitôt suivie par Londres, Paris et Bonn, a refusé cette « première offre de paix bidon ». Dans l’après-midi, une première attaque aérienne a été menée au Kosovo par des avions anglais et français contre un convoi de blindés serbes ; elle a été « partiellement réussie ». Jamie Shea, porte-parole de l’OTAN, estime entre 10 000 et 100 000 le nombre de personnes disparues, pour la plupart de jeunes hommes. L’UCK a publié dans la soirée une liste de 178 civils fusillés. Plusieurs milliers de réfugiés kosovars ont été expulsés de force de Macédoine vers la Turquie tandis que les efforts humanitaires se multiplient pour venir en aide aux centaines de milliers de déportés.
nuit du mardi 6 au mercredi 7 avril
L’OTAN a poursuivi ses attaques, en particulier contre des chars. Ces frappes intensives n’ont pas épargné la capitale du Monténégro, Podgorica. De nouveaux bombardements ont touché Pristina. En Macédoine, le camp improvisé de Blace a été entièrement vidés de ses réfugiés, 20 000 déportés transférés « vers des camps de transit établis par l’OTAN à l’intérieur du territoire macédonien ».
mercredi 7 avril
Les Serbes ont fermé tôt dans la matinée la frontière avec l’Albanie. Les derniers déportés ont fait état de dizaines de milliers de personnes attendant de passer la frontière. L’Union européenne a signé un chèque de 1,6 milliard de francs d’aide humanitaire.
nuit du mercredi 7 au jeudi 8 avril
Pristina a été touchée par de nouveaux bombardements aériens.
jeudi 8 avril
« Nous envisageons une opération plus collée au terrain pour affaiblir l’appareil de répression militaire ou policier de Milosevic », a déclaré Javier Solana. La Serbie semble, de son côté, préparer un mauvais coup au Monténégro : le nouveau général de la 2e armée, Milorad Obradovic, a exigé la mobilisation des Monténégrins en âge de combattre et que la police de la province soit placée sous l’autorité de son armée. Non seulement, le président Djukanovic a refusé, mais il a aussitôt procédé à la mobilisation de toutes les forces de police disponibles (environ 15 000 hommes), disposée aux abords des principales institutions et des bâtiments publics. Des unités de l’armée yougoslave se sont déployées un peu partout dans Podgorica, et à la périphérie. Un soldat macédonien a été tué, près de Blace, à la frontière entre la Macédoine et le Kosovo. Dans la soirée, à Belgrade, 5 000 personnes se sont rassemblées sur deux ponts, l’un sur la Save, l’autre sur le Danube, pour servir de bouclier humain.
nuit du jeudi 8 au vendredi 9 avril
Les raids de la nuit ont touché, selon l’Alliance, des dépôts de carburant et l’usine d’automobile Zastava, à Kragujevac : Belgrade a fait état de 124 blessés dans cette ville de la Serbie centrale.
vendredi 9 avril
Au bout de 18 jours de frappes de l’OTAN, l’activité diplomatique s’organise pour trouver une issue à la guerre du Kosovo. De Genève, le secrétaire général de l’ONU a appelé la Serbie au cessez-le-feu immédiat au Kosovo, à un retrait des troupes serbes et au « déploiement d’une force militaire internationale ». Pristina a été touchée par des tirs aériens vers midi. Selon l’OTAN, des renforts serbes sont arrivés dans le nord du Kosovo. Par ailleurs, l’armée yougoslave a accusé l’Albanie d’une « tentative d’agression » : une « attaque d’artillerie » contre ses gardes-frontières, avec une « tentative d’incursion (au Kosovo) d’un important groupe terroriste armé » depuis l’Albanie. Des obus de mortier sont tombés, dans la matinée, du côté albanais. On a aussi tiré à l’arme légère dans le secteur. Une unité spéciale Delta de l’UCK (environ 135 soldats) a réussi à s’emparer de la garnison frontalière yougoslave de Košare (défendue par 200 hommes), établissant des lignes de ravitaillement au Kosovo. Les combats dans les environs de Košare auraient fait 4 morts dans les rangs de l’UCK et 23 du côté yougoslave. Quand à la Macédoine, elle a demandé des garanties à l’OTAN, qui a aussitôt menacé Belgrade de représailles en cas d’attaque contre le territoire macédonien. La véritable menace est venue de Russie : dans la matinée, le président de la Douma affirmait que le président Eltsine avait donné l’ordre de pointer des missiles sur « les pays en guerre contre la Yougoslavie », ce qui a été démentie rapidement par le chef d’état-major des forces stratégiques russes. Dans l’après-midi, Boris Eltsine a menacé d’intervenir militairement « si les Américains nous y poussent ». A Belgrade, le président du Parlement chypriote, Spyros Kaprianou n’a pas obtenu la libération des trois soldats américains prisonniers des Serbes.
samedi 10 avril
Les raids aériens se sont poursuivis toute la journée, malgré la mauvaise météo. Dans l’après-midi, l’aéroport de Slatina, près de Pristina, a été touché par plusieurs missiles, selon des sources militaires yougoslaves Un émetteur de la télévision serbe a également été détruit. Au total, environ 150 objectifs ont été atteints depuis le début de la guerre le 24 mars, a précisé un porte-parole de l’OTAN. Les Etats-Unis ont annoncé le déploiement de 82 avions supplémentaires. Parallèlement, les pays occidentaux ont multiplié les contacts destinés à impliquer davantage la Russie dans un règlement du conflit. Les réfugiés kosovars sont moins nombreux à franchir la frontière yougoslave, mais le sort des personnes (200 000 ?) se terrant dans la province, privées de tout, est de plus en plus inquiétant.
nuit du samedi 10 au dimanche 11 avril
L’OTAN a poursuivi ses frappes ; il y a eu une quarantaine d’explosions dans la région de Pristina. Les Serbes font état de six morts. Alors qu’aucune activité militaire n’a été signalée à Belgrade, quelque 2,5 millions de tracts ont par contre été largués sur la capitale yougoslave : ils présentent les conditions de l’OTAN pour un cessez-le-feu.
dimanche 11 avril
Alors que l’Alliance atlantique poursuit des frappes, Londres a évoqué la présence d’un commando de 80 hommes au Kosovo. Le Conseil permanent de l’OTAN a approuvé l’envoi en Albanie de 8 000 militaires chargés d’une mission humanitaire. Par ailleurs, Slavko Curuvija, propriétaire du quotidien indépendant Dnevni Telegraf, a été tué par balles devant chez lui à Belgrade. Sa femme a été blessée.
lundi 12 avril
Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’OTAN réunis à Bruxelles ont adopté une déclaration des plus fermes à l’égard du président yougoslave Milosevic. Mais, après trois semaines de frappes, le refus de Belgrade de reconnaître son isolement n’a pas faibli. Les frappes continuent donc : 6 000 sorties depuis le 24 mars. Les dernières ont visé une raffinerie, à Pancevo, une usine automobile à Kragujevac, et Pristina. A 11 h 40, un train de voyageurs a été pris dans le bombardement d’un pont franchissant la rivière Juzna Moravan (gorge de Grdelica), à 300 kilomètres au sud de Belgrade : 14 passagers, dont des enfants et une femme enceinte, ont été tués, et 16 civils blessés. Les combats, eux, ne cessent pas au Kosovo. Les Serbes affirment avoir « liquidé » 150 soldats de l’UCK près de la frontière albanaise. De nombreux témoignages font état de 700 000 Kosovars albanais en danger de mort et de famine à l’intérieur du pays. Par ailleurs, selon le témoignage d’une journaliste allemande, Rugova est effectivement l’otage de Belgrade, qui multiplie les intimidations. D’autre part, le Parlement yougoslave a demandé l’entrée du pays dans l’Union entre la Russie et le Bélarus.
mardi 13 avril
L’état-major de l’OTAN a annoncé le renforcement de la flotte aérienne de l’Alliance. Les frappes ont continué à viser raffineries, dépôts de carburants, ponts. Les abords de Pristina ont subi une grande partie des assauts aériens. L’OTAN affirme avoir anéanti la totalité des capacités des raffineries yougoslaves. D’autre part, les forces yougoslaves ont, pour la première fois, fait une incursion en Albanie, occupant le village de Kameniça une partie de la journée et faisant deux victimes, et alors que l’OTAN a commencé l’installation en Albanie des 8 000 hommes de l’opération « Havre allié » destiné à sécuriser les réfugiés et les humanitaires. Les Serbes ont repris leurs expulsions de population : quelques milliers de Kosovars sont arrivés en Albanie, Monténégro et Macédoine depuis deux jours. Par ailleurs, rien de concret n’est sorti de la première rencontre, depuis le 24 mars, entre l’Américaine Madeleine Albright et le Russe Igor Ivanov : les deux parties campent sur leurs positions.
mercredi 14 avril
Croyant bombarder un convoi militaire, des F16 américains ont visé une colonne de réfugiés, faisant près de 75 morts et 26 blessés graves, à Meha (à 5 kilomètres de la frontière albanaise). Par ailleurs, un avion sans pilote de reconnaissance allemand a été abattu. D’autre part, la venue de Kofi Annan à Bruxelles, où il a participé au sommet des Quinze chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, a marqué le retour de l’ONU dans la guerre du Kosovo. Les Allemands ont présenté un plan de paix en 6 points : retrait des forces serbes du Kosovo, arrêt des combats de l’UCK, mise sur pied d’une force internationale de maintien de la paix ; mise en place au Kosovo d’organisations d’aides, retour des expulsés et réfugiés, mise en place, avec l’autorisation de l’ONU, d’une administration transitoire du Kosovo. Le président américain Clinton a demande des crédits (24 milliards de francs) au Congrès pour renouveler les munitions de l’OTAN. Sur le terrain, l’armée yougoslave a tiré deux obus sur un village albanais proche de la frontière, Vlahem. Dans une interview publiée par l’Etoile rouge, le quotidien de l’armée russe, Milosevic a lancé un appel indirect à l’aide militaire russe. D’autre part, le président bélarusse, Alexandre Loukachenko est arrivé à Belgrade.
nuit du mercredi 14 au jeudi 15 avril
Un officier serbe a été arrêté par l’UCK. Il a été remis aux autorités américaines en Albanie.
jeudi 15 avril
La frontière entre l’Albanie et le Kosovo est devenue le théâtre quotidien d’accrochages entre unités serbes ou yougoslaves et les éléments de l’UCK. Des obus de mortier sont tombés près du poste frontière de Morina. Des échanges de tir entre soldats serbes et gardes-frontières albanais ont également eu lieu à Debruna. Deux autres villages, Kolded et Derzhngev, proches de la ville de Tropoja, ont été touchés par des tirs à l’arme lourde. La peur chasse la population de cette région, dont l’UCK a fait peu à peu sa base arrière. Les autorités de Tirana ont annoncé le renforcement de leur présence militaire sur la frontière. Le ministre albanais des Affaires étrangères, Paskal Milo, estime que « l’élargissement du conflit est une tactique de Milosevic ». Le déploiement sur le sol albanais des premiers hélicoptères américains Apache a commencé. Selon le HCR, 10 000 Albanais du Kosovo se seraient présentés ce jour à trois points de passage de la frontière macédonienne. Les problèmes d’hygiène se font gravement sentir : au choléra, au typhus et à la gale déjà signalés s’ajoute maintenant une épidémie de rougeole. Par ailleurs, selon les autorités britanniques, le général Ratko Mladic, ancien responsable militaire des Serbes de Bosnie, recherché pour crimes de guerre par le TPI, a repris du service au Kosovo. Un autre criminel de guerre, « Arkan » fait la tournée des prisons serbes afin d’y recruter des « criminels durs » qui reçoivent pour mission d’aller « terroriser les gens du Kosovo ».
vendredi 16 avril
Selon le HCR, les Serbes ont rouvert les « corridors de l’horreur » : 6 000 réfugiés kosovars sont arrivés en Macédoine, dont la moitié ont été emmenés jusqu’au no man’s land par un train d’une douzaine de wagons. Le dernier recensement fiable estime à 659 000 le nombre de Kosovars contraints à l’exil depuis un an. Ces chiffres ne tiennent pas compte de ceux qui ont cherché refuge au Monténégro, ou ceux déplacés vers la Serbie. Ce qui semble pousser l’OTAN à renforcer sa mobilisation.
nuit du vendredi 16 au samedi 17 avril
Le mauvais temps a contraint l’OTAN à diminuer l’intensité de ses raids.
samedi 17 avril
Nous allons « détruire tout ce à quoi Milosevic attache du prix » s’il ne change pas de politique, a menacé le général Wesley Clark, le commandant suprême de l’OTAN en Europe, venu en Macédoine puis en Albanie pour une visite éclair. « Les bombardements aériens vont être accrus et intensifiés ». Il a aussi déclaré que l’Alliance avait des « preuves grandissantes » de l’existence de charniers au Kosovo. La présidence américaine a annoncé la décision de mobiliser 33 000 réservistes. La télévision officielle serbe a annoncé qu’un avion de l’OTAN aurait été touché au sud de Pristina et se serait écrasé près de la frontière avec la Macédoine, une information non confirmée par l’état-major de l’OTAN. A Tirana, le ministre albanais des Affaires étrangères a accusé Milosevic d’avoir « franchi une nouvelle étape du plan serbe de nettoyage ethnique » en précipitant un nouveau flot de 100 000 réfugiés kosovars vers l’Albanie. Après les villages, les Serbes vident des villes entières.
dimanche 18 avril
Sans l’avouer officiellement, l’OTAN se prépare bel et bien à la guerre terrestre contre les hommes de Milosevic, sur leur terrain, au Kosovo, et dans le reste de la Yougoslavie. Citant des sources britanniques, le journal Sunday Observer estime que cette nouvelle phase de l’intervention interviendra dans un délai de six à huit semaines. Par ailleurs, Belgrade a rompu toute relation diplomatique avec l’Albanie. Après avoir laissé le passage à 40 000 réfugiés en deux jours, les autorités yougoslaves ont de nouveau fermé les postes-frontières : des bus bondés et des trains auraient fait demi-tour pour aller on ne sait où. Nouvelle péripétie au Monténégro : les autorités militaires yougoslaves ont lancé un mandat d’amener contre le vice-Premier ministre monténégrin, Novak Kilibarda, recherché pour avoir « sapé la capacité de défense militaire de la République fédérale de Yougoslavie ». Kilibarda a refusé de répondre aux convocations. Par ailleurs, huit personnes ont trouvé la mort dans un attentat près de la ville de Rozaje (Monténégro). Plusieurs responsables monténégrins accusent les unités de l’armée yougoslave.
lundi 19 avril
Le président Bill Clinton a demandé au Congrès américain une rallonge de 37 milliards de francs afin de poursuivre l’opération au Kosovo. Alors que les frontières du Kosovo sont toujours fermées, le gouvernement allemand fait état de la disparition de 3 000 personnes dans un quartier de Pristina. Au Monténégro, l’armée yougoslave a investi trois villages au peuplement majoritairement albanais de la commune de Rozaje, sur la route qui mène à Pec, au Kosovo. L’armée et des réservistes ont chassé l’ensemble de la population civile de ces villages et six personnes au moins ont été exécutées. En réponse, le gouvernement monténégrin a immédiatement envoyé 200 hommes de la police spéciale en renfort à Rozaje.
mardi 20 avril
L’exode des Kosovars reste considérablement réduit. Un responsable de l’UCK affirme que 40 000 réfugiés dans les monts Berisha (au centre de la province) sont sous le feu de l’artillerie serbe, qui les bombarde depuis plusieurs jours. La police secrète serbe a arrêté Flora Brovina, président de la Ligue de la femme albanaise au Kosovo. Au Monténégro, la police militaire yougoslave a investi le poste frontière de Debeli Brijeg, seul point de passage entre le Monténégro et la Yougoslavie. Des pourparlers se sont engagés dans la soirée entre le président Djukanovic et le commandement de la 2e armée yougoslave. Par ailleurs, le patriarche russe, Alexis II, est arrivé à Belgrade, où il a rencontré Milosevic et apporté le soutien des Eglises orthodoxes aux Serbes Dans un discours devant plus de 10 000 fidèles, il a dénoncé « le diktat de la force brutale ».
mercredi 21 avril
L’OTAN a attaqué une cible politique symbole du régime de Milosevic en tirant des missiles contre le siège du Parti socialiste serbe (SPS) au pouvoir, Un immeuble de 23 étages qui abritait aussi, en plein Belgrade, plusieurs chaînes de radios très populaires, dont la radiotélévision Kosava, appartenant à la fille du président, Marija. L’alliance a aussi concentré ses bombardements sur le chef-lieu de la Voïvodine, Novi Sad, où le dernier pont reliant la rive droite du Danube a été détruit. La raffinerie de la ville est en feu. Belgrade accuse l’OTAN d’avoir fait de nouvelles victimes civiles. Par ailleurs, les premiers hélicoptères de combat américains « Apache » sont arrivés en Albanie. La crise se poursuit au Monténégro, où des forces yougoslaves ont même pénétré dans la péninsule de Plevlaka, zone théoriquement démilitarisée et contestée entre la Croatie et le Monténégro, une incursion énergiquement dénoncée par le gouvernement croate. La panique commence à gagner la population monténégrine qui fait massivement des réserves d’essence et de nourriture.
nuit du mercredi 21 au jeudi 22 avril
L’OTAN a touché et détruit la résidence belgradoise de Milosevic, qui aurait disposé de « capacités de commandement et de contrôle ». Ni lui ni sa famille n’étaient là. D’autres frappes aériennes ont également touché des cibles à Belgrade, à Valjvevo et à Pristina.
jeudi 22 avril
Le secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana, a autorisé le commandement militaire « à mettre à jour » ses plans pour y inclure une possible intervention terrestre, reconnaissant implicitement que les frappes aériennes ne sont pas suffisantes. L’aviation de l’OTAN est pourtant intervenue à Novi Sad (un pont sur le Danube), Kraljevo, Kursumlija et, surtout, la région de Pristina, visant notamment l’aéroport et la mine de charbon de Belacevac. 2 000 réfugiés sont encore arrivés en Macédoine ; de plus, la minorité albanaise du Monténégro a commencé, à son tour, à s’exiler vers l’Albanie, dans la crainte de possibles opérations d’élimination ethnique. Les Etats-Unis ont indiqué que 150 000 à 200 000 réfugiés devraient fuir le Kosovo « dans les prochaines semaines ». Les Parlements roumain et tchèque ont décidé de mettre l’espace aérien du pays à la disposition de l’OTAN. A Belgrade, Milosevic a reçu le représentant spécial russe, Viktor Tchernomyrdine. Le porte-parole du président yougoslave a fait savoir que la Serbie acceptait l’idée de « représentants civils de la communauté internationale », au Kosovo sous l’égide de l’ONU. Mais pas de militaires. Dans la capitale du Monténégro, Podgorica, 7 000 partisans de Milosevic ont manifesté contre l’OTAN et contre le président Djukanovic.
nuit du jeudi 22 au vendredi 23 avril
A Belgrade, l’immeuble principal de la télévision serbe RTS a été la cible des frappes aériennes de l’OTAN. Le bilan provisoire est d’au moins 15 morts, 18 blessés et une vingtaine de disparus. Dans la soirée qui avait précédé, l’OTAN avait aussi frappé trois émetteurs de la RTS sur les monts Kopaonik, Ovcar et Crni. L’aviation occidentale a aussi « entièrement détruit » le pont qui, enjambant la rivière Rasina, reliait Krusevac à l’autoroute Belgrade-Niš. Des transformateurs électriques à Belgrade ont aussi été touchés.
