vendredi 3 janvier
Le Parlement bosniaque a approuvé le nouveau gouvernement et ses deux co-Premier ministres, le Musulman Haris Silajdzic et le Serbe Boro Bosic. Bien que 42 membres de la chambre fussent présents, les deux scrutins permettant au gouvernement d'entrer en fonction n'ont enregistré que 37 voix et 1 abstention... Boro Bosic a présidé la première réunion du nouveau gouvernement à Lukavica, faubourg serbe de Sarajevo.
samedi 11 janvier
Alija Izetbegovic et Kresimir Zubak, les membres musulman et croate de la présidence bosniaque, ont signé un accord qui marque une nouvelle étape vers la création d'une armée commune de la Fédération croato-musulmane. Cet « accord structurel » engage formellement l'armée de Bosnie-Herzégovine (musulmane) et le Conseil de défense croate (HVO) à devenir une force commune.
mardi 14 janvier
Les 18 000 personnes portées disparues pendant la guerre en Bosnie sont « vraisemblablement mortes ». C'est la conviction du président du CICR, Cornelius Sommaruga.
jeudi 16 janvier
Dans la soirée, Nikola Koljevic, ancien vice-président de l'entité serbe de Bosnie, s'est tiré une balle dans la tête dans son bureau de Pale. Il a été évacué en urgence vers Belgrade, à bord d'un hélicoptère de l'OTAN. On ignore les raisons de son geste.
vendredi 17 janvier
Les trois communautés de Bosnie ont été sommées par les forces de l'OTAN de déclarer et de cantonner tout leur armement avant le 14 mars à minuit. L'ultimatum est assorti d'une menace : « Si ces obligations ne sont pas respectées, nous agirons en conséquence ».
lundi 20 janvier
Les Serbes de Bosnie ont tiré dans la soirée, à l'arme automatique, sur la ville croate de Slavonski Brod, frontalière avec la Bosnie. C'est le premier incident de ce genre depuis les accords de Dayton. Les tirs étaient dirigés sur la promenade principale de la ville, séparée de la Bosnie par la rivière Save.
mardi 21 janvier
Les extrémistes croates de Mostar poursuivent en toute impunité leur campagne de « purification ethnique ». La plupart des victimes sont des personnes âgées, sans défense, expulsées de chez elles sans que la police croate y trouve à redire. Les « policiers de l'ONU », eux, n'ont ni arme ni pouvoir, et leur mandat est d'ailleurs sérieusement remis en question, dans ces conditions, par les Musulmans. Quant aux soldats de la Force de stabilisation de l'OTAN, ils refusent toute intervention. Leur porte-parole a crûment expliqué qu'ils n'étaient « pas chargés de faire la police »...
Les Serbes de Bosnie ont entrepris le procès d'Alija Izetbegovic, président de la direction collégiale bosniaque et chef de l'Etat. Il est accusé de « crimes de guerre », et notamment d'avoir organisé la torture et l'assassinat de prisonniers de guerre, d'avoir attaqué des hôpitaux et détruit des lieux de culte orthodoxes, en sa qualité de chef de l'armée musulmane pendant la guerre qui a déchiré la Bosnie, entre le 1er mai 1992 et le 14 décembre 1995. Le procès s'est ouvert devant la cour d'assise de Banja Luka. Un procès à l'image de la situation en Bosnie : ambigu. Et on parle, sans rire, tous les jours, à Pale, comme à Sarajevo, de « réconciliation ».
mercredi 22 janvier
En Bosnie, à Gajevi, 36 familles musulmanes devaient regagner leur village. Mais les « forces spéciales » de Pale se sont empressées de miner les voies d'accès et le HCR a tourné les talons, car le contingent russe de l'Otan stationné dans la région avait reçu l'ordre de ne pas toucher aux mines.
jeudi 23 janvier
L'ONU a officiellement rejeté les arguments avancés par les responsables de l'entité serbe de Bosnie pour refuser de livrer au tribunal de La Haye Radovan Karadzic et Ratko Mladic. L'ONU réitère sa demande et insiste : « La coopération inconditionnelle avec le tribunal international est impérative ».
Il a fallu la protection des soldats américains de l'OTAN pour permettre le retour d'anciens habitants musulmans de Gajevi, au nombre d'une dizaine, dans leur village en zone serbe.
dimanche 26 janvier
Des manifestants serbes bosniaques ont attaqué des réfugiés musulmans dans un village en zone serbe, Gajevi. L'un des réfugiés, qui étaient rentrés sous la protection américaine le 23 janvier, a été blessé et les maisons en reconstruction ont été détruites. Le HCR estime que ces incidents « alarmants » remettent en question « la totalité du programme de retour des réfugiés ».
mardi 28 janvier
Les élections municipales en Bosnie auront lieu les 12 et 13 juillet, a annoncé Robert Frowick, chef de la mission de l'OSCE. Ces élections étaient initialement prévues en septembre 1996.
vendredi 31 janvier
500 habitants de Stolac, ville croate au sud de la Bosnie, ont empêché la réinstallation de neuf familles musulmanes en les chassant à coups de pierre. La police croate n'a rien fait pour empêcher les projectiles de voler, incitant même la foule à avancer. Les quelques soldats de la Sfor ont été les premiers à se replier dans la débandade la plus totale, laissant les réfugiés, les policiers internationaux (non armés) et les délégués du HCR sans défenses.
dimanche 2 février
Radovan Karadzic, l'ex-leader des Serbes de Bosnie, menace de « reprendre la guerre » en Bosnie si la ville de Brcko n'est pas cédée aux Serbes. L'accord de Dayton prévoit un arbitrage international sur le « corridor de Brcko », qui permettrait la continuité territoriale des zones sous contrôle serbe. L'ancien leader serbe affirme dans un quotidien grec : « On ne peut pas parler d'accord de paix au sujet de Dayton, puisqu'il n'est pas fondé sur la justice. C'est un simple cessez-le-feu ».
lundi 3 février
L'arrestation de Radovan Karadzic devient urgente après son appel à la reprise de la guerre pour la ville de Brcko, a affirmé le Haut représentant civil en Bosnie, Carl Bildt. Les autorités serbes de Bosnie ont démenti que leur ex-dirigeant ait tenu de tels propos. Ils prétendent que cette interview est fausse.
jeudi 6 février
Le gouvernement central de Bosnie-Herzégovine devrait présenter sa démission si aucun accord n'est trouvé sur les règles de travail.
vendredi 7 février
Le Parlement de l'entité serbe de Bosnie refuse de transférer le gouvernement de la Republika Srpska à Banja Luka, la plus grande ville serbe de Bosnie. C'est l'opposition qui exige le transfert de la « capitale » vers cette ville dont l'infrastructure est nettement plus développée que celle de Pale.
lundi 10 février
Après leur avoir jeté des pierres, des policiers croates ont ouvert le feu sur un millier de Musulmans venus se recueillir dans un cimetière du secteur croate de Mostar. Un musulman a été tué et une trentaine d'autres ont été blessés par balles, dont le mufti de Mostar, Seid Smajkic. Deux policiers croates ont reçu des coups de couteau. Les policiers croates ont poursuivi leur campagne de terreur en expulsant des familles musulmanes.
mardi 11 février
A Mostar, entre la veille et ce jour, 26 familles musulmanes ont été expulsées de leur maison par des policiers croates. Les forces de l'OTAN ont renforcé leur dispositif, mais elles refusent d'intervenir directement.
jeudi 13 février
Situation explosive en Bosnie : 14 mois après l'accord de Dayton, la Cour arbitrale internationale, présidée par un Américain, a décidé d'abandonner Brcko aux Serbes. Les musulmans, se sentant « trahis », menacent de reprendre eux-mêmes la ville. Les Américains ont aussi décidé de placer Brcko sous l'autorité temporaire d'un « superviseur » américain chargé de veiller au retour des musulmans et des Croates chassés de la ville en 1992. Toutes les unités de la Sfor, essentiellement américaine dans cette région, sont en état de « préalerte ». Les Serbes affirment avoir reçu de Washington l'assurance que leurs exigences seraient satisfaites. Et promettent de reprendre les hostilités si, changeant d'avis, les Américains rendaient Brcko aux Croato-Musulmans.
nuit du jeudi 13 au vendredi 14 février
Des tirs ont été entendus à Mostar. La Sfor reste en état d'alerte après les violences qui ont eu lieu au début de la semaine.
vendredi 14 février
La Cour arbitrale internationale a décidé que Brcko resterait territoire serbe, en attendant une décision finale en mars 1998. Aucun des possibles candidats au contrôle de la ville n'est à l'heure actuelle « suffisamment stabilisé » pour que puisse être rendue la décision finale. Entre temps, la ville sera administrée par un superviseur américain. Des élections municipales « libres et honnêtes » seront organisées, sous contrôle international, probablement en même temps que celles prévues les 12 et 13 juillet dans l'ensemble de la Bosnie. Enfin, le port fluvial de Brcko sur la Save, frontière naturelle avec la Croatie, est placé sous l'autorité de la Régie des transports de Bosnie-Herzégovine. La décision de la commission n'a pas été bien reçue par les Musulmans et les Croates.
A Sarajevo, le porte-parole de l'ONU Alexander Ivanko a, par ailleurs, déclaré que 35 cas d'expulsions de musulmans du secteur ouest de Mostar ont été rapportés à la suite d'incidents.
samedi 15 février
L'opposition serbe a mis un terme à 88 jours de manifestations ininterrompues, mais elle a averti le pouvoir qu'elle les reprendrait si sa prochaine exigence, la libération des médias, n'était pas rapidement satisfaite (« jusqu'au 9 mars »). Devant des milliers de manifestants réunis dans le centre de Belgrade, les trois chefs de la coalition Ensemble ont annoncé l'organisation, le 21 février, à Belgrade, d'une « grande fête de la victoire » pour l'entrée en fonction du nouveau conseil municipal et des 13 autres conseils municipaux.
mardi 18 février
Partout où il a été battu aux municipales du 17 novembre, par l'opposition, le Parti socialiste serbe de Slobodan Milosevic a décidé d'exclure ses responsables locaux. Dans toutes les localités qu'il a perdues, des élections internes anticipées vont avoir lieu pour le renouvellement des comités locaux du SPS, « afin de le renforcer et de le consolider ».
mercredi 19 février
Vers 4 heures, un blindé espagnol de la Sfor a été touché par une roquette à Mostar.
jeudi 20 février
Deux engins explosifs ont été lancés contre l'église Saint-Antoine et un couvent franciscain à Sarajevo. L'attentat n'a fait que des dégâts matériels.
samedi 22 février
Match amical de football : à Kuala Lumpur (Malaisie), la Bosnie-Herzégovine a battu le Viêtnam quatre buts à zéro.
lundi 24 février
L’église catholique de Donji Vakuf a été sérieusement endommagée par une explosion.
Match amical de football : à Kuala Lumpur, le Zimbabwe et la Bosnie-Herzégovine ont fait match nul deux à deux.
mardi 25 février
Des policiers croates habillés en civils ont tiré sur des musulmans qui se recueillaient dans un cimetière de Mostar le 10 février, selon un rapport de l'ONU. Ce document a pour but de déterminer les responsabilités dans les affrontements qui avaient suivi, faisant un mort et 34 blessés. Selon le rapport, le chef adjoint de la police a été photographié en train de tirer sur la foule.
Quelque 25 000 personnes sont toujours portées disparues dans l'ex-Yougoslavie (dont 20 000 en Bosnie), selon un rapport de l'ONU.
mercredi 26 février
Les autorités croates de Mostar (maire Ivan Prskalo) ont refusé de limoger le chef de la police, d'arrêter son conjoint et cinq policiers accusés de meurtres le 10 février par les Nations unies.
Match amical de football : à Kualua Lumpur, la Bosnie-Herzégovine a battu l’Indonésie deux buts à zéro.
jeudi 27 février
Un appel téléphonique anonyme au bureau d'information sur le voyage du pape à Sarajevo a affirmé que Jean-Paul II serait tué s'il se rend, comme prévu, le 13 avril dans la capitale bosniaque.
vendredi 28 février
La République fédérale de Yougoslavie et la Republika Srpska ont signé à Belgrade un accord établissant entre elles des « liens spéciaux ».
Match amical de football : à Kuala Lumpur, la Malaisie a été battue par la Bosnie-Herzégovine un but à zéro.
dimanche 2 mars
Match amical de football : à Kuala Lumpur, la Chine a battu la Bosnie-Herzégovine trois buts à zéro.
jeudi 6 mars
Déjà reportées à plusieurs reprises, les élections locales en Bosnie, qui devaient avoir lieu en juillet, auront finalement lieu les 13 et 14 septembre. Le président de l'OSCE, qui organise ce scrutin, justifie ce nouveau report par la nécessite de préparer des élections « de haute qualité », dont les résultats soient « respectés ».
vendredi 7 mars
Le recteur de l'université de Belgrade, Dragutin Velickovic, a démissionné. Il avait promis de le faire si les étudiants reprenaient les cours. Ce que ces derniers ont fait. L'intérim sera assuré par le vice-recteur Tomislav Dragovic, professeur à la faculté de génie mécanique de Belgrade.
samedi 8 mars
Les étudiants serbes, qui souhaitent moins de pressions politiques à l'université, ont manifesté en grand nombre à Belgrade.
dimanche 9 mars
Les opposants au pouvoir de Milosevic étaient de nouveau dans les rues de Belgrade, par dizaines de milliers, pour exiger la démocratisation du régime serbe et un accord sur les conditions dans lesquelles les élections présidentielle et législatives se dérouleront à la fin de l'année. Les leaders de l'opposition donnent dix jours au président pour engager le dialogue.
lundi 10 mars
Le gouvernement du président Milosevic a publié un projet limitant l'audience des radios et des télévisions privées. Présenté comme une « loi anti-monopole destinée à protéger le secteur privé contre le monopole que pourrait s'arroger une personnes ou une institution », il est clair que le texte renforce la toute puissance des médias financés par l'Etat.
mardi 11 mars
Des soldats de la Sfor ont supprimé huit barrages routiers illégaux dans le secteur croate et un autre dans le secteur musulman autour de Mostar.
samedi 15 mars
Le Parlement de la Republika Srpska (RS) a ratifié par 61 voix sur 72 le « traité » établissant des « relations spéciales » entre l'entité serbe de Bosnie et Belgrade. Un vote acquis malgré l'opposition de la présidente de la RS, Biljana Plasic, qui le juge « nul et non avenu » et malgré l'avis défavorable du haut représentant civil européen en Bosnie, le Suédois Carl Bildt. Selon la constitution de Bosnie-Herzégovine, les accords de ce genre doivent recueillir l'approbation préalable du parlement central bosniaque, composé de Croates, de Serbes et de Musulmans.
mardi 18 mars
Président de la Fédération de Bosnie depuis trois ans, le Croate Kresimir Zubak (NHI) est remplacé par Vladimir Soljic (HDZ), Croate également.
jeudi 20 mars
Le Parlement yougoslave a ratifié le traité établissant des « relations spéciales » entre Belgrade et la Republika Srpska.
A trois semaines du voyage du pape Jean-Paul II à Sarajevo, deux nouveaux attentats ont endommagé des églises catholiques dans le centre de la Bosnie, à Humac, près de Bugojno, et à Gornje Puticevo, près de Travnik. Les dégâts sont matériels.
vendredi 21 mars
L'accord établissant des relations spéciales entre Belgrade et les Serbes de Bosnie est une violation de l'accord de paix de Dayton, a affirmé Carl Bildt.
vendredi 28 mars
Il existe toujours des stocks d'armes chimiques dans les pays de l'ex-Yougoslavie. Ce sont autant de menaces pour la paix dans cette région, estime Human Rights Watch, une organisation non gouvernementale, dans un rapport distribué à Sarajevo. Sur les quatre centres de productions d'armes chimiques identifiés, trois se trouvent en Serbie et un près de Mostar, dans le sud de la Bosnie. Il semble que seul le gouvernement bosniaque ait arrêté la production de ces armes.
mardi 1er avril
Le Conseil de sécurité des Nations unies a autorisé le déploiement des 186 policiers internationaux dans la zone sensible de Brcko. Le Conseil estime, par ailleurs, qu'il importe de veiller à ce que les 1 700 policiers de l'ONU déjà déployés soient en mesure de s'acquitter de « toutes les tâches » qui leur ont été confiées, notamment en rapport avec le respect des droits de l'homme.
mercredi 2 avril
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Koševo de Sarajevo, la Bosnie-Herzégovine a été battue par la Grèce un but (Frantzeskos) à zéro, devant 33 000 spectateurs.
vendredi 4 avril
A quelques jours de la visite du pape (12 et 13 avril), une cache d'armes a été découverte par une patrouille de la Sfor dans un immeuble abandonné de Sarajevo : il y avait deux grenades, une roquette antichar, deux mines, quatre fusils lance-grenades et deux caisses d'explosifs et de munitions.
dimanche 6 avril
Trois roquettes ont été tirées contre un monastère franciscain, à une soixantaine de kilomètres de Sarajevo.
Représentant de la maison impériale d'Autriche, Otto de Habsbourg a déposé une gerbe de fleurs près du pont de Sarajevo où son oncle, l'archiduc Ferdinand, a été assassiné par un Serbe le 28 juin 1914. C'est la première fois qu'un membre de la maison d'Autriche se rend à Sarajevo depuis cet assassinat qui avait déclenché la Première Guerre mondiale.
samedi 12 avril
Le pape Jean-Paul II est arrivé à Sarajevo. Sa visite n'a pas soulevé que de l'enthousiasme : le membre serbe de la présidence collégiale de Bosnie-Herzégovine, Momcilo Krajisnik, a prétexté des raisons de sécurité personnelle pour ne pas accueillir le pape à l'aéroport avec ses deux collègues musulmans et croates. Faute d'accord entre eux trois, il n'a eu ni hymnes nationaux ni garde d'honneur sur le tarmac. Par ailleurs, grâce à la vigilance d'un ouvrier, la police bosniaque a désamorcé 23 mines antichars et d'autres explosifs (150 kilos) reliés à un détonateur muni d'une commande à distance. Ce matériel se trouvait sous un pont du parcours de l'aéroport à la cathédrale de Sarajevo.
dimanche 13 avril
40 000 personnes, principalement des Croates de Bosnie, ont assisté à la messe du pape au stade olympique Kosevo. Ils étaient arrivés le matin à bord d'autobus des quatre coins de la Bosnie. Puis le Pape a quitté le pays.
dimanche 20 avril
Il y a cinq ans que les habitants de Sarajevo ne pouvaient plus téléphoner sans passer par des opérateurs manuels. La poste bosniaque a rétabli les appels automatiques en direction de 174 pays. Les communications avec l'entité serbe de Bosnie restent toutefois inaccessibles en automatique.
mardi 22 avril
Alija Izetbegovic, membre (musulman) de la présidence collégiale bosniaque, a exigé des sanctions contre les Serbes et les Croates qu'il accuse de nombreuses violations de l'accord de paix de Dayton. Ces accusations figurent dans une lettre adressée à Carl Bildt, représentant de la communauté internationale, dont le porte-parole assure qu'il « partage totalement l'inquiétude du président Izetbegovic ». Le président bosniaque accuse également la Serbie et la Yougoslavie (Serbie et Monténégro) de ne pas réduire leurs armements, comme prévu à Dayton, et de poursuivre la purification ethnique.
mercredi 23 avril
Un colonel italien de la Sfor en Bosnie a été trouvé mort dans la matinée à la base militaire de Mostar. Selon un porte-parole de la Sfor, l'officier a été tué par une balle provenant de sa propre arme.
jeudi 24 avril
Un tribunal de Zvornik (entité serbe de Bosnie) a condamné à 21 ans de prison trois des sept musulmans bosniaques accusés du meurtre de quatre bûcherons serbes.
jeudi 1er mai
La conférence des pays donateurs, qui doit en principe réunir plus de 8 milliards de francs cette année pour la reconstruction de la Bosnie, a été annulée. Selon le bureau de Carl Bildt, « la conférence n'aura pas lieu tant qu'un accord ne sera pas trouvé au sein du gouvernement bosniaque sur une série de lois économiques ».
mercredi 7 mai
Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie) a rendu, à l'issue du premier procès de son histoire, un jugement de Salomon : il a reconnu le Serbe de Bosnie, Dusan Tadic, coupable de crimes contre l'humanité et de tortures mais non de meurtres. Il a décidé de faire appel.