vendredi 23 avril
Prévu à l’origine pour fêter les 50 ans de l’organisation, le sommet de l’OTAN s’est ouvert à Washington en se focalisant sur la guerre au Kosovo. Les alliés occidentaux ont annoncé la poursuite de la campagne aérienne « aussi longtemps qu’il faudra ». Les Dix-Neuf ont décidé, par ailleurs, d’imposer un embargo pétrolier à la Yougoslavie et d’étudier la possibilité d’un blocus maritime. L’information la plus curieuse de la journée est venue de Viktor Tchernomyrdine, l’envoyé spécial russe, qui, en annonçant un assouplissement de Milosevic (acceptation d’une force d’interposition étrangère), a semé la plus grande confusion, avec force de démentis venant à la fois de Moscou et de Belgrade. Par ailleurs, l’armée serbe vient d’être accusée de crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Kosovo par la Commission des droits de l’homme de l’ONU. L’OSCE parle d’atrocités d’une ampleur inimaginable. A Skopje, capitale de la Macédoine, 3 500 Macédoniens d’origine serbe ont manifesté contre l’OTAN.
nuit du vendredi 23 au samedi 24 avril
L’OTAN a poursuivi ses frappes, avec une violente attaque contre Niš, siège de l’état-major des forces armées yougoslaves couvrant le Kosovo. L’aviation de l’OTAN a largué une vingtaine de projectiles dans le nord-ouest de la ville sur plusieurs bâtiments civils, a affirmé l’agence officielle Tanjug. Novi sad et Pristina ont également été bombardées.
samedi 24 avril
L’OTAN a frappé trois aéroports, dont celui de Niš, ainsi qu’une raffinerie à Novi Sad et des relais radio. Selon l’agence yougoslave Tanjug, un avion de l’OTAN a été abattu par la DCA serbe au nord-ouest de Pristina. Le Pentagone américain a annoncé un déploiement de chars, de véhicules blindés et de nouvelles pièces d’artillerie en Albanie. Plus de 5 000 personnes, parmi lesquels des pacifistes allemands et grecs, ont manifesté à Belgrade autour du bâtiment de la télévision serbe RTS.
dimanche 25 avril
Le sommet du cinquantenaire de l’OTAN s’est terminé dans la soirée par une démonstration d’unité des alliées dans la guerre pour le respect des droits de l’homme au Kosovo. Les bombardiers de l’Alliance atlantique ont visé une compagnie d’électricité alimentant le principal émetteur de la radiotélévision serbe, à 15 kilomètres de Belgrade. L’usine chimique de Lucani et la zone industrielle de Niš auraient subi d’importants dégâts. Mais le vent tourne-t-il à Belgrade : le vice-Premier ministre yougoslave chargé des relations internationales, Vuk Draskovic, affirmant parler « au nom du gouvernement », a appelé Milosevic à faire cesser les bombardements de l’OTAN en acceptant de coopérer avec la Communauté internationale. Par ailleurs, l’armée yougoslave a engagé une offensive contre la presse monténégrine, dont certains titres, comme le Monitor, ont dénoncé les exactions de l’armée au Kosovo. Le secrétaire à l’Information de la République, Bozidar Jaredic, a exprimé son soutien au titre menacé.
lundi 26 avril
Vuk Draskovic a repris ses déclarations de la veille, estimant que Belgrade doit faire preuve de courage et « aller vers un compromis ; nous ne pouvons défaire l’OTAN… ». Il a aussi accusé la télévision serbe de « cacher la vérité » et insisté sur la nécessité d’enquêter, dès la fin de la guerre, sur les crimes qui ont pu être commis au Kosovo… autant de propos en décalage avec l’attitude et le discours officiels. Pourtant, à la veille de sa fête nationale, l’armée yougoslave a transmis un message à Milosevic, l’assurant de sa détermination à poursuivre la guerre contre l’OTAN « jusqu’à la victoire finale ». L’armée yougoslave a envoyé, sans y être invitée, le « secours » de la Serbie au Monténégro. Le HCR affirme que des femmes et des enfants sont retenus sur un site stratégique à Prizren afin de dissuader l’OTAN d’attaquer cette cible. Réunis à Luxembourg, les ministres Affaires étrangères de l’Union européenne ont renforcé une série de sanctions prises contre Belgrade l’an passé : interdiction de visas pour tous les membres du gouvernement serbe et leur famille, ainsi que pour les hommes d’affaires yougoslaves. La Russie a fait savoir qu’elle refuserait d’appliquer l’embargo sur le pétrole à destination de la Yougoslavie. D’autre part, la Macédoine a accueilli son plus important flot de réfugiés depuis une semaine (3 500) ; selon le HCR, les camps actuels sont bondés. Un incident s’est produit dans la soirée en Macédoine : deux grenades ont été lancées contre un poste militaire français. Par ailleurs, le grand quotidien des Albanais du Kosovo, Koha Ditore, est reparu en Macédoine ; il restera gratuit pendant deux mois et sera financé par la France à 60 %.
nuit du lundi 26 au mardi 27 avril
Poursuite des frappes aériennes de l’OTAN.
mardi 27 avril
A l’occasion de la fête nationale yougoslave, Boris Eltsine a adressé un télégramme de soutien à Slobodan Milosevic. Dans la soirée, lors du bombardement d’une caserne à Surdulica, un missile de l’OTAN a raté sa cible et touché une zone résidentielle, faisant 20 morts selon la télévision serbe.
nuit du mardi 27 au mercredi 28 avril
L’OTAN a poursuivi ses frappes : Belgrade a été touchée.
mercredi 28 avril
Le président du gouvernement fédéral, Momir Bulatovic, a démis Vuk Draskovic de ses fonctions, « en raison de ses interventions publiques contraires aux positions du gouvernement et pour atteinte au prestige du gouvernement ». Les trois ministres du cabinet Bulatovic appartenant au parti de Draskovic, le SPO, ont aussitôt remis leur démission. Draskovic, qui contrôle la chaîne de télévision Studio B, craint que Milosevic cherche à museler celle-ci. Dans cette éventualité, il a déjà prévenu qu’il appellera les siens à manifester contre le président yougoslave qui « ment au peuple ». Au sud de Belgrade, la tour de télévision du mont Avala a été détruite par un bombardement. Pour la cinquième fois depuis le début des opérations aériennes, l’OTAN a admis avoir tué des civils par erreur la veille. Par ailleurs, un missile de l’OTAN a raté sa cible en Serbie et est tombé sur une maison de Sofia, en Bulgarie, sans faire de victime.
jeudi 29 avril
Le chef d’état-major des armées françaises, le général Kelche, a annoncé que l’OTAN allait « mettre le couvercle » sur la Yougoslavie afin que les forces serbes « ne puissent plus bouger ». C’est-à-dire que la nouvelle méthode de l’alliance va se traduire par une permanence de ses appareils, 24 heures sur 24, au-dessus de la Yougoslavie, empêchant ainsi les avions et les hélicoptères serbes de décoller, même pour des « sauts de puce » comme c’est encore le cas. Washington a aussi annoncé peu après l’envoi de dix « Stratofortress » supplémentaires en Europe pour intensifier les bombardements. Par ailleurs, le volet diplomatique russe de Tchernomyrdine a repris sur de nouvelles bases. De son côté Kofi Annan s’est rendu à Moscou, prouvant ainsi que la diplomatie redouble d’intensité.
vendredi 30 avril
Le Pentagone a indiqué que pour la première fois depuis le début de la campagne une bombe de 2 500 kilos a été larguée lors d’un raid sur l’aéroport de Slatina, près de Pristina. Cette bombe a permis de détruire ce qui restait d’avions ou de munitions à l’intérieur. En fin d’après-midi, le village monténégrin de Murino a été touché par des bombes : quatre civils ont été tués. A Belgrade, les raids de l’OTAN ont frappé l’état-major de l’armée yougoslave et le ministère fédéral de l’Intérieur.
nuit du vendredi 30 avril au samedi 1er mai
L’OTAN a mené des frappes dans les environs de Belgrade ainsi que sur cinq autres villes de Serbie, sans faire de blessé selon les agences yougoslaves.
samedi 1er mai
Plus de 40 personnes auraient trouvé la mort dans le bombardement qui a touché un bus traversant un pont à Luzane, au nord de Pristina. 5 civils ont également été tués et 23 autres blessés par l’explosion de quatre missiles de l’OTAN sur la banlieue de Prizren, selon une source de la police serbe. Par ailleurs, en milieu de journée, l’aviation de l’OTAN avait mené un nouveau raid sur l’aéroport de Slatina, près de Pristina. Dans la soirée, le président Milosevic a promis au révérend américain Jesse Jackson de libérer les trois soldats américains capturés par les Serbes le 31 mars. A Washington, le président Clinton a décrété l’embargo commercial contre la Serbie.
dimanche 2 mai
Les trois soldats américains ont été libérés par les Serbes. Ils ont quitté Belgrade pour la Croatie, puis l’Allemagne. Le pasteur Jesse Jackson a quitté la Yougoslavie avec, en poche, une lettre de Milosevic destinée à Bill Clinton. Le président yougoslave y formule quatre propositions. Pour l’OTAN, cette libération ne change pas la détermination des Occidentaux de poursuivre l’opération. Quatre ou cinq projectiles de l’OTAN se sont abattus à l’aube sur le siège de la police serbe à Kosovska Mitrovica, au Kosovo. Par ailleurs, l’Alliance a perdu un nouvel appareil, un F-16, victime d’une panne selon l’OTAN, qui s’est écrasé dans l’ouest de la Serbie. Le pilote a pu être récupéré.
nuit du dimanche 2 au lundi 3 mai
L’OTAN a intensifié la guerre « psychologique » contre la population yougoslave en larguant, pour la première fois, des projectiles d’un genre particulier. Des bombes au graphite qui provoquent des courts-circuits généralisés, sans détruire les installations. Toute la Serbie a été privée de courant dès 21 h 45.
lundi 3 mai
Une nouvelle fois, les Serbes ont accusé les bombardements de l’OTAN d’avoir fait des victimes civiles : il y aurait eu au moins 17 morts et une vingtaine de blessés dans la destruction d’un autobus et de deux voitures aux environs de Pec, au Kosovo. L’émissaire russe, Victor Tchernomyrdine, est arrivé dans la soirée à Washington pour présenter des « propositions concrètes » du Kremlin pour un règlement de la crise yougoslave.
mardi 4 mai
Le gouvernement croate a refusé de répondre à une « demande urgente d’approvisionnement électrique » qui lui était présentée par le gouvernement yougoslave. Par ailleurs, la Bulgarie est le dernier pays voisin de la Yougoslavie à ouvrir son espace aérien à l’OTAN. Mais, pour la première fois, le président américain Clinton a admis le principe d’une pause dans les bombardements.
nuit du mardi 4 au mercredi 5 mai
Les frappes de l’OTAN ont touché le centre de la Serbie.
mercredi 5 mai
En visite aux soldats américains, en Allemagne, le président Bill Clinton a redit la détermination de Washington à aller jusqu’au bout pour faire céder Milosevic : « pas de quartier ». L’OTAN a singulièrement intensifié sa présence autour de la Yougoslavie ces jours-ci. Du point de vue humanitaire, la Macédoine a décidé de fermer ses frontières avec le Kosovo. Les Alliés ont perdu leurs premiers hommes : deux pilotes américains d’un hélicoptère Apache, qui s’est écrasé accidentellement en Albanie.
jeudi 6 mai
Réunis à Bonn, les ministres des Affaires étrangères du G8 (dont la Russie) ont trouvé un langage commun et décidé de préparer une résolution concernant la guerre au Kosovo, qui sera soumise au Conseil de sécurité de l’ONU. L’accord prévoit notamment l’arrêt « immédiat et vérifiable » des violences au Kosovo, le retrait des forces serbes, la mise en place d’une administration provisoire « décidée » par l’ONU, le retour des réfugiés et l’accès des humanitaires ainsi que le lancement d’un « processus politique » basé sur les accords de Rambouillet. Au même moment, Milosevic se prononçait lui aussi pour la relance d’un « processus politique » permettant de déboucher sur un « accord équitable » pour le Kosovo De son côté, Ibrahim Rugova, présent à Rome depuis la veille, a expliqué qu’il venait rencontrer ses collaborateurs pour reconstruire l’avenir du Kosovo ; il a également été reçu par plusieurs personnalités politiques italiennes. Fehmi Agani, proche conseiller de Rugova, est mort alors qu’il se trouvait en garde-à-vue dans un poste de police serbe. Dans la soirée, la destruction d’un pont près de la frontière roumaine a coupé la liaison ferroviaire Belgrade-Bucarest, selon l’agence Tanjung.
vendredi 7 mai
Le représentant yougoslave à l’ONU, Vladislav Jovanovic, a affirmé que son pays était toujours « opposé à toute présence militaire étrangère au Kosovo ». L’OTAN ne relâche pas sa pression militaire. Les avions de l’Alliance ont bombardé en fin de matinée le centre de Niš (15 morts et 70 blessés). Par ailleurs, l’ancien Premier ministre suédois Carl Bildt et le ministre slovaque des Affaires étrangères Eduard Kukan ont été nommés émissaires de l’ONU dans les Balkans.
nuit du vendredi 7 au samedi 8 mai
Peu avant minuit, l’ambassade de Chine a été touchée par les bombardements qui ont frappé Belgrade. Trois personnes ont été tuées et une vingtaine blessées. L’hôtel Jugoslavija, tout proche, est également en feu. L’OTAN a aussi frappé une résidence de Milosevic.
samedi 8 mai
Pékin et Moscou ont lancé éclaté leur colère et demandé « l’arrêt immédiat des frappes de l’OTAN ». L’Alliance « poursuivra » néanmoins ses opérations, a assuré le porte-parole de l’OTAN, qui a parlé d’une « très regrettable erreur ». Les bombardements se sont poursuivis, notamment sur Niš, où un immeuble abritant le consulat de Grèce aurait été touché selon l’agence officielle yougoslave. Sur le front humanitaire, plus de 8 000 réfugiés kosovars sont arrivés en Albanie.
dimanche 9 mai
5 000 réfugiés kosovars ont encore afflué dans le nord de l’Albanie. En Macédoine, le flot s’est tari depuis la fermeture de la frontière par les autorités locales. A Belgrade, Serbes et Chinois ont protesté ensemble contre le bombardement de l’ambassade de Chine par l’OTAN.
lundi 10 mai
Le commandement suprême yougoslave a publié un communiqué affirmant qu’ « une partie des unités de l’armée et de la police » ont commencé à quitter le Kosovo » la veille au soir, « étant donné que les opérations contre la prétendue Armée de libération du Kosovo sont terminées ». Washington a déclaré qu’un retrait partiel n’est qu’une « demi-mesure » qui ne satisfait pas aux cinq conditions posées par l’OTAN. A Genève, le HCR a fait une nouvelle fois ses comptes : la moitié de la population albanaise du Kosovo a été contrainte à l’exil. Il y a désormais 900 000 Kosovars réfugiés hors des frontières de la province serbe. Par ailleurs, les premiers transferts de réfugiés de Macédoine (une centaine à peine, faute de volontaires) vers l’Albanie ont eu lieu.
nuit du lundi 10 au mardi 11 mai
Les sorties aériennes de l’OTAN ont doublé par rapport à la veille (623 contre un peu plus de 300). Les avions ont frappé des aéroports à Sjenica et à Ponikve, des casernes à Pancevo et près de Belgrade, le siège de la police spéciale à Valjevo, des relais de radio et de télévision à Sabac, Sjenica, Ivanjicka, Urosevac, Subotica, des ponts autoroutiers et de chemin de fer, des dépôts de munitions et de carburant… Des raids ont également été menés contre des troupes au sol au Kosovo.
mardi 11 mai
Le retrait de quelques chars n’a pas assez convaincu l’OTAN de la réalité de la manœuvre pour mettre un terme aux frappes aériennes. L’OSCE témoigne, au contraire, de la poursuite du « nettoyage ethnique » dans la région de Pec et affirme que les forces spéciales de l’armée yougoslave mènent toujours des « opérations très intenses » à la frontière albanaise. Sur le front diplomatique, la Russie a échoué dans ses efforts pour apaiser la colère de Pékin, qui ne veut pas admettre que son ambassade n’ait été qu’une cible accidentelle. Par ailleurs, le président monténégrin, Milo Djukanovic, a été reçu à Bonn par le chancelier allemand Schröder. Il s’est également entretenu avec l’opposant serbe Zoran Djindjic. Le pape Jean-Paul II a reçu Ibrahim Rugova. De son côté, la Hongrie a décidé d’appliquer les sanctions économiques et politiques adoptées par l’Union européenne. Budapest souhaite aussi l’autonomie de la Voïvodine.
mercredi 12 mai
L’horizon diplomatique s’est un peu plus obscurci dans la matinée avec un accès de colère de Boris Eltsine. La Russie menace de se retirer du processus de négociations sur le Kosovo, si ses efforts ne sont pas pris en considération. Le HCR vient d’arrêter le chiffre de 905 000 réfugiés kosovars, soit un habitant sur deux. De son côté, la Serbie affirme avoir recueilli 60 000 réfugiés serbes fuyant les bombardements. Le général allemand Jertz, porte-parole militaire de l’OTAN, a déclaré que les raids des dernières 24 heures ont été « les plus efficaces » depuis le début de la campagne (20 000 sorties aériennes depuis le 24 mars). Ce jour, cinq MiG-21 serbes ont été abattus. L’un venait de blesser une trentaine de combattants de l’UCK. Plusieurs accrochages ont été signalés à la frontière avec l’Albanie. La Turquie a annoncé qu’elle met une base aérienne à disposition des avions de l’OTAN.
jeudi 13 mai
L’émissaire russe pour le Kosovo, Victor Tchernomyrdine, est arrivé en Finlande, pays qui serait prêt pour une médiation. Sur le terrain, l’OTAN poursuit ses frappes, touchant notamment le siège de la télévision serbe à Novi Sad. Au Monténégro, les adversaires du président monténégrin, ont engagé une procédure de destitution contre le chef de l’Etat.
nuit du jeudi 13 au vendredi 14 mai
Les bombardements de l’OTAN ont de nouveau fait des dizaines de victimes civiles. Au moins 87 Kosovars ont été tués et 78 autres blessés à Korisa, un village du sud de la province situé à 5 kilomètres au nord de Pritzren. Près de 60 % des tués seraient des enfants. L’OTAN accuse les Serbes d’avoir utilisé des boucliers humains pour protéger un « site militaire légitime ». Une information démentie par les Serbes.
vendredi 14 mai
Belgrade desserre l’étau imposé au Kosovo : Milosevic a accordé des sauf-conduits à une première équipe du CICR (Croix-Rouge). A Paris, le président monténégrin a été reçu par son homologue français Jacques Chirac. Après cinq missiles de l’OTAN, c’est au tour d’un missile serbe de s’abattre en territoire bulgare.
samedi 15 mai
Neuf pays d’Europe centrale et oriental (dont la Slovénie), réunis en sommet en Ukraine, ont appelé Belgrade à plier devant l’Alliance atlantique. De son côté, l’OTAN a indiqué avoir mené 300 bombardements sur la Yougoslavie au cours des dernières 24 heures. Un nuage noir se déplace de la Bulgarie vers la Roumanie à la suite des frappes effectuées par l’OTAN sur le port de Prachovo et la mine Bor en Yougoslavie.
dimanche 16 mai
Le commandement de la 2e armée yougoslave, basée au Monténégro, a déclaré qu’il ne laissera plus aucun homme âgé de 16 à 60 ans quitter le Monténégro pour l’Albanie. Ceux qui tentent de le faire sont emmenés au secret. Avec des barrages placés sur la frontière avec la Bosnie, l’armée yougoslave bloque à nouveau, totalement, le Monténégro. De son côté, le président albanais a affirmé que son armée ripostera désormais aux agressions serbes.