jeudi 8 mai
La police des Serbes de Bosnie ont arrêté un ancien chef de guerre croate, Ivan Mijacevic, alors qu'il allait se recueillir sur les tombes de sa famille. Mijacevi (40 ans) commandait la septième brigade des forces croates de Bosnie. Accusé d'avoir ordonné un bombardement à Modrica en novembre 1993, il a été incarcéré à Doboj (nord) en attente de son procès prévu le 2 juillet, a annoncé la radio bosniaque.
vendredi 9 mai
Le président bosniaque Alija Izetbegovic a demandé la libération d'Ivan Mijacevic, arrêté la veille par les Serbes de Bosnie, les accusant de violer les accords de paix de Dayton.
mercredi 21 mai
Un nouveau charnier vient d'être découvert en Bosnie, dans la région de Bihac. Il renferme les dépouilles de près de 300 victimes musulmanes et croates exécutées en 1993 par les Serbes de Bosnie. Certaines des victimes étaient encore vivantes lorsqu'elles ont été précipitées dans cette fosse naturelle profonde d'une centaine de mètres. Une équipe d'experts doit maintenant procéder à l'exhumation des corps pour les identifier.
jeudi 22 mai
L'OSCE a été contrainte de fermer 5 des 420 bureaux ouverts en Bosnie pour l'enregistrement des électeurs, après la découverte de tentatives de fraude et pour des raisons de sécurité. Les élections municipales auront lieu les 13 et 14 septembre et les électeurs doivent s'inscrire avant le 16 juin, mais de nombreuses tentatives de fraudes ont déjà été constatées dans l'entité serbe. Initialement prévu en septembre 1996, ce scrutin a déjà été reporté à quatre reprises et la rumeur d'un nouveau report circule déjà à Sarajevo.
vendredi 23 mai
Le procès du général croate de Bosnie Tihomir Blaskic, s'ouvrira le 23 juin au tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie. Le général Blaskic (37 ans) est accusé d'avoir préparé et commis des crimes de guerre dans la vallée de la Lasva (centre de la Bosnie) contre la population musulmane entre 1992 et 1994. En tant que commandant des forces croates de Bosnie (HVO), il est également tenu pour responsable des crimes commis par ses soldats.
mardi 27 mai
Les Emirats arabes unis vont livrer ces jours-ci une centaine de blindés de fabrication française à la Fédération croato-musulmane. Cette fourniture s'inscrit dans le cadre du programme « Entraînement et Equipement », une initiative américaine dotée d'un budget de près de 2 milliards et demi de francs, destinée à rééquilibrer les forces militaires en présence en Bosnie.
jeudi 29 mai
Les autorités de Serbie ont affirmé leur refus de livrer au TPI des criminels de guerre présumés, à deux jours de la visite à Belgrade du secrétaire d'Etat américain, Madeleine Albright. « Les criminels de guerre seront jugés dans notre pays comme le dictent notre Constitution et nos lois, à condition qu'il y ait des preuves solides qu'ils ont pu commettre de tels actes », a déclaré Iva Dacic, porte-parole du Parti socialiste.
du samedi 31 mai au dimanche 1er juin
La secrétaire d'Etat américaine Madeleine Albright a fait la tournée des trois capitales du conflit de l'ex-Yougoslavie : Zagreb, Belgrade et Sarajevo. Pour redire aux dirigeants croates, bosniaques et serbes l'urgence d'une mise en œuvre effective des accords de Dayton. Des Croates, elle a exigé le retour des réfugiés serbes ; aux Serbes, elle a réclamé la démocratisation du pays et la remise des criminels de guerre au TPI ; aux Bosniaques, elle a demandé la mise en place d'institutions communes et l'arrestation des criminels de guerre.
mercredi 4 juin
Près de Brcko, port fluvial bosniaque frontalier de la Croatie, la communauté internationale va tenter de recréer une société multiethnique dans six villages situés de part et d'autre de la ligne qui sépare la fédération croato-musulmane de l'entité serbe de Bosnie. Robert Farrand, le diplomate américain chargé de superviser l'administration serbe de Brcko, parle de « faire revenir des habitants des trois communautés et de recréer un climat de confiance ». Une vraie gageure, au voisinage de l'une des villes les plus touchées par la « purification ethnique » au cours de la guerre.
samedi 7 juin
A Stolac, une ville du sud de la Bosnie contrôlée par les Croates, onze maisons appartenant à des Musulmans bosniaques ont été incendiées.
dimanche 8 juin
Eliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au stade Parken de Copenhague, le Danemark a battu la Bosnie-Herzégovine deux buts (Rieper et Molnar) à zéro, devant 41 592 spectateurs (c’était la première fois que ces deux sélections s’affrontaient).
lundi 9 juin
Une session du Parlement commun aux deux entités bosniaques a été annulée, les Serbes refusant d'y participer. Il s'agissait pourtant d'une session cruciale, puisqu'elle devait adopter une série de lois économiques exigées par la Communauté internationale, portant notamment sur la législation douanière, le commerce extérieur, le budget et le règlement de la dette extérieure. Haris Silajdzic, le co-Premier ministre musulman espère que la conférence des pays donateurs, qui devait se tenir le 24 juin à Bruxelles (Belgique), ne sera pas annulée une nouvelle fois (initialement prévue en décembre 1996 et déjà reportée plusieurs fois). Il souhaite que ce soient « les responsables du blocage » - les Serbes - qui seront privés de l'aide financière internationale.
mardi 10 juin
Les ministres des Affaires étrangères des pays balkaniques (Albanie, Bulgarie, Grèce, Macédoine, Roumanie, Serbie et Turquie) se sont engagés à Salonique (Grèce) à s'abstenir « de tout recours à la violence » pour régler leurs différends et à respecter « les droits de souveraineté de chaque pays ». Ils ont également demandé la « pleine application » des accords de Dayton sur la paix en Bosnie-Herzégovine. Ce pays était représenté, à titre d'observateur, ainsi que la Croatie.
mercredi 11 juin
L'inscription pour les élections municipales de septembre à Brcko, ville sous contrôle serbe, dans le nord de la Bosnie, a donné lieu à des fraudes massives. C'est ce qu'a annoncé l'OSCE. Le centre d'inscription a été fermé.
lundi 16 juin
Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie poursuivi pour crimes de guerre, est attendu le mois prochain à Belgrade où aura lieu le mariage de son fils. C'est un mensuel yougoslave qui publie cette information, ajoutant que le général Mladic « ne se soucie ni des réactions » que sa présence peut susciter « ni du risque d'être arrêté » car il change fréquemment de résidence. Sa famille, de toute façon, réside dans la capitale serbe où il a déjà été vu à plusieurs reprises, suscitant à chaque fois les protestations du TPI.
mardi 24 juin
Le procès du général croate de Bosnie Tihomir Blaskic s'est ouvert à La Haye devant le TPI. C'est le premier officier supérieur à être jugé pour sa responsabilité hiérarchique dans des crimes contre l'humanité. Il est accusé d'avoir préparé, planifié, ordonné et commis des crimes de guerre dans la vallée de la Lasva (centre de la Bosnie) contre la population civile musulmane de mai 1992 à mai 1994. Commandant des forces croates de Bosnie (HVO), il est également tenu responsable des crimes de ses soldats, qui ont pris des « boucliers humains » civils pour protéger leurs positions.
mercredi 25 juin
Devant le Conseil de l'OTAN à Bruxelles, le général Joulwan, commandant suprême des forces alliées en Europe, a fait part de son inquiétude sur l'évolution de la situation en Bosnie si l'OTAN quitte le pays au milieu de l'an prochain. Le Congrès américain, qui se méfie des véritables intentions du président américain Clinton, a justement fait savoir qu'il couperait les fonds aux forces américaines qui y sont déployées, afin de contraindre le président à les rapatrier en juin 1998 comme il l'a promis.
vendredi 27 juin
L'OTAN a décidé de renforcer la Sfor afin de garantir la bonne tenue des élections municipales de Bosnie des 13 et 14 septembre. 3 000 hommes devraient compléter avant la fin octobre, les effectifs actuels (31 000 hommes).
lundi 30 juin
La guerre entre la présidente de la Republika Srpska, Biljana Plavsic, et son propre parti, le SDS, a été déclenchée par le limogeage (quand ?) de Dragan Kijac, ministre de l'Intérieur de l'entité serbe. Mme Plavsic entendait ainsi sanctionner son ministre pour deux fautes : son refus de coopérer avec la police internationale à la recherche des criminels de guerre inculpés par le TPI et sa décision de supprimer, sans en référer à la présidence, le service du renseignement et du contre-espionnage de la brigade antiterroriste de Banja Luka. La présidente est revenue à la charge, en accusant le ministre limogé d'avoir couvert « un trafic illégal et de contrebande » au profit de quelques personnages importants de l'Etat.
mardi 1er juillet
L'OSCE vient d'interdire aux personnes recherchées ou inculpées pour crimes de guerre de participer aux élections municipales en Bosnie. Cette décision a été prise après avoir constaté que Radovan Karadzic avait réussi à s'inscrire sur les listes électorales. Il a contourné l'interdiction qui lui est faite de paraître en public en se faisant passer pour malade : il s'est tout simplement fait inscrire à domicile, chez lui, à Pale. Il continue d'ailleurs de tirer les ficelles de l'entité serbe dans l'ombre : il accuse Biljana Plavsic, présidente de la Republika Srpska de « briser l'unité des Serbes » en se montrant trop conciliante avec la communauté internationale. Le parti au pouvoir à Pale envisage de la destituer ; le gouvernement a d'ailleurs annulé le limogeage du ministre de l'Intérieur, Dragan Kijac, et dénoncé les « décisions illégales » de la Présidente. Dans la soirée, Mme Plavsic a violemment attaqué ses partenaires politiques dans une déclaration télévisée : elle a notamment affirmé que Karadzic continuait de garder un grand pouvoir.
mercredi 2 juillet
Le Parti démocratique serbe (SDS), au pouvoir dans l'entité serbe de Bosnie, est entré en rébellion contre la présidente de la République de Srpska, Biljana Plavsic, pourtant issue de ses rangs. Le SDS a demandé au Parlement de Pale, où il détient la majorité, de préparer la destitution de la présidente au cas où elle refuserait d'appliquer les décisions du gouvernement, soit de démissionner. Mme Plavsic a annoncé qu'elle « réfléchissait » maintenant à la dissolution du Parlement de Pale et au limogeage de son Premier ministre. Le président du Parlement a convoqué, de son côté, une session extraordinaire pour le 4 juillet. Le débat porterait sur l'organisation d'un référendum populaire pour destituer la Présidente. L'armée a fait allégeance à la Présidente, en sa qualité de commandant suprême des forces armées.
jeudi 3 juillet
L'épreuve de force est réellement engagée au sein de la direction des Serbes de Bosnie. Plus rapide que ses anciens amis devenus ensemble, la présidente Plavsic a dissous le Parlement de l'entité serbe de Bosnie qui menaçait de la destituer. Elle a justifié sa décision par le fait que les institutions de la Republika Sprska « n'accomplissent pas leur tâche et menacent la sécurité même de l'Etat ». A peine la dissolution du Parlement était-elle annoncée que le gouvernement publiait un communiqué annulant cette décision au motif qu'elle n'est pas « en accord avec la Constitution ». La présidente a déjà fixé au 1er septembre les prochaines élections législatives. Rien ne dit qu'elles auront lieu.
vendredi 4 juillet
Ignorant la dissolution prononcée par la présidente Plavsic, le Parlement de la République serbe de Bosnie s'est réuni à Pale, pour lui adresser des « conseils ». Un message, au fort goût d'ultimatum, demandait à la présidente de les rejoindre ou de démissionner. Malgré une manifestation de soutien qui a rassemblé 5 000 personnes, la présidente des Serbes de Bosnie semble de plus en plus isolée face à ses anciens amis qui souhaitent maintenir une « ligne dure ». Le Parlement a décidé de siéger en permanence jusqu'au règlement de la crise.
samedi 5 juillet
Le Parlement de la Républika Srpska continue à siéger, malgré sa dissolution.
dimanche 6 juillet
Aucun compromis n'a été trouvé, dans l'entité serbe de Bosnie, pour résoudre la crise née de la dissolution du Parlement de Pale. L'avenir pourrait dépendre de l'attitude de l'armée. Celle-ci, qui avait fait allégeance à la présidente il y a quatre jours, semble s'être rétractée dans une lettre où la décision présidentielle est qualifiée « d'arbitraire et préjudiciable ».
lundi 7 juillet
Mate Boban, le leader des Croates de Bosnie pendant les combats qui les ont opposés aux Musulmans, en 1993 et 1994, a succombé à une crise cardiaque. Sous la pression occidentale, il avait été mis à l'écart lors de la constitution de la Fédération croato-musulmane, mais il restait un « héros » pour de nombreux Croates de Bosnie. Il était soupçonné d'avoir participé à des exécutions de Musulmans en Bosnie centrale, une tuerie qui a conduit à la mise en accusation du général croate Tihomar Blaskic devant le TPI.
mardi 8 juillet
Le président serbe Milosevic a invité la présidente de l'entité serbe de Bosnie, Biljana Plavsic, et son principal détracteur, Momcilo Krajisnik, le représentant serbe au sein de la présidence bosniaque, à venir à Belgrade « pour examiner ensemble les mesures visant à surmonter la crise » que traverse la direction de la Republika Srpska. Le général Pero Colic, chef d'état-major de l'armée serbe bosniaque, est allé à la rencontre de Mme Plavsic à Banja Luka. Il a mis en garde la communauté internationale contre toute intervention dans la crise, qui marquerait « la fin de l'application de l'accord de Dayton ».
mercredi 9 juillet
L'Union européenne a décidé de suspendre son aide (150 millions de francs) à l'entité serbe de Bosnie tant que Karadzic n'aura pas été arrêté. Pour l'instant, il peut continuer de dormir tranquille : le président américain Bill Clinton a déclaré que les criminels de guerre inculpés « doivent être arrêtés si les commandants militaires sur place pensent que le risque encouru est raisonnable ». Or, le chef d'état-major de l'armée américaine vient d'estimer qu'une telle arrestation n'était pas du ressort de la force internationale en Bosnie, mais des autorités locales.
jeudi 10 juillet
Deux semaines après l'arrestation de l'ancien maire de Vukovar, une nouvelle opération a été montée contre des criminels de guerre présumés ayant sévi pendant la guerre en Bosnie. Elle a eu lieu à Priedor (nord-ouest de la Bosnie), conduite par des soldats britanniques de la Sfor. Elle visait l'ancien chef exécutif de la ville, Milan Kovacevic, qui a effectivement été arrêté, et l'ancien chef de la police locale, Simo Drljaca, qui a été tué. Son fils et son beau-frère, qui l'accompagnaient ont été appréhendés. Leurs noms figuraient sur une liste d'inculpation dressée par le TPI, mais tenue secrète pour faciliter leur éventuelle interpellation. Si l'arrestation du premier n'a guère posé de problèmes (ses fonctions officielles le mettent fréquemment en relations avec les soldats de la Sfor), l'arrestation de Drljaca, en revanche, a mal tourné. Au début de l'année, déjà, il avait eu un accrochage avec des soldats tchèques lors d'un contrôle de routine. Pressée par la Communauté internationale, la présidente des Serbes de Bosnie l'avait relevé de ses fonctions de chef de la police de Priedor. Une nouvelle fois, il a ouvert le feu sur la patrouille britannique qui tentait de l'appréhender. S'estimant en état de légitime défense, un soldat qui avait été blessé a riposté, tuant Drljaca. Son chauffeur, semble-t-il, a également été tué. Plusieurs vois se sont aussitôt élevées en Republika Srpska.
vendredi 11 juillet
Après l'opération menée la veille contre des criminels de guerre présumés dans l'entité serbe de Bosnie, les Serbes bosniaques accusent la Sfor d'avoir abusé de son pouvoir. Momcilo Krajisnik, qui représente la Republika Srpska au sein de la présidence bosniaque, assure que la force de l'OTAN est allée « au-delà de ses attributions ». Il craint, dit-il un retour à une « situation identique à celle d'avant la signature de l'accord de Dayton ».
samedi 12 juillet
La Sfor a démenti avoir tenté d'arrêter Slavko Aleksic, un membre du Parti radical serbe, à Pale. A l'occasion de la Saint-Pierre orthodoxe, la présidente de la Republika Srpska, Mme Plavsic, et trois de ses adversaires, dont Momcilo Krajisnik, se sont retrouvés à la présidence à Banja Luka.
dimanche 13 juillet
Un engin explosif a détruit une jeep de l'OSCE garée devant un hôtel de Zvornik, en Republika Srpska.
lundi 14 juillet
Après avoir donné l'impression de rester sur la défensive, faute de trouver les soutiens nécessaires à la poursuite de son combat, la présidente de l'entité serbe de Bosnie a repris l'initiative contre ses détracteurs. Dans la soirée, dans une allocution télévisée, elle a ouvertement pris à partie Momcilo Krajisnik, le leader des « durs » de la direction serbe bosniaque qui veut la faire revenir sur sa décision de dissoudre le Parlement. « Notre avenir dépend de notre capacité à créer un Etat de droit et à offrir des opportunités à la jeune génération, a dit Biljana Plavsic. Si les criminels prennent tout en main, ils feront fuir notre jeunesse. Pour M. Krajisnik, c'est secondaire ; pour moi, c'est essentiel ».
Dans la soirée, une puissante explosion a brisé les vitres d'un immeuble de la ville bosniaque de Banja Luka, où sont hébergés des diplomates de l'OSCE. Les Serbes de Bosnie semblent manifester ainsi leur mécontentement après l'arrestation du directeur de l'hôpital de Prijedor pour crimes contre l'humanité, et la condamnation d'un autre des leurs par le TPI à La Haye : Dusan Tadic a été condamné ce jour à 20 ans de prison pour crimes contre l'humanité pour son rôle dans le nettoyage ethnique des civils musulmans en 1992. « C'est de pire en pire, a commenté le porte-parole de l'OSCE. Nous étudions l'hypothèse d'une campagne très orchestrée ».
nuit du mardi 15 au mercredi 16 juillet
Le véhicule de deux membres espagnols de la police internationale de l'ONU en Bosnie (IPTF), a été visé par un attentat à Prijedor.
mercredi 16 juillet
Un soldat américain de la Sfor a été agressé près du village serbe de Kladanj. Un homme l'a frappé avec une faucille, le blessant à l'épaule. Un peu plus tôt, une grenade avait explosé devant un immeuble de Banja Luka où loge un haut responsable de l'OSCE. En outre, de nombreux étrangers séjournant dans l'entité serbe de Bosnie ont reçu des lettres de menaces. Face à cette flambée de violence contre la présence internationale en Bosnie, le président américain Bill Clinton a mis les Serbes bosniaques en garde, estimant qu'ils commettraient « une grave erreur » en cherchant à venger les arrestations de criminels de guerre présumés.
nuit du vendredi 18 au samedi 19 juillet
66 des 84 membres du Comité de direction du Parti socialiste serbe (SDS) au pouvoir se sont réunis à l'improviste à Pale. Ils ont, « à l'unanimité », exclu du parti la présidente Biljana Plavsic et l'ont de nouveau sommé de quitter la présidence de la République. Cette dernière refuse de quitter Banja Luka et dénonce Radovan Karadzic, à qui elle reproche de toujours tirer les ficelles en coulisse. De fait, des portraits de Karadzic ont été placardés depuis quelques jours dans de nombreuses villes de la Republika Srpska. Plavsic menace même de faire arrêter Karadzic, pour lui suggérer de se livrer lui-même au TPI.
samedi 19 juillet
Onze blindés italiens et français sont brusquement apparus à Pale, tout près de la résidence habituelle, fortement gardée, de Karadzic. Peut-être un avertissement alors que les attentats et intimidations se multiplient contre la présence internationale en Bosnie. Deux soldats français de la Sfor ont été blessés, dont un gravement, dans la région de Mostar. Leur véhicule a sauté sur une mine.
dimanche 20 juillet
Le TPI a assigné à comparaître le ministre croate de la Défense, Gojko Susak. La Croatie refuse de fournir au TPI des pièces qui pourraient lui servir de preuve contre le général Tihomir Blaskic, un Croate de Bosnie. Le procès de celui-ci s'est ouvert à La Haye le 24 juin.