lundi 17 mai
Le Royaume-Uni a pris la tête de ceux qui pressent l’OTAN de lancer une offensive terrestre au Kosovo, afin de « tirer profit » de l’impact de sa campagne aérienne sur les troupes yougoslaves. Mais la réticence demeure à Washington, malgré des voix discordantes. Rugova, qui vient de s’installer en Allemagne, affirme qu’il était traité en prisonnier à Belgrade et que ce qu’il a signé là-bas n’a « aucune valeur ». A Belgrade, le ministre de la Santé, Leposava Milicevic, affirme qu’un « compromis » est possible, à condition que l’OTAN « change certaines de ses positions ». Selon le Pentagone, deux chasseurs yougoslaves (un MiG-21 et un MiG-29) ont été abattus par la chasse de l’OTAN. L’armée de l’air yougoslave aurait perdu douze MiG-29 depuis le début des frappes et il ne lui resterait plus que deux ou trois appareils.
mardi 18 mai
Le pouvoir à Belgrade ouvre-t-il une porte de sortie. Le porte-parole du ministère yougoslave des Affaires étrangères a déclaré que « la déclaration du G8 constitue un élément du processus de paix et nous y sommets ouverts malgré certaines réserves. Au même moment, le président serbe, Milan Milutinovic, a fait savoir qu’il juge « acceptables » les propositions du G8. Pendant ce temps, l’OTAN poursuit ses frappes. Il faut dire que le régime de Milosevic est confronté, depuis quelques jours, à des manifestations exigeant la fin de la guerre et le retour des soldats, notamment à Krusevac. A Aleksandrovac, le maire socialiste a été violemment pris à partie par un millier de ses concitoyens. Les médias font le silence sur ces évènements. Selon l’ambassadeur américain David Scheffer, 225 000 hommes ont disparu au Kosovo (« des exécutions collectives ont été observées dans 75 villes et villages du Kosovo »). Par ailleurs, les deux soldats serbes que l’UCK avait remis aux Américains ont été libérés et ont pu regagner Belgrade.
mercredi 19 mai
L’émissaire russe Victor Tchernomyrdine est arrivé à Belgrade pour négocier avec Milosevic. Une manifestation a eu lieu à Belgrade contre le siège du Parti démocratique de Serbie. Outre la contestation populaire qui enfle à Serbie, les cas de désertion dans l’armée yougoslave se font de plus en plus nombreux. Par ailleurs, le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a fait sa première visite dans les camps de réfugiés en Macédoine. A Rome, le Parlement italien a voté pour la suspension des attaques de l’OTAN contre les Serbes.
nuit du mercredi 19 au jeudi 20 mai
Nouvelle bavure de l’OTAN, la neuvième : son aviation, bombardant une nouvelle fois Belgrade, a provoqué la mort de quatre patients à l’hôpital Dragisa Misovic. Trois résidences diplomatiques ont été également touchées par les bombardements sur la capitale yougoslave : l’ambassade de Suède, l’ambassade de Norvège et la résidence de l’ambassadeur d’Espagne.
jeudi 20 mai
La visite à Belgrade de l’émissaire russe Tchernomyrdine a débouché sur des « progrès », estiment les Occidentaux. A l’issue de sept heures de négociations, le médiateur russe aurait obtenu confirmation que Belgrade accepterait bien les principes définis par le G8 et l’autorité de l’ONU. Mais la rencontre n’aurait permis aucune « percée » significative sur des « questions clés » - commandement et composition de la force internationale -.
vendredi 21 mai
La diplomatie piétine et les hésitations qui se font jour chez certains membres de l’OTAN (l’Italie, la Grèce et, depuis peu, les Pays-Bas) servent les intérêts de Belgrade, qui durcit sa position : « la condition préalable à un accord politique est l’arrêt immédiat de la campagne de bombardements et des crimes contre l’humanité et contre des civils ». Ce que refusent Washington, Londres et Paris, malgré les pressions de Moscou et de Pékin. Sur le plan militaire, deux ponts situés au sud de Belgrade ont été touchés par des missiles de l’OTAN. Un dépôt de carburant a également été atteint. Par ailleurs, plusieurs dizaines de détenus et un administrateur ont été tués dans le bombardement d’une prison à Istok, au Kosovo. L’exode des Albanais kosovars se poursuit avec l’arrivée de plus de 2 500 personnes en Albanie et de 600 en Macédoine. Dans la matinée, des milliers de citoyens de Cetinje se sont retrouvés devant la mairie de la capitale historique du Monténégro pour protester contre la présence de l’armée yougoslave (les soldats ont investi la ville depuis cinq jours). Bastion indépendantiste, Cetinje a vu naître l’Armée de libération du Monténégro (3 000 à 4 000 combattants potentiels), dont plusieurs centaines d’hommes sont en position dans la montagne Lovcen. Cetinje est aussi un refuge de réfractaires et déserteurs yougoslaves.
nuit du vendredi 21 au samedi 22 mai
Raids aériens contre les centrales thermiques serbes. Belgrade et la plupart des grandes villes du pays ont été privés d’électricité.
samedi 22 mai
L’amélioration des conditions météorologiques a permis à l’OTAN d’intensifier ses raids et de comptabiliser 684 sorties en 24 heures, un nombre jamais atteint depuis le début des hostilités. L’OTAN a reconnu avoir bombardé par erreur une position de l’UCK au sud-ouest du Kosovo. Les alliés pensaient que cet objectif était toujours aux mains de l’armée yougoslave. Ce bombardement aurait fait sept morts. Par ailleurs, plusieurs centaines d’Albanais qui étaient retenus par les forces serbes dans la prison de Mitrovica ont commencé à affluer au poste frontière de Morina. D’autres suivront dans les jours suivant. Ils ont confirmé les humiliations et les brimades subies.
dimanche 23 mai
Une fois de plus l’option terrestre est revenue sur le devant de la scène. Selon le Sunday Times, 18 000 soldats supplémentaires devraient être envoyés dans la région. Les Britanniques sont les plus intransigeants et poussent à cette intervention au sol. Autre indice de la nouvelle volonté de l’OTAN : l’évacuation des réfugiés albanais du nord de l’Albanie vers le sud. D’autre part, le président américain a donné son accord à un plan autorisant la CIA à former des rebelles kosovars au sabotage et au piratage des comptes bancaires de Milosevic à l’étranger, selon Newsweek. Par ailleurs, le président monténégrin a franchi un nouveau pas dans la contestation en revendiquant une plus grande autonomie. En deux jours, 15 000 réfugiés kosovars sont arrivés en Macédoine.
lundi 24 mai
Avec la poursuite des frappes, les Serbes sont de plus en plus privés d’eau et d’électricité. Par ailleurs, les manifestations sont toujours quotidiennes dans les villes serbes de Krusevac et d’Aleksandrovac, où les mères des soldats réclament le retour de leurs fils. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblés pour la première fois à Raska, dans la région du Sandjak. Bill Clinton aurait donné son accord à un plan ultrasecret visant à déstabiliser Milosevic, a révélé Newsweek. Par ailleurs, le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie de La Haye a inculpé Milosevic et quatre autres personnes pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis au Kosovo.
mardi 25 mai
L’OTAN a décidé de réviser à la hausse l’effectif de la future force de paix (Kfor) qui veillera au retour des réfugiés au Kosovo après la signature d’un accord avec Belgrade. Cette force passe de 28 000 à 45 000 hommes.
21 corps ont été exhumés de deux charniers dans la banlieue serbe de Sarajevo, a révélé le chef de la commission gouvernementale bosniaque pour les personnes disparues, Amor Masovic. Il s’agirait de Croates et de musulmans qui vivaient à Grbavica, un quartier de Sarajevo, dont les Serbes de Bosnie avaient pris le contrôle au début de la guerre en Bosnie. Après la signature de l’accord de paix de Dayton, Grbavica a été réintégrée dans la Fédération croato-musulmane en mars 1996.
mercredi 26 mai
Record pour l’OTAN : 650 sorties aériennes en 24 heures contre la Yougoslavie. Avec pour cibles, notamment, des positions de défense antiaérienne, des relais et des émetteurs télé et radio, des casernes, des sites de stockage de munitions, des dépôts de carburant, des postes de commande, un tunnel ferroviaire et la villa présidentielle de Dobanovci. Par ailleurs, les rebelles kosovars ont lancé une grande offensive, avec le soutien de l’artillerie de l’armée albanaise, pour ouvrir une voie de ravitaillement dans la province. Des combats au sol se sont déroulés, dans la matinée, de l’autre côté du poste frontière albanais de Morina. Par ailleurs, l’Alliance a choisi d’organiser, sans doute la semaine prochaine, un contrôle naval pour empêcher l’approvisionnement de la Yougoslavie en armes et en pétrole. Dans la soirée, un mandat d’arrêt international a été délivré à l’encontre du plus haut responsable yougoslave désormais inculpé par le TPI pour l’ex-Yougoslavie. Ibrahim Rugova s’est rendu, pour la première fois, dans deux camps de réfugiés en Macédoine.
Six soldats d’une patrouille de reconnaissance de la Sfor ont été capturés à Rudo par des soldats yougoslaves entrés illégalement sur le territoire bosniaque. Ils ont été libérés après six heures de détention en Yougoslavie.
jeudi 27 mai
L’inculpation du président Milosevic pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Kosovo est officiellement tombée. Le TPI a également lancé un mandat d’arrêt contre le président serbe Milutinovic, le vice-Premier ministre yougoslave Sainovic, le chef d’état-major général de l’armée yougoslave Ojdanic et le ministre serbe de l’Intérieur Stojiljkovic. Les enquêteurs poursuivent leur travail et Milosevic pourrait bien avoir à répondre aussi d’atrocités commises par les Serbes pendant les quatre ans de guerre dans l’ex-Yougoslavie.
vendredi 28 mai
Après avoir accueilli l’émissaire russe Tchernomyrdine, Milosevic a déclaré « accepter les principes généraux du G8 » pour un règlement politique du conflit. Le président yougoslave cherche à « transférer l’ensemble du problème aux Nations unies et au Conseil de sécurité ». L’OTAN, les Etats-Unis et la France ont accueilli cette nouvelle déclaration avec « beaucoup de précaution » et de « prudence ». Le Washington Post a révélé que les pilotes de l’OTAN ont été autorisés à frapper les réseaux civils de télécommunications en Yougoslavie. De son côté, l’UCK souhaite se réconcilier avec Ibrahim Rugova.
samedi 29 mai
L’OTAN a annoncé qu’elle n’a pas l’intention d’arrêter ses bombardements sur la Yougoslavie tant qu’elle n’aura pas « plus de détails » sur l’annonce de Belgrade de la veille. Sur le terrain, les bombardements ont continué sur le même rythme. A Belgrade, le président Milosevic a limogé le chef d’état-major de la marine de guerre yougoslave, un Monténégrin jugé trop coopératif avec les autorités civiles du Monténégro. Il a été remplacé par un officier réputé pour sa fidélité au chef de l’Etat. D’autre part, deux Australiens membres de l’organisation humanitaire CARE ont été condamnés à 12 et 4 ans de prison pour espionnage. Les deux hommes, arrêtés fin mars, comparaissaient devant une Cour militaire yougoslave.
dimanche 30 mai
La destruction par l’OTAN d’un pont à Varvarin (sud de la Serbie) aurait fait 11 morts et 40 blessés dans la matinée.
lundi 31 mai
Les frappes de l’OTAN ont été, en 24 heures, parmi les plus durs et les plus efficaces depuis le début de la guerre au Kosovo : 772 sorties ont visé une installation électrique à Belgrade, des casernes… 12 chars, 7 canons, 2 positions de mortier et 7 véhicules blindés ont été mis hors d’Etat au Kosovo. Un général yougoslave, Ljubisa Velickovic, n°2 de l’aviation et de la DCA, aurait été tué dans un bombardement dans la soirée lors d’une tournée d’inspection. 20 personnes, selon Belgrade, auraient été tuées dans un sanatorium à Surdulica. L’OTAN a aussi bombardé la frontière albanaise où de violents tirs d’artillerie serbes sont dirigés contre les membres de l’UCK. La direction yougoslave, autour de Milosevic a confirmé que Belgrade est prêt à se soumettre aux conditions des pays occidentaux, de la Russie et du Japon pour faire cesser les frappes de l’OTAN. Ce regain d’optimisme intervient alors que le HCR chiffre à 976 000 le nombre de réfugiés kosovars. Toutefois, les organisations humanitaires continuent de recueillir des témoignages sur les violences commises au Kosovo. Amnesty International a fait état de viols collectifs dans la région de Suva Reka, au sud de la province serbe.
mardi 1er juin
L’OTAN a reconnu que l’une des six bombes lancées le midi même sur une caserne et des installations de Novi Pazar avait dévié de sa trajectoire et explosé sur un immeuble à 500 mètres de sa cible. Selon Belgrade, 23 personnes ont été tuées. Une centaine de maisons ont subi des dégâts aux alentours. De leur côté, les diplomates tentent toujours de trouver les conditions acceptables d’un retrait des troupes serbes et d’un arrêt des frappes de l’OTAN.
mercredi 2 juin
Viktor Tchernomyrdine et le président finlandais, Martti Ahtisaari, les émissaires russe et européen, ont présenté à Belgrade une nouvelle approche susceptible de ramener la paix au Kosovo. De son côté, l’OTAN œuvre sans relâche à la mise sur pied de la Kfor, qui pourrait être envoyée très rapidement au Kosovo. L’Alliance a révélé que ses 19 pays membres et 12 de ses partenaires neutres lui avaient proposé au total « 47 868 militaires ».
nuit du mercredi 2 au jeudi 3 juin
Les frappes de l’OTAN ont évité Belgrade, visant surtout des cibles près de la frontière albanaise.
jeudi 3 juin
Belgrade n’a rien signé, mais le président yougoslave et le Parlement serbe (136 pour et 74 contre) ont manifesté leur acceptation du plan de paix pour le Kosovo, préparé à Bonn et présenté par Tchernomyrdine et Ahtisaari. Les ultranationalistes serbes du SRS de Seselj assimilent ce plan à une capitulation et menacent de quitter le gouvernement Ce plan pourrait entrer rapidement en application : Milosevic a sept jours pour évacuer le Kosovo. L’ONU et l’OTAN vont s’y employer. En attendant, les bombardements se poursuivent.
vendredi 4 juin
Avec l’accord de Belgrade, les bombardements de l’OTAN sont désormais limités « à des objectifs strictement militaires ». Outre le retour de la paix au Kosovo, les chefs d’Etat européen souhaitent aussi le départ du pouvoir de Milosevic.
samedi 5 juin
Les discussions préalables au retrait serbe entre les autorités militaires yougoslaves (le ministre adjoint de l’Intérieur de Serbie, le général de police Obrad Stevanovic) et celles de l’OTAN (le général britannique Michael Jackson entouré d’officiers alliés) ont eu lieu dans un restaurant de Blace (Blatsé), une localité macédonienne située près de la frontière avec le Kosovo. Après cinq heures de conversations, les deux parties n’ont toutefois pas conclu d’accord et doivent se revoir le lendemain. Pendant ce temps, l’OTAN poursuit ses bombardements, même s’ils se sont un peu ralentis : 536 sorties en 24 heures, contre 610 la veille. Les objectifs visés se situent pour l’essentiel au Kosovo. Les Serbes ne sont pas en reste. Ils ont tiré des obus sur des villages du nord de l’Albanie, où, dans la matinée, 300 combattants de l’UCK sont montés renforcer la ligne de front.
nuit du samedi 5 au dimanche 6 juin
Une pluie d’obus serbes s’est abattue sur la petite ville albanaise de Kruma et sur ses environs, sanctuaire de l’UCK. Certains experts occidentaux y voient un « baroud d’honneur » d’une partie de l’armée qui n’admet pas la « trahison de Milosevic ».
dimanche 6 juin
Les négociations se sont poursuivies sous une tente gigantesque à Kumanovo, dans le nord de la Macédoine, mais l’accord militaire sur le retrait yougoslave du Kosovo tarde à venir. En fin d’après-midi, un émissaire russe a rejoint les autres négociateurs.
Clôture du championnat d’Europe de basket féminin, organisé par la Pologne : en finale, les Polonaises ont battu les Françaises. La Yougoslavie termine la compétition à la septième place.
nuit du dimanche 6 au lundi 7 juin
Les responsables militaires yougoslaves ont quitté les représentants de l’OTAN sur la base de Kumanovo sans avoir apposé leur signature sur le document qui leur était présenté. Les frappes de l’OTAN ont alors repris de la vigueur.
lundi 7 juin
Dans la soirée, deux bombardiers B-52 se sont rués à la rescousse de 250 soldats de l’UCK, encerclés sur le mont Pastrik par plus de 700 soldats yougoslaves. De leur côté, les diplomates ont repris le dossier du Kosovo, après l’échec des tractations militaires. A Bonn, les ministres des Affaires étrangères du G8 travaillent à une résolution destinée au Conseil de sécurité de l’ONU. Par ailleurs, selon l’hebdomadaire britannique The Observer, les forces serbes ont brûlé de nombreux corps de leurs victimes, pour éliminer les preuves d’atrocité, dans l’éventualité d’une enquête internationale sur les crimes de guerre au Kosovo.
Deux Serbes bosniaques inculpés par le TPI pour l’ex-Yougoslavie ont été interpellés à Prijedor par des membres britanniques de la Sfor. Il s’agirait de Dragan Kulundzija (30 ans), accusé de tortures et traitements inhumains alors qu’il était chef d’équipe au camp de concentration de Keraterm (1992-1995). Le second interpellé serait Mladen Madzar. Ces arrestations porteraient à 31 (sur 66) le nombre d’inculpés du TPI actuellement aux mains de la justice.
nuit du lundi 7 au mardi 8 juin
Les bombardements de l’OTAN ont de nouveau visé Belgrade, après plusieurs jours de calme relatif. La raffinerie a aussi été touchée de nouveau.
mardi 8 juin
A Bonn, les ministres des Affaires étrangères du G8 se sont enfin accordés autour d’un projet de résolution sur le Kosovo, qui doit être soumis, dans la nuit, au Conseil de sécurité des Nations unies. L’OTAN a eu gain de cause face aux exigences russes traduisant les vues de Belgrade : le vote de cette motion et l’arrêt des bombardements n’auront lieu qu’après le début du retrait serbe du Kosovo. La résolution réaffirme l’intégrité territoriale de la Yougoslavie, mais appelle à une « autonomie substantielle » du Kosovo et justifie même le recours à la force, en cas de nécessité, de la part de la « présence internationale de sécurité au Kosovo ». De nouvelles rencontres ont eu lieu, en Macédoine, entre des responsables yougoslaves et des représentants américains et britanniques de l’OTAN.
Qualifications pour l’Euro de football 2000 : au stade du PAOK Thessalonique, en Grèce, la Serbie-Monténégro a battu Malte quatre buts à un.
nuit du mardi 8 au mercredi 9 juin
Seul le sud du Kosovo a été touché par les frappes de l’OTAN.
mercredi 9 juin
Les militaires de Belgrade et de l’OTAN ont travaillé toute la journée à Kumanovo à la mise au point pratique du retrait serbe du Kosovo et de l’entrée de la Kfor dans la province. Pour ne pas laisser le champ libre aux extrémistes kosovars. L’annonce d’un accord technique a été faite à 21 h 40. Les Serbes disposent de 11 jours pour se retirer. De son côté, le Monténégro a proposé à la Kfor d’utiliser le port de Bar pour son déploiement au Kosovo.
nuit du mercredi 9 au jeudi 10 juin
Des tirs serbes contre des éléments de l’UCK et sur deux villages frontaliers du nord de l’Albanie, au pied du mont Pastrik, ont été signalés vers minuit.
jeudi 10 juin
Après 79 jours et nuits de bombardements, l’OTAN a suspendu vers 15 h 20 ses frappes aériennes contre la Yougoslavie. A 12 h 15, une dizaine de véhicules militaires yougoslaves avaient franchi la frontière du Kosovo, à Merdare. Peu après, un autre convoi d’une centaine de véhicules, transportant au moins 2 000 soldats, quittaient la province au même passage. Vers 15 h 40, le président Milosevic est apparu à la télévision serbe pour annoncer la fin de « l’agression de l’OTAN » et la victoire de ce qu’il affirme être sa politique de paix : le Kosovo reste dans la cadre fédéral yougoslave et la seule issue possible, explique-t-il, est désormais « l’autonomie » de la province. Il a fait état de ses pertes militaires : 576 soldats et policiers. Une autre voix s’est fait entendre à Belgrade, celle de l’opposant Vuk Draskovic qui appelle les Serbes à collaborer avec les forces de maintien de la paix pour préparer l’entrer de la Serbie dans l’Europe. A 17 h 30, à New York, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni à huis clos et a voté - par 14 voix et 1 abstention (la Chine) - une résolution en 21 points, dont la permission donnée à la Kfor pour entrer au Kosovo. L’ONU prend désormais en charge l’administration civile de la province serbe. A Cologne, 40 pays - ceux du G8, ceux de l’Union européenne et ceux du sud-est européen - ont signé le Pacte de stabilité pour les Balkans, sorte de plan Marshall pour la reconstruction de toute cette région allant de la Slovénie à la Turquie.
nuit du jeudi 10 au vendredi 11 juin
Des « tirs de nature et d’origine non précisées » dans la zone frontière entre la Macédoine et le Kosovo ont retardé l’entrée des détachements précurseurs britanniques et français dans la province serbe, comme il était initialement prévu.
vendredi 11 juin
A la grande surprise générale, quelques centaines de soldats russes, venant de Bosnie, sont entrés en Yougoslavie dès le début de la matinée, alors que ni l’OTAN ni l’ONU ne leur avaient encore assigné de mission. Le convoi russe est passé par Belgrade sous les applaudissements des habitants, puis s’est engagé sur l’autoroute qui conduit vers le Kosovo, où il n’a cependant pas pénétré. Les responsables de l’OTAN avouent ne plus rien comprendre à la situation… L’Alliance refuse toujours d’attribuer un secteur russe au Kosovo, afin de ne pas ouvrir la voie à une « partition de fait » de la province. Dans la soirée, aucun détachement français ou britannique n’est encore rentré au Kosovo. Dans la matinée, le gouvernement yougoslave avait annoncé la création d’un comité pour la coopération avec la force de paix internationale. Il sera dirigé par Nebojsa Vujovic, le vice-ministre des Affaires étrangères.
nuit du vendredi 11 au samedi 12 juin
Des parachutistes russes sont entrés au Kosovo et ont occupés l’aéroport de Pristina, prévue, à l’origine, comme siège du QG des troupes de l’OTAN. Ni l’OTAN, ni même le ministre russe des Affaires étrangères n’avaient été prévenus de cette intervention. Igor Ivanov a d’ailleurs désavoué cette opération.
samedi 12 juin
Dès l’aube, les soldats de l’OTAN ont pénétré au Kosovo. Britanniques et Français sont entrés en premier, suivis plus tard par les Allemands, les Italiens et les Américains. La progression des forces de l’Alliance est ralentie par les champs de mines. Arrivés sur l’aéroport de Pristina, les soldats britanniques se sont retrouvés face à face avec les Russes et les Serbes. Les Anglais ont du se résoudre à n’occuper que la partie sud de l’aéroport, les Russes campant sur leur position. De leur côté, les Serbes poursuivent leur retrait : 10 000 auraient déjà regagné la Serbie et 11 MiG-21 ont été ramenés de Pristina à Belgrade.
Deux journalistes allemands du magazine Stern ont été tués par des Serbes au Kosovo.
dimanche 13 juin
Les forces de l’OTAN poursuivent leur progression au Kosovo. Dans la soirée, 8 000 à 10 000 soldats de l’OTAN sont déjà rentrés dans la province serbe. Au retrait des militaires serbes s’ajoutent désormais la fuite des civils qui, craignant une réaction de colère des Albanais, rejoignent la Yougoslavie. Un policier yougoslave a été abattu par des parachutistes britanniques sur lesquels il avait tiré. Trois journalistes allemands été tués par des tirs près de Stimlje, dans le sud du Kosovo. A Prizren, dans la soirée, des soldats de l’OTAN ont riposté à des tirs serbes contre la foule. L’un des tireurs a été tué, un autre blessé ainsi qu’un soldat allemand et une femme albanaise. A Pristina, l’armée yougoslave a fait état de la mort d’un policier serbe, d’un civil et de deux membres de l’armée yougoslave, tués par des « terroristes albanais ». Les autorités yougoslaves ont aussi annoncé la mort de trois combattants de l’UCK tués par des hommes de la Kfor.
lundi 14 juin
Alors que les forces de l’OTAN poursuivent leur progression, la tension est de plus en plus perceptible au Kosovo, notamment dans le sud entre Allemands et forces serbes. 300 combattants de l’UCK ont aussi investi plusieurs quartiers de Prizren, que les civils serbes quittent en masse. Près de Prizren toujours, les Britanniques ont découverts quatre charniers.
A Beska, à une cinquantaine de kilomètres de Belgrade, le président Milosevic a fait sa première apparition en public depuis le début de la guerre. Il a promis une reconstruction rapide des quatre ponts détruits sur le Danube.
mardi 15 juin
L’opposant Vuk Draskovic n’est plus le seul à vouloir un changement à la tête de l’Etat yougoslave. Le gouvernement dans son ensemble et le président Milosevic lui-même ont été invités à démissionner par le synode de la très influente Eglise orthodoxe serbe. Le communiqué de l’Eglise réclame « de nouveaux dirigeants acceptables à l’intérieur comme à l’extérieur, qui soient en mesure de prendre en main l’avenir du peuple en tant que gouvernement de salut national ». L’Eglise orthodoxe exhorte aussi les Serbes du Kosovo à ne pas fuir et aux forces de l’OTAN de les protéger. Milosevic, lui, a promu ou décoré, à l’occasion de la journée de l’armée yougoslave, environ 3 000 militaires ou unités pour leurs « exploits héroïques. Au premier rang, le général Dragoljub Ojdanic, chef de l’état-major, qui reçoit sa quatrième étoile, un grade auquel aucun général n’avait encore été promu au sein de la République fédérale de Yougoslavie.
La Kfor poursuit son déploiement au Kosovo, avec notamment l’installation des premiers éléments de l’état-major américain à Gnjilane. Restent deux zones de tension : le sud, avec la présence importante de l’UCK, et l’aéroport de Pristina, toujours tenu par les soldats russes.
Clôture des championnats du monde de handball organisés en Egypte : victoire de la Suède sur la Russie en finale. Dans le match pour la troisième place, la Yougoslavie a battu l’Espagne 27 à 24 au Caire.
mercredi 16 juin
Tout en se déployant au Kosovo, les forces de l’OTAN découvrent de plus en plus de charniers. Des fosses communes ont déjà été trouvées à Pec, Djakovica, Prizren, Kacanik et Gnjilane. Par ailleurs, selon les évaluations du Comité international de la Croix-Rouge, 30 000 Serbes ont déjà quitté le Kosovo en direction de la Serbie et 10 000 au moins sont partis vers le Monténégro. Dans la soirée, Mgr Artemije, l’évêque orthodoxe du Kosovo, a fui Prizren pour Pristina. Il a affirmé que deux monastères médiévaux de la région ont été incendiés par l’UCK.
jeudi 17 juin
Deux longues journées de discussions à Helsinki n’ont toujours pas réglé la question de la place de la Russie dans la force de paix déployée au Kosovo, de sa zone de responsabilité et de sa forme de commandement. A Paris, les présidents américains et français ont refusé toute aide, sauf l’aide humanitaire, à la Yougoslavie tant que Belgrade continuera d’ignorer les règles de la démocratie. Lors du point de presse quotidien du gouvernement britannique, le Foreign Office a déclaré que « quelque 10 000 civils innocents ont été tués au Kosovo lors de plus d’une centaines de massacres ». Par ailleurs, les troupes britanniques ont découvert un centre de torture au quartier général de la police serbe à Pristina, où des experts du TPI ont aussitôt commencé à enquêter. Un convoi de Serbes réfugiés au Monténégro et qui regagnaient le Kosovo a été attaqué par l’UCK. Un adolescent serbe a été tué.
Record de précipitation enregistré dans l’ouest de la Serbie, avec 66,4 mm de pluie tombée en une journée sur Prijepolje.
vendredi 18 juin
A Helsinki, dans la soirée, Américains et Russes sont parvenus à un accord sur la présence des Russes au Kosovo. Tout en maintenant leur présence sur l’aéroport de Pristina, le contingent russe sera réparti dans trois secteurs, l’américain, le français et l’allemand.
samedi 19 juin
Le retrait total des forces serbes du Kosovo semble en bonne voie. Par ailleurs, les dirigeants de l’UCK ont demandé à leurs hommes de ne plus porter d’armes dans les villes du Kosovo. L’UCK a également accepté que ses hommes ne portent pas d’uniforme dans la partie sud du Kosovo, sous contrôle des troupes allemandes de la Kfor. Un nouveau charnier a été découvert dans le village de Velika Krusa, au sud-ouest de la province.
nuit du samedi 19 au dimanche 20 juin
Les derniers convois militaires serbes ont quitté le Kosovo à minuit.
dimanche 20 juin
Suspendues depuis le 10 juin, les frappes de l’OTAN en Yougoslavie ont été officiellement arrêtées, après le constat du retrait total des forces serbes du Kosovo. Ce retrait s’est accompagné de l’accélération du retour des réfugiés kosovars. 100 000 d’entre eux, sur le million déplacé, ont déjà repris le chemin de leur province.
nuit du dimanche 20 au lundi 21 juin
Un quart d’heure après l’échéance accordée à l’armée yougoslave pour quitter le Kosovo, l’UCK s’est engagée à respecter la résolution 1244 de l’ONU et à démilitariser ses 15 000. La scène s’est déroulée sous une petite tente du QG de la Kfor, en périphérie de Pristina. Hashem Thaci, chef politique de l’UCK, a remis au général Jackson un « plan » aussitôt accepté par le commandement de la Kfor.
lundi 21 juin
Les hommes de l’UCK ne portent plus leurs armes dans leur fief sudiste de Malisevo. Mais à Vucitrn, dans le nord-ouest, les maquisards affirment tout ignorer de l’accord de la nuit. Les réfugiés albanais continuent de rentrer au Kosovo, tandis que les Serbes poursuivent leur fuite. Toutefois, 1 200 Serbes du Kosovo, poussés par Belgrade, sont retournés dans la province serbe, tandis que la police serbe empêchait une cinquantaine d’entre eux de manifester à Belgrade.
En visite en Slovénie, le président américain Bill Clinton a appelé les Serbes à « rejeter le pouvoir meurtrier de Milosevic et à suivre la voie tracée par la Slovénie ».
mercredi 23 juin
Le ministre britannique des Affaires étrangères, Robin Cook, s’est rendu au Kosovo sur le site d’un massacre perpétré par les troupes serbes, à Vielika Krusa, près de Prizren. Dix jours après l’entrée de la Kfor au Kosovo, plus d’un cinquième du million de Kosovars exilés sont rentrés dans leur province.
Accédant à une demande d’entraide judiciaire du TPI, l’Office fédéral de la police suisse a ordonné, « à titre provisionnel », le gel des avoirs de Slobodan Milosevic et de quatre autres dirigeants yougoslaves dans les banques du pays.
jeudi 24 juin
La Kfor a beaucoup de mal à s’interposer entre les Albanais du Kosovo et les Serbes qui s’ont rester : dans un village proche de Gnjilane, des marines ont été pris sous le feu de tireurs qu’ils n’ont pu identifier. Ils ont riposté, faisant un mort et deux blessés.
vendredi 25 juin
Plus de 300 000 Albanais sur le million expulsé ou ayant fui le Kosovo sont rentrés dans leur pays en dix jours, tandis que 75 000 Serbes ont, eux, quitté le Kosovo. Au cours de cette seule journée, près de 50 000 réfugiés albanais ont quitté leurs camps ou leurs familles d’accueil en Albanie, en Macédoine et au Monténégro pour regagner leurs villages souvent détruits. La sécurité reste le problème numéro un de la Kfor : à Pristina, 14 civils ont été tués au cours de règlements de comptes ou de tirs de snipers, parmi lesquels trois Serbes. Un soldat italien est mort à Pec.
Les Etats-Unis ont mis à prix (30 millions de francs) la capture de Slobodan Milosevic et des autres personnes inculpées pour crimes de guerre. Premier président de la République fédérale yougoslave, l’écrivain Dobrica Cosic a lancé un appel « à la conscience patriotique pour que Milosevic démissionne et permette d’entamer les changements nécessaires ». Tandis que le Parlement yougoslave levait l’état de guerre, près de 200 réservistes serbes bloquaient la ville de Kraljevo pour réclamer leur solde.
En Bosnie, une centaines de Serbes armés de bâtons ont attaqué un groupe d’une soixantaine de réfugiés musulmans. Les musulmans souhaitaient se réinstaller dans leurs maisons de Tarovici (à 120 kilomètres au nord de Sarajevo), en Republika Srpska, l’entité serbe de la Bosnie.
samedi 26 juin
L’avant garde russe - 18 experts militaires - sont arrivés au Kosovo. Ils sont chargés de préparer l’arrivée des troupes russes dans une province où les incidents violents se multiplient. Ainsi à Kosovska Mitrovica, où se trouvent les soldats français, Serbes et Albanais se font face de plus en plus violemment pour avoir, notamment accès à l’hôpital de la ville interdit aux Albanais. Les soldats français, qui escortaient le chef de l’UCK Hashim Thaci, ont dû s’interposer avec des chars Leclerc, entre manifestants des deux bords. A Pristina, les soldats britanniques et canadiens qui patrouillent pourtant en permanence ont aussi du mal à maintenir l’ordre. Les soldats américains ont raconté, eux, qu’une fusillade généralisée s’était produite à Gnjilane, où un Serbe a été tué par un marine, après que les GI eurent repoussé 200 Albanais qui tentaient de détruire la statue du roi Knez Lazar, un héros serbe des guerres contre les Turcs.
dimanche 27 juin
Devant la multiplication des incidents, l’OTAN appelle ses partenaires à déployer rapidement au Kosovo la totalité des effectifs qu’ils ont promis, et notamment des effectifs policiers. A Prizren, les débordements sont tels que l’officier allemand commandant ce secteur a décidé d’instaurer un couvre-feu.
lundi 28 juin
En Serbie, 50 intellectuels, qui s’insurgent contre la présentation des événements du Kosovo comme une victoire serbe, demandent la démission de Milosevic et la constitution d’un gouvernement de salut public « qui devra enquêter pour découvrir et punir les vrais coupables et commanditaires » des crimes commis dans la province.
Selon le HCR, presque un Albanais sur deux est rentré au Kosovo. C’est dans la soirée que l’UCK a commencé sa démilitarisation. 3 700 membres de l’armée kosovare de libération (sur près de 8 000) ont commencé à rendre leurs insignes, leurs uniformes et leurs fusils d’assaut dans des points de collecte sous contrôle de la Kfor. Avant le 22 juillet, l’UCK doit déposer au moins 30 % de son arsenal, puis sa totalité, avant deux mois.
mardi 29 juin
En Serbie, pour la première fois depuis la fin de la guerre, 10 000 Serbes ont manifesté, à Cacak, contre Milosevic, à l’appel de six partis d’opposition réunis dans l’Alliance pour des changements. La manifestation avait été interdite. Réfugié au Monténégro, le maire de la ville, Velimir Ilic, un opposant au président yougoslave, avait rejoint ses compatriotes pour cette manifestation. Un message de soutien est venu du Monténégro. La police a bloqué des cars d’autres villes dans lesquels avaient pris place des manifestants. Dans la soirée, Milosevic a promis « des réformes ».
Uniformes et insignes de l’UCK sont devenus interdits dans les villes du Kosovo. Seuls les chefs de l’UCK conservent le droit de disposer d’une arme en agglomération.
mercredi 30 juin
A Belgrade, le Premier ministre yougoslave Momir Bulatovic a invité les chefs des partis parlementaires à des consultations, le 1er juillet, en vue d’un éventuel remaniement ministériel. L’opposition serbe a reçu le double soutien du patriarche orthodoxe Pavle et du prince Alexandre, héritier du trône de Yougoslavie.
L’activité criminelle de bandes de pillards venues d’Albanie s’ajoute aux actions de représailles des Kosovars albanophones contre les Serbes et les Tziganes. A New York, le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a réuni les représentants de 18 pays pour accélérer la mise en place de l’administration civile au Kosovo.
jeudi 1er juillet
Le chef de l’Eglise orthodoxe serbe, le patriarche Pavle, a confié à un journal espagnol qu’il refuse d’appartenir à « une grande Serbie construite sur des crimes ».
nuit du jeudi 1er au vendredi 2 juillet
Officiellement l’armée yougoslave s’est retirée du Kosovo. Pourtant, il semble bien qu’elle mène encore des opérations de diversion dans la province : des soldats allemands ont arrêtés six soldats yougoslaves en civil à Orahovac. A l’aide d’un émetteur de radio, ils diffusaient de fausses informations destinées à semer le trouble dans la population.
vendredi 2 juillet
Le secrétaire d’Etat français à la Santé Bernard Kouchner a été nommé administrateur provisoire de l’ONU pour le Kosovo. Un chef de miliciens serbes a été arrêté à Kosovska Mitrovica. Dans l’est de la province, les Américains de la Kfor ont arrêté des soldats yougoslaves en uniforme et en armes. Dans la soirée, trois soldats britanniques de la Kfor ont ouvert le feu sur une voiture dont les occupants venaient de tirer à l’arme automatique. Bilan : deux morts et deux blessés. Cet incident s’est produit lors d’une manifestation de milliers d’Albanais réclamant l’indépendance de la province. Selon des témoins, les occupants de la voiture n’avaient fait que tirer en l’air. Selon la Kfor, les soldats ont ouvert le feu car ils « craignaient pour leur vie ».
Dans la soirée, plus de 5 000 habitants de la Voïvodine se sont rassemblés dans le centre de Novi Sad, à l’appel de deux partis qui militent pour une plus large autonomie de cette province serbe.
Le général Clark, commandant suprême de l’OTAN, affirme que Milosevic a envoyé des renforts militaires au Monténégro et qu’il y a placé des proches aux postes clés, en vue d’une éventuelle action.
La Croatie a porté plainte contre la Yougoslavie devant la Cour internationale de justice. Zagreb accuse Belgrade d’avoir commis un génocide pendant les conflits qui ont opposé Serbes et Croates entre 1991 et 1995. La Croatie exige également réparation, de la part de Belgrade, pour les dégâts qui ont alors causés en Croatie.
du vendredi 2 au samedi 3 juillet
Plusieurs dizaines de réservistes de l’armée yougoslave ont bloqué la circulation sur les routes du sud de la Serbie, à l’aide de blindés, afin d’obtenir le paiement de leur solde pour leur mobilisation au Kosovo.
samedi 3 juillet
Des tensions ont eut lieu entre Serbes et Albanais dans la zone française de Kosovska Mitrovica, sur le pont principal de la ville, bloqué par un barrage de chars français. Par ailleurs, une organisation allemande de défense des droits de l’homme a publié une liste de 65 charniers localisés au Kosovo.
Clôture du championnat d’Europe de basket masculin, organisé par la France : victoire en finale de l’Italie sur l’Espagne. Dans le match pour la troisième place, la France a été vaincue par la Yougoslavie 74 à 62 au palais omnisports de Paris-Bercy.
dimanche 4 juillet
A la faveur de la reprise de son déploiement au Kosovo, Moscou s’apprêtait une nouvelle fois à mettre l’OTAN devant le fait accompli. Tirant la leçon de ce qui s’était passé à l’aéroport de Pristina, Washington a fait fermer l’espace aérien de plusieurs pays (Hongrie, Bulgarie, Roumanie) et les avions russes n’ont pu décoller. Moscou hurle à la « provocation ». A Prizren, un bon millier de personnes ont fêté le passage des éléments turcs de la Kfor qui doivent se déployer à la pointe de Dragash, dans l’extrême sud-ouest du Kosovo.