lundi 21 juillet
Dans le bras de fer qui oppose Mme Plavsic aux partisans de Karadzic, Washington apporte son soutien à la présidence de l'entité serbe. L'ambassadeur américain auprès de l'ONU l'a rencontrée dans la soirée, avant de mettre en garde les « durs » de la Republika Srpska dont il a dénoncé les « provocations intolérables ». Malgré tout, le Parlement de l'entité serbe, dissous le 3 juillet par la présidente, continue de la narguer : il annonce qu'il se réunira le 8 août pour examiner le fonctionnement du gouvernement et de certains ministères.
mercredi 23 juillet
Après six mois de reports successifs, la troisième conférence des pays donateurs à la Bosnie s'est tenue, en présence de 48 Etats et d'une trentaine d'organisations internationales. Elle a recueilli des promesses d'aide pour un montant de 6,7 milliards de francs en 1997. Mais le président de la réunion, le Néerlandais Hans van den Broek, a averti la Republika Srpska que l'aide non humanitaire, récemment suspendue, ne reprendra pas si les personnes accusées de crimes de guerre continuent d'y exercer une influence déterminante sur la vie politique. Répartie entre l'entité serbe et l'entité croato-musulmane, cette assistance doit contribuer à la réconciliation entre les deux communautés. Il est donc « injustifiable » qu'elle puisse bénéficier « à ceux qui s'opposent à ces objectifs ».
jeudi 24 juillet
Le Premier ministre de la Republika Srpska a répondu à la conférence des donateurs à la Bosnie : « Si vous favorisez la fédération croato-musulmane à nos dépends, c'est le meilleur moyen d'assurer l'échec total de l'accord de paix de Dayton ».
mercredi 30 juillet
Javier Solana, le secrétaire général de l'OTAN, était à Sarajevo pour la passation des pouvoirs à la tête de la Sfor en Bosnie. « La Sfor ne tolérera ni provocations ni menaces, a-t-il déclaré à cette occasion. Il n'y a de solution militaire pour aucun parti ni aucun groupe, ni maintenant ni dans l'avenir. La seule option possible est celle de la paix et de la coopération ». De son côté, le général Eric Shinseki, le nouveau commandant de la force de l'OTAN en Bosnie, a eu cette phrase : « Nous défendrons la paix, même s'il nous faut employer des moyens décisifs pour la préserver ».
vendredi 1er août
La Republika Srpska est prête à accueillir des représentants du TPI pour enquêter sur son ancien chef politique Radovan Karadzic, a annoncé Momcilo Krajisnik. « Le peuple serbe ne considère pas Karadzic comme un criminel de guerre, mais nous ne sommes pas opposés à ce que des juges du Tribunal de La Haye viennent en RS et mènent une enquête ». C'est la première fois qu'un responsable serbe évoque une telle éventualité. A Sarajevo, des réfugiés serbes, de retour dans la ville, ont été pris à partie par des musulmans. Des soldats britanniques de la Sfor sont intervenus aux côtés des policiers bosniaques.
du samedi 2 au dimanche 3 août
Les soldats britanniques de la Sfor sont intervenus dans l'après-midi du 2 août et dans la nuit qui a suivi dans la ville de Jajce et dans trois villages du centre de la Bosnie (Lendici, Bucici, Kruscica) pour protéger des réfugiés musulmans menacés par des civils croates. Ceux-ci refusaient le retour des musulmans. 500 d'entre eux ont dû fuir leurs villages sous la protection des blindés de la Sfor. Au moins six maisons ont été incendiées. Carlos Westendorp, Haut représentant civil en Bosnie, a écrit une lettre aux dirigeants de la Fédération croato-musulmane où il accuse la police locale d'avoir été impliquée dans ces incidents.
lundi 4 août
La France, l'Allemagne, l'Autriche, l'Espagne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Italie, les Pays-Bas et la Suède ont suspendu leurs contacts avec les ambassadeurs de Bosnie-Herzégovine dans leurs pays respectifs. Ces pays contestent la représentativité de ces diplomates nommés avant la mise en place de la présidence collégiale, en 1996. Les dirigeants des trois communautés bosniaques sont incapables de s'entendre sur une liste commune de 33 ambassadeurs accrédités à l'étranger.
mardi 5 août
Biljana Plavsic a encore accusé Radovan Karadzic d'être toujours « le principal dirigeant de l'Etat ».
De nouveaux pays ont gelé leurs relations diplomatiques avec la Bosnie : le Danemark, la Finlande, la Norvège et le Portugal. Et l'Allemagne a suspendu une aide (un million de marks) à la reconstruction pour la région de Jajce, d'où 500 candidats au retour musulmans ont été chassés il ya quelques jours. Un accord a pourtant été conclu entre le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés et les chefs croates locaux : ces réfugiés pourront revenir...
mercredi 6 août
Le secrétaire d'Etat adjoint américain, chargé des Affaires européennes, Richard Holbrooke, l'artisan des accords de Dayton (1995), est arrivé en Bosnie. Objectif : relancer la dynamique de paix. Une exigence annoncée : la disparition de la scène politique de Radovan Karadzic. L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie pourrait accepter de s'exiler, à condition d'obtenir des garanties de sécurité. Un sommet croato-bosniaque (mais sans aucun serbe) s'est ouvert dans la matinée à Split (Croatie), en présence de Holbrooke et d'un autre émissaire Robert Gelbard. La Suisse, à son tour, a décidé de geler ses contacts diplomatiques avec la Bosnie.
nuit du jeudi 7 au vendredi 8 août
Richard Holbrooke est parvenu à arracher, après 14 heures de marchandages, un accord des trois coprésidents de Bosnie sur une liste des ambassadeurs du pays - les Serbes ont obtenu le poste clé de Washington, les Musulmans auront la représentation à l'ONU et les Croates au Japon -. En revanche, il n'a pas réussi à démêler le problème du retour des 1,4 million de réfugiés ni celui d'une soixantaine d'inculpés de crime de guerre.
vendredi 8 août
Richard Holbrooke est allé à Banja Luka apporter son soutien à Biljana Plavsic. Il a réaffirmé la volonté des Etats-Unis de voir Karadzic jugé par le Tribunal pénal international : « Il doit se livrer lui-même à La Haye ». Dans la soirée, la France a rétabli ses relations diplomatiques avec la Bosnie.
lundi 11 août
Le manque d'argent affecté au déminage ralentit le retour des réfugiés en Bosnie, selon l'ONU. Des zones entières du pays restent interdites à cause des mines : il reste 3 millions de mines dans le pays où elles tuent 50 personnes par mois. Seuls ont été versés 7 millions de dollars (44 millions de francs) sur les 38 prévus (240 millions de francs) pour la formation de 1 200 démineurs bosniaques.
mercredi 13 août
Des unités commandos des armées américaine, britannique et française s'entraineraient actuellement dans le plus grand secret, quelque part en Europe, pour aller arrêter les criminels de guerre en Bosnie. C'est ce qu'affirme la chaine de télévision américaine ABC. Ces raids pourraient avoir lieu à l'automne et viseraient en priorité les leaders serbes Karadzic et Mladic. Pour l'instant, aucun feu vert politique n'a été donné. Mais une demi-douzaine d'autres pays soutiendraient cette initiative. Le ministère américain de la Défense dément cette information. « La position de l'OTAN et de la Sfor est que toutes les personnes accusées de crimes de guerre devraient être à La Haye » devant le TPI, a rappelé, à Sarajevo, le commandant John Blakeley, le porte-parole de la Sfor.
vendredi 15 août
La Cour constitutionnelle de la Republika Srpska a déclaré non conforme à la Constitution la dissolution du Parlement, prononcée le 3 juillet par la présidente Plavsic. Même si elle était attendue, cette décision est un revers grave pour la présidente, en conflit depuis deux mois avec les « durs » de la direction serbe qui contrôlent le Parlement. Ces derniers accusent Biljana Plavsic de se soumettre à l'Occident et cherchent à l'évincer. Toutefois, le clan de Pale n'a pas joué franc-jeu : l'un des rares juges constitutionnels favorables à Plavsic n'a pas pu siéger. La veille, des partisans de Karadzic lui sont tombés dessus. Bilan : une commotion cérébrale et plusieurs côtes cassées.
Deux fermiers musulmans ont été tués et un adolescent de 14 ans grièvement blessé par balles, alors qu'ils ramassaient du bois près de Zvornik, dans le nord de la Bosnie. La présidence bosniaque a immédiatement accusé les Serbes, d'autant que l'embuscade s'est déroulée à proximité de l'ancienne ligne de front devenue frontière entre les deux entités, serbe et croato-musulmane, de Bosnie. Cet incident, le plus grave depuis plusieurs mois, inquiète. Il intervient à moins d'un mois des élections municipales, durant lesquelles le choix du lieu de vote et la liberté de circulation doivent, en théorie, être garanties.
samedi 16 août
Biljana Plavsic a annoncé la création de son propre parti, l'Alliance populaire serbe (SNS). Aussitôt, neuf responsables du Parti démocratique serbe (SDS, le parti de Karadzic) ont démissionné pour rejoindre la présidente. Parmi eux, deux vice-Premiers ministres ! Biljana Plavsic n'est pas aussi isolée que voulaient le faire croire les « faucons » de Pale.
dimanche 17 août
Mme Plavsic a envoyé ses hommes perquisitionner les bureaux de la police, à Banja Luka (c'est aussi le siège de la présidence). Ils y ont découvert des enregistrements téléphoniques prouvant que la présidente avait été placée sur écoute par les agents secrets de Pale. La tension est telle que, dans la soirée, la Sfor a déployé autour du siège de la police une quinzaine de blindés, dont plusieurs chars, pour empêcher un affrontement. Les responsables de la Sfor affirment avoir trouvé dans le bâtiment « des preuves de possibles violations des droits de l'homme » par la police serbe.
lundi 18 août
Biljana Plavsic rejette le jugement de la Cour constitutionnelle qui a annulé la dissolution du Parlement. D'abord, parce qu'il est « sans fondement légal », ensuite parce que les autorités de Pale ont exercé « d'énormes pressions » sur les juges de cette cour. « Nous devons organiser des élections, nous devons tout changer, de haut en bas, le Parlement, le gouvernement, toutes les institutions ». Dans son combat contre « le mal et la terreur » (le clan Karadzic retranché à Pale), Plavsic est soutenue par le Haut représentant civil en Bosnie, Carlos Westendorp.
mardi 19 août
Le Croate de Bosnie Pero Skopljak (53 ans), inculpé par le TPI, a été arrêté à Samobor (à 20 kilomètres à l'ouest de Zagreb) et incarcéré. Selon le journal indépendant Nacional, il a été transféré dans la prison de Remetinec, dans la banlieue sud de la capitale. Il est suspecté d'avoir commis des massacres contre des musulmans durant le conflit croato-musulman (1993-1994) dans la vallée de la Lasva en Bosnie centrale. Il était alors le chef de la police de Vitez. Quatre autres co-accusés, Ziatko Aleksovski (déjà aux mains du TPI à La Haye), Dario Kordic, Mario Cerkez et Ivan Santic, sont poursuivis pour les mêmes crimes.
Dans la soirée, une rencontre a eu lieu entre Biljana Plavsic et les médiateurs internationaux, le haut représentant civil Carlos Westendorp et l'envoyé spécial américain Robert Gelbard. A l'issue de l'entretien, les deux hommes ont estimé que la tenue d'élections législatives anticipées était « la meilleure solution » à la crise en Republika Srpska.
mercredi 20 août
L’OTAN vole au secours de la présidente des Serbes de Bosnie dans sa lutte contre les « faucons » : les troupes britanniques et tchèques de la Sfor ont pris le contrôle à l'aube du siège de la police, de l'école de police et trois autres postes de police de Banja Luka. De source diplomatique, un véritable « arsenal », dont 2 500 armes légères et des explosifs, y étaient entreposés, de quoi tenter un coup d'Etat. Par ailleurs, les médiateurs internationaux ont participé, à Vienne, à une réunion surprise avec les représentants du Groupe de contact (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Russie) pour examiner le rôle de l'OSCE dans l'organisation et le contrôle d'élections législatives anticipées en Republika Srpska.
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Koševo de Sarajevo, la Bosnie-Herzégovine a battu le Danemark trois buts (Mujčin, Bolić 2) à zéro, devant 36 500 spectateurs.
jeudi 21 août
Biljana Plavsic a reçu le soutien - mesuré - de Slobodan Milosevic. Le président yougoslave a indiqué, à Belgrade, qu'il était favorable à des législatives anticipées chez les Serbes de Bosnie, comme le souhaite Mme Plavsic. Mais il a lié ces élections à la convocation simultanée d'une présidentielle.
vendredi 22 août
Le puissant contingent britannique et tchèque, installé depuis deux jours à Banja Luka, a commencé à faire le tri entre policiers fidèles ou hostiles à la présidente. Mais la Sfor est sur ses gardes. Les militaires serbes ont menacé, dans la matinée, d'intervenir contre Plavsic, pourtant chef de l'armée.
mardi 26 août
Le Parlement de la Republika Srpska a voté un report des élections municipales organisées dans toute la Bosnie, les 13 et 14 septembre. Les 45 députés présents (sur 83, les 38 autres parlementaires boycottaient ou n'étaient pas invités), tous des fidèles des « durs » de Pale ont également déclaré « nul » l'accord donné par la présidente Plavsic aux Occidentaux pour organiser le scrutin. Ils ont exigé que les partisans de la présidente rendent, « dans les trois jours », les locaux de la radio et de la télé qu'ils occupent à Banja Luka et menacé de faire intervenir leur police. De son côté, Biljana Plavsic s'est assuré le soutien de quatre des huit généraux de l'état-major de l'armée serbe, qui ont répondu à sa convocation. Le commandant du 1er Corps qui regroupe la moitié des soldats serbes était là.
mercredi 27 août
« Les élections municipales de septembre en Bosnie doivent avoir lieu et auront lieu. Un report est hors de question », a lancé le porte-parole de l'OSCE. Cette très martiale déclaration masque en fait l'embarras des Occidentaux.
jeudi 28 août
Des habitants de trois villes serbes de Bosnie ont attaqué des bâtiments et des soldats de la Sfor. Tout a commencé à l'aube avec le rugissement des sirènes. Les habitants de Brcko se sont précipités sur leurs radios : un appel des Serbes ultranationalistes de Pale leur demandait de « se rassembler pour défendre leur police et leur média », contre « les forces d'occupation » (des unités fidèles à la présidente Plavsic auraient tenté de s'emparer dans la matinée d'un poste de police et d'émetteurs à Brcko). Un peu plus tard, le poste de police de l'ONU était assiégé par 400 manifestants, armés de bâtons et de pierres. L'arrivée de renforts de la Sfor n'a pas empêché la foule d'endommager 15 véhicules. Pour se dégager et permettre l'évacuation des policiers, les soldats de la Sfor ont dû tirer des gaz lacrymogènes et des coups de semonce. Des scènes similaires se sont produites à Bijeljina et Doboj, deux autres villes contrôlées par le clan ultra de Pale. Il n'y a pas eu de blessés sérieux, mais ce sont les incidents les plus graves entre civils serbes et troupes occidentales depuis un an et demi. Les Etats-Unis ont réagi : ils ont assuré les radicaux serbes qu'ils seront « tenus responsables » de nouveaux incidents. En clair : des représailles sont possibles...
vendredi 29 août
Les soldats de la Sfor peuvent désormais utiliser la force pour faire taire les médias des Serbes ultras de Pale, s'ils appellent encore à la violence. La mesure vise en particulier la radio et la télévision de Pale, qui avaient appelé la veille « les patriotes » serbes de Brcko à se soulever contre « les forces d'occupation ». La Sfor a érigé des barrages et dépêché des blindés autour de la ville mais s'est abstenue d'y pénétrer. De leur côté, les Etats-Unis n'ont toujours pas réussi à convaincre le président yougoslave Milosevic de faire le voyage en Bosnie pour une mission de médiations entre Serbes de Pale et Serbes de Banja Luka. L'avion de Milosevic, plusieurs fois annoncé, ne s'est jamais posé à Banja Luka, le fief de la présidente Plavsic. Au contraire, Milosevic a reçu à Belgrade une délégation de Pale.
mardi 2 septembre
Radovan Karadzic souhaite négocier avec la communauté internationale. C'est Momcilo Krajisnik, le Serbe de la présidence collégiale bosniaque, qui en a fait l'aveu à une envoyée de l'ONU, en offrant ses services comme médiateur dans cette affaire.
jeudi 4 septembre
Les premiers observateurs attendus en Bosnie pour superviser les élections municipales des 13 et 14 septembre, plusieurs fois reportées depuis un an, sont arrivés. Ces élections sont toujours contestées par une partie des responsables de l'entité serbe de Bosnie. Ils estiment que la situation actuelle ne se prête pas au déroulement de ce scrutin.
samedi 6 septembre
Qualifications pour la Coupe du monde de football : au stade Maksimir de Zagreb, la Croatie a battu la Bosnie-Herzégovine trois buts (Bilić, Marić et Boban) à deux (Ladić contre son camp et Salihamidžić), devant 16 518 spectateurs.
dimanche 7 septembre
Malgré l'opposition réaffirmée par les Serbes de Bosnie aux élections municipales, l'OSCE entend bien ne pas différer une nouvelle fois le scrutin. Non seulement les premiers observateurs sont déjà sur place, mais les premier bulletins des réfugiés bosniaques vivant à l'étranger sont même arrivés à Sarajevo. Un appareil de l'OSCE les a apportés du QG de l'organisation, à Vienne.
lundi 8 septembre
Les partisans de Radovan Karadzic ont essuyé un nouveau camouflet de la part de leur principale adversaire, la présidente Plavsic : dans la soirée, des ultranationalistes du gouvernement de Pale se sont présentés à Banja Luka, le siège de la présidence de l'entité serbe, pour y tenir un meeting réputé électoral. Malgré l'interdiction de cette manifestation, décidée par la Présidente « pour des raisons de sécurité », les habitants de Banja Luka ont vu arriver Momcilo Krajisnik, membre de la présidence collégiale serbe, accompagné du Premier ministre Gojko Klickovic et le président du Parlement de Pale, Dragan Kalinic, encadré par une cinquantaine de gardes du corps fortement armés. Les trois hommes avaient organisé le déplacement de quelques milliers de leurs partisans en cars... qui ont été bloqués par la Sfor, la force de l’OTAN ayant acquis la preuve que ces convois n'avaient qu'un objectif : « créer du désordre et probablement de la violence ». Les durs de Pale n'ont pu finalement improviser qu'un modeste meeting dans le centre de Banja Luka, sous les huées des partisans de Mme Plavsic. Les leaders de Pale, protégés par leur impressionnant service d'ordre, ont ensuite trouvé refuge dans un hôtel. Un policier de Banja Luka a été blessé par balle.
mardi 9 septembre
Le camouflet de la veille subi par les durs de Pale a tourné à la déconfiture : retenus par la police de Banja Luka dans leur hôtel privé d'eau, d'électricité et de téléphone, les trois leaders de Pale ont également vu la fourrière enlever leurs puissantes limousines. Il s'agissait de contraindre leur escorte de déposer les armes. Après négociations, deux des durs ont quitté la ville en milieu d'après-midi, à bord d'une voiture de la Sfor, suivis par les gardes du corps sans armes. Krajisnik n'est parti qu'en début de soirée, sous une pluie de pierres et de bouteilles, et, le dernier, Gojko Klickovic, lui, a quitté l'hôtel à 21 heures sans encombre. A Pale, le gouvernement de l'entité serbe a qualifié l'évènement de « tentative de putsch » et condamné la Sfor « qui se comporte comme une armée d'occupation et une puissance coloniale ». Dans ces conditions, a expliqué le vice-Premier ministre de la Republika Srpska, Velibor Ostojic, le gouvernement va demander au Parlement de reporter le scrutin municipal dans l'entité serbe.
mercredi 10 septembre
Les Serbes bosniaques les plus radicaux ont fini par accepter les élections municipales. Cet accord fait suite à une entrevue à Belgrade entre le président yougoslave Milosevic et le haut représentant civil en Bosnie Carlos Westerdorp. De son côté, Biljana Plavsic a appelé ses compatriotes à se rendre aux urnes, seule chance à ses yeux, de développer la démocratie dans ce pays. Malgré l'appel au boycottage lancé par les Croates bosniaques, l'OSCE poursuit la préparation de ces élections. La France a menacé de suspendre son aide aux municipalités bosniaques dont les responsables prônent le boycottage.
Eliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au stade Koševo de Sarajevo, la Bosnie-Herzégovine a battu la Slovénie un but (Bolić) à zéro, devant 18 000 spectateurs. Quatrièmes du groupe 1, les Bosniaques ne disputeront pas la phase finale en France.
jeudi 11 septembre
Le HDZ (principal parti croate de Bosnie), qui appelait au boycottage des élections municipales, a réussi à monnayer sa participation contre une modification des règles du scrutin dans le canton central de Mostar où la victoire paraissait assurée aux Musulmans.
samedi 13 septembre
Les Américains disposent, désormais en Bosnie, de trois avions capables de brouiller les émissions télévisées et radiodiffusées. Ces trois EC-130E seront basés à Brindisi (Italie). Il s'agit de répondre aux « incitations à la violence diffusées de manière permanente par la radio et la télévision serbes », selon le Pentagone.
du samedi 13 au dimanche 14 septembre
Elections municipales en Bosnie, sans incident majeur. Parmi les ultimes incidents, il y a eu le mot d'ordre de boycottage lancé par les Musulmans de Mostar, pour protester contre les modifications de dernière minute accordées aux Croates de la ville par l'OSCE. Le problème a été résolu dans l'après-midi du 13, grâce à des concessions croates concernant un canton.
lundi 15 septembre
A Bruxelles (Belgique), le conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne a décidé de priver de visa plusieurs personnalités serbes de Bosnie, au premier rang desquelles figure le représentant serbe de la présidence collégiale, Momcilo Krajisnik. Il lui est reproché d'avoir fait obstacle à un accord sur les passeports et une citoyenneté commune aux deux entités, serbe et croato-musulmane. Cet accord aurait du être acquis au 1er août.
Ratko Mladic et Radovan Karadzic aurait quitté la Bosnie. Un hebdomadaire yougoslave affirme qu'ils se trouvent « en lieu sur », quelque part « dans un pays ami où ils ont été transférés grâce à la médiation d'une grande puissance ». Il y a plusieurs semaines que Karadzic n'a pas été vu à Pale. Son épouse, Ljiljana, a voté seule au bureau de la mairie de la ville.
mercredi 17 septembre
Deux membres de la sous-commission électorale d'appel de l'OSCE ont démissionné de leurs fonctions après le refus du chef de mission de l'OSCE d'annuler les résultats aux municipales à Pale du parti ultranationaliste serbe SDS. Les deux agents se disent « particulièrement préoccupés par la décision de l'OSCE de tolérer le rôle de plus en plus transparent joué par Karadzic ». Le chef de la mission de l'OSCE a craint qu'une telle décision ne provoque des réactions propres à menacer la sécurité des personnels étrangers en Republika Srpska.
Vers 9 h 30, douze personnes, dont le médiateur allemand Gerd Wagner, adjoint du représentant international en Bosnie, l'Espagnol Carlos Westendorp, (et cinq Américains, un Britannique, un Polonais et quatre autres Allemands), ont été tuées dans un accident d'hélicoptère en Bosnie. L'appareil a heurté une montagne près de Bugojno, à 80 kilomètres au nord-ouest de Sarajevo. Le pilote a survécu.
jeudi 18 septembre
Une voiture piégée a explosé dans la soirée sur le parking du principal commissariat de Mostar, dans la partie croate de la ville. L'attentat a fait une cinquantaine de blessés, dont la moitié est sérieusement atteint. Quatre étages de l'immeuble au pied duquel la voiture était garée se sont effondrés et une centaine de voitures du quartier ont été détruites.
vendredi 19 septembre
Les autorités croates affirment disposer « d'éléments désignant les auteurs possibles » de l'attentat de la veille à Mostar. Pour le chef régional de la police, « cet attentat est l'œuvre de professionnels ».
mercredi 24 septembre
Le Conseil de l'OTAN a décidé de renvoyer à la fin de l'année toute décision concernant une réduction de ses troupes d'interposition en Bosnie. A l'origine, le mandat de la force de paix, déployée à l'initiative des Etats-Unis, devait être transformé en mandat de simple dissuasion à l'issue des élections municipales, suivi d'un retrait progressif des troupes jusqu'en juin 1998.
vendredi 26 septembre
La Bosnie et la Croatie ont rouvert solennellement le pont qui franchit la Save, la frontière naturelle entre les deux pays, à Bosanska Gradiska, dans l'entité serbo-bosniaque. Ce nouveau poste frontière a été inauguré en présence de Jacques Klein, adjoint au haut représentant civil en Bosnie. Une commission mixte a été créée pour régler les questions concernant le trafic frontalier, mais l'entité serbe n'étant pas mentionnée dans le document qui l'instaure, le ministre des Transports de la Republika Srpska a refusé d'y apposer son paraphe...
lundi 29 septembre
La reconstruction du Vieux pont (Stari most) de Mostar, un joyau de l'architecture ottomane détruit en 1993 par les obus des Croates en guerre contre les Musulmans, a commencé officiellement. Des unités de génie hongroises de la Sfor vont repêcher les pierres, dont certaines pèsent 30 tonnes. La reconstruction proprement dite viendra ensuite. Avec le soutien financier de l'Unesco et de la Turquie.
mardi 30 septembre
Les élections législatives dans l'entité serbe de Bosnie, la Republika Srpska auront lieu le 23 novembre. Le scrutin sera organisé selon les règles de l'OSCE et contrôlé par cette organisation.
mercredi 1er octobre
La tendance dure des Serbes de Bosnie a été privée de radio et de télévision, dans la matinée, par une intervention des forces de l'OTAN contre ses quatre émetteurs. Les ultranationalistes de Pale reçoivent désormais les mêmes programmes que les modérés de Banja Luka. Un responsable de l'OTAN a affirmé que les soldats russes de la Sfor avaient participé, pour la première fois, à cette opération destinée à faire taire une propagande « qui empoisonne le processus de paix ». Le commandant russe, lui, a démenti toute implication de ses hommes.
vendredi 3 octobre
« La question n'est plus de savoir si les Musulmans attaqueront les Serbes de Bosnie, mais quand », a déclaré un responsable de l'OTAN à Sarajevo dans une interview au New York Times. Le gouvernement bosniaque achète des armes et entraîne ses soldats à un rythme qui se serait accéléré ces dernières semaines. Selon ce responsable, « la seule façon d'empêcher l'attaque est d'allonger le mandat de la mission de maintien de la paix » dont la présence sur le terrain devait s'achever en juin 1998.
dimanche 5 octobre
Elections présidentielles en Serbie et au Monténégro. En Serbie, où le scrutin du second tour opposait Zoran Lilic à Vojislav Seselj, deux des principaux partis d'opposition appelaient au boycottage. Ils ont été entendus puisque la participation n'a été que de 48,7 % et que l’élection, par conséquent, n'est pas valable. Il faudra revoter avant la fin décembre. Le Parti socialiste reconnaissait que son candidat était devancé par son adversaire ultranationaliste. Au Monténégro, la participation a été plus convenable mais aucun des huit candidats n'a dépassé la barre indispensable des 50 %. Si l'allié de Milosevic, le président sortant Momir Bulatovic, semble en tête du scrutin, il est talonné par son adversaire et Premier ministre, Milo Djukanovic, qu'il ne devance que de 2 500 voix. Le second tour aura lieu le 19 octobre.
lundi 6 octobre
La Croatie a fini par céder à l'obstination du TPI chargé de juger les crimes commis dans l'ex-Yougoslavie. Zagreb a accepté de laisser partir pour La Haye dix Croates figurant sur la liste officielle des inculpés. Parmi eux, Dario Kordic, un des principaux criminels de guerre présumés. Il était le chef militaire et politique des HVO dans la vallée de la Lasva, où les Musulmans ont été exterminés au printemps 1993.
mercredi 8 octobre
Les Musulmans de Srebrenica ont pris une revanche symbolique en remportant les élections municipales (24 sièges sur 45). Pourtant, la ville est aujourd'hui peuplée exclusivement de Serbes. C'est le vote des réfugiés à l'étranger et des Musulmans déplacés à l'intérieur de la Bosnie. Une victoire sur le papier, car l'on voit mal comment un maire et une municipalité musulmane pourront administrer cette ville « ethniquement purifiée ».
Les dix Croates de Bosnie accusés de crimes de guerre par le TPI et qui ont fini par se rendre à La Haye, plaidant non coupables. Ils l'ont fait savoir lors de leur première comparution.
vendredi 10 octobre
La coalition conduite par le principal parti des Musulmans (le Parti d'action démocratique) a gagné les élections municipales de Mostar, en remportant 14 des 24 sièges du Conseil, les 10 autres revenant au principal parti croate, la Communauté démocratique croate. Des négociations de dernières minutes ont cependant été engagées pour équilibrer le rapport des forces, 8 sièges devant en principe revenir à des candidats non croates et non musulmans.
samedi 11 octobre
Environ 400 femmes originaires de Srebrenica ont manifesté à Sarajevo pour réclamer la vérité sur le sort de leurs proches (7 000 à 8 000 personnes toujours portées disparues). Ces femmes ont l'intention de renouveler leur manifestation le 11 de chaque mois.
dimanche 12 octobre
Deux personnes ont été tuées et une autre blessée, dans la soirée, près de Modrica (nord de la Bosnie), leur voiture ayant été heurtée par un char américain qui s'est déporté. La police internationale de l'ONU en Bosnie (IPTF) a ouvert une enquête sur les circonstances de ce drame.
jeudi 16 octobre
La chaîne de télévision des durs de Pale (Serbes de Bosnie) a repris illégalement ses émissions.
samedi 18 octobre
La Sfor a mené un nouveau coup de force contre la chaîne de télévision des Serbes bosniaques proches de Karadzic. Neuf véhicules blindés et six hélicoptères ont participé à l'opération autour de l'émetteur du mont Zep, à 80 kilomètres au nord de Sarajevo.
dimanche 19 octobre
Un avion brouilleur d'ondes a été mis en service dans la soirée dans l'est de la Bosnie par les forces de l'OTAN. Il est destiné à empêcher la diffusion des programmes de la télévision serbe de Pale. Les forces de l’OTAN tentent, par contre, d'assurer la diffusion des programmes de la télévision de Banja Luka dans toute la zone serbe.
vendredi 31 octobre
Un réfugié croate, le cinquième depuis mars, a été tué cette semaine au centre de la Bosnie. Ces violences, dont aucun des auteurs n'a été arrêté, risquent de compromettre le rapatriement de 86 000 Musulmans et Croates dans onze communes de Bosnie centrale. Selon le HCR, depuis le retour de la paix, 400 000 personnes sont rentrées en Bosnie.
dimanche 2 novembre
Le Haut représentant civil de l'ONU en Bosnie, Carlos Westendorp, donne 15 jours au gouvernement bosniaque pour s'expliquer sur les 140 millions de francs de fraudes fiscales dévoilées par les services de l'Union européenne. A Sarajevo, les dirigeants musulmans et leurs alliés croates sont explicitement accusés de corruption. Le Royaume-Uni avait le premier dénoncé le fait que l'argent de l'Europe ne servait pas les objectifs visés.
lundi 3 novembre
Les présidents, Premiers ministres et ministres des Affaires étrangères de huit pays des Balkans (Albanie, Bosnie, Bulgarie, Grèce, Macédoine, Roumanie, Turquie et Yougoslavie) se sont retrouvés en Crète pour bâtir un « espace de paix et de coopération ». Pendant deux jours, ils vont tenter d'oublier toutes les dissensions en cours dans la région et s'efforcer de trouver un langage commun.
mercredi 5 novembre
Match amical de football : à Rades, la Tunisie a battu la Bosnie deux buts à un.
jeudi 6 novembre
L'Assemblée parlementaire des « Quarante » décidera de l'éventuelle de la procédure d'adhésion de la Bosnie au Conseil de l'Europe lors de sa session plénière de janvier. Mais lors de la première audition des représentants bosniaques, la commission politique a rappelé qu'elle vérifiera au préalable si le pays a rempli huit conditions particulières, au premier rang desquelles figurent : le retour des réfugiés, la libre circulation, la liberté des médias, le respect des droits de l'homme et la coopération avec le TPI.
vendredi 7 novembre
Serbes, Musulmans et Croates ont formé un conseil municipal pluriethnique à Brcko, ville stratégique et point de conflit potentiel entre les trois communautés de Bosnie. La première session de ce conseil a donné lieu à de nombreuses altercations, mais il n'y a pas eu d'incident majeur. Il est vrai qu'il se déroulait sous haute surveillance de la police des Nations unies. Alors qu'avant la guerre, Musulmans et Croates étaient majoritairement dans cette ville, la population est aujourd'hui serbe à 98 %.
dimanche 16 novembre
Depuis un an et demi, plus de 800 000 lettres et paquets sont entassés dans les bureaux de poste de Sarajevo. Leurs destinataires, des Serbes pour la plupart, refusent de les récupérer, craignant qu'ils ne soient piégés. La poste serbo-bosniaque devrait être équipée bientôt d'appareils de détection.
vendredi 21 novembre
L'OSCE a rayé des listes électorales des législatives serbes de Bosnie trois candidats du SDS à cause de la présence de portraits de Karadzic dans certaines localités. Dans une lettre adressée à ses fidèles, ce dernier les a exhortés à faire preuve « d'unité et de détermination » afin de « sauver » la Republika Srpska.
du samedi 22 au dimanche 23 novembre
Elections législatives anticipées dans la partie serbe de la Bosnie : la participation aurait tout juste dépassé les 50 %.
lundi 24 novembre
Selon les premiers résultats non officiels des législatives en Republika Srpska, le SDS de Karadzic semble devoir perdre la majorité absolue au Parlement des Serbes de Bosnie. Cela n'a pas empêché Momcilo Krajisnik, le représentant serbe à la présidence collégiale bosniaque, de revendiquer la victoire de son clan et des partisans de Karadzic.
mercredi 26 novembre
Le représentant de la communauté internationale en Bosnie insiste pour que le Parlement des Serbes se réunisse « le plus rapidement possible ». Ce ne sera cependant pas avant la fin de décembre, car les résultats officiels des législatives de la RS ne seront publiés par l'OCDE que le... 10 décembre. Les derniers résultats partiels connus constatent la nette avance (32,87 %) des ultranationalistes du SDS. L'Alliance populaire serbe des partisans de la présidente Biljana Plavsic totalise 19,87 % des voix, talonnée par le Parti radical (extrême droite nationaliste) : 19,36 % des suffrages.
vendredi 28 novembre
Comme prévu, le Conseil de l'OTAN a décidé de laisser en l'état, jusqu'au printemps 1998, les effectifs de la force de paix en Bosnie, la Sfor (30 000 hommes). La situation sur le terrain, jugée « volatile et incertaine », ne permet pas d'amorcer le retrait qui devait s'engager dès la fin 1997. L'idée d'une force de dissuasion (D-Force), au-delà de juin 1998, fait son chemin chez les diplomates. Elle serait concentrée sur les « points chauds » comme Mostar et Brcko.
jeudi 4 décembre
La présidente de l'entité serbe de Bosnie, Biljana Plavsic, s'est rendue à Sarajevo, pour y rencontrer les ministres des Affaires étrangères français et allemand. C'est sa première visite dans la capitale bosniaque (où elle enseignait la biologie à l'université) depuis le début de la guerre, en 1992. Dans l'entourage de la présidente, on précise que ce voyage doit être interprété comme une participation plus active de la Republika Srpska à la politique extérieure de la Bosnie. Les deux ministres européens sont venus demander ensemble aux autorités bosniaques de mieux coopérer au processus de paix.
dimanche 7 décembre
Proclamation, dans la soirée, du résultat officiel des législatives de la Republika Srpska des 22 et 23 novembre : avec seulement 24 sièges (contre 45 auparavant) les ultranationalistes serbes de Bosnie perdent la majorité absolue au Parlement. Même avec les 15 sièges de leurs alliés du Parti radical SRS, les partisans de Karadzic au sein du SDS ne peuvent plus prétendre dominer la vie parlementaire de Pale. L'Alliance populaire serbe, créée il y a trois mois par la présidente Plavsic, fait officiellement son entrée à Pale, avec 15 sièges.
mardi 9 décembre
Déception à Bonn (Allemagne) : les trois coprésidents de Bosnie n'ont pas répondu aux exigences occidentales et sont venus les mains vides à la conférence sur le suivi de Dayton. Il s'agissait notamment de s'entendre sur l'adoption de plaques minéralogiques, d'une monnaie et d'un drapeau commun. Sur les passeports et la citoyenneté, un accord de principe a pu être arraché, dans la soirée. Les Occidentaux ont appelé à un renforcement du rôle du Haut représentant civil en Bosnie, l'Espagnol Carlos Westendorp. Ce dernier a estimé avoir surtout besoin du « plein soutien » de la communauté internationale. Par ailleurs, le commandement de la la force internationale de police de l'ONU en Bosnie a été confié à un Britannique, Richard Monk.
mercredi 10 décembre
La réunion de suivi sur l'accord de paix en Bosnie, qui a réuni à Bonn (Allemagne), pendant deux jours, 51 pays et 21 organisations, a décidé de renforcer l'autorité du Haut représentant civil, Carlos Westendorp. Cédant aux pressions occidentales, les trois membres de la présidence collégiale bosniaque se sont finalement entendus sur un passeport commun, un projet de loi sur la citoyenneté bosniaque et sur une législation permettant le fonctionnement du Conseil des ministres. Les Serbes ont boycotté la fin des travaux, pour protester contre un paragraphe du texte final qui dénonce la situation en Bosnie.
vendredi 12 décembre
Des membres du TPI ont entrepris de perquisitionner à la mairie de Priedor (nord-ouest de la Bosnie). Encadrés par d'importantes forces de la police internationale (ITPF) et de la Sfor, ils cherchent des documents sur Milan Kovacevic, un Serbe bosniaque, ancien dirigeant local, en attente de jugement à La Haye.
A Sarajevo, l'OSCE a validé les résultats des élections législatives de Republika Srpska. Selon ces résultats, le SDS de Karardzic a perdu la première place.
dimanche 14 décembre
Dans le secteur contrôlé par les militaires français en Bosnie, les criminels de guerre se sentent « en sécurité absolue ». C'est l'accusation portée par le TPI. Paris dément avec véhémence.
lundi 15 décembre
Les Serbes bosniaques continuent de traîner la jambe pour appliquer les accords pourtant conclus à Bonn, les 9 et 10 décembre, avec la communauté internationale. Leurs députés sont absents du Parlement de Sarajevo, où la session concernant la définition d'une citoyenneté bosniaque, le nouveau passeport et le fonctionnement du Conseil des ministres n'a donc pu avoir lieu. Le Haut-représentant civil en Bosnie a menacé de « prendre des décisions contraignantes ».
mercredi 17 décembre
La commission électorale de l'entité serbe de Bosnie déclare « inacceptables » et « indignes de foi » les résultats des législatives validés à Sarajevo par l'OSCE. Le SDS, perdant de ces élections, chercherait a retarder la constitution du nouveau Parlement dans l'espoir de trouver des alliés pour former une nouvelle majorité.
nuit du mercredi 17 au jeudi 18 décembre
Un commando néerlandais de plusieurs dizaines d'hommes, disposant d'un soutien logistique américain et britannique, ont capturé, séparément, à Vitez (Bosnie), deux Croates soupçonnés de crimes de guerre. Vlatko Kutreskic, qui se trouvait chez lui, s'est défendu et a été blessé de plusieurs balles. Il a été transféré à La Haye après avoir reçu les premiers soins. Anto Furundzja a été interpellé dans sa voiture et n'a opposé aucune résistance.
lundi 22 décembre
Le président américain Bill Clinton est arrivé en Bosnie. Une brève escapade à Sarajevo (où il a rencontré Biljana Plavsic) et à Tuzla surtout destinée à affirmer plus fermement, pour son opinion publique et le Congrès américain, sa décision de maintenir des soldats sur place après la fin du mandat de la Sfor.
mardi 23 décembre
Le chancelier allemand Helmut Kohl a passé huit heures en Bosnie, en compagnie du ministre de la Défense, Volker Ruhe. Il a commencé sa première visite en Bosnie par un déjeuner avec les soldats de la Bundeswehr, au quartier général de la brigade franco-allemande. Il s'est ensuite entretenu avec les membres de la présidence collégiale bosniaque.
dimanche 28 décembre
Absence de majorité absolue, refus obstiné des ultranationalistes de partager le pouvoir avec les partisans de la présidente Plavsic : situation bloquée au Parlement serbe de Bosnie. Après dix heures de débats stériles, les députés de la RS, récemment élus, se sont quittés sans avoir réussi à élire un président et deux vice-présidents. La session constitutive a été reportée au 12 janvier.