A Belgrade, l’opposition démocratique à Milosevic a vu réapparaître l’un de ses leaders : Zoran Djindjic, le président du Parti démocratique (DS) et ancien maire de la capitale serbe, est rentré du Monténégro où il avait trouvé refuge afin d’échapper aux poursuites de la justice militaire yougoslave pour insoumission. Djindjic n’a nullement été inquiété par la police à son arrivée à l’aéroport où l’attendaient plus de 200 militants de son parti. Il a appelé Vuk Draskovic à rejoindre l’Alliance pour les changements.
lundi 5 juillet
Les obstacles au déploiement des Russes au Kosovo semblent avoir été levés à Moscou.
Dans la soirée, en Serbie, plus de 20 000 personnes ont manifesté, pour la première fois, à Leskovac, le fief traditionnel du Parti socialiste (SPS) de Milosevic, pour réclamer la démission du président yougoslave. Des réservistes de l’armée mobilisés au Kosovo s’étaient joints aux manifestants.
Un député de la Republika Srpska a été arrêté à Banja Luka par les soldats de la Sfor. Radoslav Brdjanin figurait sur une liste confidentielle de suspects diffusée par le TPI, qui l’a inculpé pour crimes contre l’humanité. Le TPI lui reproche entre autres d’avoir « conduit des opérations de nettoyage ethnique d’envergure dans les régions de Snaski Most et Prijedor en 1992 ».
mardi 6 juillet
De jour en jour, les forces d’opposition s’affirment en Yougoslavie : dans la soirée, une manifestation d’ampleur a réuni 50 000 personnes, malgré son interdiction officielle, à Uzice, une ville contrôlée par l’opposition depuis 1997. A Belgrade, Vuk Draskovic a réclamé la démission du Premier ministre yougoslave, Momir Bulatovic. Draskovic exige que ce poste soit confié à un membre du parti au pouvoir au Monténégro, un parti hostile à Bulatovic et au président Milosevic. Draskovic exige aussi un nouveau cadre constitutionnel pour la Yougoslavie et des élections « selon les critères de l’OSCE ». Un technicien de la télévision locale de la ville serbe de Leskovac, Ivan Novkovic, qui avait interrompu les émissions pour appeler la population à manifester contre Milosevic, a été arrêté et condamné à 30 jours de prison.
Au Kosovo, les premiers gros porteurs russes sont arrivés à Pristina. Cette journée a également été marquée par l’arrivée du premier avion civil sur l’aéroport depuis que la Kfor en a pris le contrôle.
mercredi 7 juillet
Au Kosovo, des maisons appartenant à des Serbes ont encore été incendiées, à Orahovac et à Prizren. A Orahovac, en outre, 3 000 Albanais environ ont manifesté contre l’arrivée des troupes russes de la Kfor dans leur secteur. A Mitrovica, après plusieurs jours de fermeture, les soldats français ont accepté de rouvrir le pont qui sépare les communautés serbes et albanaises : dans la matinée, sous bonne escorte, 5 000 Albanais sont passés sans incident du côté serbe. Mais, en fin de matinée, des échauffourées se sont produites et le pont a du être refermé.
En Serbie, même si les mouvements d’opposition à Milosevic ne faiblissent pas, la manifestation organisée par Draskovic à Leskovac, fief du président yougoslave, n’a rassemblé que peu de personnes.
jeudi 8 juillet
Pour tenter d’enrayer la montée de la contestation à Milosevic, le parti du président avait d’abord appelé ses sympathisants à manifester au même endroit et à la même heure que l’opposition conduite par Zoran Djindjic, dans la soirée, à Prokuplje, dans le sud de la Serbie. Il y a eu ensuite renoncé, mais des petits groupes de militants sont intervenus contre les opposants et un responsable local du Parti socialiste a même vidé le chargeur de son pistolet du haut d’un balcon. Personne n’a été touché. Dans la rue, il y avait 4 000 manifestants.
Les leaders du rassemblement de l’opposition serbe, l’Alliance pour le changement (SZP), se sont rendus au Kosovo, au monastère de Gracanica, où ils ont rencontré l’évêque Artemije et le leader du Mouvement de résistance serbe, M. Trajkovic. Une cinquantaine de Serbes ont attaqué les leaders de la SZP, les qualifiant de traîtres. A Pristina, ils ont vu l’administrateur provisoire de l’ONU, Sergio Vieira de Melo, et le président de l’OSCE, Knut Vollebaek.
vendredi 9 juillet
L’opposition serbe à Milosevic a pris une forme nouvelle : des motions votées par les assemblées municipales réclament la démission du président yougoslave. Après Novi Sad, dans le nord, et Pirot, dans le sud, c’est la municipalité de Niš qui a demandé à Milosevic de se démettre. Les élus de la troisième ville de Serbie réclament la mise en place d’un gouvernement fédéral de transition démocratique, chargé de préparer des élections générales dans les plus brefs délais. Dragan Tomic, président du Parlement serbe et l’un des principaux alliés de Milosevic, met l’opposition en garde.
La lutte d’influence paraît engagée au Kosovo entre le chef politique de l’UCK, Hashim Thaci, et le « président élu » du Kosovo, Ibrahim Rugova. Rugova vient d’assurer qu’il « rentrerait au pays la semaine prochaine ».
samedi 10 juillet
Le chef de l’Eglise orthodoxe serbe, le patriarche Pavle, estim, dans un entretien au quotidien allemand Die Welt que le président Milosevic devra rendre des comptes pour les massacres commis au Kosovo. Le chef de l’Eglise serbe a également émis l’espoir que les Serbes et les Albanais puissent un jour se réconcilier.
Record de précipitations sur la ville serbe de Kragujevac : 87,6 mm de pluie sont tombées en une seule journée.
dimanche 11 juillet
Zoran Djindjic, le leader de l’opposition démocratique serbe, craint que l’extension des manifestations réclamant la démission de Milosevic ne tourne à la guerre civile. Selon lui, le président yougoslave est assis sur un volcan et « il prendra vraisemblablement le risque d’une guerre civile ». Dans ce cas, l’opposition devra « soutenir la résistance » sans se laisser arrêter par le parti de Milosevic, même s’il marche contre elle « les armes à la main ».
lundi 12 juillet
Dans l’ouest de la Serbie, une manifestation de protestation organisée à Valjevo a tourné en une tentative de prise de la mairie de la ville ; cinq policiers ont été blessés.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a jugé « légitime et raisonnable » la demande d’autonomie de la minorité hongroise de la province serbe de Voïvodine.
mardi 13 juillet
Le Parti démocratique (DS) de Djindjic a demandé à la Cour constitutionnelle yougoslave de « constater que le président Milosevic n’est pas en mesure d’accomplir ses tâches constitutionnelles ». Le DS fait allusion à l’inculpation de Milosevic pour crimes de guerre par le TPI et à la perte d’autorité de la Yougoslavie sur le Kosovo. Zoran Djindjic a également annoncé l’organisation « dans une quinzaine de jours, d’une marche sur Belgrade » pour renverser le régime de Milosevic.
Les corps de 13 enfants et adolescents ont été trouvés par des soldats anglais dans une fosse commune à Celina, dans le sud-ouest du Kosovo. Dans la soirée, quatre Albanais ont été tués par des Serbes à Mucipapa, dans l’est de la province.
mercredi 14 juillet
En huit jours, plus de 200 000 Serbes ont signé une pétition demandant le départ de Milosevic. Ambassadeur à Moscou, le frère du président yougoslave a fait savoir que celui-ci ne cédera pas à la pression de la rue : pour lui, pas de changement en dehors de la légalité.
jeudi 15 juillet
Le Français Bernard Kouchner, administrateur de l’ONU au Kosovo, est arrivé à Pristina. Il a appelé la population à travailler avec lui afin d’instaurer la démocratie dans cette région ravagée par la guerre. Ibrahim Rugova, leader historique des Albanais du Kosovo, l’avait précédé de quelques heures à Pristina, avant de repartir dans la soirée.
Des milliers de manifestants serbes ont réclamé le départ de Milosevic. Ils étaient notamment 10 000 à Kragujevac. Finissant de solder l’état de guerre, le Parlement yougoslave a de nouveau autorisé les rassemblements.
Le TPI pour l’ex-Yougoslavie a rejeté le pourvoi du Serbe de Bosnie Dusan Tadic, dit « Dusko », contre sa condamnation à 20 ans de prison pour - entre autres - le meurtre de deux policiers musulmans bosniaques. C’est la première décision de la chambre d’appel du TPI. La peine de Tadic, incarcéré depuis 1994, sera aggravée à l’issue de la procédure de réexamen des charges.
vendredi 16 juillet
Pour la première fois, les deux camps en conflit au Kosovo se sont réunis autour d’une même table : Bernard Kouchner a réuni le conseil consultatif qui représente les différentes parties kosovares, serbes et albanaises, et qui doit mettre en place les institutions qui mèneront à un gouvernement autonome du Kosovo. Seule la Ligue démocratique d’Ibrahim Rugova manquait à l’appel. La LDK estime trop importante la part accordée à l’UCK.
Dans la soirée, à Kraljevo (centre de la Serbie), plus de 10 000 manifestants ont répondu à l’appel de la coalition d’opposition dominée par Zoran Djindjic.
samedi 17 juillet
En Serbie, plus de 15 000 personnes ont été mobilisées à Kragujevac par Vuk Draskovic. C’est la première fois, depuis le début des manifestations anti-Milosevic, que le leader du SPO tient un meeting. Il a publiquement demandé à son tour la démission du président yougoslave.
dimanche 18 juillet
La ville serbe de Kikinda (50 000 habitants, à 120 kilomètres au nord-est de Belgrade) est la onzième municipalité à réclamer le départ de Milosevic. Les rassemblements populaires se font de plus en plus pressants.
lundi 19 juillet
Zoran Djindjic a été convoqué devant un juge d’instruction militaire, à Belgrade. Le leader de l’opposition serbe, est accusé d’insoumission pendant la campagne aérienne de l’OTAN.
mardi 20 juillet
Le gouvernement yougoslave, qui ne s’en était guère préoccupé auparavant, insiste aujourd’hui auprès de l’ONU pour que soit sauvegardé « le caractère pluriethnique, pluriconfessionnel et pluriculturel » du Kosovo. Belgrade accuse en outre la Minuk, la mission de l’ONU au Kosovo, d’outrepasser son mandat et de porter atteinte à la souveraineté de la Yougoslavie.
mercredi 21 juillet
La première phase de la démilitarisation des indépendantistes albanais du Kosovo s’est achevée avec le stockage de leurs armes lourdes et de leurs munitions, ainsi que 30 % de ses armes de petit calibre, dans une vingtaine de sites de stockage répartis à travers la province.
jeudi 22 juillet
La tragédie qui a frappé les Albanais du Kosovo touche maintenant les albanophones de Serbie. Les premiers témoignages affluent, ils sont la preuve que le « nettoyage ethnique » de l’espace serbe se poursuit. Par ailleurs, le pont de Mitrovica ne sera plus celui de la discorde : Serbes et Albanais ont signé un accord garantissant la libre circulation des personnes et la protection des biens. D’autre part, une réunion des responsables de la Kfor et de ceux de l’UCK qui devait avoir lieu pour faire le point sur la première phase du désarmement des indépendantistes albanais a été reportée au 24 juillet, à la demande de l’UCK. Plusieurs groupes de cette organisation ont été surpris en possession d’armes lourdes… qu’ils auraient déjà rendre la veille.
Un des principaux généraux serbes, Momcilo Perisic, chef d’état-major jusqu’en novembre 1998, s’est dit prêt à se mettre « au service de toutes les forces démocratiques » contre le régime de Belgrade. Vuk Draskovic l’a aussitôt appelé à rejoindre son mouvement.
Bien que l’OTAN considère déjà l’effectif des troupes yougoslaves au Monténégro « quatre fois supérieur à la normale », Belgrade continue d’y transférer des recrues.
vendredi 23 juillet
Le chancelier allemand est le premier chef de gouvernement étranger à se rendre au Kosovo depuis la fin du conflit. Arrivée en fin de matinée à Prizren, il a déjeuné avec les soldats du contingent allemand de la Kfor, avant de s’entretenir avec Bernard Kouchner, puis avec divers représentants des communautés serbe et albanaise. De son côté, l’armée yougoslave a menacé d’envoyer « à tout moment » des troupes au Kosovo, pour « assurer un fonctionnement normal de l’Etat ».
Ouverture à Vienne de la Conférence sur la reconstruction des Balkans, organisée par les sociaux-démocrates européens.
nuit du vendredi 23 au samedi 24 juillet
Dans le village de Gracko (à 20 kilomètres au sud de Pristina), 14 paysans serbes ont été exécutés peu avant l’arrivée de soldats britanniques de la Kfor. Les habitants serbes accusent les Albanais et l’UCK. Cette dernière nie et condamne cet acte. Ce massacre a suscité de nombreuses réactions indignées et relancé les interrogations sur la capacité de la communauté internationale et de la Kfor à protéger les Serbes des représailles albanaises.
samedi 24 juillet
Milosevic a accusé la Kfor et la Minuk de porter « la responsabilité pleine et entière de la tuerie » de la nuit précédente. A Pristina, Nebojsa Vujoviv, le représentant au Kosovo des autorités de Belgrade, a précisé qu’il remettait « en question la coopération de la Yougoslavie avec la Kfor ». Le procureur du TPI pour l’ex-Yougoslavie, Louise Arbour, a annoncé l’ouverture d’une enquête sur le massacre.
dimanche 25 juillet
Slobodan Milosevic a exigé que soit convoqué le Conseil de sécurité de l’ONU pour aborder la question des Serbes du Kosovo, une demande appuyée par le ministre russe des Affaires étrangères. Dans la soirée, une église orthodoxe, qui avait déjà été incendiée, à Grmovo (près d’Urosevac), a été complètement détruite par une explosion. Un Albanais a été arrêté. Toujours dans la soirée, une patrouille italienne a été la cible de tireurs circulant en voiture, à Pec. Ils ont riposté, blessant un de leurs assaillants. Ils ont procédé à trois arrestations. Dans la même région, à Ostok, un autre échange de tir a opposé une patrouille de la Kfor à une dizaine d’hommes armés qui ont pu prendre la fuite.
lundi 26 juillet
Les autopsies des 14 Serbes assassinés à Gracko ont retardé les cérémonies qui devaient avoir lieu ce jour à Pristina, et qui ont été reportées. Depuis cette tuerie, les forces de l’ONU ont renforcé leurs contrôles sur les routes de la province où les incidents semblent s’être multipliés depuis quelques jours. A Pristina, des soldats britanniques ont arrêté huit Albanais ; quatre pour intimidation de familles serbes, quatre pour un comportement du même ordre à l’égard de familles albanaises. En plein centre de Gnjilane, en secteur américain, c’est un attentat audacieux qui a permis la destruction d’une statue du prince, un héros des Serbes. Un Kosovar a été arrêté.
mardi 27 juillet
En visite au Kosovo, le ministre français de la Coopération, Charles Josselin, a été pris à partie à Kosovska Mitrovica, sur le pont qui sépare quartiers albanais et serbes, par une dizaine de Serbes qui lui ont reproché un manque de protection. Le ministre a par ailleurs promis que la France allait mettre 30 millions de francs au Fonds de l’ONU créé pour payer les salaires au Kosovo. D’autre part, des armes lourdes non rendues par l’UCK ont été retrouvées dans une cache en secteur allemand : 2 mitrailleuses lourdes et 500 rangs de munitions, 900 obus de mortier, 150 000 munitions de fusils-mitrailleurs…
mercredi 28 juillet
Des centaines de Serbes ont fait des obsèques dignes aux 14 victimes du massacre du 23 juillet, à Gracko. Les patriarches orthodoxes de Serbie, du Monténégro, de Bosnie-Herzégovine et du Kosovo, ainsi que Bernard Kouchner, assistaient à la cérémonie. Une centaine de soldats de la Kfor avait été déployée. L’administrateur de l’ONU a confirmé l’arrestation de quatre suspects albanais. L’après-midi, il a ouvert Radio Pristina, l’ex-radio d’Etat dont les programmes étaient suspendus depuis un mois. Par ailleurs, une réunion des pays donateurs du Kosovo s’est tenue à Bruxelles.
L’opposant serbe Zoran Djindjic est sorti libre de son audition par le juge d’instruction militaire à Belgrade. Installé au Monténégro pendant les frappes de l’OTAN, Djindjic a expliqué au juge qu’il n’avait pu être informé de son ordre de mobilisation.
vendredi 30 juillet
Le sommet de Sarajevo pour la reconstruction des Balkans a réuni les membres du Pacte de stabilité pour la région. Le président finlandais, Martti Ahtisaari, a ouvert la réunion, en présence de plusieurs chefs d’Etat, dont les présidents français et américain, Jacques Chirac et Bill Clinton, les Premiers ministres britannique et russe, Tony Blair et Sergueï Stepachine, le chancelier allemand, Gerhardt Schröder, et les délégués de tous les pays concernés, à l’exception, forcée, du président de la Yougoslavie, Milosevic. Les débats n’ont duré que deux heures et demie. Les pays occidentaux ont promis d’aider financièrement les pays de la région, sauf la Serbie tant que Milosevic sera en place. Le Monténégro et le Kosovo seront, eux, aidés, ainsi que l’opposition serbe. Les pays de la région ont pris des engagements concernant leur « démocratisation » et la « coopération mutuelle », leurs efforts pour intégrer les « structures euro-atlantiques », le droit au retour des réfugiés et l’ouverture économique.
Les manifestations se sont multipliées en Serbie pour exiger la démission de Milosevic. A Uzice, 2 000 partisans de Djindjic ont exigé « des changements maintenant ou jamais ». Un millier de personnes exigeaient la même chose pour la douzième journée consécutive à Kragujevac, 4 000 à Leskovac pour la 25e journée consécutive.
Le président monténégrin Milo Djukanovic a annoncé qu’il y aurait un référendum sur l’indépendance de sa république si la Serbie n’accepter pas son programme de réforme de la fédération.
Un Parlement national serbe du Kosovo, dont la création a été décidée par Belgrade, a tenu sa session constitutive à Zvecan, près de Kosovska Mitrovica, qui a reçu la visite du ministre français de la Coopération, Charles Josselin. Par ailleurs, Ibrahim Rugova est rentré « pour de bon » au Kosovo.
samedi 31 juillet
La contestation grandit en Serbie à l’égard de Milosevic : les représentants de 24 villes (dont Niš et Novi Sad), et de 8 des 16 municipalités de Belgrade, contrôlées par l’opposition ont adopté, à l’unanimité, une déclaration demandant la démission du président yougoslave, à l’issue d’une réunion de l’Association des villes et municipalités libres (fondée en 1996). Le général Pavkovic, commandant de la troisième armée serbe a déclaré qu’il n’était pas question d’envoyer des chars contre des manifestants qui demanderaient des élections.
Des soldats russes de la Kfor ont brièvement interpellé le chef militaire de l’UCK, Aghim Ceku, sur une route à l’ouest de Pristina. Il a été relâché après des négociations entre le général Jackson et les militaires russes. Par ailleurs, quatre Albanais ont été arrêtés par la Kfor dans le centre du Kosovo, à la suite de violences antiserbes. A Pristina, devant une foule de 4 000 Albanais, le Premier ministre britannique Tony Blair a appelé les habitants du Kosovo à construire une société fondée sur la tolérance et leurs dirigeants politiques à abandonner leurs rivalités pour gouverner ensemble. Enfin, 1 017 tziganes originaires du Kosovo ont été récupérés sur un bateau qui avait été arraisonné dans l’Adriatique au large de l’Italie. Les réfugiés ont été conduits dans un camp de transit sur l’aéroport militaire de Bari, en attendant d’être expulsés.