Le Parlement bosniaque a approuvé le nouveau gouvernement et ses deux co-Premier ministres, le Musulman Haris Silajdzic et le Serbe Boro Bosic. Bien que 42 membres de la chambre fussent présents, les deux scrutins permettant au gouvernement d'entrer en fonction n'ont enregistré que 37 voix et 1 abstention... Boro Bosic a présidé la première réunion du nouveau gouvernement à Lukavica, faubourg serbe de Sarajevo.
samedi 11 janvier
Alija Izetbegovic et Kresimir Zubak, les membres musulman et croate de la présidence bosniaque, ont signé un accord qui marque une nouvelle étape vers la création d'une armée commune de la Fédération croato-musulmane. Cet « accord structurel » engage formellement l'armée de Bosnie-Herzégovine (musulmane) et le Conseil de défense croate (HVO) à devenir une force commune.
mardi 14 janvier
Les 18 000 personnes portées disparues pendant la guerre en Bosnie sont « vraisemblablement mortes ». C'est la conviction du président du CICR, Cornelius Sommaruga.
jeudi 16 janvier
Dans la soirée, Nikola Koljevic, ancien vice-président de l'entité serbe de Bosnie, s'est tiré une balle dans la tête dans son bureau de Pale. Il a été évacué en urgence vers Belgrade, à bord d'un hélicoptère de l'OTAN. On ignore les raisons de son geste.
vendredi 17 janvier
Les trois communautés de Bosnie ont été sommées par les forces de l'OTAN de déclarer et de cantonner tout leur armement avant le 14 mars à minuit. L'ultimatum est assorti d'une menace : « Si ces obligations ne sont pas respectées, nous agirons en conséquence ».
lundi 20 janvier
Les Serbes de Bosnie ont tiré dans la soirée, à l'arme automatique, sur la ville croate de Slavonski Brod, frontalière avec la Bosnie. C'est le premier incident de ce genre depuis les accords de Dayton. Les tirs étaient dirigés sur la promenade principale de la ville, séparée de la Bosnie par la rivière Save.
mardi 21 janvier
Les extrémistes croates de Mostar poursuivent en toute impunité leur campagne de « purification ethnique ». La plupart des victimes sont des personnes âgées, sans défense, expulsées de chez elles sans que la police croate y trouve à redire. Les « policiers de l'ONU », eux, n'ont ni arme ni pouvoir, et leur mandat est d'ailleurs sérieusement remis en question, dans ces conditions, par les Musulmans. Quant aux soldats de la Force de stabilisation de l'OTAN, ils refusent toute intervention. Leur porte-parole a crûment expliqué qu'ils n'étaient « pas chargés de faire la police »...
Les Serbes de Bosnie ont entrepris le procès d'Alija Izetbegovic, président de la direction collégiale bosniaque et chef de l'Etat. Il est accusé de « crimes de guerre », et notamment d'avoir organisé la torture et l'assassinat de prisonniers de guerre, d'avoir attaqué des hôpitaux et détruit des lieux de culte orthodoxes, en sa qualité de chef de l'armée musulmane pendant la guerre qui a déchiré la Bosnie, entre le 1er mai 1992 et le 14 décembre 1995. Le procès s'est ouvert devant la cour d'assise de Banja Luka. Un procès à l'image de la situation en Bosnie : ambigu. Et on parle, sans rire, tous les jours, à Pale, comme à Sarajevo, de « réconciliation ».
mercredi 22 janvier
En Bosnie, à Gajevi, 36 familles musulmanes devaient regagner leur village. Mais les « forces spéciales » de Pale se sont empressées de miner les voies d'accès et le HCR a tourné les talons, car le contingent russe de l'Otan stationné dans la région avait reçu l'ordre de ne pas toucher aux mines.
jeudi 23 janvier
L'ONU a officiellement rejeté les arguments avancés par les responsables de l'entité serbe de Bosnie pour refuser de livrer au tribunal de La Haye Radovan Karadzic et Ratko Mladic. L'ONU réitère sa demande et insiste : « La coopération inconditionnelle avec le tribunal international est impérative ».
Il a fallu la protection des soldats américains de l'OTAN pour permettre le retour d'anciens habitants musulmans de Gajevi, au nombre d'une dizaine, dans leur village en zone serbe.
dimanche 26 janvier
Des manifestants serbes bosniaques ont attaqué des réfugiés musulmans dans un village en zone serbe, Gajevi. L'un des réfugiés, qui étaient rentrés sous la protection américaine le 23 janvier, a été blessé et les maisons en reconstruction ont été détruites. Le HCR estime que ces incidents « alarmants » remettent en question « la totalité du programme de retour des réfugiés ».
mardi 28 janvier
Les élections municipales en Bosnie auront lieu les 12 et 13 juillet, a annoncé Robert Frowick, chef de la mission de l'OSCE. Ces élections étaient initialement prévues en septembre 1996.
vendredi 31 janvier
500 habitants de Stolac, ville croate au sud de la Bosnie, ont empêché la réinstallation de neuf familles musulmanes en les chassant à coups de pierre. La police croate n'a rien fait pour empêcher les projectiles de voler, incitant même la foule à avancer. Les quelques soldats de la Sfor ont été les premiers à se replier dans la débandade la plus totale, laissant les réfugiés, les policiers internationaux (non armés) et les délégués du HCR sans défenses.
dimanche 2 février
Radovan Karadzic, l'ex-leader des Serbes de Bosnie, menace de « reprendre la guerre » en Bosnie si la ville de Brcko n'est pas cédée aux Serbes. L'accord de Dayton prévoit un arbitrage international sur le « corridor de Brcko », qui permettrait la continuité territoriale des zones sous contrôle serbe. L'ancien leader serbe affirme dans un quotidien grec : « On ne peut pas parler d'accord de paix au sujet de Dayton, puisqu'il n'est pas fondé sur la justice. C'est un simple cessez-le-feu ».
lundi 3 février
L'arrestation de Radovan Karadzic devient urgente après son appel à la reprise de la guerre pour la ville de Brcko, a affirmé le Haut représentant civil en Bosnie, Carl Bildt. Les autorités serbes de Bosnie ont démenti que leur ex-dirigeant ait tenu de tels propos. Ils prétendent que cette interview est fausse.
jeudi 6 février
Le gouvernement central de Bosnie-Herzégovine devrait présenter sa démission si aucun accord n'est trouvé sur les règles de travail.
vendredi 7 février
Le Parlement de l'entité serbe de Bosnie refuse de transférer le gouvernement de la Republika Srpska à Banja Luka, la plus grande ville serbe de Bosnie. C'est l'opposition qui exige le transfert de la « capitale » vers cette ville dont l'infrastructure est nettement plus développée que celle de Pale.
lundi 10 février
Après leur avoir jeté des pierres, des policiers croates ont ouvert le feu sur un millier de Musulmans venus se recueillir dans un cimetière du secteur croate de Mostar. Un musulman a été tué et une trentaine d'autres ont été blessés par balles, dont le mufti de Mostar, Seid Smajkic. Deux policiers croates ont reçu des coups de couteau. Les policiers croates ont poursuivi leur campagne de terreur en expulsant des familles musulmanes.
mardi 11 février
A Mostar, entre la veille et ce jour, 26 familles musulmanes ont été expulsées de leur maison par des policiers croates. Les forces de l'OTAN ont renforcé leur dispositif, mais elles refusent d'intervenir directement.
jeudi 13 février
Situation explosive en Bosnie : 14 mois après l'accord de Dayton, la Cour arbitrale internationale, présidée par un Américain, a décidé d'abandonner Brcko aux Serbes. Les musulmans, se sentant « trahis », menacent de reprendre eux-mêmes la ville. Les Américains ont aussi décidé de placer Brcko sous l'autorité temporaire d'un « superviseur » américain chargé de veiller au retour des musulmans et des Croates chassés de la ville en 1992. Toutes les unités de la Sfor, essentiellement américaine dans cette région, sont en état de « préalerte ». Les Serbes affirment avoir reçu de Washington l'assurance que leurs exigences seraient satisfaites. Et promettent de reprendre les hostilités si, changeant d'avis, les Américains rendaient Brcko aux Croato-Musulmans.
nuit du jeudi 13 au vendredi 14 février
Des tirs ont été entendus à Mostar. La Sfor reste en état d'alerte après les violences qui ont eu lieu au début de la semaine.
vendredi 14 février
La Cour arbitrale internationale a décidé que Brcko resterait territoire serbe, en attendant une décision finale en mars 1998. Aucun des possibles candidats au contrôle de la ville n'est à l'heure actuelle « suffisamment stabilisé » pour que puisse être rendue la décision finale. Entre temps, la ville sera administrée par un superviseur américain. Des élections municipales « libres et honnêtes » seront organisées, sous contrôle international, probablement en même temps que celles prévues les 12 et 13 juillet dans l'ensemble de la Bosnie. Enfin, le port fluvial de Brcko sur la Save, frontière naturelle avec la Croatie, est placé sous l'autorité de la Régie des transports de Bosnie-Herzégovine. La décision de la commission n'a pas été bien reçue par les Musulmans et les Croates.
A Sarajevo, le porte-parole de l'ONU Alexander Ivanko a, par ailleurs, déclaré que 35 cas d'expulsions de musulmans du secteur ouest de Mostar ont été rapportés à la suite d'incidents.
samedi 15 février
L'opposition serbe a mis un terme à 88 jours de manifestations ininterrompues, mais elle a averti le pouvoir qu'elle les reprendrait si sa prochaine exigence, la libération des médias, n'était pas rapidement satisfaite (« jusqu'au 9 mars »). Devant des milliers de manifestants réunis dans le centre de Belgrade, les trois chefs de la coalition Ensemble ont annoncé l'organisation, le 21 février, à Belgrade, d'une « grande fête de la victoire » pour l'entrée en fonction du nouveau conseil municipal et des 13 autres conseils municipaux.
mardi 18 février
Partout où il a été battu aux municipales du 17 novembre, par l'opposition, le Parti socialiste serbe de Slobodan Milosevic a décidé d'exclure ses responsables locaux. Dans toutes les localités qu'il a perdues, des élections internes anticipées vont avoir lieu pour le renouvellement des comités locaux du SPS, « afin de le renforcer et de le consolider ».
mercredi 19 février
Vers 4 heures, un blindé espagnol de la Sfor a été touché par une roquette à Mostar.
jeudi 20 février
Deux engins explosifs ont été lancés contre l'église Saint-Antoine et un couvent franciscain à Sarajevo. L'attentat n'a fait que des dégâts matériels.
samedi 22 février
Match amical de football : à Kuala Lumpur (Malaisie), la Bosnie-Herzégovine a battu le Viêtnam quatre buts à zéro.
lundi 24 février
L’église catholique de Donji Vakuf a été sérieusement endommagée par une explosion.
Match amical de football : à Kuala Lumpur, le Zimbabwe et la Bosnie-Herzégovine ont fait match nul deux à deux.
mardi 25 février
Des policiers croates habillés en civils ont tiré sur des musulmans qui se recueillaient dans un cimetière de Mostar le 10 février, selon un rapport de l'ONU. Ce document a pour but de déterminer les responsabilités dans les affrontements qui avaient suivi, faisant un mort et 34 blessés. Selon le rapport, le chef adjoint de la police a été photographié en train de tirer sur la foule.
Quelque 25 000 personnes sont toujours portées disparues dans l'ex-Yougoslavie (dont 20 000 en Bosnie), selon un rapport de l'ONU.
mercredi 26 février
Les autorités croates de Mostar (maire Ivan Prskalo) ont refusé de limoger le chef de la police, d'arrêter son conjoint et cinq policiers accusés de meurtres le 10 février par les Nations unies.
Match amical de football : à Kualua Lumpur, la Bosnie-Herzégovine a battu l’Indonésie deux buts à zéro.
jeudi 27 février
Un appel téléphonique anonyme au bureau d'information sur le voyage du pape à Sarajevo a affirmé que Jean-Paul II serait tué s'il se rend, comme prévu, le 13 avril dans la capitale bosniaque.
vendredi 28 février
La République fédérale de Yougoslavie et la Republika Srpska ont signé à Belgrade un accord établissant entre elles des « liens spéciaux ».
Match amical de football : à Kuala Lumpur, la Malaisie a été battue par la Bosnie-Herzégovine un but à zéro.
dimanche 2 mars
Match amical de football : à Kuala Lumpur, la Chine a battu la Bosnie-Herzégovine trois buts à zéro.
jeudi 6 mars
Déjà reportées à plusieurs reprises, les élections locales en Bosnie, qui devaient avoir lieu en juillet, auront finalement lieu les 13 et 14 septembre. Le président de l'OSCE, qui organise ce scrutin, justifie ce nouveau report par la nécessite de préparer des élections « de haute qualité », dont les résultats soient « respectés ».
vendredi 7 mars
Le recteur de l'université de Belgrade, Dragutin Velickovic, a démissionné. Il avait promis de le faire si les étudiants reprenaient les cours. Ce que ces derniers ont fait. L'intérim sera assuré par le vice-recteur Tomislav Dragovic, professeur à la faculté de génie mécanique de Belgrade.
samedi 8 mars
Les étudiants serbes, qui souhaitent moins de pressions politiques à l'université, ont manifesté en grand nombre à Belgrade.
dimanche 9 mars
Les opposants au pouvoir de Milosevic étaient de nouveau dans les rues de Belgrade, par dizaines de milliers, pour exiger la démocratisation du régime serbe et un accord sur les conditions dans lesquelles les élections présidentielle et législatives se dérouleront à la fin de l'année. Les leaders de l'opposition donnent dix jours au président pour engager le dialogue.
lundi 10 mars
Le gouvernement du président Milosevic a publié un projet limitant l'audience des radios et des télévisions privées. Présenté comme une « loi anti-monopole destinée à protéger le secteur privé contre le monopole que pourrait s'arroger une personnes ou une institution », il est clair que le texte renforce la toute puissance des médias financés par l'Etat.
mardi 11 mars
Des soldats de la Sfor ont supprimé huit barrages routiers illégaux dans le secteur croate et un autre dans le secteur musulman autour de Mostar.
samedi 15 mars
Le Parlement de la Republika Srpska (RS) a ratifié par 61 voix sur 72 le « traité » établissant des « relations spéciales » entre l'entité serbe de Bosnie et Belgrade. Un vote acquis malgré l'opposition de la présidente de la RS, Biljana Plasic, qui le juge « nul et non avenu » et malgré l'avis défavorable du haut représentant civil européen en Bosnie, le Suédois Carl Bildt. Selon la constitution de Bosnie-Herzégovine, les accords de ce genre doivent recueillir l'approbation préalable du parlement central bosniaque, composé de Croates, de Serbes et de Musulmans.
mardi 18 mars
Président de la Fédération de Bosnie depuis trois ans, le Croate Kresimir Zubak (NHI) est remplacé par Vladimir Soljic (HDZ), Croate également.
jeudi 20 mars
Le Parlement yougoslave a ratifié le traité établissant des « relations spéciales » entre Belgrade et la Republika Srpska.
A trois semaines du voyage du pape Jean-Paul II à Sarajevo, deux nouveaux attentats ont endommagé des églises catholiques dans le centre de la Bosnie, à Humac, près de Bugojno, et à Gornje Puticevo, près de Travnik. Les dégâts sont matériels.
vendredi 21 mars
L'accord établissant des relations spéciales entre Belgrade et les Serbes de Bosnie est une violation de l'accord de paix de Dayton, a affirmé Carl Bildt.
vendredi 28 mars
Il existe toujours des stocks d'armes chimiques dans les pays de l'ex-Yougoslavie. Ce sont autant de menaces pour la paix dans cette région, estime Human Rights Watch, une organisation non gouvernementale, dans un rapport distribué à Sarajevo. Sur les quatre centres de productions d'armes chimiques identifiés, trois se trouvent en Serbie et un près de Mostar, dans le sud de la Bosnie. Il semble que seul le gouvernement bosniaque ait arrêté la production de ces armes.
mardi 1er avril
Le Conseil de sécurité des Nations unies a autorisé le déploiement des 186 policiers internationaux dans la zone sensible de Brcko. Le Conseil estime, par ailleurs, qu'il importe de veiller à ce que les 1 700 policiers de l'ONU déjà déployés soient en mesure de s'acquitter de « toutes les tâches » qui leur ont été confiées, notamment en rapport avec le respect des droits de l'homme.
mercredi 2 avril
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Koševo de Sarajevo, la Bosnie-Herzégovine a été battue par la Grèce un but (Frantzeskos) à zéro, devant 33 000 spectateurs.
vendredi 4 avril
A quelques jours de la visite du pape (12 et 13 avril), une cache d'armes a été découverte par une patrouille de la Sfor dans un immeuble abandonné de Sarajevo : il y avait deux grenades, une roquette antichar, deux mines, quatre fusils lance-grenades et deux caisses d'explosifs et de munitions.
dimanche 6 avril
Trois roquettes ont été tirées contre un monastère franciscain, à une soixantaine de kilomètres de Sarajevo.
Représentant de la maison impériale d'Autriche, Otto de Habsbourg a déposé une gerbe de fleurs près du pont de Sarajevo où son oncle, l'archiduc Ferdinand, a été assassiné par un Serbe le 28 juin 1914. C'est la première fois qu'un membre de la maison d'Autriche se rend à Sarajevo depuis cet assassinat qui avait déclenché la Première Guerre mondiale.
samedi 12 avril
Le pape Jean-Paul II est arrivé à Sarajevo. Sa visite n'a pas soulevé que de l'enthousiasme : le membre serbe de la présidence collégiale de Bosnie-Herzégovine, Momcilo Krajisnik, a prétexté des raisons de sécurité personnelle pour ne pas accueillir le pape à l'aéroport avec ses deux collègues musulmans et croates. Faute d'accord entre eux trois, il n'a eu ni hymnes nationaux ni garde d'honneur sur le tarmac. Par ailleurs, grâce à la vigilance d'un ouvrier, la police bosniaque a désamorcé 23 mines antichars et d'autres explosifs (150 kilos) reliés à un détonateur muni d'une commande à distance. Ce matériel se trouvait sous un pont du parcours de l'aéroport à la cathédrale de Sarajevo.
dimanche 13 avril
40 000 personnes, principalement des Croates de Bosnie, ont assisté à la messe du pape au stade olympique Kosevo. Ils étaient arrivés le matin à bord d'autobus des quatre coins de la Bosnie. Puis le Pape a quitté le pays.
dimanche 20 avril
Il y a cinq ans que les habitants de Sarajevo ne pouvaient plus téléphoner sans passer par des opérateurs manuels. La poste bosniaque a rétabli les appels automatiques en direction de 174 pays. Les communications avec l'entité serbe de Bosnie restent toutefois inaccessibles en automatique.
mardi 22 avril
Alija Izetbegovic, membre (musulman) de la présidence collégiale bosniaque, a exigé des sanctions contre les Serbes et les Croates qu'il accuse de nombreuses violations de l'accord de paix de Dayton. Ces accusations figurent dans une lettre adressée à Carl Bildt, représentant de la communauté internationale, dont le porte-parole assure qu'il « partage totalement l'inquiétude du président Izetbegovic ». Le président bosniaque accuse également la Serbie et la Yougoslavie (Serbie et Monténégro) de ne pas réduire leurs armements, comme prévu à Dayton, et de poursuivre la purification ethnique.
mercredi 23 avril
Un colonel italien de la Sfor en Bosnie a été trouvé mort dans la matinée à la base militaire de Mostar. Selon un porte-parole de la Sfor, l'officier a été tué par une balle provenant de sa propre arme.
jeudi 24 avril
Un tribunal de Zvornik (entité serbe de Bosnie) a condamné à 21 ans de prison trois des sept musulmans bosniaques accusés du meurtre de quatre bûcherons serbes.
jeudi 1er mai
La conférence des pays donateurs, qui doit en principe réunir plus de 8 milliards de francs cette année pour la reconstruction de la Bosnie, a été annulée. Selon le bureau de Carl Bildt, « la conférence n'aura pas lieu tant qu'un accord ne sera pas trouvé au sein du gouvernement bosniaque sur une série de lois économiques ».
mercredi 7 mai
Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie) a rendu, à l'issue du premier procès de son histoire, un jugement de Salomon : il a reconnu le Serbe de Bosnie, Dusan Tadic, coupable de crimes contre l'humanité et de tortures mais non de meurtres. Il a décidé de faire appel.
jeudi 8 mai
La police des Serbes de Bosnie ont arrêté un ancien chef de guerre croate, Ivan Mijacevic, alors qu'il allait se recueillir sur les tombes de sa famille. Mijacevi (40 ans) commandait la septième brigade des forces croates de Bosnie. Accusé d'avoir ordonné un bombardement à Modrica en novembre 1993, il a été incarcéré à Doboj (nord) en attente de son procès prévu le 2 juillet, a annoncé la radio bosniaque.
vendredi 9 mai
Le président bosniaque Alija Izetbegovic a demandé la libération d'Ivan Mijacevic, arrêté la veille par les Serbes de Bosnie, les accusant de violer les accords de paix de Dayton.
mercredi 21 mai
Un nouveau charnier vient d'être découvert en Bosnie, dans la région de Bihac. Il renferme les dépouilles de près de 300 victimes musulmanes et croates exécutées en 1993 par les Serbes de Bosnie. Certaines des victimes étaient encore vivantes lorsqu'elles ont été précipitées dans cette fosse naturelle profonde d'une centaine de mètres. Une équipe d'experts doit maintenant procéder à l'exhumation des corps pour les identifier.
jeudi 22 mai
L'OSCE a été contrainte de fermer 5 des 420 bureaux ouverts en Bosnie pour l'enregistrement des électeurs, après la découverte de tentatives de fraude et pour des raisons de sécurité. Les élections municipales auront lieu les 13 et 14 septembre et les électeurs doivent s'inscrire avant le 16 juin, mais de nombreuses tentatives de fraudes ont déjà été constatées dans l'entité serbe. Initialement prévu en septembre 1996, ce scrutin a déjà été reporté à quatre reprises et la rumeur d'un nouveau report circule déjà à Sarajevo.
vendredi 23 mai
Le procès du général croate de Bosnie Tihomir Blaskic, s'ouvrira le 23 juin au tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie. Le général Blaskic (37 ans) est accusé d'avoir préparé et commis des crimes de guerre dans la vallée de la Lasva (centre de la Bosnie) contre la population musulmane entre 1992 et 1994. En tant que commandant des forces croates de Bosnie (HVO), il est également tenu pour responsable des crimes commis par ses soldats.
mardi 27 mai
Les Emirats arabes unis vont livrer ces jours-ci une centaine de blindés de fabrication française à la Fédération croato-musulmane. Cette fourniture s'inscrit dans le cadre du programme « Entraînement et Equipement », une initiative américaine dotée d'un budget de près de 2 milliards et demi de francs, destinée à rééquilibrer les forces militaires en présence en Bosnie.
jeudi 29 mai
Les autorités de Serbie ont affirmé leur refus de livrer au TPI des criminels de guerre présumés, à deux jours de la visite à Belgrade du secrétaire d'Etat américain, Madeleine Albright. « Les criminels de guerre seront jugés dans notre pays comme le dictent notre Constitution et nos lois, à condition qu'il y ait des preuves solides qu'ils ont pu commettre de tels actes », a déclaré Iva Dacic, porte-parole du Parti socialiste.
du samedi 31 mai au dimanche 1er juin
La secrétaire d'Etat américaine Madeleine Albright a fait la tournée des trois capitales du conflit de l'ex-Yougoslavie : Zagreb, Belgrade et Sarajevo. Pour redire aux dirigeants croates, bosniaques et serbes l'urgence d'une mise en œuvre effective des accords de Dayton. Des Croates, elle a exigé le retour des réfugiés serbes ; aux Serbes, elle a réclamé la démocratisation du pays et la remise des criminels de guerre au TPI ; aux Bosniaques, elle a demandé la mise en place d'institutions communes et l'arrestation des criminels de guerre.
mercredi 4 juin
Près de Brcko, port fluvial bosniaque frontalier de la Croatie, la communauté internationale va tenter de recréer une société multiethnique dans six villages situés de part et d'autre de la ligne qui sépare la fédération croato-musulmane de l'entité serbe de Bosnie. Robert Farrand, le diplomate américain chargé de superviser l'administration serbe de Brcko, parle de « faire revenir des habitants des trois communautés et de recréer un climat de confiance ». Une vraie gageure, au voisinage de l'une des villes les plus touchées par la « purification ethnique » au cours de la guerre.
samedi 7 juin
A Stolac, une ville du sud de la Bosnie contrôlée par les Croates, onze maisons appartenant à des Musulmans bosniaques ont été incendiées.
dimanche 8 juin
Eliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au stade Parken de Copenhague, le Danemark a battu la Bosnie-Herzégovine deux buts (Rieper et Molnar) à zéro, devant 41 592 spectateurs (c’était la première fois que ces deux sélections s’affrontaient).
lundi 9 juin
Une session du Parlement commun aux deux entités bosniaques a été annulée, les Serbes refusant d'y participer. Il s'agissait pourtant d'une session cruciale, puisqu'elle devait adopter une série de lois économiques exigées par la Communauté internationale, portant notamment sur la législation douanière, le commerce extérieur, le budget et le règlement de la dette extérieure. Haris Silajdzic, le co-Premier ministre musulman espère que la conférence des pays donateurs, qui devait se tenir le 24 juin à Bruxelles (Belgique), ne sera pas annulée une nouvelle fois (initialement prévue en décembre 1996 et déjà reportée plusieurs fois). Il souhaite que ce soient « les responsables du blocage » - les Serbes - qui seront privés de l'aide financière internationale.
mardi 10 juin
Les ministres des Affaires étrangères des pays balkaniques (Albanie, Bulgarie, Grèce, Macédoine, Roumanie, Serbie et Turquie) se sont engagés à Salonique (Grèce) à s'abstenir « de tout recours à la violence » pour régler leurs différends et à respecter « les droits de souveraineté de chaque pays ». Ils ont également demandé la « pleine application » des accords de Dayton sur la paix en Bosnie-Herzégovine. Ce pays était représenté, à titre d'observateur, ainsi que la Croatie.
mercredi 11 juin
L'inscription pour les élections municipales de septembre à Brcko, ville sous contrôle serbe, dans le nord de la Bosnie, a donné lieu à des fraudes massives. C'est ce qu'a annoncé l'OSCE. Le centre d'inscription a été fermé.
lundi 16 juin
Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie poursuivi pour crimes de guerre, est attendu le mois prochain à Belgrade où aura lieu le mariage de son fils. C'est un mensuel yougoslave qui publie cette information, ajoutant que le général Mladic « ne se soucie ni des réactions » que sa présence peut susciter « ni du risque d'être arrêté » car il change fréquemment de résidence. Sa famille, de toute façon, réside dans la capitale serbe où il a déjà été vu à plusieurs reprises, suscitant à chaque fois les protestations du TPI.
mardi 24 juin
Le procès du général croate de Bosnie Tihomir Blaskic s'est ouvert à La Haye devant le TPI. C'est le premier officier supérieur à être jugé pour sa responsabilité hiérarchique dans des crimes contre l'humanité. Il est accusé d'avoir préparé, planifié, ordonné et commis des crimes de guerre dans la vallée de la Lasva (centre de la Bosnie) contre la population civile musulmane de mai 1992 à mai 1994. Commandant des forces croates de Bosnie (HVO), il est également tenu responsable des crimes de ses soldats, qui ont pris des « boucliers humains » civils pour protéger leurs positions.
mercredi 25 juin
Devant le Conseil de l'OTAN à Bruxelles, le général Joulwan, commandant suprême des forces alliées en Europe, a fait part de son inquiétude sur l'évolution de la situation en Bosnie si l'OTAN quitte le pays au milieu de l'an prochain. Le Congrès américain, qui se méfie des véritables intentions du président américain Clinton, a justement fait savoir qu'il couperait les fonds aux forces américaines qui y sont déployées, afin de contraindre le président à les rapatrier en juin 1998 comme il l'a promis.
vendredi 27 juin
L'OTAN a décidé de renforcer la Sfor afin de garantir la bonne tenue des élections municipales de Bosnie des 13 et 14 septembre. 3 000 hommes devraient compléter avant la fin octobre, les effectifs actuels (31 000 hommes).
lundi 30 juin
La guerre entre la présidente de la Republika Srpska, Biljana Plavsic, et son propre parti, le SDS, a été déclenchée par le limogeage (quand ?) de Dragan Kijac, ministre de l'Intérieur de l'entité serbe. Mme Plavsic entendait ainsi sanctionner son ministre pour deux fautes : son refus de coopérer avec la police internationale à la recherche des criminels de guerre inculpés par le TPI et sa décision de supprimer, sans en référer à la présidence, le service du renseignement et du contre-espionnage de la brigade antiterroriste de Banja Luka. La présidente est revenue à la charge, en accusant le ministre limogé d'avoir couvert « un trafic illégal et de contrebande » au profit de quelques personnages importants de l'Etat.
mardi 1er juillet
L'OSCE vient d'interdire aux personnes recherchées ou inculpées pour crimes de guerre de participer aux élections municipales en Bosnie. Cette décision a été prise après avoir constaté que Radovan Karadzic avait réussi à s'inscrire sur les listes électorales. Il a contourné l'interdiction qui lui est faite de paraître en public en se faisant passer pour malade : il s'est tout simplement fait inscrire à domicile, chez lui, à Pale. Il continue d'ailleurs de tirer les ficelles de l'entité serbe dans l'ombre : il accuse Biljana Plavsic, présidente de la Republika Srpska de « briser l'unité des Serbes » en se montrant trop conciliante avec la communauté internationale. Le parti au pouvoir à Pale envisage de la destituer ; le gouvernement a d'ailleurs annulé le limogeage du ministre de l'Intérieur, Dragan Kijac, et dénoncé les « décisions illégales » de la Présidente. Dans la soirée, Mme Plavsic a violemment attaqué ses partenaires politiques dans une déclaration télévisée : elle a notamment affirmé que Karadzic continuait de garder un grand pouvoir.
mercredi 2 juillet
Le Parti démocratique serbe (SDS), au pouvoir dans l'entité serbe de Bosnie, est entré en rébellion contre la présidente de la République de Srpska, Biljana Plavsic, pourtant issue de ses rangs. Le SDS a demandé au Parlement de Pale, où il détient la majorité, de préparer la destitution de la présidente au cas où elle refuserait d'appliquer les décisions du gouvernement, soit de démissionner. Mme Plavsic a annoncé qu'elle « réfléchissait » maintenant à la dissolution du Parlement de Pale et au limogeage de son Premier ministre. Le président du Parlement a convoqué, de son côté, une session extraordinaire pour le 4 juillet. Le débat porterait sur l'organisation d'un référendum populaire pour destituer la Présidente. L'armée a fait allégeance à la Présidente, en sa qualité de commandant suprême des forces armées.
jeudi 3 juillet
L'épreuve de force est réellement engagée au sein de la direction des Serbes de Bosnie. Plus rapide que ses anciens amis devenus ensemble, la présidente Plavsic a dissous le Parlement de l'entité serbe de Bosnie qui menaçait de la destituer. Elle a justifié sa décision par le fait que les institutions de la Republika Sprska « n'accomplissent pas leur tâche et menacent la sécurité même de l'Etat ». A peine la dissolution du Parlement était-elle annoncée que le gouvernement publiait un communiqué annulant cette décision au motif qu'elle n'est pas « en accord avec la Constitution ». La présidente a déjà fixé au 1er septembre les prochaines élections législatives. Rien ne dit qu'elles auront lieu.
vendredi 4 juillet
Ignorant la dissolution prononcée par la présidente Plavsic, le Parlement de la République serbe de Bosnie s'est réuni à Pale, pour lui adresser des « conseils ». Un message, au fort goût d'ultimatum, demandait à la présidente de les rejoindre ou de démissionner. Malgré une manifestation de soutien qui a rassemblé 5 000 personnes, la présidente des Serbes de Bosnie semble de plus en plus isolée face à ses anciens amis qui souhaitent maintenir une « ligne dure ». Le Parlement a décidé de siéger en permanence jusqu'au règlement de la crise.
samedi 5 juillet
Le Parlement de la Républika Srpska continue à siéger, malgré sa dissolution.
dimanche 6 juillet
Aucun compromis n'a été trouvé, dans l'entité serbe de Bosnie, pour résoudre la crise née de la dissolution du Parlement de Pale. L'avenir pourrait dépendre de l'attitude de l'armée. Celle-ci, qui avait fait allégeance à la présidente il y a quatre jours, semble s'être rétractée dans une lettre où la décision présidentielle est qualifiée « d'arbitraire et préjudiciable ».
lundi 7 juillet
Mate Boban, le leader des Croates de Bosnie pendant les combats qui les ont opposés aux Musulmans, en 1993 et 1994, a succombé à une crise cardiaque. Sous la pression occidentale, il avait été mis à l'écart lors de la constitution de la Fédération croato-musulmane, mais il restait un « héros » pour de nombreux Croates de Bosnie. Il était soupçonné d'avoir participé à des exécutions de Musulmans en Bosnie centrale, une tuerie qui a conduit à la mise en accusation du général croate Tihomar Blaskic devant le TPI.
mardi 8 juillet
Le président serbe Milosevic a invité la présidente de l'entité serbe de Bosnie, Biljana Plavsic, et son principal détracteur, Momcilo Krajisnik, le représentant serbe au sein de la présidence bosniaque, à venir à Belgrade « pour examiner ensemble les mesures visant à surmonter la crise » que traverse la direction de la Republika Srpska. Le général Pero Colic, chef d'état-major de l'armée serbe bosniaque, est allé à la rencontre de Mme Plavsic à Banja Luka. Il a mis en garde la communauté internationale contre toute intervention dans la crise, qui marquerait « la fin de l'application de l'accord de Dayton ».
mercredi 9 juillet
L'Union européenne a décidé de suspendre son aide (150 millions de francs) à l'entité serbe de Bosnie tant que Karadzic n'aura pas été arrêté. Pour l'instant, il peut continuer de dormir tranquille : le président américain Bill Clinton a déclaré que les criminels de guerre inculpés « doivent être arrêtés si les commandants militaires sur place pensent que le risque encouru est raisonnable ». Or, le chef d'état-major de l'armée américaine vient d'estimer qu'une telle arrestation n'était pas du ressort de la force internationale en Bosnie, mais des autorités locales.
jeudi 10 juillet
Deux semaines après l'arrestation de l'ancien maire de Vukovar, une nouvelle opération a été montée contre des criminels de guerre présumés ayant sévi pendant la guerre en Bosnie. Elle a eu lieu à Priedor (nord-ouest de la Bosnie), conduite par des soldats britanniques de la Sfor. Elle visait l'ancien chef exécutif de la ville, Milan Kovacevic, qui a effectivement été arrêté, et l'ancien chef de la police locale, Simo Drljaca, qui a été tué. Son fils et son beau-frère, qui l'accompagnaient ont été appréhendés. Leurs noms figuraient sur une liste d'inculpation dressée par le TPI, mais tenue secrète pour faciliter leur éventuelle interpellation. Si l'arrestation du premier n'a guère posé de problèmes (ses fonctions officielles le mettent fréquemment en relations avec les soldats de la Sfor), l'arrestation de Drljaca, en revanche, a mal tourné. Au début de l'année, déjà, il avait eu un accrochage avec des soldats tchèques lors d'un contrôle de routine. Pressée par la Communauté internationale, la présidente des Serbes de Bosnie l'avait relevé de ses fonctions de chef de la police de Priedor. Une nouvelle fois, il a ouvert le feu sur la patrouille britannique qui tentait de l'appréhender. S'estimant en état de légitime défense, un soldat qui avait été blessé a riposté, tuant Drljaca. Son chauffeur, semble-t-il, a également été tué. Plusieurs vois se sont aussitôt élevées en Republika Srpska.
vendredi 11 juillet
Après l'opération menée la veille contre des criminels de guerre présumés dans l'entité serbe de Bosnie, les Serbes bosniaques accusent la Sfor d'avoir abusé de son pouvoir. Momcilo Krajisnik, qui représente la Republika Srpska au sein de la présidence bosniaque, assure que la force de l'OTAN est allée « au-delà de ses attributions ». Il craint, dit-il un retour à une « situation identique à celle d'avant la signature de l'accord de Dayton ».
samedi 12 juillet
La Sfor a démenti avoir tenté d'arrêter Slavko Aleksic, un membre du Parti radical serbe, à Pale. A l'occasion de la Saint-Pierre orthodoxe, la présidente de la Republika Srpska, Mme Plavsic, et trois de ses adversaires, dont Momcilo Krajisnik, se sont retrouvés à la présidence à Banja Luka.
dimanche 13 juillet
Un engin explosif a détruit une jeep de l'OSCE garée devant un hôtel de Zvornik, en Republika Srpska.
lundi 14 juillet
Après avoir donné l'impression de rester sur la défensive, faute de trouver les soutiens nécessaires à la poursuite de son combat, la présidente de l'entité serbe de Bosnie a repris l'initiative contre ses détracteurs. Dans la soirée, dans une allocution télévisée, elle a ouvertement pris à partie Momcilo Krajisnik, le leader des « durs » de la direction serbe bosniaque qui veut la faire revenir sur sa décision de dissoudre le Parlement. « Notre avenir dépend de notre capacité à créer un Etat de droit et à offrir des opportunités à la jeune génération, a dit Biljana Plavsic. Si les criminels prennent tout en main, ils feront fuir notre jeunesse. Pour M. Krajisnik, c'est secondaire ; pour moi, c'est essentiel ».
Dans la soirée, une puissante explosion a brisé les vitres d'un immeuble de la ville bosniaque de Banja Luka, où sont hébergés des diplomates de l'OSCE. Les Serbes de Bosnie semblent manifester ainsi leur mécontentement après l'arrestation du directeur de l'hôpital de Prijedor pour crimes contre l'humanité, et la condamnation d'un autre des leurs par le TPI à La Haye : Dusan Tadic a été condamné ce jour à 20 ans de prison pour crimes contre l'humanité pour son rôle dans le nettoyage ethnique des civils musulmans en 1992. « C'est de pire en pire, a commenté le porte-parole de l'OSCE. Nous étudions l'hypothèse d'une campagne très orchestrée ».
nuit du mardi 15 au mercredi 16 juillet
Le véhicule de deux membres espagnols de la police internationale de l'ONU en Bosnie (IPTF), a été visé par un attentat à Prijedor.
mercredi 16 juillet
Un soldat américain de la Sfor a été agressé près du village serbe de Kladanj. Un homme l'a frappé avec une faucille, le blessant à l'épaule. Un peu plus tôt, une grenade avait explosé devant un immeuble de Banja Luka où loge un haut responsable de l'OSCE. En outre, de nombreux étrangers séjournant dans l'entité serbe de Bosnie ont reçu des lettres de menaces. Face à cette flambée de violence contre la présence internationale en Bosnie, le président américain Bill Clinton a mis les Serbes bosniaques en garde, estimant qu'ils commettraient « une grave erreur » en cherchant à venger les arrestations de criminels de guerre présumés.
nuit du vendredi 18 au samedi 19 juillet
66 des 84 membres du Comité de direction du Parti socialiste serbe (SDS) au pouvoir se sont réunis à l'improviste à Pale. Ils ont, « à l'unanimité », exclu du parti la présidente Biljana Plavsic et l'ont de nouveau sommé de quitter la présidence de la République. Cette dernière refuse de quitter Banja Luka et dénonce Radovan Karadzic, à qui elle reproche de toujours tirer les ficelles en coulisse. De fait, des portraits de Karadzic ont été placardés depuis quelques jours dans de nombreuses villes de la Republika Srpska. Plavsic menace même de faire arrêter Karadzic, pour lui suggérer de se livrer lui-même au TPI.
samedi 19 juillet
Onze blindés italiens et français sont brusquement apparus à Pale, tout près de la résidence habituelle, fortement gardée, de Karadzic. Peut-être un avertissement alors que les attentats et intimidations se multiplient contre la présence internationale en Bosnie. Deux soldats français de la Sfor ont été blessés, dont un gravement, dans la région de Mostar. Leur véhicule a sauté sur une mine.
dimanche 20 juillet
Le TPI a assigné à comparaître le ministre croate de la Défense, Gojko Susak. La Croatie refuse de fournir au TPI des pièces qui pourraient lui servir de preuve contre le général Tihomir Blaskic, un Croate de Bosnie. Le procès de celui-ci s'est ouvert à La Haye le 24 juin.