Dans la soirée, la police serbe a tiré en l’air à Cacak pour séparer des supporters qui s’affrontaient lors d’un match de football opposant l’équipe locale Borac à l’Etoile Rouge de Belgrade. La police a aussi utilisé un canon à eau et des gaz lacrymogènes. Selon la chaîne de télévision privée SOS Kanal, des dizaines de supporters ont été blessés.
dimanche 1er août
Dans la matinée, une violente explosion a endommagé une église orthodoxe serbe en construction dans le centre de Pristina. L’attentat n’a fait aucune victime et les dégâts sont minimes. Après plusieurs semaines d’intimidations et de violences, tous les habitants serbes de la localité de Zitinje (sud-est du Kosovo) ont plié bagage pour rejoindre la Serbie, escortés par des Américains. Il ne reste plus que 30 000 Serbes dans la province, contre 150 000 avant la guerre. Par ailleurs, selon l’église orthodoxe, 200 Serbes ont été tués par vengeance depuis le retrait des forces militaires serbes. Par ailleurs, les forces françaises ont démantelé un émetteur de télévision serbe près de Zubin Potok. L’installation, touchée par les bombes de l’OTAN, était devenue dangereuse.
lundi 2 août
Les Belgradois ont retrouvé leur radio préférée, B-92, unique station indépendante de la capitale qui avait été fermée le 24 mars par le régime yougoslave. Rebaptisée B2-92, la radio dirigée par Sasa Mirkovic a affiché d’emblée son autonomie en diffusant des informations occultées par les médias et la propagande officielle. Radio B2-92 a bénéficié de la complicité de Studio-B, une radio contrôlée par le parti de Vuk Draskovic qui leur a mis un studio à disposition. Cette initiative vient au moment où la campagne pour la démission de Milosevic s’essouffle. Ces manifestations quotidiennes rassemblent de moins en moins de monde. Par ailleurs, des agriculteurs de Voïvodine (principale région céréalière yougoslave) ont bloqué, à l’aide de dizaines de tracteurs, la route reliant Belgrade à Zrenjanin. Ils réclament un relèvement du prix du blé. La police est intervenue pour lever le barrage et les a interpellée.
Les Kosovars albanais réfugiés dans les pays d’Europe occidentale commencent à rentrer au pays : deux avions ont débarqué 260 réfugiés à Pristina. Par ailleurs, quatre Albanais du Kosovo accusés d’appartenir à l’UCK ont été condamnés par un tribunal militaire yougoslave à des peines de 1 à 13 ans de prison.
Le Bosniaque serbe Radomir Kovac, inculpé par le TPI de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, a été arrêté à Foca (sud-est de la Bosnie, secteur français) par la Sfor. Il est notamment accusé d’avoir enfermé, puis « vendu » ou violé des femmes que sa milice avait capturées en 1992. Son arrestation porte à 32 le nombre d’inculpés livrés au TPI sur un total de 66 officiellement poursuivis.
nuit du lundi 2 au mardi 3 août
Les vengeances continuent au Kosovo : un homme et une femme âgée ont été tués à Pristina.
mardi 3 août
L’affirmation de Bernard Kouchner selon laquelle il y aurait 11 000 morts dans les fosses communes du Kosovo a été qualifiée « d’énorme bourde » et « de faute politique » chez certains officiers de la Kfor. L’administrateur de l’ONU au Kosovo a d’ailleurs fait machine arrière en affirmant que le chiffre qu’il avait avancé était « le nombre potentiel de victimes » basé sur des informations de toutes sources. Par ailleurs, les séparatistes albanais mettent en avant « leurs 15 000 martyrs » pour justifier à la fois leurs vengeances et leurs revendications politiques. D’autre part, les droits d’inspection, très lourds, imposés par la Macédoine aux convois humanitaires, ne sont pas du goût du HCR. Des dizaines de camions restent ainsi bloqués à Skopje.
Le Parti radical serbe (ultranationalistes) estime qu’un changement de pouvoir exécutif en Serbie et en Yougoslavie est « indispensable ». Par ailleurs, des rassemblements d’opposants à Milosevic ont de nouveau eu lieu dans une demi-douzaine de villes de Serbie, et Vuk Draskovic est arrivé à Rome pour des entretiens.
Le président monténégrin Djukanovic, en visite à Moscou, affirme que la Russie reconnaît la responsabilité de Milosevic dans la tragédie yougoslave.
mercredi 4 août
Sur le site du charnier de Suvi Do, Bernard Kouchner a reconnu avoir « fait une énorme erreur ». Par ailleurs, Bernard Kouchner a obtenu qu’Ibrahim Rugova et Hashim Thaçi se mettent d’accord sur la composition du Conseil de transition. Ce conseil devrait se tenir dans le courant du mois d’août.
jeudi 5 août
Pour faire taire la contestation qui monte dans le pays, le Premier ministre yougoslave, Momir Bulatovic, a proposé aux partis de l’opposition de participer à un gouvernement remanié. Les deux principaux partis ont refusé et Vuk Draskovic a même demandé la démission de Bulatovic et la nomination d’un proche du président monténégrin Djukanovic. Justement, le gouvernement du Monténégro demande ni plus ni moins le remplacement de la République fédérale de Yougoslavie par une « Communauté du Monténégro et de la Serbie » où les responsabilités seraient partagées paritairement par les deux Etats. Si les Serbes font la sourde oreille, le gouvernement menace d’organiser un référendum sur l’indépendance du Monténégro.
samedi 7 août
Des échauffourées ont éclaté entre des soldats français de la Kfor et des manifestants kosovars albanais qui tentaient de pénétrer dans la partie serbe de Kosovska Mitrovica. Les soldats français ont bloqué un cortège d’environ 450 personnes qui voulaient franchir le pont séparant les quartiers albanais et serbes de la ville. Quatre manifestants « assez violents » ont été interpellés puis relâchés lorsque les « esprits se sont calmés ».
dimanche 8 août
Les premières équipes de la police internationale de l’ONU ont commencé leurs patrouilles à Pristina.
lundi 9 août
Un nouveau parti d’opposition est né en Serbie : le Mouvement pour une Serbie démocratique, créé par le général Momcilo Perisic, ancien chef de l’état-major de l’armée yougoslave limogé en novembre par Milosevic. Mgr Pavle, le patriarche de l’Eglise orthodoxe est parvenu à réunir tous les chefs de l’opposition et à les mettre d’accord sur la nécessité d’obtenir le départ du président yougoslave. Mgr Pavle a obtenu que toutes les composantes de l’opposition participent à un rassemblement pour la démission de Milosevic, le 19 août à Belgrade. L’initiative en revient au G-17, un groupe d’économistes serbes indépendants qui a élaboré un Pacte pour la stabilité de la Serbie et un projet de gouvernement formé d’experts qu’il a soumis à tous les partis. Mais Vuk Draskovic (SPO) et Zoran Djindjic (DS) ne sont d’accord que pour chasser Milosevic. Le pouvoir en place en Serbie s’en est pris sévèrement à l’Eglise orthodoxe. Le quotidien gouvernemental Borba accuse l’Eglise d’être complice des partisans de la « guerre civile ». Le pouvoir serbe, par l’intermédiaire de sa télévision, s’en également pris à « l’Alliance pour des changements », la coalition d’opposants.
Pour la troisième journée consécutive, des manifestations ont opposé les forces françaises stationnées à Mitrovica à 150 Albanais, aux abords du pont qui relie les quartiers serbes et albanais. Les Français sont accusés d’être proserbes. Un soldat français a été grièvement blessé. Il a fallu l’intervention d’un commandant local de l’UCK pour que la tension s’apaise. L’UCK semble jouer double jeu. Le général Jackson, chef de la Kfor, a estimé que l’UCK « perd le contrôle » de ses éléments les plus radicaux. Une réunion entre la Kfor et l’UCK a d’ailleurs eu lieu à Pristina pour mettre les choses au point. Dans la soirée, deux femmes serbes de 70 et 79 ans ont été abattues à travers la porte de leur appartement de Pristina.
mardi 10 août
Une relative accalmie a régné à Kosovska Mitrovica, après trois jours de tensions entre soldats français et manifestants albanais désireux de passer en secteur serbe. Dans la matinée, une centaine de jeunes gens s’étaient rassemblés devant le pont de la discorde aux cris de « UCK, UCK ». C’est dans ce contexte que le ministre français de la Défense, Alain Richard, a rendu visite aux soldats français de la Kfor de la ville. De son côté, le commandant de la force de paix au Kosovo a lancé un sévère avertissement à l’UCK, dont il est apparu qu’elle avait mis sur pied une police parallèle. Le général Jackson a demandé que des mesures soient prises à l’encontre de Rexhep Selimi, « ministre de l’Intérieur » du gouvernement autoproclamé de l’UCK.
Le général Moncilo Perisic, ancien chef d’état-major de l’armée yougoslave, qui vient de créer son parti, le PDS, a déclaré qu’il se mettait au service du peuple et de la démocratie.
mercredi 11 août
L’Eglise orthodoxe serbe a appelé à la tenue d’élections anticipées en Serbie et renouvelé son appel à la démission du président Milosevic. Néanmoins, le patriarche Mgr Pavle ne participera pas au rassemblement de l’opposition le 19 août à Belgrade, estimant qu’un meeting n’est pas l’endroit où un chef spirituel doit exprimer ses positions.
Le HCR dénonce la montée de la violence contre les 2 000 Serbes qui ont décidé de rester à Pristina. On a dénombré au moins neuf morts en une semaine, tandis que les attaques à l’explosif contre des maisons, églises ou magasins serbes sont monnaie courante. Par ailleurs, une patrouille russe a été attaquée à coups de pierres par 500 manifestants à Dobrocane, et les Américains ont dû venir à la rescousse.
jeudi 12 août
Chaque jour, les contingents de la Kfor font face à la violence, les Russes en premier. Pratiquement chaque soir, les Russes sont la cible de tirs. Tous les jours, des centaines de Kosovars défilent devant leur quartier général en leur criant de partir. Dans le secteur de Pristina, deux patrouilles britanniques sont intervenues pour faire échouer une attaque menée à l’arme automatique, peu avant l’aube, contre un village peuplé en majorité de Serbes. Les soldats ont livré une course-poursuite contre les agresseurs, qui fuyaient en voiture et n’ont pas hésité à répliquer avec leurs armes. Quatre Albanais sur cinq ont été arrêtés.
Les ultranationalistes du Parti radical serbe sont entrés au gouvernement fédéral yougoslave, renforçant ainsi le pouvoir de Milosevic.
vendredi 13 août
Un soldat russe a été blessé par balles dans le sud-est du Kosovo. Il a été la cible d’un tireur embusqué et touché à l’épaule alors qu’il était de garde à son camp. Un autre soldat russe avait été blessé à la jambe, la semaine dernière, dans des circonstances similaires. Chaque jour, la tension s’accroît un peu plus entre les Albanais et les Russes, accusés de protéger les Serbes. Par ailleurs, des experts légistes des Nations unies ont exhumé les quatre premiers corps de Kosovars albanais d’un site de 97 fosses près de Rakos dans l’ouest de la province. Ces fosses renferment probablement les corps de détenus de la prison de Dubrava.
Les leaders des six partis d’opposition serbe ont demandé à l’Union européenne « la levée de toutes les sanctions en vigueur contre la Serbie et la Yougoslavie ».
samedi 14 août
Bernard Kouchner a fait comprendre à Hashim Thaçi, chef politique de l’UCK, que sa « patience était au bout ». « Il n’est pas question dans l’avenir que je permette qu’on brûle 10-15 maisons de Serbes même si j’entre en conflit avec l’UCK », a-t-il précisé. Un soldat allemand a été sauvé par son gilet pare-balle : alors qu’il participait, avec sa patrouille, à la protection d’une fête catholique à Zjum (près de Pristina), il s’est retrouvé face à trois assaillants armés qui ont fait feu.
du samedi 14 au dimanche 15 août
La multiplication des incidents au Kosovo, qu’ils soient antiserbes ou purement criminels, inquiète les responsables de la Kfor : une femme a été poignardée à Prizren, un vieillard serbe tué par balle à Pozaranje, quatre Kosovars albanais arrêtés dans le Sud-Est pour le meurtre d’un autre albanophone…
dimanche 15 août
Selon l’organisation humanitaire Focus, la Yougoslavie serait sous la menace d’une catastrophe écologique, conséquence des bombardements de l’OTAN sur les sites industriels. La pollution menacerait de s’étendre à d’autres pays.
6 000 manifestants se sont rassemblés à Krusevac, au centre de la Serbie, pour réclamer le départ de Milosevic.
nuit du dimanche 15 au lundi 16 août
Une vieille femme Serbe de 78 ans a été battue à mort dans son appartement de Pristina.
lundi 16 août
A quatre jours du meeting de l’opposition à Belgrade, le ministre yougoslave de la Justice, Petar Jojic, un ultranationaliste, a averti que « toutes les mesures légales » seront prises « si le moindre incident se produit »…
Bernard Kouchner a annoncé un réexamen global de la législation en vigueur dans la province, en vue d’éliminer toute discrimination ethnique. Il prévoit une démarche similaire pour la santé et l’éducation. Milosevic a réclamé un « respect strict » des engagements pris par la Kfor et par la mission de l’ONU sur le retrait serbe. Le chef de la Troisième armée yougoslave, le général Pavkovic, a, lui, demandé le départ de la Kfor.
mardi 17 août
Vuk Draskovic, en désaccord avec d’autres opposants serbes « irresponsables », a annoncé que, contrairement à ce qu’il avait d’abord annoncé, il ne fera pas de discours le 19 août, à Belgrade, devant le Parlement fédéral. C’est là que doit se tenir la grande manifestation de l’opposition. Draskovic veut un accord entre l’opposition et certains secteurs actuellement au pouvoir, de manière à investir valablement un gouvernement de transition. Zoran Djindjic ne croit pas à un tel accord. Par ailleurs, le général Perisic a annoncé qu’il ne participerait pas au meeting du 19 août. Son parti souhaite que le Parlement relève Milosevic de ses fonctions. De son côté, le patriarche Pavle, absent lui aussi, sera représenté par l’archevêque Atanasije Rakita. Pour sa part, le pouvoir a fait adopter par le Parlement, réuni en session extraordinaire, quatre projets économiques présentés comme libéraux.
Des tirs de mortier ont tué deux adolescents de 14 et 16 ans et fait cinq blessés en secteur américain, dans l’est du Kosovo. La vie reprend cependant, peu à peu, à Pristina où Bernard Kouchner a lancé une opération « ville propre ». La ville croule en effet sous des monceaux d’ordures.
Selon le New York Times, des dirigeants croates, serbes et musulmans de Bosnie ont détourné jusqu’à un milliard de dollars de fonds publics internationaux. Un rapport émanant d’un service américain estime que la corruption est si importante que les ambassades et les organisations humanitaires hésitent à publier les chiffres de crainte de faire fuir les donneurs internationaux. Depuis la fin de la guerre civile, la Bosnie a reçu une aide financière de 5,1 milliards de dollars. Exemple de gabegie : dans la ville de Sansky, une des plus touchées pendant la guerre, les fonds municipaux ont été utilisés pour construire un hippodrome. Le maire de la ville fait l’objet de 358 inculpations pour corruption. A Tuzla, il manque 200 millions de dollars dans le budget, auxquels viennent s’ajouter 300 millions disparus au cours des deux dernières années.
mercredi 18 août
Le Conseil permanent de l’OTAN a renoncé, sous la pression des Américains et des Britanniques, à lancer une mise en garde publique contre l’attitude de l’UCK. Celle-ci souhaite, à l’avenir, se transformer en garde nationale armée, ce que la Kfor refuse, préfèrent l’idée d’une force de sécurité civile non armée qui aiderait la police. Par ailleurs, la police internationale de l’ONU (200 hommes) prend le relais de la police militaire de la Kfor à Pristina, cadre de 60 % des crimes commis dans la province.
Qualifications pour l’Euro de football 2000 : au stade Crvena Zvezda de Belgrade, la Serbie-Monténégro et la Croatie ont fait match nul zéro à zéro.
jeudi 19 août
Dans la soirée, plus de 150 000 opposants au pouvoir yougoslave se sont rassemblés devant le Parlement de Belgrade. Cette manifestation, à l’initiative d’un groupe d’économistes indépendants, est la première dans la capitale depuis le début de la campagne contre le régime. « Nous donnons 15 jours à Milosevic pour qu’il disparaisse de notre vue. Si dans 15 jours, il est encore là, la Serbie sortira dans la rue. Nous resterons là tant que tu ne quitteras pas le pouvoir », a déclaré Zoran Djindjic. Le parti de Milosevic, le SPS a annoncé qu’il n’avait « pas peur d’élections anticipées ». Le président du Parti radical serbe (au pouvoir) a déclaré à son tour que son parti « est favorable à la tenue d’élections à tous les niveaux » en septembre et qu’il « ne sera pas un frein à leur organisation ». Il a même invité l’opposition à proposer elle-même la date de la consultation.
vendredi 20 août
Zoran Djindjic a annoncé qu’à partir du 21 septembre l’opposition serbe organisera chaque jour des meetings dans la capitale, si Milosevic ne démissionne pas d’ici là. Des meetings auront lieu en province dès début septembre. La pression de la rue se doublerait d’appels à la grève générale.
Alors que les Russes, mécontents de l’attitude occidentale, menacent de retirer leurs troupes du Kosovo, le leader kosovar modéré Ibrahim Rugova qualifie de « test » l’attitude des siens face aux Serbes, et leur demande d’ « arrêter » les exactions. Par ailleurs, trois Serbes ont été arrêtés par la Brigade multinationale sud, sous commandement allemand, de la Kfor. Ils sont soupçonnés d’avoir participé, au printemps, à des meurtres de Kosovars albanophones, des pillages et des incendies criminels.
samedi 21 août
Les représentants de toutes les communautés et forces politiques au Kosovo se sont réunis pour la première fois autour d’une table au sein du deuxième Conseil de transition, marqué toutefois par l’absence du leader politique de l’UCK, Hashim Thaçi. Le premier conseil, le 16 juillet, avait été boycotté par la LDK de Rugova. Le Conseil est saisi d’un projet de cantonisation de la province présenté par Momcilo Trajkovic, chef du Mouvement serbe de résistance : il s’agirait de regrouper les Serbes dans cinq cantons (couvrant un tiers du terrain) pour mieux les protéger. Le projet prévoit une auto-administration, une police propre et une assemblée. Les Kosovars albanais et Bernard Kouchner sont réticents.
dimanche 22 août
Pour le vice-Premier ministre monténégrin, Dragisa Burzan, il n’y a pas d’alternative à l’indépendance du Monténégro, aucun changement suffisant ne pouvant être attendu de la part de l’opposition quand elle sera au pouvoir en Serbie. Selon les derniers sondages, 40 % de la population désire que le pays devienne indépendant.
Le général Perisic s’est prononcé pour des élections anticipées en Yougoslavie, « seul moyen, selon lui, de sortir le pays de la crise ». Celles-ci, dit-il, devraient suivre la destitution du président par le Parlement. Perisic est hostile à tout gouvernement de transition tant que Milosevic restera au pouvoir.
lundi 23 août
Bernard Kouchner a mis en place au Kosovo, dans un climat qualifié de « tendu et chargé d’émotion », des groupes de travail sur la réforme de la santé. Ce secteur est l’un des plus touchés par les divisions ethniques. Par ailleurs, selon l’hebdomadaire britannique Jane’s Defence Weekly, des gaz chimiques auraient été utilisés par les forces serbes contre les Kosovars albanais depuis le début des années 1990 et jusqu’au déploiement de la Kfor, en juin 1999.
mardi 24 août
Les corps de 13 musulmans bosniaques, pour la plupart originaires de la région de Srebrenica, ont été exhumés de deux charniers situés à Motovo, près de Zvornik, en zone serbe dans l’est de la Bosnie. Les experts ont aussi découverts dix autres corps, dont ceux de 6 Musulmans tués en 1992 près de leurs maisons dans des villages proches de Zvornik. Au total, selon des estimations du CICR, 7 000 à 8 000 musulmans ont été portés disparus dans cette région de Srebrenica.
Une équipe de neuf experts de l’ONU a commencé à enquêter à Belgrade sur la pollution du Danube, provoquée par les bombardements de l’OTAN en Yougoslavie.
mercredi 25 août
Des mesures spécifiques pour « la protection des Serbes » seront présentées dans une semaine. Bernard Kouchner l’a annoncé au Conseil de transition, auquel participent les chefs des divers partis et communautés ethniques de la province. Le représentant de l’ONU n’entend pas créer des zones séparées pour les Serbes et les Albanais, comme le souhaite le leader serbe Momcilo Trajkovic. Le HCR a admis avoir évacué vers le Serbie 28 Serbes de Prizren « en danger de mort » ou souhaitant un regroupement familial. Les habitants de cette ville du sud-est du Kosovo s’opposent toujours à l’entrée des soldats russes de la Kfor.
Le général Momir Talic, chef d’état-major de l’armée serbe bosniaque, a été arrêté à Vienne (Autriche) et extradé vers La Haye où le TPI l’avait inculpé, le 12 mars 1999, de crimes contre l’humanité pour son action en Krajina en 1992 (déportation de plus de 100 000 civils). Le général Talic suivait, en Autriche, un séminaire de l’OSCE. La délégation serbo-bosniaque (six personnes) a décidé de quitter Vienne. Talic sera le plus haut gradé du conflit en ex-Yougoslavie à comparaître devant le TPI.
Président du Conseil de l’Europe, Lord Russel-Johnston a exclu l’envoi d’observateurs en Serbie si le président Milosevic convoquait des élections anticipées à l’automne. « Le Conseil de l’Europe ne pourrait accepter d’observer des élections convoquées par un criminel de guerre », a-t-il déclaré au retour d’une visite de trois jours au Kosovo. Pour lui, Milosevic doit partir et se rendre « sans escale » à La Haye, au siège du TPI.
jeudi 26 août
Depuis quatre jours, les albanophones d’Urahovac barrent la route aux troupes russes censées s’y déployer. Pour la première fois, les représentants serbes et albanais se sont parlé. Mais les négociations sont restées vaines.
vendredi 27 août
Plus de 2 000 Kosovars ont marché en silence à Pristina pour demander aux autorités yougoslaves de libérer leurs proches, prisonniers ou portés disparus en Serbie. Selon les organisateurs, ils sont 5 000 à 7 000 dans ce cas. La majorité ont été fait prisonniers entre le 24 mars et le 12 juin, pendant que Serbie et Kosovo étaient sous les bombes de l’OTAN.
Les opérations de reconquêtes menées par l’armée croate en 1995 contre les sécessionnistes serbes ne sont pas du ressort du TPI. C’est l’avis du gouvernement croate, pour lequel les opérations « Tempête » et « Eclair » ont été menées « conformément au droit international », et leur légitimité « ne peut pas être remise en question ». Cette déclaration fait suite à une lettre adressée par le TPI au Conseil de sécurité de l’ONU demandant des sanctions contre la Croatie, accusée de non-coopération. Le TPI fait notamment pression sur la Croatie pour qu’elle lui livre Mladen Naletilic, ancien parrain de la mafia de Mostar (sud de la Bosnie) et inculpé de crime contre l’humanité dans le conflit croato-musulman de 1993-1994.
samedi 28 août
Le leader serbe Vuk Draskovic a demandé à l’ONU de « relever immédiatement Bernard Kouchner de ses fonctions » de chef de la mission civile des Nations unies au Kosovo. Il l’accuse d’avoir « conduit des manifestations antiserbes » (pour la libération de détenus kosovars), d’avoir « déclaré que des terroristes albanais (de l’UCK) méritent le prix Nobel pour la liberté ». Zoran Djindjic déclare pour sa part « soutenir » le projet de « cantonisation » du Kosovo rejeté par Kouchner.
lundi 30 août
La formation des futurs policiers de la police kosovare a débuté pour 200 recrues. La Mission de l’ONU au Kosovo met également en place un système de licences pour les entreprises d’import-export afin de mettre fin aux trafics en tous genres. A Mitrovica, les forces françaises prévoient le retour de reloger, cette semaine, 136 familles albanaises dans le quartier serbe.
La liste des inculpés secrets du TPI aurait fait l’objet de fuites en Republika Srpska, selon le quotidien néerlandais Volskrant. Le journal attribue l’origine de la fuite à « un fonctionnaire serbe bosniaque ».
mardi 31 août
Formé en 1998 lors d’élections non reconnues par Belgrade et la communauté internationale, le Parlement kosovar s’est réuni à Pristina, en présence de son président, Ibrahim Rugova. Pour la première fois, ce dernier a siégé aux côtés d’Hashim Thaçi, le patron de l’UCK. L’un et l’autre se disputent la suprématie politique dans le Kosovo d’après-guerre. Hashim Thaçi a d’ailleurs annoncé son intention de former un nouveau parti politique, dans la perspective des élections que l’OSCE prévoit d’organiser l’année prochaine.
en août
Le ministre de la Justice de Serbie Milan Trbojevic a évoqué l’existence d’une liste d’une dizaine de hauts fonctionnaires de la Republika Srpska faisant l’objet d’un acte d’accusation secret du TPI ? Parmi les premiers sur cette liste, selon Trbojevic : Momcilo Krajisnik, Nikola Koljevic et Biljana Plavsic.
mercredi 1er septembre
Bernard Kouchner a annoncé qu’il avait pris la décision d’envoyer la police des Nations unies à Orahovac, avec mission d’y déployer la situation créée par les barrages de la population albanaise qui empêche, depuis dix jours, les troupes russes de remplacer un contingent néerlandais. Hashim Thaçi, qui a largement alimenté l’opposition albanaise au déploiement russe, a promis de se rendre prochainement à Orahovac car la situation y est « très sérieuse ».
Ouverture de la 56e Mostra de Venise. Le jury est présidé par le cinéaste serbe Emir Kusturica.
Qualifications pour l’Euro 2000 de football : au stade dublinois de Lansdowne Road, l’Irlande a battu la Yougoslavie deux buts (Robbie Keane, Kennedy) à un.
vendredi 3 septembre
Bernard Kouchner a promulgué une loi faisant du mark allemand la monnaie officielle du Kosovo. Les administrateurs de l’ONU ne font que légaliser une situation qui existait déjà. La monnaie allemande était largement utilisée au Kosovo comme dans le reste de l’ancienne Yougoslavie.
dimanche 5 septembre
Eliminatoires du championnat d’Europe de football 2000 : au stade du Partizan de Belgrade, la Serbie-Monténégro a battu la Macédoine trois buts à un.
lundi 6 septembre
Trois Serbes du Kosovo ont été tués dans la matinée à Korminjane (dans le secteur de Gnjilane) par les forces russes chargées de ce secteur, lors d’affrontements entre Serbes et Albanais qui ont également coûté la vile à un Albanais. Par ailleurs, l’Union européenne a formellement levé les sanctions pesant sur le Kosovo et le Monténégro en tant que parties de la Yougoslavie. Mais le règlement d’application, qui permettra la levée effective des sanctions, n’est toujours pas rédigé.
nuit du lundi 6 au mardi 7 septembre
Un soldat français de la Kfor a été blessé par balle lors d’attaques contre les Serbes au Kosovo.
mardi 7 septembre
Les futurs policiers kosovars sont désormais formés dans l’ancienne école de police serbe de Vushtrri. 175 hommes et femmes ont été sélectionnés parmi 19 000 candidats. Cette première promotion compte 7 Serbes, 1 Turc, 1 Tzigane, et 38 femmes.
mercredi 8 septembre
Eliminatoires de l’Euro de football 2000 : au stade Gradski de Skopje, la Macédoine a été battue par la Serbie-Monténégro quatre buts à deux.
jeudi 9 septembre
Bernard Kouchner a proposé de transformer l’UCK en une « force civile à vocation humanitaire ». Cette nouvelle force disposerait de « 200 armes de poing destinées à la protection immédiate et à l’autodéfense des autorités et chefs de détachement de cette force ». Les Russes sont opposés à ce projet. Dans la soirée, 100 personnes ont été blessés à Kosovska Mitrovica : 35 Serbes, 15 soldats et gendarmes français de la Kfor et plusieurs Albanais, essentiellement par des jets de pierres et l’explosion de deux grenades.
A l’appel d’un groupe d’économistes indépendants, plus de 2 000 manifestants serbes ont réclamé le départ du président Milosevic, dans la soirée, à la Maison des syndicats à Belgrade. « Nous sommes prêts à aider une partie de l’opposition démocratique si elle veut vraiment des changements, a expliqué le coordinateur du mouvement. Autrement, nous de l’attendrons pas et nous prendrons nous-mêmes les choses en mains ». L’opposition serbe a annoncé, de son côté, qu’elle engageait la « bataille finale » pour la démission de Milosevic à partir du 21 septembre : « Cette fois-ci, pas de compromis, nous irons jusqu’au bout ».
vendredi 10 septembre
Le calme est revenu dans la soirée à Kosovska Mitrovica où de violents affrontements ont opposé des manifestants albanais et des soldats français de la Kfor pendant quatre heures. Il aura fallu l’intervention d’un chef de l’UCK, le commandant Raman Rama, responsable de l’ancienne guérilla pour la région, pour ramener à la raison les manifestants. Ces Albanais, en grande majorité des jeunes de 14 à 25 ans, étaient parvenus à se rendre sous le pont qui sépara les quartiers serbes des quartiers albanais, pour jeter divers projectiles à l’aide de frondes sur les Serbes rassemblés derrière les troupes de la Kfor. Les soldats français et italiens, en faction sur le pont, ont dû recourir à des gaz lacrymogènes pour les disperser. Une dizaine de personnes ont été blessées. L’une d’entre elles a été grièvement touchée à la gorge par un jet de grenade offensive.
lundi 13 septembre
Le général Jackson, qui commande la force de paix de l’OTAN au Kosovo, estime que ses soldats ont atteint leur limite dans l’action qui est la leur et qu’il faut maintenant mettre en place des institutions civiles.
mercredi 15 septembre
A quatre jours de la date marquant la fin de la démilitarisation de l’UCK, la Kfor a mis en garde l’UCK contre « toute tentative de former une Force de Défense du Kosovo ou tout autre groupe militaire ou paramilitaire ». A Moscou, Bernard Kouchner a convaincu les Russes de faire participer l’UCK à un corps de sécurité civile. Ce « Kosovo Corps » serait chargé de combattre les incendies et les catastrophes naturelles, mais aussi de neutraliser les mines et explosifs. Les leaders de l’UCK voudraient le transformer en embryon d’armée en vue d’une future indépendance.
jeudi 16 septembre
Agim Ceku, le chef d’état-major de l’UCK, affirme que son organisation a « achevé sa démilitarisation » et « rendu toutes ses armes », trois jours avant l’échéance prévue par l’accord du 21 juin. Il a précisé que l’arsenal dont ses hommes se sont séparés « représente environ 10 000 armes ». Sous réserve d’un inventaire plus précis, la Commission d’application de l’accord de démilitarisation semble effectivement satisfaite. Tout n’est pourtant pas encore joué. Certains officiers de l’OTAN sont persuadés que de nouvelles armes arrivent clandestinement d’Albanie pour remplacer celles qui ont été déposées. Par ailleurs, le général Wesley Clark a annoncé le dernier bilan des pertes subies par l’armée yougoslave pendant les 79 de frappes aériennes au Kosovo : destruction de 93 chars, 141 véhicules blindés et 381 pièces d’artillerie et de mortiers. Des chiffres peu crédibles d’après certains journaux.
Dans la soirée, les composantes de l’opposition serbe (SZP) ont tenu leur première convention au Palais des sports de Novi Sad. Ils y ont présenté leur programme d’action : « assignation en responsabilité » du président fédéral et sa démission ; convocation, à terme, d’élections « libres, démocratiques et équitables sous contrôles de l’OSCE » ; « ouverture de la Serbie à tous les Etats et organisations internationales, mise en place d’institutions démocratiques dans un Kosovo doté du plus haut degré d’autonomie, redéfinition des relations entre la Serbie et le Monténégro, refonte du système politique, protection des droits de l’homme et des droits des minorités ». 5 000 personnes ont fait un triomphe à l’économiste Dragoslav Avramovic (82 ans). Mais Vuk Draskovic n’était pas présent. Son mouvement ne fait pas partie du SZP. De son côté, Zoran Djindjic, présent à Novi Sad, a confirmé l’appel à manifester à Belgrade le 21 septembre. Nenad Canak, président des sociaux-démocrates de Voïvodine, a annoncé que ce jour ses sympathisants prendraient d’assaut l’assemblée provinciale pour en « expulser les occupants illégaux ».
samedi 18 septembre
Plus de 100 000 Kosovars ont assisté à Pristina à la première et dernière grande parade de combattants désarmés de l’UCK. Les dirigeants ont lancé un appel à l’indépendance de la province. Pour cette « parade de la victoire », les manifestants ont rendu hommage aux combattants kosovars. Dans la soirée, les négociations étaient toujours en cours entre les représentants de l’OTAN, de l’ONU et de l’UCK sur les conditions de la transformation de l’UCK en une « force civile ».
lundi 20 septembre
L’OTAN a fini par remporter une victoire à l’arraché sur l’UCK. Dans la soirée, avec une journée de retard, l’UCK a fini par concrétiser sa démilitarisation en signant le texte qui transforme l’UCK en TKM, « Corps de protection du Kosovo ». Le TKM disposera de sa propre organisation, identifiée par un écusson orange, avec un effectif de 5 000 hommes (3 000 actifs et 2 000 réservistes). 10 % de ses membres doivent venir des minorités ethniques.
mardi 21 septembre
Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de plusieurs villes de Serbie (20 000 personnes à Belgrade…), dans la soirée, à l’appel de l’Alliance pour le changement (SZP), pour demander le départ de Milosevic. Pour l’opposition, la « lutte finale » vient de commencer. Velimir Ilic, le maire de Cacak, ville des premiers rassemblements contre la guerre au Kosovo, en mai, a appelé à l’unité. L’Alliance promet des rassemblements quotidiens et l’Union des syndicats indépendants appelle à la grève générale.
mercredi 22 septembre
« Les citoyens sont déçus par la susceptibilité et l’impuissance des leaders de l’opposition », a expliqué Milan Ilic en présentant le Mouvement populaire général (ONP) que 17 formations civiques d’une douzaine de villes de Serbie ont décidé de créer. Objectif de l’ONP : « le départ de Milosevic et de ses valets ainsi que le changement du système ». L’ONP renvoie dos à dos le SZP de Djindjic et le SPO de Draskovic, jugés non crédibles. La deuxième manifestation organisée, dans la soirée, à Belgrade, par le SZP n’a réuni que 5 000 personnes.
jeudi 23 septembre
Les manifestations anti-Milosevic ne font pas recette. 20 000 il y a deux jours, les participants n’étaient plus que 3 000 à Belgrade. Ils étaient encore 6 000 à Novi Sad, et 2 000 à Niš.
vendredi 24 septembre
Le gouvernement du Monténégro ne supporte plus le renforcement des contrôles décidé à sa frontière par les autorités serbes et l’embargo décrété par Belgrade sur les livraisons de viande et de céréales. Podgorica a donc décidé de mener sa propre politique de commerce extérieur « jusqu’à la création de conditions normales dans ce domaine en Yougoslavie ». Le Monténégro a en outre proposé à la Serbie de transformer en une communauté d’Etats indépendants la fédération yougoslave que les deux pays forment depuis 1992.
Le général serbe Momcilo Perisic, ancien chef d’état-major de l’armée yougoslave, a choisi la petite ville de Gornji Milanovac (à 150 kilomètres de Belgrade) pour faire son entrée en politique. Pour son premier meeting, dans la soirée, il a réuni 500 à 600 partisans - des popes, des paysans, des retraités - de son mouvement, le Mouvement pour une Serbie démocratique. Ce parti vient de s’adresser au Parlement fédéral yougoslave pour lui demander de destitution du président Milosevic.
samedi 25 septembre
40 000 opposants serbes ont manifesté dans la soirée à Belgrade.
dimanche 26 septembre
Dans la soirée, 50 000 manifestants ont défilé à Belgrade pour réclamer la démission de Milosevic.
lundi 27 septembre
Au Kosovo, un Serbe ayant été blessé au ventre à Ugljare, un village proche de Pristina, une manifestation a réuni une centaines de Serbes en colère. Au cours de cette manifestation, un Albanais a été brutalement sorti de sa voiture et violemment frappé.
mardi 28 septembre
Dans la matinée, deux grenades à fusil ont été tirées contre un marché essentiellement fréquenté par des Serbes du Kosovo, à Bresje, un village contigu à celui de Kosovo Polje, à 3 kilomètres à l’ouest de Pristina. L’attentat a fait au moins deux morts et une trentaine de blessés. La Kfor a immédiatement bouclé le secteur. Quatre personnes ont été arrêtés, dont deux ont été remises à la police de l’ONU. Les Serbes, de leur côté, ont coupé la circulation entre Pristina et l’aéroport. Depuis plusieurs jours, les incidents se sont multipliés dans ce secteur, à tel point que les Britanniques ont été contraints de renforcer leur dispositif de sécurité et de multiplier les barrages de contrôle.
Plusieurs ponts sur le Danube ont été détruits par les bombardements de l’OTAN contre la Yougoslavie, au printemps, et ne sont toujours pas déblayés, ce qui rend toute navigation impossible. La Commission du Danube, à laquelle appartiennent onze pays, s’est réunie à Budapest. Elle estime qu’il faudra trois à quatre mois pour débloquer la navigation.
mercredi 29 septembre
La manifestation anti-Milosevic de Belgrade s’est, pour la première fois, mal passée. Plusieurs centaines de policiers anti-émeute ont violemment chargé les 20 000 manifestants qui voulaient marcher vers Dedinje, le quartier où se trouve la résidence du président yougoslave. Au moins 45 personnes ont été blessées. Cinq policiers ont été blessés, dont trois grièvement. 14 manifestants ont été interpellés.
Le TPI annonce qu’il ne poursuivra pas tous les criminels ayant opéré au Kosovo. Il se concentrera sur les inculpations du président yougoslave et de ses collaborateurs.
jeudi 30 septembre
Les principaux partis de l’opposition serbe se sont retrouvés dans l’après-midi autour d’une table ronde. Une occasion de rapprochement entre les deux formations rivales : le SZP et le SPO. Au centre des discussions, le projet élaboré par le Centre pour des élections libres et la démocratie (CESID) prévoit un contrôle plus strict du processus électoral, pour empêcher les fraudes coutumières du Parti socialiste de Serbie de Milosevic. Dans la soirée, plus de 30 000 opposants ont manifesté dans la rue ; la police anti-émeute a chargé de nouveau. 23 personnes ont été blessées dans l’assaut, une vingtaine d’autres arrêtées. Zoran Djindjic a estimé que, désormais, « aucun compromis n’est possible ; s’il le faut, il y aura des victimes, mais ce pays survivra ». Des manifestations ont eu lieu dans une dizaine de villes serbes, réunissant plus de 50 000 opposants au régime.
vendredi 1er octobre
Dans la soirée, la police anti-émeute serbe est de nouveau intervenue à Belgrade, pour empêcher les manifestants de gagner la résidence de Milosevic.
samedi 2 octobre
50 000 Serbes ont manifesté dans la soirée dans diverses villes du pays pour réclamer la démission de Milosevic. A Belgrade, la police anti-émeute a repoussé 10 000 manifestants qui marchaient vers le principal hôpital de Belgrade. Ils voulaient exprimer leur solidarité avec les 60 personnes blessées ces derniers jours par la police. La foule a d’abord reflué dans la panique, puis la manifestation a rebroussé chemin vers la place de la République, d’où elle était venue.
dimanche 3 octobre
Vuk Draskovic, président du SPO, et son épouse Danica ont été blessés dans un accident de la route, au sud de Belgrade, en voulant éviter un camion fou. Trois gardes du corps et le beau-frère de Draskovic, Veselin Boskovic, qui se trouvaient dans une seconde voiture, ont été tués. Le chauffeur du camion a disparu.
lundi 4 octobre
Dans la soirée, la police a encore bloqué 25 000 manifestants demandant la démission de Milosevic, à Belgrade.