lundi 21 juillet
Dans le bras de fer qui oppose Mme Plavsic aux partisans de Karadzic, Washington apporte son soutien à la présidence de l'entité serbe. L'ambassadeur américain auprès de l'ONU l'a rencontrée dans la soirée, avant de mettre en garde les « durs » de la Republika Srpska dont il a dénoncé les « provocations intolérables ». Malgré tout, le Parlement de l'entité serbe, dissous le 3 juillet par la présidente, continue de la narguer : il annonce qu'il se réunira le 8 août pour examiner le fonctionnement du gouvernement et de certains ministères.
mercredi 23 juillet
Après six mois de reports successifs, la troisième conférence des pays donateurs à la Bosnie s'est tenue, en présence de 48 Etats et d'une trentaine d'organisations internationales. Elle a recueilli des promesses d'aide pour un montant de 6,7 milliards de francs en 1997. Mais le président de la réunion, le Néerlandais Hans van den Broek, a averti la Republika Srpska que l'aide non humanitaire, récemment suspendue, ne reprendra pas si les personnes accusées de crimes de guerre continuent d'y exercer une influence déterminante sur la vie politique. Répartie entre l'entité serbe et l'entité croato-musulmane, cette assistance doit contribuer à la réconciliation entre les deux communautés. Il est donc « injustifiable » qu'elle puisse bénéficier « à ceux qui s'opposent à ces objectifs ».
jeudi 24 juillet
Le Premier ministre de la Republika Srpska a répondu à la conférence des donateurs à la Bosnie : « Si vous favorisez la fédération croato-musulmane à nos dépends, c'est le meilleur moyen d'assurer l'échec total de l'accord de paix de Dayton ».
mercredi 30 juillet
Javier Solana, le secrétaire général de l'OTAN, était à Sarajevo pour la passation des pouvoirs à la tête de la Sfor en Bosnie. « La Sfor ne tolérera ni provocations ni menaces, a-t-il déclaré à cette occasion. Il n'y a de solution militaire pour aucun parti ni aucun groupe, ni maintenant ni dans l'avenir. La seule option possible est celle de la paix et de la coopération ». De son côté, le général Eric Shinseki, le nouveau commandant de la force de l'OTAN en Bosnie, a eu cette phrase : « Nous défendrons la paix, même s'il nous faut employer des moyens décisifs pour la préserver ».
vendredi 1er août
La Republika Srpska est prête à accueillir des représentants du TPI pour enquêter sur son ancien chef politique Radovan Karadzic, a annoncé Momcilo Krajisnik. « Le peuple serbe ne considère pas Karadzic comme un criminel de guerre, mais nous ne sommes pas opposés à ce que des juges du Tribunal de La Haye viennent en RS et mènent une enquête ». C'est la première fois qu'un responsable serbe évoque une telle éventualité. A Sarajevo, des réfugiés serbes, de retour dans la ville, ont été pris à partie par des musulmans. Des soldats britanniques de la Sfor sont intervenus aux côtés des policiers bosniaques.
du samedi 2 au dimanche 3 août
Les soldats britanniques de la Sfor sont intervenus dans l'après-midi du 2 août et dans la nuit qui a suivi dans la ville de Jajce et dans trois villages du centre de la Bosnie (Lendici, Bucici, Kruscica) pour protéger des réfugiés musulmans menacés par des civils croates. Ceux-ci refusaient le retour des musulmans. 500 d'entre eux ont dû fuir leurs villages sous la protection des blindés de la Sfor. Au moins six maisons ont été incendiées. Carlos Westendorp, Haut représentant civil en Bosnie, a écrit une lettre aux dirigeants de la Fédération croato-musulmane où il accuse la police locale d'avoir été impliquée dans ces incidents.
lundi 4 août
La France, l'Allemagne, l'Autriche, l'Espagne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Italie, les Pays-Bas et la Suède ont suspendu leurs contacts avec les ambassadeurs de Bosnie-Herzégovine dans leurs pays respectifs. Ces pays contestent la représentativité de ces diplomates nommés avant la mise en place de la présidence collégiale, en 1996. Les dirigeants des trois communautés bosniaques sont incapables de s'entendre sur une liste commune de 33 ambassadeurs accrédités à l'étranger.
mardi 5 août
Biljana Plavsic a encore accusé Radovan Karadzic d'être toujours « le principal dirigeant de l'Etat ».
De nouveaux pays ont gelé leurs relations diplomatiques avec la Bosnie : le Danemark, la Finlande, la Norvège et le Portugal. Et l'Allemagne a suspendu une aide (un million de marks) à la reconstruction pour la région de Jajce, d'où 500 candidats au retour musulmans ont été chassés il ya quelques jours. Un accord a pourtant été conclu entre le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés et les chefs croates locaux : ces réfugiés pourront revenir...
mercredi 6 août
Le secrétaire d'Etat adjoint américain, chargé des Affaires européennes, Richard Holbrooke, l'artisan des accords de Dayton (1995), est arrivé en Bosnie. Objectif : relancer la dynamique de paix. Une exigence annoncée : la disparition de la scène politique de Radovan Karadzic. L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie pourrait accepter de s'exiler, à condition d'obtenir des garanties de sécurité. Un sommet croato-bosniaque (mais sans aucun serbe) s'est ouvert dans la matinée à Split (Croatie), en présence de Holbrooke et d'un autre émissaire Robert Gelbard. La Suisse, à son tour, a décidé de geler ses contacts diplomatiques avec la Bosnie.
nuit du jeudi 7 au vendredi 8 août
Richard Holbrooke est parvenu à arracher, après 14 heures de marchandages, un accord des trois coprésidents de Bosnie sur une liste des ambassadeurs du pays - les Serbes ont obtenu le poste clé de Washington, les Musulmans auront la représentation à l'ONU et les Croates au Japon -. En revanche, il n'a pas réussi à démêler le problème du retour des 1,4 million de réfugiés ni celui d'une soixantaine d'inculpés de crime de guerre.
vendredi 8 août
Richard Holbrooke est allé à Banja Luka apporter son soutien à Biljana Plavsic. Il a réaffirmé la volonté des Etats-Unis de voir Karadzic jugé par le Tribunal pénal international : « Il doit se livrer lui-même à La Haye ». Dans la soirée, la France a rétabli ses relations diplomatiques avec la Bosnie.
lundi 11 août
Le manque d'argent affecté au déminage ralentit le retour des réfugiés en Bosnie, selon l'ONU. Des zones entières du pays restent interdites à cause des mines : il reste 3 millions de mines dans le pays où elles tuent 50 personnes par mois. Seuls ont été versés 7 millions de dollars (44 millions de francs) sur les 38 prévus (240 millions de francs) pour la formation de 1 200 démineurs bosniaques.
mercredi 13 août
Des unités commandos des armées américaine, britannique et française s'entraineraient actuellement dans le plus grand secret, quelque part en Europe, pour aller arrêter les criminels de guerre en Bosnie. C'est ce qu'affirme la chaine de télévision américaine ABC. Ces raids pourraient avoir lieu à l'automne et viseraient en priorité les leaders serbes Karadzic et Mladic. Pour l'instant, aucun feu vert politique n'a été donné. Mais une demi-douzaine d'autres pays soutiendraient cette initiative. Le ministère américain de la Défense dément cette information. « La position de l'OTAN et de la Sfor est que toutes les personnes accusées de crimes de guerre devraient être à La Haye » devant le TPI, a rappelé, à Sarajevo, le commandant John Blakeley, le porte-parole de la Sfor.
vendredi 15 août
La Cour constitutionnelle de la Republika Srpska a déclaré non conforme à la Constitution la dissolution du Parlement, prononcée le 3 juillet par la présidente Plavsic. Même si elle était attendue, cette décision est un revers grave pour la présidente, en conflit depuis deux mois avec les « durs » de la direction serbe qui contrôlent le Parlement. Ces derniers accusent Biljana Plavsic de se soumettre à l'Occident et cherchent à l'évincer. Toutefois, le clan de Pale n'a pas joué franc-jeu : l'un des rares juges constitutionnels favorables à Plavsic n'a pas pu siéger. La veille, des partisans de Karadzic lui sont tombés dessus. Bilan : une commotion cérébrale et plusieurs côtes cassées.
Deux fermiers musulmans ont été tués et un adolescent de 14 ans grièvement blessé par balles, alors qu'ils ramassaient du bois près de Zvornik, dans le nord de la Bosnie. La présidence bosniaque a immédiatement accusé les Serbes, d'autant que l'embuscade s'est déroulée à proximité de l'ancienne ligne de front devenue frontière entre les deux entités, serbe et croato-musulmane, de Bosnie. Cet incident, le plus grave depuis plusieurs mois, inquiète. Il intervient à moins d'un mois des élections municipales, durant lesquelles le choix du lieu de vote et la liberté de circulation doivent, en théorie, être garanties.
samedi 16 août
Biljana Plavsic a annoncé la création de son propre parti, l'Alliance populaire serbe (SNS). Aussitôt, neuf responsables du Parti démocratique serbe (SDS, le parti de Karadzic) ont démissionné pour rejoindre la présidente. Parmi eux, deux vice-Premiers ministres ! Biljana Plavsic n'est pas aussi isolée que voulaient le faire croire les « faucons » de Pale.
dimanche 17 août
Mme Plavsic a envoyé ses hommes perquisitionner les bureaux de la police, à Banja Luka (c'est aussi le siège de la présidence). Ils y ont découvert des enregistrements téléphoniques prouvant que la présidente avait été placée sur écoute par les agents secrets de Pale. La tension est telle que, dans la soirée, la Sfor a déployé autour du siège de la police une quinzaine de blindés, dont plusieurs chars, pour empêcher un affrontement. Les responsables de la Sfor affirment avoir trouvé dans le bâtiment « des preuves de possibles violations des droits de l'homme » par la police serbe.
lundi 18 août
Biljana Plavsic rejette le jugement de la Cour constitutionnelle qui a annulé la dissolution du Parlement. D'abord, parce qu'il est « sans fondement légal », ensuite parce que les autorités de Pale ont exercé « d'énormes pressions » sur les juges de cette cour. « Nous devons organiser des élections, nous devons tout changer, de haut en bas, le Parlement, le gouvernement, toutes les institutions ». Dans son combat contre « le mal et la terreur » (le clan Karadzic retranché à Pale), Plavsic est soutenue par le Haut représentant civil en Bosnie, Carlos Westendorp.
mardi 19 août
Le Croate de Bosnie Pero Skopljak (53 ans), inculpé par le TPI, a été arrêté à Samobor (à 20 kilomètres à l'ouest de Zagreb) et incarcéré. Selon le journal indépendant Nacional, il a été transféré dans la prison de Remetinec, dans la banlieue sud de la capitale. Il est suspecté d'avoir commis des massacres contre des musulmans durant le conflit croato-musulman (1993-1994) dans la vallée de la Lasva en Bosnie centrale. Il était alors le chef de la police de Vitez. Quatre autres co-accusés, Ziatko Aleksovski (déjà aux mains du TPI à La Haye), Dario Kordic, Mario Cerkez et Ivan Santic, sont poursuivis pour les mêmes crimes.
Dans la soirée, une rencontre a eu lieu entre Biljana Plavsic et les médiateurs internationaux, le haut représentant civil Carlos Westendorp et l'envoyé spécial américain Robert Gelbard. A l'issue de l'entretien, les deux hommes ont estimé que la tenue d'élections législatives anticipées était « la meilleure solution » à la crise en Republika Srpska.
mercredi 20 août
L’OTAN vole au secours de la présidente des Serbes de Bosnie dans sa lutte contre les « faucons » : les troupes britanniques et tchèques de la Sfor ont pris le contrôle à l'aube du siège de la police, de l'école de police et trois autres postes de police de Banja Luka. De source diplomatique, un véritable « arsenal », dont 2 500 armes légères et des explosifs, y étaient entreposés, de quoi tenter un coup d'Etat. Par ailleurs, les médiateurs internationaux ont participé, à Vienne, à une réunion surprise avec les représentants du Groupe de contact (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Russie) pour examiner le rôle de l'OSCE dans l'organisation et le contrôle d'élections législatives anticipées en Republika Srpska.
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Koševo de Sarajevo, la Bosnie-Herzégovine a battu le Danemark trois buts (Mujčin, Bolić 2) à zéro, devant 36 500 spectateurs.
jeudi 21 août
Biljana Plavsic a reçu le soutien - mesuré - de Slobodan Milosevic. Le président yougoslave a indiqué, à Belgrade, qu'il était favorable à des législatives anticipées chez les Serbes de Bosnie, comme le souhaite Mme Plavsic. Mais il a lié ces élections à la convocation simultanée d'une présidentielle.
vendredi 22 août
Le puissant contingent britannique et tchèque, installé depuis deux jours à Banja Luka, a commencé à faire le tri entre policiers fidèles ou hostiles à la présidente. Mais la Sfor est sur ses gardes. Les militaires serbes ont menacé, dans la matinée, d'intervenir contre Plavsic, pourtant chef de l'armée.
mardi 26 août
Le Parlement de la Republika Srpska a voté un report des élections municipales organisées dans toute la Bosnie, les 13 et 14 septembre. Les 45 députés présents (sur 83, les 38 autres parlementaires boycottaient ou n'étaient pas invités), tous des fidèles des « durs » de Pale ont également déclaré « nul » l'accord donné par la présidente Plavsic aux Occidentaux pour organiser le scrutin. Ils ont exigé que les partisans de la présidente rendent, « dans les trois jours », les locaux de la radio et de la télé qu'ils occupent à Banja Luka et menacé de faire intervenir leur police. De son côté, Biljana Plavsic s'est assuré le soutien de quatre des huit généraux de l'état-major de l'armée serbe, qui ont répondu à sa convocation. Le commandant du 1er Corps qui regroupe la moitié des soldats serbes était là.
mercredi 27 août
« Les élections municipales de septembre en Bosnie doivent avoir lieu et auront lieu. Un report est hors de question », a lancé le porte-parole de l'OSCE. Cette très martiale déclaration masque en fait l'embarras des Occidentaux.
jeudi 28 août
Des habitants de trois villes serbes de Bosnie ont attaqué des bâtiments et des soldats de la Sfor. Tout a commencé à l'aube avec le rugissement des sirènes. Les habitants de Brcko se sont précipités sur leurs radios : un appel des Serbes ultranationalistes de Pale leur demandait de « se rassembler pour défendre leur police et leur média », contre « les forces d'occupation » (des unités fidèles à la présidente Plavsic auraient tenté de s'emparer dans la matinée d'un poste de police et d'émetteurs à Brcko). Un peu plus tard, le poste de police de l'ONU était assiégé par 400 manifestants, armés de bâtons et de pierres. L'arrivée de renforts de la Sfor n'a pas empêché la foule d'endommager 15 véhicules. Pour se dégager et permettre l'évacuation des policiers, les soldats de la Sfor ont dû tirer des gaz lacrymogènes et des coups de semonce. Des scènes similaires se sont produites à Bijeljina et Doboj, deux autres villes contrôlées par le clan ultra de Pale. Il n'y a pas eu de blessés sérieux, mais ce sont les incidents les plus graves entre civils serbes et troupes occidentales depuis un an et demi. Les Etats-Unis ont réagi : ils ont assuré les radicaux serbes qu'ils seront « tenus responsables » de nouveaux incidents. En clair : des représailles sont possibles...
vendredi 29 août
Les soldats de la Sfor peuvent désormais utiliser la force pour faire taire les médias des Serbes ultras de Pale, s'ils appellent encore à la violence. La mesure vise en particulier la radio et la télévision de Pale, qui avaient appelé la veille « les patriotes » serbes de Brcko à se soulever contre « les forces d'occupation ». La Sfor a érigé des barrages et dépêché des blindés autour de la ville mais s'est abstenue d'y pénétrer. De leur côté, les Etats-Unis n'ont toujours pas réussi à convaincre le président yougoslave Milosevic de faire le voyage en Bosnie pour une mission de médiations entre Serbes de Pale et Serbes de Banja Luka. L'avion de Milosevic, plusieurs fois annoncé, ne s'est jamais posé à Banja Luka, le fief de la présidente Plavsic. Au contraire, Milosevic a reçu à Belgrade une délégation de Pale.
mardi 2 septembre
Radovan Karadzic souhaite négocier avec la communauté internationale. C'est Momcilo Krajisnik, le Serbe de la présidence collégiale bosniaque, qui en a fait l'aveu à une envoyée de l'ONU, en offrant ses services comme médiateur dans cette affaire.
jeudi 4 septembre
Les premiers observateurs attendus en Bosnie pour superviser les élections municipales des 13 et 14 septembre, plusieurs fois reportées depuis un an, sont arrivés. Ces élections sont toujours contestées par une partie des responsables de l'entité serbe de Bosnie. Ils estiment que la situation actuelle ne se prête pas au déroulement de ce scrutin.
samedi 6 septembre
Qualifications pour la Coupe du monde de football : au stade Maksimir de Zagreb, la Croatie a battu la Bosnie-Herzégovine trois buts (Bilić, Marić et Boban) à deux (Ladić contre son camp et Salihamidžić), devant 16 518 spectateurs.
dimanche 7 septembre
Malgré l'opposition réaffirmée par les Serbes de Bosnie aux élections municipales, l'OSCE entend bien ne pas différer une nouvelle fois le scrutin. Non seulement les premiers observateurs sont déjà sur place, mais les premier bulletins des réfugiés bosniaques vivant à l'étranger sont même arrivés à Sarajevo. Un appareil de l'OSCE les a apportés du QG de l'organisation, à Vienne.
lundi 8 septembre
Les partisans de Radovan Karadzic ont essuyé un nouveau camouflet de la part de leur principale adversaire, la présidente Plavsic : dans la soirée, des ultranationalistes du gouvernement de Pale se sont présentés à Banja Luka, le siège de la présidence de l'entité serbe, pour y tenir un meeting réputé électoral. Malgré l'interdiction de cette manifestation, décidée par la Présidente « pour des raisons de sécurité », les habitants de Banja Luka ont vu arriver Momcilo Krajisnik, membre de la présidence collégiale serbe, accompagné du Premier ministre Gojko Klickovic et le président du Parlement de Pale, Dragan Kalinic, encadré par une cinquantaine de gardes du corps fortement armés. Les trois hommes avaient organisé le déplacement de quelques milliers de leurs partisans en cars... qui ont été bloqués par la Sfor, la force de l’OTAN ayant acquis la preuve que ces convois n'avaient qu'un objectif : « créer du désordre et probablement de la violence ». Les durs de Pale n'ont pu finalement improviser qu'un modeste meeting dans le centre de Banja Luka, sous les huées des partisans de Mme Plavsic. Les leaders de Pale, protégés par leur impressionnant service d'ordre, ont ensuite trouvé refuge dans un hôtel. Un policier de Banja Luka a été blessé par balle.
mardi 9 septembre
Le camouflet de la veille subi par les durs de Pale a tourné à la déconfiture : retenus par la police de Banja Luka dans leur hôtel privé d'eau, d'électricité et de téléphone, les trois leaders de Pale ont également vu la fourrière enlever leurs puissantes limousines. Il s'agissait de contraindre leur escorte de déposer les armes. Après négociations, deux des durs ont quitté la ville en milieu d'après-midi, à bord d'une voiture de la Sfor, suivis par les gardes du corps sans armes. Krajisnik n'est parti qu'en début de soirée, sous une pluie de pierres et de bouteilles, et, le dernier, Gojko Klickovic, lui, a quitté l'hôtel à 21 heures sans encombre. A Pale, le gouvernement de l'entité serbe a qualifié l'évènement de « tentative de putsch » et condamné la Sfor « qui se comporte comme une armée d'occupation et une puissance coloniale ». Dans ces conditions, a expliqué le vice-Premier ministre de la Republika Srpska, Velibor Ostojic, le gouvernement va demander au Parlement de reporter le scrutin municipal dans l'entité serbe.
mercredi 10 septembre
Les Serbes bosniaques les plus radicaux ont fini par accepter les élections municipales. Cet accord fait suite à une entrevue à Belgrade entre le président yougoslave Milosevic et le haut représentant civil en Bosnie Carlos Westerdorp. De son côté, Biljana Plavsic a appelé ses compatriotes à se rendre aux urnes, seule chance à ses yeux, de développer la démocratie dans ce pays. Malgré l'appel au boycottage lancé par les Croates bosniaques, l'OSCE poursuit la préparation de ces élections. La France a menacé de suspendre son aide aux municipalités bosniaques dont les responsables prônent le boycottage.
Eliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au stade Koševo de Sarajevo, la Bosnie-Herzégovine a battu la Slovénie un but (Bolić) à zéro, devant 18 000 spectateurs. Quatrièmes du groupe 1, les Bosniaques ne disputeront pas la phase finale en France.
jeudi 11 septembre
Le HDZ (principal parti croate de Bosnie), qui appelait au boycottage des élections municipales, a réussi à monnayer sa participation contre une modification des règles du scrutin dans le canton central de Mostar où la victoire paraissait assurée aux Musulmans.
samedi 13 septembre
Les Américains disposent, désormais en Bosnie, de trois avions capables de brouiller les émissions télévisées et radiodiffusées. Ces trois EC-130E seront basés à Brindisi (Italie). Il s'agit de répondre aux « incitations à la violence diffusées de manière permanente par la radio et la télévision serbes », selon le Pentagone.
du samedi 13 au dimanche 14 septembre
Elections municipales en Bosnie, sans incident majeur. Parmi les ultimes incidents, il y a eu le mot d'ordre de boycottage lancé par les Musulmans de Mostar, pour protester contre les modifications de dernière minute accordées aux Croates de la ville par l'OSCE. Le problème a été résolu dans l'après-midi du 13, grâce à des concessions croates concernant un canton.
lundi 15 septembre
A Bruxelles (Belgique), le conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne a décidé de priver de visa plusieurs personnalités serbes de Bosnie, au premier rang desquelles figure le représentant serbe de la présidence collégiale, Momcilo Krajisnik. Il lui est reproché d'avoir fait obstacle à un accord sur les passeports et une citoyenneté commune aux deux entités, serbe et croato-musulmane. Cet accord aurait du être acquis au 1er août.
Ratko Mladic et Radovan Karadzic aurait quitté la Bosnie. Un hebdomadaire yougoslave affirme qu'ils se trouvent « en lieu sur », quelque part « dans un pays ami où ils ont été transférés grâce à la médiation d'une grande puissance ». Il y a plusieurs semaines que Karadzic n'a pas été vu à Pale. Son épouse, Ljiljana, a voté seule au bureau de la mairie de la ville.
mercredi 17 septembre
Deux membres de la sous-commission électorale d'appel de l'OSCE ont démissionné de leurs fonctions après le refus du chef de mission de l'OSCE d'annuler les résultats aux municipales à Pale du parti ultranationaliste serbe SDS. Les deux agents se disent « particulièrement préoccupés par la décision de l'OSCE de tolérer le rôle de plus en plus transparent joué par Karadzic ». Le chef de la mission de l'OSCE a craint qu'une telle décision ne provoque des réactions propres à menacer la sécurité des personnels étrangers en Republika Srpska.
Vers 9 h 30, douze personnes, dont le médiateur allemand Gerd Wagner, adjoint du représentant international en Bosnie, l'Espagnol Carlos Westendorp, (et cinq Américains, un Britannique, un Polonais et quatre autres Allemands), ont été tuées dans un accident d'hélicoptère en Bosnie. L'appareil a heurté une montagne près de Bugojno, à 80 kilomètres au nord-ouest de Sarajevo. Le pilote a survécu.
jeudi 18 septembre
Une voiture piégée a explosé dans la soirée sur le parking du principal commissariat de Mostar, dans la partie croate de la ville. L'attentat a fait une cinquantaine de blessés, dont la moitié est sérieusement atteint. Quatre étages de l'immeuble au pied duquel la voiture était garée se sont effondrés et une centaine de voitures du quartier ont été détruites.
vendredi 19 septembre
Les autorités croates affirment disposer « d'éléments désignant les auteurs possibles » de l'attentat de la veille à Mostar. Pour le chef régional de la police, « cet attentat est l'œuvre de professionnels ».
mercredi 24 septembre
Le Conseil de l'OTAN a décidé de renvoyer à la fin de l'année toute décision concernant une réduction de ses troupes d'interposition en Bosnie. A l'origine, le mandat de la force de paix, déployée à l'initiative des Etats-Unis, devait être transformé en mandat de simple dissuasion à l'issue des élections municipales, suivi d'un retrait progressif des troupes jusqu'en juin 1998.
vendredi 26 septembre
La Bosnie et la Croatie ont rouvert solennellement le pont qui franchit la Save, la frontière naturelle entre les deux pays, à Bosanska Gradiska, dans l'entité serbo-bosniaque. Ce nouveau poste frontière a été inauguré en présence de Jacques Klein, adjoint au haut représentant civil en Bosnie. Une commission mixte a été créée pour régler les questions concernant le trafic frontalier, mais l'entité serbe n'étant pas mentionnée dans le document qui l'instaure, le ministre des Transports de la Republika Srpska a refusé d'y apposer son paraphe...
lundi 29 septembre
La reconstruction du Vieux pont (Stari most) de Mostar, un joyau de l'architecture ottomane détruit en 1993 par les obus des Croates en guerre contre les Musulmans, a commencé officiellement. Des unités de génie hongroises de la Sfor vont repêcher les pierres, dont certaines pèsent 30 tonnes. La reconstruction proprement dite viendra ensuite. Avec le soutien financier de l'Unesco et de la Turquie.
mardi 30 septembre
Les élections législatives dans l'entité serbe de Bosnie, la Republika Srpska auront lieu le 23 novembre. Le scrutin sera organisé selon les règles de l'OSCE et contrôlé par cette organisation.
mercredi 1er octobre
La tendance dure des Serbes de Bosnie a été privée de radio et de télévision, dans la matinée, par une intervention des forces de l'OTAN contre ses quatre émetteurs. Les ultranationalistes de Pale reçoivent désormais les mêmes programmes que les modérés de Banja Luka. Un responsable de l'OTAN a affirmé que les soldats russes de la Sfor avaient participé, pour la première fois, à cette opération destinée à faire taire une propagande « qui empoisonne le processus de paix ». Le commandant russe, lui, a démenti toute implication de ses hommes.
vendredi 3 octobre
« La question n'est plus de savoir si les Musulmans attaqueront les Serbes de Bosnie, mais quand », a déclaré un responsable de l'OTAN à Sarajevo dans une interview au New York Times. Le gouvernement bosniaque achète des armes et entraîne ses soldats à un rythme qui se serait accéléré ces dernières semaines. Selon ce responsable, « la seule façon d'empêcher l'attaque est d'allonger le mandat de la mission de maintien de la paix » dont la présence sur le terrain devait s'achever en juin 1998.
dimanche 5 octobre
Elections présidentielles en Serbie et au Monténégro. En Serbie, où le scrutin du second tour opposait Zoran Lilic à Vojislav Seselj, deux des principaux partis d'opposition appelaient au boycottage. Ils ont été entendus puisque la participation n'a été que de 48,7 % et que l’élection, par conséquent, n'est pas valable. Il faudra revoter avant la fin décembre. Le Parti socialiste reconnaissait que son candidat était devancé par son adversaire ultranationaliste. Au Monténégro, la participation a été plus convenable mais aucun des huit candidats n'a dépassé la barre indispensable des 50 %. Si l'allié de Milosevic, le président sortant Momir Bulatovic, semble en tête du scrutin, il est talonné par son adversaire et Premier ministre, Milo Djukanovic, qu'il ne devance que de 2 500 voix. Le second tour aura lieu le 19 octobre.
lundi 6 octobre
La Croatie a fini par céder à l'obstination du TPI chargé de juger les crimes commis dans l'ex-Yougoslavie. Zagreb a accepté de laisser partir pour La Haye dix Croates figurant sur la liste officielle des inculpés. Parmi eux, Dario Kordic, un des principaux criminels de guerre présumés. Il était le chef militaire et politique des HVO dans la vallée de la Lasva, où les Musulmans ont été exterminés au printemps 1993.
mercredi 8 octobre
Les Musulmans de Srebrenica ont pris une revanche symbolique en remportant les élections municipales (24 sièges sur 45). Pourtant, la ville est aujourd'hui peuplée exclusivement de Serbes. C'est le vote des réfugiés à l'étranger et des Musulmans déplacés à l'intérieur de la Bosnie. Une victoire sur le papier, car l'on voit mal comment un maire et une municipalité musulmane pourront administrer cette ville « ethniquement purifiée ».
Les dix Croates de Bosnie accusés de crimes de guerre par le TPI et qui ont fini par se rendre à La Haye, plaidant non coupables. Ils l'ont fait savoir lors de leur première comparution.
vendredi 10 octobre
La coalition conduite par le principal parti des Musulmans (le Parti d'action démocratique) a gagné les élections municipales de Mostar, en remportant 14 des 24 sièges du Conseil, les 10 autres revenant au principal parti croate, la Communauté démocratique croate. Des négociations de dernières minutes ont cependant été engagées pour équilibrer le rapport des forces, 8 sièges devant en principe revenir à des candidats non croates et non musulmans.
samedi 11 octobre
Environ 400 femmes originaires de Srebrenica ont manifesté à Sarajevo pour réclamer la vérité sur le sort de leurs proches (7 000 à 8 000 personnes toujours portées disparues). Ces femmes ont l'intention de renouveler leur manifestation le 11 de chaque mois.
dimanche 12 octobre
Deux personnes ont été tuées et une autre blessée, dans la soirée, près de Modrica (nord de la Bosnie), leur voiture ayant été heurtée par un char américain qui s'est déporté. La police internationale de l'ONU en Bosnie (IPTF) a ouvert une enquête sur les circonstances de ce drame.
jeudi 16 octobre
La chaîne de télévision des durs de Pale (Serbes de Bosnie) a repris illégalement ses émissions.
samedi 18 octobre
La Sfor a mené un nouveau coup de force contre la chaîne de télévision des Serbes bosniaques proches de Karadzic. Neuf véhicules blindés et six hélicoptères ont participé à l'opération autour de l'émetteur du mont Zep, à 80 kilomètres au nord de Sarajevo.
dimanche 19 octobre
Un avion brouilleur d'ondes a été mis en service dans la soirée dans l'est de la Bosnie par les forces de l'OTAN. Il est destiné à empêcher la diffusion des programmes de la télévision serbe de Pale. Les forces de l’OTAN tentent, par contre, d'assurer la diffusion des programmes de la télévision de Banja Luka dans toute la zone serbe.
vendredi 31 octobre
Un réfugié croate, le cinquième depuis mars, a été tué cette semaine au centre de la Bosnie. Ces violences, dont aucun des auteurs n'a été arrêté, risquent de compromettre le rapatriement de 86 000 Musulmans et Croates dans onze communes de Bosnie centrale. Selon le HCR, depuis le retour de la paix, 400 000 personnes sont rentrées en Bosnie.
dimanche 2 novembre
Le Haut représentant civil de l'ONU en Bosnie, Carlos Westendorp, donne 15 jours au gouvernement bosniaque pour s'expliquer sur les 140 millions de francs de fraudes fiscales dévoilées par les services de l'Union européenne. A Sarajevo, les dirigeants musulmans et leurs alliés croates sont explicitement accusés de corruption. Le Royaume-Uni avait le premier dénoncé le fait que l'argent de l'Europe ne servait pas les objectifs visés.
lundi 3 novembre
Les présidents, Premiers ministres et ministres des Affaires étrangères de huit pays des Balkans (Albanie, Bosnie, Bulgarie, Grèce, Macédoine, Roumanie, Turquie et Yougoslavie) se sont retrouvés en Crète pour bâtir un « espace de paix et de coopération ». Pendant deux jours, ils vont tenter d'oublier toutes les dissensions en cours dans la région et s'efforcer de trouver un langage commun.
mercredi 5 novembre
Match amical de football : à Rades, la Tunisie a battu la Bosnie deux buts à un.
jeudi 6 novembre
L'Assemblée parlementaire des « Quarante » décidera de l'éventuelle de la procédure d'adhésion de la Bosnie au Conseil de l'Europe lors de sa session plénière de janvier. Mais lors de la première audition des représentants bosniaques, la commission politique a rappelé qu'elle vérifiera au préalable si le pays a rempli huit conditions particulières, au premier rang desquelles figurent : le retour des réfugiés, la libre circulation, la liberté des médias, le respect des droits de l'homme et la coopération avec le TPI.
vendredi 7 novembre
Serbes, Musulmans et Croates ont formé un conseil municipal pluriethnique à Brcko, ville stratégique et point de conflit potentiel entre les trois communautés de Bosnie. La première session de ce conseil a donné lieu à de nombreuses altercations, mais il n'y a pas eu d'incident majeur. Il est vrai qu'il se déroulait sous haute surveillance de la police des Nations unies. Alors qu'avant la guerre, Musulmans et Croates étaient majoritairement dans cette ville, la population est aujourd'hui serbe à 98 %.
dimanche 16 novembre
Depuis un an et demi, plus de 800 000 lettres et paquets sont entassés dans les bureaux de poste de Sarajevo. Leurs destinataires, des Serbes pour la plupart, refusent de les récupérer, craignant qu'ils ne soient piégés. La poste serbo-bosniaque devrait être équipée bientôt d'appareils de détection.
vendredi 21 novembre
L'OSCE a rayé des listes électorales des législatives serbes de Bosnie trois candidats du SDS à cause de la présence de portraits de Karadzic dans certaines localités. Dans une lettre adressée à ses fidèles, ce dernier les a exhortés à faire preuve « d'unité et de détermination » afin de « sauver » la Republika Srpska.
du samedi 22 au dimanche 23 novembre
Elections législatives anticipées dans la partie serbe de la Bosnie : la participation aurait tout juste dépassé les 50 %.
lundi 24 novembre
Selon les premiers résultats non officiels des législatives en Republika Srpska, le SDS de Karadzic semble devoir perdre la majorité absolue au Parlement des Serbes de Bosnie. Cela n'a pas empêché Momcilo Krajisnik, le représentant serbe à la présidence collégiale bosniaque, de revendiquer la victoire de son clan et des partisans de Karadzic.
mercredi 26 novembre
Le représentant de la communauté internationale en Bosnie insiste pour que le Parlement des Serbes se réunisse « le plus rapidement possible ». Ce ne sera cependant pas avant la fin de décembre, car les résultats officiels des législatives de la RS ne seront publiés par l'OCDE que le... 10 décembre. Les derniers résultats partiels connus constatent la nette avance (32,87 %) des ultranationalistes du SDS. L'Alliance populaire serbe des partisans de la présidente Biljana Plavsic totalise 19,87 % des voix, talonnée par le Parti radical (extrême droite nationaliste) : 19,36 % des suffrages.
vendredi 28 novembre
Comme prévu, le Conseil de l'OTAN a décidé de laisser en l'état, jusqu'au printemps 1998, les effectifs de la force de paix en Bosnie, la Sfor (30 000 hommes). La situation sur le terrain, jugée « volatile et incertaine », ne permet pas d'amorcer le retrait qui devait s'engager dès la fin 1997. L'idée d'une force de dissuasion (D-Force), au-delà de juin 1998, fait son chemin chez les diplomates. Elle serait concentrée sur les « points chauds » comme Mostar et Brcko.
jeudi 4 décembre
La présidente de l'entité serbe de Bosnie, Biljana Plavsic, s'est rendue à Sarajevo, pour y rencontrer les ministres des Affaires étrangères français et allemand. C'est sa première visite dans la capitale bosniaque (où elle enseignait la biologie à l'université) depuis le début de la guerre, en 1992. Dans l'entourage de la présidente, on précise que ce voyage doit être interprété comme une participation plus active de la Republika Srpska à la politique extérieure de la Bosnie. Les deux ministres européens sont venus demander ensemble aux autorités bosniaques de mieux coopérer au processus de paix.
dimanche 7 décembre
Proclamation, dans la soirée, du résultat officiel des législatives de la Republika Srpska des 22 et 23 novembre : avec seulement 24 sièges (contre 45 auparavant) les ultranationalistes serbes de Bosnie perdent la majorité absolue au Parlement. Même avec les 15 sièges de leurs alliés du Parti radical SRS, les partisans de Karadzic au sein du SDS ne peuvent plus prétendre dominer la vie parlementaire de Pale. L'Alliance populaire serbe, créée il y a trois mois par la présidente Plavsic, fait officiellement son entrée à Pale, avec 15 sièges.
mardi 9 décembre
Déception à Bonn (Allemagne) : les trois coprésidents de Bosnie n'ont pas répondu aux exigences occidentales et sont venus les mains vides à la conférence sur le suivi de Dayton. Il s'agissait notamment de s'entendre sur l'adoption de plaques minéralogiques, d'une monnaie et d'un drapeau commun. Sur les passeports et la citoyenneté, un accord de principe a pu être arraché, dans la soirée. Les Occidentaux ont appelé à un renforcement du rôle du Haut représentant civil en Bosnie, l'Espagnol Carlos Westendorp. Ce dernier a estimé avoir surtout besoin du « plein soutien » de la communauté internationale. Par ailleurs, le commandement de la la force internationale de police de l'ONU en Bosnie a été confié à un Britannique, Richard Monk.
mercredi 10 décembre
La réunion de suivi sur l'accord de paix en Bosnie, qui a réuni à Bonn (Allemagne), pendant deux jours, 51 pays et 21 organisations, a décidé de renforcer l'autorité du Haut représentant civil, Carlos Westendorp. Cédant aux pressions occidentales, les trois membres de la présidence collégiale bosniaque se sont finalement entendus sur un passeport commun, un projet de loi sur la citoyenneté bosniaque et sur une législation permettant le fonctionnement du Conseil des ministres. Les Serbes ont boycotté la fin des travaux, pour protester contre un paragraphe du texte final qui dénonce la situation en Bosnie.
vendredi 12 décembre
Des membres du TPI ont entrepris de perquisitionner à la mairie de Priedor (nord-ouest de la Bosnie). Encadrés par d'importantes forces de la police internationale (ITPF) et de la Sfor, ils cherchent des documents sur Milan Kovacevic, un Serbe bosniaque, ancien dirigeant local, en attente de jugement à La Haye.
A Sarajevo, l'OSCE a validé les résultats des élections législatives de Republika Srpska. Selon ces résultats, le SDS de Karardzic a perdu la première place.
dimanche 14 décembre
Dans le secteur contrôlé par les militaires français en Bosnie, les criminels de guerre se sentent « en sécurité absolue ». C'est l'accusation portée par le TPI. Paris dément avec véhémence.
lundi 15 décembre
Les Serbes bosniaques continuent de traîner la jambe pour appliquer les accords pourtant conclus à Bonn, les 9 et 10 décembre, avec la communauté internationale. Leurs députés sont absents du Parlement de Sarajevo, où la session concernant la définition d'une citoyenneté bosniaque, le nouveau passeport et le fonctionnement du Conseil des ministres n'a donc pu avoir lieu. Le Haut-représentant civil en Bosnie a menacé de « prendre des décisions contraignantes ».
mercredi 17 décembre
La commission électorale de l'entité serbe de Bosnie déclare « inacceptables » et « indignes de foi » les résultats des législatives validés à Sarajevo par l'OSCE. Le SDS, perdant de ces élections, chercherait a retarder la constitution du nouveau Parlement dans l'espoir de trouver des alliés pour former une nouvelle majorité.
nuit du mercredi 17 au jeudi 18 décembre
Un commando néerlandais de plusieurs dizaines d'hommes, disposant d'un soutien logistique américain et britannique, ont capturé, séparément, à Vitez (Bosnie), deux Croates soupçonnés de crimes de guerre. Vlatko Kutreskic, qui se trouvait chez lui, s'est défendu et a été blessé de plusieurs balles. Il a été transféré à La Haye après avoir reçu les premiers soins. Anto Furundzja a été interpellé dans sa voiture et n'a opposé aucune résistance.
lundi 22 décembre
Le président américain Bill Clinton est arrivé en Bosnie. Une brève escapade à Sarajevo (où il a rencontré Biljana Plavsic) et à Tuzla surtout destinée à affirmer plus fermement, pour son opinion publique et le Congrès américain, sa décision de maintenir des soldats sur place après la fin du mandat de la Sfor.
mardi 23 décembre
Le chancelier allemand Helmut Kohl a passé huit heures en Bosnie, en compagnie du ministre de la Défense, Volker Ruhe. Il a commencé sa première visite en Bosnie par un déjeuner avec les soldats de la Bundeswehr, au quartier général de la brigade franco-allemande. Il s'est ensuite entretenu avec les membres de la présidence collégiale bosniaque.
dimanche 28 décembre
Absence de majorité absolue, refus obstiné des ultranationalistes de partager le pouvoir avec les partisans de la présidente Plavsic : situation bloquée au Parlement serbe de Bosnie. Après dix heures de débats stériles, les députés de la RS, récemment élus, se sont quittés sans avoir réussi à élire un président et deux vice-présidents. La session constitutive a été reportée au 12 janvier.