Vuk Draskovic affirme que l’accident dont il a été victime la veille est, en fait, un attentat. Le chauffeur du camion qui a heurté la voiture de son service de sécurité, qui avait disparu, aurait retrouvé par le juge chargé de l’enquête.
mardi 5 octobre
Des affrontements ont opposé Serbes et Albanais du Kosovo près du cimetière de Supkovac, à deux kilomètres au sud de Mitrovica. L’inhumation de 28 victimes albanaises des forces paramilitaires serbes découvertes dans un charnier, la semaine dernière, avait réuni près de 2 500 personnes. A l’issue de la cérémonie, qui s’était déroulée dans le calme et la dignité, la foule est remontée sur la route toute proche, qui relie Pristina à Mitrovica, lorsque plusieurs voitures serbes sont passées, sous la protection d’un véhicule blindé russe. Des « éléments extrémistes incontrôlés » ont alors pris les automobilistes à partie. Les soldats russes ont rapidement été débordés. Il leur a fallu appeler une centaine d’hommes en renfort. Ces affrontements ont fait un mort 10 blessés serbes mais il y a également eu 13 blessés dans les rangs des gendarmes français, 4 parmi les soldats russes et un policier américain, tous atteints par des jets de pierre.
Un millier de personnes ont participé aux obsèques de Veselin Boskovic, beau-frère de Vuk Draskovic, à Belgrade.
samedi 9 octobre
Derniers matchs des qualifications pour le championnat d’Europe de football 2000 : à Zagreb, la Croatie et la Serbie-Monténégro ont fait match nul deux à deux.
lundi 11 octobre
Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne présents à Luxembourg s’étaient réunis dans la matinée pour étudier les moyens d’aider l’opposition serbe à se débarrasser de Milosevic et à installer la démocratie dans le pays ; mais les ténors de l’opposition de Belgrade ont refusé de venir, en précisant bien qu’ils n’avaient cédé à « aucune pression du pouvoir ». L’opposition serbe a reçu cette invitation comme un ultimatum. Les ministres européens ont maintenu leur réunion et résolu d’approvisionner en produits pétroliers deux villes de l’opposition, Niš et Pirot.
Ces temps-ci, Milosevic a multiplié les inaugurations et les bains de foule qui vont de pair. A Velika Plana, où il inaugurait un tronçon rénové de l’autoroute Belgrade-Niš endommagée par les bombardements de l’OTAN, il a expliqué sa méthode. Le président yougoslave a inauguré cinq ponts dans la journée.
Dans la soirée, un employé de la Minuk, la Mission civile de l’ONU au Kosovo, a été tué. Alors qu’il se promenait sur la principale artère de Pristina, Valentin Krumov, un Bulgare, a été agressé par des Albanais qui l’ont frappé, jeté à terre et achevé d’une balle dans la tête avant de se fondre dans la foule. Il avait commis le crime de répondre en serbe à de jeunes gens qui lui demandaient l’heure.
vendredi 15 octobre
Des soldats de l’OTAN se sont interposés, dans la matinée, dans le centre de Kosovska Mitrovica pour éviter des affrontements entre plusieurs milliers de manifestants serbes et albanais. Les soldats et gendarmes français ont été pris à partie à coups de pierre par les Albanais, qui réclament d’accéder à l’université située en quartier serbe. Selon une source proche de la Kfor, plusieurs gendarmes auraient été légèrement blessés.
lundi 18 octobre
Washington a toujours prétendu que le bombardement de l’ambassade de Chine à Belgrade était dû à une erreur de carte. Mais, l’hebdomadaire britannique The Observer cite trois officiers de l’OTAN qui s’inscrivent en faux contre cette explication officielle. Selon eux, l’ambassade servait d’émetteur relais à l’armée yougoslave dont les installations avaient été détruites et que c’est pour cette raison qu’elle a été frappée.
mardi 19 octobre
A La Haye, Goran Jelisic (31 ans) a été reconnu coupable de crimes de guerre et crimes contre l’humanité par le TPI. L’ancien ouvrier agricole, qui se faisait appeler l’ « Adolf serbe de Bosnie », avait reconnu le meurtre d’au moins 12 Bosniaques musulmans et croates, exécutés en 1992 dans le camp serbe de Luka (nord de la Bosnie). Selon les procureurs du TPI, le nombre de ses victimes « dépasse certainement de beaucoup la centaine ». Le tribunal, qui rendra sa sentence ultérieurement, l’a néanmoins acquitté de l’inculpation de génocide.
mercredi 20 octobre
Estimant que l’UCK n’a pas vraiment été démilitarisée et que sa transformation en corps de défense civile n’est qu’un leurre, les Serbes du Kosovo ont décidé de créer leur propre force de protection. Par référence au « Corps de protection du Kosovo », essentiellement albanais, ils appelleront le leur « Corps de protection serbe » et ses missions seront les mêmes.
vendredi 22 octobre
Quelques milliers de personnes seulement ont manifesté dans la soirée à Belgrade, à l’appel de l’Alliance pour les changements. Malgré l’essoufflement de la mobilisation anti-Milosevic, les dirigeants des partis d’opposition ont décidé de transformer leur Alliance en coalition électorale, avec le concours de Dragoslav Avramovic, ancien gouverneur de la Banque centrale de Yougoslavie pressenti pour diriger un éventuel gouvernement de transition. Premier effet de cette métamorphose : le Parti de la social-démocratie quitte l’Alliance, jugeant que l’accord de coalition le prive de son autonomie.
Un attentat à la bombe a visé un journaliste serbe de Bosnie. Grièvement blessé, Željko Kopanja a perdu ses deux jambes.
samedi 30 octobre
A Belgrade, le match de football opposant les équipes du Partizan et de l’Etoile Rouge a tourné au drame. Un supporteur a été tué et la police a procédé à 146 interpellations. Ce qui n’a pas empêché le match de continuer, Partizan l’emportant sur le score de deux buts à zéro.
mardi 2 novembre
Nouveau pas vers l’autonomie monténégrine par rapport à la Serbie de Milosevic. Le Monténégro a choisi la devise allemande, le mark, comme monnaie parallèle au dinar yougoslave. Pour défendre, est-il dit, les intérêts économiques du pays contre la politique monétaire « irresponsable » de Belgrade. Le dinar a perdu un tiers de sa valeur en trois semaines et 100 % depuis le début de 1999. Belgrade a réagi mollement, le vice-Premier ministre yougoslave Javan Zebic estimant que « cela n’entraînera pas de problèmes significatifs ». Le cours sera de 17 dinars pour 1 mark.
jeudi 4 novembre
Une délégation de l’opposition serbe a été reçue, ces jours-ci, à Washington où elle a présenté sa « stratégie pour battre le régime du président Milosevic ». Les sept représentants de l’Alliance pour le changement (SZP) ont rencontré des membres du Congrès, des milieux d’affaires et de l’administration américaine. Leur tournée s’est achevée aujourd’hui à New York où ils ont plaidé en faveur d’ « un engagement accru des Etats-Unis pour la protection de la minorité serbe au Kosovo. Par ailleurs, la France a proposé à ses partenaires européens une « levée par étapes des sanctions qui pénalisent le peuple serbe » (tout en maintenant celles qui « touchent directement les dirigeants du régime »). Les Etats-Unis font la même analyse : ils se déclarent prêts à lever les sanctions économiques. A une condition : que des élections libres soient organisées. Il y a quelques mois, ils exigeaient comme préalable le départ du président Milosevic.
mercredi 10 novembre
Le TPI pour l’ex-Yougoslavie a rendu public le premier bilan de ses enquêteurs au Kosovo : ceux-ci ont exhumé jusqu’ici 2 108 corps de charniers ou de sites de crimes. La recherche est terminée sur 195 des 529 sites signalés à l’intention des enquêteurs. Le procureur du TPI a prévenu que les chiffres sont sans doute inférieurs à la réalité : il y a eu en effet des tentatives pour effacer les traces des meurtres.
jeudi 11 novembre
Le plus ancien prisonnier du TPI, le Serbe de Bosnie Dusan Tadic, a vu sa peine aggravée à 25 ans de détention. Il avait été condamné en 1997 à 20 ans de prison par une chambre de première instance du TPI. Celle-ci l’a poursuivi pour neuf chefs d’inculpation supplémentaires.
lundi 15 novembre
Un opposant au régime de Milosevic, Bogoljub Arsenijevic, dit Maki, a été condamné à 3 ans de prison pour avoir organisé une manifestation de protestation le 12 juillet à Valjevo (ouest de la Serbie). Selon le tribunal, Arsenijevic aurait été à l’origine d’une « tentative de prise de force » de la mairie de cette ville au cours de laquelle cinq policiers ont été blessés. L’avocat de la défense a l’intention de faire appel.
mardi 16 novembre
Dans un rapport qui devrait être soumis ces jours-ci au Conseil de sécurité de l’ONU, Kofi Annan admet que les Nations unies ont une part de responsabilité dans la tragédie de Srebrenica : 8 000 civils musulmans assassinés par les Serbes de Bosnie en juillet 1995. Bien que décrétée « zone de sécurité » par l’ONU, qui avait l’autorisation de recourir à la force pour s’imposer, Srebrenica a été livrée pendant cinq jours aux forces serbes qui n’ont rencontré aucune résistance des Casques bleus. Les responsables serbes de ce « nettoyage ethnique », Radovan Karadzic et Ratko Mladic, inculpés par le TPI, sont toujours libres. « Cette tragédie nous hantera à jamais », écrit Kofi Annan, alors secrétaire-général adjoint de l’ONU, en dénonçant le manque de volonté politique des grandes puissances.
mercredi 17 novembre
La coalition d’opposition serbe SZP arrêtera le 20 novembre ses manifestations quotidiennes à Belgrade comme dans le reste de la Serbie. La participation à ces meetings avait atteint, ces derniers temps, un niveau très bas.
jeudi 18 novembre
Ouverture à Istanbul du sommet réunissant les 55 membres de l’OSCE. Seule la Yougoslavie n’a pas été conviée.
dimanche 21 novembre
Deux policiers serbes ont été tués et six autres gravement blessés à proximité du Kosovo. Selon la police serbe, leur véhicule a sauté sur une mine antichar posée par des « terroristes albanais » sur la route reliant Prepolac, sur la frontière administrative du Kosovo, au reste de la Serbie.
jeudi 25 novembre
Un « groupe de cinq agents locaux » qui projetaient d’assassiner Slobodan Milosevic ont été arrêtés à Belgrade il y a une dizaine de jours. Selon le ministre de l’Information, Goran Matic, le complot avait été organisé « par des membres des services secrets français ». Le chef de ces « terroristes » se nommerait « Jugoslav Petrusic » se serait un officier ayant la double nationalité française et yougoslave. Lors de ses interrogatoires, il aurait avoué avoir tué une cinquantaine de personnes « à la demande des services secrets français ». Le ministre l’accuse en outre d’avoir participé au massacre de Srebrenica, en 1995, lors du conflit bosniaque.
Reprise à Niš du procès de Flora Brovina, fondatrice de la Ligue des femmes albanaises du Kosovo, accusée d’avoir fourni de l’aide à l’UCK. Elle risque 15 ans de prison.
vendredi 26 novembre
Paris a démenti toute implication dans un quelconque projet d’attentat contre Milosevic : « De telles allégations sont sans fondement ». La section d’intérêts français à Belgrade, qui travaille dans le cadre de l’ambassade suisse, a été chargée de demander des éclaircissements aux autorités yougoslaves.
dimanche 28 novembre
Se référant à la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU, le ministre yougoslave des Affaires étrangères, Zivadin Jovonovic, a revendiqué le retour d’une partie de la police et de l’armée yougoslave au Kosovo et sur les frontières avec l’Albanie et la Macédoine. Il est vrai que sur 6 000 policiers internationaux prévus, l’administration onusienne ne dispose que de 1 700 hommes. D’où de graves débordements.
nuit du dimanche 28 au lundi 29 novembre
De jeunes Kosovars albanais, qui célébraient leur « fête du drapeau » à Pristina ont lynché un Serbe de 62 ans et battu sa femme et sa belle-mère qui ont dû être hospitalisées.
lundi 29 novembre
22 élus municipaux de Bosnie-Herzégovine, serbes, musulmans et croates, ont été limogés pour obstruction à l'accord de paix, ont annoncé, à Sarajevo, le Haut représentant civil Wolfgang Petritsch et le chef de la mission de l’OSCE Robert Barry. Ces élus ont soit refusé de mettre en place les organismes destinés à aider le retour des réfugiés, soit bloqués les efforts pour instaurer les droits élémentaires à l’enseignement. Il leur est de plus interdit de se présenter aux élections municipales d’avril 2000. Parmi eux, le maire nationaliste serbe de Banja Luka, Dordje Umicevic, a annoncé qu’il refusait cette mesure.
mercredi 1er décembre
Belgrade continue d’affirmer que les services de renseignement français sont impliqués dans la formation du groupe « Araignée » : cinq Serbes récemment arrêtés, dont l’une des missions était d’assassiner Milosevic. Le quotidien pro-gouvernemental Politika affirme qu’ « Araignée » a été formée à la veille des bombardements de l’OTAN contre la Yougoslavie pour « mener des actions de subversion au Kosovo », financées par la DST française. L’une de ces actions consistait à liquider le chef de l’UCK de la région de Podujevo, mais il n’a pu être localisé. Le TPI confirme de son côté qu’il « connaît » certains membres du groupe « Araignée » depuis la guerre en Bosnie. Cependant, le TPI ne veut pas intervenir pour le moment.
vendredi 3 décembre
L’Union européenne a été contrainte de renvoyer en Macédoine 14 camions-citernes qui devaient livrer du fuel de chauffage aux villes serbes de Niš et de Pirot, toutes deux dirigées par l’opposition à Milosevic. Ces camions étaient bloqués depuis neuf jours à la frontière par Belgrade qui a multiplié les tracasseries administratives. Néanmoins, le programme « Energie pour la démocratie » va se poursuivre et de nouvelles livraisons « sont en préparation ». Dans le même temps, les autorités de Belgrade ont décidé de livrer du mazout à la ville de Niš.
Trois soldats de la Kfor, deux Français et un Belge, ont été arrêtés par les forces serbes, après avoir traversé par erreur la frontière entre le Kosovo et la Serbie.
samedi 4 décembre
Les forces serbes ont relâché les trois soldats de la KFOR arrêtés la veille.
dimanche 5 décembre
Les enquêteurs de l’OSCE sur les atrocités commises par les Serbes durant la guerre du Kosovo ont remis leur rapport. Il dresse une liste des horreurs constatées. Celles-ci touchent les femmes, les enfants et les jeunes Albanais : enfants décapités, seins des femmes coupés, fœtus mutilés, viols multiples. Toutefois, le rapport indique que ces horreurs ne se sont généralisées qu’après le début des frappes de l’OTAN, par « désir de revanche ».
lundi 6 décembre
Après les horreurs serbes, la vengeance albanaise : les crimes ou exactions des Albanais, après l’entrée des troupes de l’OTAN, font également l’objet d’un rapport accablant : églises orthodoxes saccagées, maisons détruites, personnes battues, enlevées ou assassinées ; toutes les minorités ethniques - Serbes, tziganes, Goranci (Slaves musulmans), Croates - sont contraintes à l’exil. Les victimes sont serbes, mais aussi tsiganes ou albanaises (catholiques surtout). La violence frappe de plus en plus les Albanais eux-mêmes : membres de la LDK harcelés par les militants de l’UCK ; ancien collaborateurs du régime serbe. Si la violence continue à se maintenir à un niveau inacceptable au Kosovo, l’ambassadeur Daan Everts, chef de la mission de l’OSCE au Kosovo, met cependant en garde : « Il y a une nette différence qualitative dans la violence » entre les périodes avant et après l’intervention de l’OTAN. Pourtant, la violence au Kosovo a atteint, au cours des derniers jours, des sommets jamais dépassés depuis le début du mois de juin.
nuit du lundi 6 au mardi 7 décembre
Une première citerne transportant du fuel fourni par l’Union européenne est entrée à la centrale de chauffage de Niš, une ville du sud de la Serbie gérée par l’opposition à Milosevic.
vendredi 10 décembre
Selon un hebdomadaire croate, l’ancien leader serbe bosniaque Radovan Karadzic se cacherait dans un bunker à Pale, près de Sarajevo. Recherché par le TPI, l’homme serait caché « dans les profondeurs d’une forêt » et disposerait de nombreux « gardes du corps déguisés en paysans ».
mardi 14 décembre
Le TPI a condamné Goran Jelisic, qui se faisait appeler « l’Adolf serbe de Bosnie » à 40 ans de prison pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre. C’est la plus lourde peine infligée jusqu’à présent par le TPI. Cet ancien ouvrier agricole avait 23 ans au moment des faits qui lui sont reprochés : des crimes commis dans le camp de Brcko, au nord de la Bosnie, en mai 1992. Les trois juges ont rappelé qu’il se vantait alors d’avoir pris l’habitude de « tuer 20 à 30 personnes avant son café du matin ». Les procureurs se sont dit « incapables de fixer le nombre exact de ses victimes », mais ils ont estimé qu’il « dépassait certainement de beaucoup la centaine ». Les juges ont recommandé un « suivi psychologique ou psychiatrique ».
mercredi 15 décembre
Un accord a été signé entre Bernard Kouchner et trois dirigeants kosovars albanais pour la création d’une « administration conjointe » du Kosovo. Il a pour ambition de faire participer les partis politiques et les différentes communautés au fonctionnement du Kosovo. Aucun serbe n’a assisté aux négociations ni à la cérémonie de signature. Un porte-parole de l’ONU assure que les administrateurs internationaux sont toujours à la recherche d’un représentant serbe.
samedi 18 décembre
La dernière manifestation contre le président yougoslave Milosevic a réuni dans la soirée 300 personnes à Belgrade, place de la République. Trois mois de marches et manifestations de moins en moins suivies n’ont pas fait évoluer la situation politique en Yougoslavie, encore moins poussé son président à la démission. La coalition d’opposition Alliance pour des changements, qui a préféré les suspendre, affirme néanmoins vouloir à nouveau recourir à ces marches de protestation, à l’avenir.
dimanche 19 décembre
Au Kosovo, les médecins-chefs de l’hôpital de Kosovska Mitrovica ont refusé le retour des médecins albanais. Ils lient ce retour à celui des réfugiés serbes qui ont quitté le Kosovo depuis juin dernier. L’ONU menace de retirer son drapeau de l’hôpital et d’ouvrir un centre de soins au sud de Mitrovica pour les Albanais.
lundi 20 décembre
Les dirigeants occidentaux demandent à l’opposition serbe, minée par des rivalités entre ses dirigeants, de parvenir, sous deux mois, à une plate-forme politique commune sous peine de perdre leur soutien.
jeudi 23 décembre
Match international de football non officiel : au Stade Olympique de Montjuïc, à Barcelone, l’équipe de Catalogne a battu la Serbie-Monténégro un but à zéro.
lundi 27 décembre
Une grenade lancée dans un bar de Vitina, dans le sud-est du Kosovo, a fait dix blessés, dont deux grièvement atteints. Tous sont des Serbes.
mardi 28 décembre
Vuk Draskovic, le leader serbe du SPO, a proposé à l’ensemble des principes forces d’opposition à Milosevic de se réunir le 10 janvier pour discuter d’une stratégie commune dirigée contre le président yougoslave. Selon la radio indépendante B-92, qui a diffusé cette information, cette réunion sera centrée sur « la lutte de l’opposition démocratique pour des élections anticipées et démocratiques en Serbie à tous les échelons ».